Le projet de politique de la migration de l'ONM: contraintes et perspectives.( Télécharger le fichier original )par Carline JOSEPH FASCH-UEH - Post gradué en population et Développement 2004 |
CHAPITRE IIMIGRATION, SOCIETÉ ET ÉCONOMIE
En Haïti, la migration est en relation directe et indirecte avec l'économie. Elle se combine avec l'accroissement de la population, les densités, les localisations des populations et leurs activités. Or, il revient à l'État de relever le niveau de vie du peuple haïtien et de gérer les courants migratoires. Le départ des haïtiens pour l'extérieur est surtout lié à la faiblesse de la productivité qui s'explique par la carence des capitaux, la faiblesse des investissements et les bas niveaux de salaires. Au niveau national, il se traduit par l'exode rural vers les villes plus celui -ci est important plus la répartition spatiale est inégale et plus la redistribution des ressources est difficile. Après un bref rappel des caractéristiques de la société haïtienne, nous mettrons en exergue l'évolution du système économique dans le pays et les relations entre migration, croissance de la population et les problèmes socio- économiques. 2.1.- Les caractéristiques de la société haïtienneSelon Benoît JOACHIM ( 1979 ) «l'Haïti post - coloniale a été un pays rural à plus de 90 % , aux forces matérielles et humaines archaïques, le problème agraire y fournit la grande ligne de clivage socio - économique ».19(*) Dans l'analyse de la société haïtienne, l'auteur distingue avant tout deux blocs fondamentaux. D'un côté le peuple des travailleurs de la terre dont les conditions de travail et de vie rappellent pour la plupart celles des serfs du moyen âge. De l'autre côté, leurs dominateurs directs, les maîtres de la terre, généralement absentéistes et dirigeants militaro - politiques, eux-mêmes alliés à une bourgeoisie d'affaire cosmopolite financièrement plus puissante qu'eux. Entre ces deux blocs, à la vérité, fissurés, oscillent deux couches moyennes et de petites gens instables, économiquement impuissantes. De plus, dans les villes grossissent sans cesse une masse de sans travail.20(*) Pour l'auteur, la structure économique dans laquelle les moyens de développer la richesse nationale se trouverait à la discrétion d'un petit nombre de maîtres absentéistes de la terre, Seigneurs de la guerre civile de connivence avec une bourgeoisie d'affaire cosmopolite, engendra, en interaction avec l'arriération des forces productives, le piétinement de la production, tout au plus une croissance insuffisante.21(*) En somme, la mise en cause radicale du système, dans ses fondements et non pas simplement dans certains de ses aspects particuliers, est venue essentiellement de la paysannerie. Il nous rappelle que, maintenue dans l'analphabétisme, les masses paysannes n'ont pas tellement laissé de témoignages écrits directs sur leur situation et sur leurs luttes.22(*) Pour terminer, rappelons avec JOACHIM que la paysannerie n'en a pas moins témoigné et revendiqué et, de manière éloquente, par ses mouvements de révolte : lutte de masse ouverte en temps de crise, résistance passive en temps de calme, entre deux tempêtes. * 19 Benoît, Joachim. 1979. Les racines du sous- développement. Port-au-Prince p 117 * 20 Benoît, Joachim. 1979. Les racines du sous- développement. Port-au-Prince p 117 * 21 idem p 195 * 22 idem p 228 |
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