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INSTITUT SUPERIEUR DE FORMATION ET DE RECHERCHE APPLIQUEE
(ISFRA)
DEPARTEMENT D'ENSEIGNEMENT ET DE
RECHERCHE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
|
SECTION DES SCIENCES DE L'EDUCATION
MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU DIPLOME D'ETUDES
APPROFONDIES
EN SCIENCES DE L'EDUCATION
Option : Curricula
DETERMINATION DES CONTRAINTES A LA MISE EN OEUVRE DE
L'APPROCHE PAR COMPETENCES DANS LES ECOLES NORMALES D'INSTITUTEURS (ENI) : CAS
DES ENI DE TAHOUA, ZINDER ET
MARADI
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Présenté et soutenu publiquement le 12 Mai
2014
Par
MOUSSA Issa Evaristho
Sous la direction de Dr. Koulougna Edmond
DEMBELE, Directeur de Recherche
Jury :
Pr. Denis DOUGNON (Président) Dr.
Barthélemy TOGO (Membre)
Dr. Koulougna Edmond DEMBELE (Membre)
M. Ogobassa SAYE (Membre)
Années universitaires 2011-2013
DEDICACES
A
La douce mémoire de Djibo MANOMI
Illustre grand-père, malheureusement
arraché à notre affection Le 27 février 2012, un mois
après le début de cette formation (Qu'il repose en
paix)
A
Mes parents ZIBO Moussa et Haoua DJIBO
II
REMERCIEMENTS
Ce travail de recherche a été rendu possible
grâce aux généreuses contributions, aux soutiens, à
la collaboration et aux multiples conseils de certaines personnes auxquelles je
tiens à adresser mes sincères remerciements et ma profonde
reconnaissance.
Qu'il me soit, tout d'abord, permis de remercier très
sincèrement mon directeur de mémoire, Dr Edmond Koulougna
DEMBELE, Directeur de recherche et enseignant à l'Institut
Supérieur de Formation et de Recherche Appliquée (ISFRA), pour la
confiance placée en moi en acceptant d'encadrer ce travail et cela,
malgré ses multiples occupations. Je lui suis très reconnaissant
pour tous les commentaires éclairés et stimulants qu'il a eus
à formuler pour l'amélioration de la qualité de mon
travail.
À travers le Ministère de l'Enseignement
Primaire, de l'Alphabétisation, de la Promotion des Langues Nationales
et de l'Education Civique, notamment la Direction des ressources humaines qui
accorde tant de prix à cette formation, j'exprime ma reconnaissance
à l'Agence Française de Développement dont le financement
m'a permis, pendant deux années durant, de poursuivre mes
études.
Ces remerciements vont aussi à l'ensemble du corps
professoral de l'ISFRA, plus particulièrement au Dr Mamoudou COUMARE
pour avoir accepté de relire et critiquer mon travail, au Dr Hamidou
NAPARE et au Dr Soumaïla DIAKITE qui ont accepté sans
hésitation de mettre à ma disposition une quantité
inestimable de documents. Qu'ils trouvent ici l'expression de ma profonde
gratitude.
Je garde aussi toujours en mémoire la constante
disponibilité de l'administration de l'ISFRA, en particulier Dr Brahima
SONGORE, Secrétaire Principal et Abdrahamane ALHADI, agent comptable de
ladite institution. Je leur exprime mes sincères remerciements.
Ce travail n'aurait pas été également
possible sans la collaboration et la complicité de plusieurs
personnes.
Il s'agit d'abord de Mr Khamisse CHERFEDINE, Directeur
Général de l'ENI de Maradi, pour son indéfectible soutien
moral, matériel et financier.
Il s'agit également de Mr Abdou MADOUGOU (DFIC) ; Mme
ROUA BOCAR (DCIP) ; Mr Seydou BAGOBIRI (DG ENI Zinder) ; Mr Billa MOHAMED (DG
ENI Tahoua) ; Mr Sabra AMADOU alors directeur des études (D.E.) de l'ENI
de Zinder rappelé à DIEU au moment même où
j'effectuais mes enquêtes dans leur école (Que son âme
repose en paix) ; Mr Laouali KATOUMBE (D.E. ENI Tahoua) ; Mr Tidjani GALADIMA
(D.E. ENI Maradi) ; les responsables de stages et tous les encadreurs des ENI ;
les enseignants du
III
primaire et les élèves-maîtres qui ont
accepté de collaborer dans ce travail de recherche. Je leur
témoigne ma profonde reconnaissance.
J'exprime une pensée particulière à ma
très chère épouse Aïchatou MOUSSA pour son
inestimable contribution à ce travail. Au nom de son indéfectible
soutien et du sacrifice consenti, à côté de nos trois chers
enfants Haouaou, Safia et Abdoul-Majid qui vient à peine d'ouvrir les
yeux aux réalités du monde, je lui exprime ma profonde
affection.
Toute ma reconnaissance va aussi à l'endroit de ma
belle-mère pour son immense soutien et pour tous les soins
procurés à ses petites-filles durant mon absence.
Je n'oublie pas mes frères et soeurs et amis de longue
date notamment Abdoul-Aziz MOUSSA, Fatima ALICHINA, Hadiza MOUSSA, Razak
MOUSSA, MAIMOUSSA Hassane, Ali BAGUE, Sani DOURAHAMANE, SEYDOU MOUSSA Kalilou.
Je leur exprime toute ma fraternité et mon amitié pour ce soutien
précieux dont ils m'ont toujours gratifié.
Ma gratitude s'adresse aussi à Mme KONATE,
affectueusement appelée Maman et à tous les collègues
maliens de la même promotion pour l'accueil chaleureux et l'esprit de
partage dont ils ont su faire preuve, ce qui témoigne des valeurs
d'hospitalité toujours vivaces dans nos sociétés
africaines. Je cite au passage Mme Sylla Fatoumata HAMA CISSE qui nous a
accueillis jusque dans sa famille, Mariam Samba SIDIBE, Ténémakan
KEITA, Aloys DIAWARA, Nouf SANOGO, sans oublier tous les autres frères
et soeurs maliens étudiants à l'ISFRA.
Enfin, j'ai une pensée particulière à
tous mes collègues nigériens pour tout ce temps passé
ensemble, parfois dans la joie, parfois dans l'ambiance des débats
houleux mais, quand même, avec la ferme volonté de réussir
ce pari pour lequel nous avions quitté notre pays.
iv
MOTS CLES
Curriculum, programmes, APC, ENI, compétences,
innovation.
V
CITATIONS
« Nous ne pouvons pas nous promener à
notre guise dans les systèmes éducatifs du monde entier et (...)
cueillir une fleur par-ci, une fleur par-là, en espérant qu'une
fois planté chez nous, cet amas d'éléments épars
donnera la vie à une nouvelle plante ».
SADLER (1900: 310) cité par JONNAERT Ph. (2010).
La refondation des systèmes éducatifs africains et
les réformes curriculaires en lien avec les objectifs de l'EPT
«(...) On a compris qu'un programme ne vaut
que par la manière dont il est appliqué ; que, s'il est
appliqué à contresens ou avec une résignation passive, ou
il tournera contre son but ou il restera lettre morte. Il faut que les
maîtres chargés d'en faire une réalité le veuillent,
s'y intéressent ; c'est à condition de le vivre qu'ils le feront
vivre ».
DURKHEIM E. (1905). L'évolution
pédagogique en France
vi
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES UTILISES
AFD : Agence Française de
Développement APC: Approche Par Compétence
APS: Approche Située
BE : Brevet Elémentaire
BEPC : Brevet d'Etude du Premier Cycle
CAPED : Cellule Animation Pédagogique
C.E : Chargé d'Enseignement
CFEEN : Certificat de Fin d'Etudes d'Ecole
Normale
CFESSEN : Certificat de Fin d'Etudes de la
Section Spéciale d'Ecole Normale
CFEPD : Certificat de Fin d'Etudes du Premier
Degré
CEPE-FA : Certificat d'Etudes Primaires
Elémentaires Franco-Arabe
CI : Cours d'Initiation
CM2 : Cours Moyen Deuxième
Année
COC : Cadre d'Orientation Curriculaire
COGES: Comité de Gestion des
Etablissements Scolaires
CONFEMEN : Conférence des ministres des
pays ayant le français en partage
CP : Conseiller Pédagogique
CUDC : Chaire UNESCO de Développement
Curriculaire
DCIP : Direction des Curricula et de
l'Innovation Pédagogique
D.E. : Directeur des Etudes
DESAS : Division de l'Evaluation et du Suivi des
Acquis Scolaires
DFIC : Direction de la Formation Initiale et
Continue
D.G. : Directeur Général
DUEL : Diplôme Universitaire d'Etudes
Littéraires
VII
ENI: Ecole Normale d'Instituteurs
EPA: Etablissement Public à
Caractère Administratif
EPE: Elaboration des Programmes à partir
de l'Ecole
EPT : Education Pour Tous
FMI : Fonds Monétaire International
I : Instituteur
IA : Instituteur Adjoint
IEPD : Inspecteur de l'Enseignement du Premier
Degré
INS : Institut National de la Statistique
IREDU : Institut de Recherche sur l'Education
LOSEN: Loi d'Orientation du Système
Educatif du Niger
MEP/A/PLN/EC: Ministère de l'Enseignement
Primaire, de l'Alphabétisation, de la Promotion des Langues Nationales
et de l'Education Civique
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique
PASEC : Programme d'Analyse des Systèmes
Educatifs de la CONFEMEN
PDDE: Programme Décennal de
Développement de l'Education
PM : Pédagogie de la Maîtrise
PPO : Pédagogie Par Objectif
RGP/H : Recensement Générale de la
Population et de l'Habitat
SVT : Science de la Vie et de la Terre
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance
UF : Unité de Formation
UP : Unité Pédagogique
UQAM : Université du Québec
à Montréal
VIII
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1: Répartition des
disciplines enseignées à l'école normale en fonction
des domaines ..9
Tableau n° 2: Principales
caractéristiques des paradigmes d'apprentissage et
d'enseignement 33
Tableau n° 3 : Vue synoptique des
principaux courants théoriques de l'enseignement
et de l'apprentissage .44
Tableau n° 4 : Récapitulatif de
l'échantillon ..58
Tableau n° 5 : Résultats de
l'observation d'une séance sur le tracé de segments à
l'aide
d'une règle ..77
Tableau n° 6 : Résultats de
l'observation d'une séance sur la conjugaison des verbes
être et avoir à l'imparfait de l'indicatif .79
Tableau n° 7 : Résultats de
l'observation d'une séance sur le jeu de couleur
(pratique du jeu) ..81
Tableau n°8 : Vue synoptique de conduite de
leçon selon l'APC et la PPO 83
ix
RESUME
Depuis 2008, le Niger s'est engagé dans une politique
de réforme des curricula au niveau de son système
éducatif. Cette réforme est l'un des axes majeurs du Programme
Décennal de Développement de l'Education (PDDE). Elle a d'abord
commencé dans les ENI dans l'optique de répondre le plus
urgemment possible au défi du manque d'enseignants en quantité et
en qualité.
Des nouveaux programmes furent ainsi élaborés
dans le cadre d'une nouvelle approche pédagogique qui privilégie
l'entrée par les compétences. L'objectif étant de rompre
avec une formation jugée très théorique afin d'offrir aux
futurs enseignants une formation de qualité en lien direct avec la
pratique professionnelle.
