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Les couts de recherche et de developpement des hydrocarbures: prise en compte, amortissement et evaluation

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par Naceur Yaiche
IHEC, Tunis, Tunisie - Diplôme national d'expertise comptable 2004
  

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Section 1. COUTS ATTRIBUABLES A DES RESERVES COMMERCIALES

Les coûts concernés sont les coûts portés à l'actif et ayant été inclus parmi les coûts amortissables d'un centre de coûts productif particulier. La taille d'un centre de coûts peut varier en fonction de la politique comptable de l'entreprise ainsi que de la méthode comptable adoptée, à savoir la méthode du coût complet ou la méthode des efforts réussis.

Les coûts considérés comme relatifs à des réserves identifiables incluent:

- les coûts d'acquisition ;

- les coûts d'exploration, y compris ceux de prospection et d'évaluation ;

- les coûts de développement ; et

- les coûts d'abandon et de remise en état du site lorsqu'ils sont inscrits à l'actif.

1.1. Indicateurs de dépréciation

Aux termes de l'IAS 36, un actif est considéré comme déprécié lorsque sa valeur comptable est supérieure à sa valeur recouvrable. La valeur recouvrable est déterminée conformément aux paragraphes 15 à 56 de la même norme.

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Mise en Application de l'IAS 36 dans le Cadre des Activités de Recherche et de Développement des Hydrocarbures

Pour soupçonner un actif d'avoir perdu de la valeur, une entreprise doit avoir identifié des indices laissant penser qu'une perte de valeur pourrait être intervenue. Pour ce faire, l'IAS 36, §8, stipule qu'une entreprise doit apprécier à chaque date de clôture s'il existe un quelconque indice montrant qu'un actif a pu perdre de la valeur. S'il existe un tel indice, l'entreprise doit estimer la valeur recouvrable de l'actif en question. Dans le cas contraire, cette norme précise qu'elle n'impose pas une telle démarche.

Pour apprécier si un actif a pu perdre de la valeur, l'IAS 36, §9, a identifié un certain nombre d'indices qu'une entreprise doit au minimum considérer. Il s'agit des indices suivants:

(b) durant l'exercice, la valeur de marché d'un actif a diminué de façon plus importante que du seul effet attendu du passage du temps ou de l'utilisation normale de l'actif;

(c) des changements importants, ayant un effet négatif sur l'entreprise, sont survenus au cours de l'exercice ou surviendront dans un proche avenir, dans l'environnement technologique, économique ou juridique ou du marché dans lequel l'entreprise opère ou dans le marché auquel l'actif est dévolu;

(d) les taux d'intérêt du marché ou autres taux de rendement du marché ont augmenté durant l'exercice et il est probable que ces augmentations affectent le taux d'actualisation utilisé dans le calcul de la valeur d'utilité d'un actif et diminuent de façon significative la valeur recouvrable de l'actif;

(e) la valeur comptable de l'actif net de l'entreprise présentant les états financiers est supérieure à sa capitalisation boursière;

(f) il existe un indice d'obsolescence ou de dégradation physique d'un actif;

(g) des changements importants, ayant un effet négatif sur l'entreprise, sont survenus au cours de l'exercice ou sont susceptibles de survenir dans un proche avenir, dans le degré ou le mode d'utilisation d'un actif tel qu'il est utilisé ou qu'on s'attend à l'utiliser. Ces changements incluent des plans d'abandon ou de restructuration du

Mise en Application de l'IAS 36 dans le Cadre des Activités de Recherche et de Développement des Hydrocarbures

secteur d'activité auquel un actif appartient ou des plans de sortie d'un actif avant la date prévue auparavant; et

(h) des indications provenant du système d'information interne montrent que la performance économique d'un actif est ou sera moins bonne que celle attendue.

