UNIVERSITE AUBE NOUVELLE
=-=-=-=- MASTER RECHERCHE EN
SCIENCE DE GESTION =-=-=-=- DEUXIEME
PROMOTION =-=-=-=-
ANNEE UNIVERSITAIRE 2010-2011
=-=-=-=-
MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE MASTER RECHERCHE
EN SCIENCES DE GESTION
THEME :
MISE EN OEUVRE DU CHANGEMENT ORGANISATIONNEL : ENJEUX
ET DEFIS DE LA TRANSFORMATION D'UNE ORGANISATION A BUT NON LUCRATIF
Présenté et soutenu publiquement le 24 janvier
2013 à Ouagadougou par : Zakaria TRAORE
JURY
Président de jury : Pr Marc
BIDAN, Université de Nantes
Rapporteur : Dr Gwénaëlle
ORUEZABALA, Université de Poitiers
Directeur de mémoire : Pr Alidou
OUEDRAOGO, Université de Moncton
Co-directeur de mémoire : Pr
Yves-Frédéric LIVIAN, IAE-Université Jean
Moulin Lyon 3
JANVIER 2013
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
REMERCIEMENTS
La réalisation de cette oeuvre a été
possible grâce à l'apport inestimable de plusieurs personnes.
Pour tout le temps qu'ils ont consacré à
l'encadrement de ce mémoire et aux multiples conseils, encouragements
qu'ils n'ont eu de cesser de me prodiguer, je remercie mes deux directeurs de
mémoire, professeurs invités à l'ISIG International :
- M. Alidou OUEDRAOGO,
Professeur à l'Université de Moncton au Canada ;
- M. Yves-Frédérick
LIVIAN, Professeur à IAE-Université Jean Moulin
Lyon 3 en France.
Je remercie le président de jury, Pr Marc
BIDAN, de l'université de Nantes et le rapporteur Dr
Gwénaëlle ORUEZABALA, de l'université de
Poitiers, pour les observations et suggestions faites lors de la soutenance du
mémoire.
Je remercie M. Saïdou
OUEDRAOGO, Directeur Général de l'Agence Faso
Baara S.A dont la structure a servi de terrain à ce travail. Mes
remerciements s'adressent également à tout le personnel de
l'Agence Faso Baara S.A et particulièrement à ceux qui se sont
prêtés volontiers aux différents entretiens et
M. Elie Rodrigue KABRE pour la relecture, les
amendements du document et le soutien moral.
Je remercie tous mes promotionnaires du Master Recherche, tous
les enseignants du master Recherche et le corps administratif de l'ISIG
International, devenu Université Aube Nouvelle.
Ma dernière adresse va à l'endroit de ma femme
Habi et de mes enfants Farida, Cheick et Rachida
qui ont dû supporter mes nombreuses absences.
ii
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
DEDICACE
A la mémoire de mon père disparu quand je
n'étais qu'un adolescent et dont le 30ème anniversaire
de la disparition a eu lieu le 30 janvier 2013. Qu'il repose en paix et
continue de veiller sur nous.
iii
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS
AFRICATIP : Association Africaine des Agences
d'exécution des Travaux d'intérêt public
AG : Assemblée
Générale
AGETIP : Agence d'exécution des
Travaux d'intérêt public
AMBF : Association des Municipalités
du Burkina Faso
ARMP : Autorité de Régulation
des Marchés Publics
ASCE : Autorité Supérieure de
Contrôle de l'Etat
BTP : Bâtiment et Travaux Publics
CA : Conseil d'Administration
CCI-BF : Chambre de Commerce et d'Industrie
du Burkina Faso
CD : Comité de Direction
CNSS : Caisse Nationale de
Sécurité Sociale
CRD : Comité de Règlement des
Différends
DF : Directeur (Direction) Financier
(ère)
DG : Directeur (Direction)
Général (e)
DT : Directeur (Direction) Technique
IDA : Association Internationale de
Développement
ISIG : Institut Supérieur
d'Informatique et de Gestion
MOD : Maitre (Maîtrise) d'Ouvrage
Délégué (e)
MPAFC : Manuel de procédures
administratives, financières et comptables
OBNL : Organisation à but non
lucratif
ONG : Organisation non gouvernementale
SCEO : Sous Commission d'Evaluation des
Offres
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
iv
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
LISTE DES TABLEAUX ET SCHEMAS
Tableau n°1 : Auteurs et courants
clés sur la dialectique
changement/continuité p7-8
Tableau n°2 : Typologie des changements
selon Johnson et Scholes p13
Tableau n°3 : Cadre d'analyse des enjeux
du changement proposé par
Rondeau et Bareil p18
Tableau n°4 : Sept phases de
préoccupations selon Bareil et Savoie p20
Tableau n°5 : Stratégies pour
briser la résistance selon Robins et DeCenzo p22
Tableau n°6 : Grille d'analyse p28
Tableau n°7 : Rôles, pouvoirs et
composition des organes p38
Schéma n°1 : Dimensions du
changement p14
Schéma n°2 : Phases et
étapes du changement p16
Schéma n°3 : Modèle de
Rondeau p24
v
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS i
DEDICACE iii
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS iv
LISTE DES TABLEAUX ET SCHEMAS v
SOMMAIRE vi
INTRODUCTION 1
I/ REVUE DE LITTERATURE 4
I.1/ Définition des concepts 4
I.2/ Modèles explicatifs et compréhensifs du
changement organisationnel 10
I.3/ Les enjeux et conditions du changement 18
I.4/ Modèle d'analyse 23
II/ METHODOLOGIE 29
II.1/ Démarche méthodologique 29
II.2/ Technique d'échantillonnage et de collecte de
données 30
II.3/ Techniques de traitement et d'analyse des données
31
III/ CADRE PRATIQUE 32
III.1/ Le contexte institutionnel du changement 32
III.2/ Présentation du cas 37
IV/ RESULTATS 41
IV.1/ Le contexte du changement : identifier les conditions
déterminantes 41
IV.2/ Les acteurs du changement : enjeux et rôles
déterminants 49
IV.3/ Les effets du changement 60
V/ DISCUSSION 63
CONCLUSION 67
BIBLIOGRAPHIE 71
TABLE DES MATIERES 75
ANNEXES 78
vi
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
INTRODUCTION
Il n'est guère contestable (Baudry et Dubrion,
2009)1 que les entreprises connaissent, depuis le début des
années 1980, des transformations organisationnelles profondes.
Ces transformations revêtent des formes
diversifiées telles les fusions, les acquisitions, les absorptions, les
privatisations, le réseautage, la disparition des frontières, les
réorganisations. Ce sont des phénomènes
économiques, juridiques et sociaux qui marquent le cycle de vie des
organisations entraînant d'importants bouleversements menés
à travers un processus de changement.
Plusieurs variables (Crifo, 2003 ; Robbins et DeCenzo, 2008)
motivent le changement organisationnel. Il peut résulter de la
volonté d'une ou de plusieurs parties en raison de l'évolution de
l'environnement qui se complexifie ou aux fins de recherche de gains croissants
de productivité.
De nombreuses études (Perret, 1996 ; Crifo, 2003) ont
souvent présenté le changement organisationnel comme une
évolution souhaitée, formulée et pilotée par la
direction.
Cependant, le changement organisationnel peut être rendu
nécessaire par des facteurs externes ou contingents (Crozier et
Friedberg, 1977). C'est par exemple dans le cadre de l'application de nouveaux
textes règlementaires amenant les organisations à entamer une
mutation profonde afin de faire face aux éventuelles contraintes
introduites ou de tirer les opportunités résultant de ce nouveau
cadre règlementaire.
Quels que soient les motifs des changements dans
l'organisation, ils sont souvent le terreau de crise sociale,
d'incompréhensions ou de difficultés diverses (Meier, 2007 ;
Chavel, 2000 ; Kotter, 1995) entre les différentes parties prenantes
à cette organisation qui sont essentiellement les actionnaires, les
dirigeants, le personnel, les fournisseurs et les clients.
Cela pourrait être plus marqué lorsqu'il s'agit
d'une structure associative appartenant donc à la catégorie des
organisations à but non lucratif (OBNL), historiquement monopolistique
et leader dans son domaine d'activités, contrainte de faire face
à de nouvelles règles de marché, déterminées
par les pouvoirs publics.
Aussi, la nécessité d'une transformation
juridique et la mise en oeuvre d'un changement organisationnel vont faire
apparaître non seulement de nombreux enjeux et défis, mais aussi
des risques internes et externes et qui peuvent aboutir à
l'extrême à un échec, risques qu'il faille par
conséquent maîtriser ou éviter.
1 Baudry Bernard et Benjamin Dubrion, (Dir) Analyses
et transformations de la firme. Une approche pluridisciplinaire, Paris :
Editions La Découverte, 2009.
1
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Quels sont les enjeux qui peuvent découler ou se
présenter dans le cadre de l'institution d'une règlementation
dans un domaine spécifique? Quelles sont les conséquences pour
les organisations évoluant dans ce secteur? Comment une organisation
à but non lucratif, initialement leader dans ce domaine
d'activité, peut-elle au regard de ces nouvelles règles
introduire le changement en son sein et le conduire efficacement afin de
s'adapter à ce nouveau contexte?
Tels sont les principaux questionnements liés à
la présente étude dont l'objectif est de chercher à
appréhender les principaux enjeux et défis liés au
processus de changement juridique et organisationnel entamé au sein
d'une organisation.
Il s'agira de façon précise de s'interroger sur
la manière dont cette organisation à but non lucratif se
positionne ou s'adapte à son environnement qui a connu un fort
engouement de diverses parties intéressées ces dernières
années, entraînant la création de structures aussi bien
publiques que privées et qui a fait l'objet d'une récente
réglementation.
L'intérêt de cette étude est d'envisager
le changement motivé par des facteurs externes et
particulièrement dans une perspective règlementaire touchant un
type spécifique d'organisation qu'est l'association à but non
lucratif. En effet, peu de travaux ont porté sur le cas des
organisations à but non lucratif (OBNL) engagés dans un processus
de changement. Il ressort également que le cas traité porte sur
un domaine d'activité, certes suffisamment bien connu en Europe, mais
relativement nouveau en Afrique où les premières
expériences de cette activité qu'est la maîtrise d'ouvrage
déléguée, remontent à l'année 1989, avec la
création de l'Agence d'exécution des travaux
d'intérêt public (AGETIP) du Sénégal.
Aussi, nous assistons ces dernières années
à des restructurations de beaucoup d'entreprises, que ce soit celles du
secteur public comme du secteur privé, permettant d'alimenter le
débat théorique bien que déjà riche mais encore
fertile sur le changement organisationnel. Nous avons saisi
l'opportunité du changement qui a affecté l'organisation dans
laquelle nous évoluons, cela avec l'accord du Directeur
général, pour porter un regard sur ce phénomène et
apporter notre contribution au débat scientifique et aux acteurs dans la
mise en oeuvre du changement dans cette organisation.
Ainsi, au regard de ce qui précède, la
méthodologie de recherche sera qualitative et consistera en une
étude de cas portant sur cette organisation durant son processus de
changement organisationnel entamé en fin 2010.
Nous nous baserons sur un modèle d'analyse
élaboré par Rondeau (1999) afin de concevoir une grille d'analyse
à même de comprendre les facettes du changement dans cette
organisation. Le point de vue des acteurs a été mis en
évidence comme recommandé par certains auteurs dont Bareil et
Savoie (1999)2 pour qui, il est nécessaire de «
comprendre la
2 Bareil, C. & Savoie, A. (1999). Comprendre
et mieux gérer les individus en situation de changement.
Gestion. Ecole des HEC de Montréal. Vol 24 (3), p86-95
2
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(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
question de la mise en oeuvre du changement depuis le point de
vue de ceux qui le vivent, c'est-à-dire les salariés qui y sont
confrontés dans leurs activités quotidiennes, afin de faire
progresser la connaissance ». Ainsi, nous avons réalisé des
entretiens sur la base d'un guide portant sur les dimensions essentielles
d'analyse du changement retenues dans notre grille. Ces entretiens ont
été effectués auprès de treize (13) cadres de
l'entreprise et aussi auprès deux (2) cadres externes évoluant
dans des sociétés d'Etat. En plus de réunions, un
diner-débat organisé par la Mutuelle a servi de cadre à la
collecte de données. Une exploitation des principaux documents internes,
des textes juridiques réglementant l'activité de maîtrise
d'ouvrage déléguée dans laquelle opère
l'organisation a été effectuée. La particularité du
phénomène socio-organisationnel a aussi commandé de faire
des observations directes durant l'étude.
Ce mémoire est structuré comme suit : une revue
de littérature (I) est effectuée permettant de déboucher
sur le modèle d'analyse et la méthodologie (II). Une brève
présentation de l'entité et de son environnement permettent de
définir le cadre pratique (III). Les résultats (IV) issus des
données collectées sont exposés et analysés. En
définitive, ces résultats font l'objet d'une discussion (V).
3
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(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
I/ REVUE DE LITTERATURE
Après une définition des principaux concepts de
notre sujet, nous présenterons les principales réflexions
théoriques sur le changement, mais aussi son application dans un cadre
spécifique qu'est une organisation à but non lucratif. Ceci nous
permettra de dégager un modèle d'analyse pour le cadre
pratique.
I.1/ Définition des concepts
Empruntons les termes de Baudry et Dubrion (2009)3,
pour qui vouloir étudier la firme et ses transformations suppose en
amont de s'entendre sur certains concepts centraux, sur le sens de ces concepts
et leurs interrelations pour qualifier l'objet « firme ».
Aussi, il nous paraît important de rappeler
brièvement les concepts d'organisation, d'action organisée et de
changement pour nous appesantir sur les différentes théories du
changement.
I.1.1/ La notion d'organisation et d'action
organisée
Pour Mintzberg (1989 : 12)4, l'organisation se
définit comme une action collective à la poursuite de la
réalisation d'une mission commune.
Dans une conception classique, l'organisation est le lieu
d'une action organisée ou collective, un construit humain (Crozier et
Friedberg, 1977 : 52).
Pour Livian (2008), « l'organisation est un espace
où il existe une certaine division du travail et faisant appel à
l'existence de formalisation, de hiérarchie, d'objectifs, de
frontières [...] L'action organisée répond à la
nécessité pour les acteurs de trouver une solution pour
établir une « coopération conflictuelle »,
nécessaire à l'atteinte des objectifs communs. Pour ce faire, ils
structurent cette action sous des formes plus ou moins diffuses, plus ou moins
stables, dont l' « organisation » est une des formes ».
« Investies par la rationalité, le respect des
normes ou le contrôle ou davantage par l'importance de la motivation et
de l'implication du personnel, les organisations sont des systèmes, des
lieux de pouvoir où se retrouvent associés technologies,
procédures et individus. Ce sont des lieux ouverts sur l'environnement,
s'adaptant à l'évolution des
3 Baudry Bernard et Benjamin Dubrion, (Dir) Analyses
et transformations de la firme. Une approche pluridisciplinaire, Editions La
Découverte, 2009.
4 Henry Mintzberg, Management : Voyage au centre des
Organisations, Eyrolles, Editions d'Organisation, 1989.
4
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
variables externes et internes. Les organisations sont des
lieux « structurés » par les échanges et se structurent
elles-mêmes. » (Robert, 2007)5
Une organisation est toujours le fruit d'interactions et de
compromis entre les acteurs composant l'entreprise, les forces
extérieures jouant un rôle comme tant d'autres. L'organisation est
un construit social (Bernoux, 2010).
On peut observer que ces définitions et explications
sont délibérément limitées à un champ
disciplinaire restreint et spécifique, en l'occurrence celui des
sciences de gestion, car les définitions du concept d'organisation sont
multiformes selon les champs disciplinaires existant tels que
l'économie, la sociologie, le droit.
A travers ces développements, on peut dire que
l'organisation est une forme spécifique d'action organisée et
formalisée, avec un certain degré de hiérarchisation,
visant des objectifs et utilisant des ressources humaines, matérielles
et financières. Il s'agit entre autres d'entreprises publiques et
privées, d'établissements publics ou privés,
d'associations...
En ce qui concerne spécifiquement l'association qui est
la forme initiale d'organisation concernée par notre étude, ce
type d'organisation a des spécificités qui méritent
d'être évoquées.
Le cadre juridique et organisationnel des associations est
régi en France par la loi de 1901 et au Burkina Faso par la loi
n°10/92/ADP du 15 décembre 1992 portant liberté
d'association. Selon les dispositions de la loi française, les
associations peuvent être regroupées selon leurs finalités
:
- les associations de production de services ou la gestion
d'équipement à finalité commerciale ;
- les associations militantes ;
- les associations de membres.
La logique économique des associations et ONG dans
l'économie de marché a été développée
par certains auteurs. En effet, deux types de problématiques relatifs au
secteur non lucratif sont évoqués par DiMaggio et Anheier (1990)
dans Méhaut et Mossé (1998)6 :
- la problématique de « l'origine » :
pourquoi les organisations à but non lucratif existent-elles ? Cette
question touche à la division du travail entre organisations lucratives,
non lucratives et publiques.
- la problématique du « comportement » En
quoi ces organisations se différencient-elles, en terme de performance
de structures, de clientèle... des autres formes des organisations ?
5 Jocelyne Robert, Organisations et changements en
entreprises : approches historique, théorique et pratique, Editions de
l'Université de Liège, 2007.
6 Méhaut, P. et Mossé, P. (1998). Les
politiques sociales catégorielles : fondements, portée et
limites, p302.
5
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
L'association est un moyen pour suppléer à
l'inexistence d'offre de services marchands. En effet, il s'agit de
mécanismes de production de biens ou services sociaux ou une logique de
réalisation d'activité purement commerciale mais à
finalité sociale, avec des facteurs de production à
rémunérer. L'association participe ainsi à
l'activité économique par la création de biens et
services, la distribution de revenus (salariés par exemple), mais c'est
l'utilisation du résultat dégagé qui fait la
différence.
Les concepts d'organisation et ses diverses formes telles les
associations étant définis, comment appréhender le concept
de changement dans les organisations de façon générale
?
I.1.2/ La notion de changement
Dans le chapitre introductif de son ouvrage, Bernoux
(2010)7 annonce que « Le changement en général et
le changement dans les organisations en particulier sont des objets difficiles
à cerner ».
Demers (1999) nous indique que le concept de changement a fait
l'objet d'une quantité phénoménale d'articles et de
livres. Pour Perret (1996), il constitue un thème aussi majeur que
difficile d'autant plus qu'une réflexion en terme de changement et de
transformation se substitue peu à peu à des raisonnements en
terme de stabilité et de permanence.
Le changement peut se définir comme « la
démarche qui accompagne la vie de toute entreprise face à
l'instabilité et au développement de son environnement »
(Fabre et al., 2007). Pour ces auteurs, une organisation se modifie du
fait d'un changement dû à la nécessité de s'adapter
à un environnement instable. Le changement entraîne une
transformation voulue ou subie.
Pour Robbins et DeCenzo (2008), le changement est une
modification durable apportée à l'environnement, la structure, la
technologie ou au personnel d'une organisation en vue d'une amélioration
significative de son fonctionnement et de sa performance.
Pour Collerette, Delisle et Perron (2008)8, il
s'agit de tout passage d'un état à un autre, qui est
observé dans l'environnement et qui a un caractère relativement
durable.
Crozier et Friedberg (1977)9 proposent d'abord de
considérer le changement comme un problème sociologique et le
définissent ensuite comme un phénomène systémique
car portant sur la transformation d'un système d'action, mettant en
pratique de nouveaux rapports humains, de nouvelles formes de contrôle
social, et enfin considèrent le changement comme un apprentissage de
nouvelles formes d'action collective, entraînant la
7 Philippe Bernoux, Sociologie du changement dans les
entreprises et les organisations, 2010, Editions du Seuil, p.7.
8 Collerette, Delisle et Perron, Le changement
organisationnel, théorie et pratique, 2008, p20.
9 Crozier et Friedberg, L'acteur et le système,
1977, p391.
6
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
découverte, l'acquisition de nouvelles capacités
et la prise en compte de construits d'action collective comme obstacles
à l'apprentissage et le changement comme une rupture.
Pour Bernoux (2010), le changement est le résultat
d'une combinaison entre un ensemble de forces, les contraintes, les
institutions, et les acteurs, où se mêlent domination et
liberté.
A partir de ce concept de portée plus ou moins large,
des précisions peuvent être apportées à la notion de
changement et donner ce que Pesqueux (2010) appelle changement « à
épithète ». Pour lui, parler de changement, c'est poser la
question de la dialectique (ou de la dualité) «
stabilité-changement », dans un flou terminologique où
« stabilité », « permanence », « immobilisme
», « inertie », « rigidité », « permanence
», « continuité »,
de même « changement », « mouvement
», « modification », « mutation », «
métamorphose », « transformation », « adaptation
», « évolution », « réforme » se
trouvent « confondus » dans l'un ou l'autre des champs lexicaux, sans
compter la relativité radicale des deux concepts l'un vis-à-vis
de l'autre ».
Cette dialectique changement/continuité qui a fait
l'objet d'écrits importants est résumée par Mignon (2009),
en rapport avec différentes théories des sciences de gestion
comme suit:
Tableau n°1 : Auteurs et courants clés
sur la dialectique changement/continuité
7
Auteurs et courants clés
|
Terminologies
|
Ecologie des populations
M.T. Hannan et J. Freeman (1989) R.P. Rumelt (1995)
M.T. Hannan et al. (2004)
|
Favoriser l'inertie (la stabilité est
sélectionnée positivement par l'environnement) sans que cette
dernière inhibe les transformations et les ajustements
nécessaires à l'adaptation.
|
Pérennité organisationnelle
J.C. Collins et J.I. Porras (1994)
De Geus (1997) ; J.C. Collins (1997) Aronoff (2004)
|
Préserver l'essence et stimuler le progrès
|
Théories évolutionnistes
R.R. Nelson et S.G. Winter (1982) J.A.C Baum et J.V. Singh
(1994)
S.G. Winter (2000) ; R. Durand (2006)
|
Développer des routines source
d'apprentissage
|
Ecologie intra-organisationnelle R.A. Burgelman
(1991,1994) R.A. Burgelman, A. Grove (2007)
|
Faire régner/maîtriser le chaos
Développer de façon équilibrée les
stratégies autonomies/induites
|
Equilibre ponctué
L.E. Greiner (1972)
D. Miller, P.H. Friesen (1984)
M.L. Tushman et al. (1986)
M.L. Tushman, C.A. O'Reilly III (1996)
C.A. O'Reilly, M.L. Tushman (2004)
|
Alterner les réorientations majeures et les
changements mineurs.
Promouvoir conjointement des innovations incrémentales,
architecturales et radicales
|
Dynamic capabilities
D.J. Teece, G. Pisano, A. Shuen (1997) K.M. Eisenhard et J.