Cependant, la mise en oeuvre de l'approche par
compétences dans les écoles normales est un pari fort
risqué pour le Niger dans la mesure où elle intervient à
un moment où le système éducatif est confronté
à d'énormes difficultés dues à la rareté des
ressources et aux insuffisances constatées dans le pilotage des
réformes engagées.
Dans ce contexte, la présente recherche vise à
identifier et à analyser les principales contraintes issues de la mise
en oeuvre des programmes selon l'APC dans les écoles normales. Elle
tente de répondre à quatre questions fondamentales :
Quelles sont les contraintes liées au processus de mise
en oeuvre des programmes formulés selon l'Approche Par
Compétences (APC) dans les écoles normales d'instituteurs du
Niger ?
Quelles sont les ressources disponibles pour la mise en oeuvre
de la réforme?
Qu'est-ce qui caractérise l'environnement
pédagogique dans lequel s'effectue cette mise en oeuvre ?
Comment cette mise en oeuvre est-elle gérée par
les autorités administratives scolaires et pédagogiques ?
Ce questionnement nous a amenés à formuler une
hypothèse centrale comportant trois composantes :
Les contraintes de la mise en oeuvre de l'approche par
compétences (APC) dans les écoles normales d'instituteurs (ENI)
tiennent à la conjugaison de trois (3) facteurs principaux:
Hypothèse 1 : les contraintes de la mise
en oeuvre des programmes selon l'APC tiennent à une insuffisance de
ressources financières, matérielles et humaines dans les
écoles normales.
X
Hypothèse 2 : les difficultés de
l'application de l'APC sur le terrain de stage par les
élèves-maîtres sont dues à un environnement
pédagogique défavorable qui prévaut dans les écoles
primaires.
Hypothèse 3 : les contraintes de la
mise en oeuvre de l'APC dans les ENI s'expliquent par une insuffisance dans le
suivi et l'évaluation de la réforme.
Pour trouver des éléments de réponse
à ces questions, nous avons opté pour une démarche
qualitative de collecte d'informations auprès de l'ensemble des acteurs
impliqués dans la mise en oeuvre du projet. Cela nous a amenés
à réaliser des entretiens et effectuer des séances
d'observation auprès des élèves-maîtres en situation
de stage.
L'analyse de contenu qui en a suivi a donné les
résultats ci-après :
? Les ressources de la mise en oeuvre des programmes de
formation sont insuffisantes, tant du point de vue des ressources humaines que
des ressources financières et matérielles.
? L'environnement pédagogique des écoles
primaires n'est pas du tout favorable à la mise en oeuvre de cette
réforme car les conditions minimales liées à la formation
des enseignants, à la disponibilité dans ces écoles de
manuels scolaires, du matériel didactique, du référentiel
officiel des compétences n'étant pas assurées.
? Le suivi et l'évaluation de la réforme
souffrent d'importantes insuffisances. Pour le suivi de proximité (suivi
interne), les textes ne définissent pas clairement les
prérogatives des directeurs des études des écoles normales
par rapport à cette mission. Quant au suivi externe exercé par
certaines Directions du Ministère de tutelle, il n'est tout simplement
pas efficace compte tenu de la faiblesse des capacités techniques de ces
directions. En effet, les insuffisances se situent surtout au niveau du profil
et des compétences des membres du pool des formateurs nationaux
qui sont chargés d'assurer le suivi-accompagnement de la
réforme.
Enfin, l'évaluation de la réforme pose de
sérieux problèmes car les autorités compétentes en
charge de la question n'ont jusqu'à présent pas pensé
à évaluer le processus de la mise en oeuvre de la
réforme.
Les solutions permettant l'amélioration de la situation
sont diverses et concernent tous les acteurs et partenaires engagés dans
le processus, à savoir l'Etat, le Ministère de tutelle, les ENI
et les Partenaires Techniques et Financiers.
xi
Dans ce sens, nous proposons :
> D'accroître la responsabilité de l'Etat sur les
questions relatives à l'éducation et à la
formation;
> D'assurer la cohérence dans les actions de tous les
intervenants ;
> De mettre un accent particulier sur la formation des
formateurs et des enseignants ;
> De créer le corps de formateurs des écoles
normales ;
> De pourvoir les écoles normales et les écoles
primaires en ressources suffisantes et de
bonne qualité ;
> D'accroître le nombre des ENI et de renforcer les
capacités d'accueil des anciennes ;
> De rehausser la durée de formation dans les ENI et
revoir le profil d'entrée des élèves-
maîtres ;
> Enfin, de suivre et d'évaluer la réforme.
XII
TABLE DES MATIERES
DEDICACES ..i
REMERCIEMENTS ..ii
MOTS CLES iv
CITATIONS v
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES UTILISES vi
LISTE DES TABLEAUX viii
RESUME ..ix
TABLE DES MATIERES xii
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I : BREF APERÇU DU SYSTEME EDUCATIF
NIGERIEN .4
1.1. Réforme du système éducatif
nigérien à travers le PDDE ..4
1.1.1 Composante accès ..5
1.1.2 Composante qualité 5
1.1.3 Composante développement institutionnel 5
1.2. Les écoles normales d'instituteurs : Missions,
organisation, programmes d'études
et formation 6
1.2.1. Missions .6
1.2.2. Organisation 6
1.2.3. Programmes d'études .7
1.2.4. Formation .10
1.3. Présentation des Ecoles Normales retenues par
l'étude 13
1.3.1. l'ENI de Tahoua ...13
1.3.2. l'ENI de Zinder 14
1.3.3. l'ENI de Maradi ...14
CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE .16
2.1. Enoncé du problème 16
2.2. Questions de recherche 19
2.3. Objectifs de l'étude 19
2.4. Hypothèses de recherche 20
XIII
CHAPITRE III : REVUE ET ANALYSE CRITIQUE DES THEORIES ET
DE
|
|
LA LITTERATURE
|
21
|
3.1. Définition des concepts clés
|
.21
|
3.1.1. Contraintes
|
21
|
3.1.2. Mise en oeuvre
|
..21
|
3.1.3. APC
|
..21
|
3.1.4. Compétence
|
22
|
3.1.5. Ressources
|
28
|
3.1.6. Programmes
|
.29
|
3.1.7. Innovation
|
34
|
3.2. Analyse des théories explicatives
|
.35
|
3.2.1. Le behaviorisme
|
35
|
3.2.2. Le cognitivisme
|
36
|
3.2.3. Le constructivisme
|
37
|
3.2.4. Le socio-constructivisme
|
.39
|
3.2.5. Théorie systémique du processus de mise en
oeuvre d'une innovation
|
41
|
3.3. Revue critique de la littérature
|
..45
|
3.3.1. JONNAERT Ph., CYR S., CHARLAND P., DEFISE R.,
SIMBAGOYE A. (2011). Mise en oeuvre du PDDE 2010-2011. Programmes
éducatifs de
l'éducation de base 1 et 2, du non-formel et de
l'alphabétisation au Niger :
des choix curriculaires éclairés. Note de
synthèse ..45
3.3.2. TEHIO V. (éd.), (2010). Politiques publiques en
éducation : l'exemple des
réformes curriculaires. Étude sur les
réformes curriculaires par l'APC en
Afrique. Sèvres : Centre international
d'études pédagogiques (CIEP) 46
3.3.3. Agence Française de Développement,
République du Mali (2010). Étude sur
le curriculum de l'enseignement fondamental. Rapport 3.
Développement du
scénario privilégié .47
3.3.4. CONFEMEN, assises sur les réformes
curriculaires (2010). Pour améliorer
la qualité et la pertinence des apprentissages
.48
3.3.5. JONNAERT P. (2009). Curriculum et compétences,
un cadre opérationnel ..49
3.3.6. ROEGIERS X. (2008). L'approche par compétences
en Afrique
francophone : Quelques tendances, Genève 50
xiv
3.3.7. BERNARD J.M. (IREDU), NKENGNE A. P., ROBERT F. (2007)
: la relation entre réformes des programmes scolaires et acquisitions
à l'école primaire en Afrique :
réalité ou fantasme ? L'exemple de l'approche
par compétence 51
3.3.8. MEUNIER O. (2006). Variations et diversités
éducatives au Niger 52
3.3.9. LEBRUN N., BERTHELOT S. (1994). Plan
pédagogique,
une démarche systématique de planification de
l'enseignement .53
3.3.10. OCDE, Centre pour la recherche et l'innovation
dans
l'enseignement (1979). L'élaboration des programmes
à partir de l'école 53
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE .55
4.1. Orientation méthodologique .55
4.2. Echantillonnage .55
4.3. Structure de l'échantillon .56
4.3.1. Les responsables nationaux ..56
4.3.2. Les directeurs généraux des ENI .56
4.3.3. Les directeurs des études ..56
4.3.4. Les responsables de stage 56
4.3.5. Les encadreurs des ENI 57
4.3.6. Les enseignants du primaire des écoles d'accueil
des stagiaires .57
4.3.7. Les élèves-maîtres 58
4.4.Techniques et outils de collecte et d'analyse des
données .59
4.4.1. Technique de collecte des données ..59
4.4.1.1. Recherche documentaire .59
4.4.1.2. Entretiens semi-directifs .59
4.4.1.3. Observation directe .59
4.4.2. Technique d'analyse des données : l'analyse de
contenu 59
4.4.3. Outils de collecte des données .60
4.4.3.1. Guide d'entretien .60
4.4.3.2. Grille d'observation 60
4.4.4. Matériel de collecte des données .60
4.4.4.1. Caméra 60
4.4.4.2. Magnétophone .60
4.5. Limites de l'étude ..60
xv
CHAPITRE V : PRESENTATION DES RESULTATS
62
5.1. Résultats des entretiens .62
5.1.1. Opinions par rapport aux thèmes
communs .62
5.1.1.1. Insuffisance de ressources financières 62
5.1.1.2. Insuffisance de ressources matérielles 62
5.1.1.3. Insuffisance de ressources humaines 64
5.1.1.4. Environnement pédagogique peu approprié
des écoles primaires ..65
5.1.1.5. Fonctionnalité des Unités
Pédagogiques (UP) 67
5.1.1.6. Non-effectivité de
l'interdisciplinarité 67
5.1.1.7. Insuffisance du suivi-accompagnement de la
réforme 68
5.1.2. Opinions par rapport aux thèmes
spécifiques ..69
5.1.2.1. Raisons du choix de l'option pédagogique
.69
5.1.2.2. Divergences au sujet de la tutelle du suivi de la
réforme 70
5.1.2.3. Difficultés de l'application de l'APC lors des
stages terrain ..71
5.1.2.4. Insuffisance du suivi de proximité
assuré par les directeurs des études .71
5.1.2.5. Difficultés du suivi des
élèves-maîtres en situation de stage ..72
5.1.2.6. Difficultés de l'évaluation des
compétences des élèves-maîtres 73
5.1.2.7. Manque d'évaluation de la réforme 74
5.1.3. Synthèse récapitulative
des opinions des interviewés ..75
5.2. Résultats des séances d'observation .76
5.2.1. Résultats de l'observation de la séance
dirigée par Mme M.M 77
5.2.2. Résultats de l'observation de la séance
dirigée par Mlle F.G ..79
5.2.3. Résultats de l'observation de la séance
dirigée par Mr Z.A 81
5.2.4. Synthèse récapitulative des
résultats des séances d'observation .82
CHAPITRE VI : ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
85
6.1. Rappel du cadre théorique d'analyse 85
6.2. Interprétation des résultats et
vérification des hypothèses 85
6.2.1. Vérification de l'hypothèse 1 .85
6.2.1.1. Les ressources financières de la mise en
oeuvre de la réforme ...85
6.2.1.2. Les ressources matérielles ..87
6.2.1.3. Les ressources humaines .88
6.2.1.4. Déduction 1 .89
6.2.2. Vérification de l'hypothèse 2 89
xvi
6.2.2.1. L'environnement pédagogique des écoles
primaires ..89
6.2.2.2. Déduction 2 .93
6.2.3. Vérification de l'hypothèse 3 94
6.2.3.1. Divergences au sujet de la tutelle du suivi de la
réforme 94
6.2.3.2. La fonctionnalité des unités
pédagogiques (UP) 94
6.2.3.3. L'interdisciplinarité 95
6.2.3.4. L'évaluation des compétences des
élèves-maîtres 96
6.2.3.5. Le suivi de proximité assuré par le
directeur des études (suivi interne) 96
6.2.3.6. Le suivi des élèves-maîtres en
situation de stage 97
6.2.3.7. Le suivi-accompagnement de la réforme 98
6.2.3.8. L'évaluation de la réforme 100
6.2.3.9. Déduction 3 101
CHAPITRE VII : PROPOSITION DE SOLUTIONS .102
7.1. Proposition à l'endroit de l'Etat .102
7.2. Proposition à l'endroit du Ministère de
tutelle 103
7.3. Proposition à l'endroit des Ecoles Normales .105
CONCLUSION GENERALE .107
BIBLIOGRAPHIE 113
SITOGRAPHIE 118
ANNEXES
Annexe 1 : Outils de collecte et d'analyse des
données 120 Annexe 2 : Tableaux des effectifs du
personnel, des élèves-maîtres et des moyens
logistiques des ENI 130
Annexe 3 : Carte situant les régions
d'implantation des ENI retenues par l'étude 133
1
INTRODUCTION
Une éducation de qualité constitue un facteur
déterminant de développement socio-économique pour un
pays. En dehors de son impact positif sur la santé, l'éducation
permet également d'améliorer la participation
démocratique, de lutter contre les discriminations et d'améliorer
la croissance économique. Lors de la conférence de l'Afrique
subsaharienne sur l'éducation pour tous, tenue en 1999, en Afrique du
Sud, dans son allocution liminaire, Thabo Mbeki,
président de l'Afrique du Sud à l'époque, soutenait la
même idée en ces termes : « Aucun pays au monde n'a
jamais atteint le développement durable sans un système
éducatif efficace, sans un enseignement primaire solide et universel,
sans un enseignement supérieur et une recherche efficients, sans
l'égalité des chances en matière
d'éducation1 ».
