Tax shelter vs sofica( Télécharger le fichier original )par Charles-Antoine Vandrèche Teniers EPFC-ULB - Comptabilité Fiscalité 2014 |
4.3 Le financement public et privé du secteurLe cinéma français est aidé par les grands groupes de chaînes télévisées privées et publiques à hauteur de 32,5 %54(*). Les chaînes en clair ont une obligation légale de réinvestir une partie de leur chiffre d'affaires dans le cinéma selon le décret 90-67 du 17 janvier 1990. En ce qui concerne les chaînes payantes, Canal+ et apparentées, par décret du 9 mai 1995, elle doivent consacrer un pourcentage élevé de leurs ressources totales hors taxes à l'acquisition des droits de diffusion d'oeuvres cinématographiques (20% pour Canal+ en 2011). Indépendamment de cela, les chaînes télévisées coproduisent à raison de 4,2 % des films via leurs filiales spécialisées dans le cinéma ex : France 2 Cinéma, TF1 Films Production, Arte France Cinéma. Les grosses sociétés de production françaises participent pour 25,5 % au développement du cinéma français ex. Gaumont, Pathé ; Les distributeurs, en achetant les droits de distribution en salles, en DVD ou en VOD participent pour 19,6%, ex. le Groupe UGC. Les producteurs étrangers contribuent pour 10,5 % lorsqu'il s'agit d'une coproduction internationale. L'Etat soutient le milieu cinématographique à hauteur de 7,7 % de deux manières différentes sous formes d'aides d'Etat qui sont versées par le Centre National Cinématographique : - des aides automatiques, dont le montant est fixé selon des barèmes de recettes. - des aides sélectives qui sont attribuées sur
des critères artistiques et financées par des taxes
prélevées sur la vente des billets de cinéma, les
diffuseurs de télévision Ces aides constituent en quelque sorte des avances sur recettes accordées par les autorités publiques. Les Sofica (Sociétés pour le Financement du Cinéma et de l'Audiovisuel) assurent 3 % de la levée de fonds dans le domaine du cinéma et de l'audiovisuel. Les aides régionales participent pour 1,7 % au reste du financement. 4.4. Le financement par les Sofica4.4.1.. Origine des Sofica Les Sofica (Sociétés pour le Financement du Cinéma et de l'Audiovisuel) ont été créées en 1985 par les Pouvoirs publics afin de permettre aux particuliers et aux sociétés d'investir des fonds dans le milieu cinématographique et audiovisuel moyennant exonération fiscale. Ce sont des niches fiscales c'est-à-dire des dérogations fiscales que le législateur a créé afin d'augmenter les investissements dans le cinéma français. Ce système présente différents avantages : - une réduction d'impôts pour les particuliers ou les sociétés qui investissent dans le secteur audiovisuel français - un avantage pour les sociétés leveuses de fonds, intermédiaires entre les investisseurs et les producteurs - un avantage économique direct pour le développement du secteur audiovisuel et indirect pour l'Etat qui compense ainsi un avantage fiscal octroyé - un avantage culturel direct (festivals de cinéma par exemple) et indirect pour la France au niveau national et international.
Les SOFICA françaises sont plus anciennes que le système Tax Shelter belge. Comme celui-ci, les Sofica permettent une levée de fonds en vue de l'investissement dans le secteur du cinéma français. Les Pouvoirs publics français ont créé cet incitant fiscal par la loi n° 85-695 du 11 juillet 198555(*). Cette loi a subi de nombreux amendements dont le dernier par la loi 2014-856 du 31 juillet 2014 et reprise aux articles199 unvicies, 217 septies, 238 bis HE à HM du Code Général des Impôts (CGI), et articles 46 quindecies A à F de l'annexe III, Décret n° 95-544 du 2 mai 1995. 4.4.3. Examen des articles 238 bis HE à HH du Code Général des Impôts Nous allons examiner les articles suite à la loi du 31 juillet 2014 en suivant pour l'étude des Sofica le même schéma que celui utilisé pour l'examen des Tax Shelter, tel qu'étudié à l'article 194ter du CIR 1992 c'est-à-dire en commençant par présenter les intervenants des Sofica. A. L'investisseur ou souscripteur L'investisseur ou souscripteur est défini à l'article 238 bis HE du Code Général des Impôts : « Pour l'établissement de l'impôt sur le revenu ou de l'impôt sur les sociétés, les souscriptions en numéraire au capital de sociétés anonymes soumises à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun et qui ont pour activité exclusive le financement en capital d'oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles agréées sont admises en déduction dans les conditions définies à l'article 217 septies et ouvrent droit à la réduction d'impôt prévue à l'article 199 unvicies.» Comme précisé à l'article 199 unvicies du Code Général des Impôts : « 1. Les contribuables domiciliés en France au sens de l'article 4 B bénéficient d'une réduction d'impôt au titre des souscriptions en numéraire, réalisées entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2017, au capital initial ou aux augmentations de capital des sociétés définies à l'article 238 bis HE. Le bénéfice de la réduction d'impôt est subordonné à l'agrément du capital de la société par le ministre chargé du budget. 2. La réduction d'impôt s'applique aux sommes effectivement versées pour les souscriptions mentionnées au 1, retenues dans la limite de 25 % du revenu net global et de 18 000 €. 