Aspects nutritionnel et médicinal
Par le passé, les populations proches des forêts
et particulièrement celles de l'Afrique noire, ont toujours
exploité les ressources forestières pour se nourrir et se soigner
(Grivetti et al, 2000). Ces espèces
végétales forestières contribuent
énormément à assurer surtout aux groupes sociaux les plus
vulnérables, une couverture des besoins nutritionnels dans une certaine
mesure (Falconer, 1996). Au Bénin par Exemple, les travaux de Sokpon et
Lejoly (1996) ont permis d'Inventorier 63 espèces à fruits
comestibles dans la forêt dense semi-décidue de Pobè. Leur
importance alimentaire réside aussi dans le fait qu'ils apportent des
éléments nutritifs (N, P, C, Fer, Vitamines A, B, C, etc.)
à l'organisme.
Ces plantes représentent aussi une source importante de
soins médicaux dans les zones rurales où le système
médicinal moderne est insuffisant ou inexistant (Mehdioui et Kahouadji,
2007). Ailleurs, les populations locales recourent quasi exclusivement aux
espèces médicinales dans leurs soins quotidiens. Le feuillage
constitue la partie la plus utilisée et la majorité des
remèdes est préparée sous forme de décoction.
Aussi, la connaissance des usages des plantes médicinales et leurs
propriétés sont acquises grâce à une longue
expérience accumulée et transmises d'une génération
à une autre (Anyinam, 1995 cité par Mehdioui et Kahouadji, 2007).
Importance économique
La commercialisation des PFNL est très florissante
(Ros-tonen, 1999) et permet de compléter le revenu des ménages.
Mieux, elle procure un profit hebdomadaire moyen supérieur au salaire
minimal du travailleur urbain (Ndoye et al., 1999). Sur les
marchés régionaux et internationaux, les PFNL font aussi l'objet
d'échange et permettent ainsi d'acquérir des devises
étrangères. Ainsi, Debeer et McDermott (1996) estiment à
plus de 1,6 millions de dollars US les recettes malaisiennes relatives) ces
produits.
Pour Freeze et al. (1998), les exportations
indiennes et indonésiennes s'élèvent respectivement
à 134 et 1000 millions de dollars US. Nkwatoh, (2000) a montré
que les PFNL apportent un revenu annuel moyen de 788128,4 dollars US à
l'économie nationale camerounaise.
Aspect religieux et
socioculturel
Les relations entre les populations rurales et les PFNL ne se
limitent pas seulement à la récolte des organes ; ils
revêtissent aussi d'une signification socioculturelle et religieuse.
Grenault, (1996) souligne que la croyance et les traditions des populations
font partie intégrante de leurs relations avec l'environnement. C'est
ainsi que plusieurs communautés rurales maintiennent des aires
sacrées où aucune exploitation n'est permise ou alors
rigoureusement contrôlée (Arnold, 1995). De nombreux produits de
ramassage sont dotés d'une signification culturelle. C'est le cas des
noix de cola (Cola nitida) qui occupe une place importante
dans les offrandes culturelles substantielles (Haxaire, 1996) ; elles sont
aussi offertes pour souhaiter la bienvenue aux invités dans le Parc
National de Korup et sont utilisées dans le Nord-Bénin pour les
baptêmes.
Pour certains auteurs, l'exploitation des PFNL
végétaux par les populations locales constitue en elle-même
une mesure endogène de gestion desdites ressources. Elle est un facteur
de rehaussement de la valeur de la forêt, un stimulant pour sa protection
par les populations locales averties (Ros-tonen, 1999). En Côte d'Ivoire
par exemple, l'égrappage obligatoire (selon les normes sociales) du
régime de palme au pied de l'arbre permet une meilleure
dissémination de l'espèce (Haxaire, 1996). La consommation des
fruits sur les lieux de cueillette concourt au même objectif.
Au Bénin, 172 espèces végétales
ont été identifiées dans différents
écosystèmes et utilisés pour leurs feuilles, fruits,
arilles graines, racines et fleurs (Codjia et al, 2003). Dans le
même temps, 814 espèces végétales ont
été identifiées pour leurs propriétés
médicinales. (Sinsin et Owolabi, 2001). Mais ces produits
exploités et consommés par les populations rurales deviennent de
plus en plus rares notamment en Afrique au Sud du Sahara (Wong et al,
2001).
Selon les études conduites par Freeze (1998), le
commerce des PFNL génère suffisamment de revenus de l'ordre de
centaines de millions de dollars chaque année. Malgré la
prédominance des PFNL dans le domaine de la `'foresterie sociale''
moderne et à la satisfaction des besoins des populations d'une
façon générale, ils n'ont pas assez fait objet
d'étude. Dans le monde et précisément en Afrique, nous
avons les travaux d'Irvine (1952), Okafor (1980), Malaisse et al.
(1985), Falconer (1990), Herzog (1992), Dubois (1996) et autres. Au
Bénin, des études ont été effectuées sur des
PFNL végétaux. Nous avons par exemple : Assogbadjo
(2000) ; Lokonhoundé (2002) ; Dossou (2003) ; Codjia et
al. (2003) ; Amoussou (2006) ; Bonou (2008) ; etc.
D'autres chercheurs ont également mené des
études sur des ressources particulières telles que :
Ø Les ressources animales : les francolins (Ekue,
1999 ; Ekue et al. 2002) ; les escargots africains
géants (Sodjinou, 2000 ; Sodjinou et al. 2002) ; les
dendrocygnes veufs (Codjia et Lougbégnon, 2001) ; les oiseaux
forestiers naturels du sud du Bénin (Lougbégnon, 2008) etc.
Ø Les ressources végétales :
(Soulémane, 1999), le baobab (Fonton et al. 2001) ; le
miel (Agani, 2001), les champignons (de Keisel et al. 2002) ; les
espèces ligneuses alimentaires (Dossou, 2008) ; etc.
A l'échelle nationale nous remarquons que ces travaux
ne couvrent pas encore tout le pays. La plupart des travaux sur ces
espèces sont effectués dans les forêts classées
pendant que les forêts communautaires subissent de grandes pressions
anthropiques. Vu l'importance que présente aujourd'hui les PFNL, il
s'avère opportun voire indispensable de leur porter une attention
particulière. C'est dire donc que dans les domaines
protégés, outre l'inventaire, il faut connaître
l'importance culturelle, socio économique et les formes d'usage des PFNL
dans les ménages et les marchés. C'est d'ailleurs une des
suggestions de Bonou, (2008). Voilà pourquoi dans le cadre d'un
mémoire de maîtrise en géographie, le thème «
Produits Forestiers Non Ligneux végétaux de la forêt
communautaire d'Igbodja : Biodiversité et formes
d'utilisation » est choisi. La forêt communautaire d'Igbodja
est retenue comme cadre d'étude pour deux raisons:
- elle présente un intérêt de conservation
stratégique au Bénin, en raison de sa biodiversité faite
d'un mélange de faune et de flore composé à la fois des
domaines guinéen et soudanien.
- son statut de forêt communautaire et sa position de
couloir de migration et de flux de gènes entre plusieurs forêts
classées: Dogo-kétou, Ouémé-boukou et confluent de
l'Okpara (Action plus, 2010).
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