Martin (2000) S.G. Winter (2003)
G. Schreyogg, M. Kliesch-Eberl (2007) J.B. Harreld et
al. (2007)
|
Créer des capacités dynamiques et flexibles pour
continuer d'exister dans la durée
|
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Apprentissage et changement
organisationnel
C. Argyris, D. Schon (1978)
J.G. March (1991), Huber (1991)
D.A. Levinthal (1991), C. Argyris (1995)
C.A. O'Reilly, M.L. Tushman (2004)
W. Liu (2006), K.D. Miller et al. (2006)
Equilibrer l'exploration et l'exploitation. Distinguer les
changements en simple et double boucle.
Source : Sophie Mignon
(2009)10
La toute première théorie évoquée
(écologie des populations, avec comme chefs de file Hannan Freeman)
prônait l'inertie des organisations et le maintien par l'environnement de
celles qui sont stables. De même, la théorie de la
pérennité organisationnelle développée par J.C.
Collins et J.I. Porras voit dans les organisations cette capacité
à maintenir ses atouts propres tout en stimulant le progrès.
La théorie évolutionniste voit dans les routines
(opérationnelles, génériques et de recherche) une source
d'apprentissage. La théorie intra-organisationnelle prône de
s'appuyer sur le processus de sélection interne de la part des
dirigeants pour trouver un équilibre entre initiatives
stratégiques autonomes et initiatives stratégiques induites afin
d'aboutir à des innovations.
La théorie de l'équilibre ponctué conduit
à dépasser l'opposition entre les changements incrémentaux
et de réorientations majeures et s'intéresser à la
capacité des entreprises à développer simultanément
tout un ensemble d'innovations incrémentales (améliorations
mineures des procédés, produits), architecturales (changements
fondamentaux des procédés et technologies) et radicales
(innovations discontinues rendant obsolètes les produits et processus de
production).
La théorie de la capacité dynamique ou dynamic
capacity permet à l'organisation d'introduire des changements en
créant des capacités dynamiques et flexibles, résultats
d'un processus d'apprentissage. Enfin, l'apprentissage permet l'exploration et
l'exploitation de nouvelles connaissances et par conséquent d'introduire
des changements organisationnels.
Au regard de ce qui précède, la notion de
changement semble indéterminée (Pesqueux, 2010) et difficile
à cerner, sauf à adopter un référent ou un contexte
bien défini.
Ainsi, nous traitons du changement dans les organisations,
d'où le concept de changement organisationnel.
« Le changement organisationnel doit être
perçu comme une solution permettant à l'organisation de
répondre au problème de l'adaptation à son environnement
et de sa capacité à évoluer » (FABRE et al.,
2007).
10 Sophie Mignon (2009), La pérennité
organisation, Revue française de gestion, n°192, p77.
8
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
La définition suivante est donnée par Collerette
et al. (2008) : « Toute modification relativement durable dans un
sous-système de l'organisation, pourvu que cette modification soit
observable par ses membres ou les gens qui sont en relation avec ce
système ».
En liaison avec la découverte et l'acquisition de
capacités, Crozier et Friedberg (1977) définissent le changement
et son processus : « Il ne s'agit pas de décider une nouvelle
structure, une nouvelle technique, une nouvelle méthode, mais de lancer
un processus de changement qui implique action et réactions,
négociation et coopération. Il s'agit d'une opération qui
met en jeu non pas la volonté d'un seul, mais la capacité de
groupes différents engagés dans un système complexe
à coopérer autrement dans la même action. »
Collerette et al. (2008) relèvent la
distinction entre processus et démarche. Ainsi, pour eux, l'expression
processus fait référence aux différentes phases
vécues par le système social qui doit intégrer le
changement. Le processus se déroule au niveau de l'expérience
personnelle de ceux qui vivent le changement.
La démarche de changement quant à elle fait
référence aux différentes étapes qui seront
franchies pour entreprendre, promouvoir et implanter un changement dans un
système. Elle contient les différentes activités qui
seront exécutées par les agents du changement pour s'assurer
qu'il se matérialise dans l'organisation. La démarche du
changement organisationnel peut suivre quatre grandes phases :
- le diagnostic de la situation insatisfaisante ;
- la planification des actions ;
- l'exécution du plan d'actions ;
- l'évaluation des résultats obtenus.
Cependant, la littérature révèle que la
mise en oeuvre du changement est un processus généralement long
et présente un caractère conflictuel et chaotique (Collerette
et al.,2008).
Au-delà de ces définitions préliminaires,
nous allons approfondir le concept de changement organisationnel à
travers la vaste théorisation dont elle a fait l'objet.
Au regard de ce qui précède, nous pouvons
définir le changement organisationnel comme un processus introduit dans
une organisation, au regard des contraintes de son environnement ou de besoins
stratégiques, entraînant une transformation de son système
d'actions et visant une amélioration significative de son fonctionnement
et de sa performance.
Les concepts d'organisation et de changement étant
définis, il s'avère nécessaire à présent
d'analyser les modes d'introduction du changement dans l'organisation, les
modes de conduite du changement et les atouts indispensables à son
succès, tout ceci au regard des nombreux enjeux et contraintes que sa
mise en oeuvre entraîne nécessairement.
9
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(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
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Les différents modèles présentés
ci-dessous nous permettent de comprendre tout ce processus et leur contenu.
I.2/ Modèles explicatifs et compréhensifs
du changement organisationnel
Au regard de la littérature assez florissante, il
ressort que le changement organisationnel a fait l'objet de
modélisations tendant à expliquer et se voulant des outils ou
modèles de prédilection de comportements des organisations dans
un contexte de changement. Egalement, se fondant sur la
spécificité de chaque organisation, des approches de
compréhension du changement dans les organisations ont enrichi la
littérature. Les principaux modèles du changement sont
présentés dans les lignes qui suivent.
I.2.1/ Modèles liés à la dynamique
environnementale ou aux choix stratégiques
Des auteurs comme Perret (1996) et Hannan et Freeman (1994)
dans Demers (1999) ont mis en évidence deux principales conceptions qui
expliquent le changement : la conception « déterministe
» et la conception « volontariste
».
La conception déterministe, se fondant
sur la théorie de l'écologie des populations, envisage le
changement organisationnel comme une dynamique de l'environnement sur
l'organisation considérée comme une entité passive (Hannan
et Freeman, 1994) cité par Demers (1999).
Cette conception met en évidence (Perret, 1996) le
caractère inflexible de l'organisation et voit dans la structure, le
système et la culture, des facteurs de rigidité et d'inertie qui
tendent à préserver l'organisation des changements.
Le déterminisme de l'environnement est d'un
côté, relatif à la population d'organisations, faisant
ainsi référence aux lois du secteur dans lequel évolue
toute organisation (Hannan et Freeman, 1984) dans Demers (1999), de l'autre
à l'organisation elle-même, faisant référence
à la façon dont le contexte organisationnel est
façonné par les contraintes auxquelles l'entreprise doit faire
face (Nadler et Tushman, 1994) dans Demers (1999).
Le rôle déterminant de l'environnement externe
sur la structure des organisations a fait l'objet de beaucoup d'apports pour
donner la théorie de la contingence structurelle (Cordelier et
Montagnac-Marie, 2008).
Toutefois, des critiques sont formulées à
l'endroit de la conception déterministe. En effet (Livian, 2008), elle
évacue la dimension stratégique interne de l'organisation et
laisse place à un naturalisme naïf. Elle méconnait
également le fait qu'un groupe d'entreprises dans un secteur
donné n'est pas un simple agrégat, mais un ensemble
structuré par des relations.
10
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(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
L'approche volontariste ou théorie des
choix stratégiques (Child, 1972 cité par Perret, 1996) par
contre, met en évidence le rôle prépondérant des
choix stratégiques, de l'acteur comme facteur de transformation de
l'organisation.
Cette approche a permis de développer la théorie
de l'adaptation (Robert, 2007) aux mécanismes internes de l'organisation
« permettant d'envisager la stratégie comme résultant de la
volonté des managers agissant et prenant des décisions en
fonction des contraintes internes et externes. La stratégie ainsi
élaborée est imposée au reste de l'organisation ».
La tendance (à l'opposition
déterministe-volontariste) longtemps entretenue dans la
littérature n'est pas pertinente (Livian, 2008 ; Crozier et Friedberg,
1977). En effet, « la discussion philosophique habituelle oppose tout
à fait artificiellement les partis pris déterministes ou
volontaristes sur le changement ». Pour eux, « il s'agit d'un faux
problème », car toutes les théories explicites ou implicites
du changement sont, en effet, à la fois volontariste et
déterministes (Crozier et Friedberg, 1977 : 376).
Ainsi, comme l'ont démontré certains auteurs,
au-delà des approches revendiquant le déterminisme de
l'environnement sur l'organisation ou des choix stratégiques à
mettre en oeuvre par les acteurs de l'organisation, il conviendrait
plutôt de voir une interdépendance de l'organisation avec son
environnement. Les managers sont mus dans ce système par cette
volonté permanente de vaincre les contraintes de l'environnement, d'en
tirer des opportunités, tout cela en déployant des
stratégies conséquentes.
Un autre angle d'attaque lié à la dynamique de
l'environnement ou des choix stratégiques est le modèle des
forces qualifiées de forces extérieures et de forces
intérieures (Robbins et DeCenzo, 2008) pour motiver le changement. Les
forces extérieures comprennent le marché, les lois passées
par le gouvernement, la technologie et les changements économiques. Les
forces intérieures concernent la redéfinition ou modification de
la stratégie et l'introduction d'un nouvel équipement par
exemple.
Ces modèles sont pertinents dans la mesure où
ils tentent d'expliquer les causes ou les motifs d'un changement. Ainsi, pour
une organisation placée dans un contexte de changement, il peut
être nécessaire pour ses dirigeants ou les acteurs donnés,
de comprendre et de justifier le changement à travers ses causes, les
facteurs et les forces qui l'imposent. Les enjeux liés à sa
conduite et à son succès peuvent fortement en dépendre.
Ces concepts seront pris en compte dans les modèles
développés par d'autres auteurs qui placent l'organisation dans
un environnement sujet à des turbulences nécessitant par
conséquent une capacité dynamique et stratégique des
managers de l'entité.
11
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
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I.2.2/ Modèles basés sur l'initiative du
changement
Le changement pouvant se définir comme un processus qui
implique actions et réactions, négociations et
coopération, la connaissance de l'approche par l'initiative est
importante et peut être déterminante dans la réussite du
processus.
Sous l'angle de l'initiative du changement, il est
distingué le changement intentionnel (Child, 1972
cité par Perret, 1996), ou délibéré
(Perret, 1996) ou planifié (Collerette et
al., 2008) ou proactif (Johnson et Scholes, 2000
cités par Autissier et Vandangeon-Derumez, 2004) et le changement
contraint (Lawrence & Lorsh, 1983 cité par Perret,
1996) ou subi. Ici, il est mis en emphase la faculté
d'anticipation, de planification et motivée par une attitude proactive
en opposition à des phénomènes présents et non
prévus et qui nécessitent une attitude réactive.
Il est également fait cas du changement
dirigé ou prescrit
(Vandangeon-Derumez, 1998), où la dynamique de changement est
à l'initiative unilatérale des dirigeants en opposition au
changement construit (Cordelier & Montagnac-Marie, 2008),
où les dirigeants tiennent compte à l'inverse des idées
émises par leurs subordonnés.
Il apparaît que cet angle d'approche n'est pas
totalement éloigné du précédent et qu'une
conciliation peut même être opérée entre ces
approches. En effet, le changement organisationnel qu'il soit intentionnel,
délibéré, prescrit ou par contre contraint,
nécessite des actions de planification et une gestion efficace.
Cette approche de la connaissance du changement s'est
révélée pertinente dans la mesure où elle permettra
à d'autres auteurs de proposer des modèles basés sur la
coconstruction de l'organisation par l'implication et la participation large
des acteurs de la base au sens de Mintzberg et par un leadership assuré
par le sommet hiérarchique de l'organisation.
On peut supposer que les enjeux divers d'un changement sont
fonction de son ampleur. Tel sera l'apport des modèles
présentés ci-dessous.
I.2.3/ Modèles basés sur l'ampleur du
changement
L'ampleur et l'importance du changement ont été
mises en exergue dans la littérature sur le changement à travers
l'emploi de plusieurs terminologies. Ainsi, le changement radical
(Brassard, 2003 ; Christensen & Overdorf, 2000 ; Rondeau, 1999 ;
Demers, 1989 ; Johnson et Scholes, 2000) permet d'introduire une refonte
globale ou substantielle d'un système ou d'une organisation. Il marque
une rupture (Christensen & Overdorf, 2000) ou une
révolution (Brassard, 2003). Par contre, le changement
marginal ou incrémental (Tushman &
Romanelli, 1985) cité par Demers, (1999) fait référence au
caractère évolutif ou progressif du changement.
12
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
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Toujours en relation avec l'importance du changement, trois
(3) niveaux de changement sont mis en évidence par Watzlawick (1975)
cité par Soparnot (2005)11. Le niveau 0 est
celui où rien ne change ; c'est la continuité, l'immobilisme. Le
changement d'ordre 1 est correctif, mineur et permet à
l'organisation de maintenir son équilibre. Le changement de
niveau 2 est un changement majeur qui vise à
transformer complètement l'entreprise, ses valeurs, ses règles et
à métamorphoser le comportement des salariés. Il s'agit
d'un changement de logique qui modifie le système en profondeur.
Dans le même ordre d'idées, Mintzberg et
al. (1999) cité par Soparnot (2005) distinguent les
micro changements des macro changements. Le
micro changement ne concerne qu'un espace restreint de l'entreprise alors que
le macro changement la concerne dans toute sa dimension.
Les actions à mettre en place pour introduire et
gérer le changement dépendront de l'ampleur du changement. On
peut convenir qu'un changement de faible ampleur ne mobilisera qu'une
capacité assez limitée de l'organisation tandis qu'un changement
de grande ampleur mobilisera une capacité beaucoup plus importante et
suscitera aisément les phénomènes tels que les
résistances. La combinaison de types de changement a permis à
Johnson et Scholes (2000) cités par Autissier et Vandangeon-Derumez
(2004) d'établir la typologie suivante :
Tableau n°2 : Typologie des changements selon
Johnson et Scholes
Proactif
Réactif
AJUSTEMENT
|
TRANSFORMATION PLANIFIEE
|
Anticiper les besoins de changement par
|
Planifier un changement drastique par
|
un processus proactif d'ajustement des
|
anticipation aux techniques d'analyse
|
pratiques en cours
|
stratégique et d'aide à la décision
|
ADAPTATION
|
TRANSFORMATION FORCEE
|
Réagir aux pressions environnementales
|
Remettre en cause les schémas de
|
et concurrentielles.
|
pensée implicites à la suite d'un
|
Adapter le paradigme organisationnel
existant afin d'éviter les incohérences trop
flagrantes avec l'environnement
|
processus de dérive stratégique
|
Changement incrémental Changement
radical
Source : Johnson et Scholes (2000) dans
Autissier et Vandangeon-Derumez (2004)12
Il établit qu'un changement incrémental et
réactif est une adaptation, mais que le changement incrémental
qui se veut proactif s'assimile à un ajustement des pratiques en cours.
Le changement de grande ampleur et réactif est considéré
comme une transformation forcée en réaction à un processus
de dérive de la stratégie. Le changement radical proactif se
présente comme une transformation planifiée.
11 Richard Soparnot, L'évaluation des
modèles de gestion du changement : de la capacité de gestion du
changement à la gestion des capacités de changement, Gestion,
volume 29, numéro 4, hiver 2005.
12 Autissier et Vandangeon-Derumez, 13ème
Conférence de l'AIMS. Vallée de Seine 2, 3 et 4 juin 2004.
13
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Certains auteurs (Brassard, 2003 ; Johnson et Scholes, 2000) ont
introduit le débat pour nuancer les notions de changement et de
transformation, la transformation étant définie comme un
changement radical et de grande ampleur.
Cette approche s'avère utile dans la conduite du
changement dans une organisation car elle montre que la manière de
réagir (pro-action ou réaction) ou d'introduire (planifiée
ou forcée) le changement permet de cerner ses déterminants
essentiels et sa conduite efficace.
I.2.4/ Modèles basés sur les dimensions
affectées par le changement
Robbins et DeCenzo (2008) définissent trois (3) points sur
lesquels porte le changement : la structure, la technologie ou le personnel.
Schéma n°1 : Dimensions du
changement
+
+
Structure
Relation d'autorité Coordination de
mécanismes Refonte de postes Eventails de contrôle
Technologie
Processus de travail Méthodes de
travail Equipement
Personnel
Attitudes Attentes Perceptions Comportements
Source : Robbins et DeCenzo (2008)
Le changement peut toucher la structure de l'organisation en
ce sens il portera sur les relations d'autorité, la coordination de
mécanismes, la refonte des postes et divers éventails de
contrôle.
En ce qui concerne la technologie, le changement peut
concerner les processus et les méthodes de travail et tout
l'équipement nécessaire. De nombreux changements ont
été induits par les nouvelles technologies (Internet, ...).
Quant au personnel, le changement peut affecter leurs
attitudes, leurs attentes, leurs perceptions et leurs comportements.
On peut prédire qu'un changement de grande importance
va toucher tous les volets définis par Robbins et DeCenzo, mais aussi
peut concerner l'un ou l'autre de ces volets de façon
prononcée.
Cette approche théorique est pertinente car elle permet
de comprendre que le lancement d'un processus de changement passe
nécessairement par le ciblage préalable des zones ou dimensions
qui feront justement l'objet de changement, de la nature du changement ou de
l'orientation à donner à l'organisation.
La conduite d'un changement s'effectue nécessairement
dans le temps et par phases successives.
14
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I.2.5/ Modèles basés sur le processus de
changement
Deux principaux modèles sont présentés
ci-dessous : le modèle de Lewin et l'approche
constructiviste-systémique.
I.2.5.1/ Le modèle de Lewin
Le modèle de Lewin s'attèle à définir
le processus de changement en trois étapes (Lewin in Collerette et
al., 2008)13 :
- la décristallisation
La décristallisation ou dégel correspondrait
à la période où un système, qu'il s'agisse d'un
individu, d'un groupe ou d'une collectivité, commence à remettre
en question, volontairement ou non, ses perceptions, ses habitudes ou ses
comportements.
- la transition
Cette phase (mouvement et gel) correspondrait à
l'initiation au nouveau mode de fonctionnement et à
l'expérimentation des « nouvelles façons » de faire les
choses.
- la recristallisation
A cette phase aussi appelée phase de regel, les nouvelles
pratiquent « s'harmonisent » avec les autres dimensions du quotidien
et font désormais partie des habitudes.
I.2.5.2/ L'approche
constructiviste-systémique
L'approche constructiviste-systémique explicitée
par Collerette et al. (2008)14 se rapproche de l'approche
de Lewin en définissant également des étapes dans la
compréhension du changement comme suit :
- l'éveil
« En présence d'une pression visant un changement,
l'éveil est cette activité mentale qui consiste à
s'interroger, ne serait-ce qu'à des fins stratégiques, sur
l'utilité de prêter attention à cette pression »
(Collerette et al. 2008).
Cette étape est donc considérée comme le
point de départ du processus de changement. - la
désintégration
Collerette et al. (2008) caractérisent la
désintégration comme consistant à déterminer quels
sont les aspects jugés non adaptés à un système de
représentation et dans les pratiques qui en découlent, pour les
écarter et en déduire la valeur relative. Ils précisent
que c'est à cette
13 Collerette, Delisle et Perron, Le changement
organisationnel, théorie et pratique, 2008, p22.
15
14 Op. cit., p25-36
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
étape que se développe chez les destinataires
l'attitude réceptive ou réfractaire, à l'égard du
changement et par voie de conséquence la période où les
« alliances et les coalitions » commencent à prendre forme au
sein des groupes.
- la reconstruction
A cette phase, indiquent-ils, le système se met
à la recherche de significations nouvelles qui l'aideront à
réagir de façon satisfaisante aux situations qui se
présentent.
- l'intégration
Ici, « l'enjeu ne se situe pas entre les anciennes et les
nouvelles façons de faire, mais plutôt sur le plan de
l'équilibre, de l'harmonie entre la nouveauté et les autres
conceptions et pratiques toujours en vigueur dans le système »
(Collerette et al. 2008).
Ces deux modèles sont superposables comme le montre le
schéma ci-dessous :
Schéma n°2 : Phases et étapes
du changement
Phases du processus vécu
Recristallisation
Décristallisation Transition
105
100
Energie (%)
75
Désintégration Reconstruction
Eveil
Intégration
|
|
Analyse préliminaire
|
Diagnostic Exécution Evaluation
Planification
|
|
|
Temps (semaines-mois)
|
Etapes de la démarche entreprise
16
Source : Collerette, Delisle et Perron
(2008)
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
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Sur le schéma, on peut observer que l'éveil
correspond à peu près à la phase de
décristallisation ; la désintégration et la reconstruction
renvoient approximativement à la phase de transition et
l'intégration à la phase de recristallisation. Ces phases se
distinguent selon le processus global de planification, d'exécution et
d'évaluation.
Ces étapes se rapprochent également de celles
définies par Vandangeon-Derumez (1998) qui sont la maturation, le
déracinement et l'enracinement.
Face aux limites des différents modèles
processuels, Vandangeon-Derumez (1998) propose d'introduire la notion de «
temporalité » permettant notamment de déterminer quel
facteur, à quel moment et selon quelle intensité peut expliquer
ou non l'engagement d'un changement.
Ces modèles sont fort utiles dans la mesure où
ils aident tout acteur de changement à bien identifier les principales
phases d'un processus, généralement long, et le
déploiement d'actions conséquentes.
I.2.6/ Typologie fondée sur les relations
acteurs et destinataires du changement
Cette typologie, fondée d'un côté sur les
relations entre l'agent de changement, c'est-à-dire la personne
responsable du changement ou pilotant le changement ou selon Kotter (1990) un
leader emblématique, charismatique symbolisant la volonté de
changer, et de l'autre les destinataires du changement. Elle comprend
également trois approches :
- Les approches consensuelles visent à
recueillir l'adhésion la plus grande possible des acteurs.
- Les approches conflictuelles consistent
à bien localiser l'adversaire, à engager le conflit et à
tenter de le gagner pour obtenir les changements qu'on désire.
- Les approches marginales s'appuient sur une
rupture plus ou moins prononcée des relations avec les autres groupes de
l'environnement. Elles posent, pour différentes raisons, qu'il est
inutile de vouloir influencer les autres pour les changer, et qu'il est
préférable de changer ce que l'on veut, pour soi,
indépendamment des contraintes de l'environnement.
I.2.7/ L'approche « contextualiste »
Nizet et Pichault (2000)15 vont mettre en exergue
une approche contextualiste, fondée sur le contenu, le contexte et le
processus.
- le contenu : il s'agit du domaine du changement ou ce sur quoi
porte le changement ;
15 In Jocelyne Robert, Organisations et changements en
entreprises : Approches historique, théorique et pratique, Les Editions
de l'Université de Liège.
17
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
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- le contexte : il s'agit des facteurs internes et externes
à l'organisation, à l'origine du changement, avec une dimension
objective et observable et une dimension subjective mettant en avant le
rôle des acteurs et leur interprétation du phénomène
de changement ;
- le processus : il permet d'analyser les initiatives
développées par les acteurs face au changement.
