Le pesticide, un objet
matériel et social
Dans la perspective de l'anthropologie du médicament,
l'objet médicament n'est plus seulement considéré pour sa
simple action pharmacologique. Sa dimension sociale est désormais mise
en évidence. Les médicaments sont
appréhendés dans ce champ de recherche sous deux angles ; d'abord
en tant que substances. Ensuite, comme dotés du pouvoir de
transformation sur les sociétés humaines (Van Der Geest &
Whyte, 1988). Au delà du simple objet pharmacologique à
finalité biologique, le médicament est analysé dans sa
dimension sociale et symbolique en tant que porteur d'enjeux sanitaires,
économiques, culturels et sociaux, mais aussi comme support de
stratégies individuelles et collectives.
« Ainsi défini, les médicaments,
en passant d'une personne à l'autre dans le cadre de leur
production, leur distribution et leur utilisation, apparaissent comme des
objets d'échange ; comme objets, ils ont également une vie. Cette
vie sociale du médicament implique qu'il passe d'un contexte de
production, de sens, et de gestion, vers un autre, celui de son utilisation. La
vie sociale des médicaments s'exprime également à travers
les effets perçus de leur efficacité, les attentes qu'ils
suscitent, et toutes ces dispositions sont culturellement marquées de
différentes façons » (Bila, 2011).
Dans ce travail, les pesticides seront
considérés comme un objet doté d'une action perçue
ou attendue par les maraichers qui l'utilisent. Ainsi, les manières dont
les maraichers se représentent les pesticides, les conditions sociales,
économiques et culturelles de leur accès à ces produits et
l'usage qu'ils en font, nous apparaissent pertinents pour comprendre le sens de
l'usage que les maraichers qui utilisent ces produits leur attribuent.
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