2. L'après-guerre : synonyme de nouvelles
tendances
Le secteur de la musique connait à cette période
deux nouveaux phénomènes : l'invention du microsillon en 1948 et
l'essor du rock'n'roll, qui vont à eux deux relancer les ventes de
disques, auparavant en baisse, et remettre en question l'organisation
même du secteur.
Le premier disque microsillon connu sous le nom de « 33
tours » et de façon plus populaire comme LP (Long Playing record),
associe un temps d'écoute six fois supérieur à celui de
son prédécesseur et une qualité d'enregistrement
supérieure. Le LP proposé par CBS voit arrivé
6 BOURREAU, LABARTHE-PIOL, Marc et Benjamin, «
Le peer to peer et la crise de l'industrie », in Réseaux
n°125, 2004.
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un nouveau rival nommé « 45 tours »,
proposé par RCA seulement un an après : ceci marque une nouvelle
guerre des standards. En conséquence de ces changements de supports
répétés, les professionnels du secteur sèment la
confusion chez le consommateur qui en découle une chute des ventes de
disques. Afin de faire face à ce phénomène, CBS offre une
licence de son brevet aux entreprises américaines d'après-guerre
ce qui contraint RCA de produire elle aussi des 33 tours : ce format devient la
référence des grands artistes tandis que son concurrent est
plutôt destiné à la musique de variété.
Le rock'n'roll contribue aussi à l'augmentation des
ventes de disques. En effet, plusieurs facteurs favorisent cette tendance :
l'introduction de la bande magnétique dans les studios qui baisse les
coûts d'enregistrement, et le format 45 tours qui baisse les coûts
de production et de distribution, favorisant la création musicale et
donc l'émergence d'artistes.
Dans cette même période, les majors
privilégient d'autres genres de musique plus connus et négligent
à titre d'exemple le blues. C'est alors que de nouveaux acteurs entrant
sur le marché vont se concentrer sur ces musiques de niche. Très
vite, la réputation de ces petits labels s'articule autour de leur
capacité à détecter les nouvelles tendances musicales
auprès des jeunes consommateurs. Les radios locales et ces labels
entretiennent alors de forts liens car d'une part, les radios sont avides de
découvertes musicales portées par leurs auditeurs et d'autre
part, les labels y voient l'opportunité de faire connaître leurs
artistes auprès d'un public.
Le retard des majors sur le marché provoque une
restructuration de l'industrie musicale car leur part de marché
s'effondre en passant de 75% en 1955 à 34% en 19597. Ainsi
E.M.I arrive sur le marché Outre-Atlantique et rachète Capitol
Records puis Philips. CBS, Capital et R.C.A seulement arrivent à
conserver leur place en concentrant 12% du marché. Ainsi, les labels
indépendants ont éparpillé le marché et
déconcentré les pouvoirs.
L'année 1960 marque l'entrée de Warner,
entreprise s'exportant du cinéma avec Warner Bros. La stratégie
de ce nouvel entrant est d'intégrer des labels indépendants
à sa structure afin d'exploiter leur don de dénicher de nouvelles
tendances, tout en conservant ses grandes lignes de fonctionnement en termes de
promotion et de logistique. Cette stratégie est un
7 BOURREAU, LABARTHE-PIOL, Marc et Benjamin, «
Le peer to peer et la crise de l'industrie », in Réseaux
n°125, 2004.
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succès et d'autres majors calquent le système.
Les indépendants confient la distribution de leurs enregistrements aux
majors, ce qui entraine la disparition des distributeurs indépendants.
En 1970 l'industrie musicale est contrôlée par six majors : CBS,
Warner, RCA, EMI, Polygram et MCA. L'industrie de la musique a connu une forte
évolution entre 1950 et 1960 avec une progression des ventes chaque
année de 10% à 20% ainsi, la production de disques est
passée de 250 millions en 1946 à 600 millions en
19638.
Le succès de cette décennie est accentué
par l'arrivée du magnétophone et de la cassette audio
créée par Philips, qui offrent au foyer une nouvelle façon
de consommer la musique : en toute mobilité. Selon l'IFPI, entre 1973 et
1978 le chiffre d'affaires mondial passe de 4,75 milliards de dollars à
7 milliards. La conséquence de cette explosion des ventes est le
renforcement de la promotion, du budget marketing et la croissance du nombre
d'artistes produits dans le but d'obtenir des « hits ». Cependant, en
1979 l'industrie affronte une nouvelle chute des ventes expliquée
notamment par le manque de nouveaux artistes, suite à la période
disco et l'arrivée de nouveaux loisirs tels que les jeux vidéo.
De plus, les professionnels accusent en partie l'évolution du support
cassette qui offre la possibilité d'enregistrer soi-même.
Dès 1983 l'arrivée du Compact Disc de Philips
relance l'économie de la musique car ce nouveau format renforce la
mobilité du produit au travers son utilisation, grâce au Walkman
de Sony, et à la qualité d'écoute. Ce nouveau produit est
accompagné par l'apparition des premières chaînes de
diffusion musicale.
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