Ces différentes approches non limitatives nous ont
permis de faire une meilleure connaissance des méthodes de
compréhension et de conduite du changement.
Un changement a un début et une fin ; il est introduit
d'une certaine manière dans l'organisation et touche ses
différentes dimensions avec une intensité variable ; il se
décompose en plusieurs phases et se mène à travers des
relations de nature diverses entre les meneurs et les destinataires.
Le changement comporte des enjeux, de part la manière
dont il est introduit et la manière de le mettre en oeuvre. Nous allons
à travers un bref parcours théorique déterminer les enjeux
principaux et les conditions du phénomène.
I.3/ Les enjeux et conditions du changement I.3.1/ Les
enjeux du changement
Tout changement comporte des enjeux, ne serait-ce qu'au vu de
ses causes, des objectifs visés et la manière de le conduire.
Rondeau et Bareil (2010) nous propose un cadre d»analyse
des enjeux du changement comme suit :
Tableau n°3 : Cadre d'analyse des enjeux du
changement proposé par Rondeau et Bareil
Enjeu 1 : légitimer le changement
|
. Etablir un dialogue soutenu avec les cadres
. Aider les cadres à composer avec les
déséquilibres et protéger leur intégrité
|
Enjeu 2 : réaliser le changement
|
. Favoriser la visualisation du changement
. Amener les cadres à adopter un mode de gestion de
projet
. Utiliser la mise en oeuvre du changement pour développer
de nouvelles capacités
|
Enjeu 3 : favoriser l'appropriation du
changement
|
Amener les cadres à :
. exercer du leadership
. accompagner leurs équipes dans la modification de leurs
comportements et habitudes
. Considérer le changement comme une situation
d'apprentissage
. Aborder le changement dans la perspective d'une
amélioration continue
|
18
Source : Rondeau et Bareil (2010)
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
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Ainsi, selon les auteurs, le premier enjeu du changement
réside dans sa légitimation. Légitimer le changement
signifie inculquer dans toute l'organisation un sentiment qui constitue une
réponse valable aux difficultés auxquelles cette dernière
fait face ou aux nouvelles exigences de son environnement d'affaires.
Les auteurs relèvent que même lorsqu'il s'agit
d'un changement imposé par une législation ou une
réglementation, l'exercice de légitimation est toujours
approprié.
Un regard croisé par rapport aux modèles vus sur
le changement nous permet de dire que cet enjeu apparaît dès le
début du processus, ou la phase d'éveil ou de
décristallisation. Il est donc déterminant pour la suite du
processus.
Le deuxième enjeu consiste à réaliser le
changement. Cela semble évident dans la mesure où c'est
l'étape la plus critique pour l'exécuter avec succès. Le
réaliser amène à déployer au sein de l'organisation
les nouvelles configurations d'action et les nouvelles pratiques dans
lesquelles s'incarne la transformation.
Il nous semble que le plus important ici est la manière
de réaliser le changement, en d'autres termes, comment mettre les atouts
de son côté pour réussir le changement.
Enfin, favoriser l'appropriation du changement, c'est faire en
sorte que les personnes concernées adoptent les nouvelles pratiques
comme si cela représentait dorénavant la façon naturelle
de fonctionner.
Il peut s'avérer nécessaire de mobiliser
efficacement les ressources afin de gérer simultanément le projet
de changement de façon concomitante avec les autres projets en cours.
Ainsi, Pichault (2010) indique que l'un des enjeux majeurs de tout processus de
changement consiste à combiner la temporalité du projet
concerné avec les temporalités des autres projets en vigueur dans
l'organisation, ces derniers pouvant largement interférer avec le projet
actuel et en conditionner le cours.
On peut avancer qu'un des enjeux importants du changement
réside dans sa mise en oeuvre par l'adhésion totale et
l'implication véritable des différents acteurs, en dehors de tout
phénomène de résistance.
I.3.2/ La résistance au changement
Il est difficile de traiter la question de changement sans
évoquer le thème de résistance au changement comme le
montrent les nombreuses contributions théoriques et empiriques, ce qui
justifie qu'elle en est un enjeu important. Ces résistances sont le plus
souvent présentées comme l'apanage des destinataires ou des
victimes du changement (Strebel, 2000)16.
16 Paul Strebel, Pourquoi les salariés
résistent-ils au changement ?, Harward Business Review, Les Editions
d'organisation, 2000.
19
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
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Ainsi, Bareil et Savoie (1998) définissent sept phases
de préoccupations et expressions connexes :
Tableau n°4 : Sept phases de
préoccupation selon Bareil et Savoie
Le destinataire se préoccupe de la (du)
:
|
Phase 1. Aucune préoccupation
|
Le destinataire ne se sent pas personnellement concerné
par le changement, il poursuit ses activités habituelles et fait «
comme si de rien n'était ». Il demeure indifférent au
changement organisationnel.
|
Phase 2. Sécurité de son poste
|
Le destinataire est inquiet des incidences du changement sur
lui-même et sur son poste. Il s'interroge sur le maintien de son poste
à la suite de l'implantation du changement et sur les
conséquences de ce dernier sur son rôle, ses
responsabilités, son statut et son pouvoir décisionnel. Il a
l'impression de ne plus maîtriser la situation ou de ne plus savoir ce
qui l'attend, et se questionne sur sa place dans l'organisation.
|
Phase 3. Volonté et sérieux du
changement
|
Le destinataire se questionne sur les impacts et les
conséquences qu'aura le changement sur l'organisation. Il désire
s'assurer que son investissement en temps et en énergie en vaudra la
peine. Il se demande entre autres jusqu'à quel point l'organisation est
sérieuse dans le maintien du changement à plus long terme et si
le changement sera rentable.
|
Phase 4. Nature du changement
|
Le destinataire quitte la zone de confort et commence à
s'interroger sur la nature exacte du changement. Il cherche des réponses
à sa méconnaissance du changement. Il devient attentif et
proactif et souhaite obtenir davantage de précisions sur le changement :
de quoi s'agit-il, quand et comment cela se fera t-il, etc.
|
Phase 5. Soutien disponible
|
Le destinataire est disposé à se conformer au
changement prescrit et à en faire l'essai. Cependant, il éprouve
un sentiment d'incompétence par rapport à ses nouvelles
fonctions, habiletés et attitudes. Il se dit inquiet sur sa
capacité à réussir et c'est pourquoi il s'interroge sur le
temps, les conditions, l'aide et le soutien qui lui sont offerts. Il veut
pouvoir être sûr de réussir son adaptation.
|
Phase 6. Collaboration avec autrui
|
Le destinataire se montre intéressé à
collaborer et à coopérer avec d'autres. Il désire partager
son expérience avec des collègues et s'enquérir de leurs
façons de faire. Il veut s'impliquer dans la mise en oeuvre du
changement.
|
Phase 7. Amélioration continue du
changement
|
Le destinataire recherche de nouveaux défis. Il
désire améliorer ce qui existe déjà, en modifiant
de façon significative son travail ou ses responsabilités, ou en
proposant de nouvelles applications du changement. Il remet en question ses
méthodes de travail et souhaite améliorer ou
généraliser le changement.
|
Source : Bareil et Savoie
(2005)17
Ces étapes explicitées dans le tableau
traduisent assez bien les principales préoccupations du destinataire du
changement. Elles vont d'un état d'indifférence chez le
destinataire à une implication et une appropriation du changement.
20
17 Céline Bareil et André Savoie,
Comprendre et mieux gérer les individus en situation de changement
organisationnel, Gestion, vol 24, n°3, automne 1999, p90.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Ces préoccupations telles qu'exposées par les
auteurs impliquent que la mise en oeuvre du changement se déroule selon
un processus dont chacune des étapes fait l'objet d'interrogation de la
part du destinataire.
Robins et DeCenzo (2008) définissent trois grandes
raisons qui motivent les résistances au changement : l'incertitude et la
perte des repères, la peur d'une perte au niveau personnel et le
sentiment que l'évolution n'est pas ce qu'il y a de mieux pour
l'organisation.
La question de résistances au changement est
également abordée par Collerette et al. (2008) qui
distinguent également trois (3) sources de résistances comme suit
:
- les résistances liées à la
personnalité ;
- les résistances liées au système social
;
- les résistances liées au mode d'introduction du
changement.
Cette vision nous semble un peu restrictive car elle ignore
tout le reste du processus, notamment la phase de conduite du changement durant
laquelle les actions mises en oeuvre peuvent rebuter les destinataires. Comme
exemple, un changement entamé et accepté par les destinataires
peut engendrer par la suite une restriction de l'effectif ce qui va forcement
implanter un environnement de résistance voire de sabotage.
Pour briser la résistance ou à tout le moins la
limiter, Robins et DeCenzo (2008) préconisent plusieurs
stratégies résumées dans le tableau ci-dessous :
21
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défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Tableau n°5 : Stratégies pour briser
la résistance selon Robins et DeCenzo
Technique
|
Utilisation
|
Avantage
|
Inconvénient
|
Education et
communication
|
Lorsque la résistance est
due à une désinformation
|
Efface les
malentendus
|
Peu efficace en cas de manque de confiance et de
crédibilité
|
Participation
|
Lorsque les résistants
sont assez compétents
pour apporter leur contribution
|
Accroît l'implication
et l'acceptation
|
Prend beaucoup de
temps et mène
éventuellement à une solution médiocre
|
Aide et soutien
|
Lorsque les résistants
sont victimes de craintes et d'angoisse
|
Peut faciliter
certaines adaptations
|
Coûte cher et ne garantit pas une réussite
|
Négociation et
entente
|
Lorsque la résistance est
l'oeuvre d'un groupe puissant
|
Peut permettre
« d'acheter » des
engagements
|
Peut coûter cher et offre
à d'autres la possibilité d'exercer des
pressions
|
Manipulation et cooptation
|
Lorsque l'appui d'un
groupe puissant est
nécessaire
|
Peu coûteuse,
facilité de s'assurer un soutien
|
Risque d'échec et de
perte de crédibilité de l'agent du changement
|
Coercition
|
Lorsque l'appui d'un
groupe puissant est
nécessaire
|
Peu coûteuse,
facilité de s'assurer un soutien
|
Eventuellement illégale
et peut nuire à la crédibilité de l'agent
du changement
|
Source : Robbins et DeCenzo (2008)
De façon générale, des styles sont
préconisés pour gérer efficacement le changement tout en
réduisant la résistance. Pour Livian (2010), ces styles sont :
l'autorité (changement imposé), la persuasion (changement «
vendu »), la négociation et le changement « participatif
».
L'implication, la négociation et la communication sont
des atouts essentiels pour réussir un changement. Un changement peut
être la cause de stress observé chez certains agents.
Nombre d'expériences de changement ont conduit à
des échecs. Certains auteurs présentent les causes essentielles
d'échec de ces tentatives. Ils préconisent par conséquent
des solutions pour un succès du projet de changement.
I.3.3/ Les causes d'échec et les facteurs de
succès du changement
Pour Kotter, le processus de changement suppose que l'on passe
par un certain nombre de phases. Aussi, il définit huit (8) causes
essentielles d'échec formulées sous forme d'écueil :
- Ecueil n°1 : ne pas stimuler suffisamment le sentiment
d'urgence - Ecueil n°2 : ne pas constituer de noyau dur
- Ecueil n°3 : manquer de vision
22
- Ecueil n°4 : minimiser l'effort de communication
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- Ecueil n°5 : laisser des obstacles
- Ecueil n°6 : ne pas se donner des repères
- Ecueil n°7 : crier trop tôt victoire
- Ecueil n°8 : ne pas encrer le changement dans la culture
de l'entreprise.
Collerette et al. (2008) ont dégagé en
retour six (6) conditions qui maximisent les chances de succès d'une
entreprise au changement organisationnel planifié :
1. Les destinataires perçoivent le problème
comme assez prioritaire et insatisfaisant pour être motivés par
une intervention.
2. Il y a suffisamment d'énergie disponible chez les
destinataires et les agents de changement pour entreprendre et mener une
intervention à terme.
3. L'agent de changement a, ou peut obtenir, le pouvoir ou
les moyens de réaliser le changement ; les destinataires le
perçoivent.
4. Les avantages du changement sont perçus et
valorisés par les destinataires.
5. Les avantages associés au changement sont
perçus par les destinataires comme étant supérieurs aux
bénéfices perdus dans la situation actuelle, additionnés
aux désavantages qui viendront avec le changement.
6. L'agent est capable de procurer aux destinataires la
sécurité et le support dont ils auront besoin pour traverser la
période du changement.
Après avoir parcouru les différentes
théories sur le changement organisationnel, avec une mise en exergue de
ces enjeux principaux, du phénomène de résistance
généralement vécue lors du processus, des causes de
l'échec des projets et de l'exposé de pistes pour leur
réussite, nous pouvons à présent déterminer le
modèle d'analyse pour aborder les principales questions soulevées
pour comprendre l'introduction et la mise en oeuvre du changement dans une
organisation donnée.
I.4/ Modèle d'analyse
Nous présentons dans un premier temps le modèle
de Rondeau et la justification du choix et dans un second temps la grille
d'analyse qui sera extraite du modèle de Rondeau.
I.4.1/ Présentation du Modèle de
Rondeau
Pour comprendre les différentes facettes du changement
et sa mise en oeuvre dans les organisations, Rondeau a élaboré un
modèle qui se présente de façon schématique comme
suit :
23
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Schéma n°3 : Modèle de
Rondeau
Source : Rondeau (1999)
La démarche de transformation et les trois (3)
dimensions du modèle sont ci-dessous sont définies par Rondeau
(1999).
I.4.1.1/ La démarche de transformation
Elle comporte cinq (5) aspects : un scénario, un plan
d'action, l'encadrement, le rythme et les cibles.
La construction de la démarche de changement se
présente comme un scénario qui va guider le
déroulement du changement afin de faire pénétrer
l'intention stratégique au sein de l'organisation. La conduite du
changement nécessite un plan d'action qui identifie
l'ensemble des activités et leur séquence de mise en oeuvre du
changement. L'encadrement du changement consiste dans le
partage des rôles et responsabilités entre les acteurs
impliqués (niveau stratégique, fonctionnel et opératoire)
dans la conduite du changement. Le rythme est lié
à la cadence d'action à maintenir dans la mise en oeuvre du
changement. Les cibles d'action ont trait à la fois aux
objectifs visés et aux résultats escomptés par la
transformation.
24
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I.4.1.2/ Les trois (3) dimensions du modèle
Dimension 1 : Le contexte du changement : identifier les
conditions déterminantes
Pour comprendre ce qui se passe dans la transformation d'une
organisation, il faut d'abord se pencher sur le contexte dans lequel cette
transformation se déroule, c'est-à-dire les conditions qui
prévalent dans l'organisation et dans son environnement et qui sont
susceptibles d'influencer le déroulement éventuel de la
transformation. Rondeau définit les variables contextuelles majeures
:
- la complexité du changement : cas de changement
radical ou de changement imposé, perturbation des équilibres
internes, perturbation du système, taille importante de l'organisation,
activités multiples, marchés diversifiés, nombreuses
technologies, ressources hautement qualifiées et fortes pressions de son
environnement.
- la légitimité du changement : pertinence
perçue de la transformation annoncée eu égard à la
performance de l'organisation.
- le niveau d'inertie de l'organisation : dans quelle mesure
l'organisation est perméable à son environnement tout en sachant
préserver ce qui constitue ses forces propres. Elle porte sur la
structure, la culture et l'historique de changement.
- la disponibilité des ressources car tout changement a
un coût et une vision sans moyens n'a pas de grandes chances de se
réaliser.
- les pressions de l'environnement : structure concurrentielle
(acteurs actuels et potentiels) à prendre en compte.
- le soutien des groupes intéressés : tout
acteur social ayant une influence quelconque sur l'évolution d'une
organisation (gouvernements, donneurs d'ordre, les syndicats, les groupes
d'intérêt).
Dimension 2 : Les acteurs du changement : enjeux et
rôles déterminants
Pour Rondeau (1999), le changement organisationnel est le fait
d'une masse critique d'acteurs organisationnels qui s'y investissent parce que
ce changement représente un enjeu pour eux et qu'ils considèrent
avoir un rôle à y jouer : interprétation de la haute
direction du besoin de changer en tant que déclencheur du changement,
travail d'un ou de plusieurs « champions », véritables
catalyseurs du changement appuyés par des « équipes
porteuses », « destinataires » du changement ou personnes
touchées.
L'analyse des acteurs et des enjeux organisationnels met en
évidence la nature essentiellement perceptuelle et politique de toute
transformation.
25
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Dimension 3 : Les conditions à créer au
sein de l'organisation : produire des effets désirables
Changer, c'est améliorer la capacité
installée de l'organisation à faire face à la turbulence
de son environnement. C'est faire de chaque sous-système, et
éventuellement de chaque acteur, un agent de changement qui non
seulement comprend bien ce qu'il faut réaliser, mais qui est aussi en
mesure d'y contribuer en développant les capacités
nécessaires.
Les principales conditions sont définies comme suit :
- clarification de la direction par l'articulation d'un
ensemble d'activités d'orientation (objectifs poursuivis, modèle
organisationnel visé).
- favorisation chez les divers acteurs organisationnels d'une
disposition positive à investir des énergies dans le projet par
des activités de sensibilisation.
- développement des capacités individuelles et
organisationnelles par des activités d'habilitation.
- Agencement de l'appareil organisationnel d'origine avec les
nouvelles exigences par des activités d'intégration.
- dotation de l'organisation de mécanismes
d'apprentissage continu visant à la rendre plus sensible à des
modifications de son environnement et à réduire la
nécessité d'éventuelles transformations radicales par un
ensemble d'activités de régénération.
I.4.2/ Justification du choix du modèle de
Rondeau
Les principaux modèles rappelés
antérieurement permettent de comprendre le changement organisationnel
sous des perspectives multiples allant des facteurs qui le motivent ou
l'occasionnent, aux facteurs clés de succès pour la
réussite du changement, en passant par des dimensions liées au
style de management des acteurs et des destinataires du changement et bien
d'autres phénomènes. La plupart de ces modèles abordent
une facette donnée du changement. Par exemple, les modèles
déterministes et volontaires donnent des pistes pour apprécier la
manière dont le changement s'introduit dans l'organisation ou comment il
se justifie.
Le modèle basé sur l'initiative du changement
permet de comprendre comment il est enclenché. Une approche un peu plus
globalisante est observée avec le modèle contextualiste. Ces
modèles fondateurs ont permis l'élaboration d'autres
modèles. Sont de ceux-là le modèle de Rondeau qui a su
faire une combinaison subtile des préconisations effectuées. Le
modèle de Rondeau met en évidence les dimensions suivantes dans
la démarche du changement :
26
- le contexte du changement pour identifier les conditions
déterminantes ;
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défis de la transformation d'une organisation à but non
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- les acteurs du changement permettant d'analyser leurs enjeux
et leurs rôles déterminants ;
- la progression du changement pour mettre en évidence
les « capacités » déterminantes.
Les principales variables définies dans le
modèle nous semblent assez pertinentes pour la compréhension du
changement dans l'organisation étudiée. En effet, les variables
contextuelles prédéterminent dans une large mesure la
réussite d'un changement. Un ensemble de variables permettent
également de capter les intentions et comportements des
différents acteurs du changement, notamment celui ou ceux chargés
de la conduite du changement et ceux qui en sont affectés mais dont
l'apport est essentiel à sa réussite. Des variables permettent
également de mesurer les effets du changement.
Le modèle de Rondeau nous paraît pertinent pour
l'analyse de notre situation. En effet, la force de ce modèle est qu'il
permet d'analyser non seulement le contexte du changement, le point de vue des
acteurs comprenant les agents de changement et les destinataires du changement,
mais aussi les conditions de succès du changement. Ce cadre prend en
compte la démarche d'analyse ou « analyse stratégique »
du système et des acteurs préconisée par Crozier et
Friedberg (1977) indiquant que l'organisation n'est pas une « «
donnée naturelle » mais un « construit social »
; il faut en étudier les enjeux, les intérêts, les
règles du jeu et comprendre les stratégies
développées par les acteurs. Les auteurs assimilent les individus
à des « acteurs » et non à des agents passifs qui
exécutent des consignes.
Le modèle permet enfin de répondre aux
problématiques essentielles du changement, en l'occurrence au «
quoi », au « pourquoi » et au « comment » du
changement (Demers, 1999).
L'auteur indique toutefois que son modèle « n'est
en fait qu'un guide d'action, qu'un outil de travail pour favoriser rigueur et
transparence dans la conduite de la démarche de transformation » et
que « cet outil est actuellement testé dans l'accompagnement de
transformations majeures auxquelles participent les chercheurs du
Centre18 »
La compréhension et la conduite d'un changement
nécessitent la mise à contribution et la combinaison d'un
ensemble de facteurs environnementaux, internes et d'aptitudes propres au
promoteur du changement face à d'autres acteurs essentiellement
considérés comme les destinataires du changement ; autant
d'éléments qui ont été pris en compte dans le
modèle de Rondeau. Cependant, nous avons opté d'adapter la
troisième dimension du modèle à notre environnement. En
effet, nous percevons que le changement n'a pas encore produit des effets
tangibles et les conditions essentielles à leur aboutissement
immédiates ne sont pas réunies. C'est ainsi que notre grille
d'analyse ci-dessous va retenir quatre (4) aspects essentiels de cette
dimension.
27
18 Centre d'Etudes en Transformation des Organisations
de HEC Canada
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
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1.4.3/ Grille d'analyse
Sur la base du modèle, nous avons élaboré
un guide d'entretien contenant dix neuf (19) questions à administrer au
personnel (cf annexe 1.1) et un second adapté pour être
administré aux acteurs externes (cf annexe 1.2). Ce dispositif est
complété par des notes d'observations ou des notes prises lors
des réunions. Ces trois éléments mis ensemble ont permis
de faire une triangulation des données collectées.
La grille d'analyse découlant de cet éventail de
questions et d'items se présente comme suit :
Tableau n°6 : Grille d'analyse
Dimensions
|
Variables
|
Conditions déterminantes
|
Complexité du changement Origine de la transformation
Objet du changement
Pertinence du changement Spécificité de
l'organisation Encadrement de la réglementation
|
Enjeux et rôles déterminants
|
Enjeux réels ou perçus
Vision, style et stratégie mis en oeuvre
Participation des acteurs
Position concurrentielle
Enjeux et problèmes vécus
|
Effets du changement
|
Niveau de changement Rythme du changement Réussite du
changement Adaptation aux nouvelles exigences
|
Source : Elaboré par
nous-mêmes
La grille d'analyse comprend au total quinze (15) variables
issues du dispositif énoncé ci-dessus. L'examen et l'analyse de
ces variables nous permettront de caractériser le changement au sein de
l'organisation faisant l'objet d'étude.
28
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
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II/ METHODOLOGIE
II.1/ Démarche méthodologique
Notre sujet est traité sous forme d'une étude d'un
cas sur une période de deux ans environ.