3. La réduction d'impôt est égale à 30 % des sommes retenues au 2. Le taux mentionné au premier alinéa est porté à 36 % lorsque la société s'engage à réaliser au moins 10 % de ses investissements dans les conditions prévues au a de l'article 238 bis HG avant le 31 décembre de l'année suivant celle de la souscription. 4. Lorsque tout ou partie des titres ayant donné lieu à réduction d'impôt est cédé avant le 31 décembre de la cinquième année suivant celle du versement effectif, la réduction d'impôt obtenue est ajoutée à l'impôt dû au titre de l'année de la cession. Toutefois, la réduction d'impôt n'est pas reprise en cas de décès de l'un des époux ou partenaires liés par un pacte civil de solidarité soumis à imposition commune. » Et précisé à l'article 217 septies du Code Général des Impôts : « Pour l'établissement de l'impôt sur les sociétés, les entreprises peuvent pratiquer, dès l'année de réalisation de l'investissement, un amortissement exceptionnel égal à 50 % du montant des sommes effectivement versées pour la souscription au capital des sociétés définies à l'article 238 bis HE. Le bénéfice de ce régime est subordonné à l'agrément, par le ministre de l'économie et des finances, du capital de ces sociétés. Un décret fixe les modalités d'application du présent article, notamment les obligations déclaratives (1). (1) Annexe III, art. 46 quindecies E. » Ce qui veut dire en résumé que l'investisseur éligible dans les Sofica peut être soit un contribuable privé domicilié en France qui paie l'impôt sur les revenus, soit une entreprise qui paie l'impôt sur les sociétés sont des investisseurs éligibles dans les Sofica. En pratique, ce sont presqu'exclusivement les particuliers qui investissent dans les Sofica. B. Les Sofica Les Sofica sont définies à l'article 238 bis HE du Code Général des Impôts : « Pour l'établissement de l'impôt sur le revenu ou de l'impôt sur les sociétés, les souscriptions en numéraire au capital de sociétés anonymes soumises à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun et qui ont pour activité exclusive le financement en capital d'oeuvres cinématographiques ou audiovisuelles agréées sont admises en déduction dans les conditions définies à l'article 217 septies et ouvrent droit à la réduction d'impôt prévue à l'article 199 unvicies. » Les Sofica sont donc des sociétés d'investissement dont l'activité exclusive est le financement d'oeuvres cinématographiques et audiovisuelles agréées. Elles ont la forme de sociétés anonymes et sont soumises à un agrément de leur capital par le ministre chargé de l'Economie et des Finances. Au niveau culturel, elles doivent également recevoir l'agrément du CNC. C. Les oeuvres éligibles : Comme dans le mécanisme du Tax Shelter, les oeuvres éligibles doivent recevoir un agrément. En France, c'est le Président du Centre National du Cinéma et de l'Image animée qui délivre cet agrément en accord avec l'article 238 bis HF du Code Général des Impôts : « L'agrément prévu à l'article
238 bis HE est délivré par le président du Centre national
du cinéma et de l'image animée aux oeuvres,
réalisées en version originale, en langue française, de
nationalité d'un Etat de la Communauté européenne, et
pouvant bénéficier du soutien de l'industrie
cinématographique et de l'industrie des programmes audiovisuels
prévu à l'article 76 de la loi de finances pour 1960 n°
59-1454 du 26 décembre 1959 et à l'article 61 de la loi de
finances pour 1984 n° 83-1179 du 29 décembre 1983, à
l'exclusion : Comme pour le Tax Shelter qui désirait développer le cinéma en Fédération Wallonie-Bruxelles, le but des Sofica est de développer le cinéma de langue française en France en privilégiant des oeuvres en langue française mais en s'ouvrant au cinéma européen. Ce contrôle est effectué par le Centre National du Cinéma et de l'Image Animée (CNC). L'agrément doit être demandé avant le début des prises de vues. La Sofica doit avoir pris un engagement d'investir avant le début du tournage de l'oeuvre. D. Conditions de financement et d'exonération fiscale pour le souscripteur Pour le souscripteur, les Sofica sont un incitant fiscal créé par l'Etat qui voulait, dans les années 80, augmenter la levée de fonds à destination du milieu cinématographique et audiovisuel. L'Etat accorde un avantage fiscal pour attirer l'épargne privée dans le cinéma caractérisé comme un secteur à risques. C'est l'article 40 de la loi n°2014-856 du 31 juillet 2014 ainsi que l'article 199 unvicies du Code Général des Impôts et l'article 217septies qui fixent le financement du souscripteur, qu'il soit personne physique ou société : « III Les personnes physiques peuvent déduire de leur revenu net global le montant des sommes effectivement versées ; cette déduction ne peut excéder 25 % de ce revenu. Les actions des sociétés définies au paragraphe I ne sont pas comprises parmi les valeurs citées à l'article 163 octies du code général des impôts. En cas de cession de tout ou partie de ces titres dans les cinq ans de leur acquisition, le montant des sommes déduites est ajouté au revenu net global de l'année de la cession. Pour l'établissement de l'impôt sur les sociétés, les entreprises peuvent pratiquer, dès l'année de réalisation de l'investissement, un amortissement exceptionnel égal à 50 % du montant des sommes effectivement versées pour la souscription des titres. Le bénéfice du régime prévu au présent paragraphe est subordonné à l'agrément, par le ministre de l'économie, des finances et du budget, du capital de la société définie au paragraphe I. » Ce qui signifie que les personnes physiques domiciliées en France