II.1.1.4. Les
problèmes majeurs des personnes handicapées
Les personnes vivant avec un handicap sont victimes de nombreuses perceptions
sociales défavorables à leur plein épanouissement dans la
société. Parmi ces perceptions sociales on peut retenir les
considérations suivantes :
- le handicap comme le résultat d'une
malédiction ou d'une épreuve divine ;
- le handicap comme un phénomène
contagieux ;
- le handicap comme le résultat d'un mauvais
sort ;
- la personne handicapée est considérée
comme un être incapable ;
- la personne handicapée est considérée
comme une personne nécessiteuse/indigente ;
- la personne handicapée doit bénéficier
de la générosité et de la compassion des personnes
valides ;
- la personne handicapée est considérée
comme une personne inférieure.
Ces représentations sociales ont pour conséquences : les
discriminations, les éliminations physiques des personnes vivant avec un
handicap, la marginalisation, la non reconnaissance des personnes
handicapées comme acteurs actifs et participatifs au processus de
développement, le non respect des droits des personnes
handicapées en tant qu'êtres humains, le manque de confiance en
soi des personnes handicapées.
II.1.1.5. Les difficultés
rencontrées par les personnes handicapées
II.1.1.5.1. Les difficultés liées au
fonctionnement des Organisations des Personnes Handicapées
(OPH)
Les
principales difficultés sont l'insuffisance dans la gestion humaine,
matérielle, et financière des OPH liées à leurs
faibles capacités à gérer leur organisation due à
leur ignorance de la vie associative , ce qui engendre les multiples
difficultés que sont :
- les querelles de leadership ;
- le non renouvellement des instances dirigeantes ;
- les insuffisances constatées des ressources pour le
fonctionnement des OPH ;
- l'insuffisance dans la gestion des ressources
financières ;
- les crises de confiance avec les partenaires techniques et
financiers ;
- l'insuffisance de communication entre les OPH ;
- l'insuffisance de ressources humaines qualifiées.
II.1.1.5.2. Les
difficultés liées à la compétitivité des
productions des artisans handicapés
Les articles produits par les personnes
handicapées rencontrent des difficultés pour leur
écoulement, ceci à cause :
- du manque de débouchés pour
l'écoulement de leurs productions ;
- de la qualité médiocre de certains produits
fabriqués ;
- des difficultés d'accès aux marchés,
aux aires d'exposition et foires ;
- de la faiblesse des moyens de production.
II.1.1.5.3. Les
difficultés d'accès aux soins de santé
Les difficultés d'accès aux soins de
santé sont liées à / au :
- coût élevé des aides techniques et leur
faible disponibilité (béquilles, tricycles, prothèses
auditives et orthopédiques, lunettes, etc.) et autres prestations
sanitaires pour corriger ou alléger le handicap ;
- l'insuffisance ou le manque des centres de soins et autres
prestations liées au handicap (centres orthopédiques, centres
ophtalmologiques, centres auditifs et centres de guidance
infantile...) ;
- l'inaccessibilité physique aux services de
santé (rampe d'accès et autres) ;
- l'inadaptation des équipements médicaux dans
certains cas (ex : accouchement des femmes handicapées
motrices) ;
- l'insuffisance du personnel soignant formé pour la
prise en charge spécifique des malades handicapés ;
- l'insuffisance dans la formation de base du personnel
soignant pour la prise en charge de malades handicapés (ex :
langage des signes pour les sourds...) ;
- l'inaccessibilité géographique des personnes
handicapées aux soins de santé ;
- l'inaccessibilité financière des personnes
handicapées aux soins de santé ;
- la faible fréquentation des centres de santé
par les personnes handicapées.
Du fait de leur handicap, les PH ont souvent besoin de
soins spécifiques tels que les soins orthopédiques, la plupart du
temps très coûteux, voire indisponibles dans plusieurs
localités. Ces difficultés sont de nature à réduire
l'accessibilité aux soins de santé nécessaires pour ce
groupe. Par ailleurs, pour les besoins en soins de santé classique, la
forte incidence de la pauvreté dans le groupe des PH rend ces soins
moins accessibles pour les PH.
