FA PROGRAMME D'ETUDES
POST-GRADUÉES EN POPULATION ET DEVELOPPEMENT
FACULTE DES SCIENCES HUMAINES
(FASCH) CULTE DES SCIENCES HUMAINES
FASCH
LE PROJET DE POLITIQUE DE LA
MIGRATION DE L'ONM :
CONTRAINTES ET PERSPECTIVES
FA CULTE D
Essai présenté par : Carline
JOSEPH
Pour l'obtention du diplôme d'études Post -
Graduées
en population et développement
Port-au-Prince, juin 2004
ES SCIENCES HUMAINES FASCH
Lorsque l'homme cessera de se déplacer
son ascension à l'échelle de la vie
s'arrêtera.
Alfred North WHITEHEAD,1925
REMERCIEMENTS
Ma formation a été possible grâce aux
contributions des institutions et organismes tels que :
l'Université d'État d'Haïti (UEH), le Fonds des Nations
Unies pour la population (FNUAP), la Faculté des Sciences Humaines
(FASCH), le Ministère de la Planification et de la Coopération
Externe (MPCPE), Le Ministère de l'Éducation Nationale de la
Jeunesse et des Sports (MENJS), la Secrétairerie d'État à
la Population (SEP). Ils m'ont offert l'opportunité de poursuivre les
études Post- Graduées en population et développement.
Je tiens à remercier le coordonnateur du Programme M.
Fritz Pierre JOSEPH et le personnel de l'ONM , de l'IHSI, qui m'a fourni des
documents et m'a autorisée à faire des recherches.
Mes remerciements vont également à M. Daniel
MILBIN et M. Nelson SYLVESTE qui ont consenti à me guider. J'adresse mes
remerciements à tous mes professeurs qui ont contribué à
ma formation.
Un merci spécial à M. Wilson JABOIN, sans lui,
je n'aurai pas eu le document de Projet de politique de la Migration de l'ONM.
Mes remerciements vont enfin à mon époux M. Emmanuel C. DUVAL,
à ma mère Mme Polixène JOSEPH, à mon frère
Pierre JOSEPH et mes soeurs Ruth et Néhémie ; aux membres de mon
groupe de travail à la FASCH Mme Jessie E. BENOIT, M. Dagobert ELISEE,
et M. Allan MAGLOIRE.
A tous les spécialistes, collègues et amis qui
m'ont aidée à améliorer la qualité du texte, merci
est insuffisant, car leur disponibilité, leur fraternité, leurs
encouragements m'ont permis d'achever ce travail.
TABLES DES MATIERES
AVANT - PROPOS
VII
RÉSUMÉ
VIII
LISTE DES TABLEAUX
IX
LISTE DES ABREVIATIONS
X
I.- INTRODUCTION
11
CHAPITRE I
15
ASPECTS METHODOLOGIQUES
15
1.1.-Approche théorique
15
1.2.-Définition de termes
18
1.3.- Hypothèse
21
1.4.- But et Objectifs
21
1.5- Revue de la documentation et
état de la question
22
1.6.- Cadre méthodologique
24
CHAPITRE II
25
MIGRATION, SOCIETE ET ECONOMIE
25
2.1.- Les caractéristiques de la
société haïtienne
25
2.2.- L'évolution du système
économique haïtien
26
2.3.- Relation entre migration, croissance
de la population et problèmes socio- économiques
28
CHAPITRE III
31
LA MIGRATION ET LA DYNAMIQUE DE LA
POPULATION EN HAITI
31
3.1.- La migration interne
31
3.1.1.- Niveaux et tendances
31
3.1.2. Rôle des migrations internes dans le
processus d' urbanisation
32
3.2.- La migration internationale
34
3.2.1.- Niveaux et tendances
34
3.2.2.- Incidence des migrations internationales en
Haïti
36
CHAPITRE IV
38
LE PROJET DE POLITIQUE NATIONALE DE LA
MIGRATION DE L'ONM
38
4.1.- Teneur
38
4.2.- Arrangements institutionnels,
programmes et actions prévus
41
4.2.1.-Arrangements institutionnels
41
4.2.2.-Les programmes et actions prévus
42
4.3.- But, Objectifs, structure de la mise
en oeuvre et champs d'action
45
4.3.1.-But fixé
45
4.3.2.-Objectifs du projet de politique de la
migration de l'ONM
45
4.3.3.-Structure de la mise en oeuvre
46
4.3.4.-Champ d'action
47
CHAPITRE V
48
APPLICABILITE DU PROJET DE POLITIQUE
NATIONALE DE LA MIGRATION DE L'ONM
48
5.1.- DEGRE D'APPLICATION DU PROJET DE
POLITIQUE MIGRATOIRE DE L'ONM
48
5.1.1- Les déplacements et les ressources
humaines et institutionnelles
49
5.1.2.- Le projet de politique migratoire de l'ONM
et les dispositions légales
52
5.1.3.- Les lois et les réglementations
concernant la migration
53
5.1.4.- Les autorités administratives et le
grand public
53
5.2.- APTITUDE DU PROJET DE POLITIQUE
MIGRATOIRE A ATTEINDRE SES OBJECTIFS
57
5.2.1.- La constitution, les lois, les
décrets, les décrets-lois et leurs caractéristiques
57
5.2.2.-les traités et accords internationaux
et leurs caractéristiques
59
5.2.3.-Imbroglio du système juridique
haïtien
60
VI.- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
64
6.1.- Conclusion
64
6.2.- Recommandations
65
VII.- REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
66
ANNEXES
71
AVANT -
PROPOS
En l'an 2000, dans l'optique de doter Haïti d'une
politique migratoire explicite, l'Office National de la Migration (ONM) a
élaboré un projet de politique de la migration qui est
dévolué à la réduction considérable de
l'exode rural, une redistribution spatiale équilibrée ; et aussi
à la régulation des flux migratoires internationaux. Ce document,
à travers ces programmes et actions prévus, oblige les
autorités publiques à influer sur les courants migratoires du
pays.
Le présent travail se propose d'examiner certains
aspects de ce document. Il se base sur la littérature existante
particulièrement sur les résultats des recensements de 1971, 1982
et des enquêtes spécifiques réalisées sur la
migration en Haïti. Ces données fournissent les relations entre les
migrations, l'économie et la population. Les causes des
déplacements à l'intérieur et vers l'extérieur du
pays feront l'objet d'une étude particulière. Une attention
soutenue sera accordée à l'intention avec laquelle on a
défini ce projet et aux objectifs visés.
RÉSUMÉ
La population de la République d'Haïti dont les
deux tiers vivent dans les milieux ruraux accroît directement avec
l'effectif total et par tranche d'âge. En effet, l'augmentation du taux
annuel de croissance démographique favorise la prédominance de la
production à petite échelle et la détérioration des
conditions de vie. On enregistre une forte pression sur les ressources
disponibles qui s'explique par une intense mobilité de la population en
quête de mieux être. Il en résulte des conséquences
sur le plan économique, social, politique, et de l'organisation
spatiale.
En matière de déplacement de la population, les
lois haïtiennes ne sont pas toujours respectées et le contenu de la
plupart d'entre - elles devrait être actualisé. Les instances
chargées de gérer et de contrôler le
phénomène migratoire sont porteuses d'espoir mais, l'absence de
dispositifs provisoires et de consensus ne favorise pas la mise en oeuvre des
stratégies prônées par les politiques publiques. Cependant,
on constate que l'afflux des ruraux vers les villes conduit d'abord à
une augmentation de la production des biens, une forte pression sur les
services de bases, l'urbanisation anarchique, la délinquance
juvénile, l'augmentation du chômage urbain. De même, on note
les bienfaits de l'émigration des haïtiens vers les pays
étrangers. Elle est un important filet de protection sociale pour bon
nombre de famille et un apport financier au pays. Car, les travailleurs et
chômeurs trouvent un emploi dans les pays d'accueils où ils
gagnent de meilleurs salaires. Face à cette situation, nous nous
proposons de faire une analyse de la migration haïtienne et du projet de
politique de la migration de l'ONM paru en 2000. Cette analyse mettra en
exergue les éléments clés qui pourraient concourir
à la rétention des populations à leurs lieux d'origine et
à un éventuel retour des haïtiens vivant à
l'étranger.
LISTE DES TABLEAUX
1.2.-Taux d'activité selon le milieu de
résidence....................................... .............26
2.2. -Taux de chômage de la population active
........................................................27
1.3.- Taux d'urbanisation selon les recensements de 50,71, 82
et 2003...........................32
LISTE
DES ABREVIATIONS
AID/USAID : Agency for International Development
AMP : Aire Métropolitaine de Port - au -Prince
CTPEA : Centre de Techniques de Planification et
d'Économie Appliquée
EBCM : Enquête Budget Consommation des
Ménages
FNUAP : Fonds des Nations Unies pour la Population
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique
OIM : Organisation International de la Migration
ONM : Office National de la Migration
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat.
RGPL : Recensement Général de la
Population et du Logement.
PEA : Population Économiquement Active
SEP : Secrétairerie d'État à la
Population
I.-
INTRODUCTION
Haïti est connue comme un pays d'intenses mouvements
migratoires. Cette grande mobilité de la population tient du
désintéressement de l'État pour le contrôle du
phénomène migratoire, mais surtout de la crise socio -
économique que traverse le pays durant ces trente dernières
années et qui ne permet pas d'assurer un équilibre satisfaisant
entre croissance économique et croissance démographique.1(*) En effet, les migrations ont des
répercussions sur le plan social, économique, politique et
spatial. De plus, ce phénomène a une importance à la fois
aux niveaux national et international.
Sur le plan national, les migrations internes constituent
l'une des causes de la distribution inégale de la population à
travers l'espace géographique et sont étroitement liées
à l'urbanisation anarchique. Il en résulte l'explosion urbaine
due à l'accélération de l'exode rural des jeunes vers les
villes notamment vers l'Aire Métropolitaine de Port- au- Prince (AMP)
qui exerce une forte pression sur les services de base tels que l'eau,
l'électricité, les équipements de soins de santé et
d'éducation. De même, elle fait augmenter le chômage urbain
et entraîne des problèmes d'encombrement de pollution etc... Comme
l'administration publique n'arrive pas toujours à fournir les services
nécessaires à cause des déplacements trop rapides, il
s'ensuit l'émergence des bidonvilles, la dégradation de
l'environnement et une baisse généralisée du niveau de
vie.
Sur le plan international, l'émigration des
haïtiens a un impact sur la croissance des populations d'accueil. En ce
sens, l'objectif de réduire les flux migratoires consiste en des
rapatriements et des refoulements. Toutefois, dans notre pays, l'importance
croissante du phénomène donne lieu à la vision innovatrice
des flux migratoires internationaux. L'émigration des haïtiens
vers les pays étrangers, par son apport direct ou indirect à bon
nombre de familles, peut être considérée comme une soupape
de sécurité. Cette sécurité est fonction de
l'envoi des fonds qui peut être considéré comme des sources
importantes de revenus. Par ailleurs, l'exode de cette population est
responsable d'une forte réduction de la main d'oeuvre dans les milieux
ruraux.2(*)
Or, les enquêtes concernant la migration interne
montrent que la grande majorité des migrants proviennent des campagnes.
De plus, celles relatives à la migration internationale, quoique rares,
présentent à peine les caractéristiques de la diaspora
haïtienne, puisque leurs qualifications et leurs conditions
d'établissement ne sont pas relatées. Selon l'analyse sur
l'émigration haïtienne présentée par le FNUAP dans le
cadre du projet '' Investicacion Internacional de Latino America (IMILA)'' le
déplacement des haïtiens vers les pays étrangers est surtout
motivé par le désir de travailler. Cette étude
révèle que les migrants se retrouvent dans les activités
primaires, les industries manufacturières, les établissements
financiers et le reste partage les activités non
spécifiées et d'autres secteurs de l'industrie telles que l'eau,
l'électricité. Une ventilation du total des migrants actifs
montre que 23 % travaillent dans le secteur religieux, 25 % dans l'artisanat,
16,25% dans le secteur professionnel et technique, 20, 3 % dans le secteur
agricole et 11, 6 % font des taches administratives agricoles etc...3(*)
En réalité les réglementations relatives
aux déplacements tant à l'intérieur que vers
l'extérieur du pays exigent, dans une certaine mesure, la
rétention des individus à leurs lieux d'origine. Dans la
pratique, le manque de moyens et de dispositifs transitoires explique le non
- respect des dispositions légales. Dans cette optique, on peut donc se
demander dans quelle mesure un projet de politique migratoire pour Haïti
peut être efficace et efficient?
Ces informations ci - dessus montrent bien la
nécessité de doter le pays d'une politique migratoire explicite,
instrument de gouvernabilité du phénomène. C'est pourquoi,
en l'an 2000, l'Office National de la Migration (ONM) avait proposé un
projet de politique migratoire qui s'appuie sur deux facteurs : le
développement local, vecteur de la rétention des habitants aux
lieux d'origine et le retour des émigrés haïtiens
vivant dans les pays étrangers, un des acteurs du développement
national.
Notre travail s'inscrit dans ce contexte et s'intéresse
au contenu et à la mise en oeuvre de ce document qui doit devenir
l'instrument de contrôle et de gestion des courants migratoires.
Dans cette optique, notre travail comporte deux parties qui
seront respectivement divisées en trois et deux chapitres:
La première partie sera consacrée à
l'analyse de la migration haïtienne''. L'étude s'articulera autour
de trois chapitres.
- Le premier sera consacré aux aspects
méthodologiques.
- Le deuxième présentera les relations entre la
migration et l'économie. A ce niveau, les caractéristiques de la
société haïtienne seront privilégiées.
- Le troisième exposera la dynamique de la population
en Haïti et ses caractéristiques.
La deuxième partie traitera de l'applicabilité
de la politique nationale de la migration de l 'ONM. A cet effet :
- Le quatrième chapitre abordera le projet de
politique migratoire de l'ONM. A ce niveau la teneur, les arrangements
institutionnels, les programmes et actions prévus seront
présentés.
- Le cinquième s'intéressera à
l'applicabilité de cet instrument au regard de la réglementation
haïtienne.
Viennent enfin les conclusions et les recommandations en
termes d'éléments clés pour le renforcement du projet de
la politique nationale de la migration.
CHAPITRE I
ASPECTS METHODOLOGIQUES
1.1.- Approche
théorique
Plusieurs chercheurs ont réalisé des
études afin d'émettre des opinions qui sont apparues dans la
littérature. Ils ont essayé d'expliquer les migrations et pour
rendre compte de manière plus précise de ces
phénomènes, ces auteurs ont élaboré des
théories et des approches qui ont influencé la recherche. En ce
sens, la migration interne et l'émigration des haïtiens vers
l'étranger sont tributaires, à notre avis, de cinq
théories et de deux modèles.
La première est la théorie ''
répulsion attraction (Push- pull theory). Selon Boroswski et
al (1994), cette théorie remonte à Lee (1966) et prend comme
point d'ancrage l'inégalité générale et les
différences dans les opportunités de migrer qui peuvent se
présenter à chaque individu. Elle est centrée sur le fait
que les gens migrent en réponse à une combinaison de facteurs
d'attraction et de répulsion sur le plan social, économique et
politique.
