§6.1. Les circuits
informels de l'épargne et du crédit
Le secteur financier informel peut être défini
comme l'ensemble des opérations financières légales ou
illégales qui ne sont pas réalisé pas
réalisés dans le cadre règlementaire officielle. Au sens
large, il recouvre en Afrique deux phénomènes :
- Une utilisation relativement faible de la monnaie par
rapport à l'ensemble des actifs. Une grande partie des opérations
économiques n'est pas monétarisée (production
autoconsommée, autofinancement des investissements). Une partie
importante des placements se fait sous forme d'actifs matériels :
des terrains, des bétails, des bijoux, etc.
- D'une grande diversité d'opérations
financières. Certaines se déroulent dans le cadre des structures
collectives et mutualistes (tontines, coopératives d'épargnes et
de crédit) ; d'autres sont effectués par des agents
spécialisés ou comme une activité dérivé
(notamment en ce qui concerne les commerçants pour le crédit
à la consommation ou l'achat des récoltes sur pieds).
§6.2. Le domaine de la
finance informelle
Si l'on met de côté les grandes monnaies, les
prêteurs ambulants et certaines opérations conçues comme
des simples outils ponctuels connexes à des programmes de
développement villageois qui mobilisent l'épargne - en nature ou
en main d'oeuvre - pour de petites informelles, on peut regrouper les formules
informelles d'épargne crédit selon trois types
d'organisations :
1. Les groupes d'épargne crédit
fondé sur une solidarité financière communautaire.
Ce qui domine dans ce cas, c'est une logique sécuritaire et
distributive au niveau du groupe, d'appartenance familiale ou technique au sein
duquel chaque membre a des droits et des obligations.
2. Les tontines ou les relations se nouent
sur une base volontaire et contractuelle. Les tontines à crédit
rotatif offre une méthode efficace pour attirer la petite épargne
et octroie des prêts de faible montant au ménage ruraux et urbains
souvent pour des besoins de consommation.
3. Les banques privées non officielles.
Elles répondent quant à elle à des logiques
marchandes et non communautaires. Il peut s'agir des structures relativement
élaborées telles les groupements mutualisées ou
coopératifs ou encore des caisses populaires (Cas du Cameroun et du
Burundi) ou les banques populaires (Cas du Rwanda).
§6.3. Coûts et
avantages du dualisme financier
Deux thèses s'opposent sur la question de savoir s'il
faut mettre en oeuvre une stratégie de réduction du dualisme
financier au bénéfice des circuits modernes :
- Celle qui considère que le secteur informel rend des
services appropriés dans les zones éloignés à des
segments de la population ou à des activités économiques
qui ne peuvent pas avoir accès aux circuits bancaires ;
- Celle qui soutient que le dualisme financier comporte des
surcoûts considérables et des pertes en termes d'efficacité
et d'organisation qui sont supportées par une partie de la
population ?
Les arguments de part et d'autre peuvent être repris autour
de quatre préoccupations.
1. Sur la mobilisation de l'épargne
Les coûts de gestion et d'intermédiation
financière dans le secteur informel sont faibles ; il offre en
outre des facilités qui incitent les épargnants à
accumuler des petites sommes qui autrement auraient été
dépensées à des fins de consommation ou
thésaurisée. En fin, les secteurs informels échappent au
problème de crédit non remboursé qui minent le secteur
officiel, en raison des liens essentiellement sociaux et personnels qui
caractérise les transactions financières dans ce secteur.
Mais le secteur informel est davantage orienté vers le
crédit (à la consommation le plus souvent) que vers la collecte
de l'épargne : dans la mesure où les opérateurs
prêtent dans les transactions informelles leurs propres fonds, on peut
difficilement affirmer quelle confirmer qu'elle contribue à la
création de l'épargne.
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