II.1.1.5.4. Les
difficultés d'accès à l'éducation
Les résultats de l'étude multisectorielle
sur la situation des PH ont montré que 2/3 des PH ne sont pas
scolarisées. 17% ont le niveau primaire, 4% ont fréquenté
l'école coranique ,8% ont le niveau secondaire et 1% le niveau
supérieur. Les personnes handicapées motrices sont relativement
plus avantagées avec une proportion de 21,6% ayant le niveau du primaire
et 11% pour le niveau de lycée et collège.
Figure 01 : Répartition
des personnes handicapées selon le niveau d'étude
Source : Ministère
de l'Action Sociale et de la solidarité Nationale du Burkina
Faso
S'agissant spécifiquement des enfants, il est ressorti
que 69,1% n'ont aucun niveau d'instruction, 2,8% ont été
alphabétisés en langues nationales ; 1,6% ont
étudié le coran ; 20,5% ont le niveau du primaire ;
5,2% ont le niveau du secondaire.
Le taux d'analphabétisme est plus prononcé chez
les enfants déficients intellectuels, sourds et visuels (plus de 70%
pour chaque catégorie).
Le fort taux d'analphabétisme est dû à des
facteurs tels que l'insuffisance de la prise en compte de l'éducation
inclusive dans la politique de l'éducation, l'insuffisance des
institutions privées, qui du reste sont limitées dans les grandes
villes telles que Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, le coût
élevé de l'éducation spéciale qui entraîne
une préférence des familles pour la scolarisation des enfants
valides. Les difficultés qui limitent l'accès des personnes
handicapées à l'éducation sont nombreux, dont :
- l'inaccessibilité physique aux salles de
classes (absence de rampes d'accès);
- l'inaccessibilité géographique aux
écoles (éloignement) ;
- l'insuffisance de formation des enseignants en technique
d'enseignement inclusif et spécialisé ;
- l'absence d'un module de référence en
matière d'éducation inclusive ;
- l'insuffisance du matériel didactique
spécifique à l'enseignement des enfants handicapés ;
- l'insuffisance de personnel spécialisé dans
l'accompagnement des élèves handicapés au sein des
établissements d'enseignement ;
- l'insuffisance de sensibilisation des parents sur le droit
à l'éducation des enfants handicapés ;
- l'insuffisance de personnel spécialisé dans
l'accompagnement et la prise en charge des enfants souffrant de
déficience intellectuelle, de poly ou multi handicap au sein des
structures d'éducation spécialisée (psychologues,
orthophonistes, éducateurs spécialisés, médecins
scolaires, etc.) ;
- le coût élevé de l'éducation
spéciale et inclusive (matériel didactique, prise en charge des
élèves handicapés et du personnel) ;
- le faible accompagnement de l'Etat aux établissements
privés de l'éducation spéciale et inclusive ;
- l'insuffisance d'établissements publics et
privés d'encadrement en éducation inclusive des enfants
handicapés.
II.1.1.5.5. Les
difficultés d'accès à la formation professionnelle et
à l'emploi
Selon les résultats de l'étude
multisectorielle réalisée par le MASSN et la FEBAH en 2008,
seulement 23% des personnes handicapées ont
bénéficié d'une formation. La majorité des
bénéficiaires l'a reçu de façon informelle.
Le taux d'occupation se situe à 25,9% dont 30% chez les
hommes et 19% chez les femmes. Cette disparité de l'occupation selon le
genre est perceptible au niveau de tous les types de handicap.
Concernant le statut d'occupation, le taux de salarisation se
situe à seulement 12,4% dont la majorité se situe au niveau des
personnes handicapées moteurs. 62,8% des personnes handicapées
exercent à leur propre compte, et bénéficient de
très faibles revenus. Dans les régions du Centre-Nord, du
Centre-Sud et du Plateau central, la proportion de personnes handicapées
disposant d'un revenu inférieur au SMIG est supérieure à
85%. Cette situation est imputable à la forte présence des
personnes handicapées dans le secteur informel, avec un faible niveau de
qualification et de moyens de production, dans un milieu très
concurrentiel.
Selon la même étude, 55,2% des personnes
handicapées étaient au chômage. Pour 54,3% de ces PH, le
chômage est la conséquence de leur manque de qualification et pour
12,4% c'est le refus des structures d'employer des personnes
handicapées. On constate ainsi l'existence de mesures restrictives pour
l'emploi des personnes handicapées.
