I - LA QUESTION DE DEPART
Les hautes terres de l'Ouest Cameroun sont habitées par
les populations Bamiléké, plus particulièrement dans la
province de l'Ouest où les activités agropastorales ont
occupé et préoccupent toujours les paysans. Au fil du temps la
pression démographique et la compétition foncière (FOTSING
J.M. 1986) ont entraîné un morcellement très poussé
des terres et par conséquent l'élevage (du gros bétail) en
a pris un sérieux coup d'une part et d'autre part l'introduction d'une
nouvelle culture (le café) a bouleversé de façon
significative et a monopolisé le système agraire pendant plus de
60 ans (1913 - 1980).
Avec la caféiculture, la région entre peu
à peu dans l'économie de marché et pour s'imposer, le
café a dû livrer une concurrence régionale farouche
à l'agriculture vivrière (DONGMO J.L. 1981).
A partir de 1985, la caféiculture commence à
péricliter, c'est le début de la fin du règne CAFE dans la
vie des populations. La crise, dans un effet d'entraînement
mécanique, n'a pas été seulement caféière,
mais aussi et surtout économique et sociale. Et tous ses aspects (ses
origines, ses manifestations et ses impacts à court et moyen termes) ont
été analysés dans une série de mémoires de
Maîtrise de géographie pour le compte de l'année
académique 1997 - 1999.
La démarche logique dans ce contexte et au
département de géographie de l'Université de Dschang
implique dans une seconde étape la recherche des réponses
à cette crise au regard des mutations en cours dans la région. En
d'autres termes, l'interrogation qui nous interpelle est la suivante :
`'Quelles activités peuvent-elles
résorber, ne serait-ce que partiellement, la crise ambiante dans la
région P `'
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A cette question de départ, les réponses
divergent. Après plusieurs mois de réflexion, de travail sur le
terrain, nous avons constaté à la suite de KAFFO (1998) et
TATSABONG (1998) une intensification des activités agricoles
centrées sur les cultures traditionnelles à savoir le maïs,
la banane plantain, le haricot, la pomme de terre notamment, l'introduction et
le développement des fruits et du maraîchage ; c'est-à-dire
un passage progressif vers le vivrier marchand.
L'analyse des mutations agraires dans la région offre
plusieurs angles d'approche toutes aussi pertinentes les unes que les autres.
Pour notre part, nous avons pensé que le point de chute pourrait
être bien la production et la commercialisation du haricot commun. C'est
dans ce sillage que nous avons ainsi formulé notre sujet de recherche
:
`'Les enjeux de la production des vivriers
marchands dans un système agraire en mutation : le cas du haricot dans
le département de la Mifi (Ouest Cameroun)».
Cette formulation, quoique non définitive, nous
paraît pertinente en ce sens qu'elle coïncide avec les
nécessités du moment, en Afrique et au Cameroun dans un contexte
de crise généralisée.
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