L'étude de cas est une description d'un
phénomène, d'une organisation ou d'un incident. Elle s'applique
(Miles et Hubermann, 2003)19 dès que le chercheur veut faire
une observation in situ, une observation compréhensive et observation
sur la durée permettant une meilleure connaissance du cas.
«In brief, the case study method allows investigators to
retain the holistic and meaningful characteristics of real-life events - such
as individual life cycles, small group behavior, organizational and managerial
processes, neighborhood change, school performance, international relations,
and the maturation of industries.» Yin (2003)20
L'étude approfondie d'un cas nous semble
appropriée pour mieux analyser la situation d'ensemble, son contexte,
l'évolution du processus ainsi que les jeux d'acteurs comme l'a
souligné Yin (2003).
L'étude approfondie utilise des données
qualitatives qui, selon Miles et Huberman (2003) « sont
séduisantes. Elles permettent des descriptions et des explications
riches et solidement fondées de processus encrés dans un contexte
local. Avec les données qualitatives, on peut respecter la dimension
temporelle, évaluer la causalité locale et formuler des
explications fécondes ».
Cette méthodologie présente cependant
l'inconvénient de la non généralisation des
résultats (Stake, 1978)21 sauf sous certaines conditions.
L'étude de cas nécessite le recours à un
ensemble de techniques et d'outils complémentaires. Dans le cas
présent, la technique documentaire, l'observation souvent participante,
les focus groupes (diner-débat et autres réunions) d'une part et
des entretiens semi-directifs d'autre part sont les principales méthodes
d'investigation utilisées.
La technique documentaire permettra grâce aux principaux
documents (outils de gestion internes, études réalisées,
textes institutionnels et règlementaires) de connaître la
situation initiale de l'organisation, le contexte du changement,
l'environnement et le secteur d'activité.
19 Matthew B. Miles et A. Michael Huberman, Analyse
des données qualitatives, 2ème éd., De Boeck
(2003). P11.
20 Yin, R K (2003), Case study research: Design and
methods (3rd ed.) Thousand Oaks, CA : Sage.
21 Robert E, STAKE, The Case Study Method in Social
Inquiry, Educational Researcher, vol.7, n°2, Feb. 1978.
29
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La réalisation d'un guide d'analyse des contenus et
d'un guide d'entretiens avec les acteurs permettra de mieux définir et
cerner les contours de la transformation engagée. Les entretiens
semi-directifs seront réalisés auprès des principaux
acteurs de l'organisation et du changement.
Un diner-débat organisé par la Mutuelle des
agents de l'Agence Faso Baara S.A et réunissant le Directeur
Général et l'ensemble du personnel a également servi de
cadre à la collecte de données. Ce diner-débat qui a
duré environ deux (2) heures a été entièrement
enregistré.Trois thèmes ont constitué l'ossature du
diner-débat : la vision des responsables, la stratégie et
l'ouverture du capital dont la Mutuelle est ciblée pour
bénéficier d'actions.
L'observation et souvent la participation à certains
cadres de concertation tels que les réunions au regard de notre position
de cadre dans l'organisation sont utilisées tout au long du processus et
permettent une triangulation des données issues de l'analyse
documentaire et des entretiens. Des notes d'observation étaient
régulièrement rédigées.
II.2/ Technique d'échantillonnage et de collecte
de données
Notre échantillon d'interviewés internes a
concerné les fonctions principales de l'entité. Une fois la
fonction déterminée, le choix des interviewés a
été faite de façon aléatoire. Il s'agit : d'un (1)
directeur, de trois (3) comptables, de deux (2) chefs de projets, de trois (3)
assistants chef de projet, de deux (2) cadres du pool conseillers, de deux (2)
cadres représentant la Mutuelle, soit au total treize (13) personnes
interviewées représentant approximativement 33% de l'effectif du
personnel.
Notre questionnaire a été administré
à des acteurs externes en son volet contextuel. Ainsi, nous avons pu
nous entretenir avec deux (2) cadres supérieurs de deux agences
d'exécution, sociétés d'état exerçant dans
le même secteur que l'entité étudiée.
La collecte des données va concerner d'un
côté les documents internes qui sont
essentiellement : les statuts et règlement
intérieur de l'organisation, les statuts et règlement
intérieur du personnel, les manuels de procédures, les notes de
service et les correspondances, et de l'autre les documents externes dont
principalement les textes règlementaires, les arrêtés et
les études réalisées par les consultants.
Les entretiens ont fait l'objet d'enregistrements. Chaque
enregistrement était affecté d'un code permettant de les suivre
chronologiquement et suivant la fonction de l'interviewé. Un second
niveau de codification a concerné les dimensions du questionnaire. Ce
questionnaire est subdivisé en trois dimensions conformément au
modèle d'analyse. La codification à l'intérieur de chaque
dimension permettait de suivre chacune des questions posées et les
éléments de réponse.
La durée de chaque entretien a varié globalement
entre quarante cinq (45) minutes et une heure vingt cinq minutes (1h25mn).
30
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Il convient de noter que les entretiens avec le personnel ont
été réalisés en deux étapes essentielles
pour prendre en compte l'effet dynamique du changement mais surtout au regard
d'une perspective de dénouement de certaines problématiques
posées lors du processus. En effet, la première s'est
située avant et pendant les échanges houleux sur les
doléances du personnel liées à leurs droits et la seconde
à peu près deux mois après que ses préoccupations
aient été traitées. Deux acteurs ont été
interviewés sur chacune des deux phases pour apprécier
l'évolution de leurs perceptions.
Le point de vue des dirigeants a été
capté à l'occasion d'un diner-débat entre le personnel et
le Directeur Général, organisé le 14 décembre
2012.
II.3/ Techniques de traitement et d'analyse des
données
Les données utilisées sont principalement
qualitatives constituées de textes (rapports, PV, documents internes
...) et des entretiens posant ainsi la problématique du traitement d'une
masse d'informations. Cependant, comme le soulignent Miles et Huberman
(2003)22, ces données ne sont pas habituellement
immédiatement accessibles à l'analyse, mais ont besoin
d'être préalablement traitées. Les notes de terrain
à l'état brut doivent être corrigées, mises en
forme, tapées. Les enregistrements doivent être transcrits et
corrigés.
Ainsi, les enregistrements des entretiens ont
été effectués grâce à un support vidéo
et audio notamment l'application Cyberlink YouCam intégré
à l'ordinateur portable. La retranscription a été
effectuée manuellement par nous-mêmes et saisie sur MS Word.
La caractérisation des points de vue est
effectuée selon le code suivant conformément à la liste
des codes établie par Miles et Hubermann (2003) :
- Très peu de répondants : moins de 10% des
répondants ; - Peu de répondants : entre 10 et 33% des
répondants ;
- Une partie des répondants : entre 33 et 50% des
répondants ; - La majorité des répondants : entre 55 et
66% des répondants ; - La plupart des répondants :
supérieurs à 66% des répondants.
22 Matthew B. Miles et A. Michael Huberman, Analyse
des données qualitatives, 2ème éd., De Boeck
(2003). p26.
31
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III/ CADRE PRATIQUE
Il est présenté ici le contexte institutionnel du
changement et l'entité objet de changement. III.1/ Le contexte
institutionnel du changement
III.1.1/ Un secteur d'activité particulier : la
maîtrise d'ouvrage déléguée
La complexité de certains projets nécessite
l'intervention d'acteurs multiples aux compétences avérées
et diversifiées dans les domaines faisant ainsi l'objet de projets. La
construction de routes, la réalisation de barrages, de ponts, la
construction de bâtiments devant accueillir du public (écoles,
hôpitaux...) sont des exemples d'infrastructures complexes
appelées ouvrages.
L'ouvrage est défini23 « comme le
résultat d'un ensemble de travaux de bâtiment ou de génie
civil destiné à remplir par lui-même une fonction
économique ou technique. Il peut comprendre notamment des
opérations de construction, de reconstruction, de démolition, de
réparation ou rénovation, tels que la préparation du
chantier, les travaux de terrassement, l'érection, la construction,
l'installation d'équipement ou de matériel, la décoration
et la finition d'équipement ou de matériel, la décoration
et la finition ainsi que les services accessoires aux travaux si la valeur de
ces services ne dépasse pas celle des travaux eux-mêmes».
Les définitions et principales attributions des
principaux acteurs intervenant dans la réalisation d'un ouvrage sont
données ci-contre et s'inspirent des dispositions du décret
ci-dessus cité.
Il ressort que le Maître d'Ouvrage est la personne
morale de droit public ou de droit privé qui est propriétaire
final de l'ouvrage ou de l'équipement technique objet du
marché.
Dans le cadre de la délégation de la mission de
maîtrise d'ouvrage et dans la limite du programme et de l'enveloppe
financière qu'il a arrêtée conformément à sa
mission, le maître d'ouvrage peut déléguer les attributions
suivantes :
- la définition des conditions administratives et
techniques de réalisation de l'ouvrage ou de l'étude ;
- la gestion de l'opération au plan administratif,
financier et comptable ;
23 Article 1er du décret
n°2008-374/PRES/PM/MEF du 02 Juillet 2008 portant règlementation de
la maîtrise d'ouvrage publique déléguée au Burkina
Faso.
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- la préparation des dossiers d'appel d'offres, la
sélection, après mise en compétition du maître
d'oeuvre, des entrepreneurs et des prestataires, l'établissement, la
signature et la gestion de leurs contrats ;
- l'approbation des avant-projets ; l'accord sur le projet
d'exécution des travaux ;
- le versement de la rémunération du maître
d'oeuvre, des entrepreneurs et prestataires ;
- la réception et l'accomplissement de tous actes
afférents aux attributions prévues ; - les actions en justice.
Le maître d'ouvrage peut toutefois se réserver
l'exercice des attributions suivantes : - l'accord sur le projet
d'exécution technique ;
- la sélection ou la non objection sur le choix du
maître d'oeuvre et la signature du contrat de maître d'oeuvre ;
- la sélection ou la non objection sur le choix des
entrepreneurs et prestataires ; - la réception de l'ouvrage ou
l'approbation des études ;
- Il peut également déléguer ces
attributions sans condition, ou encore les déléguer sous
réserve de son accord ou de son approbation.
Le Maître d'ouvrage délégué est la
personne morale de droit public ou de droit privé qui est le
représentant du maître d'ouvrage dans l'exécution de ses
missions et qui reçoit, à cet effet, mandat dans le cadre d'une
convention de maîtrise d'ouvrage déléguée.
Aux termes des dispositions de l'Article 2 du décret
n°2008-374/PRES/PM/MEF du 02 Juillet 2008, le Maître d'Ouvrage dans
le cadre de sa mission doit :
- s'assurer de la faisabilité et de l'opportunité
de l'opération ;
- déterminer la localisation, s'il s'agit d'un ouvrage
;
- définir et adopter le programme ;
- arrêter l'enveloppe financière
prévisionnelle ;
- assurer le financement ;
- choisir le mode et le processus de réalisation
conformément à la réglementation en vigueur.
33
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Lorsque le Maître d'Ouvrage est une personne morale de
droit public (Etat, démembrements de l'Etat, Collectivités
territoriales, sociétés, entreprises ou établissements
publics...), on parle de maîtrise ou maître d'ouvrage publique
délégué(e).
Le Maître d'oeuvre est la personne physique ou morale de
droit public ou de droit privé chargée par le Maître
d'Ouvrage ou le Maître d'ouvrage délégué,
d'attributions attachées aux aspects architectural et technique de la
réalisation d'un ouvrage de bâtiment ou d'infrastructure aux
termes d'un contrat de maîtrise d'oeuvre ; la maîtrise d'oeuvre
inclut des fonctions de conception et d'assistance au maître d'ouvrage ou
au maître d'ouvrage délégué dans la passation, la
direction de l'exécution des contrats de travaux, dans l'ordonnancement,
le pilotage et la coordination du chantier, dans les opérations de
réception et pendant la période de garantie de parfait
achèvement.
Cette activité est de pratique relativement
récente en Afrique par rapport à l'Europe. En effet, elle est
apparue pour la première fois au Sénégal avec AGETIP
Sénégal en 1989.
En 2012, vingt (20)24 structures appartenant au
réseau AFRICATIP interviennent dans différents pays d'Afrique sur
le mandat de leurs Gouvernements et des partenaires techniques et financiers
principalement comme maîtres d'ouvrage délégués,
sous la forme associative, à l'exception du Bénin où deux
structures avaient déjà opéré une mutation de leur
forme juridique pour devenir des sociétés anonymes.
Au Burkina Faso, au-delà de certains
démembrements de l'Etat jouant le rôle de bras technique pour la
conduite de certains projets, la maîtrise d'ouvrage
déléguée est pleinement apparue à la suite de la
mise en oeuvre du Programme d'ajustement structurel (P.A.S) dans un contexte de
réforme et de restructuration de l'économie nationale.
Ce secteur d'activité a été dominé
principalement par une structure, créée sous l'impulsion de
l'Etat et la Banque Mondiale, sous la forme d'association à but non
lucratif à l'image de nombre de structures évoluant dans
différents pays africains au sein du réseau AFRICATIP.
Mais, au regard du développement du secteur au Burkina
Faso avec la création de structures aussi bien publiques que
privées, le cadre réglementaire national initialement relatif aux
marchés publics a été complété pour cerner
ce domaine d'activité.
III.1.2/ Réglementation du secteur
Les perspectives de réglementation du secteur avaient
déjà été évoquées à travers
une étude. Ainsi, «En fait, les AGETIP demeurent des intervenants
spécifiques continuant à mener les interventions à contenu
social prononcé aux prestations de pur maître d'ouvrage
délégué ou, maintenant, d'assistant à maître
d'ouvrage. Par ailleurs, dans certains pays, la
24 Il s'agit (cf
www.africatip.net) du
Bénin (2), Burkina Faso (1), Burundi (1), Cap-Vert (1) Centrafrique (1),
Djibouti (1), Gambie (1), Guinée (1), Guinée Bissau (1),
Madagascar (1), Mali (2), Mauritanie (2), Niger (1), Sénégal (1),
Togo (1), Rwanda (1) et la Côte d'Ivoire (1).
34
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
concurrence est de règle- au moins
théoriquement- et c'est une tendance qui très probablement se
généralisera. Ces évolutions ne peuvent pas ne pas
être sans conséquence sur le fonctionnement dérogatoire et
les exonérations dont bénéficient les AGETIP «
historiques »»25.
Ainsi, certains pays avaient connu une réglementation
dans le sens de la mise en concurrence des AGETIP, conformément à
un cadre communautaire de l'UEMOA en vigueur depuis 2005.
Un dispositif communautaire et national encadre les
marchés publics de façon générale et
l'activité de maîtrise d'ouvrage déléguée de
façon spécifique au Burkina Faso. Il s'agit :
- de la directive n°04/2005/CM/UEMOA du 9/11/2005,
portant procédures de passation, d'exécution et de
règlement des marchés publics et des délégations de
service public dans l'UEMOA ;
- du décret n°2012-123/PRES/PM/MEF du 02 Mars 2012
modifiant le décret n°2008-173/PRES/PM/MEF du 19 Avril 2008 portant
réglementation générale des marchés publics et des
délégations de service public ;
- de décret n°2008-374/PRES/PM/MEF du 02 Juillet
2008 portant réglementation de la maîtrise d'ouvrage publique
déléguée.
D'autres textes complètent ce dispositif
règlementaire :
- l'arrêté conjoint n°2010-214/MEF/MHU du 09
juin 2010 portant conditions d'octroi et de retrait des agréments en
matière de maîtrise d'ouvrage publique
déléguée relative aux travaux de bâtiments (TB) ;
- l'arrêté conjoint n°2010-33/MEF/MAHRH du
15 juin 2010 portant conditions d'octroi et de retrait des agréments en
matière de maîtrise d'ouvrage publique
déléguée relative aux travaux d'hydraulique et travaux
d'aménagement hydro agricoles (TH) ;
- l'arrêté conjoint n°2010-231/MEF/MID du 24
juin 2010 portant conditions d'octroi et de retrait des agréments en
matière de maîtrise d'ouvrage publique
déléguée relative aux travaux de routes et d'ouvrages
d'art (TR) ;
- la circulaire n°2010-2129/MEF/SG/DGMP/DSMP du 12
août 2010 portant mise en oeuvre de la règlementation sur la
maîtrise d'ouvrage publique déléguée.
Au Burkina Faso, du fait de certaines contraintes pour
l'application effective décret n°2008-374/PRES/PM/MEF, les
différentes organisations évoluant dans le secteur étaient
sélectionnées par entente directe jusqu'à
l'avènement de la circulaire ministérielle ci-dessus
citée.
Il est rappelé dans cette circulaire que les
conventions de maîtrise d'ouvrage déléguée qui
établissent les bases contractuelles entre le Maître d'ouvrage et
le Maître d'ouvrage délégué
25 Diou, Henry et Deme (2007), La
délégation de maîtrise d'ouvrage
déléguée en Afrique en 2007 : Bilan, enjeux et
perspectives, PPIAF-AFRICATIP.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
sont des prestations intellectuelles et, comme telles,
soumises aux procédures de sélection prévues par les
textes en la matière.
Il en résulte que les maîtres d'ouvrage publics
délégués devront être retenus à l'issue d'un
appel à la concurrence auquel ne prendront part que les personnes
morales de droit public ou de droit privé disposant d'un agrément
administratif délivré par arrêté conjoint du
ministre chargé du Budget et du ministre technique compétent,
après avis favorable d'une commission technique composée de
l'Administration et du secteur privé.
Selon les termes de l'article 13 du décret
n°2008-374/PRES/PM/MEF, les activités de maîtrise d'ouvrage
déléguée sont réservées :
- aux personnes morales de droit privé,
sociétés, en fonction des conditions et modalités
déterminées par l'agrément dont elles
bénéficient et dont la maîtrise d'ouvrage
déléguée entre dans l'objet social ;
- aux personnes morales de droit public, dans les limites
fixées par les textes réglementaires et statutaires ;
- aux associations reconnues d'utilité publique.
Ainsi rappelé, le point de départ du processus
de changement engagé au sein de l'organisation traitée est la
réaffirmation par la circulaire ci-dessus citée de l'application
pleine de la règlementation sur les marchés publics, notamment en
ses dispositions relatives à la maîtrise d'ouvrage
déléguée.
En réaction à cette volonté des
autorités d'appliquer effectivement les dispositions
réglementaires, une série d'études ont été
engagées dans ce sens. Mais le processus de changement qui va s'entamer
va-t-il aboutir aux résultats souhaités ? L'environnement tel
qu'il se présente sous forme de contrainte offrira t-il toutefois des
opportunités à ladite organisation ? Tels étaient
quelques-uns de nos principaux questionnements.
La présentation du contexte organisationnel nous a
permis de comprendre les motivations premières qui vont induire un
changement organisationnel.
La première manifestation de ce changement sur
l'organisation à but non lucratif est la création par cette
dernière d'une société anonyme.
Aussi, il convient de préciser d'ores et
déjà les dénominations suivantes :
- l'association Agence Faso Baara est la structure originelle.
Cependant, depuis la création de la société anonyme, elle
porte la dénomination de Association Faso Baara ;
- l'Agence Faso Baara S.A est la société anonyme
créée par l'association Agence Faso Baara.
Ainsi donc, notre analyse va porter sur l'agence Faso Baara,
dans sa configuration d'origine et sur la société anonyme Agence
Faso Baara nouvellement créée. L'association Faso Baara
étant restreinte à un volet purement social, cette entité
ne fera pas l'objet d'une analyse
36
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
particulière dans la mesure où la
société a « vidé » de son contenu l'association
en prenant en charge les activités économiques
précédentes exécutées par l'association, celle-ci
se recentrant sur ses missions sociales.
III.2/ Présentation du cas
Le cas sera présenté en fonction des deux
étapes essentielles qui ont marqué son évolution
juridique.
III.2.1/ De l'association Agence Faso Baara à
la société Agence Faso Baara S.A III.2.1.1/ Les textes fondateurs
et les modalités d'intervention
Dans sa configuration initiale, l'Agence Faso Baara
était une association de droit privé à but non lucratif,
spécialisée dans la maîtrise d'ouvrage
déléguée de projets de construction de bâtiments et
de travaux publics (BTP). Elle a été créée en juin
1991 pour l'exécution du Projet de Travaux d'Intérêt Public
pour l'Emploi (TIPE) financé par l'Association Internationale de
Développement (IDA, Groupe de la Banque Mondiale), l'Etat
Burkinabè et la République Fédérale d'Allemagne
(KfW).
En sa qualité d'association à but non lucratif,
l'organisation de l'Agence s'inspire des textes ci-après :
- la loi n° 10/92/ADP du 15 décembre 1992, portant
liberté d'association ;
- l'arrêté n° 91/151/MAT/SG/DELPAJ du 17
juillet 1991 portant reconnaissance de l'association Agence Faso Baara ;
- les statuts et le règlement intérieur de
l'association Agence Faso Baara ;
- l'acte uniforme de l'OHADA relatif au droit des
sociétés commerciales et du GIE. L'Agence Faso Baara a
exercé suivant quatre (4) principales modalités :
- la maîtrise d'ouvrage déléguée ;
- l'exécution de projet ou programme de
développement ; - l'assistance aux maîtres d'ouvrage ;
- la conduite d'opérations.
Cependant, la modalité pilote demeure la maîtrise
d'ouvrage déléguée.
L'Agence Faso Baara est une agence membre du réseau
AFRICATIP (Association des Agences Africaines d'Exécution des Travaux
d'Intérêt Public) créée le 21 janvier 1993 à
Ouagadougou, pour promouvoir et faciliter les activités des Agences
d'Exécution des Travaux d'Intérêts Publics (AGETIP)
à travers le continent.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
III.2.1.2/ Organisation de l'Association Agence Faso
Baara
La composition, les pouvoirs et le fonctionnement des organes
principaux sont décrits dans les statuts et le règlement
intérieur de l'Agence. Il ressort clairement de ces documents
institutionnels que l'Agence ne peut être assimilée à un
projet. L'Agence est une structure autonome à laquelle l'Etat confie
l'exécution de projets publics. Les relations qui existent entre elle et
les autorités de l'Etat sont fonctionnelles mais non de
subordination.
Les organes de gestion de l'Agence comprennent
l'Assemblée Générale des membres, le Président de
l'Association, la Direction Générale, les services techniques et
les Commissions spécialisées.
Tableau n°7 : Rôles, pouvoirs et
composition des organes
Organe
|
Rôles et pouvoirs
|
Composition
|
L'Assemblée Générale
|
L'AG est l'organe d'approbation des actes de l'Agence. C'est
l'organe suprême de
l'Agence. Elle qui définit les grandes
orientations des activités de l'Agence, approuve le
programme annuel d'activités de l'Agence, approuve le budget annuel et
les états financiers annuels de l'Agence,
approuve le MPAFC et ses
révisions ultérieures. Ses décisions sont prises sous
forme de résolutions.
|
Elle comprend un Président, cinq membres dont le
Directeur Général de l'Agence Faso Baara et un observateur.
|
La Direction Générale
|
La Direction générale est l'organe de
gestion de l'Agence. Le DG est nommé par
l'Assemblée Générale (AG). Il
reçoit ses pouvoirs de l'AG. Il est responsable de la bonne marche de
l'Agence tant sur le plan
technique que financier et administratif vis-à-vis
de l'AG, du Gouvernement et des PTF.
|
La Direction générale comprend : un DG, une
Attachée de Direction, un Conseiller
Informatique, un Conseiller juridique Spécialiste en
passation des marchés, un
Archiviste et un Agent de liaison, un
Service Contrôle de Gestion et des Statistiques
(SCGS).