qui investissent dans les Sofica bénéficient d'une réduction d'impôt sur les sommes investies dans la limite de 25 % du revenu net global et de 18.000 € par foyer fiscal. Si le souscripteur cède ses titres avant les 5 ans à dater de leur acquisition, les sommes déduites seront ajoutées au revenu net global de l'année de cession. Les personnes morales qui paient l'impôt sur les sociétés (IS) peuvent pratiquer un amortissement exceptionnel égal à 50% du montant des sommes versées pour la souscription des titres et ce dès l'année de réalisation de l'investissement cf. article 217 septies du CGI. Le bénéfice de la réduction d'impôt est subordonné à l'agrément du capital de la Sofica par le ministre en charge du budget. Cela signifie que le souscripteur doit vérifier si la Sofica présente bien toutes les garanties d'éligibilité. L'article 238 bis HH précise également que : « Les actions souscrites doivent obligatoirement
revêtir la forme nominative. Une même personne ne peut
détenir, directement ou indirectement, plus de 25 % du capital d'une
société définie à l'article 238 bis HE. Cette
dernière disposition n'est plus applicable après l'expiration
d'un délai de cinq années à compter du versement effectif
de la première souscription au capital agréée. Aucune
augmentation du capital ne peut être agréée dans les
conditions mentionnées aux articles 199 unvicies et 217 septies lorsque
la limite de 25 % est franchie. Le souscripteur ne peut détenir, de manière directe ou indirecte, plus de 25 % du capital d'une Sofica. Cinq ans après le 1er versement de la souscription, ce pourcentage peut être augmenté mais la limite de 25 % n'entraînera pas une augmentation de capital agréée. Il faut déjà noter que la réduction d'impôt pour le souscripteur varie selon l'investissement réalisé par la Sofica (voir point ci-dessous) : * 30 % du montant investi si la Sofica n'est pas adossée * 36 % du montant investi si la Sofica est adossée, c'est-à-dire qu'elle s'est engagée à affecter au moins 10 % de son capital à l'achat de parts dans des sociétés de production. Notons que ces chiffres ont diminué car auparavant la réduction d'impôt pouvait être de 40 % sil la Sofica était non adossée et de 48 % si elle était adossée. Le souscripteur qui accepte de prendre plus de risques bénéficie donc d'un avantage fiscal plus élevé (36 %) que celui qui en prend moins (30 %). Ce système permet, pour un plafond de 18.000€ investis, une réduction d'impôt de : * 5.400€ si la Sofica est non adossée (18.000€ x 30 % = 5.400€) * 6.480€ si la Sofica est adossée (18.000€ x 36 % = 6.480€). E. Conditions d'investissement pour les Sofica La manière dont les Sofica doivent investir les fonds levés est décrite dans l'article 238 bis HG du Code Général des Impôts : « Les sociétés définies
à l'article 238 bis HE doivent réaliser leurs investissements
sous la forme : Nous constatons que les Pouvoirs publics ont donné deux moyens aux Sofica pour investir dans les sociétés de production les fonds levés, à savoir : a) Par souscription au capital de sociétés de production. Dans le cas des investissements dans le développement de projets, via la souscription au capital de sociétés de production, la Sofica récupère ses investissements à la mise en production des différents projets. b) Par versements en numéraire réalisés par contrat d'association à la production oeuvre par oeuvre. Dans ce cas, la Sofica récupérera pour chaque investissement réalisé, un pourcentage de recettes sur les différents supports d'exploitation du film comme par exemple : les entrées en salles de cinéma, le marché vidéo (DVD, VOD, etc.), les ventes internationales et/ou les droits de diffusion télévisuelle en France. 4.4.4.Les Sofica en pratique A. Le souscripteur : Vu que la grande majorité des souscripteurs sont des personnes physiques et que le reste sont des sociétés, je n'ai pu obtenir ni de la part du Ministère des Finances, ni de la part du CNC qui possède d'excellentes données et statistiques sur les Sofica, ni de la part des sociétés de financement qui ont créé des Sofica aucune information quant à l'identité des souscripteurs, à leurs écritures comptables et à leurs déclarations fiscales. Tout ceci était toujours justifié par des questions de confidentialité. Il ressort de l'étude de différents documents que le souscripteur-type est une personne physique domiciliée en France qui cherche à soutenir le cinéma français tout en bénéficiant d'une réduction d'impôt et d'une plus-value éventuelle sur les actions. Il est prêt à prendre des risques non négligeables : un risque de perte en capital car les fonds investis dans une Sofica ne sont pas garantis et au niveau de la trésorerie, les fonds investis sont bloqués pendant au moins 5 ans. C'est pourquoi certaines sociétés de financement conseillent à leurs clients de ne pas investir + de 10 % d'un patrimoine mobilier dans les Sofica. Vu le rendement élevé, les Sofica sont pour certains souscripteurs des investissements très courus et la souscription est souvent difficilement accessible aux non-initiés car elle est d'une durée très courte. Certains sociétés de financement disposent même d'un système d'alerte par email pour prévenir les souscripteurs habituels de l'arrivée de ce produit fiscal au cours de chaque automne. Le souscripteur cinéphile prêt à prendre plus de risque investira dans une Sofica non adossée pour obtenir un avantage fiscal de 36 % mais cette Sofica ne propose aucune