A. LES SUCCÈS DE L'OPÉRATION
A.l. Une réussite sur le plan
démographique
Lors du lancement de l'Opération Yabassi-Bafang en
1966, la région de Nkondjock est un quasi désert humain, avec des
densités tendant vers; un habitant/km2 (conf chap 1).
Avec l'arrivée massive et progressive des immigrants,
l'effectif de la population ne cesse de croître et à un rythme
soutenu. Ce repeuplement de la zone survient après la longue
léthargie démographique de la période coloniale. En effet
elle permet non seulement d'augmenter l'effectif brut de la population, mais
aussi de stabiliser et de réduire le rythme de 1 ' émigration des
populations dans la région. Nkondjock devient un point d'attraction de
diverses populations.
Parce repeuplement du Nkam, l'un des objectifs de
l'Opération est largement atteint Au 30 Mai 1980, le nombre de pionniers
(exploitants agricoles) s'élève à 1675 répartis
dans 17 villages et représentant une population de 5657 personnes
(enfants et adultes), dont 880 femmes mariées.
20
Tableau 2 : Évolution des effectifs des
pionniers fixés
Années
|
Nombre total des pionniers
|
Effectifs cumulés
|
1965-1966
|
96
|
96
|
21
1966-1967
|
208
|
304
|
1967-1968
|
458
|
762
|
1969-1968
|
744
|
1506
|
1969-1970
|
900
|
2406
|
1970-1971
|
1020
|
3426
|
1971-1972
|
1264
|
4690
|
1973-1974
|
1290
|
5980
|
1974-1975
|
1410
|
7390
|
1975-1976
|
1512
|
8902
|
1976-1977
|
1576
|
10478
|
1977-1978
|
1517
|
11995
|
1978-1979
|
1660
|
13655
|
1979-1980
|
1936
|
15591
|
1980-1981
|
1621
|
17212
|
1981-1982
|
1664
|
18876
|
1982-1983
|
1634
|
20510
|
1983-1984
|
1678
|
22188
|
1984-1985
|
1634
|
23866
|
Source : Archives de la
SODENKAM
Cet apport quantitatif de la population est également
qualitatif. Aujourd'hui, ce périmètre de mise en valeur compte
plus d'un tiers de la population de l'arrondissement de Nkondjock,
estimée à 18 000 habitants. Cette population d'immigrés
est constituée dans sa majorité d'hommes, mais aussi de femmes
qui participent directement à la mise en valeur de la région en
tant que chef d'exploitation et productrices de cacao et de café. Ces
"pionnières" délaissent ainsi la production vivrière aux
femmes mariées.
En 1977, on estime à 63% les adultes ayant moins de 40
ans et un niveau d'instruction relativement élevé pour une
société rurale. Car bien de paysan de la région ont fait
des études jusqu'au cycle de l'enseignement secondaire et les
diplômes obtenus vont du CEPE au Probatoire.
![](Mutations-et-devenir-des-paysanneries-de-l-operation-Yabassi-Bafang-littoral-Cameroun10.png)
22
Figure 2 : Evolution de la population pionnière
de Nkondjock
Source: Archive SODENKAM
A.2. Une forte production agricole.
Dans le souci de relancer l'économie de la
région, l'objectif du gouvernent est d'entreprendre grâce à
cette colonisation agricole rurale, le développement du Nkam, qui est
économiquement en voie de régression depuis 50 ans. Pour
atteindre cet objectif, une implantation humaine stable est d'abord
nécessaire. Ensuite, vient le développement de
l'agriculture ainsi que les autres secteurs de
l'économie. C'est dans ce cadre que les cultures pratiquées
dans la zone de l'opération sont très variées et d'une
importance inégale ; ce sont les cultures de rente et
vivrières.
Les cultures de rente connaissent la
prépondérance du café et du cacao. Ceci s'explique par le
fait la promotion de ces cultures est très forte auprès des
paysans. Les plants sont distribués gratuitement, ainsi que les conseils
prodigués par le moniteur agricole. Mais il faut attendre 1970 pour que
l'Opération enregistre ses premières récoltés 1 de
café et de cacao. L' intérêt des paysans pour ces cul t
ures var i e suivant l' origine ethnique ; c
23
' est pourquoi les immigrants des hautes terres
s'intéressent à la caféiculture qu'ils connaissent
déjà, tandis que les paysans en provenance des zones fores t i
ères ont un engouement pour la cacao culture; l'écart du travail
entre les 2 cultures peut- être la raison.
Tableau 3 : Évolution de la production de
café et de cacao
Année
|
Production cacaoyère tonne
|
Production
|
1965-1996
|
/
|
/
|
1966-1967
|
/
|
/
|
1967-1968
|
/
|
/
|
1968-1969
|
/
|
/
|
1969-1970
|
0,021
|
0,601
|
1970-1971
|
0,292
|
14,140
|
1971-1972
|
1 ,425
|
68,132
|
1972-1973
|
3, 500
|
209,649
|
1973-1974
|
8,280
|
167,054
|
1974-1975
|
9,360
|
352,913
|
1975-1976
|
8,066
|
390,208
|
1976-1977
|
8,242
|
699,741
|
1977-1978
|
19, 500
|
1270,625
|
1978-1979
|
48,000
|
1318,377
|
1979-1980
|
80,655
|
1260,504
|
1980-1981
|
99,888
|
2049,930
|
1981-1982
|
131,041
|
1687,559
|
1982-1983
|
113,723
|
2730,482
|
1983-1984
|
121,593
|
1055,589
|
1984-1985
|
338,371
|
3812,804
|
Total
|
991 ,957
|
17088,308
|
Source: Archives de la SODENKAM.
Les productions caféières et cacaoyères
évoluent à un rythme croissant, au point que leur production
globale suit de près celle des départements de longue tradition
agricole comme le Moungo, qui cultive la même variété de
café (robusta).
24
Le tableau ci-joint provenant des archives de la SODENKAM qui
est d'ailleurs le seul client de tous les paysans, nous montre en clair
l'évolution de la production du café et du cacao. Les paysans
doivent livrer toute leur production à la société, car
cela fait partie de leur devoir envers l'administration. Aucune autre
société n'est autorisée à s'établir dans la
région. La chute de la production observée pendant la campagne
1975-1976 et 1982-1983 sont la conséquence des sécheresses qui
ont sévi précédemment et qui ont influencé la
production. Quant aux cultures vivrières, la commercialisation se fait
de diffuse; par conséquent, il est difficile d'évaluer la
production commercialisée sut place, ainsi que les quantités
écoulées sur les marchés des villes voisines (Yabassi et
Bafang notamment). Pour toutes les cultures vivrières confondues, ESSECK
(1) nous propose les données ci-après :
1969-1970 - 124 tonnes 1970-1971 - 381 tonnes 1971-1972 - 531
tonnes 1972-J973 - 209 tonnes 1973-1974 - 350 tonnes 1974-1.975 - 466 tonnes
1975-1976 - 666 tonnes
C'est sur l'initiative des pionniers que ces cultures se
développent. Et au regard de l'origine multi-ethnique des paysans,
chacun adopte la variété de sou milieu de départ. C'est
ainsi que pour une même culture, on a plusieurs variétés.
Par ordre d'importance, nous pouvons citer comme principales cultures de la
région, la banane-plantain, 1e Macabo, le taro, l'arachide et quelques
céréales. La production de ces cultures, toujours en hausse, est
largement excédentaire. :
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