Il est à préciser que cette liste n'est pas exhaustive et qu'une entreprise peut identifier d'autres indices qu'un actif a pu perdre de la valeur. L'appréciation des ces indicateurs doit être faite en fonction du secteur d'activité de l'entreprise et de ses spécificités. A ce titre, l'IASC précise dans son étude, Extractive Industries Issues Paper, que dans l'industrie pétrolière, les pertes de valeur potentielles peuvent résulter essentiellement:

(a) d'une baisse importante des prix de vente du pétrole ou du gaz naturel ou d'une augmentation inattendue des coûts de production;

(b) d'actions gouvernementales adoptant une réglementation environnementale plus rigoureuse ou imposant un contrôle des prix de vente ou des restrictions sur l'exportation de la production;

(c) d'une baisse inattendue de la production;

(d) de la capitalisation d'importants coûts de pré-production relatifs à des activités de recherche non fructueuses;

(e) d'une révision à la baisse des réserves commercialement récupérables;

(f) d'une révision à la hausse de la période durant laquelle les réserves sont anticipées à être récupérées;

(g) lorsque la valeur comptable nette des actifs excède la valeur de marché de l'entreprise; ou

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(h) d'une hausse des taux d'intérêts.

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Lorsque des indices de perte de valeur ont été identifiés, l'IAS 36 requiert qu'une estimation formalisée de la valeur recouvrable de l'actif en question soit faite. La valeur recouvrable et définie comme étant la valeur la plus élevée entre le prix de vente de l'actif et sa valeur d'utilité.

1.2. Groupement de plusieurs actifs

Dans l'industrie pétrolière, la détermination de la valeur recouvrable d'un actif isolé, tel qu'un puits, une plateforme ou encore une tête de puits, peut s'avérer très délicate. En effet, chaque immobilisation utilisée dans un champ productif est liée et est interdépendante des autres actifs ou installations pour générer des flux de trésorerie. Par conséquent, il est souvent impossible de déterminer les cash-flows nets générés par tout actif pris individuellement. En outre, les coûts d'exploration portés à l'actif sous la méthode du coût complet sont souvent considérés comme des non-valeurs dont le prix de vente se rapproche de zéro.

L'IAS 36, §66, précise que "la valeur recouvrable d'un actif pris individuellement ne peut être déterminée :

(a) si la valeur d'utilité de l'actif ne peut être estimée comme étant proche de son prix de vente net (par exemple, lorsque les flux de trésorerie futurs générés par l'utilisation continue de l'actif ne peuvent être estimés comme négligeables);

(b) si l'actif ne génère pas des entrées de trésorerie, par son utilisation continue, qui soient largement indépendantes des entrées de trésorerie d'autres actifs..."

Dans pareil cas, une entreprise doit déterminer la valeur recouvrable de l'unité génératrice de trésorerie à laquelle l'actif appartient86. Une unité génératrice de trésorerie d'un actif est définie comme étant87:

"...le plus petit groupe d'actifs qui inclut l'actif et dont l'utilisation continue génère des entrées de trésorerie qui sont largement indépendantes des entrées de trésorerie générées par d'autres actifs ou groupes d'actifs. L'identification de

86 IAS 36, §65.

87 IAS 36, §67.

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Mise en Application de l'IAS 36 dans le Cadre des Activités de Recherche et de Développement des Hydrocarbures

l'unité génératrice de trésorerie d'un actif implique une part de jugement. Si la valeur recouvrable ne peut pas être déterminée pour un actif pris individuellement, une entreprise identifie le plus petit regroupement d'actifs qui, par son utilisation continue, génère des entrées de trésorerie largement indépendantes."

Dans le cas d'une entreprise d'exploration - production pétrolière, la détermination de l'unité génératrice de trésorerie pose, là encore, certaines difficultés. Ainsi, doit-on considérer chaque champ, chaque propriété, chaque réservoir ou chaque puits productif comme une unité indépendante génératrice d'entrées de trésorerie? La réponse à cette question est différente selon qu'il s'agisse de la méthode des efforts réussis ou de la méthode du coût complet.

a. Sous la méthode des efforts réussis

Généralement, l'exploitation d'une même structure géologique représentant des caractéristiques stratigraphiques homogènes implique l'utilisation d'installations de production et de traitement commun à l'ensemble du champ productif. Par exemple, la production des différents puits, issus de plusieurs propriétés adjacentes, est souvent traitée avec les mêmes séparateurs et rassemblée dans les mêmes bacs de stockage. De même, la gestion interne des différentes activités d'exploitation au sein d'une même entreprise pétrolière est, dans la plupart des cas, basée sur la notion de champ.