garantie sur le capital et le retour sur investissement se fait uniquement en fonction du succès du film. Le souscripteur cinéphile moins agressif, désireux de prendre moins de risque investira dans une Sofica adossée qui aura conclu un accord avec une société tierce pour garantir le rachat de ses parts à échéance. Depuis 2009, une Sofica ne peut pratiquer l'adossement qu'à hauteur de 50 %, c'est-à-dire que la garantie de rachat à un prix fixe ne peut se faire que sur ces 50 %. Concrètement, la part d'investissement dans une Sofica est plutôt comprise entre 0 et 40 %. Il faut savoir que, dans le meilleur des cas, les investisseurs ont récupéré 100 % du capital investi et ont donc eu comme plus-value la défiscalisation accordée initialement. D'autres n'ont reçu qu'un remboursement de 68 % de la valeur des parts, se retrouvant donc avec une opération nulle. Enfin, certains ont même perdu de l'argent. Il ne faut pas oublier que le succès d'un film, tant en salles qu'à la télévision est aléatoire. Le législateur a souhaité que les Sofica financent surtout les films qui en ont réellement besoin. Les 3 principales caractéristiques des projets soutenus par la Direction Générale des Finances publiques et le CNC sont56(*) : un budget inférieur à 8 millions€, si possible pour un investissement dans un premier ou second film et une société de production de petite taille ou indépendante. Mais des films à grand budget et à grande production ont également figuré au catalogue de sociétés de financement et ont reçu l'agrément du CNC comme le très célèbre long métrage « Les hommes et les Dieux ». Les sociétés de financement qui créent les Sofica ont souvent, comme les sociétés intermédiaires pour le Tax Shelter leur propre ligne éditoriale, leur spécialité. B. Les Sofica Nous allons étudier les Sofica de manière pratique et détaillée. Sur base de leur prospectus publié chaque année en automne, nous avons choisi comme exemple trois Sofica : une Sofica importante appelée Manon 6, une autre qui est Cinemage 10 qui a bénéficié cette année du plus gros montant de fonds à récolter soit 10.000.000€ et la Sofica Cineventure, nouvelle sur le marché en 2014. Tout commence par l'intervention du CNC et du Ministre des Finances et des Comptes Publics qui donnent leur agrément au projet de constitution de la Sofica selon l'article 40 de la loi n° 85-695 et le décret n° 85-982 du 17 septembre 1985. Le prospectus, qui contient l'offre au public en vue de la constitution de la Sofica est ensuite publié. Tous les prospectus des Sofica, comme ceux pour le Tax Shelter, commencent par un résumé. Le souscripteur y reçoit dès la première page l'avertissement de bien examiner l'offre avec les risques qu'elle comporte. Des informations sont également délivrées concernant la responsabilité des leveurs de fonds en cas de litige. (notification article 212-8 du Règlement général de l'Autorité des marchés financiers). Le résumé reprend brièvement le contenu de l'offre. Nous allons comparer toutes les informations contenues dans les prospectus des trois Sofica choisies plus haut afin de pouvoir les comparer, d'examiner leurs similitudes et leurs particularités afin d'en tirer des informations quant à leur gestion commerciale, financière et la fiscalité qui les concerne. Nous allons ensuite étudier de manière théorique mais en détails la fiscalité applicable aux souscripteurs des Sofica et évoquer celle applicable aux Sofica elles-mêmes. MANON 657(*)
CINEMAGE 1058(*)
CINEVENTURE59(*)
C. Fiscalité applicable au souscripteur, personne physique domiciliée en France60(*) 1) Avantage fiscal Sur base de l'article 199 unvicies du Code Général des Impôts (CGI), les sommes versées en 2014 en vue de la souscription au capital d'une Sofica donnent droit à une réduction d'impôts sur les revenus pour les personnes physiques fiscalement domiciliées en France. Pour le souscripteur, la base de calcul de l'impôt sur le revenu est le montant des sommes versées par souscription au cours de l'année d'imposition et retenues dans la double limite de 25 % du revenu net global et de 18.000€ par foyer fiscal. Pour bénéficier de cette réduction d'impôt, le souscripteur doit conserver les titres souscrits jusqu'au 31 décembre de la 5ème année suivant celle du versement. Le taux de réduction d'impôt est de 30 % dans ce cas et il peut atteindre 36 % si la Sofica s'est engagée à réaliser au moins 10 % de ses investissements dans des sociétés de production avant le 31 décembre de l'année suivant celle de la souscription. 2) Imposition des dividendes Les dividendes versés par la Sofica au souscripteur sont imposables à l'impôt sur les revenus au barème progressif, après un abattement de 40 %61(*). Ils sont soumis cependant lors de leur versement à un prélèvement fiscal de 21 %.Ce prélèvement, qui correspond à une avance, est imputable, sous forme de crédit d'impôt sur le montant de l'impôt sur le revenu dû par le souscripteur. Les dividendes sont soumis en plus : - à la CSG au taux de 8,2 % dont 5,1 % sont déductibles du revenu imposable à l'ISR au titre de l'année de paiement de la CSG62(*) - au prélèvement social de 4,5 % non déductible de la base de l'impôt sur le revenu - à la CRDS au taux de 0,5 %, non déductible de la base de l'impôt sur le revenu - à la contribution de 0,3 % additionnelle au prélèvement social de 4,5 %, non déductible de la base de l'impôt sur le revenu, au prélèvement de solidarité de 2 %, non déductible de la base de l'impôt sur le revenu. 