1. Les techniques agronomiques de conservation des eaux
et des sols
La technique agronomique est une série de techniques et
pratiques agronomiques utilisées par les paysans, à un niveau
individuel et collectif, et qui ont un caractère conservatoire des
ressources23.
La conservation des eaux et des sols dans les Shoul s'est
manifestée dans un premier temps par des pratiques agronomiques
autochtones visant à améliorer l'importance des quantités
d'eau stockées dans le sol.
Certaines techniques sont utilisées depuis longtemps.
Parmi ces méthodes on cite la rotation et l'assolement des cultures, le
labour isohypse, l'apport de fumier dans le sol et le billonnage
isohypse...etc.
22 Questionnaire wocat technologie version 2007.
23 Narjisse H et al, 1999, « diagnostic des
processus de dégradation des terres au Maroc : état de la
ressources et dispositif d'intervention » p 72
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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
1.1 Le labour isohypse
La technique de labour isohypse (cf. photo 3) est
utilisée, sur les versants à différentes pentes. Les
paysans de la région préfèrent cette technique quand ils
utilisent la traction animale.
Le labour est un travail qui permet l'ameublement du sol en
profondeur sur 0-30 cm, l'enfouissement des résidus de récolte,
et facilite la préparation du lit de semence. Il a pour but de
réduire la densité apparente du sol et de briser les couches
compactées pour préparer le semis des cultures annuelles.
Lors du labour, le sol est retourné, ce qui
entraîne son aération et l'enfouissement des résidus de
culture et des mauvaises herbes de surface et donc favorise la
minéralisation et la disponibilités des éléments
nutritifs pour les plantes, et limite la multiplication des mauvaises herbes.
Par ailleurs l'ameublissement du sol en profondeur améliore
l'infiltration de l'eau et permet un bon développement racinaire
assurant ainsi une bonne croissance des plantes.
Il est certain que le labour dans le sens des courbes de
niveau est avantageux en terme de conservation des eaux, et des sols et des
nutriments. En effet en travaillant le sol dans le sens contraire à la
pente l'infiltration des eaux de pluie au début de la campagne agricole
et leur stockage sont améliorés, en plus de la limitation de la
multiplication des mauvaises herbes (après enfouissement),
l'augmentation de la rugosité de la surface et le ralentissement du
ruissellement.
Mais étant donné que les terres soumises
à ce type de labour sont souvent en pente et composé de sols
fragiles, la dégradation est un phénomène qui continue
à être présent de manière moins marqué que
sur des terres labourées dans le sens de la pente
(l'accélération de l'érosion mécanique,
l'augmentation des risques d'érosion hydrique et la destruction de la
matière organique).
De ce fait, la régression du rôle des animaux de
traits (jouja) dans la région a un impact sur la continuité de la
pratique ainsi que, l'émigration et l'abandon des terres qui celles en
pente réduit les superficies où cette technique est
appliquée .Egalement, l'utilisation du tracteur et l'acquisition des
terres par des non paysans est un facteur qui rend la technique relativement
dépassée.
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Chapitre deuxième : Etat actuel des pratiques et des
techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
Photo 3 : Technique de labour isohypse du bas vers le
haut
Photo 4 : Technique de labour par tracteur au avec la
pente
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techniques de CES appliquées par les agriculteurs des Shoul
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