Le DG se fait assister par un Directeur
technique (DT) et un Directeur financier (DF)
|
Le Comité de
Direction
|
Le CD permet de faire le point des activités du mois
écoulé ; il se réunit une fois par mois. Il est
présidé par le DG.
|
Le comité de direction (CD) se compose du staff de
l'Agence (DG, DT, DF, SCGS, CI, Chefs de projet, Chef comptable).
|
Le Comité
Technique
|
Il permet le suivi technique des projets ; il est
présidé par le DG ou le DT.
|
Il regroupe le personnel de la DT et le service contrôle
de gestion et statistiques
|
Le Comité
Administratif
|
Il permet de faire le point du déroulement des
activités de la Direction Financière ; il est
présidé par le DG ou le DF.
|
Il regroupe le personnel de la Direction Financière et
le service contrôle de gestion et statistiques.
|
La Commission
d'Attribution
des Marchés
|
Elle a pour rôles de procéder à
l'ouverture publique des offres ou des propositions de
travaux, de services de consultants et
|
Elle comprend le Directeur Général,
président de la commission, le Directeur
technique, rapporteur, le Directeur
|
38
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défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
(CAM)
|
d'équipements, de désigner la
composition de la SCEO.
|
Financier, membre et le maître d'ouvrage,
observateur.
|
La Sous
|
La SCEO a pour rôles principaux
|
Elle comprend deux membres au moins
|
Commission
|
de procéder à l'analyse et l'évaluation
des
|
dont le président de la sous-commission et
|
d'Analyse et
|
offres et de rédiger un rapport d'analyse et
|
un Chef de Projet, rapporteur. Elle peut
|
d'Evaluation
|
d'évaluation des offres qui fait des
|
éventuellement s'adjoindre un ou plusieurs
|
des Offres
|
propositions d'attribution de marchés
|
ACP, le maître d'oeuvre du projet concerné,
|
(SCEO)
|
soumises à la CAM.
|
observateur et un représentant du Maître
d'ouvrage, du service technique compétent ou bénéficiaire,
observateur.
|
Source : Manuel de procédures
techniques de l'Agence Faso Baara
Cette configuration a caractérisé l'Agence Faso
Baara jusqu'à la création de la société anonyme.
III.2.1.3/ La création de l'Agence Faso Baara
S.A
Le changement majeur de l'association à la suite des
études a été la création de l'Agence Faso Baara S.A
par l'association Faso Baara sous forme de société de capitaux.
La première étude avait proposé cette forme mais sans
éléments assez convaincants aux yeux des membres de
l'association. C'est ainsi qu'une seconde étude a été
réalisée aux fins d'approfondissement en mettant en exergue les
éléments justifiant le choix retenu.
Ainsi, sur le plan juridique, deux entités juridiques
existent désormais : l'Association Faso Baara et l'Agence Faso Baara
S.A.
L'Association Faso Baara a vu ses nouveaux statuts et
règlements intérieurs adoptés par l'autorité
compétente. Elle se voit « amputée » de son bras
technique comprenant la Direction générale et l'ensemble des
services. Elle se cantonne ainsi à la réalisation
d'activités à caractère social.
Les nouveaux membres de l'association sont définis comme
suit :
- la chambre de commerce et d'industrie du Burkina Faso (CCI-BF)
représentée par son
Président ;
- l'association des municipalités du Burkina Faso (AMBF)
représentée par son Président ;
- le secrétariat permanent des organisations non
gouvernementales représenté par son
Président du conseil d'administration ;
- le syndicat national des entrepreneurs du bâtiment et des
travaux publics ;
- le Directeur Général de l'Agence Faso Baara
S.A.
La Présidence du Faso est présente en
qualité d'observateur.
39
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
L'Agence Faso Baara S.A, elle a été
immatriculée au registre du commerce et du crédit mobilier, le 15
novembre 2011 et le 17 novembre 2011 à la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale (CNSS). Elle se voit dévolue
l'exécution des activités de maîtrise d'ouvrage
déléguée. Des demandes d'agrément pour l'exercice
de l'activité de maîtrise d'ouvrage déléguée
ont été introduites en décembre 2011 et
agréées en mai 2012.
Sur le plan organisationnel général, l'effet
immédiat de la mutation juridique est le transfert de l'activité
économique et par conséquent de toute la capacité
technique (moyens humains, matériels et financiers) d'exécution
de l'activité de maîtrise d'ouvrage déléguée
de l'association à la société.
Le Directeur Général de l'association Faso Baara
a été nommé par le conseil d'administration comme
Directeur Général de l'Agence Faso Baara S.A.
Le contrat qui liait chaque employé à
l'association a été résilié au 31 décembre
2011. Tout le personnel de l'ancienne structure a conservé son poste
dans la nouvelle société à travers de nouveaux contrats
à durée d'une année comptant du 1er janvier
2012 au 31 décembre 2012, et cela dans les mêmes conditions que
les contrats initiaux.
Ce personnel devra être maintenu intégralement
dans les mêmes postes au-delà du 31 décembre 2012, sous une
des deux formes contractuelles (contrat à durée
déterminée ou indéterminée) qui sera
arrêtée par le conseil d'administration de l'Agence en sa session
prévue le 21 décembre 2012.
Les principaux textes (statuts, règlement
intérieur, manuels de procédures...) de la nouvelle structure
sont en cours d'élaboration.
A l'issue de cet aperçu sur l'évolution de la
structure, les principaux résultats sont présentés et
analysés ci-après.
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défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
IV/ RESULTATS
Les différentes dimensions ci-dessous
évoquées seront analysées essentiellement à travers
d'une part une revue des documents techniques, des rapports d'études,
des comptes rendus de réunions et d'autre part les entretiens et
observations effectuées pour prendre en compte les points de vue des
acteurs.
IV.1/ Le contexte du changement : identifier les
conditions déterminantes IV.1.1/ La complexité du
changement
Certains changements sont marqués par une
complexité exceptionnelle. C'est le cas du changement
opéré dans de grandes organisations comme France
télécoms. Des dimensions très complexes peuvent être
affectées par le changement. Comme indiqué par Michel Bon,
Président directeur général de cette entreprise, dans la
préface de l'ouvrage de Harvard Business Review consacré au
changement26, « Et il est vrai que France Télécom
vit simultanément plusieurs changements : changement d'univers, de
l'administration des PTT à celle de l'entreprise ; transfert de pouvoir,
de la tutelle ministérielle à celle des actionnaires ; mutation
de la téléphonie vocale classique vers les mobiles, les
données et internet ; passage enfin du monopole à la concurrence.
Un seul de ces changements justifierait à la fois la lecture de cet
ouvrage et la mobilisation de toute l'énergie de l'entreprise !
»
De plus, la complexité tient à la taille de
l'entreprise. Daniel Duck (2000)27 le disait si bien : « Le
changement tient avant tout aux individus. Pour qu'il s'instaure dans une
entreprise, il faut que chacun pense et agisse en conséquence. Il en est
de même dans les grands groupes où il faut convaincre des milliers
de salariés. Et l'on attend parfois de 25.000 personnes qu'elles
franchissent au point voulu, au moment voulu. Qui s'étonnera dès
lors que le changement soit une tâche aussi pénible que
décevante.»
Plusieurs facteurs peuvent traduire la plus ou moins grande
complexité d'un projet de changement : son historique, son
environnement, le type de marché, la technologie utilisée,
etc.
L'organisation étudiée évoluant dans ce
secteur a une vingtaine d'années d'expérience, donc sur un
terrain bien connu. Elle dispose à l'instar des agences de
maîtrise d'ouvrage déléguée du réseau
AFRICATIP d'une structuration souple avec un personnel qui n'a jamais
excédé un effectif de quarannte personnes depuis sa
création. Par conséquent, au regard de ce qui
26 Harvard Business Review, Le changement, Editions
d'Organisations, 2000.
27 Jeanie Daniel Duck, Gérer le changement :
l'art de l'équilibre, Harvard Business Review, Le changement, Editions
d'Organisations, 2000.
41
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précède et des objectifs visés, on peut
dire que le phénomène étudié n'est pas
particulièrement complexe. Pour autant, cela n'en fait pas un cas
dépourvu de pertinence.
IV.1.2/ La légitimité du changement
Le succès d'une transformation est fortement
conditionné à sa légitimité. La
légitimité du changement sera appréciée à
travers les principales variables suivantes : l'origine de la transformation,
son objet, sa pertinence, la spécificité de l'organisation, la
perception de la vision des responsables et de celle des autorités.
IV.1.2.1/ L'origine de la transformation
L'origine de la transformation est parfaitement comprise par
les principaux acteurs. En effet, la plupart sinon la totalité des
agents interrogés ont pu expliquer le bien fondé de la
transformation. Ainsi, de l'avis d'un agent de la Direction Financière,
il ressort ce qui suit :
Interview n° 1 :
« C'est à partir du décret 2008, dans
le cadre de l'ouverture à la concurrence sur la maîtrise d'ouvrage
déléguée, un décret du Ministère des
Finances est venu rappeler à l'Agence Faso Baara de se conformer aux
textes. Faso Baara, en tant que entité associative ne peut pas
concurrencer les sociétés privées. Il fallait que Faso
Baara adapte son statut à la nouvelle réglementation. C'est dans
ce cadre que depuis 2010, Faso Baara s'est lancée dans ce processus...
»
Pour un agent de la Direction Technique :
Interview n° 3 :
« C'est la réglementation, le contexte macro,
c'est un problème qui dépasse l'Agence. Il est aussi dicté
par les directives de l'UEMOA... »
Un autre agent interviewé s'exprime comme suit :
Interview n° 5 :
« Depuis 2008, le gouvernement burkinabé a
pris la décision d'ouvrir le secteur de la maîtrise d'ouvrage
déléguée à la concurrence pour permettre au
privé de pouvoir compétir, de même que ça ne fait
qu'une ouverture sur le marché de l'emploi. *...+ Ils ont estimé
que Faso Baara ne pouvait pas faire face à elle seule à la
demande, ne pouvait pas absorber à elle seule l'ensemble des travaux.
L'Agence depuis des années était restée sans concurrent.
Il fallait aussi permettre à d'autres acteurs de pouvoir s'affirmer...
»
42
Un acteur externe à l'Agence justifie la
réglementation d'un point de vue institutionnelle :
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Interview n° 14 :
« C'est la nécessité de la
célérité des dossiers, l'absorption efficace des
crédits et des ressources mises à disposition par les partenaires
techniques et financiers, le principe de mise en concurrence ... »
Il ressort donc que la transformation se justifie par la
nécessité d'adapter le régime juridique de l'Agence Faso
Baara non seulement aux modalités prévues par la
réglementation mais aussi à celles qui permettent une pleine
participation à la concurrence. Elle répond à un souci de
se conformer à la réglementation locale qui elle-même
découle d'un souci d'harmoniser les procédures
générales de passation des marchés au niveau communautaire
(pays appartenant à l'UEMOA).
IV.1.2.2/ L'objet du changement
Les termes de références de la première
étude consacrée au changement étaient intitulés
comme suit : «Etude institutionnelle pour déterminer la forme
juridique la mieux adaptée pour l'Agence Faso Baara dans le contexte du
nouveau cadre réglementaire et de l'évolution future de l'Agence
».
A travers ce titre, on perçoit que l'objectif premier
consistait à trouver une forme juridique « la mieux adaptée
» à cette organisation. Cependant, la prise en compte des
perspectives « d'évolution future » nécessite une
approche globalisante de réforme organisationnelle. En effet, il est
question d'un contexte marqué par l'application de mesures devant
promouvoir la libre concurrence entre des entreprises évoluant dans un
secteur donné. Il ressort ainsi que des considérations
économiques justifient ces mesures comme indiqué dans les
objectifs globaux de l'étude : « fournir à l'Agence Faso
Baara les éléments nécessaires pour fonder le choix d'un
nouveau statut juridique permettant à l'Agence de s'adapter au
changement de son environnement aussi bien règlementaire
qu'économique ».
Aussi, si l'objet du changement ou les dimensions
touchées par le changement sont clairement perçu en ce qui
concerne l'aspect juridique, ils sont nombreux les agents qui estiment que le
changement ne saurait se limiter aux seuls aspects juridiques. Une
transformation globale s'avère nécessaire, par une remise en
cause de l'organisation, des méthodes de travail, des mentalités,
etc. afin de relever de nouveaux défis. Quelques illustrations de ces
éléments sont :
Interview n° 4 :
43
« Le changement est juridique dans un premier temps,
mais dans un deuxième temps, ça doit concerner les hommes qui
vont animer la structure ; nous en tant que personnel, il faut un changement de
comportement, un changement de méthode [...] et aussi pour la direction,
il faut changer de stratégie, la manière de gérer
quotidiennement les opérations, si nous voulons rester effectivement
compétitifs ...»
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défis de la transformation d'une organisation à but non
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Interview n° 2 :
« Il y a l'aspect social que ça touchera, en
l'occurrence le personnel. Est-ce que cela ne va pas entraîner une
compression du personnel, des licenciements ? Il y a aussi l'aspect financier,
la mise en oeuvre des actions pour engendrer des ressources pour le bon
fonctionnement, la bonne rentabilité de l'activité en question.
»
Interview n° 3 :
« Son mode de fonctionnement doit changer. Le
personnel forcément doit changer. La manière d'intervenir, de
faire les choses doit changer. On n'est qu'à une étape. Il
s'agissait essentiellement d'avoir un statut d'abord. On est en train de
dépasser cette phase. Ce n'est qu'un processus. »
La plupart des agents questionnés font ressortir des
aspects essentiels. Il s'agit de la distinction de deux phases essentielles
dont la première correspond à la transformation juridique et la
seconde qui devrait porter sur d'autres dimensions du changement telles que
l'aspect social, le comportement, les méthodes de travail, la
stratégie, le mode de fonctionnement. On note cependant qu'un accent
particulier a été mis sur la première phase et elle
constitue le passage obligé à la seconde phase.
IV.1.2.3/ La pertinence de la transformation
Au regard entre autres des objectifs annoncés, de
l'environnement et des ambitions d'expansion de l'Agence, la pertinence de la
transformation a été relevée par la plupart des acteurs
interrogés comme suit :
Interview n° 1 :
« Il fallait forcément le faire. Sans cette
transformation, on ne peut pas aller à la concurrence avec les
sociétés privées. C'est un décret, il faut
forcément s'adapter au décret. C'est en fait économique,
puisque nous sommes embarqués dans l'UEMOA, donc dans une
intégration sous-régionale, à la CEDEAO ; alors tous ces
pays veulent harmoniser et veulent avoir les mêmes pratiques, si bien que
si on parle de libre circulation des personnes et des biens, que dans tous ces
pays, on puisse intervenir. »
Interview n°7 :
« C'est le contexte qui l'oblige. Je pense qu'elle
(la transformation) est pertinente ; est-ce que en tant qu'association, on
pouvait effectivement subsister ou exister ? Je crois que non. La
période tampon que nous avons mis pour changer, c'est-à-dire en
2011 et 2012, nous avons perdu beaucoup de conventions parce que nous avions un
statut d'association ; en réalité, en tant qu'association, les
marges de manoeuvre sont limitées. »
Ainsi, il ressort qu'il fallait obligatoirement entamer cette
transformation afin de s'adapter au contexte externe. La forme associative bien
que prévue par la réglementation ne permet pas une perspective de
pleine activité ni de développement, de diversification et
d'expansion.
44
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(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
IV.1.2.4/ La spécificité de l'organisation
- Le statut associatif
Une des caractéristiques essentielles de ce changement
est la nature première de la structure transformée. Les
expériences de transformation de structure à but non lucratif ne
sont pas nombreuses. Cependant, dans le domaine de la maîtrise d'ouvrage
déléguée (MOD) et au sein du réseau AFRICATIP, une
structure du Bénin avait été la première à
engager ce processus.
C'est ainsi que dans le cadre de la première
étude, il ressortait des termes de références (TDR) que
« le Consultant étudiera des cas similaires de changement de statut
d'agences dans la sous-région (notamment au Bénin), et proposera
des solutions adaptées au cas spécifique de FASO BAARA ».
Dans l'architecture juridique actuelle, les associations et
ONG ne sont pas écartées du domaine d'activité de la MOD.
Il y aura pour ainsi dire des segments en fonction des statuts juridiques des
différents intervenants. En effet, le décret 2008 indique en son
article 13 que « ... les activités de maîtrise d'ouvrage
déléguée sont réservées :
- aux personnes morales de droit privé,
sociétés, en fonction des conditions et modalités
déterminées par l'agrément dont elles
bénéficient et dont la maîtrise d'ouvrage
déléguée entre dans l'objet social ;
- aux personnes morales de droit public, dans les limites
fixées par les textes réglementaires et statutaires ;
- aux associations reconnues d'utilité publique ».
Faso Baara avait un statut d'association mais non celui
d'association reconnue d'utilité publique, puisque cette dernière
forme nécessite des formalités spécifiques. Même si
cette étape était franchie, il faut noter que la part de
marché réservée aux associations et ONG serait logiquement
faible puisque requise de façon exceptionnelle, dans la mesure où
le principe de sollicitation des maîtres d'ouvrage
délégués demeure la mise en concurrence de ceux-ci, comme
indiqué dans le décret précité.
De plus, il ne peut être envisagé qu'une
association même d'utilité publique comme indiquée dans le
décret puisse participer à la concurrence à
côté des sociétés anonymes. La raison est qu'elles
ne sont pas soumises aux mêmes obligations, fiscales par exemple par le
fait des nombreuses exonérations accordées aux associations, ce
qui créerait un problème d'égalité de traitement de
ces formes d'organisations. D'ailleurs, les dispositions des alinéas 2
et 3 de l'article 17 du dudit décret excluent les associations de la
prise de participation à la compétition suite à un appel
d'offre ouvert.
L'Agence Faso Baara était une association qui menait
une activité économique avec des moyens techniques donnés.
Elle bénéficiait de la part de l'Etat et de certains partenaires
de
45
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
contrats d'activités ou conventions. De par son statut
d'association, elle bénéficiait de certains privilèges et
avantages fiscaux ; tout ceci faisant que la structure se plaçait dans
une position stable. La transformation imposée par la
réglementation est perçue alors comme une contrainte et la
structure doit faire preuve d'innovation pour garder sa position de leader ou
à tout le moins prospérer.
- Le niveau d'inertie de l'organisation
A partir du modèle de Rondeau, il s'agit
d'apprécier la capacité de l'entreprise à intégrer
les forces de son environnement tout en préservant ses forces propres
qui constituent un atout. L'analyse de la structure organisationnelle fait
apparaître que cette préoccupation a été prise en
compte.
En effet, l'Agence Faso a toujours été «
une structure souple et légère » et donc flexible. Elle se
compose d'une direction générale et de deux autres directions,
à savoir une direction technique et une direction financière.
L'organigramme présente une structure hiérarchico-fonctionnelle
assez simplifiée. L'exécution technique des projets est
menée par des chefs de projets. Des procédures sont mises en
oeuvre et encadrées par un manuel de procédures administratives,
financières et comptables, un manuel de procédures techniques et
des règles et codes déontologiques définies dans les
statuts et règlement intérieur. Ces procédures
également sont assez souples pour permettre une
célérité et une efficacité dans l'exécution
des projets confiés par les maîtres d'ouvrage. Cela est conforme
aux prédictions de Mintzberg qui présente ce type d'organisation
comme très flexible et réactif.
Il est vrai que la structure n'a pas une expérience
antérieure dans la mise en oeuvre de changement significatif ou majeur.
Le projet qui aurait eu un impact déterminant sur la structure
était la mise en oeuvre de la démarche qualité en vue de
la certification. Ce projet, inscrit aux budgets de l'Agence en ses exercices
2011 et 2012, a été pratiquement mis en veille avec l'entame de
la transformation institutionnelle et juridique qui a semblé focaliser
l'ensemble des énergies.
En somme, bien qu'elle n'ait pas eu d'expérience
précédente dans la mise en oeuvre de changement majeur, et
qu'elle soit restée dans une position stable de quasi monopole durant de
nombreuses années, l'Agence Faso Baara S.A ne présente pas des
« boulets » quelconques qui l'empêcheraient de tirer un
meilleur profit du nouvel environnement juridique et économique.
- Les ressources
L'étude de la situation du personnel faite dans le
premier rapport a abouti à la conclusion que les moyens
matériels, techniques, financiers et humains sont adéquats avec
les exigences de la réglementation.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
En effet, en ce qui concerne les compétences et
l'effectif requis, les conditions sont remplies par l'Agence pour lui permettre
d'obtenir les agréments techniques dans les catégories 2 des
secteurs d'activité. L'Agence a effectivement obtenu ces
agréments, certes avec beaucoup de retard, ce qui a eu pour
conséquence la non participation à certaines manifestations
d'intérêt lancées par des maîtres d'ouvrages au cours
du dernier trimestre de 2011 et au début de 2012.
La même étude dans le cadre de l'analyse des
moyens matériels fait ressortir que « Pour ce qui concerne le
matériel, les équipements de l'Agence sont au-delà des
exigences réglementaires ».
Les ressources financières ne sont pas en
défaut. L'Agence dispose de moyens financiers adéquats pour mener
à bien ce processus de transformation. En effet, dans un premier temps,
en prévision des études à réaliser, la
résolution n°1/2011 adoptée par la 34ème
Assemblée Générale28, une « réserve
pour assistance technique dans le cadre de la transformation de l'Agence »
a été constituée. Les deux principales études ont
été réalisées grâce à ces ressources
prises en compte dans le budget 2011.
La société a été
créée avec un capital initial de 500.000.000 FCFA souscrit et
entièrement libéré par l'association. De plus, les
principales décisions financières relatives au processus de
transformation sont consacrées par la 15ème
Assemblée Générale Extraordinaire tenue le 23 mai 2012
à travers les résolutions suivantes :
- le paiement d'un loyer mensuel par la société
à l'association ;
- la cession à titre onéreux à Faso Baara
S.A de certains biens meubles ;
- la cessation des contrats de travail liant l'ensemble du
personnel à l'Agence Faso Baara ;
- le paiement au personnel des droits et indemnités
correspondants ;
- le paiement au personnel d'une allocation pour services
rendus.
Ainsi, l'entité dispose des moyens humains, financiers
et matériels indispensables à la réussite d'un changement
majeur.
IV.1.2.5/ L'encadrement de la réglementation
Une des variables de cette étude consiste à
déterminer la perception des acteurs sur la mise en oeuvre efficace de
cette réglementation et par conséquent de son encadrement.