3) Plus ou moins-values de cession à titre onéreux avant la fin de vie de la Sofica Les plus-values de cessions de Sofica sont imposables au barème dégressif de l'impôt sur le revenu. Les moins-values subies au cours d'une année sont imputables sur les plus-values réalisées au cours de la même année ou des 10 années suivantes. Pour le calcul de l'impôt sur le revenu au barème progressif, les plus ou moins-values de cessions de Sofica doivent être réduites de l'abattement pour durée de détention. Cet abattement est de : · 50 % du montant de la plus ou moins-value réalisée si les titres cédés sont détenus depuis plus de 2 ans et moins de 8 ans à la date de cession. · 65 % du montant de la plus ou moins-value réalisée si les titres cédés sont détenus depuis 8 ans ou plus. Les plus-values sont également soumises, pour leur montant pris avant déduction de l'abattement pour la durée de détention précitée · à la CSG au taux de 8,2 %, non déductible de la base de l'impôt sur le revenu · au prélèvement social de 4,5 % non déductible de la base de l'impôt sur le revenu · à la CRDS au taux de 0,5 %, non déductible de la base de l'impôt sur le revenu · à la contribution de 0,3 % additionnelle au prélèvement social de 4,5 %, non déductible de la base de l'impôt sur le revenu, au prélèvement de solidarité de 2 %, non déductible de la base de l'impôt sur le revenu. 4) Régime fiscal applicable aux remboursements faits aux souscripteurs à la fin de vie de la Sofica A la fin de l'existence de la société, tous les remboursements effectués aux souscripteurs qui correspondent au boni de liquidation sont imposables en tant que revenus distribués dans la catégorie des revenus de capitaux mobiliers. Lorsque le montant du remboursement est inférieur ou égal à celui du prix d'acquisition, les actionnaires n'ont pas à inclure le remboursement dans leur revenu imposable. Le mali de liquidation subi par le souscripteur ne peut pas être admis en déduction de son revenu global imposable. 5) Reprise de la réduction d'impôt sur le revenu Si la cession des titres a lieu avant le 31 décembre de la 5ème année suivant celle du versement des sommes dues au titre de leur souscription cela entraîne l'ajout de la réduction d'impôt sur le revenu initial à l'impôt sur le revenu dû au titre de l'année de la cession, sauf en cas de décès de l'un des époux ou de l'un des partenaires soumis à une imposition commune . 6) Plafonnement global de la somme des avantages fiscaux Le législateur a imposé un plafonnement global (« Plafond des niches fiscales ») de la somme des avantages fiscaux pouvant être obtenus en matière d'impôt sur le revenu63(*). Pour l'imposition des revenus de 2014, ce plafonnement est fixé à 10.000€ et majoré à 18.000€ en ces de réalisation d'investissement outre-mer ou en cas de souscription au capital d'une Sofica. 7) Documents à joindre à la déclaration des revenus Pour bénéficier des avantages fiscaux résultant de la souscription au capital d'une Sofica, le souscripteur doit produire, sur demande de l'Administration fiscale, un relevé qui doit être établi par la Sofica, conformément à un modèle fixé par l'Administration et délivré à chaque actionnaire. Ce relevé comprend : · l'année considérée · l'identification de la Sofica · l'identité et l'adresse de l'actionnaire · le montant du capital agréé et la date de l'agrément · le nombre et le n° des actions souscrites, le montant et la date de souscription · la quote-part du capital détenu par le souscripteur · la date et le montant des versements effectués au titre de la souscription des actions · si nécessaire, le nombre et les références des actions cédées par l'actionnaire ainsi que le montant et la date des cessions. En cas de réduction d'impôt sur le revenu au taux de 36 %, le souscripteur doit produire, sur demande de l'Administration fiscale, une copie de l'annexe à la décision d'agrément délivrée par le Ministère de l'Economie et des Finances sur laquelle figure l'engagement de la Sofica à réaliser au moins 10 % de ses investissements directement dans le capital de sociétés de réalisation avant le 31 décembre de l'année suivant celle de la souscription. Lorsque les actions cédées au cours d'une année ont été souscrites depuis moins de 5 ans par le souscripteur, la Sofica doit adresser le relevé ou un duplicata avant le 31 mars de l'année suivante à la Direction des Services Fiscaux. 8) Détention inférieure à 25 % du capital d'une Sofica Un même souscripteur ne peut, au cours des 5 premières années de la vie d'une Sofica, détenir directement ou indirectement plus de 25 % du capital d'une Sofica. Cette règle s'applique non seulement pour chaque personne mais aussi pour des actions détenues par l'intermédiaire d'une chaîne de participation et par des personnes physiques ou des entreprises soumises à l'impôt sur les sociétés ayant des liens créant une communauté d'intérêts. Le non respect de cette condition peut entraîner le retrait de l'agrément fiscal de la société et la remise en cause des avantages fiscaux des souscripteurs. 9) Dissolution ou réduction du capital de la Sofica Lors de la dissolution anticipée ou de la réduction du capital d'une Sofica, le Ministre des Finances et des Comptes Publics peut ordonner la reprise de la réduction d'impôt sur le revenu l'année au cours de laquelle elle a été réalisée. 