2.3. De la Renaissance au XVIIIe siècle
La Renaissance voit la poursuite de l'expansion
et de la spécialisation des activités bancaires avec la
création de véritables multinationales : les Fugger en
Allemagne, les Médicis, les Alberti ou les Strozzi à Florence,
ainsi que plusieurs grandes familles génoises, vénitiennes ou
milanaises assoient leur puissance politique sur leurs activités
financières, favorisées par des innovations telles que le
chèque ou la comptabilité en partie double. Dans le même
temps, des établissements bancaires comparables à ceux qui
existent aujourd'hui, aptes à recevoir des dépôts et
à pratiquer la tenue de comptes, font leur apparition, à l'image
de la Banco di San Giorgio, à Gênes.
La modernisation de l'économie se
poursuit à partir du XVIIe siècle, principalement
à partir des centres très actifs que sont devenus Londres et
Amsterdam, qui font figure de places financières mondiales.
À Londres, notamment, l'activité des
orfèvres favorise une nouvelle modernisation des techniques
bancaires : l'or mis en dépôt chez ces artisans doit, en
principe, pouvoir être restitué à son propriétaire.
Cependant, dans la mesure où la quantité d'or retirée par
les propriétaires ne correspond, en réalité, qu'à
une fraction du dépôt total, les orfèvres sont en mesure de
prêter, pour un temps du moins, une partie de cet or contre un billet
à ordre.
Par la suite, des certificats de papier
remboursables en pièces d'or seront mis en circulation à la place
de l'or, la création monétaire devenant ainsi liée au
développement économique et non plus au volume de métal
précieux disponible. Progressivement, la valeur totale de ces billets de
banque excédera la valeur de l'or contre lequel ils sont
échangeables. Ce système de réserves fractionnaires est
resté depuis à la base des systèmes bancaires actuels.
2.4. La banque moderne
À partir de la fin du
XVIIIe siècle, mais surtout au
XIXe siècle -- durant lequel se produit la
révolution industrielle --, l'essor des banques est favorisé
par trois facteurs : le développement de la monnaie fiduciaire
(c'est-à-dire les billets), puis de la monnaie scripturale (en compte),
ainsi que le développement du financement des entreprises industrielles
et commerciales par le biais d'émission de titres, ancêtres des
valeurs mobilières.
Cette période correspond également
à la concentration du système bancaire, avec l'apparition de
grands établissements (tels la Société
générale et le Crédit Lyonnais en France, la Deutsche Bank
en Allemagne, la Barclays Bank en Grande-Bretagne) et, dans tous les pays, les
premières tentatives de l'État pour organiser une
véritable tutelle du secteur.
Au XXe siècle, ce mouvement
ne se dément pas, notamment dans le contexte de la crise
économique de 1929. En effet, cette dernière impose l'idée
que la profession doit faire l'objet d'un contrôle, car les fluctuations
de l'activité bancaire sont susceptibles d'avoir un retentissement sur
l'ensemble de l'activité économique. Aux États-Unis, par
exemple, l'une des premières mesures prises par le président
Roosevelt dans le cadre du New Deal sera d'instaurer un cloisonnement strict
entre banques d'affaires et banques de dépôts, par le Banking
Act de 1933. En France, le gouvernement du général de Gaulle
introduit après la Libération, en 1945, une classification des
banques et un encadrement de leur activité en créant un Conseil
national du crédit. Parallèlement s'opère la
nationalisation d'un certain nombre d'établissements de crédit,
dont la Banque de France.
Dans la seconde moitié du
XXe siècle, les principales modifications ayant
affecté le secteur bancaire ont consisté en une
considérable expansion de sa clientèle : la possession d'un
compte bancaire s'est à peu près généralisée
à l'ensemble de la population dans la plupart des pays
industrialisés. Dans le même temps, la tendance à la
concentration des groupes bancaires s'est affirmée, ceux-ci s'impliquant
de plus en plus dans des activités financières, de sorte que l'on
assiste à la constitution de pôles réunissant banques et
compagnies d'assurances, qui rentabilisent leurs actifs en menant des
politiques de participation actives dans le domaine industriel et dans
l'immobilier.
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