Le système éducatif du Niger, à l'instar
de ceux de nombreux pays africains, fait actuellement face à une crise
dont les origines sont lointaines. Dans ce contexte marqué par tant de
défis, même les politiques d'ajustement structurelles
imposées par la Banque Mondiale et le FMI au Niger durant la
décennie 1980-1990, n'ont pas apporté le changement tant
espéré. Au contraire, nous avions assisté à une
dégradation croissante des conditions de vie et de travail des
enseignants (ce qui a négativement affecté leurs pratiques
pédagogiques), à la mise à la retraite anticipée
des milliers d'enseignants compétents et expérimentés et
à l'institution d'un système alternatif de recrutement
d'enseignants contractuels à travers le volontariat institué en
1998 et la contractualisation instaurée en 2003.
Même si ces deux modes de recrutement ont permis de
faire face au besoin accru en personnel enseignant dans l'optique de
réaliser les objectifs de la scolarisation universelle, ils ont en
même temps contribué à la détérioration de la
qualité de l'éducation et la déprofessionnalisation de la
fonction enseignante. Nombreux sont au Niger les enseignants qui n'ont ni la
vocation ni la formation et encore moins les compétences
professionnelles requises pour exercer une telle fonction.
Les deux dernières décennies ont
été marquées, par les grèves
répétitives des enseignants et des élèves et les
nombreuses années blanches. Cela a fini par provoquer la
1 Président Thabo Mbeki, Allocution
liminaire, Conférence sur " L'éducation pour la renaissance
de l'Afrique au XXIe siècle ", Johannesburg, Afrique du Sud, 6
décembre 1999
2
déception des parents vis-à-vis de
l'école, qui ne semble plus à leurs yeux offrir les chances d'une
réussite sociale assurée.
Sur le plan des méthodes pédagogiques, c'est la
PPO adoptée en 1988 qui est toujours appliquée dans les
écoles primaires, malgré des résistances de la part de
certains enseignants qui peinent à se défaire de leurs anciennes
pratiques. Les programmes mis en oeuvre à travers cette méthode
n'ont pas pleinement répondu aux attentes de la société et
sont jugés inadaptés car ils n'ont pas permis de revaloriser les
ressources humaines en vue de répondre aux besoins de la
société.
Dans ce contexte, l'échec scolaire constitue donc le
défi majeur. Beaucoup d'élèves quittent l'école
pour insuffisance de résultats, après quelques années de
scolarité. Ils deviennent des charges importantes et difficiles à
gérer pour leurs parents car ne maîtrisant pas les apprentissages
fondamentaux pour s'insérer dans la vie active. Ils deviennent, selon
les termes de SOTOMAYOR, C., (1995)2 des
"analphabètes fonctionnels", c'est-à-dire des
élèves qui ont acquis quelques connaissances à
l'école mais qui sont incapables d'utiliser ces connaissances dans la
vie réelle de tous les jours. Alors, se pose la question de
l'efficacité des apprentissages scolaires.
Aussi, est-il légitime de se demander, face aux
nouvelles mutations marquées par l'évolution des systèmes
économiques, sociaux et culturels ; la révolution des
technologies de l'information et de la communication et les transformations
dans l'organisation du travail ; quelles alternatives s'offrent-elles au
système éducatif nigérien ?
Au niveau politique, les autorités se sont
engagées à démocratiser le secteur de l'éducation,
à améliorer les performances des établissements
d'enseignement et de formation. Cette volonté politique s'est traduite
par l'élaboration et la mise en oeuvre, en 2003, du Programme
Décennal de Développement de l'Education (PDDE). Le PDDE a retenu
la refondation des curricula comme élément central de l'ensemble
du processus du développement du secteur éducatif.
Dès lors, les écoles normales, à travers
la formation initiale qu'elles assurent, furent investies d'un rôle de
premier plan pour doter le système éducatif d'enseignants
compétents, professionnels, capables de donner un enseignement de
qualité dans les écoles primaires. Cette réforme a
concerné plus spécifiquement la révision des programmes de
formation des écoles normales d'instituteurs (ENI). L'objectif
étant d'améliorer la qualité et la pertinence des
apprentissages, en décloisonnant les disciplines et en
réinvestissant dans la pratique. C'est
2 In une pédagogie de l'intégration,
compétences et intégration des acquis dans l'enseignement
de ROEGIERS, X., avec la collaboration de Jean Marie De KETELE,
2e édition, 2003, p. 16
3
pourquoi, la réforme des programmes privilégie
la pédagogie de l'approche par les compétences (APC) pour rendre
les apprentissages plus utiles et plus proches des réalités des
apprenants et de leurs milieux socio-économiques.
Rappelons que cinq années après le début
de leur mise en oeuvre, les nouveaux programmes des ENI ont permis la formation
de plusieurs milliers d'enseignants uniquement sur la base de cette nouvelle
approche pédagogique qu'est l'APC.
Cependant, dans les écoles primaires, la situation est
restée la même. Les enseignants, n'ayant pas
bénéficié de formations plus soutenues, continuent dans
leur grande majorité, à enseigner selon la PPO y compris ceux qui
ont été formés selon l'APC.
De ce fait, nous soutenons l'idée selon laquelle, la
réforme est contrariée par des facteurs limitatifs liés
non seulement à son environnement immédiat mais aussi à un
contexte plus général.
C'est pourquoi, nous avons choisi de mener notre recherche sur
la question de la mise en oeuvre de l'APC en nous intéressant plus
précisément aux différentes contraintes vécues par
les acteurs engagés dans ce processus.
Le but ultime étant de parvenir à une
compréhension du problème, en vue d'apporter notre modeste
contribution à l'amélioration de la qualité de
l'éducation au Niger.
La recherche est organisée autour de sept (7) chapitres
à savoir le bref aperçu du système éducatif
nigérien ; la problématique ; la revue et l'analyse critique des
théories et de la littérature ; la méthodologie ; la
présentation des résultats ; l'analyse et l'interprétation
des résultats et enfin les propositions de solutions.
4
CHAPITRE I : BREF APERÇU DU SYSTEME EDUCATIF
NIGERIEN
Comme le stipule la Loi d'Orientation du Système
Educatif du Niger (LOSEN) adoptée en 1998, les finalités
poursuivies par le pays en termes d'éducation sont "
l'édification d'un système d'éducation capable de
mieux valoriser les ressources humaines en vue d'un développement
économique, social et culturel harmonieux du pays. En ce sens,
l'éducation doit être complète et vise le
développement des capacités intellectuelles, physiques et
morales, l'amélioration de la formation en vue d'une insertion sociale
et professionnelle et le plein exercice de la citoyenneté
".
Le système éducatif est organisé à
travers quatre types d'enseignement qui sont : - L'éducation formelle
- L'éducation non-formelle ;
- L'éducation informelle ;
- L'éducation spécialisée.
1.1. Réforme du système éducatif
nigérien à travers le PDDE
Il est important de rappeler que la loi 98-12 du
1er Juin 1998 portant Orientation du système éducatif
nigérien constitue le point de départ et le cadre des nouvelles
orientations dans le secteur de l'éducation. Pour mettre en oeuvre cette
loi, la première mesure importante prise par le pays est
l'élaboration et la mise en oeuvre d'un Programme décennal de
développement de l'éducation (PDDE). Ce programme est une
composante majeure de la stratégie de développement
accélérée et de réduction de la pauvreté
(SDRP) adoptée par le Niger en 2002. Il s'inscrit aussi dans le cadre
des engagements auxquels le pays a souscrit au forum mondial de l'Education
Pour Tous (EPT) de Dakar en 2000 et vise principalement l'universalisation
d'une éducation de base de qualité à l'horizon 2015.
L'exécution de cet important programme s'étale sur dix ans
(2003-2013) et se fera en trois phases, c'est-à-dire 2003-2007 pour la
première phase, 2008-2010 pour la deuxième phase et 2011 2013
pour la troisième phase.
Les objectifs stratégiques suivants sont poursuivis par
ce programme :
- améliorer la qualité de l'éducation par
la rénovation des curricula ;
- renforcer et développer la formation professionnelle
et technique ;
- accélérer la scolarisation surtout en milieu
rural et particulièrement au profit des jeunes filles ;
- promouvoir l'éducation non-formelle notamment en
direction des jeunes et des femmes ;
5
- réformer et adapter l'offre d'éducation
à la demande afin de réduire les disparités entre
régions, entre zones urbaines et rurales et entre garçons et
filles.