10) Infraction au caractère exclusif de l'activité de la Sofica Si la Sofica n'a pas comme activité principale le financement en capital d'oeuvres cinématographiques et audiovisuelles et si elle place au-delà de la limite de 10 % de son capital social libéré ses disponibilités en compte productif d'intérêts, elle est redevable d'une indemnité égale à 25 % de la fraction de son capital non utilisée conformément au Code Général des Impôts. L'agrément fiscal peut même être retiré avec remise en cause des avantages fiscaux accordés. D. Régime fiscal de la Sofica La Sofica est soumise à l'impôt sur les sociétés dans les conditions de droit commun. Elle peut cependant pratiquer un régime particulier des droits à recettes, qui sont la contrepartie des versements en numéraire réalisés par contrat d'association à la production ou par souscription au capital d'une société de production. La Sofica peut chosir comment amortir chaque droit à recettes à compter du 1er jour du mois de la délivrance du visa d'exploitation : - soit selon le mode linéaire sur 5 ans - soit de manière dégressive sur 5 ans, à savoir 5 % la 1ère année, 20 % la 2ème et 10 % pour chacune des trois années suivantes - soit sous toute autre forme à venir et acceptée par la loi. La Sofica ne peut pas bénéficier du régime fiscal des sociétés de capital à risque64(*). 4.5.Conclusion Les Sofica (Sociétés pour le Cinéma et l'Audioviel) ont été créées en 1985 afin de relancer les investissements de fonds dans le cinéma français qui connaissait alors une baisse de ses activités. Cet incitant fiscal ne représente que 3 % de la levée des fonds dans le secteur des oeuvres cinématographiques et audiovisuelles en France, mais la Sofica sont importantes car elles permettent de participer au financement de films à petits ou moyens budgets (inférieurs à 8.000.000€). Au vu des chiffres parus dans le bilan 2014 du CNC65(*) , 53.000.000€ ont été investis en 2013 dans le secteur cinématographique et audiovisuel par les Sofica dont 75,5 % à la production par contrat d'association à des oeuvres cinématographiques et audiovisuelles et 24,5 % au développement sous forme de souscription au capital de sociétés de réalisation. La production cinématographique a bénéficié de 43,8 millions€ (34,3 millions€ à la production et 9,6 millions€ au développement). Les Sofica ont participé au financement de 103 longs métrages de fiction sur 258 films agréés par le CNC (toutes oeuvres confondues). L'investissement moyen représente 335.000€ pour les films de fiction. Fin 2014, 12 Sofica ont obtenu l'agrément de la CNC et de la DGFP pour collecter au total 63,09 millions€. L'Etat prendra en charge 23 millions€ en faisant profiter les souscripteurs d'une réduction d'impôt considérable. Les Sofica offrent des avantages : 1. Pour les souscripteurs Avec un taux de réduction d'impôt pouvant aller de 30 à 36 %, c'est le souscripteur qui est le grand gagnant de cet incitant fiscal. C'est pour la raison du succès qu'elle représente que cette niche fiscale ne bénéficie qu'à peu de contribuables. En effet, en respectant les conditions légales (si son investissement est inférieur à 25 % de son revenu net global et à 18.000€), le souscripteur peut bénéficier d'une réduction maximale de 6.480€ soit 36 % de 18.000€ si la Sofica est adossée à une société de production de films et investit au minimum 10 % et au maximum 50 % de ses fonds avant le 31 décembre de l'année suivant la souscription. Si la Sofica est non adossée, le souscripteur bénéficie d'une réduction d'impôt de 5.400€ soit 30% de 18.000€). Quand la Sofica est adossée, elle conclut un contrat avec un distributeur qui assure des droits à des recettes fixes et non dépendantes du succès ou de l'échec du film et garantit le rachat de ses parts à échéance. Le souscripteur récupère alors 75 à 90 % de son capital (celui-ci étant diminué des frais divers) au bout de 10 ans maximum et la performance est établie dans un contrat lors de la souscription. Toutes les Sofica sont tenues de consacrer au minimum 50 % de leurs investissements au financement d'oeuvres cinématographiques et audiovisuelles sans garantie de rachat par les bénéficiaires. Ces investissements sont dits « non adossés ». L'année passée, le taux d'investissements non adossés était de 63,8 %. En effet, depuis 2005, le CNC encourage les financements non adossés auprès de sociétés de production non liées à des sociétés de production puissantes. Presque la totalité des investissements non adossés (99,1 %) ont été réalisés auprès de ces petits producteurs. Les Sofica se sont engagées en faveur des 1ers et 2èmes films en consacrant 36,6 % de leurs investissements réalisés sous forme de contrat d'association à la production vers 54 1ers et 2èmes films et les investissements consacrés à des films dont le budget était inférieur à 8 millions€ ont représenté 66,3 % des investissements totaux, soit 100 films. Dans le cas des investissements non adossés, le taux de réduction de l'impôt pour les souscripteurs est de 30 % mais en plus de cette défiscalisation, la Sofica et donc indirectement les souscripteurs disposent de droits sur les recettes tirées des oeuvres produites. Il n'y a aucune garantie sur le capital et le retour sur investissement est totalement dépendant du succès des films. 2. Pour les producteurs Les petits producteurs indépendants sont les grands bénéficiaires des Sofica. En effet, les oeuvres sont agréées par le CNC et la Direction Générale des Finances Publiques qui sélectionnent et encouragent les Sofica à financer avant tout les films qui en ont besoin c'est-à-dire un budget inférieur à 8 millions€, une production de taille réduite ou indépendante. 