Section 3. L'AMORTISSEMENT SELON L'UNITE DE
PRODUCTION
Dans l'industrie pétrolière, l'amortissement
selon l'unité de production constitue le mode le plus répandu
à travers le monde. Ce mode a été adoptée par la
plupart des organismes de réglementation comptable tels que la SEC aux
Etats-Unis et l'ASB au Royaume-Uni.
La méthode de l'amortissement selon l'unité de
production fera l'objet de la présente section à travers une
présentation de son principe de base ainsi que de ses avantages et
inconvénients.
3.1. Présentation
L'amortissement selon l'unité de production est un
amortissement variable défini par la NC 05 comme étant un
amortissement "basé sur la production par référence
à l'emploi du bien, qui conduit à une charge proportionnelle
à l'utilisation du bien".
Ainsi définie, cette méthode d'amortissement
consiste à répartir d'une manière systématique les
coûts de recherche et de développement portés à
l'actif en fonction de l'épuisement des réserves minérales
détenues par l'entreprise. Cette répartition est faite de telle
sorte qu'une même charge d'amortissement est allouée à
chaque unité produite.
La détermination de la charge d'amortissement d'une
période donnée peut s'effectuer selon la formule suivante:
Charge d'amortissement de Montant Amortissable
=
la période Réserves en début de
période
Production de la période
x
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En pratique, la mise en application de cette formule appelle
de notre part les précisions suivantes relatives à la
détermination du montant amortissable et à l'identification des
réserves en place en début de période.
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Les Méthodes d'Amortissement des Coûts de
Recherche et de Développement Portés à l'Actif
Montant amortissable
Dans l'industrie pétrolière, le montant
amortissable utilisé pour l'application de la méthode de
l'amortissement selon l'unité de production est
généralement différent du montant amortissable tel que
défini par la NC 05. En effet, ce dernier est normalement diminué
de tout amortissement cumulé et de toute réduction de valeur
comptabilisée. En outre, et afin d'assurer un meilleur rattachement des
charges aux produits, le montant amortissable peut être ajusté
pour inclure certains coûts relatifs à une activité future
de développement, d'évaluation ou d'exploration.
Pour éviter toute confusion, nous utiliserons dans ce
qui suit les termes "base amortissable" ou "coûts amortissables" pour
désigner l'ensemble des coûts pris en compte pour le calcul de la
dotation aux amortissements sous la méthode de l'amortissement selon
l'unité de production.
Réserves en début de
période
Les réserves en début de période
correspondent au nombre d'unités de production (ou l'équivalent)
détenues en début d'une période comptable et qui peuvent
être attribuées aux coûts sujets à amortissement.
Ceci implique que les réserves en fonction desquelles un actif est
amorti sont celles qui pourraient être produites par la mise en oeuvre de
ce même actif.
L'établissement d'une correspondance, qu'elle soit
directe ou indirecte, dépend, par conséquent, de la
méthode comptable adoptée pour la prise en compte des
différents coûts de recherche et de développement ainsi que
de la taille du centre de coûts utilisé.
Par exemple, sous la méthode des efforts
réussis, méthode dont le principe de base repose sur
l'établissement d'une correspondance directe entre les coûts
capitalisés et les réserves découvertes, les coûts
de forage d'un puits de développement sont théoriquement amortis
sur la base des réserves récupérables à travers ce
même puits.
Cependant, les difficultés pratiques de mise en
application rendent souvent nécessaire une certaine agrégation.
En effet, sous la méthode des efforts réussis, les coûts de
développement sont généralement regroupés par
centre de coûts, en l'occurrence une propriété
minière ou un champ productif, et sont amortis en fonction de
l'épuisement des réserves récupérables dans
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Les Méthodes d'Amortissement des Coûts de
Recherche et de Développement Portés à l'Actif
ce même centre de coûts. De même, il est
parfois nécessaire de regrouper plusieurs centres de coûts pour
les besoins de l'amortissement de certaines installations spécifiques
telles que des bacs de stockage regroupant la production de plusieurs
propriétés ou champs productifs adjacents.