Au plan quantitatif, l'objectif du PDDE, dans le contexte du
Programme accéléré (Fast Track Initiative) auquel
participe le Niger, est de porter le taux de scolarisation primaire de 41,7 %
en 2002 à 100 % en 2015, soit assurer l'éducation pour tous
à l'horizon 2015.
Pour atteindre ces objectifs, le PDDE prévoit, la
réalisation d'activités regroupées autour des composantes
accès, qualité et développement institutionnel.
1.1.1. Composante accès
Elle met l'accent sur l'accroissement et
l'équité de l'accès et de l'accessibilité à
l'éducation de base formelle et non-formelle. Il s'agit pour cela, de
promouvoir une gestion optimale des ressources, des modes de recrutement
alternatif du personnel enseignant et une extension des infrastructures
scolaires y compris à travers l'utilisation du matériel local.
1.1.2. Composante qualité
Cette composante vise l'amélioration de
l'efficacité du système éducatif et la qualité des
apprentissages, à travers :
- la refondation des curricula ;
- la réforme du système de formation (ou des
dispositifs de formation) initiale et continue des enseignants, des
instructeurs du non-formel et de leurs encadreurs et le renforcement des
activités de suivi et d'évaluation des enseignants ;
- la mise à la disposition des apprenants et des
enseignants de supports et d'outils pédagogiques ;
- et l'évaluation des apprentissages.
1.1.3. Composante développement institutionnel
Cette dernière composante, se préoccupe de la
réorganisation et du renforcement des
capacités de gestion stratégique et
opérationnelle de l'administration centrale et régionale et
vise :
- la mise en oeuvre et l'accompagnement des mutations
institutionnelles ;
- le renforcement des ressources humaines et leur gestion ;
- le renforcement des ressources financières et
matérielles et leur gestion ;
- le renforcement des capacités de planification ;
- l'accroissement des responsabilités et des
capacités des COGES.
6
1.2. Les écoles normales d'instituteurs : missions,
organisation, programmes et formation
Depuis 2002, la loi n° 2002-029 du 31 décembre
2002 transforme les ENI en Etablissements Publics à caractère
Administratif (EPA) et les dote de la personnalité juridique et de
l'autonomie de gestion.
1.2.1. Missions
Trois missions essentielles sont assignées aux ENI :
- la formation initiale du personnel enseignant du 1er
degré ;
- la formation continue et le recyclage des enseignants en
activité ;
- la recherche-action dans le domaine de l'éducation en
partenariat avec les institutions
de formation et de recherche en vue d'améliorer le
système éducatif.
Les personnes qui accèdent à l'école normale
ont le statut d'élèves-maîtres.
1.2.2. Organisation
? Tutelle et ressources financières
La tutelle technique des ENI est assurée par le
Ministère de l'Enseignement Primaire,
de l'Alphabétisation, de la Promotion des Langues
Nationales et de l'Education Civique qui
veille à ce que l'activité de
l'établissement s'insère dans le cadre de la politique nationale
du
Gouvernement en matière de formation des formateurs de
l'Enseignement de Base.
Quant à la tutelle financière, elle relève
du Ministère en charge des finances, qui est
chargé de veiller à ce que l'activité de
l'établissement s'insère dans le cadre de la politique
financière du Gouvernement et à ce que la gestion
soit rationnelle et efficace. Suivant les
dispositions de la même loi, les ressources des
écoles normales proviennent essentiellement :
- des dotations de l'Etat ;
- des subventions de l'Etat, des Collectivités, d'autres
personnes morales et des
personnes physiques ;
- des fonds d'aide extérieure ;
- des revenus éventuels des biens, fonds et valeurs ;
- des revenus des prestations diverses ;
- des bénéfices des manifestations et
activités organisées par l'établissement ;
- des dons et legs.
7
? Organes et instances de gestion
Chaque ENI est gérée par les organes et instances
suivants :
- un Conseil d'Administration (C.A.) qui en est l'instance
suprême de gestion ;
- une Direction générale, occupée par un
Directeur Général nommé par décret pris en
Conseil des Ministres ;
- une Direction des études, assurée par un
Directeur des études nommé par un arrêté
ministériel ; y est rattaché, un responsable de
stage qui gère les différents stages.
- un intendant nommé par arrêté assure la
gestion des ressources financières et du
matériel
- Enfin des Comités techniques assistent le Directeur
Général dans la gestion de
l'établissement.
1.2.3. Programmes d'études
Au Niger, le cadre d'orientation en matière de
conception, d'élaboration, de mise en
oeuvre et d'évaluation des programmes officiels est
fixé par la LOSEN et le PDDE.
Pour se conformer à la politique visant la promotion de
la formation initiale des enseignants, le Ministère de l'enseignement
primaire, à travers les Directions en charge des réformes a
entrepris la révision des programmes en vigueur dans les ENI afin de les
orienter vers des nouvelles perspectives notamment la formation d'enseignants
professionnels et compétents.
De ces programmes, nous présenterons les points suivants
:
- les finalités et objectifs globaux ;
- les principes généraux de la formation ;
- les orientations pédagogiques ;
- les démarches de formation ;
- les disciplines enseignées ;
- le descriptif du programme ;
- les types de stage ;
- l'évaluation de la formation.
? Les finalités et objectifs globaux
Comme finalités, les programmes de formation
professionnelle des enseignants du cycle de base 1 visent à : «
développer chez les élèves-maîtres les
compétences requises pour favoriser la formation intellectuelle et
morale de leurs élèves par l'acquisition de connaissances et
valeurs propres à promouvoir l'autonomie des sujets sur lesquels
s'exerce leur action ». (Programmes d'études des écoles
normales d'instituteurs, 2008).
8
Quatre objectifs globaux sont poursuivis à travers ces
programmes :
- offrir aux enseignants une formation professionnelle de
qualité ;
- adapter la formation des enseignants du cycle de base 1 aux
avancées scientifiques et techniques enregistrées dans toutes les
disciplines et domaines d'études intervenant dans leur formation ;
- adapter la formation professionnelle des enseignants aux
orientations définies par la
loi d'orientation du système éducatif
nigérien et aux options fondamentales du PDDE ; - développer chez
les nouveaux enseignants, la motivation et l'engagement volontaire
dans le processus de développement économique et
social de leur pays.
? Les orientations pédagogiques
Le paradigme retenu pour aller vers le développement de
compétences des élèves-maîtres est le
socioconstructivisme. Ce dernier privilégie non seulement la
construction de la connaissance par l'apprenant mais également souligne
l'importance du contexte, des interactions sociales et de l'influence des
partenaires dans ce processus d'apprentissage.
? Le descriptif du programme
Les nouveaux programmes des ENI visent un profil de
sortie qui décrit les compétences, activités,
tâches et habiletés que le sortant sera capable de mettre en
oeuvre à la fin de sa formation dans des situations professionnelles
données.
Pour aller dans ce sens, neuf (9) compétences ont
été retenues pour ces programmes d'études. Ces neuf (9)
compétences sont reparties en trois (3) grands domaines. On a les
compétences du domaine de l'enseignement, les compétences
relatives à l'administration et à la gestion et les
compétences relatives à la maîtrise des contenus à
enseigner au primaire.
La répartition des compétences par domaines est la
suivante :
Les quatre (4) compétences du domaine de
l'enseignement :
- planifier les activités d'enseignement,
d'apprentissage et d'évaluation dans les différentes disciplines
et pour les différents niveaux du cycle de base 1 ;
- construire des séquences d'apprentissage dans les
différentes disciplines et pour les différents niveaux du cycle
de base 1 en tenant compte des caractéristiques des élèves
et des objectifs visés ;
- mettre en oeuvre et gérer les apprentissages en classe
;
- évaluer les acquis des élèves et
proposer des stratégies de remédiation en fonction des
difficultés identifiées.
9
Les deux (2) compétences relatives à
l'administration et à la gestion :
- gérer rationnellement les ressources humaines,
financières et matérielles de l'établissement ;
- coopérer avec ses collègues, et les
différents partenaires en vue de l'atteinte des objectifs de
l'école.
Les trois (3) compétences relatives à la
maîtrise des contenus à enseigner au primaire :
- s'exprimer avec clarté et correctement dans des
situations de communication à l'oral et à l'écrit ;
- consolider ses acquis dans le domaine des
mathématiques pour répondre aux besoins de ses
élèves ;
- consolider ses acquis pour le développement des
compétences de vie courante dans les activités d'éveil.
? Les disciplines enseignées
Tout comme pour les compétences, les disciplines
enseignées dans les ENI sont classées selon les trois domaines
retenus. Il faut également souligner qu'une même discipline, en
fonction des compétences dans lesquelles elle intervient, peut se
retrouver dans deux domaines ou bien dans tous les trois domaines.
La répartition de ces disciplines est
présentée dans le tableau ci-dessous :
Tableau n° 1: Répartition des
disciplines enseignées à l'école normale par domaines
Domaines
|
Domaine de l'enseignement
|
Domaine de l'administration et de la
gestion
|
Domaine des contenus à enseigner
au primaire
|
Disciplines
|
Psychopédagogie
|
Morale professionnelle et législation
|
Français
|
Pédagogie spéciale et pratique
|
Sociologie de l'éducation
|
Mathématiques
|
Sociologie de l'éducation
|
Langues nationales
|
Arabe
|
EPS
|
Source : Ministère de l'Enseignement
Primaire, de l'Alphabétisation, de la Promotion des langues Nationales
et de l'Education Civique : Programmes d'études des Ecoles Normales
d'Instituteurs, version provisoire, Octobre 2008
10
1.2.4. Formation
La nouvelle démarche privilégiée à
travers les programmes selon les compétences, consiste à
insérer la formation professionnelle des enseignants dans la
réalité du milieu. Pour réussir ce pari, la formation des
élèves-maîtres doit d'abord commencer par la pratique et
finir aussi par la pratique d'où le modèle
pratique-théorie-pratique qui est actuellement en oeuvre
à travers l'enchaînement des différents stages et des
apprentissages de base, le tout organisé dans des unités de
formation.
Cet enchaînement se présente comme suit :
? Les stages de sensibilisation
D'une durée d'une (1) semaine, ils interviennent
dès le début de l'année avant le début des
enseignements dans les écoles primaires. Ces stages de sensibilisation
permettent aux élèves-maîtres d'observer et d'analyser les
différentes activités relatives à l'organisation de la
rentrée scolaire notamment l'organisation et le fonctionnement de
l'école et des classes.
? Les apprentissages de base
Après les stages de sensibilisation, commencent les
apprentissages de base. Ils comportent l'ensemble des ressources que les
élèves-maîtres doivent maîtriser pour l'acquisition
des compétences liées à leur métier. Ils durent
neuf (9) semaines pour le cycle « instituteur » et vingt-quatre (24)
semaines pour le cycle « instituteur adjoint ».
? Les stages d'observation
Après la durée prévue pour les
apprentissages de base, interviennent les stages d'observation. Ils permettent
aux élèves-maîtres d'observer les stratégies
utilisées par l'enseignant pour conduire des leçons dans toutes
les disciplines enseignées dans les différents sous-cycles de
l'enseignement primaire. Ces stages durent une (1) semaine et chaque
unité de formation est précédée d'un stage
d'observation. Une fois de retour, les observations effectuées par les
élèves-maîtres feront l'objet d'une analyse à
l'ENI.