Les difficultés d'accès à la formation
professionnelle et à l'emploi des personnes handicapées sont
entre autres :
- l'inaccessibilité physique aux salles de formation
(absence de rampes d'accès) ;
- l'absence de matériel adapté à la
formation des déficients visuels, auditifs, intellectuels et des
personnes handicapées « moteurs » ;
- l'insuffisance des centres de formation au profit des
personnes handicapées ;
- l'insuffisance du personnel formé pour la prise en
charge spécifique des personnes handicapées dans les centres
de formation ;
- l'inaccessibilité financière à la
formation ;
- l'analphabétisme des personnes
handicapées ;
- le manque et/ou la non application de mesures incitatives
pour l'emploi des personnes handicapées ;
- le sous emploi et/ou la sous rémunération des
travailleurs handicapés.
II.1.1.5.6. Les difficultés
d'accès aux services publics et au logement
v Au niveau des services publics, notamment du
transport en commun:
Les résultats de l'étude multisectorielle
montrent que la majorité des personnes handicapées motrices
(56,2%) et auditives (45,1%) empruntent les transports en commun. Outre les
difficultés d'ordre financier liées aux coûts des
transports, on relève entre autres les problèmes de
communication, la hauteur des véhicules pour les personnes
handicapées motrices, et le regard de l'autre qui se manifeste par la
curiosité face aux personnes déficientes intellectuelles. Ces difficultés se résument ainsi qu'il
suit :
- l'inaccessibilité physique aux services publics
(absence de rampes d'accès et d'ascenseurs dans les immeubles), au
transport en commun (hauteur des véhicules) ;
- l'absence d'interprètes en langage des signes dans
les services publics ;
- les frais de transport supplémentaire pour le guide,
l'accompagnant ou l'interprète ;
- l'absence d'indication sonore marquant les arrêts et
les gares pour les personnes aveugles.
v Au niveau du logement
56,5% des personnes handicapées vivent en zone non
lotie. Cette situation est perceptible dans toutes les catégories et la
proportion de personnes handicapées vivant en zone non lotie est
maximale pour les personnes handicapées visuelles (63,7%). 26,2% d'entre
elles déclarent être propriétaires de leur logement. 66%
d'entre elles sont logées soit en famille soit par la solidarité
d'une tierce personne. La majorité des
personnes interrogées sont donc exposées à une
insécurité en matière de logement.
Au regard du faible niveau d'instruction, et de formation qui
induisent un faible revenu, la personne handicapée n'arrive pas à
acquérir une parcelle que ce soit en zone lotie ou non. Or,
l'accès au logement autonomise, responsabilise et facilite son insertion
sociale à travers le respect et la considération.
II.1.1.5.7. La faiblesse
de la communication autour de la protection et la promotion des personnes
handicapées et la faible participation à la vie
sociopolitique
Le déficit d'information autour des droits et des
besoins spécifiques de la PH constitue une contrainte majeure pour le
développement de la protection et promotion des personnes
handicapées. Par ailleurs, la faible participation à l'animation
de la vie sociopolitique se pose souvent en termes de difficultés
d'accès à l'information (non traduction des journaux
télévisés en langage de signes et des quotidiens en
braille, etc.)
II.1.1.5.8. Les
difficultés d'accès aux infrastructures sportives, de loisirs et
de la culture
La pratique du sport reste faiblement ancrée dans
les habitudes des personnes handicapées. En effet, seulement 28,2% des
personnes handicapées déclarent pratiquer le sport. Ces personnes
s'intéressent surtout au handibasket (9,2%), au football (10,8%) et
à la course (39,9%). C'est au niveau des personnes handicapées
visuelles que le niveau de pratique du sport est le plus faible (18,3%).
Cependant, ces personnes sont confrontées à l'inadaptation des
aires de sport et de loisirs (insuffisance ou absence de places
réservées aux personnes handicapées, absence de rampes
d'accès). A cela s'ajoute l'insuffisance du développement du
sport pour personnes handicapées au niveau déconcentré,
d'où le manque ou l'insuffisance de compétitions nationales.
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