28 Assemblée Générale Ordinaire
du 07 octobre 2011 portant affectation du résultat au 31 décembre
2011.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
La conviction qui se dégage en rapport avec la
poursuite des objectifs de la réglementation par les autorités
est que le processus étant lancé, il devrait pouvoir être
mis en oeuvre, dans la mesure où il s'agit d'objectifs partagés
par un certain nombre de pays dans le cadre d'une convergence de leurs
politiques. Ceci est illustré comme suit :
Interview n°5 :
« Je me dis que c'est irréversible. Tout
changement prend du temps ; pour que ça prenne forme, il faut que
ça aille doucement. La tendance est que l'Etat lui-même a
créé des sociétés dans ce domaine là. Est-ce
à dire qu'il n'a pas confiance aux structures privées qui sont
mises en place. C'est sûr que l'Etat va continuer à faire du
gré à gré avec elles. Mais on ose espérer que ce
qui est compétitif va renter dans le domaine de la compétition,
au regard de la concurrence... »
Cependant, des critiques et suggestions sont formulées
à l'égard du système mis en place :
Interview n° 1 :
« Nos politiques font des discours, mais à la
longue, ils ne mettent pas en oeuvre ces discours ; parce que l'ouverture
à la concurrence est dictée par cette vision de
l'intégration dans la sous-région *...] Parce que si l'on
crée une émulation par la concurrence, c'est pour rendre les
sociétés compétitives. Alors laisser quelques petites
entreprises s'installer, qui vont avoir une courte durée de vie, c'est
en réalité nous enfoncer dans un problème drastique dans
les jours à venir. »
Interview n°8 :
« Le principe de la concurrence est bon. Mais en
réalité, il y a des garde-fous qu'il fallait développer
à l'intérieur. C'est-à-dire en créant cette loi.
Nous, on a parcouru cette loi-là. Aujourd'hui, tout le monde peut faire
ce métier *...] Les garde fous nécessaires n'ont pas
été définis. La pratique de ce métier a des
risques. Nouvellement, il y a ce qu'on appelle les ERP, c'est-à-dire des
Equipements recevant du public, les grands bâtiments. Il y a un certain
nombre de principes qu'il faut respecter pour exécuter ces travaux. Il
n'est pas donner à n'importe qui de venir comme ça avoir des
conventions et disparaître. C'est vrai qu'il y a les cautions mais les
cautions sont des actes bancaires que n'importe qui peut avoir. Donc il ya un
certain nombre de garde-fous qu'il faut retravailler pour que le métier
ne soit pas laissé au hasard. »
Ainsi, des inquiétudes sont perçues en ce que,
sentant la bonne affaire, des détenteurs de capitaux ne soient
tentés juste par le souci de les fructifier alors qu'il s'agit d'un
domaine où la responsabilité sociale des entreprises devrait
être forte.
Il ressort en conclusion que la transformation entamée
par l'Agence Faso Baara est légitime, car justifiée,
nécessaire, comprise, pertinente et entamé à un moment
opportun. Cependant, les responsables n'ont pas communiqué à
temps leur vision du processus, ce qui a crée des
incompréhensions.
48
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
La réglementation intervenue vient établir la
légalité d'une activité qui a évolué sans un
cadre juridique approprié. Elle permet également son
institutionnalisation avec la définition des acteurs et leurs
rôles, leur responsabilisation dans la chaîne des marchés
publics.
Le dispositif réglementaire ainsi défini devrait
pouvoir être appliqué ; cependant, il faudrait qu'il soit
encadré efficacement par l'autorité publique pour ne pas qu'il y
ait une perturbation par le fait de sociétés non fiables.
IV.2/ Les acteurs du changement : enjeux et rôles
déterminants IV.2.1/ Les enjeux perçus par les
acteurs
Il est difficile de définir tous les enjeux du projet
de changement. En effet, il apparaît que l'environnement sera
bouleversé pendant un certain temps de la mise en oeuvre de la
réglementation, ce qui aurait pour conséquence la non
participation de l'Agence à certaines manifestations
d'intérêt du fait du processus de mutation juridique. Il
n'empêche qu'un des enjeux importants est le maintien du rang de
leader.
Interview n° 2 :
« L'enjeu principal pour l'Agence, c'est de pouvoir
maintenir sa position de leadership. Vingt ans d'activité, ce n'est pas
rien. C'est sûr que c'est harassant, mais c'est une lutte
perpétuelle. Un leadership n'est jamais acquis définitivement.
Nous avons les ressources. C'est un dilemme pour tout dirigeant. C'est
sûr qu'il y aura une période tampon, comment maintenir ses
ressources et ses compétences ? Les ressources humaines sont des enjeux
très très importants. »
La perspective prévisible de baisse à court
terme de l'activité pendant un certain temps peut-elle amener l'Agence
à procéder à une réduction de postes de travail ou
du personnel et des avantages auparavant servis au personnel ? Telle semble
être une des préoccupations fortes du personnel.
Interview n° 3 :
49
« Mettre l'accent sur le personnel. C'est
l'élément clé. Le personnel a ses
inquiétudes...Dans la mesure du possible, maintenir tout le personnel.
Mais si le changement impose la compression, il faut le faire. Parce qu'on
était pléthorique à un moment parce qu'on avait le
monopole. On avait pas mal d'activités. Maintenant il faut couvrir
d'énormes charges. »
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
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Interview n°4 :
« Parlant d'enjeu, tout dépend du volume
d'activité. Si le volume d'activité augmente,
nécessairement ça va créer de l'emploi ; mais si ça
baisse, bon mais la baisse n'implique pas forcément une réduction
d'emploi. On peut proposer de réduire les salaires pour pouvoir
conserver le personnel... »
Un acteur externe s'exprime comme suit :
Interview n° 15 :
« Le premier enjeu est l'application saine de la
concurrence. Ici, nous sommes dans le domaine des marchés publics
où la corruption règne. C'est ça qui peut tuer la
compétence... »
La plupart des avis sur les enjeux convergeaient au maintien
de la position de leader, au maintien du volume des travaux à
réaliser et à la conservation des emplois et avantages servis au
personnel mais aussi sur le plan institutionnel à l'application
rigoureuse des textes pour éviter des situations favorables à la
corruption.
Relativement aux emplois, quelques-uns ont estimé
qu'une concession pourrait être faite dans le sens de la réduction
des avantages plutôt que de réduire le personnel, au cas où
une baisse des activités s'observait sur une durée assez
prolongée.
IV.2.2/ La participation des acteurs
La participation des agents est constatée mais la
plupart des agents estiment n'avoir pas été suffisamment
impliqué dans le processus comme l'attestent ces témoignages :
Interview n°7 :
« Pour moi, chacun doit s'impliquer et donner le
meilleur de lui-même pour que ça marche *...+ Je veux que tout le
monde s'implique. Maintenant comment ? Peut-être que les premiers
responsables doivent créer un environnement favorable. »
Interview n° 9 :
« Ma voix personnelle n'a pas été
entendue. Mais, à chaque fois, le personnel s'est vu, a eu des
échanges et est arrivé à un consensus. Ce n'est
qu'à ce niveau qu'on a participé. »
La participation des acteurs a aussi été
analysée à travers l'exploitation des comptes rendus de
réunion et les échanges de courriers.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Une des recommandations fortes formulées suite à
la rencontre entre une délégation des administrateurs comprenant
le président de l'association et le Directeur Général et
l'ensemble du personnel a porté sur la nécessité d'un
« engagement fort en vue d'une plus grande productivité et de
meilleures performances sur tous les plans ».29
L'objectif de cette rencontre consistait à
échanger avec l'ensemble du personnel sur le processus de transformation
juridique de l'Agence Faso Baara en vue de :
- recueillir les préoccupations du personnel ;
- apporter des réponses à ces préoccupations
;
- dissiper les inquiétudes éventuelles quant
à ce processus qui ne saurait se faire au détriment du
personnel.
La 34ème Assemblée
Générale du 07 octobre 2011 a également consacré la
création d'un Comité de pilotage dans le cadre du changement
juridique de l'Agence.
Cependant, la mission de ce comité s'est
focalisée à la gestion du transfert des biens de l'association
à la société et à la gestion des modalités
du transfert du personnel de l'association à la société
anonyme.
Du côté du personnel, de nombreuses
assemblées générales ont été
convoquées pour échanger sur des points de préoccupations.
Des divergences énormes existaient au début du processus en ce
qui concerne spécifiquement la gestion du personnel. Le personnel a
toujours manifesté son soutien à la réussite du processus.
Seulement, son souhait est la prise en compte de ses principales
préoccupations.
Un des acteurs essentiels du contexte interne demeure la
mutuelle des travailleurs de l'Agence. En effet, une telle entité
pourrait être l'interlocutrice auprès du conseil d'administration
de la société pour la défense des intérêts
moraux et financiers de ses membres. La mutuelle a été mise en
place par le personnel, par assemblée générale
constitutive le 13 mars 2012.
Un des objectifs les plus importants de la Mutuelle est la
participation à l'administration de la société. En effet,
à travers cette représentation, la voix du personnel sera
entendue et défendue et mieux, la mutuelle devrait pouvoir être
actionnaire de la société. Le principe a été
accepté par les membres de l'association Faso Baara, mais cela
nécessitait des réflexions approfondies. Pour ce faire, pour
trouver une réponse globale à cette question, une étude a
été commise à l'effet de permettre l'ouverture du capital
de la nouvelle société à d'autres acteurs
stratégiques.
Le rapport provisoire de cette étude a
été livré et présenté au conseil
d'administration en sa séance du 21 décembre 2012. Il a
été validé sous réserve des approfondissements
à faire.
29 Cf Compte rendu de la rencontre du 20 janvier
2012.
51
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Le rapport de la seconde étude avait déjà
évoqué l'absence des velléités de résistance
au changement ou à la transformation institutionnelle envisagée
et qu'au contraire, il est noté une bonne connaissance des raisons
motivant le changement à venir et une adhésion à cette
perspective.
Globalement, on peut dire que les principaux groupes
concernés ont été suffisamment mis en branle pour aboutir
à des solutions consensuelles.
Les agents ont été amenés à se
réunir pour prendre des décisions, donner des points de vue sur
certains aspects. Cependant, la prise en compte du personnel dans le processus
a été décriée en ce sens qu'il est reproché
aux responsables de n'avoir pas impliqué suffisamment le personnel.
IV.2.3/ La perception de la vision des responsables de
l'organisation
Un grief essentiel formulé par la majorité des
répondants à l'encontre des responsables est l'absence de
planification ou de vision de ce processus, en ce sens que beaucoup
d'éléments semblent échapper aux responsables :
Interview n°1 :
« Pour ma part, je pense que avant même cette
transformation, il fallait organiser un atelier, expliquer tous les enjeux,
c'est-à-dire tout le processus du début jusqu'à la fin.
Ça allait donner des idées aussi claires aux responsables, quand
bien même ils ont une idée vague de la transformation, parce
qu'ils ne connaissaient pas jusqu'à présent toutes les
implications de la transformation...»
Interview n° 5 :
« ... il faudra qu'une vision claire soit
définie, communiquée et que ça soit peut-être comme
une feuille de route, du moins figée pour un certain nombre
d'années que tout le monde est obligé de respecter ; on n'a pas
encore défini ça ».
Cette insuffisance a été constatée
malgré les prémices de stratégie proposée par les
consultants dans le cadre de la seconde étude30. En effet,
afin de maîtriser les principaux risques liés au projet de
transformation, formulés notamment en termes de résistance au
changement de la part des salariés et de certains dirigeants, mais aussi
à la mauvaise interprétation du processus par les clients et
partenaires de l'Agence, il avait été préconisé
:
- de partager une vision stratégique grâce à
un management efficace ; - de mettre en oeuvre une démarche
participative ;
52
30 Rapport d'étude du Cabinet Dembs associates
SARL, Septembre 2011
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- d'impliquer et responsabiliser le personnel ;
- de définir des objectifs à court terme ;
- de mettre en place un système de communication
efficace pour informer les différents acteurs et l'opinion publique de
la vie de l'organisation pour éviter des réticences au niveau des
clients.
Cependant, le diner-débat organisé par la
mutuelle qui a inscrit à l'ordre du jour, outre d'autres points, la
communication de la vision du Directeur Général a offert
l'occasion de donner des indications à court et moyen terme. Cette
vision se résume aux perspectives meilleures pour 2013, aux projets en
cours de négociation avec certains partenaires stratégiques,
à la participation du personnel à l'actionnariat, à
l'exercice d'autres activités à côté de la MOD, au
développement des activités au-delà des frontières
nationales.
Ce diner-débat a eu le mérite de dissiper les
inquiétudes et de motiver davantage le personnel. IV.2.3/ Le
style et la stratégie mis en oeuvre
Il s'agissait de voir à travers cette variable dans
quelle mesure le style du dirigeant et la stratégie adoptée
peuvent faciliter la réussite du changement ou au contraire créer
des incompréhensions, voire engendrer des blocages.
Interview n°5 :
« D'une part, ça a été
imposé. Les dirigeants aussi n'avaient pas le choix. Ça leur a
été imposé aussi. Mais, il y a eu quand même de la
négociation, des échanges. »
Interview n° 8 :
« L'expérience que j'ai de la transformation
de structure, c'est que ça ne peut marcher que dans le cadre d'un
dialogue. Moi en tout cas, si j'ai l'occasion, je demanderai au DG de mettre en
place un comité de réflexion. »
Il est noté que les décisions étaient
prises à d'autres niveaux et communiquées aux acteurs. Cela
rejoint le défaut d'implication véritable du personnel dans les
réflexions stratégiques.
Vis-à-vis des partenaires, une absence de collaboration
franche a été décriée.
Interview n° 1 :
53
« L'ouverture à la concurrence est une bonne
chose. Maintenant, le processus qui conduit à la transformation a
été biaisé. Il fallait au départ un atelier.
Expliquer toutes les implications. Qu'est-ce qu'on gagne. Sensibiliser les
acteurs. On allait aller plus vite et vraiment, il allait y avoir une
participation large de tous les acteurs. On a voulu aller vite en escamotant
les différentes étapes et voilà les résultats.
»
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Interview n°10 :
« Il aurait fallu engager des concertations franches
avec le ministère de l'économie. Ils ont écrit pour faire
des propositions aux responsables. C'est comme s'ils ne reconnaissent pas le
statut actuel. Ils ont même noté que l'Etat a contribué
à faire de l'Agence ce qu'elle est aujourd'hui. *...+ Des
négociations devaient être immédiatement entamées
avec le ministère pour éviter des redressements fiscaux.
»
Aucune action coercitive véritable n'est menée
par le dirigeant à l'endroit du personnel comme le montrent les
témoignages suivants :
Interview n°4 :
« Dans notre cas, je ne pense pas qu'il y ait eu des
influences ; tout se passe bien. Je ne sens pas cette divergence.
»
|
Interview n°6 :
« ...au jour d'aujourd'hui, je ne pense pas qu'il y a
des menaces. On sent ça, on voit ça. Mais légalement, ce
n'est pas possible. Il faut que le processus soit terminé.
»
|
Le processus se mène sans influence ou menace à
l'endroit des acteurs. Cependant, la méthode employée par les
dirigeants est beaucoup contestée.
Pour la plupart des agents, la meilleure stratégie
aurait été une meilleure considération du personnel pour
lui permettre d'avoir une participation plus active et pertinente au processus
comme l'illustrent ces points de vue ci-dessous :
Interview n°4 :
« Instaurer des séances de rencontres pour
rapprocher le personnel. »
Interview n°11 :
« Il faut revenir en arrière, s'asseoir avec
le personnel, qu'on définisse ensemble les lignes conductrices ;
associer d'autres acteurs. C'est vrai qu'on est embarqué, mais ça
c'est des rectificatifs qu'il faut faire sinon on risque d'avoir des
difficultés devant. »
En somme, il ressort qu'un effort de communication a
été fait à l'endroit du personnel pour qu'il puisse
disposer de bonnes informations. Cependant, la non implication véritable
de ce groupe, notamment la non mise en place d'un comité dont il serait
partie prenante a été décriée.
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IV.2.4/ Les contraintes et problèmes
perçus
Le montage juridique de la société a fait l'objet
de critique par un acteur :
Interview n°12 :
« Les observations du Ministère de l'Economie
et des Finances devait être examinée avec la plus grande
attention. Ils ont suggéré une autre forme juridique que la
Société anonyme. De toute façon, ils peuvent nous avoir
à tout moment, ne serait-ce qu'à travers l'administration
fiscale. »
Il convient de signaler que le Ministère de l'Economie
et des Finances a attiré l'attention des administrateurs sur la
nécessité de distinguer les organes dirigeants de l'association
de ceux de la société anonyme.
Il est noté que la société dispose d'un
conseil d'administration pendant qu'il s'agit d'un actionnaire unique qu'est
l'association. Dans une telle situation, selon le SYSCOHADA, il devrait s'agir
d'une société anonyme avec administrateur
général.
Il se trouve que les administrateurs de l'association se
retrouvent au niveau de la société, ce qui crée donc la
confusion des rôles.
La non séparation est également constatée
sur le plan opérationnel, comme l'illustre cette intervention :
Interview n°6 :
« Il aurait fallu faire l'état des lieux de
tous les projets et l'attester par un acte pour marquer la séparation
avec l'association. Il en est de même du matériel
cédé par l'association à la société pour
lequel aucune base d'amortissement n'a été établie
».
Le défaut d'implication du personnel constitue
également les contraintes ou les problèmes éventuels qui
peuvent miner le processus de transformation. Les problèmes
évoqués ont également trait aux blocages constatés
dans la satisfaction des doléances du personnel qui se présentent
comme suit telles qu'elles ressortent des documents :
- l'arrêt des contrats de travail du personnel à
durée déterminée avec l'Association Faso Baara, la
liquidation des droits légaux et le règlement d'indemnités
pour services rendus ;
- la reconduction de l'ensemble du personnel de l'Association
dans la nouvelle société anonyme Faso Baara S.A pour
préserver les emplois et assurer une dynamique de continuité et
d'efficacité de la structure ;
- la participation du personnel au capital de la S.A pour
impliquer davantage ce personnel dans la gestion et dans les défis du
privé.
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lucratif
Cette préoccupation fondamentale des travailleurs a
constitué un point focal des différents échanges avec les
dirigeants, de sorte que toute idée de non satisfaction absolue semblait
créer un malaise en leur sein. Des attitudes de démotivation
étaient perceptibles. Le rendement individuel et collectif baissait, tel
qu'il ressortait des évaluations des activités
réalisées.
Interview n°3 :
« Je ne vois pas de problème majeur ou de
frustration quelconque, en dehors de bruit où on parle de droits
négociés *...+ Quand je regarde l'environnement, je vois que les
gens ne sont pas motivés comme avant. Quand on vient à 07h30,
maintenant tout le parking est vide. Avant le weekend, quand tu arrivais
à l'Agence, tu avais l'impression que c'était un jour ouvrable.
»
Cette observation s'est vérifiée. En effet, de
la Note d'observation n°1, il ressort que les parkings du personnel
étaient quasiment vides jusqu'à 09h, les journées du 19 et
20 juillet 2012, constats faits en présence de deux (2) cadres.
Le rappel au respect des horaires a été
effectué à plusieurs reprises par le Directeur
Général lors de réunions, avec à la clef une note
de service en date du 23 novembre 2012.
Les principales contraintes relevées ont trait au
montage juridique, au défaut d'implication du personnel, à la non
satisfaction de certaines doléances du personnel et à la
démotivation au sein du personnel. Cependant, certaines
préoccupations ont été partiellement prises en compte par
la suite. En effet, les contrats du personnel ont été rompus avec
l'association et signés à nouveau avec la société
anonyme. Les droits ont été liquidés et payés au
personnel. De même, l'ouverture du capital à d'autres parties
prenantes, validée par le conseil d'administration en sa séance
du 21 décembre 2012, permettra de solutionner les insuffisances
liées à la composition de cet organe.
IV.2.5/ La perception de la position concurrentielle et
des opportunités IV.2.5.1/ L'environnement concurrentiel
La transformation juridique se justifie par le besoin des
autorités gouvernementales de créer un environnement
concurrentiel, par conséquent un environnement économiquement
efficace, dans le secteur de la maîtrise d'ouvrage
déléguée.
L'étude préliminaire réalisée par
l'Agence a fait un état des lieux des entreprises évoluant dans
le secteur. Elles se regroupent en trois catégories : les
sociétés de droit public, les sociétés de droit
privé et les ONG et associations.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Les sociétés de droit public
Il s'agit des sociétés d'Etat et des
établissements publics à caractère administratif : -
l'Agence d'Exécution des Travaux Eau et Equipement Rural (AGETEER) ;
- l'Agence de Conseil et de Maîtrise d'ouvrage
déléguée en bâtiment et aménagement urbain
(ACOMOD-BURKINA) ;
- l'Agence des travaux d'infrastructures du Burkina (AGETIB) ; -
Le Fonds de l'Eau et de l'Equipement Rural (FEER).
Les sociétés de droit
privé
Il s'agit principalement de deux sociétés :
AGEM-Développement, Boutique du Développement et CEIA/2I-CI.
D'autres sociétés étaient en cours de constitution.
Les ONG et associations
Il s'agit d'ONG travaillant principalement avec le
Ministère en charge de l'éducation nationale pour la construction
de salles de classes. Ce sont essentiellement de :
- Plan Burkina ;
- OEuvre Suisse d'Entraide Ouvrière ; - Catholic Relief
Service/CATHLWEL ; - Aide et Action.
Au regard de cette situation concurrentielle composée
essentiellement d'entreprises jeunes et insuffisamment dotées, l'Agence
Faso Baara ne devrait pas avoir du mal à conserver sa position de
leader. Cependant, elle rencontre déjà des difficultés
dans la participation à la concurrence. En effet, à l'issue d'une
consultation lancée par un maître d'ouvrage pour la
réalisation d'une importante infrastructure, d'un coût
prévisionnel dépassant six (6) milliards de FCFA, l'Agence a
été écartée parce qu'elle n'avait pas produit de
document justifiant de son statut de société anonyme.
Après introduction d'une plainte auprès du
Comité de Règlement des Différends (CRD), elle a
été sollicitée par demande de proposition
n°2012-000017/MENA/SG/DMP à participer à la consultation.
Il est de coutume de requérir aux éventuels
candidats des conditions rigoureuses en fonction du coût
prévisionnel et de la complexité de l'ouvrage (par exemples au
minimum trois (3) références techniques, un chiffre d'affaires
élevé, cautions plus importantes). Dans le cas
57
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(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
présent, une seule référence technique
était demandée aux postulants. Est-ce dans le souci de ne pas
éliminer dès le départ la plupart des
sociétés ?
