CONCLUSION
Notre étude portant sur la politique d'insertion
socio-économique des ex combattants et ex Groupes d'Auto Défense
du Programme du Service Civique National, bilan et perspectives, a pour
objectif d'évaluer tout le processus du PSCN à travers son projet
d'insertion afin de connaitre les causes d'abandon des activités
d'insertion par certains Ex Combattants et Membres du Groupe d'Auto
Défense.
C'est dans cette perspective qu'un arsenal
méthodologique s'est bâti avec les moyens et outils
nécessaires en vue d'atteindre les objectifs visés. Il s'est agi
d'abord du cadre environnemental et théorique de l'étude.
Ensuite, il a été question de montrer la
démarche méthodologique avec les résultats de
l'étude et relever les implications managériales.
Au terme de l'analyse des résultats, les trois
hypothèses de l'étude ont montré que la période de
sensibilisation des bénéficiaires a été
jugée trop courte (63,6%) et la valeur du kit d'installation
insuffisante (80,8%). Par la même occasion, les résultats ont
révélé l'absence de suivi après installation des
bénéficiaires, soit 62,6%.
A la lumière des diagnostics posés, nous pouvons
retenir les implications suivantes :
- Les bénéficiaires ont opéré de
mauvais choix concernant leur métier car n'ayant pas eu assez de temps,
pendant la sensibilisation, de comprendre l'activité dans laquelle ils
devaient exercer.
- L'insuffisance de la valeur des kits n'a pas permis aux
bénéficiaires d'assoir une activité rentable qui puisse
prendre en compte leurs besoins vitaux, d'où l'abandon du projet au
bénéfice des armes.
- La coordination du PSCN, par faute de suivi et
d'évaluation des bénéficiaires, n'a pu prendre des
décisions idoines pour la suite du projet, conséquence la
fermeture du Programme.
Au regard de ce qui précède et en vue d'y
apporter des mesures correctives, des recommandations essentielles ont
été faites à l'attention des Responsables du PSCN,
à savoir :
- Le recrutement d'un responsable et des agents de
suivi-évaluation pour suivre les bénéficiaires
installés.
- L'augmentation de la valeur des kits sur l'ensemble des
activités du projet.
- L'augmentation du temps de sensibilisation des futurs
bénéficiaires avant leur entrée dans les centres de
formation.
Dans le cadre de cette étude, nous relevons des limites
liées aux résultats obtenus. En effet, au niveau de la recherche
bibliographique, le manque d'étude scientifique dans le domaine de
l'insertion des ex combattants et ex membres d'Auto Défense en
Côte d'Ivoire ne nous a pas permis de comparer nos
résultats avec des études universitaires.
Toutefois, nous avons pu mettre en relief, au travers de la
revue de littérature, des travaux réalisées au Congo, au
Libéria, en Sierra Léone et de manière
générale dans la région des Grands Lacs.
Dans le déroulement de l'enquête, il nous a
été difficile de convaincre les bénéficiaires
à se confier à nous. En effet, la majorité des
bénéficiaires étant des acteurs directs ou indirects
durant cette autre crise postélectorale et craignant pour leur vie, ont
montré une réticence à notre égard d'où la
faiblesse du taux de représentativité des enquêtés
par rapport à l'ensemble des bénéficiaires repartis sur le
territoire national. Ce faible taux de personnes interrogées s'explique
aussi par le fait qu'à la date de l'enquête, les activités
du Programme avaient pris fin par Décret N° 2012-785 du 08
Août 2012, d'où difficulté de rencontrer les personnes
cibles.
Enfin, la conception de la notion de durabilité
étant multiforme et transversale, nous ne pensons pas avoir
touché tous ses aspects lors de l'élaboration de ce travail.
Notre étude s'est beaucoup focalisée sur les facteurs technique,
économique et financier d'une activité génératrice
de revenu. A ce niveau, nous pensons que les effets sociaux et culturels
peuvent avoir un impact significatif sur la durabilité d'une
activité.
Relativement aux perspectives, le décret cité
plus haut met fin aux activités des Structures et Programmes
étatiques de réinsertion dont le Programme du Service Civique
Nationale. A cet effet, nous nous posons les interrogations suivantes :
quel avenir peut-on envisager pour ce programme ? L'Office Nationale du
Service Civique, future structure dite pérenne, crée par
décret en 2010, peut-t-il constituer un point de chute pour le
PSCN ? Sa refonte dans la nouvelle structure (ADDR), actuellement
opérationnelle, en constituerait-elle un avenir certain?
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