La deuxième concerne les théories
structurelles qui présentent une explication
de la cause de l'émigration. Selon Borowski et al (1994) qui se
réfère á Papademetriou (1988 : 237) , les mouvements
internationaux de population sont une composante durable du paysage
économique, social et politique. Ces théories perçoivent
la migration comme structurellement déterminée; c'est- á -
dire les pays sont reliés par des flux et des contre - flux de
population, ainsi que des relations économiques, politiques entre pays,
qui découlent des systèmes de migration. Les structures peuvent
inclure le mouvement capital vers les pays moins développés par
les sociétés multinationales á la recherche des avantages
de la main - d'oeuvre bon marché.4(*)
La troisième est la théorie de
l'équilibre où la fonction des migrations serait celle
de décomprimer certaines régions surpeuplées de
développement insuffisant pour fournir une main - d'oeuvre à
d'autres plus développées. (Germani Gino 1965, Eisentadt 1956).
Le souci général du développement et des moyens pour
remédier au sous - développement a trouvé sa formulation
la meilleure dans la variante latino-américaine de la modernisation. En
effet, la dichotomie ville campagne à été soulignée
et utilisée pour expliquer les difficultés d'ajustement que les
hordes de migrants ruraux ont rencontré en déferlant sur les
grandes villes'' incapables '' de s'adapter aux possibilités d'emploi
fourni par une économie urbaine en expansion et au mode de vie
citadin.
La quatrième est la théorie de la mise
en oeuvre qui donne une explication de l'efficacité de la
politique. Cette théorie se réfère aux études
réalisées par les spécialistes américains et les
politologues allemands dans une tentative d'éclaircissement de leurs
préoccupations pour la mise en oeuvre, vers les années 60 et 70.
Ils ont tous montré á travers divers exemples qu'il existe une
différence entre fonctions législatives et fonctions
exécutives. D'après la perception des acteurs,
l'élaboration d'une politique se distingue de sa réalisation.
Pour eux, il y a une différence selon que les services de mise en oeuvre
trouvent leur légitimation dans l'observation stricte d'un programme
légal ou qu'ils se considèrent comme agissant avec un certain
pouvoir discrétionnaire où même comme essayant de
réaliser des objectifs politiques.5(*) Ils avancent que la structure de mise en oeuvre influe
sur le champ d'action et les objectifs fixés pendant la phase
d'élaboration de la loi.
La cinquième est la théorie
constitutionnelle qui place la loi - mère á la
tête de la hiérarchie des lois. Pour pouvoir mieux étudier
l'efficience, nous estimons qu'il vaut mieux faire appel au positivisme
juridique. Le positivisme a été marqué par Kelsen, dans
son ouvrage «la formation du droit par degré». Pour lui, la
valeur juridique d'une règle s'apprécie d'après sa
conformité avec la règle fondamentale de système juridique
donné et avec les règles constitutionnelles.
Pour étudier les déplacements des ruraux vers
les villes, nous faisons appel au modèle de Todaro
(un exemple de modèle de l'exode rural en Afrique). A travers ce
modèle, Todaro pose comme hypothèse de travail que tout migrant
potentiel du milieu rural décide de migrer en ville ou de ne pas migrer
en se fixant implicitement comme objectif la maximisation du revenu qu'il
espère obtenir.
C'est la combinaison et l'interaction de deux variables :
la disparité de revenu effectif entre la ville et la campagne et la
probabilité d'obtenir un emploi urbain qui détermine le rythme et
l'ampleur de l'exode rural en Afrique.
Le modèle montre dans quelles conditions l'écart
de revenu ''escompté'' entre la ville et la campagne peut aggraver le
chômage urbain.6(*) En
fait, l'auteur montre comment la migration est un facteur qui engendre des
problèmes. Il déclare que l'excès de main d'oeuvre
occasionne le chômage et le déséquilibre croissant
entre le rural et l'urbain.
En dernier lieu, nous pensons que la décision de migrer
des individus vers un autre pays est fournie par le modèle
d'immigration à deux pays. Ce modèle proposé par
Borjas (1989) est très simple. Il comporte deux fonctions de salaire
des résidents du pays d'origine (1) ou du pays d'accueil (2) et une
troisième fonction index (3) déduite des deux premières
qui s'expriment par les relations suivantes :
Log W0 = X d0 + e0
(1)
Log W1 = X d1 + e1
(2)
I = Log { W1 / ( w0 + C)} = { X (
d1 - d0) - p } + ( e1 - e0) (
3)
Dans ces trois relations, X représente les
caractéristiques démographiques observables (âge,
éducation....), d0 (d1) les taux de
rémunération de ces caractéristiques ( X) dans les pays
de départ ( pays d'accueil), W0 (W1) les salaires
des individus du pays d'origine (Pays d 'accueil), e0
( e1) le vecteur des caractéristiques non observables des
individus dans chaque pays. On suppose que e0 ( e1 ) a
une distribution normale de moyenne nulle et de variance
S02 ( S12). Par ailleurs, e
0 et e1 sont indépendants de X, mais, e
0 et e1 sont corrélés entre eux avec r pour
coefficient de corrélation. C représente le coût de la
mobilité entre le pays d'origine et celui d'accueil, et p = C/
W0 est une mesure de '' l'équivalence temporelle'' des
coûts de migration.
Techniquement, W0 et W1 peuvent
être définis en termes de la valeur actuelle des profils de
salaire d'un individu dans chacun des pays de résidence potentiels et
non pas uniquement les salaires et une quelconque année donnée.
En effet, c'est la comparaison des ''revenus permanents'' de ces pays de
résidence potentielle qui détermine le comportement migratoire.
Par ailleurs, les coefficients d0 et d1
représentent les taux de rémunération de chaque
caractéristique X dans chaque pays (exemple le taux de
rémunération d'une année additionnelle
d'éducation). Xd0 et (Xd1) sont le salaire moyen
espéré par une personne ayant les caractéristiques X et
choisie par hasard dans chaque pays. On sait que par construction, cette
personne a une moyenne nulle pour les caractéristiques non
observables.
L'hypothèse fondamentale est que la migration est
guidée par la comparaison des revenus à travers les pays, et que
la maximisation du revenu est une condition nécessaire mais non
suffisante pour la maximisation de l'utilité. En effet, d'autres
critères moins visibles sont parfois pris en compte pour décider
de migrer : c'est le cas de la politique, de la criminalité et
autres ...
A la lumière de ces théories nous abordons notre
travail.
Venons - en maintenant aux concepts importants.
1.2.- Définition de
termes
Migration : D'une manière
générale, les migrations désignent l'ensemble des
déplacements géographiques ayant pour effet de transférer
la résidence des intéressés d'un lieu d'origine ou de
départ vers un lieu de destination ou d'arrivée.7(*)
Migrant: Le migrant c'est celui qui effectue
la migration. Considéré par rapport à sa zone d'origine,
le migrant représente un émigrant et, par rapport à sa
zone de destination, un immigrant.8(*)
Migrant interne: C'est l'individu qui
transfère sa résidence d'un lieu à un autre à
l'intérieur du territoire national.9(*)
Migrant international: Tout natif de
l'étranger qui réside dans un département ou une commune
quelconque d'Haïti, lors du recensement.10(*)
Migration internationale : '' pour un
territoire donné, migration entre deux lieux dont l'un est situé
dans le territoire et l'autre á l'extérieur. Selon le sens dans
lequel a lieu la migration on parlera d'émigration ou
d'immigration''.
Aire Métropolitaine de Port-au-Prince
(AMP) : Une agglomération qui regroupe les villes de Port
- au - Prince, de Pétion - Ville, de Carrefour et de Delmas et qui se
situe dans le département de l'Ouest.11(*)
Politique : La politique
envoie à la ''manière concertée de conduire une
affaire''.
- En 1966 SCHWARTZ TURER, TUDEN l'ont définie comme
étant l'étude des processus qu'entraîne la
détermination et l'exécution des objectifs publics et les
différentes formes et utilisations du pouvoir par ceux qui sont
responsables de ces objectifs.
- '' Carl BOGGS Jr a une autre conception, pour lui ,'' la
politique englobe non seulement le domaine de l'Etat à proprement
parler, non seulement les activités qui sont liées à
l'exercice du pouvoir public, mais aussi le rassemblement des forces sociales
dans la lutte pour des buts et objectifs communs (et publics). C'est cette
sphère commune ou générale des activités uniquement
qui dans toute société travaille à maintenir des relations
sociales et des valeurs sociales''.
- Isabelle et Paul MORIN l'ont définie comme un
réseau de communication et de décisions reliant des acteurs qui
accomplissent des taches, en vue d'atteindre des objectifs''12(*)
Politique de population : C'est
l'ensemble des mesures et programmes adoptés par une
société. Celle -ci étant souvent considérée
aujourd'hui comme nation - Etat contribuant à la réalisation des
valeurs et objectifs de l'individu et de la société, ainsi
qu'à l'amélioration du niveau de vie des membres de cette
société, soit en influençant, soit en répondant aux
exigences des variables démographiques essentielles, notamment la
taille, la structure, la croissance, la distribution géographique
(nationale et internationale) et les caractéristiques
démographiques de la population.13(*)
Politique migratoire : C'est un
instrument de gouvernabilité du phénomène migratoire.
L'intention avec laquelle on l'a définie correspond à l'objectif
avec lequel on la formule ; dans ces termes - là, on peut
distinguer les politiques de rétention, de promotion, de
récupération, de restriction, d'ouverture et d'incorporation
migratoire.
- Les politiques de rétention ont l'objectif de
générer des situations qui évitent le déplacement
de la population vers l'extérieur, soit à cause de ses
caractéristiques (par exemple, des recours humains
qualifiés) soit à cause de son emplacement stratégique
dans une zone géographique déterminée.
- Les politiques de promotion impliquent une intention de
favoriser l'entrée ou la sortie en forme volontaire des migrants de ou
vers un certain pays.
- Les politiques de récupération ont l'objectif
de récupérer les citoyens qui résident à
l'étranger. Cette ''récupération'' peut avoir une
connotation physique qui se représente avec le rapatriement de
l'émigré ou une connotation fonctionnelle, ou prétend
récupérer les potentiels de l'émigré même si
celui -ci ne retourne pas
- Les politiques de restrictions migratoires ont pour
objectifs d'éviter l'entrée ou la sortie de migrants de ou vers
un certain territoire.
- Les politiques d'ouverture se présentent sous la
forme de '' frontières perméables'' ; sans vraiment
appliquer une promotion ou expulsion des immigrations
étrangères, les personnes traversent les limites entre les pays
et s'installent avec un minimum de formalités et de conditions
possibles.
- Les politiques définies à partir de
l'objectif de l'incorporation migratoire cherchent une insertion de ces
migrants déjà installés dans le pays d'arrivée.
Après avoir défini les termes, comment
l'hypothèse et les objectifs de l'étude sont - ils
formulés ?
1.3.- Hypothèse
Elle est définie comme une réponse
anticipée à la question spécifique de recherche. Nous
avons posé une à laquelle répond notre hypothèse
qui s'énonce comme suit :
« L'élaboration et l'exécution d'un projet
de politique migratoire sont fonctions d'un cadre juridique et
institutionnel bien établi». Nous nous proposons de
la travailler aux fins de la vérifier ou de l'infirmer et mesurer le
degré d'atteinte des objectifs visés; des programmes et actions
prévus et de la mise en oeuvre du projet de politique migratoire
proposée par l'ONM en l'an 2000.
1.4.- But et Objectifs
Le but de notre travail est d'analyser le contenu du projet
de politique migratoire de l'Office national de la Migration (ONM). Cette
étude vise à mettre en lumière les contraintes et les
perspectives de la mise en oeuvre de ce projet.
Notre objectif est double :
- Faire un état des lieux de la question migratoire
en Haïti
- Montrer l'applicabilité du projet de politique
migratoire de l'ONM au regard de la réglementation haïtienne et des
institutions du pays.
Il nous faut maintenant choisir les outils susceptibles de
réaliser notre projet de démonstration.
1.5- Revue de la documentation et
état de la question
Il existe une carence d'études en matière de la
migration en Haïti, cependant quelques travaux ont été
réalisés. A part les données consacrées à la
migration internes des recensements de 1950, 1971, 1982 et 2003, nous
utiliserons, tout aussi bien, les rapports et études traitant du
phénomène.
Au recensement de 1971, une étude a été
réalisée en deux phases à la Division d'Analyse et de
Recherches Démographiques de l'Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique, qui a porté respectivement sur la mesure et les
déterminants des migrations internes. La première phase dressait
un bilan des migrations internes en Haïti et faisait état des
principales zones d'origine et de destination.14(*) La deuxième phase identifiait, en premier
lieu, les causes de la migration dans les lieux de départ et, en second
lieu, mettait en corrélation les taux d'accroissement de la population
avec une série d'indicateurs sociaux et économiques par commune.
Cette dernière approche a permis de constater que les communes les plus
urbanisées ont perdu moins de leur population par la migration tandis
que celles qui ont des proportions très élevées de leur
Population Économiquement Active (PEA) en agriculture ont connu de plus
fortes émigrations de leurs populations.15(*)
Dans l'Enquête à Passages
Répétés de 1971-73, une section du rapport global
d'analyse a été consacrée à l'étude du
phénomène.
Au recensement de 1982, le professeur Raymond Gardiner, sur la
base des données provenant d'un échantillon de 2,5 %
extrapolé, a établi la matrice «origine -
destination » qui a permis de constater que l'Aire
Métropolitaine de Port-au-Prince représente le point de
convergence des courants migratoires qui traversent le pays.16(*)
En 2002, l'enquête sur la migration vers les quartiers
défavorisés de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince,
réalisée par l'Organisation Internationale pour la migration
(OIM) et le Fonds des nations unies pour la population (FNUAP), dont le
rapport d'analyse a été rédigé par le professeur
Jacques Hendry Rousseau, a permis d'avancer les principales causes de
départ des migrants de la zone ciblée. De plus, les principaux
résultats de l'enquête ont été
présentés suivant trois grands points à savoir :
l'aspect quantitatif, les caractéristiques socio- démographique
et économique des migrants et les motifs de la migration.17(*)
Plus récemment, les résultats de l'enquête
sur les conditions de vie en Haïti (ECVH 2001) ont mis en
évidence les niveaux et tendances des migrations internes à
l'échelle départementale.
Quant à la littérature traitant de la migration
internationale en Haïti, elle est partielle. Elle concerne surtout la
République Dominicaine et quelques aspects de la réalité
socio-économique des émigrants haïtiens. En 1998, Josh
Dewind, David Kinley dans leur ouvrage '' Aide á la migration''
signalent que l'émigration haïtienne est marquée par trois
grandes phases : une forte migration des paysans durant la première
moitié du 20 ème siècle, le départ massif des
cadres et de la haute bourgeoisie, considérés comme des rivaux du
régime de Duvalier en 1960, et des boat- people des années 80.
Une étude sur les paramètres démographiques pour la
période intercensitaire 1971-1982 élaborée par la
Direction d'analyse et de recherches démographiques avait
consacré une partie du texte à l'estimation de
l'émigration haïtienne vers l'extérieur. En effet, ce
phénomène, quoique difficile à chiffrer, avait
affecté la croissance de la population en 1982.18(*) La période
intercensitaire 71 -82 avait montré que l'émigration vers
l'extérieur affectait la croissance de la population. Les enquêtes
à passage répété ont révélé
qu'en l'espace de deux ans une moyenne de 18557 personnes ont laissé le
pays. D'autres études ont montré que durant ces 20
dernières années la situation s'est aggravée.