Les résultats publiés dans la revue des
marchés publics en son numéro 882 du lundi 19 novembre 2012 se
présentaient comme suit :
Agences
|
Total
|
Rang
|
AGEM-
Développement
|
97,65
|
1er
|
Boutique de
Développement
|
91,82
|
2ème
|
Faso Baara
|
90,82
|
3ème
|
CEIA/2I-CI
|
58,82
|
4ème
|
De l'examen du détail des notes demandées par
l'Agence, il ressort que des rubriques importantes telles que
l'expérience de l'entreprise (notée sur 30 points), la
qualification et l'expérience du personnel (notée sur 40 points)
n'ont pas départagé les trois premiers candidats. Il en
était de même de la présentation de l'offre notée
sur 5 points. La différence s'est située au niveau de la
compréhension des termes de références et, de la
compréhension du chronogramme proposé avec la mission,
notées respectivement sur 10 et 15 points. Ces résultats ont
suscité à nouveau un recours de l'Agence Faso Baara S.A
auprès du CRD.
Ce cas a laissé une forte impression de corruption dans
l'esprit de la plupart des agents de Faso Baara S.A.
Cet exemple vient montrer que l'expérience de la
structure, la qualification et l'expérience du personnel qui semblaient
des atouts essentiels ne suffisent pas. D'autres mécanismes peuvent
constituer des obstacles importants au maintien de leadership de la structure.
Ils pourraient s'expliquer par des facteurs comme l'imperfection du
marché et l'opportunisme de certains acteurs.
Cependant, des espoirs restent permis puisque certains
partenaires institutionnels et privés continuent de faire confiance
à l'Agence. Il s'agit notamment de l'Union Economique et
Monétaire ouest Africaine qui a signé avec elles de nouvelles
conventions portant sur d'importants projets. C'est le cas également de
la BOA-Burkina pour la construction de son siège.
Une autre problématique liée à la
maîtrise d'ouvrage déléguée est le
développement des sociétés d'Etat alors que la logique de
départ était de faire exécuter les grands travaux par des
structures autonomes et suffisamment indépendantes de l'Etat.
Pourtant, la réglementation (article 17 du
décret 2008-174 portant règlementation de la MOD) interdit la
mise en compétition des sociétés publiques et des
sociétés privées. Elle consent cependant qu'à titre
dérogatoire, les personnes morales de droit public peuvent
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
demander aux directions techniques d'exécuter des
missions de maîtrise d'ouvrage déléguée sans avoir
recours aux procédures de sélection compétitive.
Dans la mesure où le portefeuille des projets
confiés par le biais de la MOD est en grande partie dû par l'Etat,
il se pose le problème l'importance de la part de marché qui
pourrait être mise en concurrence entre les sociétés
privées, en imaginant que l'Etat va confier dans la mesure du possible
ses projets aux agences publiques. Va-t-il respecter la limite de 5% des
projets confiés par la procédure de gré à
gré à ses sociétés d'Etat ? Si oui, c'est la
viabilité à terme des sociétés d'Etat qui peut se
poser.
En tout état de cause, cet aspect peut constituer un
des enjeux cruciaux de l'environnement de concurrence établie. En effet,
comment assurer le jeu de parfaite concurrence entre les acteurs ? Le
renforcement de la réglementation peut en être une solution.
IV.2.5.2/ La perception des acteurs
La mise en oeuvre de la concurrence ne fait pas craindre au
personnel une perte de part de marché. Au contraire, le personnel estime
qu'une réorganisation pertinente permettra à l'Agence de
conserver, sinon d'accroître sa part du marché, au regard de son
potentiel.
Interview n°1 :
« L'Agence peut conserver sa part de marché,
puisqu'elle a les ressources nécessaires et des ressources humaines
compétentes. »
Interview n°4 :
« Moi, j'ai foi en l'Agence. Tout est une question
d'organisation ; tout est une question de motivation. »
Cependant, la problématique de la saine concurrence est
posée par certains acteurs :
Interview n°3 :
« Faso Baara était leader. Toutes les chances
sont données à tout le monde. Aujourd'hui, on est face à
une concurrence. Il faut prouver, c'est tout. Si la concurrence est saine, le
leader va émerger. »
Cela est également confirmé par les
interrogations d'un intervenant lors du diner-débat, faisant allusion
à la manifestation d'intérêt pour laquelle tout semblait
être mis en oeuvre pour écarter l'Agence Faso Baara S.A. Ses
propos ont fait l'objet d'ovations nourries, montrant ainsi qu'ils traduisent
des sentiments largement partagés par la plupart des participants :
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Intervenant lors du diner-débat
:
« Faso Baara fait face à un environnement
concurrentiel où tous les coups semblent permis. Que faut-il faire ?
»
Malgré ces préoccupations, de nouvelles
opportunités sont perçues pour s'offrir à l'entreprise du
fait de son nouveau statut juridique.
Interview n°3 :
« Quand on prend les autres agences comme AGETIP
Benin et AGETUR, ce sont des agences d'exécution, mais qui font autres
choses, notamment ils ont des logements qu'ils mettent en location, les agences
de location, agences immobilières ; les prestations de pesage ; ils en
ont plusieurs, même les ramassages des tas d'ordures, l'enfouissement...
»
Ceci est confirmé par les propos du Directeur
Général comme suit lors du diner-débat :
« La stratégie consiste à faire des
prestations de bonne qualité, à envisager non seulement à
court et moyen terme la diversification des activités pour ne pas se
contenter de la maîtrise d'ouvrage déléguée mais
aussi une expansion géographique des activités au-delà de
nos frontières . »
Le personnel estime que l'Agence a de réelles chances
de conserver sa position de leader. Mais, la mise en oeuvre d'une saine
concurrence demeure une condition nécessaire. D'autres
opportunités existent pour l'Agence à l'instar de ce que font des
structures homologues dans d'autres pays notamment au Bénin.
IV.3/ Les effets du changement
Il s'agira d'analyser les effets immédiats obtenus et
les effets encore attendus. L'analyse porte sur le niveau de changement, le
rythme de changement, la réussite du changement et l'adaptation au
changement.
IV.3.1/ Le niveau de changement
La transformation engagée au sein de cette organisation
marque un tournant décisif dans son cycle de développement.
Imposé par une disposition réglementaire, le cadre institutionnel
d'exercice de cette activité s'en trouvera profondément
marqué avec l'arrivée de nouveaux acteurs et l'application du
principe de la concurrence entre l'ensemble des acteurs. Un changement profond
devrait pouvoir être mis en oeuvre et toucher l'entreprise dans sa
globalité. Cela devrait passer par le déploiement d'une bonne
stratégie
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
concurrentielle et la remise en cause de certaines
méthodes de travail qui ont montré leurs limites.
IV.3.2/ Le rythme du changement
La question du rythme du changement permet de mener l'analyse
sous l'angle de la temporalité et du processus.
Il est observé que ce changement semble s'installer
dans la durée, ce qui crée le risque d'émousser les
ardeurs et toute l'attention nécessaire. En effet, le dispositif
réglementaire a été défini en 2008 et le processus
a été véritablement enclenché au sein de l'Agence
en 2010 avec les premières études. La mutation juridique a
été effectuée en fin 2011. Le véritable enjeu se
situe plus dans la réussite d'une mutation globale aussi bien de la
structuration de l'organisation que des habitudes et des méthodes de
travail pour pouvoir prospérer dans ce nouvel environnement juridique,
institutionnel et économique.
L'étendue ou la durée d'étape du
changement paraît déjà longue aux yeux des acteurs. Ceci
nécessite de définir un repère. En effet, le point de
départ du processus se situe sur le plan institutionnel, certes au
décret 2008-374/PRES/PM portant réglementation de la
maîtrise d'ouvrage publique déléguée, mais
effectivement à la circulaire n°2010-2129/MEF/SG/DGMP/DSMP du 12
août 2010 adressée aux administrateurs de crédits par le
ministre de l'économie et des finances. L'objet de la circulaire est la
mise en oeuvre de la réglementation sur la maîtrise d'ouvrage
publique déléguée. Sur le plan interne et organisationnel,
le point de départ considéré correspond au lancement des
premières études engagées en fin 2010 dès la prise
de connaissance, à travers la circulaire mentionnée, de la
volonté de l'Etat d'appliquer strictement les dispositions du
décret à partir du 1er janvier 2011. On peut déduire que
le processus compte, à la date de fin décembre 2012, un peu plus
de vingt quatre (24) mois de mise en oeuvre.
IV.3.3/ La réussite du changement
Au regard de ce qui précède, l'acquis majeur est
la phase juridique qui a été opérée avec
succès. Hormis cela, aucun changement véritable n'est
constaté dans le vécu quotidien des agents.
Interview n°2 :
« Le changement n'est pas totalement installé.
Dans la tête du personnel, on est dans le statu quo. Nous attendons de
voir. »
Interview n°3 :
« Il ya encre beaucoup de choses à faire. Le
manuel de procédures est en révision. J'ai toujours dit qu'il
fallait un plan de carrière pour permettre aux agents d'évoluer,
surtout que certains sont à leur poste depuis vingt ans. Il ya
61
R ème p) nal
aussi beaucoup de changement à faire, surtout sur le
plan fiscal...»
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Interview n°7 :
« C'est pratiquement les mêmes habitudes. Par
exemple, la dernière fois, quand il y a eu des critiques sur les
rapports d'activités, c'est bien parce que il faut qu'on commence
à respecter nos échéances, mais aussi la qualité
des documents. Ce sont des documents qui sortent à l'extérieur et
qui peuvent tomber entre les mains des Ministres. Il faut qu'ils soient bien
présentés...»
Les préoccupations essentielles du personnel ont
été partiellement prises en compte ce qui a contribué
quelque peu à baisser la forte tension initialement perceptible.
Cependant, sur le plan organisationnel, les attentes sont encore nombreuses.
IV.3.4/ L'adaptation au changement
Une idée semble résumer les difficultés
que rencontre la structure à se faire une place dans ce nouvel
environnement :
Interview n°7 :
« L'Agence n'arrive pas à s'adapter à
ce nouvel environnement. Les dirigeants n'ont pas compris qu'il faut savoir
traiter les partenaires pour avoir des marchés. Ce n'est pas de la
corruption mais il faut savoir intéresser les gens. Certains concurrents
l'ont compris et ils ont déjà de gros marchés à
peine arrivés.»
En somme, le changement est toujours en cours après
pratiquement deux années de déclenchement du processus ; il est
émaillé de difficultés diverses, parmi lesquelles une
implication insuffisante des acteurs internes, une stratégie non
définie de façon formelle, la présence de
sociétés d'Etat limitant l'étendue des interventions des
structures privées et des procédés qui n'assurent pas de
la transparence du marché.
Une phase de transformation juridique est
réalisée permettant à la structure de pouvoir prendre part
à la compétition pour la sélection des maîtres
d'ouvrage publics délégués. L'enjeu majeur prend naissance
à ce niveau car le tout n'est pas d'adopter une forme juridique mais de
déployer des stratégies avec l'appui des parties prenantes,
notamment le personnel pour que la structure continue de
bénéficier du label de leader du secteur.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
V/ DISCUSSION
A la lumière des principaux résultats obtenus,
quels enseignements peut-on en tirer ? Un retour à la littérature
permet à travers ces lignes de discuter de ces résultats. Ce
parcours est effectué en fonction des trois dimensions
analysées.
Les conditions déterminantes
En ce qui concerne les conditions déterminantes du
changement dans l'organisation, il est ressorti dans un premier temps que ce
changement observé confirme l'idée de changement entamé en
réaction aux pressions environnementales, à la
nécessité de l'adaptation à cet environnement et à
la capacité à évoluer » (FABRE et al.,
2007). L'idée de la nécessité organisationnelle ou
représentation positive du changement (Perret, 2000) est mise en
évidence. L'adaptation peut être vécue comme un
événement dramatique, une crise dans la vie d'une organisation
(Demers, 1999). Ces phénomènes ont été
observés avec les problèmes essentiels liés à la
gestion du personnel.
La légitimité du changement a par
conséquent été reconnue par les destinataires du
changement, ce qui en a favorisé l'adhésion (Bernoux, 2010). En
effet, lorsque les acteurs perçoivent la légitimité d'un
changement et son bien-fondé, ils ne s'opposent aucunement à
l'idée de sa mise en oeuvre. L'exercice de légitimation
s'avère fondamental, tel que cela a été
développé par certains auteurs dont Rondeau et Bareil (2010).
En considérant l'objet du changement, celui-ci devrait
pouvoir toucher toutes les dimensions essentielles de l'entreprise (Robbins et
DeCenzo, 2008). Cette transformation devrait permettre à l'organisation
de revoir de façon profonde son organisation et sa stratégie.
En effet, les volets du changement, hormis le besoin
nécessaire et urgent de la transformation juridique, n'ont pas
été déterminés de façon formelle et
précise par les dirigeants. Il n'en demeure pas moins que les attentes
formulées par les destinataires du changement sont une suite logique
à la réaction face à l'environnement concurrentiel. Ces
attentes concernent entre autres la réorganisation de la
comptabilité, l'apprentissage de procédures fiscales liées
au nouveau statut juridique, la révision des procédures
budgétaires, l'adoption de nouveaux comportements individuels et
collectifs.
Le changement entamé a été
appréhendé sous l'angle de son niveau et de son ampleur.
(Brassard, 2003 ; Christensen & Overdorf, 2000 ; Rondeau, 1999 ; Demers,
1999 ; Johnson et Scholes, 2000). Dans le cas présent, il est
marqué par une rupture avec un système préexistant
même si sa mise en oeuvre semble s'opérer de façon
progressive. Il est à un stade parcellaire ; l'étape visible est
la transformation juridique. Il est vrai que l'activité initiale se
poursuit mais sous une forme totalement nouvelle et dans un contexte tout aussi
nouveau.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Les enjeux et rôles déterminants
Un des enjeux majeurs de cette transformation pourrait
être la flexibilité de l'organisation dans un environnement
concurrentiel (Tarondeau et al., 1994 in Soparno, 2005).
Cela pourrait se situer au niveau des processus mais aussi des
ressources. Il a été montré que les processus aussi bien
internes que ceux liés à la gestion des projets de la structure
sont suffisamment souples et flexibles. L'enjeu pourrait véritablement
se situer au niveau des ressources. Au stade actuel, l'Agence a des charges de
fonctionnement assez élevées en comparaison avec les autres
structures privées. Ces structures minimisent leurs coûts de
production en ressources humaines et en équipement technique.
Ceci pourrait être paradoxalement un
élément à leur avantage, dans la mesure où la
réglementation a fixé un niveau minimal d'équipement et de
compétences. La plupart des structures pourraient disposent de ce
minimum. Cependant, il s'agit d'un domaine où le niveau de qualification
et l'expérience des prestataires devraient être des
éléments déterminants. Tout ceci pose le problème
de la flexibilité ou du dynamisme des capacités qui est «
une aptitude à reconfigurer ses compétences pour faire face aux
changements rapides de l'environnement ou pour les instaurer ». Il est
distingué des capacités proactives reflétant un
comportement « pionnier » et des capacités réactives
traduisant la rapidité à réagir à une offensive de
la concurrence (Soparno, 2005).
Bien que cet aspect n'ait été un facteur de
différenciation au profit de l'Agence lorsqu'elle a participé
à certaines compétitions, il n'en demeure pas moins que sur le
long terme, cela devrait pouvoir s'imposer. De plus, il est inimaginable de
chercher à réduire les ressources, notamment humaines, au regard
d'une situation conjoncturelle. La perspective de diversification et de
développement des activités sur d'autres horizons renforcent
cette conviction à conserver tout le personnel et mieux à le
renforcer.
Bénéficier de l'adhésion au changement
est un enjeu important. Cet élément s'observe lorsque les
avantages associés au changement sont perçus par les
destinataires comme étant supérieurs aux bénéfices
perdus dans la situation actuelle, additionnés aux désavantages
qui viendront avec le changement (Collerette et al. (2008). Vu sous le
prisme de l'organisation, rester dans le statut d'association ne permet pas
à l'entité de tirer profit de ce nouvel environnement. Elle
pourrait être vouée à disparaître dans la mesure
où la part de marché dévolue à cette
catégorie de prestataires serait très marginale. En effet, cela
se fera par les attributions de gré à gré, ce qui est une
exception au principe de la mise en concurrence des acteurs. Il est
établi sur le plan économique que ce procédé
d'allocation des ressources est inefficace.
Pour assurer l'adhésion au projet, il convient de faire
de la communication un facteur essentiel de réussite du changement
(Strebel, 1996 in Cordelier et Marie-Montagnac,
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
2008)31. Cet aspect a été
suffisamment pris en compte avec la série de rencontres
organisées entre les dirigeants et le personnel à l'effet
d'informer largement et régulièrement le personnel, confirmant
l'idée que, même si la dynamique du changement est à
l'initiative des dirigeants, ces derniers tiennent à l'inverse compte
des idées émises par leurs subordonnés (Cordelier et
Marie-Montagnac, 2008) ou la théorie de l'implication du personnel
développée par des auteurs (Demers, 1999).
Ceci n'a pas empêché une manifestation de la
méfiance par moments. En effet, le personnel a été
amené à formuler des doléances à même
d'atténuer les risques éventuels qu'ils prendraient en s'engager
avec la nouvelle société. Cela confirme l'idée que la mise
en oeuvre du changement est le lieu de constatation de logiques
différentes et contradictoires et des coalitions (Crozier et Friedberg,
1977 ; Pichault, 2009 ; Bareil et Savoie 1998) qui se forment entre acteurs en
vue de défendre un certain nombre d'intérêts. Sur la table
des négociations, le maître mot justifiant les doléances du
personnel était le caractère incertain de la nouvelle
société. La gestion des contrats liant le personnel de
l'association à la nouvelle société est allée dans
le sens des revendications du personnel.
La nécessité de l'adaptation à
l'environnement devrait passer par la mise en oeuvre de choix
stratégiques ou d'une politique volontariste comme l'ont montré
Hafsi et Hatimi (2003)32 dans le cadre d'une étude sur le
secteur industriel des télécommunications sujet à une
réglementation en rapport avec les choix stratégiques des
entreprises évoluant dans ce secteur. Le maintien de la position de
leader est une lutte perpétuelle.
Ceci a été constaté à la suite de
la première participation de la structure à la mise en
concurrence des agences de maîtrise d'ouvrage
déléguée et s'est présenté comme le premier
test de son repositionnement comme leader.
Les effets du changement
L'analyse des effets du changement permet de traiter de
certaines problématiques telles la durée attendue, la perception
de la fin du changement et les résultats escomptés.
A ce propos, comme l'indique Brassard (2003), ce sont les
acteurs qui déclarent que le changement a été
amorcé à tel ou tel moment, après la prise de conscience
d'une impulsion de changement. Ce sont eux aussi qui déclarent
qu'à tel ou tel moment le changement est achevé, ou devrait
arriver à son terme, qu'il est réussi ou non ou qu'une
transformation s'est produite ou non.
31 Benoît Cordelier et Hélène
Marie-Montagnac, Conduire le changement organisationnel, (33) 2008,
Communication et Organisation.
32 Taieb Hafsi, Imad-eddine Hatimi, changement
institutionnel, stratégie concurrentielle et performance, XIIème
conférence de l'Association Internationale de Management
Stratégique, 3,4,5 et 6 juin 2003.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Si le début du processus peut être situé
au début des premières études, ou en termes de processus
à la phase de décristallisation ou d'éveil et de
désintégration, aucun élément prévisionnel
ne sert pour l'instant de référence quant à la fin.
Ceci n'est peut-être pas très étonnant
dans la mesure où il s'agit d'une première véritable
expérience de mise en oeuvre de changement important, mais aussi et
surtout au regard du fait que toute transformation consistant à se
repositionner dans un environnement ayant changé de façon
soudaine et imprévue (Demers, 1999), est vue comme très
coûteuse et difficile à réaliser.
Le processus semble être parti pour durer et aucune
formulation expresse n'est faite pour indiquer les aspects qui seront
modifiés. A défaut de cette précision, les dimensions
probables à toucher ont été proposées par les
acteurs.
Cependant, des indicateurs peuvent être définis
pour permettre dans un horizon de six (6) à douze (12) mois
d'apprécier de façon plus conséquente les effets
réels du changement : nombre de participation aux manifestations
d'intérêt, nombre de manifestations d'intérêt
remportées, niveau d'exécution des prestations, qualité
des prestations (délais, coûts, réceptions effectives),
formations effectuées au profit des acteurs (personnel), appropriation
des formation, appropriation des nouvelles méthodes de travail.
Aussi, la mise en oeuvre du changement fait apparaître
des écueils qu'il faut savoir éviter. Les préconisations
de Kotter se manifestent. Il est constaté un certain piétinement
d'où la non stimulation suffisante « du sentiment d'urgence »,
« un manque de vision » et la non constitution « d'un noyau dur
».
Le modèle de Rondeau, inspiré d'autres
modèles notamment le modèle contextualiste et des approches
basées sur le style de mise en oeuvre du changement, s'avère
pertinent pour l'analyse d'un phénomène multidimensionnel dans
lequel le contexte dans lequel évolue est déterminant, de
même que les points de vue des acteurs et leurs perceptions ; le
processus et la dimension temporelle sont des aspects essentiels et constituent
de ce fait des variables à suivre par tout acteur de changement pour la
réussite de son projet.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
CONCLUSION
La présente étude a porté sur une
organisation évoluant dans un secteur d'activité qui a connu une
modification de son dispositif institutionnel et réglementaire. Ceci a
eu pour effet d'impulser un changement dans ladite organisation.
Le changement organisationnel a fait l'objet de
définitions multiples et désigne (Brassard, 2003) le processus
par lequel un aspect d'une organisation (ou plus largement, d'un système
d'action collective), dont l'altération ou la modification
équivaut à l'ajout, à la suppression ou au remplacement,
de façon partielle ou totale, de l'un, de plusieurs ou de tous les
éléments composant une organisation et de l'une ou l'autre des
caractéristiques de ceux-ci.
L'objectif essentiel de cette étude était de
chercher à comprendre le mécanisme d'introduction et de mise en
oeuvre du changement dans cette organisation, notamment en analysant les
processus et les contenus pour dégager les principales contraintes et
les enjeux déterminants au regard de sa spécificité et de
son domaine d'activité.
Pour mener à bien cette analyse, le modèle
d'analyse de Rondeau a servi de base à l'étude. Ainsi, pour
permettre une meilleure compréhension de ce phénomène
organisationnel, nous avons analysé les trois (3) dimensions principales
du modèle à l'aide d'une grille d'analyse comportant quinze (15)
variables.
Il a été établi que la mise en place d'un
cadre réglementaire a justifié la transformation envisagée
au regard du fait que son statut antérieur ne lui permettrait plus de
prospérer dans ce domaine. Par conséquent, la transformation a
été jugée pertinente et a, de ce fait, recueilli
l'adhésion des principaux acteurs mais surtout des destinataires du
changement. Cependant, la stratégie déployée dans la mise
en oeuvre du changement n'a pas connu une implication véritable de ces
derniers, ce qui a constitué une insuffisance importante.
La réglementation du secteur paraît salutaire
dans la mesure où elle permet d'institutionnaliser une activité
qui se menait jusqu'ici sans un cadre juridique approprié.
Il ressort que cette entreprise est à un tournant
important de sa vie. Après une vingtaine d'années de
présence et de règne sur un marché en qualité de
leader, des difficultés importantes se dressent toutefois sur son
parcours dans le cadre de cette transformation déclenchée en
réponse au dispositif réglementaire mis en place.