? Les unités de formation
Les unités de formation (UF) correspondent aux
différents paliers ou étapes de la scolarité primaire :
La première unité de formation (UF1) correspond
au sous-cycle des apprentissages fondamentaux (CI-CP) où sont
développées les compétences de base à la lecture,
à l'écriture et aux mathématiques ;
11
La deuxième unité de formation (UF2) correspond
au sous-cycle de l'enseignement élémentaire (CE1-CE2) qui
consacre le passage à la lecture courante, à l'étude de la
langue écrite, aux problèmes mathématiques et à
l'utilisation des notions d'espace et de temps. Il consacre aussi l'initiation
des élèves aux activités pratiques, productives et
à la technologie ;
Enfin la troisième unité de formation (UF3)
correspond au sous-cycle de l'enseignement moyen (CM1-CM2) qui vise la
consolidation et le développement des compétences acquises dans
les sous-cycles précédents.
? Les stages pratiques guidés
Ils interviennent à la fin de chaque unité de
formation (UF). A travers ces stages, les élèves-maîtres
trouvent ainsi l'occasion de s'exercer à la conduite de classe sous le
contrôle et avec les conseils du maître titulaire de classe et des
encadreurs3 de l'ENI. Ce stage dure deux semaines.
Le stage pratique guidé fait l'objet d'une
évaluation. Chaque élève-maître doit avoir au moins
une note de stage dans chaque sous-cycle.
? Le renforcement des capacités
La phase renforcement des capacités intervient au terme
de chaque stage pratique. C'est la période pendant laquelle les
enseignants apportent des remédiations aux difficultés
observées durant les stages.
Le renforcement des capacités dure une semaine pendant
laquelle les autres enseignements se déroulent normalement.
? Les stages en responsabilité ou stage
rural
Durant ces stages, l'élève-maître est
responsable de la préparation et de l'exécution de l'ensemble des
activités d'enseignement-apprentissage dans tous les sous-cycles, sous
la supervision du directeur d'école et de l'enseignant titulaire de la
classe. Il s'initie aussi à l'enseignement dans les différents
types de classe : multigrades, cours uniques, double flux, etc.
Le stage en responsabilité dure six (6) semaines pour
le cycle instituteur et dix (10) semaines pour les instituteurs-adjoints et
s'effectue généralement en zone rurale. Ce stage fait l'objet
d'évaluation et la note obtenue est prise en compte lors de l'examen de
fin de formation.
3 Les encadreurs de l'ENI sont les formateurs des
formateurs.
12
? Suivi et exploitation des stages
Les différents stages sont suivis à deux niveaux
: (1) celui de l'école où le maître titulaire de la classe
et le directeur d'école joueront le rôle de tuteur et ; (2) celui
de l'école normale où les stagiaires sont suivis par les
encadreurs.
Les inspecteurs et conseillers pédagogiques des zones
d'implantation des écoles d'accueil sont impliqués dans
l'encadrement des stages, en particulier les stages en
responsabilité.
Des séances d'analyse des pratiques sont
organisées au terme de chaque journée de stage entre les
élèves-maîtres, l'enseignant titulaire de la classe et
éventuellement les encadreurs.
? L'évaluation de la formation
La formation dans les ENI concerne deux cycles à savoir
le cycle instituteur et le cycle instituteur-adjoint. Pour
chacun des deux cycles, les modalités suivantes d'évaluation ont
été définies :
Evaluation du cycle instituteur
L'évaluation de la formation des instituteurs se fait
sous forme de contrôles continus. A la fin de la formation, la
certification prendra en compte les notes obtenues au cours de la formation
(cours théoriques et stages pratiques) et les notes de l'examen de fin
de cycle. Les notes obtenues au cours de la formation compteront pour 2/3 et la
note de l'examen pour 1/3.
Evaluation du cycle instituteur-Adjoint
Pour les élèves de première année,
deux évaluations semestrielles sont prévues en janvier et en mai.
Elles consistent en une sommation de l'ensemble des notes des contrôles
continus organisés au niveau des différentes disciplines et celle
du stage pratique. La moyenne des deux évaluations semestrielles
déterminera le passage en deuxième année.
Pour la deuxième année, l'évaluation se
fait essentiellement sous forme de contrôles continus et de notes de
stages. La certification de la formation prend en compte la moyenne des notes
des contrôles continus et des stages pratiques et la moyenne des notes
obtenues à l'examen de fin de formation (y compris la note du
mémoire). Les notes obtenues au cours de l'année scolaire
comptent pour 2/3 et la note de l'examen pour 1/3.
13
1.3. Présentation des Ecoles Normales retenues par
l'étude
Au Niger, la formation initiale des enseignants du primaire est
assurée dans sept (7)
écoles normales. Dans chacune des régions du pays
est implantée une ENI à l'exception de la
région de Niamey.
Pour la présente étude, les critères
d'inclusion ayant permis la sélection de l'échantillon des
ENI concernées par l'étude sont :
- une école normale bénéficiant
présentement de l'appui technique, financier et matériel
d'un partenaire ;
- une autre ayant déjà
bénéficié de ce genre d'appui ;
- et une troisième n'ayant bénéficié
d'aucun appui de ce genre.
Sur cette base, les ENI de Tahoua, Zinder et Maradi sont donc
retenues.
Ces critères nous ont permis de prendre en compte un large
éventail de caractéristiques dans
notre échantillon.
1.3.1. l'ENI de Tahoua
L'une des plus vieilles du pays, l'ENI de Tahoua a ouvert ses
portes le 1er novembre 1948 avec le statut de cours normal des
garçons. Elle est implantée dans le chef-lieu de la région
de Tahoua à environ 500 kilomètres au nord de la Capitale. Tahoua
est une région située au centre du pays et limitée au nord
par la République du Mali, à l'est par la région de Maradi
et au sud par la République fédérale du Nigéria.
(cf. annexe 3, p.133)
A l'époque de la création de l'école
normale de Tahoua, la formation durait cinq (5) ans dont quatre (4) ans
d'enseignement général sanctionné par le Brevet
Elémentaire (B.E.) et, une année de formation professionnelle
sanctionnée par le Certificat Elémentaire d'Aptitude
Pédagogique (CEAP).
A partir de 1973, le Décret n° 73-117/PRN/MEN/JS
du 5 octobre 1973 transforme les cours normaux des garçons de Tahoua et
des filles de Tillabéry en écoles normales. La formation
professionnelle était donc assurée aux titulaires du BEPC filles
comme garçons directement orientés dans les dits
établissements.
Enfin la dernière phase d'évolution qu'a connue
cet établissement, à l'instar de toutes les autres ENI du pays,
est celle relative à la loi n° 2002-029 du 31 décembre 2002
portant création d'établissements publics à
caractère administratif dénommés « Ecoles Normales
».
14
1.3.2. L'EN! de Zinder
L'école normale Askia Mohamed de Zinder fut
créée en 1962 par décret n° 62-099/MEN du 11 avril
1962 et est implantée dans le chef-lieu de la région de Zinder
à environ 900 kilomètres à l'est de Niamey.
Située au centre-est du pays, la région de
Zinder est limitée au sud par la République
fédérale du Nigéria et à l'ouest par la
région de Maradi.
A la création de l'ENI de Zinder, les missions qui lui
étaient assignées étaient d'assurer la préparation
au baccalauréat de l'enseignement secondaire et de la formation
professionnelle des élèves instituteurs.
Les programmes appliqués dans les classes de 1re,
2e et 3e années étaient ceux en vigueur
dans les lycées d'enseignement général.
A partir de 1970, cet établissement connut une autre
phase d'évolution à travers un autre statut que lui assigne le
décret n°70-256/MEN du 28 novembre 1970 qui stipule que
l'école normale de Zinder est un établissement public
d'enseignement professionnel destiné à former :
- des instituteurs et des institutrices qualifiés pour
1'enseignement primaire et capables de participer aux activités
d'animation en vue du développement communautaire ; - des professeurs
d'enseignement général pour les classes du premier cycle
secondaire. En 1974 le décret n°74-07/MEN/JS du 4 janvier 1974
crée à l'ENI de Zinder la section spéciale destinée
à la formation professionnelle des maîtres de l'enseignement du
premier degré déjà en activité. Ce stage de
formation professionnelle est d'une durée d'un (1) an. Il est
sanctionné par le Certificat de Fin d'Etudes de la section
spéciale de l'Ecole Normale Askia Mohamed de Zinder. Les
concernés sont promus au grade d'instituteur après le
reclassement.
1.3.3. L'EN! de Maradi
L'école normale Bawa Jan Gorzo de Maradi a
été créée le 1er octobre 1980. Elle est
implantée dans le chef-lieu de la région de Maradi à
environ 700 kilomètres à l'est de la Capitale.
La région de Maradi est située dans la partie
sud au centre du Niger. Elle est limitée à l'est par la
région de Zinder et partage, au sud, une frontière commune avec
la République Fédérale du Nigeria sur environ 150
kilomètres.
La mission de l'ENI de Maradi était à
l'époque, la formation initiale en deux (2) ans des enseignants du
1er degré.
15
A partir de 1984, cette mission de formation initiale fut
interrompue et remplacée par celle du recyclage des enseignants
déjà en activité.
C'est seulement en octobre 1992 que l'école normale Bawa
Jan Gorzo revint à sa mission première de formation initiale
d'élèves-maîtres.
Tout comme les autres ENI du pays, celle de Maradi devint
Etablissement Public à caractère Administratif (EPA) à
partir de 2002 à travers la N° 2002-029 du 31 décembre
2002.
16
CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE
2.1. Enoncé du problème
Dans le cadre des réformes curriculaires
engagées dans le système éducatif, le Ministère de
l'enseignement primaire mettait en vigueur, dans les Ecoles Normales
d'Instituteurs (ENI), les programmes d'études conçus selon
l'Approche par compétences (APC). Les objectifs visés à
travers cette réforme commencée depuis 2008, sont entre autres
d'améliorer la qualité des programmes, d'adapter la formation des
enseignants du cycle de base 1 aux avancées scientifiques et techniques
enregistrées dans les disciplines et domaines d'études
intervenant dans leur formation. La formation donnée aux
élèves-maitres doit tenir compte également des directives
définies par la loi d'orientation du système éducatif
nigérien (LOSEN) et des options fondamentales du Programme
Décennal de Développement de l'Education (PDDE). Dans cette
perspective, les programmes de formation initiale des enseignants du cycle de
base1 se fondent sur les principes qui valorisent l'interdisciplinarité,
la pratique réflexive, l'auto-formation et l'évaluation
formative.
Ces nouveaux programmes visent donc à surmonter le
défi de la qualité de l'éducation que les anciens
programmes n'ont pas permis de relever.
Pour illustration, une année avant le début de
la réforme, une étude évaluative des acquis scolaires
réalisée par la Division de l'Evaluation et du Suivi des Acquis
Scolaires (DESAS)4 du Ministère de l'enseignement primaire,
avait confirmé que les élèves de l'école primaire
présentaient de faibles performances dans toutes les disciplines. La
même évaluation faisait ressortir que seulement 2 % des
élèves en français et 1,8 % des élèves en
mathématiques pouvaient atteindre le seuil désiré de
compétences de base au CM2 et que la moitié des
élèves qui parvenait au même niveau d'étude ne
maîtrisait pas la lecture courante et connaîtront ainsi
l'illettrisme au cours de leur vie d'adulte.
Pour expliquer cette situation, cette étude mettait en
exergue la non-maîtrise par les enseignants des disciplines
enseignées à l'école primaire comme l'un des
déterminants des échecs scolaires constatés.