Par conséquent, sous la méthode des efforts réussis, le choix du champ comme l'unité la plus petite dont les entrées de trésorerie sont indépendantes nous semble le plus cohérent avec les dispositions de l'IAS 36. Un champ est défini comme étant une zone renfermant un ou plusieurs réservoirs, tous regroupés dans une même structure géologique. Il peut être constitué d'une ou plusieurs propriétés minières détenues par l'entreprise.

Toutefois, dans le cas où une certaine indépendance existe entre les différentes propriétés minières d'un même champ, ce qui est possible techniquement, certaines entreprises pétrolières préfèrent utiliser la propriété minière comme unité indépendante génératrice de trésorerie.

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Dans ce sens, sur les 30 entreprises utilisant la méthode des efforts réussis et ayant répondu à l'enquête menée par PricewaterhouseCoopers en 1999, 16 entreprises affirment utiliser le champ comme unité génératrice d'entrées de trésorerie indépendante, 8 utilisent le puits et 4 considèrent chaque propriété minière séparément.

A ce titre, il est à noter que l'application de l'IAS 36 à chaque puits productif pris individuellement représente plusieurs difficultés comptables d'ordre organisationnel. En effet, la détermination de la valeur recouvrable d'un puits nécessiterait la tenue d'informations détaillées sur les coûts de forage et de complétion de chaque puits et surtout une répartition de certains coûts de développement, tels que les coûts de construction d'une plateforme, les coûts des installations de traitement et les coûts des installations de stockage, entre les différents puits productifs. Une telle charge de travail est souvent dissuasive.

b. Sous la méthode du coût complet

Sous la méthode du coût complet, le choix du champ comme unité génératrice de trésorerie semble poser plusieurs difficultés. En effet, sous cette méthode les coûts d'exploration et d'évaluation non fructueux sont généralement immobilisés comme partie du coût d'un même centre de coûts. Le centre de coûts peut être aussi large qu'un pays ou un ensemble de pays.

Dans pareil cas, l'estimation de la valeur recouvrable d'une unité génératrice de trésorerie plus petite que le centre de coûts et souvent très difficile, voire impossible. Par exemple, la détermination séparée de la valeur nette comptable d'un champ ou d'une propriété minière suppose la répartition des coûts d'exploration et d'évaluation portés à l'actif entre les différentes propriétés minières ou champs qui constituent le centre de coûts. Une telle répartition ne peut être qu'arbitraire puisque certains coûts d'exploration sont d'ordre général et ne sont pas spécifiques à une propriété ou à un champ particulier.

En outre, même si les coûts d'exploration d'un centre de coûts particulier peuvent être répartis entre les différentes propriétés ou champs du même centre de coûts, la détermination de la valeur nette comptable d'un champ ou d'une propriété minière suppose la répartition de l'amortissement cumulé des coûts d'exploration capitalisés entre les différents champs ou propriétés minières en question. Là encore, une telle répartition ne peut être qu'arbitraire et constituerait une distorsion de point de vue comptable puisque la charge d'amortissement

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Mise en Application de l'IAS 36 dans le Cadre des Activités de Recherche et de Développement des Hydrocarbures

aurait été différente si l'amortissement était calculé dès le départ séparément pour chaque propriété minière ou chaque champ productif.

Par ailleurs, l'appréciation de la dépréciation sur la base d'une unité génératrice de trésorerie plus petite que le centre de coûts utilisé pour accumuler et amortir les coûts d'exploration et de développement des réserves minérales en place, constitue une entrave à l'esprit même et au principe de base de la méthode du coût complet. Ce dernier considère que tous les coûts encourus dans un même centre de coûts sont relatifs à l'ensemble des réserves mises en évidence.

Pour les raisons exposées ci-dessus, plusieurs auteurs pensent que l'unité génératrice de trésorerie doit correspondre au centre de coûts utilisé pour accumuler et amortir les différents coûts de recherche et de développement encourus. Au Royaume-Uni, le SORP, Accounting for Oil and Gas Exploration, Development, Production and Decommissioning Activities, fournit des recommandations séparées pour l'appréciation et la comptabilisation de la dépréciation pour les entreprises utilisant la méthode du coût complet et celles adoptant la méthode des efforts réussis.