D'importants enjeux se présentent à cette
organisation au regard du fait que sa survie même dépend de la
réussite de ce changement et de son adaptation à ce nouveau
contexte. Ces enjeux sont d'ordre sont d'ordre interne et externe.
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
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Sur le plan interne, il conviendrait en plus de la
communication qui a été suffisamment instaurée dans le
processus, de la faire doubler d'une réelle implication des acteurs
internes à la prise de décision.
Des signes d'inquiétudes et de piétinement ont
été observés chez les destinataires du changement, ce qui
dénote un défaut de maîtrise des principaux
paramètres en jeu. Aussi, un des enjeux essentiels est le maintien de la
position de leader de cette activité. Pour ce faire, il est
nécessaire d'engager des actions concrètes et rapides, de
déployer un scénario de riposte et une stratégie
adéquate de positionnement dans un environnement désormais
concurrentiel. Ce scénario devra inclure des gages d'exécution
rapide et efficace des projets confiés par les partenaires techniques,
le renforcement de la compétence du personnel et sa motivation. Un
degré d'innovation s'impose pour continuer à mieux faire que les
concurrents.
Aussi, bien que l'entité se soit attachée les
services d'un conseil fiscal dans la mise en oeuvre de ce changement, des
inquiétudes existent également quant au montage juridique de la
nouvelle entité émanant d'une association de droit privé
certes mais dont l'Etat et la Banque mondiale en ont été les
pères fondateurs. Il convient donc de revoir l'architecture du capital
social et la séparation nette des organes de direction des deux
entités. De plus, sur le plan opérationnel certaines actions
notamment comptables devaient être mises en oeuvre très rapidement
pour constater la séparation nette des deux entités.
Sur le plan externe, on note déjà la
présence sur le marché de la maîtrise d'ouvrage
déléguée d'entreprises naissantes. Il s'agit d'un domaine
nouveau suscitant de l'engouement. Mais la loi de la sélection naturelle
pourrait régir le secteur et faire ainsi disparaître les
entreprises « aventurières ». Dans cet environnement, la
prolifération des sociétés d'Etat pose des
problèmes. En effet, les sociétés pourraient se limiter
aux domaines marqués par l'inexistence de l'initiative privée ou
par la complexité de l'activité.
Il convient de remarquer que l'environnement externe est le
plus délicat à cause des paramètres qui échappent
aux dirigeants de l'organisation. En effet, l'application non rigoureuse des
règles de parfaite concurrence pourrait compromettre les chances d'un
géant. L'organisation évolue dans un secteur où la
procédure de sélection fait désormais appel aux
règles de passation des marchés publics. Ce domaine est connu
comme étant celui où les présomptions ou les cas de
manifestation de tous les abus existent : corruption, trafic d'influence,
fraude, détournement, faux en écriture... D'ailleurs,
l'actualité au Burkina Faso est suffisamment alimentée ces
derniers temps par les activités de lutte contre le fléau de
corruption, comme l'attestent les premières assises nationales de
l'Autorité Supérieure de Contrôle de l'Etat (ASCE),
prévues du 19 au 21 décembre 2012. Il en est de même du
Réseau national de lutte anti-corruption (RENLAC) qui était sous
les feux de la rampe en novembre et décembre 2012 avec la
présentation de son rapport annuel sur l'état de la corruption,
l'inventaire des cas de corruption restés impunis, et aussi à
travers une série de conférences et de débats. Les
autorités sont interpellées à travers l'instrument de
régulation qu'est
68
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
l'Autorité de Régulation des Marchés
Publics (ARMP) qui se penche sur le phénomène, comme l'illustre
la tenue d'un atelier le 17 décembre 2012 pour la restitution d'une
étude relative à l'élaboration d'une stratégie
nationale de lutte contre la fraude et la corruption spécifique aux
marchés publics et aux délégations de service public au
Burkina Faso.
Il apparaît que la pérennité même de
cette activité passe ainsi par l'instauration de la garantie de
transparence du jeu et l'obligation de rigueur à incomber aux structures
de maîtrise d'ouvrage déléguée dans la
réalisation des infrastructures de bonne qualité. Ceci
nécessite un approfondissement de la réflexion sur la
maîtrise d'ouvrage déléguée, la formation et la
sensibilisation de tous les acteurs de la chaîne. Mieux, la promotion du
secteur par l'élaboration d'une stratégie nationale de
développement de la maîtrise d'ouvrage
déléguée serait le cadre idéal de
professionnalisation des acteurs et le gage d'exécution d'ouvrages
respectueux des normes de qualité.
Cette étude confirme que la dimension
stratégique est importante dans un environnement nouveau et
concurrentiel. Elle a montré que la dimension environnementale est tout
aussi importante dans la mesure où il s'agit d'un domaine dans lequel le
produit générant le revenu est spécifique et s'acquiert
à travers des procédures de passation des marchés, domaine
sujet à des perceptions multiformes de non transparence dans la
chaîne.
Par conséquent, l'étude a permis de relever que
la transparence des règles de concurrence est une caractéristique
importante à l'environnement des affaires.
La présente étude comporte infailliblement des
limites. Parmi elles, on peut retenir le temps d'observation y
consacrée. En rappel, la transformation a été
véritablement initialisée en début 2011 avec les
premières études. L'observation s'est déroulée
jusqu'en fin décembre 2012. Il va de soi qu'un temps d'observation plus
long aurait permis d'appréhender beaucoup d'autres aspects et de
comprendre davantage les contours du changement dans cette organisation. Une
autre limite méthodologique est le choix d'un cas unique, ce qui
restreint la richesse et la portée des observations.
Pour autant, nous avons pu mettre en oeuvre certains outils
méthodologiques pour comprendre ce phénomène à la
lumière d'une approche théorique emprunte de la
multiplicité des modèles d'analyse du changement
organisationnel.
Nous avons eu cependant le mérite de réaliser
cette étude sur une organisation assez spécifique qui
évolue dans un domaine tout aussi spécifique et dans contexte
nouveau, et par conséquent, d'avoir contribué à la
réflexion sur le changement.
Cependant, une recherche étendue à un certain
nombre de structures de maîtrise d'ouvrage déléguée
qui ont entamé un processus de changement serait intéressante.
Cela permettrait d'appréhender le phénomène de
façon globale, notamment les enjeux transfrontaliers et communautaires,
le besoin de convergence des politiques de bonne gouvernance et de lutte contre
la corruption, l'absorption efficace des ressources par le recours à la
maîtrise
69
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
d'ouvrage déléguée et la
nécessité de disposer d'infrastructures de haute qualité
nécessaires au développement des Etats africains auxquels il est
le plus souvent reproché le gaspillage et/ou le détournement des
ressources mises à leur disposition par les partenaires techniques et
financiers pour leurs besoins de croissance et de développement.
70
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
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Décret n°2012-123/PRES/PM/MEF du
02 Mars 2012 modifiant le décret n°2008-173/PRES/PM/MEF du 19 Avril
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02 Juillet 2008 portant réglementation de la maîtrise d'ouvrage
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Arrêté conjoint n°2010-214/MEF/MHU
du 09 juin 2010 portant conditions d'octroi et de retrait des
agréments en matière de maîtrise d'ouvrage publique
déléguée relative aux travaux de bâtiments (TB).
Arrêté conjoint n°2010-33/MEF/MAHRH
du 15 juin 2010 portant conditions d'octroi et de retrait des
agréments en matière de maîtrise d'ouvrage publique
déléguée relative aux travaux d'hydraulique et travaux
d'aménagement hydro agricoles (TH).
Arrêté conjoint n°2010-231/MEF/MID
du 24 juin 2010 portant conditions d'octroi et de retrait des
agréments en matière de maîtrise d'ouvrage publique
déléguée relative aux travaux de routes et d'ouvrages
d'art (TR).
Circulaire n°2010-2129/MEF/SG/DGMP/DSMP
du 12 août 2010 portant mise en oeuvre de la
règlementation sur la maîtrise d'ouvrage publique
déléguée.
Rapport d'étude du Cabinet Dembs associates
SARL, Septembre 2011 Rapport d'étude du Cabinet CGIC
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Ensemble de textes et documents internes
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procédures techniques, Manuels de procédures administratives,
financières et comptables, Compte rendus de réunions...)
Sites web
www.africatip.net
www.hec.ca/ceto.
www.fasobaara.net
www.armp.bf
74
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(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS i
DEDICACE iii
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS iv
LISTE DES TABLEAUX ET SCHEMAS v
SOMMAIRE vi
INTRODUCTION 1
I/ REVUE DE LITTERATURE 4
I.1/ Définition des concepts 4
I.1.1/ La notion d'organisation et d'action organisée 4
I.1.2/ La notion de changement 6
I.2/ Modèles explicatifs et compréhensifs du
changement organisationnel 10
I.2.1/ Modèles liés à la dynamique
environnementale ou aux choix stratégiques 10
I.2.2/ Modèles basés sur l'initiative du changement
12
I.2.3/ Modèles basés sur l'ampleur du changement
12
I.2.4/ Modèles basés sur les dimensions
affectées par le changement 14
I.2.5/ Modèles basés sur le processus de changement
15
I.2.5.1/ Le modèle de Lewin 15
I.2.5.2/ L'approche constructiviste-systémique 15
I.2.6/ Typologie fondée sur les relations acteurs et
destinataires du changement 17
I.2.7/ L'approche « contextualiste » 17
I.3/ Les enjeux et conditions du changement 18
I.3.1/ Les enjeux du changement 18
I.3.2/ La résistance au changement 19
I.3.3/ Les causes d'échec et les facteurs de succès
du changement 22
I.4/ Modèle d'analyse 23
I.4.1/ Présentation du Modèle de Rondeau 23
I.4.1.1/ La démarche de transformation 24
I.4.1.2/ Les trois (3) dimensions du modèle 25
I.4.2/ Justification du choix du modèle de Rondeau 26
1.4.3/ Grille d'analyse 28
II/ METHODOLOGIE 29
75
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
II.1/ Démarche méthodologique 29
II.2/ Technique d'échantillonnage et de collecte de
données 30
II.3/ Techniques de traitement et d'analyse des données
31
III/ CADRE PRATIQUE 32
III.1/ Le contexte institutionnel du changement 32
III.1.1/ Un secteur d'activité particulier : la
maîtrise d'ouvrage déléguée 32
III.1.2/ Réglementation du secteur 34
III.2/ Présentation du cas 37
III.2.1/ De l'association Agence Faso Baara à la
société Agence Faso Baara S.A 37
III.2.1.1/ Les textes fondateurs et les modalités
d'intervention 37
III.2.1.2/ Organisation de l'Association Agence Faso Baara 38
III.2.1.3/ La création de l'Agence Faso Baara S.A 39
IV/ RESULTATS 41
IV.1/ Le contexte du changement : identifier les conditions
déterminantes 41
IV.1.1/ La complexité du changement 41
IV.1.2/ La légitimité du changement 42
IV.1.2.1/ L'origine de la transformation 42
IV.1.2.2/ L'objet du changement 43
IV.1.2.3/ La pertinence de la transformation 44
IV.1.2.4/ La spécificité de l'organisation 45
IV.1.2.5/ L'encadrement de la réglementation 47
IV.2/ Les acteurs du changement : enjeux et rôles
déterminants 49
IV.2.1/ Les enjeux perçus par les acteurs 49
IV.2.2/ La participation des acteurs 50
IV.2.3/ La perception de la vision des responsables de
l'organisation 52
IV.2.3/ Le style et la stratégie mis en oeuvre 53
IV.2.4/ Les contraintes et problèmes perçus 55
IV.2.5/ La perception de la position concurrentielle et des
opportunités 56
IV.2.5.1/ L'environnement concurrentiel 56
IV.2.5.2/ La perception des acteurs 59
IV.3/ Les effets du changement 60
IV.3.1/ Le niveau de changement 60
IV.3.2/ Le rythme du changement 61
IV.3.3/ La réussite du changement 61
76
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(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
IV.3.4/ L'adaptation au changement 62
V/ DISCUSSION 63
CONCLUSION 67
BIBLIOGRAPHIE 71
TABLE DES MATIERES 75
ANNEXES 78
77
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
ANNEXES
- ANNEXE N°1 : Guides d'entretien
- ANNEXE N°2 : Présentation
détaillée de l'Agence Faso Baara S.A
- ANNEXE N°3 : Circulaire relative à la mise
en oeuvre de la réglementation sur la Maîtrise d'ouvrage
déléguée (MOD)
78
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
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ANNEXE N°1 : Guides d'entretien
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
1.1 Guide d'entretien avec le personnel
Dimensions
|
Contenu
|
Questions
|
Eléments de réponse
|
1/ Le contexte du changement : identifier les conditions
déterminantes
|
1.1/ La
légitimité du changement
|
D'après vous, quelle est l'origine
de la transformation (Qu'est-ce qui la justifie)?
|
|
|
|
Sur quoi porte le changement ou
quelles sont les dimensions
touchées par le
changement (structure, culture,
ressources, procédés,
procédures...)?
|
|
|
|
La transformation amorcée est-
elle pertinente (au regard des
objectifs, de l'environnement
concurrentiel, des besoins internes...)?
|
|
|
|
Pensez-vous que les objectifs
visés par la nouvelle
règlementation seront
réellement poursuivis par l'Etat
(appel à concurrence, sélection rigoureuse) ?
|
|
2/ Les acteurs du changement : enjeux et rôles
déterminants
|
2.1/ Les enjeux et rôles
déterminants
|
Quels sont les enjeux perçus et
réels (suppression ou
augmentation de postes, réduction ou augmentation des
avantages, réorganisation...) ?
|
|
|
|
La nouvelle forme adoptée est-
elle avantageuse plus pour les
dirigeants ou le personnel ou
tout autre groupe intéressé (Ministère,
Mutuelle,...)?
|
|
|
|
D'autres formes juridiques
semblaient-elles plus indiquées
(pour assurer efficacement la
fonction économique tout en
maintenant l'équilibre des pouvoirs) ?
|
|
|
|
Quel a été ou est le style de mise
en oeuvre (imposition,
participation, négociation, coercition,...) ?
|
|
80
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
|
|
Pensez-vous que les responsables de l'organisation ont une
vision
claire de la transformation amorcée ?
|
|
|
|
Quels sont les rôles joués ou que
pensez qu'il faille faire pour réussir la
transformation ?
|
|
|
|
Quelles sont les contraintes qui
s'imposent à vous (de façon individuelle ou
collective) ?
|
|
|
|
Quels sont les problèmes qui
peuvent miner le processus ?
|
|
|
|
Quelle stratégie avez-vous
adoptée (de façon individuelle ou collective)
pour accompagner la transformation ?
|
|
|
|
Si la concurrence est mise en
oeuvre, pensez-vous que
l'organisation conservera une part importante du marché
?
|
|
|
|
Des opportunités d'affaires
s'offrent-elles à la nouvelle structure ?
|
|
|
|
Assiste t-on à des menaces ou influence quelconque de la
part des responsables?
|
|
|
|
Quelles sont vos perceptions
(attitude, comportement) sur ce changement ?
|
|
3/ Les Effets du changement
|
|
Qu'est-ce qui change
véritablement pour vous ?
|
|
|
|
S'il y a eu changement, vous
adaptez-vous à cette nouvelle situation ?
|
|
81
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
1.2 Guide d'entretien avec les acteurs
externes
Contenu
|
Questions
|
Eléments de réponse
|
Analyse de l'environnement
|
Qu'est ce qui motive la nouvelle réglementation ?
|
|
Pensez-vous que les objectifs visés par la nouvelle
règlementation seront réellement poursuivis par
l'Etat (appel à concurrence, sélection rigoureuse) ?
|
|
Quels sont les enjeux de cette réglementation ?
|
|
Quel impact de cette réglementation sur les structures
évoluant dans ce secteur ?
|
|
Quel est la spécificité de ce secteur (cas du BTP,
des
ouvrages hydrauliques...) en terme d'obligation
de contrôle de qualité... ?
|
|
Quelle est la place des sociétés d'Etat, des
sociétés
privées et des Associations d'utilité publique,
ONG dans cet environnement?
|
|
Quelles sont les perspectives d'évolution du secteur de
la maîtrise d'ouvrage déléguée ?
|
|
82
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
ANNEXE N°2 : Présentation
détaillée de l'Agence Faso Baara S.A
|
|
TRAORE Zakaria, Master Recherche en Sciences de gestion
(2ème promotion), ISIG International
|
Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
L'AGENCE FASO BAARA S.A est la nouvelle forme juridique sous
laquelle est gérée l'activité de maîtrise d'ouvrage
déléguée depuis le 01 janvier 2012. Elle est une
société anonyme avec conseil d'administration au capital de cinq
cent millions (500.000.000) de francs CFA. Cependant, un regard
rétrospectif permet de noter que l'Agence FASO BAARA fût
créée sous la forme d'une association de droit privé
à but non lucratif. En effet, elle a été
créée en juin 1991 par arrêté N°
91/151/MAT/SG/DELPAJ du 17 Juillet 1991 par le Gouvernement du Burkina Faso
avec l'appui de la Banque Mondiale pour l'exécution du Projet de Travaux
d'Intérêt Public pour l'Emploi (TIPE) financé par
l'Association Internationale de Développement (IDA, Groupe de la Banque
Mondiale), l'Etat Burkinabè et la République
Fédérale d'Allemagne (KfW). Mise en place dans un contexte de
reformes et de restructuration de l'économie (Programme d'ajustement
structurel), l'AGENCE FASO BAARA a expérimenté pendant vingt (20)
ans l'exercice de la maîtrise d'ouvrage déléguée
(MOD) dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) en dehors
des structures publiques de l'Etat.
L'AGENCE FASO BAARA S.A exerçe suivant quatre (4)
principales modalités :
- la maîtrise d'ouvrage déléguée
qui est la modalité pilote; - l'exécution de projet ou programme
de développement ; - l'assistance aux maîtres d'ouvrage ;
- la conduite d'opérations.
La structure compte au 31 décembre 2012 un effectif de
trente quatre (34) personnes aux profils suivants :
· Gestionnaires financiers ;
· Comptables ;
· Ingénieurs de génie civil ;
· Ingénieurs de génie rural ;
· Architectes ;
· Techniciens supérieurs ;
· Ingénieurs de travaux informatiques ;
· Agents d'appui (secrétaires, agents de liaison,
chauffeurs...).
L'Agence comporte deux organes de gestion (le Conseil
d'administration et la Direction Générale) et un organe de
contrôle, l'assemblée générale.
Les services techniques, comités et commissions composant
la Direction générale sont :
· la Direction Générale qui comprend : un
(01) DG, une (01) Attachée de Direction, un (01) Conseiller
Informatique, un (01) Archiviste et un (01) Agent de liaison. Pour la mise en
oeuvre des activités de l'Agence, il a une structure d'appui qui est le
Service Contrôle de Gestion et des Statistiques (SCGS) comprenant un Chef
de service, un contrôleur de gestion, un chargé de production
statistiques,
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
· la Direction technique (DT) qui comprend un (01)
Directeur Technique (DT), une (01) Secrétaire du Directeur Technique,
une (01) Secrétaire de Direction du personnel de projets, trois (03)
Chefs de Projets (CP), trois (03) Assistants Chefs de Projets (ACP), un (01)
Agent de liaison et cinq (05) Chauffeurs.
· la Direction financière (DF) qui comprend : un
(01) Directeur Financier (DF), une (01) Secrétaire du DF (SDF), un (01)
Chef Comptable (CC), quatre (04) Comptables (CPT), un (01) Assistant Financier
(ASF), une (01) Assistante Administrative (ASA) et une (01) Standardiste
Réceptionniste.
· Les comités d'orientation et de gestion : le
Comité de direction, le comité technique, le comité
administratif, le comité informatique,
· Les Commissions spécialisées : La
Commission d'Attribution des Marchés (CAM et la Sous-Commission
d'Analyse et d'Evaluation des Offres (SCEO
Les maîtres d'ouvrage, clients de l'AGENCE FASO BAARA S.A
sont :
· L'Etat burkinabé ;
· Les collectivités territoriales ;
· Le secteur privé ;
· Les institutions internationales.
Les prestataires de l'AGENCE FASO BAARA S.A sont les
entreprises de travaux, les maîtres d'oeuvre (cabinets d'architecture
et/ou d'ingénierie), les structures de contrôle technique, les
fournisseurs et prestataires divers.
Au 31/12/2012, les principaux résultats
enregistrés sont résumés comme suit :
Résultats atteints
|
Montant milliards FCFA)
|
(en de
|
Montant mobilisé
|
|
370
|
Montant engagé
|
|
320
|
Montant travaux réalisés
|
|
300
|
Investissement sur fonds propres
|
|
1,3
|
Masse salariale distribuée
|
|
39
|
|
85
Résultats atteints
Nombre
|
Marchés attribués
|
7000
|
Prestataires
|
900
|
Emplois créés
|
241 000 (dont
6.000
permanents)
|
|
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
Les réalisations par secteur d'activités donnent
:
Secteur d'activités
|
|
Montant (en
milliards de
FCFA)
|
Éducation - Formation
|
|
123
|
Santé
|
|
69,9
|
Eau, aménagements hydro-agricoles
|
|
8,7
|
Commerce
|
|
24,5
|
Infrastructures administratives
|
|
42,3
|
Habitat et urbanisme
|
|
6,4
|
Élevage
|
|
1,3
|
Environnement
|
|
1,7
|
Transport (Routes, pistes,
urbaines,...)
|
voiries
|
24,9
|
|
L'AGENCE FASO BAARA S.A est une agence membre du
réseau AFRICATIP (Association Africaine des Agences d'Exécution
des Travaux d'Intérêt Public) créé le 21 Janvier
1993 à Ouagadougou pour promouvoir et faciliter les activités des
Agences d'Exécution des Travaux d'Intérêts Publics (AGETIP)
à travers le continent. Le réseau regroupe, au 31 décembre
2012, vingt (20) agences comme suit :
· ABUTIP (Burundi)
· ADETIP (Djibouti)
· ADU (Mauritanie)
· AGECABO (Cap Vert)
· AGEOPPE (Guinée Bissau)
· AGEROUTE (Côte d'Ivoire)
· AGETIER (Mali)
· AGETIP (Sénégal)
· AGETIP (Mali)
· AGETIPA (Madagascar)
· AGETIP-BENIN SA
· AGETIPE CAF (Centrafrique)
· AGETIPE (Guinée)
· AGETUR (Togo)
· AGETUR-BENIN SA
· AMEXTIPE (Mauritanie)
· ASSETIP (Rwanda)
· AGENCE FASO BAARA S.A (Burkina Faso)
· GAMWORKS (Gambie)
·
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NIGETIP (Niger)
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Mise en oeuvre du changement organisationnel : enjeux et
défis de la transformation d'une organisation à but non
lucratif
ANNEXE N°3 : Circulaire relative à la mise en
oeuvre de la réglementation sur la Maîtrise d'ouvrage
déléguée (MOD)
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(2ème promotion), ISIG International
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