Les taux de réussite aux examens et le taux
d'achèvement primaire sont également des indicateurs qui
attestent de la faible performance des élèves. Selon les
statistiques du Ministère de l'enseignement primaire (Annuaire
statistique de l'éducation de base, 2012, pp 23-24), le taux
d'achèvement primaire est de 55,8 % en 2012, et le taux de
réussite au Certificat de Fin d'Etudes du Premier Degré (CFEPD)
est de 56,7 %.
4 DESAS (février 2007). Suivi de
cohorte 2007-2012, évaluation des élèves de CI,
p.3
17
Les mêmes statistiques (p. 25) concluent que sur 100
élèves inscrits au CI (première année du primaire),
seulement 68 parviennent en classe de CM2 (dernière année du
primaire) y compris les redoublants. Ce qui signifie que pour produire deux (2)
diplômés, il faudrait recruter 3 élèves au cours
d'initiation (CI).
L'analyse de la situation de l'école au Niger fait
alors ressortir que l'échec scolaire est devenu un problème
majeur qui entrave la qualité de l'éducation. C'est pourquoi les
autorités ont prôné de redéfinir les programmes en
vigueur en termes de compétences. Cette réforme a concerné
d'abord les écoles normales qui sont les leviers de la formation
professionnelle des enseignants.
En effet, la réforme des programmes de formation des
élèves-maîtres selon l'APC est une innovation qui vient
s'introduire dans le système éducatif nigérien. Elle va
dans le sens que donnent HAVELOCK R. G., HUBERMAN A. M.
(1980)5 au mot, c'est-à-dire un effort
délibéré visant à améliorer de
manière sensible le système. Par système, ces auteurs
entendent : « Un ensemble d'éléments ayant les uns avec
les autres un lien essentiel et, d'ordinaire, de multiples liens
»6 .
Selon eux, le système peut subir un changement
systémique, c'est-à-dire des événements
susceptibles de modifier son parachèvement ou son équilibre. Au
nombre des divers types de changements systémiques, les mêmes
auteurs citent l'innovation.
Dans ce cadre, la réforme du programme de formation
dans les ENI en fonction de l'APC peut être considérée
comme une innovation de type changement systémique car elle vise
l'amélioration du système. Il s'agit en fait, à travers
cette nouvelle approche qu'est l'APC de former des enseignants
compétents qui pourront agir de façon qualitative sur
l'enseignement-apprentissage dans les écoles primaires.
La théorie de système stipule qu'un
système entretient à la fois des liens internes entre les
éléments constitutifs et des liens externes avec d'autres
systèmes plus larges dont il est en interaction.
Ainsi donc, des connexions existent entre l'innovation en
cours dans les ENI et le système éducatif dans son ensemble
à travers le Ministère de l'enseignement primaire qui fournit les
ressources et qui assure la supervision, le suivi et l'évaluation de
cette réforme. Des liens existent également entre cette
réforme des programmes au niveau des ENI et l'environnement
5 HAVELOCK R. G., HUBERMAN A. M. (1980).
Innovation et problèmes de l'éducation, théorie et
réalité dans les pays en développement, BIE,
études et enquêtes d'éducation comparée, p.49
6Ibid., p.38
18
pédagogique au sein des écoles primaires qui
continuent à appliquer les programmes de 1988 et où c'est la PPO
qui est privilégiée par les enseignants. Il est donc
évident que si ces liens sont faibles ou insuffisants, l'innovation dans
les ENI a alors peu de chance d'apporter le changement espéré au
niveau du système d'éducation dans son ensemble.
L'observation de la pratique de l'APC dans les écoles
normales révèle des insuffisances majeures dans la mise en oeuvre
de cette réforme.
D'abord au plan institutionnel, des problèmes de
légitimité des institutions responsabilisées pour le
pilotage de la réforme se sont très tôt manifestés.
Cela a donné lieu à des directives contradictoires et des
incohérences dans le suivi de la réforme sur le terrain.
Ensuite, la communication a également constitué
une faiblesse car la décision initiale d'application de l'APC dans les
ENI n'était pas suivie de communication ni de larges consultations. Ce
qui fait qu'elle reste peu et mal connue de la communauté mais aussi des
acteurs directement impliqués dans le processus.
Par ailleurs, sur le plan des pratiques de classe, les
encadreurs des ENI éprouvent des difficultés à changer les
anciens modes d'évaluation au profit de l'évaluation des
compétences des élèves. S'agissant des compétences
des élèves-maîtres, aucune évaluation n'a jusqu'ici
prouvé que l'application de l'APC dans les écoles normales a
permis le relèvement de ces compétences. Ce qui est certain,
c'est que la plupart des sortants des ENI, après leur formation,
abandonnent la nouvelle approche au profit de la PPO dans leurs pratiques de
classe.
Le temps des stages empiète également sur le
temps réservé aux apprentissages de base et à
l'élaboration des mémoires de fin d'études. La
conséquence, alors, est que, dans les écoles normales, les
programmes ne sont jamais exécutés entièrement dans le
délai imparti.
Toutes ces faiblesses prouvent que la réforme des
programmes selon l'APC n'avance pas et peine à remplacer les anciennes
pratiques et à se généraliser à tous les niveaux du
système éducatif nigérien.
Sachant qu'une réforme pédagogique mal
appliquée ou insuffisamment appliquée a des répercussions
néfastes sur les apprentissages scolaires, on est alors en droit de se
demander, quelles sont les raisons qui expliquent les faiblesses de la mise en
oeuvre de l'APC dans les ENI ?
Mieux, en quoi consistent les contraintes de la mise en oeuvre
correcte de l'APC dans les écoles normales ?
19
Cette étude a été alors entreprise pour
identifier les contraintes qui s'imposent aux différentes parties en
interrelation dans le processus de mise en oeuvre des programmes de formation
des ENI.
L'étude permettra également de mettre en
lumière l'aspect systémique de la mise en oeuvre des programmes
de formation selon l'APC dans ces institutions de formation.
Toutes les considérations ci-dessus
évoquées, nous amènent à privilégier les
questions
de recherche ci-après.
2.2. Questions de recherche
La question centrale de notre étude est la suivante :
Quelles sont les contraintes réelles du processus de
mise en oeuvre de l'Approche Par Compétences (APC) dans les
écoles normales d'instituteurs du Niger ?
Pour mieux répondre à cette question, il s'agit
plus précisément de trouver des éléments de
réponses aux questions spécifiques suivantes :
i. Quelles sont les ressources disponibles pour la mise en
oeuvre des programmes selon l'APC dans les ENI ?
ii. Qu'est-ce qui caractérise l'environnement
pédagogique dans lequel s'effectue cette mise en oeuvre ?
iii. Comment cette mise en oeuvre est-elle gérée
par les autorités administratives scolaires et pédagogiques
?
Afin de préciser davantage ce que nous poursuivons
à travers ce sujet, nous formulons les objectifs suivants.
2.3. Objectifs de l'étude
L'objectif général poursuivi est d'apporter plus
d'éclairage sur le processus de mise en oeuvre des programmes selon
l'APC dans les écoles normales en vue de déterminer des pistes
d'amélioration. De cet objectif général, il en
découle quatre (4) objectifs spécifiques :
? Identifier et analyser les contraintes liées au
processus de mise en oeuvre des programmes selon l'APC dans les Ecoles Normales
d'Instituteurs ;
? Recueillir et analyser les opinions des acteurs sur les
ressources disponibles pour la bonne mise en oeuvre de la réforme ;
? Décrire l'environnement pédagogique dans
lequel s'effectue la mise en oeuvre des programmes de formation des ENI ;
20
? Déterminer l'apport du niveau hiérarchique dans
le cadre de la mise en oeuvre des programmes selon l'APC dans les écoles
normales.
2.4. Hypothèses
Pour répondre aux questions de recherche
soulevées par notre problématique, nous formulons une
hypothèse générale qui se subdivise en trois (3)
composantes.
Les contraintes de la mise en oeuvre de l'approche par
compétences (APC) dans les écoles normales d'instituteurs (ENI)
tiennent à la conjugaison de trois (3) facteurs principaux:
? l'insuffisance des ressources financières,
matérielles et humaines ;
? l'environnement pédagogique défavorable dans les
écoles primaires ;
? l'insuffisance dans le suivi et l'évaluation de la mise
en oeuvre de l'APC.
Hypothèse 1 : les contraintes de la mise
en oeuvre des programmes selon l'APC tiennent à une insuffisance de
ressources financières, matérielles et humaines dans les
écoles normales.
Hypothèse 2 : les difficultés de
l'application de l'APC sur le terrain de stage par les
élèves-maîtres sont dues à un environnement
pédagogique défavorable qui prévaut dans les écoles
primaires.
Hypothèse 3 : les contraintes de la
mise en oeuvre de l'APC dans les ENI s'expliquent par une insuffisance dans le
suivi et l'évaluation de la réforme.
21
CHAPITRE III : REVUE ET ANALYSE CRITIQUE DES THEORIES ET
DE LA LITTERATURE
Dans ce chapitre, nous traiterons successivement de la
définition des concepts clés, des théories explicatives du
phénomène et de la revue critique de la littérature.
3.1. Définition des concepts
clés
3.1.1. Contraintes
Dans le cadre de cette recherche, nous entendons par
contraintes, l'ensemble des difficultés, des obstacles, des
problèmes rencontrés et vécus par les acteurs dans le
cadre de l'application des programmes de formation des futurs enseignants. En
d'autres termes, c'est tout ce qui entrave l'introduction des programmes selon
l'APC dans la formation donnée dans les écoles normales.
3.1.2. Mise en oeuvre
La mise en oeuvre d'un programme de formation fait
référence à l'implantation de ce programme. Une fois le
programme développé sur le plan théorique, il s'agit de le
mettre en application. L'étape d'implantation du programme a pour but de
« vérifier si les divers éléments
définissant le programme (buts, objectifs spécifiques, contenu,
moyens didactiques, activités d'apprentissage et procédés
d'évaluation) sont mis en application selon le devis du programme
». (NADEAU M. A. , op. cit. , p.221)
Dans le même sens, pour LEBRUN N. et BERTHELOT
S. (1994)7, implanter un programme, « c'est non
seulement l'introduire dans un milieu de formation, mais s'assurer qu'il pourra
s'établir et se développer de façon durable
».
En parlant de la mise en oeuvre des programmes de formation
selon l'APC, nous visons leur implantation, leur introduction et les conditions
de leur développement dans le milieu de formation des
élèves-maîtres.
3.1.3. APC
L'Approche Par Compétence (APC) est une approche
pédagogique qui tire ses fondements théoriques du constructivisme
et du socio-constructivisme et place la compétence au coeur de ses
démarches. Son application a commencé dans l'enseignement
technique et professionnel puis dans l'enseignement général suite
aux multiples pressions du monde du travail.
7 LEBRUN N., BERTHELOT S. (1994). Plan
pédagogique, une démarche systématique de planification de
l'enseignement, De Boeck Université, p. 259
22
Actuellement, dans le monde de l'éducation, la notion
même d'« approche par compétences » est loin
d'être entièrement stabilisée. Elle est comprise de
plusieurs manières différentes, et est traduite à travers
un certain nombre de variantes dans les curriculums.
Parmi ces variantes, on peut citer l'approche par
compétences de base appelée aussi pédagogie de
l'intégration qui relève de la tendance belge,
développée surtout par ROEGIERS X. et DE
KETELE J.M.