Sous la méthode du coût complet, le principe de
base suppose que tous les coûts encourus dans un centre de coûts
font partie intégrante du coût de l'ensemble des réserves
découvertes ou qui pourraient être découvertes dans ce
même centre de coûts. Ainsi, les coûts de recherche et de
développement portés à l'actif sont agrégés
et amortis en fonction de l'épuisement de l'ensemble des réserves
récupérables dans un même centre de coûts.
Par ailleurs, il est à noter que la mise en application
de la méthode de l'amortissement selon l'unité de production
présente plusieurs autres difficultés que nous proposons
d'étudier au niveau du deuxième chapitre de la présente
partie.
3.2. Avantages
Théoriquement, la méthode de l'amortissement
selon l'unité de production semble être la plus cohérente
avec les dispositions de la NC 05. Cette dernière stipule que "la
méthode d'amortissement utilisée doit refléter la
manière dont les avantages futurs liés à l'actif sont
consommés par l'entreprise".
Ainsi, la méthode de l'amortissement selon
l'unité de production reflète au mieux la manière dont les
avantages futurs, représentés par les
réserves minérales en place, liés à un
actif, en l'occurrence les coûts de recherche et de
développement capitalisés, sont consommés par
l'entreprise.
En outre, basée sur le rattachement d'une charge
constante d'amortissement à chaque unité produite, la
méthode de l'amortissement selon l'unité de production permet une
meilleure mesure de la performance de l'entreprise. A ce titre, le cadre
conceptuel de la comptabilité financière, §80,
précise que l'état de résultat doit refléter
"la performance financière et la rentabilité de
l'entreprise".
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Les Méthodes d'Amortissement des Coûts de
Recherche et de Développement Portés à l'Actif
3.3. Inconvénients
Outre le fait qu'elle a donné naissance à
plusieurs variantes dans son application, la méthode de l'amortissement
selon l'unité de production présente certains
inconvénients dont nous étudierons ci-après les plus
importants.
Tout d'abord, l'estimation des réserves
récupérables d'hydrocarbures, base d'amortissement des
coûts portés à l'actif, fait généralement
l'objet de révisions périodiques et continuelles en fonction du
changement des données géologiques et géophysiques.
Lorsqu'elles sont fréquentes et d'une certaine ampleur,
de telles révisions affectent directement le plan d'amortissement
initial et peuvent modifier sensiblement la charge d'amortissement par
unité produite d'année en année. Une pareille situation
fait perdre à cette méthode toute sa pertinence et sa
cohérence avec les dispositions du cadre conceptuel de la
comptabilité financière.
Par ailleurs, le concept de base de la méthode de
l'amortissement selon l'unité de production requiert que chaque actif
soit amorti au fur et à mesure que les réserves d'hydrocarbures
récupérables à partir de sa mise en oeuvre sont produites.
Dans le cas où les durées de vies de certains actifs sont
inférieures à la durée de vie du champ, cette règle
nécessiterait l'estimation des réserves en place au moment de la
mise en service de chaque actif ainsi que l'estimation des réserves
récupérables tout au long de sa durée de vie. Un tel suivi
individualisé par actif rend la mise en application de cette
méthode souvent trop difficile.
Un autre problème se pose lorsque la méthode de
l'amortissement variable est adoptée, c'est celui de l'amortissement des
installations dont la durée de vie dépasse largement la
durée de vie du champ exploité. Ces installations sont
généralement destinées à être
utilisées, d'une manière consécutive, pour l'exploitation
de plusieurs champs pétroliers. En outre, de telles installations
peuvent servir, en même temps, à l'exploitation de plusieurs
champs productifs n'appartenant pas à la même entreprise. Dans
pareil cas la détermination de la période d'amortissement en
terme d'unités de production est pratiquement impossible. C'est le cas,
par exemple, des bacs de stockage, des équipements de séparation,
des équipements de traitement et des réseaux de collecte qui
peuvent regrouper la production de plusieurs champs adjacents.
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