1.3.L'EVOLUTION DE LA SITUATION
GENERALE DU BOIS DE FEU
L'étude a montré qu'en 1980 près de 2
milliards de personnes soit les trois quarts de la population des pays en voie
de développement, ont une consommation énergétique de type
traditionnel et dépendent donc du bois de feu et d'autres
éléments solides de la biomasse pour la satisfaction de leurs
besoins énergétiques domestiques quotidiens. Mais plus de la
moitié de ces populations tributaires des combustibles traditionnels,
1160 millions de personnes, ne se trouvent pas en mesure en 1980 de satisfaire
leurs besoins énergétiques minimaux à partir des
ressources disponibles en bois de feu sans compromettre les approvisionnements
futurs: la demande a cru plus vite que l'offre et dans certains cas même
la surexploitation des ressources ne suffit pas à garantir les
approvisionnements minimaux requis.
Les
situations de pénurie
En 1980, on a pu évaluer que près de 96 millions
de personnes dans l'ensemble des trois continents vivent en situation de
pénurie énergétique: la surexploitation de la
végétation ligneuse, ou de ce qu'il en reste, et le cas
échéant des résidus agricoles est notoirement insuffisante
pour satisfaire les besoins minimaux: la consommation se trouve donc contrainte
à un niveau inférieur au minimum requis. Ceci caractérise
les situations les plus graves qui ont été identifiées: en
Afrique, les zones arides et semi-arides au sud du Sahara, les parties
orientales et sud-orientales du continent, les zones montagneuses et les
îles; en Asie, les régions montagneuses du massif de l'Himalaya;
en Amérique latine, le haut plateau andin, les zones arides de la
côte Pacifique et les zones à forte densité de population
de l'Amérique centrale et des Caraïbes. Ces situations sont
caractérisées soit par des niveaux élevés de
demande due aux conditions climatiques sévères soit par la
densité relative élevée des populations rurales dans des
zones écologiques difficiles où la productivité des
ressources en bois de feu est faible. Le déficit annuel total de bois de
feu a été estimé à 95 millions de m3, soit en fait
1 m3 par habitant et par an: seule une portion réduite des besoins
minimaux est couverte. Dans toutes ces situations la crise du bois de feu
assume une gravité dont les conséquences mettent en danger le
potentiel de développement: incidence sur la nutrition et la
santé de populations qui ne sont plus en mesure de cuire leurs alimente
et de se protéger du froid, part démesurément croissante
du temps et de l'argent consacrés à ne procurer le combustible,
utilisation maximum des déchets pour la combustion et conséquence
cumulée avec l'érosion provoquée par le déboisement
sur la productivité des sol, tendance résultante à
défricher plus avant pour gagner de nouveaux terrains de culture dans
des zones généralement encore plus fragiles. On peut donc
affirmer sans exagération que les zones identifiées et trouvent
véritablement en situation d'urgence, la gravité de la
pénurie de bois de feu engendrant une pénurie
énergétique dont les proportions et les conséquences
requièrent des interventions immédiates et massives. Les
solutions forestières sont indispensables autant pour résoudre le
problème énergétique que pour restaurer et protéger
un environnement productif: mais elles seront insuffisantes, en tous cas dans
le court terme, pour combler des déficits considérables et
rétablir l'approvisionnement énergétique au niveau des
minimums requis. Toute stratégie concernant ces situations de
pénurie doit donc nécessairement inclure des mesures d'urgence
complémentaires visant à assurer l'approvisionnement
énergétique minimum dans le court terme, pouvant aller
jusqu'à la fourniture subventionnée de combustibles
complémentaires, durant le temps. Requis pour la mise en place de
solutions durables.
Présentement l'analyse de l'évolution de ces
situations vers l'an 2000 est encore plus préoccupante: on estime que la
croissance démographique portera la population tributaire du bois de feu
dans ces zones à plus de 150 millions d'habitants. Sur la base des
tendances récentes de déboisement observées et des
programmes de plantations envisagés pour les prochaines années,
extrapolés jusqu'à l'an 2000, il est à craindre que le
déficit annuel de bois de feu atteindra 160 millions de m3, se
traduisant par une aggravation du déficit par habitant. Les actions
actuellement envisagées sont donc insuffisantes pour éviter
même une détérioration ultérieure de la situation
identifiée en 1980.
|