3. Pour les émetteurs Les Sofica sont des produits très intéressants à vendre par les émetteurs aux souscripteurs car l'avantage fiscal est très intéressant et il bénéficie d'un grand succès auprès de ceux-ci. Les Sofica sont souvent fondées par deux sociétés à savoir une société experte dans le secteur du cinéma et de l'audiovisuel et une société experte dans le financement. De ce fait, les émetteurs connaissent bien le secteur et peuvent impliquer leur société de production dans le mécanisme des Sofica et ensuite en retirer des gains. Les Sofica offrent des inconvénients : 1. Pour les souscripteurs Les Sofica sont des placements à risque élevé mais c'est la contrepartie que les souscripteurs doivent payer pour un avantage fiscal si intéressant. Dans un investissement non garanti, le rendement est aléatoire et, si certains souscripteurs récupèrent 100 % de leur capital investi, avec comme plus-value leur avantage fiscal, d'autres ont récupéré un pourcentage bien moindre avec une opération nulle et certains on perdu de l'argent. L'investisseur restera gagnant si la plus-value reste inférieure à l'avantage fiscal. En cas de moins-values, celles -ci sont reportables et viennent en déduction des plus-values réalisées sur d'autres valeurs mobilières66(*). Le rendement aléatoire est dû au fait que, conformément aux souhaits du législateur, la plupart des investissements portent sur des films de petits ou moyens budgets, des productions indépendantes qui, sauf exceptions, n'intéressent que les cinéphiles, donc un public restreint et donc une commercialisation difficile à évaluer tant au niveau de la sortie en salles que du passage à la télévision. En investissant dans les Sofica, le souscripteur voit son capital immobilisé pour minimum 5 ans et maximum 10 ans. Vu le risque élevé de ce placement, il est conseillé au souscripteur d'investir au maximum 10 % de ses biens mobiliers dans les Sofica et même de souscrire dans des Sofica différentes car elles ont des orientations différentes malgré certaines obligations légales qui font que certaines s'orientent vers des productions plus importantes, des auteurs connus, etc. Les souscripteurs doivent bien calculer les montants qu'ils investissent dans les Sofica afin de bénéficier de l'avantage fiscal complet car aucun crédit d'impôt n'est reportable sur les années suivantes. Le rendement minimum est d'environ 4,5 % par an et l'on peut arriver à 6 % selon le capital restitué. Prenons le cas d'un souscripteur qui récupère 80 % de son capital au bout de 6 ans et qu'il bénéficie d'un avantage fiscal de 36 %. Le rendement fiscal annualisé sera alors de 3,8 %. 2. Pour les producteurs La moyenne des sommes investies par les Sofica était de 335.000€ par film de fiction en 2013. Cela signifie que les petits producteurs doivent chercher plusieurs émetteurs afin de pouvoir boucler un budget qui atteint souvent les 3 à 4 millions€ pour les longs métrages. 3. Pour les émetteurs Ce placement demeure encore assez confidentiel même s'il connaît un grand succès mais principalement au niveau de quelques souscripteurs initiés et férus de cinéma. Les émetteurs dépendent de la législation en vigueur qui présente toujours le risque de changement. Depuis 2005, le CNC et la DGFP se sont orientés vers le financement d'un cinéma plus indépendant et de ce fait moins rentable car plus risqué en matière de recettes résultant du succès des films. Les Sofica sont-elles, comme le Tax Shelter un incitant fiscal « Win-Win-Win » ? 1) L'avantage fiscal est surtout très intéressant pour les souscripteurs car, en plus, le cinéma est une niche fiscale favorisée car le montant maximal de l'investissement atteint 18.000€, alors que pour les autres niches fiscales, le montant maximal de l'investissement est de 10.000€. 2) L'avantage financier existe pour les émetteurs car ils gèrent un secteur de financement du cinéma différent des grosses sociétés de production et des banques et cela leur permet de bénéficier financièrement des investissements réalisés dans un cinéma de petit ou moyen budget. 3) L'avantage économique se situe par exemple au niveau du nombre d'emplois créés dans le secteur du cinéma et de l'audiovisuel. Ces niches fiscales, par les fonds qu'elles soulèvent, participent au développement économique de tout ce secteur, en partant de l'écriture, de la production, de la post-production pour arriver à l'exploitation en salles en France et à l'étranger. 4) L'avantage culturel : les Sofica favorisent le développement du cinéma de langue française, les 1ers et 2èmes films de réalisateurs, les nouveaux auteurs, et le cinéma français en France et au niveau international en cas de succès. L'Etat, quant à lui, renonce à des recettes fiscales mais en contrepartie, les avantages fiscaux qu'il offre aux souscripteurs permettent une collecte de fonds garantie vu l'attrait que représentent les Sofica pour les investisseurs malgré les risques encourus. La participation de l'Etat dans les Sofica s'élève pour 2014 à 23 millions€ pour un total de 63 millions€ qui pourront être récoltés. L'Etat a également créé de nombreuses dispositions légales à respecter afin de maintenir un contrôle sur les Sofica et d'éviter les dérives. Les dérives qui existent dans le monde du cinéma et de l'audiovisuel en France ne viennent pas des Sofica mais