2. Développement humain et trappe à
pauvreté
Dans le modèle de croissance de Solow, le
progrès technique est le facteur clé qui permet à la
croissance économique de ne pas s'essouffler notamment lorsqu'on
s'approche de l'état régulier. La technologie s'avère donc
une explication forte des différences de taux de croissance entre les
économies. Même si le progrès technique peut être
considéré comme un bien non rival, l'adoption de technologie et
de solutions innovantes peut être problématique au sein d'une
population lorsque le niveau d'instruction y est faible. Plus les habitants
d'un pays ont un niveau d'éducation élevé, plus ils seront
à même d'innover ou de s'adapter à de nouvelles techniques
de production. Du niveau de développement humain, dépend donc le
gain de productivité en matière d'innovation. Le capital humain
qui s'accumule par l'éducation (Lucas, 1988) devient donc un
élément clé du développement. Le cadre
théorique de Romer permet de montrer ce lien (capital humain -
développement économique).
2.1. Le modèle de Romer
Pour montrer comment le capital humain influence la croissance
économique, on peut se référer au modèle de Romer
(1990), qui offre un cadre théorique idéal pour étudier
l'importance du capital humain. Dans ce modèle, le progrès
technique est endogène. Il est le résultat d'investissements en
recherche et développement (R&D). Il est fonction du niveau de
capital humain affecté à la recherche et développement. De
là, on met en évidence une trappe à pauvreté
liée à un stock en capital humain faible.
2.2. Développement financier et
développement économique
Depuis le début des années 1970, la relation
entre « développement financier » et «
développement économique » devient de plus en plus
importante et fait objet d'une littérature abondante. La revue de cette
vaste littérature permet d'admettre qu'il existe un lien positif entre
la finance et le développement. En effet, depuis les travaux de Mc
Kinnon (1973) et Shaw (1973), qui sont les précurseurs de ce champ
d'analyse, il a été montré que le développement
financier soutient le développement économique. Des études
plus récentes (Greenwood et Jovanovic 1990, Saint-Paul 1992, Pagano
1993, Arestis et Demetriades 1997, Benhabib et Spiegel 2000) sont venues
confirmer l'impact positif qu'exerce le développement financier sur la
croissance économique. Cet impact découlerait surtout du fait que
l'intermédiation financière assure une meilleure collecte et une
meilleure allocation des ressources d'épargne ; ce qui améliore
l'accumulation du capital en favorisant des investissements plus productifs.
A l'inverse, la croissance économique, qui fait
augmenter les ressources prêtables est nécessaire elle aussi pour
le développement du système financier. La relation entre
développement économique et développement financier peut
donc s'avérer plus complexe qu'on aurait pu le penser et le sens de la
causalité reste à déterminer (voir Trew 2006 pour un
survey de la littérature économique sur le lien entre la finance
et la croissance économique). Du point de vue théorique, une
causalité positive à double sens entre développement
financier et croissance économique peut conduire à des
équilibres multiples d'état stationnaire (Saint-Paul 1992,
Berthelemy et Varoudakis 1994). Ainsi peut-on assister à des clubs de
convergence et trappes à sous-développement liés à
un système financier peu développé. Le
sous-développement financier en Afrique sub-saharienne peut donc
être une cause de l'inefficacité de l'aide au développement
(Mwanza Nkusu et Selin Sayek, 2004).
Pour étudier comment un système financier peu
développé peut affecter le décollage économique, on
peut se référer au cadre théorique de Berthelemy et
Varoudakis (1994). Le modèle analyse l'interaction entre le secteur
financier et le secteur réel. Le modèle permet d'expliquer
comment l'état initial du système financier peut entraîner
une économie, soit vers un équilibre de haut niveau,
caractérisé par le renforcement mutuel entre finance et
croissance économique, soit vers un équilibre de bas niveau
caractérisé par des insuffisances du secteur réel et du
système financier.
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