Il y a également une autre tendance qui
privilégie l'approche par les compétences transversales et les
compétences disciplinaires.
Une troisième variante privilégie
carrément l'entrée par les situations d'où son appellation
d'approche située ou Approche Par les Situations (APS). Cette tendance
est développée par JOENNART Ph. et certains
chercheurs canadiens.
Les programmes actuellement en expérimentation dans les
écoles normales s'inspirent plus de l'approche par compétence de
base (pédagogie de l'intégration) que des deux autres
tendances.
3.1.4. Compétence
D'un point de vue historique, le concept de compétence,
cet attracteur étrange dont parlait LE BOTERF (1994), à
émergé au 19e siècle durant la période de la
révolution industrielle et s'employait dans le domaine économique
notamment dans le monde du travail industriel. Progressivement, elle a
gagné le monde de l'éducation et a impulsé les nombreuses
réformes basées sur l'Approche Par Compétences (APC).
Trouver une définition claire et complète de la
compétence relève d'un exercice difficile tant le mot se
prête à de multiples usages et fait l'objet d'une
variété d'approches se situant dans une diversité de
champs disciplinaires (Sociologie, psychologie, économie ; linguistique,
philosophie, etc.).
Cependant, nous tenterons d'en dégager le sens le plus
courant en fonction des auteurs auxquels nous nous référerons et
nous finirons par donner la définition retenue dans le cadre de la mise
en oeuvre des programmes selon l'APC dans les ENI.
Pour JONNAERT Ph., ETTAYEBI M., DEFISE R.
(2009)8, plusieurs éléments constitutifs se
dégagent de façon constante de l'analyse de la littérature
relative à cette notion :
8 JONNAERT P., ETTAYEBI M., DEFISE R. (2009).
Curriculum et compétences, un cadre opérationnel, de
Boeck, Bruxelles, 2009, p.62
23
- une compétence est toujours associée à
une situation, à une famille de situations ainsi qu'aux champs
d'expériences d'une personne, ou d'un collectif de personnes ;
- le développement d'une compétence repose sur
la mobilisation et la coordination par une personne ou un collectif de
personnes, d'une diversité de ressources ;
- une compétence n'est construite que dans le cas d'un
traitement achevé et socialement acceptable de la situation ;
- une compétence résulte du processus dynamique
et constructif du traitement de la situation ; la compétence n'est pas
ce processus, le processus est le traitement de la situation par une personne
ou par un collectif de personnes ;
- une compétence n'est pas prédictible et ne
peut donc être définie à priori ; elle est fonction d'une
personne ou d'un collectif de personnes, de leurs propres connaissances, de
leur compréhension de la situation, de ce qu'elles imaginent qu'elles
peuvent faire dans cette situation.
De ces définitions, il ressort que le
développement de toute compétence s'effectue dans une situation
ou une famille de situations à travers la mobilisation d'une
diversité de ressources.
Pour sa part, PERRENOUD Ph. (2000)9, en abordant la
notion de compétence, évoque un certain nombre de
caractéristiques à travers lesquelles on peut appréhender
cette notion complexe, il s'agit notamment de :
? La mobilisation d'un ensemble de
ressources
PERRENOUD Ph. démontre d'abord que la compétence
fait appel à la mobilisation d'un ensemble de ressources qui sont :
- les connaissances déclaratives qui décrivent
la réalité sous forme de faits, lois, constantes ou
régularités ;
- les connaissances procédurales qui décrivent
la procédure à suivre pour obtenir tel ou tel résultat ;
les connaissances méthodologiques en sont une sous-espèce ;
- les connaissances conditionnelles quant à elles,
précisent les conditions de validité des connaissances
procédurales ;
- les schèmes qui, selon la conception
piagétienne, sont considérés « comme une
structure invariante d'une opération ou d'une action, ne condamne pas
à une répétition à l'identique mais permet au
contraire, au prix d'accommodations
9 PERRENOUD Ph. (2000).
Construire des compétences dès l'école, ESF
éditeur 1997, 3e édition, p.25
24
mineures, de faire face à une variété de
situation de même structure » (Cité par PERRENOUD Ph.,
2000);
- des savoirs d'expériences ;
- des capacités ;
- des savoirs faire.
PERRENOUD Ph. ajoute : « une compétence
présuppose l'existence de ressources mobilisables, mais ne se confond
pas avec elles, puisqu'au contraire elle y ajoute en prenant en charge leur
mise en synergie en vue d'une action efficace en situation complexe ».
Cette conception va également dans le même sens que celle
proposée par LE BOTERF (1995) cité par LEGENDRE (2005 :15) :
« une compétence ne réside pas dans les ressources
(connaissances, capacités...) à mobiliser, mais dans la
mobilisation même de ces ressources. (...) Elle n'est pas de l'ordre de
la simple application, mais de celui de la construction10
».
? Les liens à une famille de
situations
L'individu fait souvent face à des
situations nouvelles qu'il tente de maîtriser en puisant dans ses acquis
et ses expériences. Cela suppose que la compétence ne
répond pas à une situation unique mais que cette mobilisation
permet de faire face à des familles de situations bien
déterminées. Ainsi, chaque type de familles de situations appelle
à des compétences spécifiques. Par ailleurs, les
compétences d'une personne sont fonction des situations qu'elle
rencontre le plus souvent.
? Le caractère finalisé
Cette caractéristique évoque la fonction sociale
(utilité sociale) de la compétence étant donné que
les diverses ressources qui sont mobilisées doivent répondre
à un but bien précis et servir l'élève dans la
pratique scolaire ou dans la vie de tous les jours, c'est-à-dire en
contexte. Le caractère finalisé concerne donc, la question du
réinvestissement des connaissances et le sens que les apprentissages ont
pour les élèves.
10 In Agence Française de Développement,
République du Mali (2010). Étude sur le curriculum
de l'enseignement fondamental. Rapport 3. Développement du
scénario privilégié, p.15.
http://www.education.gov.ml/IMG/pdf/Etude_sur_le_Curriculum_de_l_enseignement_fondamental
.pdf Consulté le 30/12/2012
25
En plus des trois caractéristiques de la
compétence dont parle PERRENOUD Ph., ROGIERS X. (1999)11
? Le caractère souvent disciplinaire
Pour ROGIERS X. (1999), les compétences ne sont pas
toujours transversales, elles ont aussi souvent un caractère
disciplinaire. Cette caractéristique découle du fait que la
compétence est souvent définie à travers une
catégorie de situations, correspondant à des problèmes
spécifiques liés à la discipline et, dès lors
directement issues des exigences de la discipline.
? L'évaluabilité
Même si certains écrits soulignent le
caractère complexe de l'évaluation de la compétence,
ROGIERS précise que la qualité de l'exécution de la
tâche et, la qualité du résultat rendent une
compétence évaluable.
Pour sa part, TARDIF J. (2006) conçoit
qu' « une compétence est un savoir-agir complexe qui prend
appui sur la mobilisation et la combinaison efficaces d'une
variété de ressources internes et externes à
l'intérieur d'une famille de situations 12».
L'idée de « savoir-agir » donne un
caractère très englobant à la compétence et elle
évite que cette dernière soit réduite à un ensemble
de savoir-faire. L'idée de « mobilisation et de combinaison
efficaces » rend chaque compétence indissociable des contextes
dans lesquels elle est mise en oeuvre et elle accorde une très grande
importance à l'efficacité de la mobilisation et de la combinaison
des ressources compte tenu du contexte en question.
Ainsi, pour TARDIF :
- une compétence se développe tout au long de la
vie ;
- l'orchestration des ressources (qui incluent non seulement
les connaissances mais aussi les attitudes, les valeurs, les approches), compte
tenu du contexte, se situe au coeur de la dynamique de la mise en oeuvre de
chaque compétence ;
- la détermination des compétences dans un
programme correspond toujours à une démarche complexe
malgré une définition précise du concept de
compétence ;
11 ROGIERS X.
(1999). Savoirs, capacités et compétences à
l'école : une quête de sens. Forum-pédagogies,
pp.24-31.
http://www.bief.be/index.php?s=3&rs=17&uid=107.
Consulté le 04/9/2012
12 TARDIF J. (2006).
L'évaluation des compétences : de la nécessité
de documenter un parcours de formation.
pages.usherbrooke.ca/ssf/mois/2006/.../jacques_tardif_competences
. Dernière consultation le 24/08/2013
26
- toute compétence est évolutive et cette
évolution est déterminable par les ressources mobilisées
et par la variété des contextes de mobilisation.
Ainsi, dans le cadre de notre étude, la
définition de la compétence à laquelle nous nous
référons le plus est celle donnée dans les programmes
d'études des ENI, qui stipule qu'une compétence est : «
un pouvoir d'agir, de réussir et de progresser qui permet de
réaliser adéquatement des tâches ou des activités de
travail et qui se fonde sur un ensemble organisé de savoirs
(connaissances, habiletés de divers domaines, perceptions, attitudes
etc.) ». (Programmes d'études des écoles normales,
version provisoire, 2008, p. 6).
Toutes les définitions précitées, nous
amènent à distinguer plusieurs types de compétences,
notamment :
? Compétences transversales ou
génériques
Une compétence est dite transversale lorsqu'elle permet
d'agir efficacement dans une large variété de situations ayant
des composantes disciplinaires et thématiques diverses.
Les compétences transversales sont définies par
la capacité de transposer dans différents domaines
d'activités un savoir acquis dans un contexte particulier.
A travers les compétences transversales se trouvent
privilégiées l'acquisition d'habiletés cognitives de haut
niveau, la formation de l'intelligence et l'acquisition des connaissances
structurantes permettant d'organiser l'information et d'intégrer de
nouveaux savoirs. Elles relèvent à ce titre de la
responsabilité collective de l'ensemble des enseignants et non pas
uniquement des connaissances propres à une discipline.
Selon PERRENOUD Ph. (2000) : « Les compétences
transversales constituent non seulement les démarches fondamentales de
la pensée, transférables d'une matière à l'autre,
mais englobent également toutes les interactions sociales, cognitives,
affectives, culturelles et psychomotrices entre l'apprenant et la
réalité qui l'entoure13 ».
La compétence transversale peut être donc,
d'ordre intellectuel, communicationnel, méthodologique, personnel ou
social.
? Compétences disciplinaires
Les compétences disciplinaires visent dans chaque
domaine de formation à assurer l'appropriation du contenu d'une ou de
plusieurs disciplines.
13 PERRENOUD P. (2000). op.,
cit. p.63
27
Parmi les compétences disciplinaires, PERRENOUD
Ph. (2000)14 distingue des compétences globales,
dites d'intégration, « qui rassemblent et organisent un
ensemble de savoirs, savoir-faire et savoir être dans leurs dimensions
transversales et disciplinaires » et des compétences
spécifiques, « à développer dans des situations
d'apprentissage pour atteindre, au fil du temps, une plus grande maîtrise
des compétences d'intégration ».
? Compétences de vie
Les compétences de vie reflètent les aspects de
la vie contemporaine et expriment les attentes sociales et les priorités
éducatives. Elles traduisent les défis auxquels les
élèves auront à faire face. Elles sont la manifestation
des attitudes et des comportements essentiels pour s'adapter à la vie et
servent de liens entre apprentissages scolaires et vie quotidienne. Les
compétences de vie concernent essentiellement les domaines de la
communication, de la santé-nutrition, des activités
socio-économiques, du leadership, de la culture de la paix, des droits
humains, de la démocratie, de la protection de l'environnement, du genre
et de la protection de l'enfant.