1.6.- Cadre méthodologique
Nous retenons, pour collecter les informations et les
données, des méthodes et des techniques adaptées aux
objectifs que nous poursuivons. Notre choix reflète aussi les
ressources, le temps dont nous disposons ainsi que la globalité de la
réalité á saisir.
Nous optons pour la méthode descriptive qui nous permet
de photographier le terrain et la méthode historique qui
préconise l'observation et l'analyse de documents.
Les techniques que nous privilégions sont la revue
documentaire (écrits, documents, statistiques administratifs),
l'entretien libre qui libère la conversation et permet d'entrer dans
les détails d'un monde complexe et l'observation directe libre qui
nous livre l'espace .
CHAPITRE II
MIGRATION, SOCIETÉ ET ÉCONOMIE
En Haïti, la migration est en relation directe et
indirecte avec l'économie. Elle se combine avec l'accroissement de la
population, les densités, les localisations des populations et leurs
activités. Or, il revient à l'État de relever le niveau
de vie du peuple haïtien et de gérer les courants migratoires. Le
départ des haïtiens pour l'extérieur est surtout lié
à la faiblesse de la productivité qui s'explique par la carence
des capitaux, la faiblesse des investissements et les bas niveaux de salaires.
Au niveau national, il se traduit par l'exode rural vers les villes plus celui
-ci est important plus la répartition spatiale est inégale et
plus la redistribution des ressources est difficile.
Après un bref rappel des caractéristiques de la
société haïtienne, nous mettrons en exergue
l'évolution du système économique dans le pays et les
relations entre migration, croissance de la population et les problèmes
socio- économiques.
2.1.- Les caractéristiques de la
société haïtienne
Selon Benoît JOACHIM ( 1979 ) «l'Haïti post -
coloniale a été un pays rural à plus de 90 % , aux forces
matérielles et humaines archaïques, le problème agraire y
fournit la grande ligne de clivage socio - économique ».19(*) Dans l'analyse de la
société haïtienne, l'auteur distingue avant tout deux blocs
fondamentaux. D'un côté le peuple des travailleurs de la terre
dont les conditions de travail et de vie rappellent pour la plupart celles des
serfs du moyen âge. De l'autre côté, leurs dominateurs
directs, les maîtres de la terre, généralement
absentéistes et dirigeants militaro - politiques, eux-mêmes
alliés à une bourgeoisie d'affaire cosmopolite
financièrement plus puissante qu'eux. Entre ces deux blocs, à la
vérité, fissurés, oscillent deux couches moyennes et de
petites gens instables, économiquement impuissantes. De plus, dans les
villes grossissent sans cesse une masse de sans travail.20(*) Pour l'auteur, la structure
économique dans laquelle les moyens de développer la richesse
nationale se trouverait à la discrétion d'un petit nombre de
maîtres absentéistes de la terre, Seigneurs de la guerre civile de
connivence avec une bourgeoisie d'affaire cosmopolite, engendra, en interaction
avec l'arriération des forces productives, le piétinement de la
production, tout au plus une croissance insuffisante.21(*)
En somme, la mise en cause radicale du système, dans
ses fondements et non pas simplement dans certains de ses aspects particuliers,
est venue essentiellement de la paysannerie. Il nous rappelle que, maintenue
dans l'analphabétisme, les masses paysannes n'ont pas tellement
laissé de témoignages écrits directs sur leur situation et
sur leurs luttes.22(*)
Pour terminer, rappelons avec JOACHIM que la paysannerie n'en a pas moins
témoigné et revendiqué et, de manière
éloquente, par ses mouvements de révolte : lutte de masse
ouverte en temps de crise, résistance passive en temps de calme, entre
deux tempêtes.
2.2.- L'évolution du
système économique haïtien
Depuis l'indépendance, l'économie
haïtienne est caractérisée par les relations d'oppression,
la nature des productions et l'archaïsme des techniques de production. En
effet, trois secteurs (primaire, secondaire, tertiaire) évoluant
à travers le temps englobent toutes les activités
économiques. Les principaux acteurs sont l'État, le Secteur
privé, la population. Le premier s'est construit autour du second et,
ces derniers ne sont jamais intéressés aux activités de
production ; et le troisième qui dépend des deux premiers, est
complètement négligé.
En fait, vers les années soixante, on commençait
déjà à parler de faible dynamisme de l'économie
haïtienne. La mission conjointe OEA, BID CEPAL en Haïti, dans son
rapport publié en juillet 1969 avait déclaré que
: « le progrès d'Haïti requiert sans doute
des mesures qui sortent de l'ordinaire et qui font appel à la
conscience, tant dans le cadre national que dans le cadre
interaméricain. Les mesures que devraient prendre le gouvernement
haïtien et l'orientation technique pour entamer le processus de
planification général et sectoriel étaient
indiqués ». 23(*) Pourtant rien n'a été fait
jusqu'à date.
De 1960 à nos jours, la production agricole subit une
baisse et la population du pays endure l'effet d'une crise socio - politique
interne et du ralentissement de l'assistance internationale. Quant à la
production industrielle en hausse vers les années 70 et
réalisée dans une large mesure par les entreprises d'État,
les moyennes entreprises et les industries, elle a connu la faillite à
cause de l'institutionnalisation de la contrebande et la disparition de
l'envoie des produits destinés aux marchés internes. Le secteur
tertiaire occupe une place qu'on ne saurait mesurer en termes de volume de
production mais dont l'impact dans le domaine de l'emploi est notoire. La
très basse productivité des informels ne peut souvent que masquer
le chômage déguisé qui frappe environ 60% de la population
en âge de travailler, chiffrée à trois millions24(*)
En ce sens, cette situation entraîne une
détérioration plus grande de l'angoissante situation
économique du pays. A ceci s'ajoute la croissance rapide de la
population laquelle ne cesse d'intensifier les pressions sur les ressources
naturelles peu abondantes, mal utilisées et qui se dégradent
progressivement.25(*) Et
la tendance s'exacerbe au cours de ces dix dernières années.
1.2.- TAUX D'ACTIVITE SELON LE MILIEU DE RESIDENCE (EN %)
LES CATEGORIES
|
RÉC. 1971
|
REC. 1982
|
EBCM 99-2000
|
MAS.
|
FEM.
|
MAS.
|
FEM
|
MAS.
|
FEM
|
Ensemble du Pays
|
80
|
66
|
71
|
46
|
58.8
|
50.5
|
AMP
|
65
|
57
|
64
|
51
|
52.4
|
46.3
|
Villes de plus de 5. 000 habitants
Autre urbain
|
65
|
56
|
66
|
49
|
49.2
|
39.1
|
Rural et petite villes
Rural
|
83
|
69
|
73
|
45
|
63.0
|
55.5
|
SOURCE IHSI26(*) ET EBCM 99-2000
2.2.- taux de chomage de la population active (en %)
LES CATEGORIES
|
REC. 1971
|
REC.1982
|
EBCM 99-2000
|
MAS.
|
FEM.
|
MAS.
|
FEM
|
MAS.
|
FEM
|
Ensemble du Pays
|
11.5
|
17.2
|
11.2
|
13.6
|
6.3
|
8.4
|
AMP
|
41.2
|
45.1
|
35.7
|
35.3
|
19.6
|
21.2
|
Villes de plus de 5. 000 habitants
Autre urbain
|
21.4
|
25.8
|
20.6
|
22.1
|
9.7
|
9.8
|
Rural et petite villes
Rural
|
7.9
|
12.1
|
7.1
|
7.2
|
2.0
|
3.5
|
SOURCE IHSI27(*) ET EBCM 99-2000
Par ailleurs, la politique économique appliquée
un peu partout dans le monde a des répercussions sur le
développement économique de notre pays. Le Programme
d'Ajustement structurel (PAS) répondant au contrôle des variables
monétaires et celui des secteurs réels joue un rôle
important et a un impact sur la vie sociale haïtienne. Ainsi, la crise
économique de longue durée s'est aggravée par les mesures
de politique économique prises. L'État pratique une politique
monétaire expansive qui ne lui permet pas de faire grand-chose et
s'appuie sur les fonds des étrangers. Il ne protège pas le
secteur privé qui est obligé d'utiliser d'autres
stratégies face à la libéralisation du marché.
Ainsi, dans le souci de maximiser leur profit, ce dernier qui ne produit plus,
importe davantage, n'investit que le capital ce qui a pour conséquence
de diminuer la demande du travail des entreprises. Donc, le revenu de la
société devient de plus en plus faible et la problématique
de la pauvreté et celle de la gouvernance deviennent alarmantes
2.3.- Relation entre migration,
croissance de la population et problèmes socio- économiques
En Haïti, les migrants proviennent en majorité du
monde rural,28(*) la
plupart d'entre eux, souvent sans qualification, vivent en marge de la
société. En effet, le manque d'équipements sanitaire et
scolaire dans les milieux ruraux et certaines villes de province sont à
la base des déplacements vers les villes. Les systèmes de
santé sont sommairement incapables d'affronter la situation et la gamme
de services offerts est limitée ainsi que le nombre d'institutions
disponibles. En matière d'éducation, les écoles de niveau
primaire sont relativement disponibles, tel n'est pas le cas pour les niveaux
secondaire, professionnel et universitaire. Parallèlement, les appareils
administratifs, politiques et les activités commerciales sont en
majorité concentrés dans les grandes villes et plus
particulièrement dans l'Aire métropolitaine de Port-au-Prince
(AMP).
En réalité, l'extrême pauvreté de
la population rurale s'explique par une baisse du produit intérieur brut
par tête d'habitant et un faible niveau d'industrialisation qui, en tout
cas, sont insuffisants pour retenir les paysans sur leurs parcelles. De plus,
le produit intérieur brut (PIB) pour la période 2000-2001 est de
12 milliards de gourde selon les estimations de l'IHSI ; et le revenu moyen des
habitants qui était de 250 $UE pour la période 85-95 a
chuté (Banque Mondiale, p 1 : 1997) pendant que les faibles
investissements ont entraîné une baisse de la croissance
économique. Ajouté à ceci la revue ''Les comptes
économiques en 2003 '' publiée par l'IHSI montre une croissance
pénalisante, ainsi, on signale que :
«L'économie haïtienne a, au cours de
l'exercice 2002- 2003, affiché une tendance à la hausse. Il
indique aussi qu'après deux années de baisse consécutives,
le Produit Intérieur Brut (PIB) en volume a cru de 0,4 %. Cette modeste
croissance traduit l'évolution positive des trois secteurs
d'activité (primaire, secondaire, tertiaire) qui ont globalement
enregistré des taux de croissance de l'ordre de 0,2%, 1% et 0,1%. Il
convient toutefois de signaler que cette légère
amélioration du PIB est survenue dans un contexte de renforcement du
déficit budgétaire 68,6% et
d'accélération de l'inflation qui en glissement annuel, est
passée à plus de 40% en septembre 2003. Il faut également
noter le recul, pour la deuxième fois consécutive, de la
consommation finale des ménages (0,3%) et la dépréciation
excessive du taux de change (41 gourdes en moyenne pour un dollar EU contre 27
gourdes en 2002»
En outre, la population économiquement active s'est
accrue pendant que le taux de chômage s'accentue et que les prix ne
cessent d'augmenter. D'après l'EBCM 2000, le taux net d'activité
pour l'ensemble du pays est de 54% et le taux de chômage ouvert pour la
période 99-2000 s'élève à 97,3%
Selon les résultats provisoires du RGPH 2003, la
population totale de la République d'Haïti est chiffrée
à sept millions neuf cent vingt neuf mille quarante huit (7. 929.048)
habitants. Le taux annuel de croissance démographique ne cesse de
varier. Il est passé de 1,42 % à 2,08%. au cours des
périodes 71-82 et 82-2000. D'après l'EBCM 2000, le taux de
dépendance à l'échelle nationale est estimé
à 83 % d'inactifs pour 100 actifs et la situation est plus grave en
milieu urbain qu'en milieu rural. De plus, le comportement de la femme
haïtienne en matière de fécondité, surtout en milieu
rural, a un impact sur la terre qui est le bien le plus important des
ménages ruraux. Les faibles dimensions des exploitations agricoles dues
à la distribution et la redistribution à chaque nouvelle
génération ont contribué d'abord à l'augmentation
de la densité des terres puis à l'émigration des
jeunes.
D'autres grands problèmes, c'est l'illustration des
bienfaits de la ville et la vision innovatrice de la migration en Haïti.
En réalité, le départ apparaît comme le premier
acte pour sortir d'une situation jugée intolérable. Ce mirage
s'explique par le processus de concentration autour des principaux pôles
d'attraction du pays et l'exode des citoyens vers les pays
étrangers.
En somme, avec un taux de croissance annuelle de 2,08%, et une
forte densité de la population haïtienne tant en milieu rural
qu'en milieu urbain, les problèmes de déséquilibre entre
les ressources disponibles et les biens s'accentuent. A ce stade, une forte
pression s'exerce sur l'espace géographique, il en résulte une
pénurie de facteurs de production qui á son tour provoque un
faible rendement du secteur agricole. Plus de 2/3 de la population totale du
pays sur moins d'un million d'hectares de terre cultivable, la misère,
le chômage et le sous - emploi prédominent et ceux qui sont
incapables de vivre vont dans les villes. S'ensuivront les flux migratoires
internationaux.
CHAPITRE III
LA MIGRATION ET LA DYNAMIQUE DE LA POPULATION EN HAITI
3.1.- La migration interne
3.1.1.- Niveaux et tendances
Le nombre de migrants internes ne cesse d'augmenter. Depuis le
recensement de 1971, les migrations interurbaines, ruro-urbaines étaient
de 93,3% de l'ensemble des courants migratoires, tandis que pour les zones
attractives 57,3% des déplacements provenaient d'une zone rurale tandis
que 76,3 % se dirigent vers une zone urbaine.29(*) En dépit
de cette accélération le pourcentage de migrants dans la
population totale augmente bien qu'il soit difficile de le déterminer.
Cependant, leur répartition par département n'est pas uniforme.
L'analyse des données du recensement de 1971 et de l'enquête
démographique de 1971-1975 avait révélé que le
département du sud suivi du département du nord constituent la
principale source d'émigration interne. Le département de l'Ouest
suivi de l'Artibonite en est la principale destination.30(*) De même,
d'après les résultats de l'enquête sur les conditions de
vie réalisée en Haïti durant l'année 2001, la
proportion de migrants internes selon le département est repartie
de la manière suivante :
Département de l'Ouest : 27.4 pour un
échantillon de 8423
Département du Sud -Est : 3.2
pour un échantillon de 2584
Département du Nord: 2.5
pour un échantillon de 3754
Département du Nord -Est :
2.1 pour un échantillon de 1948
Département de l'Artibonite :
3.4 pour un échantillon de 3934
|
Département du Centre: 3.7
pour un échantillon de 2791
Département du Sud : 5.0
pour un échantillon de 3215
Département du Grande -Anse:
4.0 pour un échantillon de 3344
Département du Nord-Ouest:
1.5 pour un échantillon de 3014
Pour l'ensemble du pays : 12.1 pour un échantillon de
33007
|
Cependant quand on considère le sexe, on remarque un
excédent de femmes dans les flux migratoires :une proportion de
10.7 pour un échantillon de 15959 hommes et 13.4 pour un
échantillon de 17048 femmes .31(*)
3.1.2. Rôle des migrations
internes dans le processus d' urbanisation
Les migrations internes jouent un rôle important dans
l'augmentation du taux d'urbanisation. En effet, la paupérisation de la
société, le manque d'équipements collectifs et la
faiblesse des infrastructures de base, obligent la population des milieux
ruraux et des villes de provinces à se rendre dans les centres urbains
mieux équipés. Celle -ci vient d'abord en quête d'une vie
meilleure et de services adéquats pour ensuite élire domicile.