Le §77 du SORP susvisé précise que, sous la méthode du coût complet, chaque centre de coûts doit être considéré comme une unité génératrice de trésorerie distincte pour l'application du "ceiling test".

Par contre, sous la méthode des efforts réussis, le même SORP recommande que le test de dépréciation soit effectué par champ, puisque le champ est le centre de coûts recommandé pour les entreprises utilisant la méthode des efforts réussis. Néanmoins, dans le cas où plusieurs champs utilisent des installations de production et de transport communes, ces champs peuvent être considérés comme économiquement interdépendants et constituer une seule unité génératrice de trésorerie. Dans pareil cas la dépréciation doit être estimée sur la base d'une agrégation desdits champs.

1.3. Détermination de la valeur recouvrable

L'IAS 36, §5, définit la valeur recouvrable d'un actif comme étant la valeur la plus élevée entre le prix de vente net de cet actif et sa valeur d'utilité.

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Mise en Application de l'IAS 36 dans le Cadre des Activités de Recherche et de Développement des Hydrocarbures

Le prix de vente net est définit comme étant le montant qui peut être obtenu de la vente d'un actif lors d'une transaction dans des conditions de concurrence normale entre des parties bien informées et consentantes, moins les coûts de sortie. Les paragraphes 21 et 22 de l'IAS 36 précisent que "la meilleure indication du prix de vente net d'un actif est un prix figurant dans un accord de vente irrévocable signé à l'occasion d'une transaction dans des conditions de concurrence normale, ajusté pour prendre en compte les coûts marginaux directement attribuables à la sortie de l'actif".

Si un tel accord n'existe pas mais l'actif est négocié sur un marché actif, le prix de vente net serait le prix de marché moins les coûts de sortie.

Dans l'industrie pétrolière, il n'existe pas de marché actif pour la négociation des propriétés minières. Dans pareil cas, le paragraphe 23 de l'IAS 36 recommande que le prix de vente net soit "estimé à partir de la meilleure information disponible qui refléterait le montant, net des coûts de sortie, qu'une entreprise pourrait obtenir à la date de clôture pour la sortie de l'actif lors d'une transaction dans des conditions de concurrence normale entre des parties bien informées et consentantes". Pour déterminer ce montant, le même paragraphe précise que l'entreprise doit "considérer le résultat de transactions récentes portant sur des actifs similaires dans le même secteur d'activité".

Là encore, l'application de cette règle pour déterminer le prix de vente d'une propriété minière n'est pas sans difficulté. En effet, pour qu'une propriété minière puisse être prise comme base d'estimation, elle doit avoir été vendue récemment, à 90 jours par exemple, et doit présenter les mêmes caractéristiques géographiques et techniques pour être qualifiée de similaire. En effet, la valeur d'une propriété minière dépend:

- des quantités de réserves mises en évidence, alors que de telles quantités ne sont généralement pas publiées lors des transactions de ventes;

- de la structure géologiques et des caractéristiques techniques du réservoir (pression, porosité, viscosité, température, taux de récupération ...etc.), des caractéristiques qui ne sont pas nécessairement semblables pour des propriétés minières distinctes;

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- de la qualité du brut extrait et de sa composition, deux éléments qui affecte significativement son prix de vente;

- de l'importance des travaux de développement déjà effectués (nombre des puits productifs, système de récupération améliorée ...etc.) qui affectent directement la rapidité de l'extraction des réserves en place;

- des coûts de production qui peuvent varier sensiblement en fonction de l'emplacement géographique du gisement.

Par conséquent, l'utilisation du prix de vente d'une propriété minière vendue récemment constitue rarement une base logique d'estimation de la valeur recouvrable d'une autre propriété minière.

Par contre, la valeur d'une propriété minière dépend étroitement des cash-flows futurs qu'elle génèrera. Pour cette raison, la valeur d'une propriété productive est généralement basée sur sa valeur d'utilité. Cette dernière est définie par l'IAS 36, §5, comme étant "la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs estimés attendus de l'utilisation continue d'un actif et de sa sortie à la fin de sa durée d'utilité". L'estimation de cette valeur inclut:

(a) l'estimation des entrées et sorties de trésorerie futures générées par l'utilisation continue de l'actif et par sa sortie finale; et

(b) l'application du taux d'actualisation approprié à ces flux de trésorerie futurs.

