4. Les big data
Les big data sont des données très
précieuses pour toute entreprise commerciale qui cherche à
affiner son ciblage de consommateurs. Le gouvernement français souhaite
positionner le pays sur ce nouvel or noir au travers un plan
stratégique. Un centre de ressources et d'innovation devrait voir le
jour prochainement pour que les startups bénéficient d'un
accès à une multitude de données privées et
publiques. Ceci dans le but qu'elles travaillent sur des projets de
création de nouveaux outils numériques avec un soutien financier
de l'Etat. Cependant, pour que ceci se réalise, il faudrait ouvrir
l'accès aux big data qui sont détenues en majorité par les
GAFA. Actuellement, Facebook ne prévoit aucunement d'ouvrir
l'accès aux profils utilisateurs à d'autres acteurs du
numérique, même à des chercheurs, car ces données
constituent sa valeur économique. Ce travail d'ouverture parait
même difficile du côté des acteurs du secteur musical qui
sont réticents pour des soucis d'éthique, par manque de moyens ou
de compétence sur le sujet. Les conditions d'accès aux big data
peuvent être multiples en commençant par l'instauration d'une loi
ou charte de partage, ou bien d'accords entre sociétés
privées comme Universal Music avec Havas (abordé
précédemment). L'accès aux données n'est pas
suffisant pour capter de la valeur, il faut surtout savoir comment les
exploiter, à quelle fin, et par quel moyen.
Lors de la restitution du conclave sur les rapports entre le
spectacle vivant et le numérique organisée par le PRODISS, le 14
avril dernier à l'Assemblée nationale, l'exploitation des big
data a été abordé. Les professionnels ayant
travaillé sur cette question ont restitué trois projets qui se
dérouleraient en trois temps :
- Evaluer l'impact économique des
métadonnées et des big data afin de se rendre compte de sa juste
valeur
- Mettre en commun ces données, dans le respect de
chartes pour ne pas pénaliser ses auteurs (producteurs, artistes...)
- Créer une base de données sur les salles de
spectacles en France afin de les exploiter dans le cadre de projets faisant
appel à la géolocalisation, et donner son accès au
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public sous forme d'agenda culturel (avec en détail la
programmation). De cela, créer un top 50 comme pour les ventes d'albums
afin de donner d'avantage de valeur au spectacle vivant et aux lieux de
diffusion.
5. La position de l'artiste
Dans ce contexte de numérisation de la filière
musicale, les rapports entre les acteurs évoluent. Le projet artistique
est désormais réalisé en collaboration avec l'artiste et
les relations de subordination disparaissent peu à peu.
Néanmoins, les contrats 360° ont été instaurés
par les maisons de disques afin de répartir les coûts
d'investissements sur un ensemble plus large d'activités, rendant le
retour sur investissement plus rapide. La vision des artistes diverge car ils
se voient contraints de confier leurs sources de revenus (CD, concerts,
merchandising...), à la même société.
Dans le but de défendre au mieux les
intérêts des artistes en France et de faire valoir leurs opinions,
une guilde des artistes de la musique a été créée
en 2013 par des artistes (Axel Bauer entre autres). Son objectif est de les
représenter lors de débats de la filière musicale et
auprès des instances représentatives. En effet, les artistes se
sentent trop souvent pris en otages par les acteurs décisionnaires de la
filière. De plus, l'artiste est de plus en plus contraint de se
débrouiller par lui-même en exerçant plusieurs
activités (enregistrement, gestion de communauté...), fautes de
moyens. Il devient alors plus autonome et jongle avec différents statuts
(intermittent, salarié, auto-entrepreneur...) en fonction de ses projets
qui ne sont pas compatibles et entrainent des problèmes.98 La
création d'un nouveau régime social pour l'artiste est à
envisager, en tenant compte des mutations engendrées par le
numérique, dans le but de ne pas entraver son travail et sa condition
sociale.
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