Le tissu urbain haïtien comprend des
agglomérations localisées dans les plaines côtières,
des villes frontalières, et celles situées sur les piedmonts et
les reliefs montagneux. Or, tous nos grands centres urbains sont des espaces
de centralisation des activités économiques et des
équipements collectifs dont les milieux ruraux et les petites villes
sont dépourvus. Ainsi, le drainage de ces populations vers les
grandes villes entraîne une transformation profonde de l'organisation de
l'espace urbain haïtien et de sa modélisation. D'après
l'article publié dans le journal le Nouvelliste le 8 septembre 1996, par
le Démographe -économiste Louinel Jean Louis, Haïti est
passé de onze à vingt villes de 6000 habitants de 1950 à
1982. En 1997, ce nombre, non compris l'Aire Métropolitaine, est
estimé à quarante trois (43). Se chiffrant à 12,18% en
1950, ce taux est estimé à 34 % en 1996. Toutefois, le rythme
d'urbanisation très différent d'un département à
l'autre, se révèle important. En terme de concentration, la ville
de Port - au Prince est 8,57 fois supérieure à la
deuxième ville du pays (Cap - Haïtien), 14 fois supérieure
à la Cité de l'Indépendance (Gonaïves), près
de 19,7 fois supérieure à la ville des Cayes et 52 fois
supérieure à la ville de Jacmel. Somme toute, la tendance ne
cesse de s'exacerber.
En fait, les villes constituent des pôles d'attraction
et comme la situation socio- économique se détériore et
que la crise politique dure, il est évident qu'on enregistre une forte
concentration urbaine. Cette situation plus visible dans les grandes villes
particulièrement l'AMP entraîne une économie urbaine
désarticulée, un environnement dégradé. D'où
la transformation du milieu urbain haïtien, la dégradation de
l'environnement et l'apparition d'une urbanisation anarchique.
1.3.-TAUX D'URBANISATION SELON LES RECENSEMENTS DE
1950,1971,1982 ET 2003
VILLES
|
POPULATION TOTALE
|
POPULATION URBAINE
|
TAUX D'URBANISATION
|
CATÉGORIE 1
|
1950
|
1971
|
1982
|
2003
|
1950
|
1971
|
1982
|
2003
|
1950
|
1971
|
1982
|
2003
|
Port-au-Prince
|
172074
|
543012
|
763188
|
2109517
|
134117
|
458632
|
684284
|
704777
|
0.78
|
0.84
|
0.90
|
0.33
|
Carrefour
|
|
|
|
373916
|
|
|
|
349262
|
|
|
|
0.93
|
Delmas
|
|
|
|
679650
|
|
|
|
679650
|
|
|
|
1.00
|
Pétion -ville
|
30564
|
73431
|
78817
|
283052
|
9477
|
35351
|
35333
|
212016
|
0.31
|
0.48
|
0.45
|
0.75
|
Cap - Haitien
|
29190
|
60448
|
74761
|
186251
|
24423
|
45688
|
64406
|
178158
|
0.84
|
0.76
|
0.86
|
0.96
|
Gonaives
|
62740
|
89649
|
106958
|
206422
|
13634
|
28749
|
34209
|
105587
|
0.22
|
0.32
|
0.32
|
0.51
|
Cayes
|
62883
|
116596
|
105383
|
125799
|
11608
|
22296
|
34090
|
48095
|
0.18
|
0.19
|
0.32
|
0.38
|
CATÉGORIE 2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Saint - Marc
|
53500
|
71731
|
98189
|
160181
|
9401
|
17231
|
24165
|
58442
|
0.18
|
0.24
|
0.25
|
0.36
|
Jérémie
|
68158
|
90999
|
75536
|
97503
|
11048
|
17199
|
18493
|
30703
|
0.16
|
0.19
|
0.24
|
0.31
|
Port-de Paix
|
35562
|
54414
|
66850
|
120267
|
6405
|
14494
|
15540
|
55560
|
0.18
|
0.27
|
0.23
|
0.46
|
Jacmel
|
93070
|
126473
|
112192
|
137966
|
8643
|
11383
|
13730
|
26420
|
0.09
|
0.09
|
0.12
|
0.19
|
Petit - Goave
|
84788
|
103123
|
107638
|
117504
|
5378
|
9913
|
7772
|
23452
|
0.06
|
0.10
|
0.07
|
0.20
|
Hinche
|
42355
|
54625
|
45285
|
87101
|
5234
|
8465
|
10070
|
24461
|
0.12
|
0.15
|
0.22
|
0.28
|
Miragoane
|
33721
|
41486
|
53512
|
89202
|
2493
|
3574
|
4327
|
16929
|
0.07
|
0.09
|
0.08
|
0.19
|
CATÉGORIE 3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pet. Riv. Art.
|
53594
|
87072
|
83596
|
109883
|
4383
|
8472
|
10099
|
20709
|
0.08
|
0.10
|
0.12
|
0.19
|
Limbé
|
28311
|
36544
|
35117
|
69256
|
3744
|
6504
|
11490
|
29812
|
0.13
|
0.18
|
0.33
|
0.43
|
Gde. Riv.du Nord
|
23989
|
22463
|
32151
|
33275
|
2696
|
5813
|
6007
|
7600
|
0.11
|
0.26
|
0.19
|
0.23
|
St.Louis.du Nord
|
35709
|
37942
|
42479
|
69592
|
3068
|
5642
|
7203
|
20066
|
0.09
|
0.15
|
0.17
|
0.29
|
Trou du Nord
|
18488
|
26500
|
21324
|
37405
|
2879
|
5370
|
7637
|
15486
|
0.16
|
0.20
|
0.36
|
0.41
|
Ouanaminthe
|
21925
|
36429
|
36301
|
77319
|
2650
|
5321
|
7276
|
39665
|
0.12
|
0.15
|
0.20
|
0.51
|
Léogâne
|
89122
|
122642
|
98996
|
134190
|
3607
|
4812
|
5782
|
19101
|
0.04
|
0.04
|
0.06
|
0.14
|
St. Michel de l'att.
|
60240
|
97669
|
82281
|
95216
|
2236
|
4669
|
7559
|
13900
|
0.04
|
0.05
|
0.09
|
0.15
|
Dame Marie
|
16954
|
29209
|
24934
|
21127
|
1918
|
4047
|
4320
|
7137
|
0.11
|
0.14
|
0.17
|
0.34
|
Croix des Bouquets
|
56603
|
69935
|
99853
|
229127
|
1454
|
3945
|
4365
|
22846
|
0.03
|
0.06
|
0.04
|
0.10
|
Anse d'Hainault
|
13020
|
14539
|
20575
|
23185
|
2270
|
3679
|
5220
|
6378
|
0.17
|
0.25
|
0.25
|
0.28
|
Mirebalais
|
29434
|
22261
|
56464
|
81325
|
1835
|
3479
|
6096
|
11333
|
0.06
|
0.16
|
0.11
|
0.14
|
Lascahobas
|
21758
|
19148
|
34740
|
46547
|
2167
|
3178
|
3805
|
6677
|
0.10
|
0.17
|
0.11
|
0.14
|
Fort-Liberté
|
14830
|
14220
|
17633
|
30110
|
6604
|
3000
|
5012
|
18627
|
0.45
|
0.21
|
0.28
|
0.62
|
St. Raphaël
|
19563
|
23508
|
31761
|
37739
|
1459
|
2688
|
3889
|
7606
|
0.07
|
0.11
|
0.12
|
0.20
|
Plaissance
|
30716
|
59227
|
45415
|
50367
|
1692
|
2587
|
2823
|
6858
|
0.06
|
0.04
|
0.06
|
0.14
|
Arcahaie
|
34671
|
36344
|
65231
|
102639
|
1804
|
2494
|
2069
|
13195
|
0.05
|
0.07
|
0.03
|
0.13
|
Kenscoff
|
14189
|
24815
|
30695
|
42175
|
1071
|
2285
|
2605
|
3337
|
0.08
|
0.09
|
0.08
|
0.08
|
Grd. Goave
|
37078
|
49184
|
53024
|
49228
|
1860
|
2274
|
2357
|
6452
|
0.05
|
0.05
|
0.04
|
0.13
|
Borgne
|
32662
|
48053
|
45247
|
46886
|
1325
|
3161
|
2915
|
4436
|
0.04
|
0.07
|
0.06
|
0.09
|
Belladère
|
19797
|
20994
|
35023
|
60239
|
1234
|
2204
|
2547
|
8051
|
0.06
|
0.10
|
0.07
|
0.13
|
Aquin
|
58412
|
79324
|
57400
|
95004
|
2649
|
2178
|
3820
|
7353
|
0.05
|
0.03
|
0.07
|
0.08
|
Jean -Rabel
|
33372
|
46378
|
67925
|
102745
|
1181
|
2018
|
3294
|
10442
|
0.04
|
0.04
|
0.05
|
0.10
|
Belle - Anse
|
29544
|
26752
|
28719
|
51707
|
1106
|
1972
|
2048
|
3372
|
0.04
|
0.07
|
0.07
|
0.07
|
Mole St.Nicolas
|
7352
|
14353
|
16335
|
21856
|
471
|
943
|
1960
|
3183
|
0.06
|
0.07
|
0.12
|
0.15
|
Source : IHSI
3.2.- La migration
internationale
3.2.1.- Niveaux et tendances
Le nombre d'émigrés vers les pays
étrangers est un élément important. Les estimations de
plusieurs instances, les demandes de visas et les vagues de rapatriement
confirment l'augmentation du nombre total d'émigrés. En effet,
la période intercensitaire 71 -82 et les enquêtes à passage
répété ont révélé l'ampleur du
phénomène ; En l'espace de deux ans, une moyenne de 18557
personnes a laissé le pays et le taux d'émigration était
de 4 %. Entre les recensements de 1971 et de 1982, cette émigration a
été modérée entre 1971 et 1979, intense entre 1979
et 1981 et plus limitée depuis. Une estimation plausible du nombre
annuel moyen d'émigrant net pour cette période serait de 20
à 25 000 personnes, soit un taux net d'émigration de 5
0/00.32(*) Cependant ces chiffres ne tiennent pas compte de
l'émigration clandestine, ni de l'émigration saisonnière.
Or, à partir de 1983, le nombre de départs clandestins
était chiffré entre 200 et 5000 par an alors que pour la
même époque, l'émigration frauduleuse se chiffrait entre
1000 et 3000 par an.33(*)
Jusqu'en 1985, 20 à 30 000 paysans laissaient
Haïti soit pour les Bahamas soit pour la République Dominicaine;
pour cette même période, le consulat américain à lui
seul a délivré 40 000 visas dont près de 6000 concernent
des visas de résidence. Sur les 34 000 restant qui en principe ont
bénéficié d'un visa de touriste plus de 50% ont choisi de
rester aux USA pour y vivre de façon illégale. Cependant, il n'y
a pas que les USA à être considérés comme pays de
destination. Le Canada, la France, les pays d'outre- mer des Caraïbes, le
Venezuela, le Mexique, la Belgique sont aussi des pôles
d'attraction.34(*)
Durant les années 1999 et 2000 le nombre de
rapatriés reçus à Port - au- Prince en provenance des
Etats - Unis, des pays de la Caraïbe et de la République
Dominicaine est évalué à 230.000
personnes, selon l'ONM et à 450.000, d'après
les responsables des autres pays concernés, soit en moyenne 2000 par
an.
En somme, jadis l'émigration concernait surtout les
paysans de nos jours, toutes les couches sociales sont impliquées.
Certains s'en vont avec un visa temporaire ou résident
délivré par les consulats, d'autres laissent le pays de
façon illégale, soit par voie clandestine soit en faisant de faux
papiers.
3.2.2.- Incidence des migrations
internationales en Haïti
Des études réalisées par l'USAID sur
les causes de l'émigration haïtienne tendent à être
variées et à se chevaucher, mais la décision
d'émigrer est souvent l'aboutissement d'un ensemble de circonstances
à la fois politique et économique. Malheureusement ces recherches
n'ont pas pu montrer l'origine de ces deux facteurs ni comment ces derniers
sont liés entre eux.35(*) Il est vrai que ce phénomène est
l'image du manque de développement et de la situation
géographique de notre pays. Certains économistes et chercheurs en
sciences sociales arrivent même à le considérer comme la
conséquence d'un mal fonctionnement du système économique
et social. Lélio Marmona signale que « la question des
migrations, de part sa quotidienneté et ses caractéristiques
spécifiques, est l'un des éléments de la
réalité sociale qui est davantage sujet à des distorsions
perceptuels ». 36(*) En dépit de tout, l'émigration
haïtienne est une source de revenus pour notre pays. D'abord, elle est
liée á la volonté de contribuer á un avenir
meilleur de la personne et de sa famille, ensuite de sa communauté,
puis de son pays. Dans ce sens, bon nombre d'haïtiens vivant à
l'extérieur se sont lancés dans les diverses activités
après 1986. Ces diasporas ont su bien exploiter la réouverture
des ports fermés sous les régimes des Duvalier. Ils se sont
surtout lancés dans le commerce, et certains d'entre eux font des
oeuvres caritatives ou des dons á leurs communautés.
CHAPITRE IV
LE PROJET DE POLITIQUE NATIONALE DE LA MIGRATION DE L'ONM
4.1.- Teneur
Le projet de politique nationale de la migration est un
document préliminaire, élaboré par les cadres de l'Office
national de la migration en octobre 2000. Il est en rapport, à la fois,
avec l'importance centrale que prend la problématique migratoire au sein
des préoccupations de la communauté internationale, mais aussi
avec l'émigration massive des haïtiens durant ces dernières
décennies. Il traite des mesures de rétention des populations
faibles du pays, de la réintégration des déportés
et rapatriés et de l'intégration des émigrés qui
résident à l'étranger.
En effet, plusieurs éléments de proposition ont
été dictés en Haïti à un moment où il
était question de stopper les vagues migratoires illégales. Dans
notre pays, le système statistique administratif est lent et parfois
inexistant. Les recensements de la population et de l'habitat sont toujours
réalisés dans des délais supérieurs à dix
ans. Or, il est généralement reconnu que le
phénomène migratoire est difficile à saisir. Malgré
tout, les études sur la migration interne sont partielles et les
institutions responsables sont dans l'impossibilité de contrôler
les courants migratoires, voire estimer le nombre de migrants.
Face à l'accélération de l'exode rural
vers les villes et les vagues migratoires illégales entravant les
relations inter - étatiques, l'organisation internationale de la
migration (O.I.M) avait fait maintes recommandations. Alors, la
politique nationale de population élaborée par la
Secrétairerie d'Etat á la population à laquelle est
lié le projet de politique nationale de la migration est
rédigée dans une conjoncture macro - économique, sociale
et politique. Ils font, tous deux, partie du plan d'action du gouvernement
(PAG) de l'ex- Premier Ministre Jacques Edouard ALEXIS.
Quel est le contenu du projet de politique de la migration de
l'ONM paru en 2000 ?