des chaînes de télévision, des grosses sociétés de production, des banques qui font exploser les budgets des films afin de pouvoir remplir les salles et faire de l'audience. Pour cela, et malgré un succès parfois non garanti, elles font appel à des acteurs réputés qui exigent des cachets élevés, à des réalisateurs reconnus, etc. Voici ce que l'on pouvait lire dans la presse : « Cette année, Dany Boon a touché 3,5 millions pour la comédie Eyjafjallajökull (Le Volcan) sur un budget de 20 millions d'euros. Avec moins de 2 millions de spectateurs, TF1 et Canal + ne reverront pas les 11 millions d'euros investis dans le film. 67(*)» On estime que sur 200 films longs métrages sortis en 2013, seuls 20 étaient rentables, c'est-à-dire 10 % et aucun film ayant dépassé un budget de 10 millions€ ne rentrait dans ses frais. Par contre, un film comme « La vie d'Adèle », produit par son réalisateur et France 2 sans aucune subvention de l'Etat, a coûté 4 millions€, a été vu par environ 1.000.000 de spectateurs, soit une rentabilité de 219 %. Par le système des subventions et des Sofica, l'Etat participe au financement du secteur et permet à des plus petits réalisateurs, à des petites ou moyennes sociétés de production de récolter des fonds pour un cinéma de petit et moyen budget qui n'intéresse pas les gros investisseurs. Il faut noter que depuis plusieurs années, l'Etat plafonne les Sofica à plus ou moins 60 millions€ par an afin de limiter ses dépenses. Le CNC étudie des pistes de réforme pour lui permettre de financer d'avantage de films et peut-être d'augmenter les montants à investir par film. 5.CONCLUSION GENERALE Le sujet de ce mémoire était de mettre face à face deux moyens de financement du secteur cinématographique et audiovisuel que sont le Tax Shelter en Fédération Wallonie-Bruxelles et les Sofica en France. La législation en matière de Tax Shelter ayant été considérablement modifiée à partir de la nouvelle loi entrée en vigueur le 1er janvier 2015, il était intéressant d'étudier ces nouvelles dispositions au niveau juridique, financier, économique et surtout au niveau des nouvelles dispositions fiscales concernant l'investisseur. Les Sofica ont vu leur législation évoluer depuis leurs 30 ans d'existence mais moins que le Tax Shelter belge. On peut dire que le Tax Shelter d'avant 2015 ressemblait plus aux Sofica actuelles par l'aspect risque encouru par l'investisseur (prêt fait à la société de production et plus-value réalisée sur la vente des droits aux bénéfices futurs de l'oeuvre). Le nouveau Tax Shelter offre beaucoup plus de sécurité que les Sofica mais avec comme avantage fiscal un rendement de 5,37 % net du montant investi et une prime complémentaire de 4,65 % net, soit au total 10,02 %. Pour les Sofica, le taux de réduction d'impôt peut aller de 30 à 36 % avec un rendement variable selon le type de Sofica (adossement ou non et succès du film). Les fonds récoltés par le Tax Shelter atteignent 200 millions€ par an tandis que les Sofica permettent de récolter environ 60 millions€ par an. Elles représentent donc proportionnellement une part beaucoup moins importante dans le financement du cinéma que les montants récoltés par le Tax Shelter. En Belgique, ce sont les sociétés qui sont éligibles au Tax Shelter tandis qu'en France, les Sofica s'adressent principalement aux particuliers. Au départ de ces financements, il y a toujours l'Etat qui fixe les conditions d'éligibilité, les agréments, les limites des montants à investir, les limites des avantages fiscaux afin de pouvoir contrôler les différents acteurs du système et d'éviter les dérives possibles. La nouvelle législation en matière de Tax Shelter est beaucoup plus stricte et précise quant aux règles à respecter en comparaison avec la législation française en matière de Sofica. Le Tax Shelter est garanti par certaines assurances tandis que pour les Sofica, les assurances ne garantissent que certains investissements. En conclusion, nous pouvons affirmer que chacun de ces deux systèmes fait appel aux particularités nationales de son secteur du cinéma et de l'audiovisuel et, sous le contrôle du législateur et l'aide de l'Etat, essaie d'augmenter la récolte des fonds venant du secteur privé en offrant des avantages fiscaux intéressants et attractifs en vue de développer un secteur culturel dont la rentabilité n'est pas toujours assurée. * 54 Au fait, comment on finance un film ? in Rue 89, Le Nouvel Observateur du 12 janvier 2013 * 55 http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000693456 * 56 Centre National du
Cinéma et de l'Image Animée, Bilan 2014 des Sofica, 2015, adresse
URL : * 57 http://www.nos-sofica.fr/pdf/prospectus/731.pdf * 58 http://www.nos-sofica.fr/sofica/cinemage.php * 59 http://www.francetransactions.com/bourse-sicav/sofica/CINEVENTURE.html * 60 Manon 6, Prospectus, Constitution avec Offre au Public, 8/10/2014, p.18-22 * 61 Article 158 du Code Général des Impôts, 5° * 62 Article L 136-7 du Code de la Sécurité sociale * 63 Article 200-0-A du Code Général des Impôts * 64 Article 1er de la loi n° 85-605 du 11 juillet 1985 * 65 Centre National du
Cinéma et de l'Image Animée, Bilan 2014 des Sofica, 2015, adresse
URL : * 66 Anonyme, Les Principes des Sofica, 2015, adresse URL : http:/www.nos-sofica.fr/principes.php * 67 S. LEGRAS,
Cinéma français : 90 % des films ne sont pas rentables, in
Le Figaro, 08/01/2014, adresse URL : |
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