CHAPITRE V
DISCUSSION DES RESULTATS ET CONCLUSION
5-1
Discussion des résultats
5-1-1 Limites de
l'étude
Les résultats de l'étude permettent de
connaître les espèces à prioriser pour la gestion et la
conservation, tel suggérer par Kvist et al. (2001). Mais ces
résultats doivent être utilisés avec prudence pour
plusieurs raisons :
- Les enquêtes ethnobotaniques dans les villages ont
été réalisées à l'aide des méthodes
rétrospectives, faisant alors appel à la mémoire des
enquêtés. La quantité exacte des PFNL utilisés et
leur fréquence d'utilisation n'ont pas été facilement
obtenues donc, peuvent ne pas être totales ;
- Les utilisations antérieures des espèces,
celles présentes et potentielles ne sont pas
distinguées ;
- Les populations sont toujours réservées
pendant les entretiens.
Toute fois, les valeurs d'usage et les IPC calculés
auront leur rôle dans l'aménagement et la conservation
participative de cette forêt communautaire.
5-1-2 Diversité des
PFNL
La forêt d'Igbodja est un habitat diversifié en
PFNL recherchés et utilisés par les populations riveraines. Cette
étude a permis de dégager les espèces
végétales prélevées en forêt et
utilisées en alimentation, en médecine, en art et construction,
puis en exsudat. Les résultats révèlent que les
connaissances liées au PFNL varient suivant les groupes socioculturels.
Cette différence de connaissance pourrait s'expliquer par les origines
diverses de chacun de ces groupes ethniques. Certaines espèces
utilisées comme PFNL en alimentation par un groupe socioculturel sont
absentes des aliments d'un autre groupe. Ceci montre que l'alimentation est
culturelle et confirme le constat de Malaisse (1997). Car, bien qu'étant
dans le même milieu, les populations connaissent et utilisent
différemment les ressources du milieu.
L'effectif des espèces alimentaires est de 24 et voisin
à celui obtenu par Dossou (2008) dans la forêt classée de
Pénéssoulou (26 espèces ligneuses alimentaires). Mais cet
effectif est faible par rapport à celui obtenu par Assogbadjo (2000)
dans la forêt de la Lama (47 espèces alimentaires). Le constat est
le même pour les ressources alimentaires végétales dans la
forêt classée des trois rivières (57 espèces pour
Lokonhoundé, 2002). Vihotogbé, (2001) a aussi inventorié
76 espèces alimentaires dans la forêt de Pobè. Ces
écarts pourraient s'expliquer par le fait que l'alimentation ayant un
caractère culturel (Malaisse 1997), les populations de la forêt
d'Igbodja auraient un spectre alimentaire plus réduit, ou alors par les
conditions climatiques qui déterminent la répartition des
espèces. Ils pourraient également être expliqués
par la disparition de certaines espèces à travers le processus de
dégradation dont fait objet toutes les forêts du Bénin et
spécialement celle d'Igbodja. Pourtant, Cette dernière
héberge plusieurs espèces classées menacées au
Bénin (Borassus aethiopum, Afzelia africana, Khaya
senegalensis, Zanthozilum zanthozyloïde... (Action plus, 2010).
Cependant, cette diversité aussi faible soit-elle, constitue un atout
pour les riverains. Elle leur assure une variabilité qualitative dans le
régime alimentaire et par conséquent, une alimentation saine et
équilibrée qui consiste à la diversifiée en
consommant autant d'aliments différents que possibles (Malaisse 1997).
L'ensemble de ces espèces entre aussi dans la diète quotidienne
de ces communautés.
Contrairement aux espèces alimentaires, les
espèces à usage médicinale sont plus importantes en
nombre et leur proportion est supérieure à celles alimentaires
(75% contre 52,08% soit 36 espèces en médecine). Ces
espèces associées à celles alimentaires sont
supérieurs et donc différents aux résultats (50
espèces) de Koudérin (2007) dans la forêt
marécageuse de Zinvié et zones connexes.
24,52% des espèces sont utilisés en art et
construction. Ce sont là, des espèces privilégiées
autour desquelles doivent s'opérer des actions de reboisement ou
d'enrichissement à cause de la coupure dont elles font objet. Or, la
plus part des espèces entrant dans les arts et constructions font objet
de coupe. Cette proportion obtenue au niveau des PFNL sans coupure des
espèces n'est donc pas inquiétante.
Cette étude a inventorié 48 espèces et
prend en compte quatre catégories d'usage. Pourtant, les travaux des
auteurs ci-dessus cités prennent en compte une seule catégorie
mais ils obtiennent des effectifs d'espèces allant de 47 à 76. La
forêt d'Igbodja est donc moins riche en PFNL que les forêts de la
Lama (Assogbadjo, 2000), des trois rivières (Lokonhoundé, 2002),
de Pobè (Vihotogbé, 2001), et d'Agonvè (Dossou, 2010).
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