Dans l'industrie pétrolière, l'estimation de la valeur d'utilité d'une unité génératrice de trésorerie, telle qu'une propriété minière, un champ productif ou un centre de coûts productif, implique logiquement la détermination des trois variables suivantes:

- la détermination des catégories de réserves base d'estimation des flux de trésorerie futurs;

- l'estimation des conditions d'exploitation futures (coûts et prix de vente); ainsi que - le choix du taux d'actualisation approprié.

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a. Réserves à considérer

L'estimation des cash-flows futurs est nécessairement basée sur les quantités de réserves commercialement récupérables à partir de l'unité génératrice de trésorerie choisie (centre de coûts, propriété minière, champ productif ...etc.). La question qui se pose est de savoir quelle catégorie de réserves faudra-il utiliser pour effectuer une telle estimation.

A ce propos, l'IAS 36, §27 al. (a), stipule que:

"les projections de flux de trésorerie doivent être fondées sur des hypothèses raisonnables et documentées représentant la meilleure estimation par la direction de l'ensemble des conditions économiques qui existeront pendant la durée d'utilité restant à courir de l'actif".

Ces dispositions nous amènent à conclure que, pour le calcul de la valeur recouvrable dans le cadre de l'application de l'IAS 36, les cash-flows futurs doivent être déterminés :

(i) soit sur la base des réserves prouvées uniquement;

(ii) soit sur la base des réserves prouvées et une partie des réserves probables. Les réserves possibles sont généralement considérées comme trop aléatoires pour être prises en considération.

La prise en compte d'une partie des réserves probables pour la détermination de la valeur recouvrable est justifiée par la pratique internationale dans l'industrie pétrolière. En effet, ces réserves sont généralement prises en compte pour la détermination de la valeur de toute propriété minière lors des transactions de vente. La partie à prendre en considération dépend, à notre avis, du jugement professionnel de la direction de l'entreprise ainsi que de l'importance desdites réserves.

b. Conditions futures d'exploitation

Aux termes de l'IAS 36, §27 al. (a), mentionné plus haut, l'estimation de la valeur recouvrable d'un actif doit être faites sur la base des prix de vente et des coûts qui existeront pendant la

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durée d'utilité restant à courir de l'actif concerné88. A ce propos, il est à noter que, dans l'industrie pétrolière, les prix de vente futurs du pétrole et du gaz naturel sont volatiles et sont souvent difficiles à estimer sur une période très longue. En outre, l'alinéa (b) du paragraphe 27 de l'IAS 36 précise que:

"les projections de flux de trésorerie doivent être fondées sur les budgets/prévisions financiers les plus récents approuvés par la direction. Les projections établies sur la base de ces budgets/prévisions doivent couvrir une période d'une durée maximum de cinq ans... ".

Encore une fois, l'application de cette règle à l'industrie pétrolière n'est pas sans difficulté puisque la plupart des actifs utilisés possèdent une durée de vie supérieure à cinq années. Ceci est dû au fait que les réserves minérales mises en évidence sont généralement produites sur une période beaucoup plus longue. A ce propos, le §28 de l'IAS 36 accorde une dérogation et stipule que:

"La direction peut utiliser des projections de flux de trésorerie fondées sur des budgets/prévisions sur une période supérieure à cinq ans si elle a confiance dans la fiabilité de ces projections et si elle peut, sur la base de son expérience passée, démontrer sa capacité à prévoir les flux de trésorerie avec précision sur cette période plus longue".

A cause de la durée de vie relativement longue des actifs concernés ainsi que la volatilité des prix de vente du pétrole et du gaz naturel, certains auteurs pensent que l'utilisation des prix et des coûts futurs ne peut être appropriée. Au lieu, ils suggèrent d'utiliser les prix et les coûts en vigueur au moment de l'estimation pour déterminer la valeur d'utilité de tout actif ou ensemble d'actifs.

