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Les mutations de l'industrie musicale

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par Léa Schaller
ISCOM Paris - Master 1 Communication REP 2015
  

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2. L'après-guerre : synonyme de nouvelles tendances

Le secteur de la musique connait à cette période deux nouveaux phénomènes : l'invention du microsillon en 1948 et l'essor du rock'n'roll, qui vont à eux deux relancer les ventes de disques, auparavant en baisse, et remettre en question l'organisation même du secteur.

Le premier disque microsillon connu sous le nom de « 33 tours » et de façon plus populaire comme LP (Long Playing record), associe un temps d'écoute six fois supérieur à celui de son prédécesseur et une qualité d'enregistrement supérieure. Le LP proposé par CBS voit arrivé

6 BOURREAU, LABARTHE-PIOL, Marc et Benjamin, « Le peer to peer et la crise de l'industrie », in Réseaux n°125, 2004.

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un nouveau rival nommé « 45 tours », proposé par RCA seulement un an après : ceci marque une nouvelle guerre des standards. En conséquence de ces changements de supports répétés, les professionnels du secteur sèment la confusion chez le consommateur qui en découle une chute des ventes de disques. Afin de faire face à ce phénomène, CBS offre une licence de son brevet aux entreprises américaines d'après-guerre ce qui contraint RCA de produire elle aussi des 33 tours : ce format devient la référence des grands artistes tandis que son concurrent est plutôt destiné à la musique de variété.

Le rock'n'roll contribue aussi à l'augmentation des ventes de disques. En effet, plusieurs facteurs favorisent cette tendance : l'introduction de la bande magnétique dans les studios qui baisse les coûts d'enregistrement, et le format 45 tours qui baisse les coûts de production et de distribution, favorisant la création musicale et donc l'émergence d'artistes.

Dans cette même période, les majors privilégient d'autres genres de musique plus connus et négligent à titre d'exemple le blues. C'est alors que de nouveaux acteurs entrant sur le marché vont se concentrer sur ces musiques de niche. Très vite, la réputation de ces petits labels s'articule autour de leur capacité à détecter les nouvelles tendances musicales auprès des jeunes consommateurs. Les radios locales et ces labels entretiennent alors de forts liens car d'une part, les radios sont avides de découvertes musicales portées par leurs auditeurs et d'autre part, les labels y voient l'opportunité de faire connaître leurs artistes auprès d'un public.

Le retard des majors sur le marché provoque une restructuration de l'industrie musicale car leur part de marché s'effondre en passant de 75% en 1955 à 34% en 19597. Ainsi E.M.I arrive sur le marché Outre-Atlantique et rachète Capitol Records puis Philips. CBS, Capital et R.C.A seulement arrivent à conserver leur place en concentrant 12% du marché. Ainsi, les labels indépendants ont éparpillé le marché et déconcentré les pouvoirs.

L'année 1960 marque l'entrée de Warner, entreprise s'exportant du cinéma avec Warner Bros. La stratégie de ce nouvel entrant est d'intégrer des labels indépendants à sa structure afin d'exploiter leur don de dénicher de nouvelles tendances, tout en conservant ses grandes lignes de fonctionnement en termes de promotion et de logistique. Cette stratégie est un

7 BOURREAU, LABARTHE-PIOL, Marc et Benjamin, « Le peer to peer et la crise de l'industrie », in Réseaux n°125, 2004.

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succès et d'autres majors calquent le système. Les indépendants confient la distribution de leurs enregistrements aux majors, ce qui entraine la disparition des distributeurs indépendants. En 1970 l'industrie musicale est contrôlée par six majors : CBS, Warner, RCA, EMI, Polygram et MCA. L'industrie de la musique a connu une forte évolution entre 1950 et 1960 avec une progression des ventes chaque année de 10% à 20% ainsi, la production de disques est passée de 250 millions en 1946 à 600 millions en 19638.

Le succès de cette décennie est accentué par l'arrivée du magnétophone et de la cassette audio créée par Philips, qui offrent au foyer une nouvelle façon de consommer la musique : en toute mobilité. Selon l'IFPI, entre 1973 et 1978 le chiffre d'affaires mondial passe de 4,75 milliards de dollars à 7 milliards. La conséquence de cette explosion des ventes est le renforcement de la promotion, du budget marketing et la croissance du nombre d'artistes produits dans le but d'obtenir des « hits ». Cependant, en 1979 l'industrie affronte une nouvelle chute des ventes expliquée notamment par le manque de nouveaux artistes, suite à la période disco et l'arrivée de nouveaux loisirs tels que les jeux vidéo. De plus, les professionnels accusent en partie l'évolution du support cassette qui offre la possibilité d'enregistrer soi-même.

Dès 1983 l'arrivée du Compact Disc de Philips relance l'économie de la musique car ce nouveau format renforce la mobilité du produit au travers son utilisation, grâce au Walkman de Sony, et à la qualité d'écoute. Ce nouveau produit est accompagné par l'apparition des premières chaînes de diffusion musicale.

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