C'est un texte composé de 74 pages et divisé
en deux parties. D'abord, il comprend une introduction qui relate la
problématique de la migration haïtienne et l'historique du
phénomène depuis une quarantaine d'années. Viennent
ensuite, les pages préliminaires, qui se composent d'une page titre et
deux pages de génériques.
Que contient la première partie du document ?
La première partie, intitulée '' Situation
migratoire haïtienne'', est divisée en quatre chapitres.
- Le chapitre premier traite des problèmes de la
migration depuis le XVI ème siècle jusqu'au début du XX
ème siècle. L'inadéquation entre l'accroissement de la
population et la production de la vie matérielle a été
présentée.
- Le deuxième chapitre met en phase la genèse
historique des migrations haïtiennes au niveau de l'économie
nationale et internationale, au niveau de la migration interne et externe. La
dégradation des conditions de vie a engendré l'urbanisation
anarchique sur le plan interne et la migration multidirectionnelle sur le
plan externe.
- Le troisième chapitre fait état des flux
migratoires á partir des estimations de l'IHSI, du FNUAP et de certains
recensements réalisés dans différents pays.
- Le quatrième chapitre présente un diagnostic
de la configuration migratoire régionale; les raisons, et causes de
départ ont été élucidées.
A quelle démarche obéit la deuxième
partie ?
La deuxième partie titrée '' Cadre de
régulation migratoire '' concerne le projet de politique nationale
proprement dite. Elle est divisée en 3 chapitres et comprend une annexe
relatant le projet de loi sur l'immigration et l'émigration
élaboré par le Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités Territoriales.
- Le cinquième chapitre présente le cadre
d'élaboration de ce projet. En ce sens, il y indique les institutions
et les fondements légaux, ainsi que les conventions, les accords et
traités internationaux qui sous - tendent le projet de politique
migratoire. Ce chapitre comprend également le cadre global, c'est
á dire le bien- fondé de ce dernier. Il répond aux
exigences de la politique de population, en particulier, toute une série
de politiques sectorielles complémentaires doivent être
définie, afin de réguler les flux migratoires tant internes
qu'internationaux.
- Le sixième chapitre définit:
· Le but principal qui est la diminution de l'exode rural
et une redistribution équilibrée de la population sur le
territoire national, d'une part, la régulation des flux migratoires
internationaux, d'autre part.
· Les objectifs généraux qui se
présentent comme un renforcement des interventions qui visent le
contrôle des flux migratoires. La variable migratoire sera prise en
compte dans les plans et programmes de développement qui doivent
être bâtis de manière á mettre en place les
mécanismes conduisant á la modernisation de l'administration
migratoire, promouvoir la stabilité de la situation migratoire, la
gestion des flux, la récupération des ressources humaines
haïtiennes.
- Le chapitre sept indique les cinq axes stratégiques
de ce projet de la politique nationale de la migration, savoir : la
rétention des populations potentiellement migrantes, la
régulation des flux migratoires, la réintégration des
rapatriés et déportés, l'intégration des
haïtiens vivant á l'extérieur du pays dans le processus de
développement national et l'harmonisation des normes et
procédures.
Ces axes sont traités dans le contexte international du
CIPD et en relation avec la réalité haïtienne
caractérisée par la nécessité pour l'Etat de
contrôler l'émigration massive, de planifier et de réussir
le processus de développement durable.
- Le Chapitre huit traite de la mise en oeuvre de la
politique. Un ajustement structurel qui prend en compte le renforcement des
différents secteurs déjà impliqués dans la gestion
de la migration. L'actualisation et la normalisation des normes seront mises en
phase. Quant à la structure organisationnelle, elle se
réfère aux cinq axes stratégiques et aux buts poursuivis
par cette politique. Une direction générale á laquelle se
rattachent une direction technique et une direction administrative et
logistique est prévue. Les scénarios possibles et le point
d'ancrage organisationnel, c'est - á - dire l'autorité centrale
impliquée dans le cadre de la concrétisation est clairement
choisie.
Enfin, la conclusion inscrit ce projet dans le cadre du
développement durable et d'une nouvelle perception du
phénomène migratoire haïtien qui s'articule autour de
l'objectif suivant : « l'utilisation maximale des ressources
humaines dont dispose le pays tant á l'intérieur qu'á
l'extérieur et le bénéfice des migrations
internationales ».
Lequel texte en rapport avec les lois, les accords et
conventions relatifs à la migration, ainsi que les cadres
institutionnels et juridiques existants qui fait l'objet de notre
attention.
4.2.- Arrangements
institutionnels, programmes et actions prévus
4.2.1.-Arrangements
institutionnels
Dans notre pays, le contrôle et la gestion de la
migration sont attribués à diverses instances qui se manifestent
généralement par l'offre de certains services et de prestations
sociales. Le Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités Territoriales assure les fonctions régaliennes, la
défense nationale; il contrôle ,entre autres, le service de
l'immigration qui délivre les passeports. Le ministère de la
justice analyse les dossiers qui se rapportent à la justice; le
ministère des haïtiens vivant á l'étranger intervient
dans les relations nationales et celles des pays étrangers, il se
préoccupe des haïtiens de l'extérieur. Le Ministère
des Affaires Étrangères, auquel est confié le rôle
d'officier d'état civil , crée un cadre propice pour les
Haïtiens résidant à l'étranger et octroie les visas
d'entrées . En dernier lieu, le Ministère des Affaires Sociales
qui se charge des problèmes de la société joue un
rôle très actif dans la distribution des dons aux
rapatriés.
Par ailleurs, le gouvernement de l'époque a
créé deux autres institutions après la conférence
mondiale du CIPD en 1994 tenue à Mexico. Le premier est le
Ministère des Haïtiens vivant à l'Etranger. Il est
crée par un décret en janvier 1995 et a une triple
mission :
- Conduire la politique du pouvoir exécutif en
matière de coopération entre les haïtiens de
l'extérieur et ceux de l'intérieur.
- Faciliter, au besoin, la concertation entre les
différentes communautés haïtiennes en ce qui a trait
à leur coopération avec Haïti.
- Participer à la commission mixte haïtiano -
dominicaine.37(*)
a) Le second, l'Office National de la Migration (ONM) qui
fonctionne sur la tutelle du Ministère des Affaires Sociales. Le
décret du 27 mars 1995 lui donne naissance. Sa mission est
d'accueillir et d'insérer les rapatriés, les
déplacés internes; et ensuite de proposer une politique
migratoire.
En effet, au cours de l'an 2000, cette institution avait
proposé son projet de politique de la migration ; qu'en est -il des
programmes et actions qui visent à la maîtrise du
phénomène migratoire haïtien ?
4.2.2.-Les programmes et actions
prévus
Ce projet de Politique migratoire proposé par l'ONM
s'articule autour de cinq axes stratégiques auxquels se rattachent
des programmes et actions.
· Le premier axe traite de la
rétention des populations potentiellement migrantes. Les programmes
prévus sont au nombre de deux : Le développement national et
le développement local. A ceux -ci s'ajoutent onze actions qui sont
ainsi formulées:
1) Décentralisation
2) Crédit aux petites et moyennes
entreprises.
3) Reconstitution de
l'écosystème du pays.
4) Promotion de la justice sociale.
5) Enseignement des valeurs citoyennes.
6) Respect des droits fondamentaux de la
personne.
7) Incitation et canalisation des
investissements (nationaux et étrangers).
8) Encadrement technique et financier des
producteurs de toutes dénominations.
9) Promotion de la scolarisation
universelle.
10) Augmentation de l'accessibilité
aux soins de santé.
11) Encadrement des autorités locales
en vue d'une gestion efficace des communes.38(*)
· Le deuxième axe est
intitulé la régulation des flux migratoires internes et
internationaux. Il comprend quatre programmes et quinze actions.
En voici les programmes :
- Incitation des cadres et professionnels à retourner
dans les villes de provinces.
- Travailleur saisonnier.
- Promotion de l'investissement.
- Intégration régionale.
Et les actions sont relatées dans l'ordre
suivant :
1) Disponibilité et accessibilité des
informations migratoires.
2) Facilitation d'entrée, de sortie et de
résidence.
3) Renforcement du contrôle frontalier.
4) Simplification des procédures de traversée
aux postes frontaliers.
5) Systématisation du contrôle de
résidence.
6) Intermédiation offre -demande (de travail).
7) Sélection des migrants.
8) Transport des migrants.
9) Supervision de contrat de travail.
10) Sécurisation pour les migrants.
11) Formation continue du personnel de tous les niveaux et de
toutes les institutions impliquées dans la gestion migratoire.
12) Institutionnalisation et modernisation des structures
administratives migratoires
13) Mise en place d'un cadre intérinstitutionnel et
mutisectoriel de gestion des migrations.
14) Pénalisation du trafic des personnes.
15) Systématisation et analyse de l'information
relative aux mouvements de personnes.39(*)
· Le troisième axe aborde
la réintégration des rapatriés et des
déportés. Pour arriver à cette intégration deux
programmes en l'occurrence la réhabilitation sociale et le
développement local devront naître. Les actions qui suivront
sont :
1) Mise en place des structures d'accueil
interinstitutionnelles et multisectorielles.
2) Création d'emplois stables.
3) Encadrement technique et professionnel des
rapatriés.
4) Réhabilitation sociale des
déportés.
5) Création de coopératives de production et
d'épargne.
6) Financement des micros et moyennes entreprises de
production.
7) Négociation avec les pays de destination qui
effectuent les rapatriements et les déportations.40(*)
· Le quatrième axe traite
de l'intégration des haïtiens vivant à l'extérieur du
pays dans le processus de développement national. Dans cet axe,
deux programmes sont prévus en vue de l'accomplissement de ce projet :
- Retour des émigrants
- Liaison entre les émigrants et leurs
communautés d'origines et la société haïtienne
Quant aux actions prévues, elles sont stipulées
comme suit ;
1) Information.
2) Promotion des opérateurs de tours.
3) Moyens logistiques et sécurité.
4) Insertion sociolaborale.
5) Création d'une banque de données sur les
ressources haïtiennes à l'étranger.
6) Adoption de mesures constitutionnelles et légales
en faveur des haïtiens vivant à l'étranger.
7) Mise en place des structures d'accueil de toutes
sortes.41(*)
· Le cinquième axe traite
de l'harmonisation des normes et procédures en matière migratoire
avec les pays de la zone ; l'engagement dans le processus
d'intégration régionale devrait être un atout. L'unique
programme est la création entre Etats membres des programmes favorisant
la libre circulation des ressources humaines. Et l'action se résume par
l'établissement d'un organe permanent capable de prendre des
initiatives, d'assurer la coopération technique entre les Etats membres
en matière de gestion migratoire.42(*)
Comment sont formulés le but, les objectifs ?
Qu'en est -il de la structure de la mise en oeuvre et quels sont les champs
d'action priorisés ?
4.3.- But, Objectifs, structure de
la mise en oeuvre et champs d'action
4.3.1.-But fixé
Ce projet de politique migratoire vise simultanément
la diminution considérable de l'exode rural et une redistribution
équilibrée de la population sur le territoire national, d'une
part, la régulation des flux migratoires, d'autre part.43(*)
4.3.2.-Objectifs du projet de
politique de la migration de l'ONM
Le chapitre six de ce document débute
par l'énumération des cinq objectifs généraux
suivants :
- faciliter la prise en compte de la variable migratoire dans
le plan de développement national et les programmes de
développement locaux;
- mettre en place les mécanismes devant conduire
à la modernisation de l'administration migratoire;
- Gérer rationnellement les flux migratoires dans le
cadre d'un développement durable;
- Promouvoir la stabilisation de la situation migratoire sur
l'île Quisqueya;
- Récupérer les ressources humaines.44(*)
Viennent ensuite, dans les paragraphes qui suivent une
structure de mise en oeuvre. Comment se présente - elle?
4.3.3.-Structure de la mise en
oeuvre
D'après le décret du 25 mars 1995, l'Office
national de la migration (ONM), est chargé de l'élaboration du
projet de la politique migratoire, mais sa mise en oeuvre concerne les
ministères, particulièrement le Ministère des
Haïtiens vivant à l'étranger qui devient l'organisme
central, chargé de la gestion du phénomène migratoire
haïtien, si l'on se réfère à l'une des missions
de cette instance exécutoire. D'après le document de l'ONM, on
aura le rang minimal d'une Direction Générale supportée
par une unité technique et une unité administrative et
logistique.
· L'unité technique regroupe :
- Une Direction de planification.
- Une Direction de contrôle migratoire.
- Une Direction des programmes migratoires.
- Une Direction de production de documents de voyage.
- Une Direction d'informations migratoires.
· L'unité administrative et logistique
comprend :
- Une Direction des Affaires administratives.
- Une Direction des Ressources Humaines.
- Une Direction des Bureaux Régionaux.45(*)
Par ailleurs, quatre scénarios ont été
proposés dont l'un ou l'autre peut être privilégié
en fonction des priorités juridico- politique définies par le
pouvoir central. Il s'agit :
· D'une Secrétairerie d'Etat pour les
migrations.
· D'un organisme unitaire, central et autonome
gérant la migration dans sa globalité qui pourrait être
une direction générale des migrations.
· Un office National pour les migrations qui
gérera la migration dans ses différents aspects.
· Un haut Commissariat des migrations.
Cependant, le domaine de compétence, la manière
dont cet Organisme Central doit administrer ses moyens pour le contrôle
et la gestion du phénomène migratoire ne sont pas relatés.
De plus, toutes les entités doivent coopérer sans empiéter
sur les attributions des ministères impliqués directement et
autres instances créées en 1995.
4.3.4.-Champ d'action
Les zones touchées par le phénomène
migratoire sont les villes envahies par les migrants et les zones rurales
délaissées. Les citoyens du pays se déplacent d'un coin
du territoire à un autre sans le contrôle des instances
concernées. On enregistre une répartition géographique
inégale et un développement inégal au niveau national.
L'émigration haïtienne vers les pays étrangers,
malgré les contraintes, est massive et souvent clandestine et
illégale. Le phénomène migratoire haïtien
représente un problème tant au niveau national qu'international.
La non application de plusieurs lois relatives aux déplacements inter -
départementaux, l'absence de registres de déplacement, la
faiblesse des instances de contrôle, l'impossibilité des pays
d'accueil de dénombrer correctement les migrants haïtiens sont
autant de problèmes qui façonnent le caractère de la
migration en Haïti. Ensuite, les programmes de résidence
sélective s'effectuent sans la moindre intervention de l'État
pendant que les rapatriements, les refoulements n'ont pas cessé
d'augmenter. Donc, il est nécessaire de réduire les flux
migratoires vers les villes et de contrôler ceux qui tendent vers
l'extérieur puisque toute politique migratoire a un impact direct sur
les migrants et un impact indirect à moyen et long termes sur la
population.
CHAPITRE V
APPLICABILITÉ DU PROJET DE POLITIQUE NATIONALE DE LA
MIGRATION DE L'ONM
5.1.- DEGRE D'APPLICATION DU
PROJET DE POLITIQUE MIGRATOIRE DE L'ONM
La notion de degré d'application du projet de politique
migratoire est propre á la théorie de la mise en oeuvre. De
même que certains organes sont faits pour légiférer et
d'autres pour présenter les études techniques, de même
l'élaboration et l'exécution d'un projet de politique migratoire
deviendraient à être effectives dans la mesure où les
problèmes de mise en oeuvre sont déterminés par une
décision d'importance majeure, laquelle représente un
caractère obligatoire pour les décisions ultérieures.
En fait, l'élaboration d'un projet de politique se
distingue de sa mise en oeuvre. Selon Erhart Blankenburg '' la mise en oeuvre
entraîne des conséquences imprévues et parfois même
des déplacements d'objectifs et des modifications des conceptions
initiales ''. Dans le processus réel, la législation est
étroitement liée á la mise en oeuvre. Essayons de
démontrer dans quelle mesure ce document à l'étude
pourrait être appliqué.
L'élaboration de la politique migratoire requiert la
collaboration de différentes instances de décision politique.
Ces instances constituent l'appareil gouvernemental, les services des
ministères et le parlement dont le rôle est de
légiférer.
Le processus de la mise en oeuvre devrait suivre deux
parties : Les circuits centraux de prises de décisions en
matière de normes (c'est à dire des réglementations
à appliquer) et le circuit opérationnel de mise en
exécution effective qui est normalement
décentralisé.46(*)
Élaboration de la politique Mise en oeuvre
de la politique
---------------------------------------
--------------------------------------
Préparation Législation Normes
Exécution
(ONM) (Parlement) réglementaires (Structures
( Structure Centrale Locales)
au niveau National :
administration de l'Etat
Ces circuits constituent les mécanismes
organisationnels. Dans notre cas, l'ONM est l'organisme chargé de
l'élaboration de la politique migratoire et le Ministère des
Haïtiens vivant à l'étranger est l'organisme chargé
de la mise en oeuvre auquel s'ajoutent les autres ministères qui sont
impliqués d'une façon ou d'une autre dans la gestion de la
migration en Haïti.. Toutefois, le document à l'étude
présente plusieurs scénarios concernant l'organisme central, mais
les structures locales n'ont pas été relatées.
Après avoir présenté ces
mécanismes organisationnels, qu'en est -il des ressources disponibles
devant permettre l'application de ce projet de politiques migratoire?
5.1.1- Les déplacements et
les ressources humaines et institutionnelles
Il existe une carence de techniciens en matière de
population et de développement dans le pays. Les démographes,
économistes, sociologues, médecins, urbanistes, en
quantité restreinte, ne sont pas toujours disponibles ou sont sous -
utilisés. Depuis 1999, le Centre de Technique de Planification et
d'Economie Appliquée (CTPEA) et la Faculté des Sciences Humaines
(FASCH) ont institué des programmes visant à la formation des
urbanistes et des spécialistes en population et développement.
Cependant, les objectifs poursuivis par ces institutions se heurtent à
des difficultés diverses. De plus, en Haïti, on accorde peu
d'importance à la formation professionnelle.
En réalité, l'exécution des programmes
d'une politique nécessite non seulement des ressources humaines mais
aussi l'apport de certaines institutions. En effet, dans notre pays, diverses
institutions travaillent ensemble pour la gestion du phénomène
migratoire. On a d'abord les Ministères, ensuite les instances
nouvellement créées et enfin l'institut haïtien de
statistique et d'informatique (IHSI) dont le rôle est de fournir les
informations de base sur la population.
Les programmes et actions prévus dans le document
élaboré par l'ONM sont du ressort des structures qui
élaborent et mettent en oeuvre ce projet de politique qui deviendra la
politique migratoire haïtienne. Ils sont responsables de la planification
et de l'exécution des programmes. Il faut aussi signaler les
interventions du secteur privé et des agences nationales et
internationales. Ces dernières sont souvent importantes, mais
généralement elles font surgir des tensions et des
rivalités entre institutions.
Dès lors, quelles sont les activités
qu'entreprennent certaines instances chargées de contrôler la
migration en Haïti ? Comment fonctionnent l'ONM et le service de
l'Immigration et de l'émigration ?
L'ONM intervient à l'échelle nationale, mais il
n'a que deux annexes : l'un dans le Plateau Central et l'autre dans le
département du Nord - Est, principalement à Ouanaminthe. Selon
les derniers rapports, cet organisme est loin d'atteindre son apogée.
Avec son champ d'action largement défini, l'ONM est très
limité. Son objectif qui se résume en la gestion de la migration,
est loin d'être atteint. Les prestations fournies consistent en
l'accueil des rapatriés et en l'élaboration des projets,
programmes, et politique migratoire etc... Autrefois, l'ONM donnait son support
particulier á ceux qui voulaient mettre sur pied une quelconque
activité (boulangerie, construction de maison par exemple). Il est
à noter que les traitements accordés étaient dus aux
contributions de l'État haïtien, de l'organisation internationale
de la migration (OIM). A cela s'ajoutent les frais qu'ils octroient aux
rapatriés.
Quant au Service d'Immigration et d'Émigration, il
relève directement du Ministère de l'intérieur et des
Collectivités Territoriales, et s'occupe de l'émission des
passeports. Son champ d'action s'étend à l'échelle
nationale mais ne possède qu'un bureau sis à la Capitale. Plus
restreint que celui de l'ONM, le service dévolu par cette institution
parait tout à fait logique et très important pour notre pays. La
grande majorité des haïtiens ont un passeport qui est rarement
utilisé. Ce puissant désir de se munir de cette pièce
d'identité se traduit par les attroupements devant cette institution et
l'offre de service ne répond pas à la demande de toute la
population haïtienne.
Quoique défaillantes, ces institutions ne
s'intéressent pas à l'ampleur de l'exode rural vers les villes
ainsi que l'émigration des haïtiens vers les pays
étrangers. En effet, les migrants s'installent n'importe où, les
embarquements pour les pays voisins et les interventions d'organismes
nationaux ou internationaux, visant à mettre fin à ce
dérapage, se révèlent infructueuses.
Au niveau interne, la situation est laissée au caprice
de chaque individu. L'inexistence de registre de population et de
déplacement dans les entités géographiques du pays, le
laisser- faire et la faiblesse des instances de contrôle de ce
phénomène, contribuent à cette intense mobilité. Il
devient alors difficile d'estimer le nombre d'entrants et de sortants dans une
zone donnée.
Quant à l'émigration vers l'étranger,
elle est surtout clandestine et illégale. Elle représente un
problème tant au niveau national qu'international. On n'arrive pas
à recenser ceux qui laissent définitivement le pays ainsi que
ceux qui sont revenus au pays. Les registres des pays d'accueil ne
déterminent pas avec exactitude les retours volontaires
définitifs. En effet, leurs effectifs, leurs sexes et leurs âges
restent inconnus. Si des recherches font mention du type de main - d'oeuvre et
des qualifications des sortants, ceux des revenants après
l'émigration font l'objet de diverses interrogations... Sont - ils des
retraités, des qualifiés ou non ? Cherchent-ils du
travail ? Quels sont leurs statuts ? Autant de points qui restent
obscurs. Ce qui est certain, ils sont mal connus et des études
spécifiques n'ont pas été réalisées
jusqu'à date.
Une forte proportion de population vit á
l'étranger, soit le quart.47(*) Une telle situation ne fait que concrétiser
l'idée de bien - être de la majorité de ces gens. Cela
signifie que l'émigration est incorporée dans la situation socio
- économique désastreuse et ses effets seront réversibles
si on enregistre un certain changement aux niveaux local et national.
Quels sont les dispositions légales antérieures
au projet de politique migratoire ?
5.1.2.- Le projet de politique
migratoire de l'ONM et les dispositions légales
Les migrations posent un défi. Le contrôle des
déplacements et la rétention des citoyens à leurs lieux
d'origine ne datent pas d'aujourd'hui. Les aspects légaux remontent
à l'indépendance, en témoignent les codes ruraux
haïtiens dont l'objectif était de retenir les paysans sur leurs
habitations. Le code civil haïtien et certaines lois ont abondé
dans le même sens.
La législation haïtienne sur les migrations
internes est contenue dans le code civil et autres recueils de lois en
vigueur. En effet, la loi # 4 ayant pour titre déterminant le domicile
(article 91 à 97) et dans le code rural François Duvalier en
vigueur Loi III et VIII concernant respectivement les paysans et les citadins
(articles 17 à 18) ; et la police rurale (article 330 à 347).
Des décrets ont été pris ; des accords et
conventions ont été signés. Le 14 mars 1977 un
décret autorise le laisser -passer pour se rendre en République
Dominicaine. Le décret du 26 septembre 1978 se préoccupe de la
réglementation de l'immigration. Plus récemment, un projet de loi
visant à lever une série de barrières relatives à
l'intégration des haïtiens à leur nationalité,
à la vie économique, à la vie sociale a été
déposé au parlement. Le décret créant l'Office
national de la Migration n'a pas été publié jusqu'à
date dans le moniteur, le journal officiel de la République
d'Haïti. Malgré tout, l'ONM a publié un document
préliminaire de politique migratoire en octobre 2000 qui vise á
l'application de ces instruments juridiques préalablement
établis á défaut de lois nouvelles.
L'application de ce projet de politique est compliquée
car l'ONM est une institution qui fonctionne sans une base légale; et
les dispositions légales concernant particulièrement la migration
interne précèdent la constitution de 1987. En fait, toute
nouvelle constitution met en veilleuse toutes lois qui ne lui sont pas
conformes. Par ailleurs, les décisions pénales sont plus ou
moins désuètes quant aux obligations qu'elles
entraînent.
5.1.3.- Les lois et les
réglementations concernant la migration
Les lois et les réglementations concernant la migration
sont des règles de droit général, abstraites et
permanentes. Les autorités administratives ont le pouvoir de faire des
actes appelés règlements administratifs soit pour l'application
des lois (règlements d'administrations publiques, arrêtés
ministériel), soit pour réglementer des questions locales
(arrêtés préfectoraux ou municipaux ).48(*)
Comme nous le remarquons, les lois et les
réglementations sur la migration rencontrent une résistance
parce que la réduction voire la gestion du phénomène
migratoire relève du niveau de développement du pays et de la
conscientisation de la société au sujet de l'intérêt
public. Quelles sont les formes prescrites par les lois, la constitution en
vigueur et qu'elle est le comportement des instances impliquées?
5.1.4.- Les autorités
administratives et le grand public
5.1.4.1.- La
résistance aux normes
En fait, les déplacements tant à
l'intérieur que vers l'extérieur du pays ne sont pas
gérés par des instances administratives prévues par les
lois haïtiennes. En ce qui concerne les décrets créant
l'ONM et le Ministère des Haïtiens vivant à
l'étranger ils ne sont pas légitimés par la constitution
de 1987. Or, dans le document à l'étude, les missions et
objectifs de ces institutions ont été énoncés
très clairement, mais les décrets n'ont pas été
publiés dans le journal officiel de la république
''le moniteur ''. Cependant, ces derniers et leurs
intentions sont les points de référence pour présenter le
degré d'application du projet de politique.
Depuis notre indépendance, le pays n'a pas pu se
prévaloir d'une administration saine, compétente et efficace.
L'administration publique s'occupe très peu du bien-être de la
population qui est livrée à elle-même. Ce qui a d'abord
pour conséquence la lenteur des services, ainsi que la prise en charge
par les citoyens des devoirs qui incombent à l'État et du
rôle qu'il devrait jouer. Ensuite, les problèmes administratifs
ont empêché le contrôle du phénomène
migratoire haïtien.
Il faut aussi reconnaître que les droits du
Ministère des Haïtiens vivant à l'étranger, tels
qu'ils sont établis par la loi de janvier 1995, ne sont pourvus
d'aucun dispositif autoritaire pour la mise en oeuvre. Il n'est pas
différent de la loi du 27 mars créant l'ONM ; s'ajoutent les lois
concernant les mairies et les autres services de la République qui
devraient s'occuper des collectivités territoriales.
Les décrets ainsi que les lois sur les migrations
rencontrent une forte résistance. Les méthodes d'applications
sont quasi-inexistantes et les décisions pénales sont
laissées à la discrétion des pays d'accueil et á
l'appréciation du Ministère de l'Intérieur et des
Collectivités Territoriales. Ce ministère, pour faire respecter
les normes, doit recourir á une force de contrainte. D'après la
Constitution en vigueur, la police est la force coercitive (art 269.1), ainsi
pour agir il faut lui demander son aide.
Il est vrai que les lois haïtiennes relatives à la
migration sont antérieures à la constitution de 1987, mais
leurs objectifs étaient clairement énoncés : la
rétention des citoyens à leurs lieux d'origine. Il faut noter que
le contrôle du phénomène migratoire haïtien est
confié á des institutions ayant des intérêts
différents et chacune d'elles est sous la tutelle de leur propre
ministère. D'où les conflits entre les autorités des
institutions qui sont capables de maximiser leurs revenus fiscaux et les
responsables de celles qui devraient exercer un contrôle au niveau local.
Ces contraintes entraînent le laxisme de ces dernières et
l'accélération du taux net de migration. Qu'en est - il du
manque de volonté des autorités?
5.1.4.2.- Le manque de
volonté des autorités
Le facteur le plus important pouvant influencer la mise en
oeuvre du projet de politique migratoire est la volonté politique. En
effet, le manque d'engagement au plus haut niveau s'explique par les
déficiences dans la non application des lois en vigueur. Celles -ci sont
fonction non seulement de la coalition d'intérêts entre les
autorités locales, mais aussi de la non application des
décisions pénales stipulées par les lois et
règlements.
Dans ce sens, le décret - loi du 22 octobre 1982
présente les attributions des municipalités et celles des maires.
En son article 34, le maire remplit ses attributions au double titre
d'autorité exécutive du conseil communal et d'agent de
l'administration central. Comme la constitution de 1987 institue la
décentralisation et la participation, des lois nouvelles et des lois
cadres sur les collectivités et sur la migration devraient être
élaborées. Il est vrai que certaines structures
institutionnelles sont présentes, d'autres doivent être
créées; de plus, des lois portant sur l'organisation de la
collectivité territoriale sont déjà promulguées.
Cependant, elles ne suffisent pas pour la réalisation des objectifs du
projet de politique migratoire.
Dans le domaine du droit, l'application de la loi passe par
la volonté de la population et de la capacité de faire appel
á la justice. Pour ce faire, on doit conditionnellement se
référer aux exigences et aux décisions pénales
prévues par la loi en l'absence de loi nouvelle. Dans notre pays, la
collaboration entre responsables politiques et responsables techniques est
souvent difficile. Ainsi, les déplacements incontrôlés tant
à l'intérieur du pays que vers l'extérieur sont assortis
de sanction. Par contre, la direction locale mise par l'État, qu'il soit
administratif ou politique ne contrôle pas le rendement de ses services.
Les initiatives prises se révèlent inefficaces. Les villes font
face à l'urbanisation sauvage avec comme corollaires la
bidonvilisation, la dégradation des conditions de vie et de
l'environnement.
Le manque de volonté des autorités s'entend des
actes découlant de la négligence de l'administration. Les
entités travaillant en étroite collaboration en vue d'une
réduction du phénomène migratoire ne peuvent ni
méconnaître, ni censurer les lois relatives au contrôle des
déplacements. L'une des caractéristiques de l'administration
publique haïtienne, c'est l'accroissement de la plupart des actes
prohibés par le code pénal. En fait, certaines autorités
font fi des lois existantes et ne se préoccupent pas des Conventions
internationales, accords, lois, décrets, et décrets - loi ayant
rapport à la migration. De plus, les instances chargées de
contrôler les migrations sont censées inopérantes. Tous
ceux traduisent une interprétation contraire á la volonté
des législateurs.
La population fait obstacle á la mise en application
des lois et produit des effets contraires. Les études en matière
de la connaissance des migrations internes et de l'émigration des
haïtiens vers l'étranger sont rares. Les déplacements des
sections rurales vers les communes, inter et intra communaux, inter et intra
départementaux, se font sans aucune intervention des autorités
locales ou centrales. Face à la misère, le chômage, les
groupes sociaux en quête de mieux-être, laissent leurs zones
d'origine pour aller s'installer ailleurs. D'où la
nécessité de faire comprendre à tous les haïtiens,
aux autorités locales et nationales en particulier, l'importance du
contrôle des migrations dans le développement économique
du pays.
Qu'en est-il des moyens financiers, éducatif ?
5.1.4.3.- La pénurie
des moyens financiers et éducatifs
Les moyens sont des mesures concrètes que l'on prend,
les actions que l'on mène et les instruments que l'on se donne afin de
réaliser les changements nécessaires à l'obtention des
objectifs.49(*) Le choix
des moyens doit correspondre aux objectifs du projet de politique migratoire.
Les moyens préconisés restent dans la ligne des objectifs, mais
on se demande est -ce qu'il n'y a pas un grand décalage entre ces
derniers et la pauvreté qui sévit en Haïti.
Notre pays souffre de différentes formes de
pauvreté qui sont le fait de la faiblesse de l'Etat, de
l'économie, de l'environnement, de services sociaux de base. Dans cette
conjoncture fortement déprimée, le mode de régulation
traditionnelle se révèle inadapté. Nous trouvons en ce
début de siècle un pays délabré.
L'exode rural vers les villes et l'émigration des
cadres vers l'extérieur présentent un intérêt
historique, et la gestion des migrations devrait être l'affaire de tous.
Une forte portion de la population haïtienne n'est pas
éduquée et la sensibilisation sur notre identité
culturelle fait défaut. Les conséquences des migrations internes
deviennent sérieuses; la fuite des cerveaux constatée depuis
quelques années oblige une régulation concertée des
courants de compétences entre Haïti et les pays d'accueil.
Toutefois, il existe peu de moyens financiers, administratifs et
éducatifs. De plus, les directions locales sont inexistantes et celles
dites centrale instituées par l'État ne donnent
réellement pas de fruits; les initiatives prises se
révèlent inefficaces.
En Haïti, comme dans plusieurs autres pays pourvoyeurs
de migrants, le gouvernement alloue un faible pourcentage de son budget au
programme migratoire. Les projets de la Secrétairerie d'Etat à
la population et de l'ONM sont dans de nombreux cas financés par des
organismes internationaux, tels que le FNUAP, et l 'OIM. Par ailleurs, il
n'y a pas réellement une mobilisation autour des textes de
décision. En somme, la crise structurelle qu'on considère comme
un recul pour notre pays impose une pénurie de moyens.
5.2.- APTITUDE DU PROJET DE
POLITIQUE MIGRATOIRE A ATTEINDRE SES OBJECTIFS
La base technique d'un projet de politique tient, á ce
qu'il prend en compte les relations entre les lois existantes et les
institutions chargées de l'accomplissement des décisions
administratives sur l'existence de décisions législatives
obligatoires. Sa base juridique tient, á ce qu'il s'insère dans
le système global.
5.2.1.- La constitution,
les lois, les décrets, les décrets-lois et leurs
caractéristiques
5.2.1.1.- La Constitution et ses
caractéristiques
a) La constitution
Une constitution se définit comme l'ensemble de
règles écrites qui déterminent la forme de l'État,
la dévolution et l'exercice du pouvoir. Elle évoque á
valeur de principes administratifs et laisse á la loi le soin de
régler son organisation et son fonctionnement.
b) Ses caractéristiques
Cet ensemble de règles proclame les principes auxquels
le législateur doit se conformer et qui organise une juridiction
supérieure ayant le pouvoir d'annuler les lois en contradiction avec les
principes qui y sont formulés. 50(*)
La charte mère est une solution juridique qui consiste
à établir un contrôle de la conformité des lois
à un certain nombre de principes reconnus comme base de la
société.
5.2.1.2.-La loi et ses
caractéristiques
a) La loi
La loi est une règle écrite
générale et permanente, élaborée par le parlement.
51(*) Elle porte une
règle de droit.
b) Ses caractéristiques
Les traits dominant sont les suivant :
- Elle est abstraite parce qu'elle règle une situation
juridique abstraite c'est -à -dire dégagée des
circonstances concrètes dans lesquelles elle se présente en
pratique.
- Elle est permanente, en ce sens qu'elle s'applique tant
qu'elle n'a pas été abrogée et autant de fois que cela est
nécessaire.
- Elle s'applique à tous les cas particuliers dans le
domaine qu'elle réglemente.
5.2.1.3.- Le décret et
ses caractéristiques
a) Le décret
Le décret est une décision exécutoire
á portée générale ou individuelle signée
soit par le président de la République, soit par le Premier
Ministre.52(*)
b) Ses caractéristiques
Le décret est un instrument juridique signé par
le président et contresigné par les ministres. Il ne
diffère pas de la loi mais il est pris quand les chambres sont absentes
et dans le cas des gouvernements dictatoriaux.
5.2.2.-les traités et
accords internationaux et leurs caractéristiques
5.2.2.1.-Les traités
internationaux et ses caractéristiques
a) Les traités internationaux
Le traité est défini comme un accord conclu
entre les membres de la communauté internationale. 53(*). La convention de Vienne sur
la matière en son article 2 ajoute qu'il doit être écrit
et régi par le Droit International et qu'il soit consigné dans un
instrument unique ou dans deux ou plusieurs instruments connexes et quelle que
soit sa dénomination particulière.
b) Ses caractéristiques
Le traité international est généralement
de grande porté politique. Il pose une règle de conduite
obligatoire pour les États signataires. Il fait reposer le principe de
la force obligatoire tantôt sur la volonté des parties
contractantes, c'est à dire de la volonté collective des
États, tantôt sur une règle de Droit préexistante
(principe de l'acte contraire). Il n'est pas en soi une source de droit
interne. Il crée seulement une obligation d'État à
État, une règle que les États doivent observer et
éventuellement mettre à exécution par des moyens
appropriés. Certains États subordonnent l'introduction du
traité dans l'ordre étatique à l'édiction d'un acte
juridique interne (loi, ordonnance, décret etc...) qui en reproduisant
le contenu du traité, le transforme ainsi en règle interne
obligatoire. Les États utilisent à cet égard des
procédés variés ; promulgation, proclamation, ou parfois
simple publication.54(*)
5.2.2.2.- Les accords
internationaux et ses caractéristiques
a) Les accords en forme simplifié
Les accords en forme simplifiée s'opposent aux
traités internationaux. Ils ont conclu dans l'intervention formelle de
l'organe étatique investi du trealy-making power (donc sans
l'intervention du chef de l'État) et ordinairement dressé par
les Ministres des affaires Étrangères et les agents
diplomatiques.
b) Ses caractéristiques
Les accords se situent à un niveau administratif ; ils
sont caractérisés :
a) Par la conclusion immédiate (négociation et
signature)
b) Fréquemment, mais pas toujours, par la
pluralité d'instruments juridiques (échanges de lettre, de notes,
de déclaration)
Il suit de là que l'existence ou l'absence de la
ratification constitue le seul critère juridique valable pour
différencier les traités proprement dits des engagements
internationaux à procédures simplifiées.55(*)
5.2.3.-Imbroglio du système
juridique haïtien
On sait qu'il existe dans L'État plusieurs
législateurs qui sont les trois pouvoirs (pouvoir
constituant, pouvoir législatif et réglementaire). Chacun de ces
pouvoirs fait des lois et a un domaine où il est
particulièrement compétent. Considérés comme une
fonction de l'État, les pouvoirs sont des éléments de la
souveraineté, délégués à autant d'organes.
Toutefois, on parle de la hiérarchie des pouvoirs comme on parle de la
hiérarchie des lois.
En ce sens, l'article 98.3 de la constitution de 1987 signale
les attributions de l'assemblée Nationale (pouvoir législatif) `'
d'approuver ou de rejeter les traités et conventions internationaux''
cependant l'article 39 contient une erreur de sémantique qui contribue
à alimenter les controverses juridiques. Elle stipule en effet,
« Le président de la République »
négocie et signe tous traités, conventions et accords
internationaux et les soumet à la ratification de l'Assemblée
Nationale.''.. D'ailleurs, dans la pratique, la totalité des accords,
conventions etc... est généralement négociée par le
Premier Ministre et le Chancelier.
Toutefois, en ses articles 276.1, 276.2, la constitution de
1987 relate les attributions de l'assemblée nationale quant à
l'approbation et le rejet des traités et les conventions, l'article 271
« la ratification des traités , conventions et des accords
internationaux sont donnés sous forme de décret; » et
l'article 276.2 « les traités ou accords internationaux,
une fois sanctionnés et ratifiés dans les formes prévues
par la Constitution font partie de la législation du pays et abrogent
toutes lois qui leur sont contraires ».
Par ailleurs, le Droit n'est pas uniquement ce que veut le
législateur, il est aussi l'oeuvre de la société. En ce
sens, la loi doit correspondre aux moeurs pour être obéie.
L'État haïtien a pour devoir d'influer le
phénomène migratoire. Dans cet esprit, la constitution de 1987
ne relate en aucun article les faits relatifs aux migrations et n'annonce pas
les obligations qui en sont faites.
L'Office National de la Migration (ONM) et le ministère
des haïtiens a l'étranger ont été créés
par deux décrets émis respectivement en janvier et en mars
1995. Ces textes n'ont pas la force exécutoire puisqu'ils n'ont pas
été publiés. Or, ils devraient être portés
à la connaissance des citoyens. Comme, la publication de ces
décrets ne s'est opérée au journal officiel le moniteur,
ils ne sont pas rentrés en vigueur, car les sujets de droit ne prennent
pas conscience de ces textes. En réalité, ces décrets
devraient être en vigueur dès le surlendemain à
zéro heure et pour les provinces un jour franc après
l'arrivée au journal officiel au chef lieu du département. Le
délai impartie aux dits décrets, est donc suspendu selon la
présomption bien connue du dicton '' nul n'est censé ignorer la
loi'' c'est à dire nul ne saurait échapper à l'application
de la loi sous prétexte de son ignorance. Cependant un grand nombre
d'haïtiens n'ont pas les moyens d'accéder à la connaissance
des lois.
En dépit de tout, ce projet de politique migratoire de
l'ONM s'insère t - il dans le cadre juridique?
Ce texte d'application est pris en exécution du
décret du 20 mars 1995. Il implique des préalables et des moyens.
Ce projet de politique, intitulé document préliminaire, a
été fait en application de la mission confiée à
l'ONM. Ensuite, on devrait avoir une loi qui sera le moyen pour parvenir
á une fin et celle - ci aura donc des objectifs puisque le
législateur en attend un certain accomplissement.
Le Ministère des Haïtiens vivant à
l'étranger est prévu comme structure institutionnelle lors de
l'exécution du décret de janvier 1995, cependant
l'ambiguïté se manifeste lors de la prise de décision. La
situation n'est pas différente de celle de l'ONM, le décret
créant l'institution n'est pas publié. Il n'existe pas de
loi qui énonce clairement ses objectifs et ses critères. Le
contrôle et la gestion du phénomène migratoire haïtien
ne sont pas bien définis. Les déplacements à
l'intérieur du pays se font sans la moindre intervention de
l'État, les décisions pénales ne sont pas prises et ni
exécutées par le tribunal correctionnel.
Comme il existe un document préliminaire de politique
migratoire, la dotation du pays d'une politique migratoire explicite devrait
intéresser tout le peuple haïtien; c'est á dire les
conséquences positives ou négatives de ce phénomène
impliqueraient la participation des organismes responsables de la gestion et du
contrôle de la migration, des autorités politiques et de la
population.
Malheureusement on se préoccupe peu de l'incidence des
migrations. Des règlements locaux ne sont délégués
aux autorités politiques, administratives De plus, la population n'est
pas éduquée. L'absence de campagnes de sensibilisation n'est
autre que de faire sentir aux haïtiens, aux autorités locales et
nationales l'importance de la gestion de la migration dans le
développement économique du pays. En fait, il semblerait que
l'application stricte des normes légales risquerait de gêner
sérieusement les institutions locales. La méconnaissance et
parfois la non application des dispositions pénales au niveau local
conduisent à l'intensification de la mobilité.
Tout compte fait, la rigueur n'est pas de mise quand on
regarde les décrets non publiés, les lois existantes et les
sanctions pénales n'aboutissent pas puisque les moyens font
défaut.
5.2.3.1.-Les conflits des
dispositions constitutionnelles et de la législation haïtienne sur
la migration dans le temps
L'adoption de la constitution du 29 mars 1987 rend caduques
toutes lois qui lui sont contraires. Elle risque de contrarier les
prévisions établies antérieurement. Ainsi, se
présente le problème de l'étendue de l'application des
lois anciennes. D'après le code civil, la loi ne dispose que pour
l'avenir, elle ne peut rétroagir.
En l'absence de loi nouvelle, le cas créé par le
décret de mars 1995 est la continuité d'application des lois
prises préalablement. Alors, apparaissent les conflits relevant d'une
part des situations légales ou objectives relatives aux effets de la loi
nouvelle; et d'autre part, les situations contractuelles et subjectives
affectées aux effets de la loi ancienne. Qu'en est-il de l'application
de la loi dans l'espace?
5.2.3.2.-Application de la loi
dans l'espace
D'après le principe de territorialité, les
règles posées par la loi ont vocations à s'appliquer
à tous les faits les concernant et qui se situent sur le territoire
national, sans qu'il y ait lieu de distinguer, selon que ces faits ont
été accomplis par des étrangers. Cependant, des
traités, accords, conventions internationaux ont été
signés. Comme Haïti est un pays monisme, une fois ratifiée
cette convention établit des règles de conflits de lois dans
l'espace.
5.2.3.3.-L'abrogation de la
loi
La loi ne prévoit pas directement sa propre abrogation.
En outre, l'édiction d'un texte ultérieur peut abroger un texte.
L'abrogation peut être expresse ou tacite.
En réalité, le code rural François
Duvalier ainsi que d'autres lois sont effectives puisqu'ils n'ont pas
été abrogés par une autre loi et les constitutions
antérieures à celle de 1987 sont désuètes
puisqu'elles ont été remplacées par cette
dernière.
VI.- CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
6.1.- Conclusion
Les contraintes et les perspectives du projet de politique de
la migration de l'ONM ont été relatées à la
lumière des problèmes économiques, des techniques de
planification, et de la réglementation haïtienne en matière
de migration. Le projet de politique migratoire en tant qu'instrument de
gestion de la migration cherche à surmonter les obstacles migratoires
haïtiens à la fois sur le plan de la migration interne que de la
migration internationale. Pour ce faire, un objectif général est
fixé auquel s'ajoutent des objectifs spécifiques portant sur cinq
axes : la rétention, la régulation, l'intégration des
rapatriés et des déportés, la réintégration
des haïtiens vivant à l'étranger et l'harmonisation. Il est
vrai que l'ONM a pour mission d'élaborer une politique migratoire, un
document préliminaire a été présenté. Et, le
Ministère des Haïtiens vivant à l'étranger est
mandaté pour la mise en place de cette politique.
