II. DELIMITATION DU SUJET
II.1. Délimitation thématique
L'étude de l'évolution des contacts
forêt-savane s'intègre dans un cadre global de la dynamique de
l'environnement et des risques liés à l'exploitation des
ressources naturelles. Il s'agit, pour le cas spécifique de la zone de
mosaïque forêt-savane du bassin de la rivière Mbam,
d'analyser le rôle des agrosystèmes dans l'évolution
passée et actuelle du couvert végétal, d'une part et
d'autre part, de déterminer leurs implications sur le triple plan
écologique, social et économique. Il s'agit d'un milieu de
transition entre la forêt dense, peuplement fermé, et la savane,
formation ouvert comme les travaux précédents l'ont décrit
(Suchel, 1988 ; Abah, 1984 : Kuété, 1989) :
· Transition climatique, car il semble ressortir de
l'observation des faits que la phase climatique actuelle marque le passage d'un
climat à tendance sèche révolu vers un climat à
tendance humide de mieux en mieux affirmé.
· Transition climatique latitudinale sous le climat
actuel, puisque c'est ici que s'amorce le passage du climat équatorial
au sud vers le climat tropical de l'Adamaoua ;
· Transition morpho-pédologique, entre le domaine
ferralitique du sud et les régions fortement cuirassées de
l'Adamaoua ;
· Transition végétale et floristique entre
le grand bloc forestier sud camerounais et les savanes du Nord, ce
caractère constituant la définition même du contact
forêt-savane.
II.2. Délimitation spatiale
L'étude s'effectue dans la region du centre-Cameroun,
dans le département du Mbam et Inoubou, arrondissement de Bokito
notamment dans le village Yambassa (Figure 1). Sur le plan administratif, ce
village appartient au canton Elip. Ce village se situe entre 4° 30' et
5°
5
30' N et entre 11° 30' et 12° E. Sa superficie est
d'environ 180 km2. Le village Yambassa, est
situé à 112 km au nord de la ville de Yaoundé. Ce village
est inséré dans la grande zone de mosaïque
forêt-savane du Centre Cameroun (Figure 2). C'est un territoire
essentiellement occupé par des savanes herbeuses et des savanes
arbustives avec des intrusions forestières sous forme de boqueteaux,
d'îlots et de galeries longeant les cours d'eau. Relativement peu
peuplé (moins de 10 hab. /km2), la région est
désenclavée depuis près de trente ans à la faveur
de la construction de la Route Nationale N° 4 qui relie
Yaoundé à Bafoussam en passant par Bafia, Bangangté et
Bandjoun.
Le village Yambassa est limité au nord par les
villages Guientsing 1, Bogondo et Baliama de l'arrondissement d'Ombessa, au sud
par les villages Balamba 1 et Balamba 2, à l'ouest par les villages
Bassolo, Bégni et Guéfigué et à l'est par les
villages Yebekolo, Nyambala et Yanga.
II.3. Délimitation temporelle
La plupart des villages et villes « yambassa »
comportent sur leur périphérie des alignements de Ceiba
pentandra ou fromagers. Ils ont été plantés de
manière alignée autour des groupements humains entre la fin du
19e et le début du 20e siècle (Beauvilain
et al., 1985). Selon ces travaux, les alignements de ligneux sont si
serrés qu'en grandissant, les arbres constituent des sortes de
fortifications vivantes. L'implantation de ces haies vives s'est faite dans un
contexte de guerres entre groupes de populations engagées dans des
luttes de conservation ou de conquêtes de territoires. Sur le terrain en
2014, des pans de ces murs sont encore visibles. Une bonne partie de ces «
fortifications» a disparu à cause du passage des routes ou
simplement à cause de la mort de certains arbres.
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