A notre avis, cette position est en contradiction avec les dispositions de l'IAS 36, §46 al.(b), qui précisent que les prix doivent être ajustés pour tenir compte à la fois de l'effet des augmentations de prix futures dues à l'inflation générale et des augmentations ou diminutions

88 IAS 36, §27 al. (a), "les projections de flux de trésorerie doivent être fondées sur des hypothèses raisonnables et documentées représentant la meilleure estimation par la direction de l'ensemble des conditions économiques qui existeront pendant la durée d'utilité restant à courir de l'actif"

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de prix spécifiques futures. Au Royaume-Uni, cette position a été retenue par le SORP, Accounting for oil and gas exploration, development, production and decommissioning activities, qui exclue explicitement l'utilisation des prix et coûts actuels pour l'estimation de la valeur recouvrable89.

Par ailleurs, il est à noter que si l'ensemble des réserves prouvées est utilisé pour l'estimation des revenus futurs, tous les coûts futurs de développement des réserves prouvées considérées comme non encore développées doivent être inclus dans le calcul du cash-flow net. De même, si les réserves probables sont utilisées, l'estimation des sorties de trésorerie doit prendre en considération l'ensemble des coûts futurs d'exploration et de développement de ces réserves. Dans ce sens, l'IAS 36, §35, stipule clairement que:

Lorsque la valeur comptable d'un actif ne comprend pas encore toutes les sorties de trésorerie à encourir avant qu'il ne soit prêt à être utilisé ou vendu, l'estimation des sorties de trésorerie futures comprend une estimation des sorties de trésorerie ultérieures que l'on s'attend à encourir avant que l'actif ne soit prêt à être utilisé ou vendu. Tel est le cas, par exemple, pour un immeuble en construction ou pour un projet de développement non encore achevé.

Toutefois, le § 36, al. (b) précise que, afin d'éviter de les compter en double, les estimations de flux de trésorerie doivent exclure les sorties de trésorerie liées à des obligations qui ont déjà été comptabilisées en tant que passifs. Tel est le cas, à notre avis, des coûts futurs de démantèlement et de remise en état des lieux, lorsqu'ils ont fait l'objet d'une provision.

Enfin, il est à préciser que le §43 de l'IAS 36 stipule que les estimations des flux de trésorerie futurs ne doivent pas inclure:

(a) les entrées ou sorties de trésorerie provenant des activités de financement; ou

(b) les entrées ou sorties de trésorerie liées à l'impôt sur le résultat.

89 SORP, §78, "prices and cost levels used should be those expected to apply in future periods rather than those ruling at the date the ceiling test is applied ..."

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c. Taux d'actualisation

Aux termes du §48 de l'IAS 36, le taux d'actualisation doit être un taux avant impôt reflétant les appréciations actuelles par le marché de la valeur temps de l'argent et des risques spécifiques à l'actif. Le taux d'actualisation ne doit pas refléter les risques pour lesquels les estimations de flux de trésorerie futurs ont été ajustées.

Au sens de l'IAS 36, un taux reflétant les appréciations actuelles du marché de la valeur temps de l'argent et des risques spécifiques à l'actif est le taux de rendement que des investisseurs demanderaient s'ils avaient à choisir un placement qui générerait des flux de trésorerie dont le montant, l'échéance et le profil de risques seraient équivalents à ceux que l'entreprise s'attend à obtenir de l'actif. Ce taux est estimé à partir du taux implicite dans des transactions actuelles du marché pour des actifs similaires ou à partir du coût moyen pondéré du capital d'une entreprise cotée qui détient un actif unique (ou un portefeuille d'actifs) similaire(s) en termes de potentiel de service et de risques, à l'actif examiné.

L'IAS 36 n'a pas fourni, cependant, des précisions quant à la signification des termes "taux avant impôt" et "cash-flows avant impôt". Habituellement, le terme "avant impôt" signifie "avant impôt sur le résultat". Dans le cadre des activités extractives d'hydrocarbures, ce concept peut prêter à confusion. Par exemple, certains pays imposent des taxes ayant des caractéristiques similaires à l'impôt sur le résultat puisqu'elles sont calculées sur la base d'une marge (un bénéfice) déterminée par déduction de certaines charges spécifiques uniquement. Dans pareil cas, est ce que le taux avant impôt est un taux avant ou après déduction de telles taxes?

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus