2.2 La correction biologique des ravines
Soucieux du danger que présente le ravinement pour sa
parcelle qui est souvent exiguë, le paysan a depuis toujours, lutté
contre ce phénomène par des opérations de comblements
et/ou par des traitements encore plus efficaces28.
Les actions entreprises sont, en fait, très
variées. Elles peuvent être classées en fonction de la
partie traitée de la ravine ou selon les matériaux
utilisés et le mode d'intervention.
Dans la commune des Shoul, le ravin actif constitue une vraie
menace pour les terres agricoles, à cause de son évolution qui se
traduit par l'élargissement du profil transversal, l'approfondissement
du talweg et le recul de la tête. Ce qui se traduit par une perte en
superficie cultivée que le paysan remarque facilement.
Les paysans accordent donc une attention particulière
en stabilisation des ravins par les moyens biologiques (cf. photo 8).
Ils procèdent, ainsi, à la plantation d'arbres
(figuier, cactus, eucalyptus) dans les fonds et les berges de certains ravins
et talwegs collecteurs.
Cette technique a deux objectifs majeurs: d'abord la
réduction du débit solide et la régularisation des
écoulements, ensuite la réduction du risque de dégradation
des terres et l'amenuisement des superficie cultivées.
28 Tribak A, 2002 : « stratégies de lutte
antiérosive dans les montagnes du PRIRIF Orientale », P 51,
bulletin réseau érosion 21, « technique traditionnelles de
GCES en milieu méditerranéen »2002
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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Photo 8 : Technique de correction biologique des
ravins
Mais la technique de correction biologique des ravins n'est
pas toujours efficace. Les observations faites dans la région montrent
que la stabilisation des ravins par l'eucalyptus est peu efficace au niveau de
la conservation des terres contre la dégradation, et contribue
même à l'augmentation des pertes en terres. Pour fixer et colmater
les ravins, les paysans plantent les eucalyptus dans le talweg, ce qui entrave
l'écoulement des eaux qui incisent les berges du ravin pour créer
un autre canal d'évacuation (cf. photo 9).
Photo 9 : Dysfonctionnement de la plantation
d'eucalyptus dans la correction biologique des ravins.
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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
2.3 Les Plantations fruitières
Dans cette zone semi-aride l'arboriculture reste
limitée. Elle est principalement développée dans les
fermes modernes où est pratiquée l'irrigation.
Les principaux arbres fruitiers rencontrés dans la zone
sont : l'olivier, l'amandier, la vigne, les agrumes, l'avocatier, le figuier,
le grenadier et le pêcher.
L'olivier constitue l'arbre fruitier le plus répandu
dans la zone. Les variétés pratiquées sont la «
picholine marocaine », la « haouzia » (variété
sélectionnée par l'INRA à partir de la picholine
marocaine, très productive avec une teneur en huile supérieure
à 20% et la «picholine du Languedoc»29.
Les travaux préparatoires à la plantation
d'olivier exigent un sous-solage croisé à une profondeur de
60-80cm, un labour moyen (30-40cm) et un cover-cropage. En culture moderne
irriguée, les densités de plantation sont de 6x5m, soit 333
arbres/ha. En bour, les densités peuvent varier de 8x6m à
10x10m.
Dans les fermes d'olivier en pente, les paysans creusent
autour de chaque olivier une cuvette de quelques décimètres de
profondeur dans l'objectif de recueillir les eaux de ruissellement qui se
trouvent drainées vers les oliviers par des rigoles mises en place pour
ce but.
Cette opération a le double avantage d'assurer une
humidité importante aux plantations par accumulation des eaux de pluies
et de perturber l'action du ruissellement concentré tout en
réduisant au minimum les quantités de sédiments
exportées vers le bas du versant.
Sur les versants en pente, les travaux préparatoires de
plantation des agrumes et d'avocatiers commencent par le creusage des trous
manuellement (largeur: 40 x40cm, profondeur: 60 à 80cm) et le
remplissage des trous par un mélange de fumure organique et chimique,
ensuite une irrigation et après 20 jours la plantation des jeunes arbres
(cf. photo 10).
Photo 10 : Préparation des trous de plantation
d'agrumes
29 Direction provinciale d'agriculture Rabat-
salé. (2005) : Amélioration du secteur horticole dans la Commune
Rurale de Shoul - Préfécture de Salé
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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
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Du point de vue CES les plantations fruitières forment
une technique très efficace, surtout quand on plante le long des courbes
de niveaux.
Les arbres fruitiers assurent une protection contre
l'érosion hydrique et restaurent les sols dégradés par
l'augmentation de la matière organique et l'activité biologique
dans le sol (cf. photo 11).
Photo 11 : Plantation d'oliviers sur un versant
à pente modérée
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techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
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