Nous avons fait un état des lieux de la question
migratoire en Haïti et nous avons présenté le Projet de
politique de la migration de l'ONM de 2000. Nous avons essayé de
montrer les conditions d'application de ce document, en nous
référant aux caractéristiques de la société
haïtienne, de la réglementation haïtienne et du cadre
institutionnel existant. Nous avons essayé d'exposer les
considérations juridiques et les techniques de planification qui mettent
en lumière le degré d'application de ce projet et son aptitude
à atteindre ses objectifs. Nous avons relaté les programmes et
actions prévus. La résistance aux normes, le manque de
volonté des autorités, le manque de moyens financiers et
éducatifs ont été présentés. L'imbroglio du
système haïtien, l'absence de perspectives, l'imprécision
des prérogatives chez les décideurs et leaders
représentent les obstacles à la mise en oeuvre de ce projet. De
plus, l'ignorance des citoyens, la prise de conscience de l'incidence des
courants migratoires tant qu'a l'intérieur du pays que vers
l'extérieur, ont débouché, d'une part, sur la
prolifération des quartiers précaires, la dégradation de
l'environnement, la délinquance juvénile et le
développement du secteur informel; et d'autre part, les envois de fond
et de nourritures à bon nombre de ménages et l'exode de
compétences. Le refus de faire appliquer strictement les normes
légales a contribué á l'embarras des institutions locales
et les sanctions pénales n'ont pas abouti. Concrètement,
l'élaboration et l'exécution d'une politique migratoire en
Haïti devront se dessiner dans le cadre du processus d'actualisation des
prévisions établies antérieurement, l'application de la
loi sur les migrations et la création d'un cadre juridique et
institutionnel adapté.
6.2.- Recommandations
De manière succincte, nous formulons les
recommandations que voici :
1) Publier les décrets créant l'ONM et le
Ministère des Haïtiens vivant à l'étranger au journal
officiel du Pays.
2) Créer un cadre institutionnel et juridique pouvant
conduire à l'élaboration et l'exécution de la politique
migratoire haïtienne.
3) Inventorier les obstacles à l'élaboration et
à l'exécution de la politique nationale de la migration qui sera
proposée.
4) Proposer la création de nouvelles lois et obtenir
l'abrogation de celles que la constitution de 1987 rend
désuètes.
5) Entreprendre des travaux aux fins d'enrayer progressivement
les causes de la dégradation des conditions de vie en Haïti.
6) Mettre en place des infrastructures institutionnelles qui
organisent l'accès aux moyens juridiques.
7) Octroyer un budget et faciliter des moyens qui permettront
une meilleure gestion des migrations.
8) Sensibiliser le public en vue d'une parfaite collaboration
avec les autorités locales.
9) Mettre sur pieds des priorités nationales de
développement (quoique limitées) de manière á
infléchir les décisions de dépense des ménages
(rapatriement des salaires des migrants).
10) Demander á l'Institut Haïtien de Statistique
(IHSI) de faire des études plus régulières sur certains
enjeux de la migration.
11) Encourager la production de rapports sur la migration en
Haïti.
12) Mesurer la capacité d'accueil de notre
société.
VII.- REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
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p.
ANNEXES
Tableau 1
NOMBRE DE RAPATRIES HAITIENS EN PROVENANCE DE CUBA. BAHAMAS,
REPUBLIQUE DOMINICAINE, INTERCEPTÉ EN MER DE JANVIER 2001 À MAI
2001
MOIS
|
PAYS
|
TOTAL
|
CUBA
|
BAHAMAS
|
INT. EN MER
|
REP.DOMINICAINE
|
Janvier
|
144
|
406
|
71
|
546
|
1167
|
Février
|
0
|
772
|
247
|
31
|
1057
|
Mars
|
0
|
114
|
40
|
0
|
154
|
Avril
|
0
|
348
|
0
|
0
|
348
|
Mai
|
0
|
0
|
121
|
0
|
121
|
TOTAL
|
144
|
1640
|
479
|
577
|
2840
|
SOURCE : ONM ( 21 JUIN 2001)
Tableau 2
EVOLUTION DE LA POPULATION ACTIVE DE 1971 A 1982
LES CATEGORIES
|
1971
|
1982
|
2 SEXES
|
MAS.
|
FEM.
|
2 SEXES
|
MAS.
|
FEM
|
Ensemble du Pays
|
2.272.032
|
1.196.378
|
1.075.654
|
2.129.658
|
1.257.415
|
872.243
|
AMP
|
228.213
|
98.548
|
129.665
|
315.336
|
151.153
|
164.183
|
Villes de plus de 5. 000 habitants
|
107.982
|
49.579
|
58.403
|
135.165
|
67.374
|
67.790
|
Rural et petite villes
|
1.935.982
|
1.048.251
|
887.586
|
1.679.157
|
1.038.888
|
640.269
|
SOURCE IHSI 56(*)
Tableau 3
EVOLUTION DES ACTIFS OCCUPES ENTRE 1971 ET 1982
LES CATEGORIES
|
1971
|
1982
|
2 SEXES
|
MAS.
|
FEM.
|
2 SEXES
|
MAS.
|
FEM
|
Ensemble du Pays
|
1.949.000
|
1.058.754
|
890.246
|
1.869.455
|
1.116.064
|
753.391
|
AMP
|
129.160
|
57.984
|
71.176
|
203.495
|
97.219
|
106.276
|
Villes de plus de 5. 000 habitants
|
82.312
|
38.959
|
43.352
|
106.294
|
53.502
|
52.792
|
Rural et petite villes
|
1.737.528
|
961.811
|
775.718
|
1.559.667
|
965.342
|
594.324
|
SOURCE IHSI57(*)
Tableau 4
EVOLUTION DES CHOMEURS ENTRE 1971 ET 1982
LES CATEGORIES
|
1971
|
1982
|
2 SEXES
|
MAS.
|
FEM
|
FEM.
|
2 SEXES
|
MAS.
|
Ensemble du Pays
|
323.032
|
137.624
|
185.408
|
260.203
|
141.351
|
118.852
|
AMP
|
99.053
|
40.564
|
58.489
|
111.841
|
53.133
|
57.908
|
Villes de plus de 5. 000 habitants
|
25.670
|
10.620
|
15.051
|
28.871
|
13.872
|
14.999
|
Rural et petite villes
|
198.309
|
86.440
|
111.868
|
119.491
|
73.546
|
45.945
|
SOURCE IHSI58(*)
Tableau 5
NOMBRE DE VISAS DELIVRES AUX HAITIENS POUR 1984,1985, 1986,
1987
PAYS
|
VISAS TOURISTES
|
VISAS RESIDENTS
|
VISAS ETUDIANTS
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
CANADA
|
8.078
|
6.205
|
4.028
|
3.910
|
1.041
|
1.043
|
1.253
|
1.554
|
65
|
102
|
140
|
100
|
FRANCE
|
1.942
|
1.941
|
1.687
|
206
|
30
|
205
|
148
|
226
|
103
|
100
|
277
|
89
|
REP.DOM
|
16.775
|
15.630
|
14.033
|
64.596
|
63
|
7
|
1
|
0
|
19
|
6
|
0
|
N.D
|
VENEZUELA
|
519
|
203
|
159
|
187
|
0
|
26
|
0
|
0
|
0
|
3
|
0
|
2
|
U.S.A
|
32.212
|
34.043
|
22.698
|
22.355
|
5.157
|
6.413
|
8.302
|
7.573
|
400
|
391
|
346
|
396
|
MEXIQUE
|
N.D
|
259
|
278
|
381
|
N.D
|
1
|
1
|
0
|
N.D
|
18
|
11
|
15
|
PANAMA
|
N.D
|
3.776
|
N.D
|
N.D
|
N.D
|
0
|
N.D
|
N.D
|
N.D
|
0
|
N.D
|
N.D
|
BAHAMS
|
N.D
|
N.D
|
N.D
|
1.200
|
N.D
|
N.D
|
N.D
|
171
|
N.D
|
N.D
|
N.D
|
0
|
SOURCE : AMBASSADES OU CONSULATS DES PAYS SUS MENTIONES
N.D : NON DISPONIBLES59(*)
* 1 Banque Mondiale. 1998.
Haïti : le défis de la lutte contre la pauvreté
(version préliminaire). Page 12
* 2 New York, Nations Unies.
1990. Monographie sur les politiques de population : Haïti.
Page 4.
* 3 FUNAP , 1999, Rapport
sur l'émigration des haïtien vivant en terre
étrangère 37
* 4 Ayeko Appolinaire TOSSOU
Conséquences démographiques économiques de
l'immigration internationale dans les pays développés et plus
particulièrement en Amérique du nord 1998, sL,
pp15-16
* 5 Cf. Sabatier/ Mazmanian,
Can Regulation work? The implementation of the 1972 California Coastal
initiative, New York, Plenum, 1983
* 6 Picouet, M. 1974.
« Les migrations » Sources et Analyse des
données démographiques.3 éme partie, Édition
partielle, p.42
* 7 Rousseau, Jacques Hendry.
2002. Enquête sur la migration vers les quartiers
défavorisés de l'aire métropolitaine de Port-au- Prince ,
Organisation Internationale pour la migration ( OIM) et Fonds des nations
unis pour la population ( FNUAP) : Port -au- Prince. P 20
* 8 Rousseau, Jacques Hendry.
2002. Enquête sur la migration vers les quartiers
défavorisés de l'aire métropolitaine de Port-au- Prince ,
Organisation Internationale pour la migration ( OIM) et Fonds des nations
unis pour la population ( FNUAP) : Port -au- Prince. P 20
* 9 ibidem
* 10 ibidem
* 11 Idem p19 N.B deux autres
communes ont été ajoutées en l'occurrence Tabarre et
Cité Soleil
* 12Cf. Isabelle Morin et Paul
Morin, Politique générale de l'entreprise, Ed
Viubert p .4
* 13 Gérard Hubert,
novembre 1983. Politique de population, etude et documents No 1,
Départements de démographie des Universités de Louvain et
de Montréal, Paris, pp 81-82
* 14 IHSI. 1981. Étude
de la migration interne, cahier Nos 4, phase I : les données
démographiques. Port -au -Prince, p 47.
* 15 IHSI, avril
1983.Cahier # 4 : Étude de la Migration Interne, Phase
II : Aspects Socio- économiques. Port-au- Prince, p 46
* 16 Gardiner, Raymond. 1996.
Détermination des flux migratoires internes d'Haïti à partir
de la matrice `' origine destination de recensement général de la
population et du logement de 1982. Port-au-Prince, pp 15-16.
* 17 Rousseau, Jacques Hendry.
2002. Enquête sur la migration vers les quartiers
défavorisés de l'aire métropolitaine de Port - au- Prince,
Organisation Internationale pour la migration (OIM) et Fonds des nations unis
pour la population (FNUAP) : Port -au- Prince. pp 76-85p
* 18 IHSI. 1983. Note sur
les paramètres pour la période intercensitaire 71-82.
Port-au-Prince. P10
* 19 Benoît, Joachim.
1979. Les racines du sous- développement. Port-au-Prince p 117
* 20 Benoît, Joachim.
1979. Les racines du sous- développement. Port-au-Prince p
117
* 21 idem p 195
* 22 idem p 228
* 23 Washington, DC,
1972.Haiti Mission d'assistance Technique Intégré, p
161
* 24 Pierre - Charles,
Gérard. 1994. Le Système Economique Haïtien.
Port-au-Prince Centre de Recherche et de formation et Sociale pour le
Développement (CRESFED ), 3ème édition page
35
* 25 Washington, DC,
1972.Haiti Mission d'assistance Technique Intégré, p
3
* 26 IHSI, 1984,La population
en active en 1982 , pp 12 et 13
* 27 idem p 22
* 28 IHSI, 1991.
Séminaire national sur la population et le développement
(SEPODE) Rapport final. Port-au-Prince, p, 107.
* 29 Ministère de la
culture et de l'immigration. 1987. Acte du Séminaire. p
132-133
* 30 IHSI, juin
1981.Cahier # 4 : Etude de la Migration Interne, Phase I : Les
données Démographiques. Port-au- Prince, p 47
* 31 Port - au- Prince,
Ministère de l'Économie et des Finances, IHSI. Juillet 2003.
4Enquete sur les conditions de vie en haiti ( ECVH 2001) p81.
* 32 IHSI, juin 1983. Note
sur les paramètres démographiques pour la période
intercensitaire 1971-1982.Port-au-Prince, 11 pages
* 33 Jean, Guy - Marie. juin
1991. Emigration Haïtienne et relations Haitiano -Dominicaines,
Port - au Prince, p 25.
* 34 Idem pp 32-33.
* 35 C.f : Josh DEWIN et
David KINLEY III Aide á la Migration, sl, Ed CIDIHCA,1998,p19
* 36 C.f Lélio MARMONA
Politiques et Administration en vue de la gouvernance de la migration,
Port - au Prince, 1999, p15
* 37 Office nationale de la
migration (ONM). 2000. Projet de politique migratoire, document
préliminaire. Port-au-Prince, p 48.
* 38 Office nationale de la
migration (ONM). 2000. Projet de politique migratoire, document
préliminaire. Port-au-Prince, p53.
* 39 Office nationale de la
migration (ONM). 2000. Projet de politique migratoire, document
préliminaire. Port-au-Prince, pp 54-55.
* 40 Office nationale de la
migration (ONM). 2000. Projet de politique migratoire, document
préliminaire. Port-au-Prince, p55.
* 41 Office nationale de la
migration (ONM). 2000. Projet de politique migratoire, document
préliminaire. Port-au-Prince, p56.
* 42 Office nationale de la
migration (ONM). 2000. Projet de politique migratoire, document
préliminaire. Port-au-Prince, p57.
* 43 Office nationale de la
migration (ONM). 2000. Projet de politique migratoire, document
préliminaire. Port-au-Prince, p52.
* 44 Ibidem
* 45 Office nationale de la
migration (ONM). 2000. Projet de politique migratoire, document
préliminaire. Port-au-Prince, p 59
* 46 Blankenburg, E. La
recherche de l'efficacité de la loi. Réflexion sur l'étude
de la mise en oeuvre ( Le concept «
d'implémentation »
* 47 Projet de politique
migratoire, documentpréliminaire,Port-au-Prince.sEd,2000,p3
* 48 Léon Duguit et
Gustave Chene aux introduction générale á
l'étude du droit, France, p 201
* 49 Gendreau , Francis et
Denis Nzita Kikhela avec la collaboration de Valérie Guérin.
1994. L'évaluation des politiques et programmes de
population.Paris. Ed John Libbey, p 90.
* 50 Léon Duguit et
Gustave Chene au.Introduction général à l'étude
de Droit. P 207
* 51 Raymond Guillien et
Jean Vincent, Lexique des termes juridiques, France, 1992, p
* 52 Raymond Guillien et
Jean Vincent, Lexique des termes juridiques, France, 1992, p164
* 53 Rousseau, Charles.
1987.Droit International Public. Paris, 11ème édition,
collection Dalloz, p 21
* 54 idem p 54-57
* 55 Rousseau, Charles.
1987.Droit International Public. Paris, 11ème édition,
collection Dalloz, p 23
* 56 IHSI, 1984,La population
en active en 1982 , p 10
* 57 IHSI, 1984,La population
en active en 1982 , p 19
* 58 ibidem
* 59 Jean, Guy - Marie. juin
1991.Emigration Haïtienne et relations Haitiano - Dominicaines,
Port - au Prince, p 35.
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