? Compétence professionnelle
La notion de compétence professionnelle est
présentement au centre des débats qui alimentent la question de
la formation professionnelle des enseignants.
BECKERS J. (2007)15 aborde la question du point de
vue de l'action et de l'expérience acquise dans l'agir. Elle
conçoit que les savoirs professionnels sont des savoirs
incorporés dans la pratique et qui s'élaborent grâce
à celle-ci ; ce qui implique que la compétence professionnelle ne
peut s'enseigner, elle s'acquiert par un accompagnement (SCHON parle de
supervision réflexive) avec un enseignant expérimenté qui
aide à réfléchir sur les actions problématiques ou
réussies.
De ce point de vue, les compétences professionnelles
d'un enseignant ne reposent plus uniquement sur la formation professionnelle
initiale qui lui confère un titre et une certaine
légitimité institutionnelle. C'est dans la pratique quotidienne
à l'école et dans les classes que s'acquièrent les vraies
compétences.
Il ressort que l'enseignant professionnel est un enseignant
efficace dans l'action, qui peut analyser ses pratiques et qui possède
les capacités de s'auto-former tout au long de sa carrière.
14 PERRENOUD P. (2000). op. , cit.
p.19
15 BECKERS J. (2007).
Compétences et identités professionnelles, L'enseignement et
autres métiers de l'interaction humaine, Bruxelles, Editions De
Boeck Université, p.19
28
Selon BOURBAO M. (2004) cité par
LY T. (2010)16 , la compétence
professionnelle de l'enseignant renvoie au fait de « (...)
maîtriser l'ensemble des paramètres qui permettent à un
acteur de faire évoluer la situation dans laquelle il se trouve dans un
sens qui lui semble favorable ».
Pour sa part, HENSLER, (2004, p.196), cité par BECKERS
J. (2007)17, conçoit que pour développer les savoirs
professionnels et acquérir de vraies compétences, il importe de
mettre les étudiants le plus possible en contact avec des groupes de
réflexion, d'innovation ou de recherche auxquels participent des
enseignants.
Pour aller dans le sens du développement des
compétences professionnelles des futurs enseignants, il importe de les
préparer à la complexité du métier en tenant compte
non seulement des aspects pédagogiques et didactiques mais aussi en
considérant les contextes et les changements qu'ils peuvent subir. Donc,
il s'agit avant tout, de valoriser la pratique réflexive.
Les programmes de formation à l'enseignement devraient
être conçus davantage selon une logique professionnelle,
c'est-à-dire dans la perspective de développer chez les futurs
enseignants les compétences nécessaires à l'exercice
même de leur travail. La logique disciplinaire ne devrait donc plus
être dominante dans le développement des programmes de formation
à l'enseignement ayant une visée de professionnalisation. Les
programmes d'études des écoles normales au Niger, sont
désormais inscrits dans cette logique.
La notion de compétence ne peut pas être
discutée sans évoquer celle des ressources, c'est pourquoi il est
aussi nécessaire d'éclairer ce concept.
3.1.5. Ressources
Les ressources sont les moyens efficaces et favorables dont
dispose un sujet ou un groupe (ou auxquels il peut recourir) pour
répondre à des besoins, se sortir d'affaire, ouvrir des nouvelles
possibilités, etc.
Dans l'APC, une place de choix est réservée aux
ressources éducatives. Il s'agit de tout ce dont peut disposer
l'enseignant pour l'aider à organiser et mener à bien les
activités d'apprentissage. Ces ressources lui permettent de créer
la motivation chez l'apprenant, de rendre l'apprentissage plus
intéressant et plus signifiant, de faciliter la pratique correcte des
démarches pédagogiques recommandées dans l'approche par
compétences.
16 LY T. (2010). Quelles
compétences professionnelles pour les enseignants dits «
émergents » au Sénégal ? Mémoire de
Master recherche 2, Université AIX-MARSEILLE I, p.27
17 BECKERS J. (2007). op. cit,
p.23
29
Dans le cadre de cette étude, en parlant de ressources,
nous visons d'abord les ressources matérielles qui comportent les
locaux, le matériel didactique, la somme d'argent investie dans le
processus ; il y a aussi les ressources conceptuelles qui comportent les
différentes sources du savoir, les bibliothèques, les banques
d'informations, les médiathèques ; à cela s'ajoutent les
ressources humaines à savoir le personnel enseignant, les experts dans
le domaine, les consultants et, les ressources de temps qui permettent la mise
en oeuvre même de l'innovation.
3.1.6. Programmes
Les définitions sur le concept de programme sont
abondantes dans la littérature qui traite du sujet. Elles varient
considérablement selon les individus et l'usage que l'on en fait.
Pour NADEAU M. A. (1988), « Pour des
fins administratives, un programme peut être considéré
comme un agencement d'objectifs qu'un étudiant doit atteindre pour
obtenir une certification18 ».
Cependant, aborder le programme uniquement sous cet angle
donne très peu d'indications sur les éléments qui le
composent, sur leur agencement et sur les étapes à suivre pour le
développer.
Pour tenir compte des liens qui existent entre les
éléments d'un programme, certaines définitions mettent
l'accent sur son aspect systémique. De ce fait CHEN (2005), cité
par LOPEZ L. M. , GRAHAY M. (2009), considère le
programme comme : « Un ensemble constitué de trois
éléments en interaction dans un environnement bien
déterminé. Il s'agit des intrants, du processus et des
résultats19 ».
Les intrants incluent les clients, leurs besoins, les
objectifs poursuivis et les ressources. Le processus assure la transformation
du programme. Les résultats rendent compte du degré de
transformation atteint. L'environnement dans lequel évolue le programme
se réfère aux normes sociales ; aux structures politiques et
économiques, à la législation, aux groupes de pression et
aux intérêts sociaux.
Le programme dont il s'agit dans le cadre de cette recherche,
est l'ensemble comprenant les buts, les objectifs spécifiques, les
ressources, le contenu présenté de façon
séquentielle, les moyens didactiques, les activités
d'apprentissage et les procédés
18 NADEAU M. A. L'évaluation de
programme, théorie et pratique, les presses de l'université
de LAVAL, Québec, p.210,
19LOPEZ L. M., GRAHAY M. (2009) .
Evaluation en tension : entre la régulation des apprentissages et le
pilotage des systèmes, Bruxelles, De Boeck Université,
1re édition, p.115
30
d'évaluation. Tous ces éléments
reliés entre eux, de façon solidaire, doivent également
concourir au développement de compétences au niveau des
apprenants.
Il ressort que la mise en oeuvre d'un programme doit
nécessairement tenir compte d'un ensemble de décisions dont
certaines relèvent du niveau politique et d'autres de
l'ingénierie pédagogique.
Pour celles qui relèvent du niveau politique, il y a
les décisions concernant les orientations majeures du programme,
c'est-à-dire celles qui concernent le choix des buts et des objectifs.
Quant aux décisions relevant de l'ingénierie pédagogique,
on trouve celles concernant la sélection et l'organisation du contenu,
les activités d'apprentissage, les moyens pédagogiques, les
méthodes d'enseignement, les moyens d'évaluation, le
matériel et le personnel appelé à oeuvrer dans le
programme, à savoir les professeurs, le personnel non-enseignant, les
étudiants et les administrateurs.
Les grandes orientations et les objectifs poursuivis sont
enfin les fondements sur lesquels repose tout programme. Ces deux
éléments sont ci-dessous présentés :
? Les orientations du programme
Les orientations du programme sont relatives à la
finalité du programme. Ce type d'énoncé doit servir de
cadre de référence à la justification du programme en
question et de base à l'explicitation de ses buts.
La finalité d'un programme découle des besoins
de formation identifiés à travers une analyse approfondie.
? Les objectifs du programme
Les objectifs généraux ou de formation d'un
programme d'études traduisent les buts déjà
formulés en habiletés intellectuelles, en attitudes ou en
habiletés motrices. Ils doivent indiquer ce que les étudiants
devraient être capables de démontrer à la fin du
programme.
Les objectifs spécifiques quant à eux, doivent
transposer les objectifs généraux ou de formation en
comportements observables et mesurables. Ces objectifs décrivent ce que
l'étudiant doit être capable de faire à la fin du
programme, en termes de comportement observable, donc de changements attendus
chez l'étudiant à la suite d'activités d'apprentissage.
De ce fait, on distingue les programmes centrés sur les
contenus, les programmes centrés sur les objectifs et ceux
centrés sur les compétences.
31
? Programmes centrés sur les contenus
Les Programmes centrés sur les contenus tirent leurs
fondements des modèles d'enseignement transmissifs inspirés de la
pédagogie traditionnelle et privilégiant la méthode
magistrale comme mode de transmission des connaissances. A ce niveau,
l'entrée se fait essentiellement par les contenus car ce qui est
visé, c'est la maîtrise d'une somme de savoirs par
l'élève qu'il peut restituer fidèlement. C'est pourquoi
l'accent est surtout mis sur l'écoute et la mémorisation.
Contrairement aux autres modèles, les savoirs sont abstraits et
décontextualisés et le contenu ne présente pas tellement
de sens pour les élèves. Dans la salle de classe, ces derniers
participent peu, réagissent peu. En somme, ils sont passifs et soumis.
L'objectif de l'enseignant, est de finir le programme dans le délai
imparti, sans un réel souci de participation des apprenants dans la
construction du savoir.
? Programmes centrés sur les
objectifs
Ces programmes ont connu leur succès du
béhaviorisme. L'enseignement est exclusivement centré sur les
connaissances, les comportements et les attitudes à maîtriser.
Leurs caractéristiques essentielles résident dans le fait que ce
sont des programmes qui valorisent les connaissances isolées,
parcellisées. L'accent est mis sur la mémorisation et
l'accumulation de connaissances par les élèves.
Dans le domaine de l'évaluation TARDIF J.
(2006)20, précise que les programmes par objectifs incitent
les formatrices et les formateurs à concevoir l'évaluation comme
une série d'additions, de photos que l'on juxtapose les unes aux autres.
On est donc ici dans la logique de l'évaluation de type photographique
contrairement à l'évaluation de type vidéographique qui
est globale et dynamique.
? Programmes centrés sur les
compétences
Les programmes formulés par compétences tirent
leurs fondements théoriques du constructivisme et du
socio-constructivisme et se basent sur une démarche pédagogique
appelée Approche Par Compétences (APC), d'où l'appellation
de programmes selon l'APC. Actuellement, ils sont en application dans les
systèmes éducatifs de plusieurs pays dans l'espoir d'apporter des
réponses aux défis que les programmes basés sur les
objectifs n'ont
20 TARDIF J. (2006). L'évaluation des
compétences : de la nécessité de documenter un parcours de
formation.
pages.usherbrooke.ca/ssf/mois/2006/.../jacques_tardif_competences
.(Dernière consultation le 24/08/2013)
pas pu surmonter : sens des apprentissages, transfert des
connaissances dans des situations de vie réelle et échec
scolaire, tels sont les défis qu'ils veulent surmonter.
Les programmes par compétences invitent à la
construction croissante et autonome du savoir à travers des tâches
globales de complexité croissante ; au dynamisme de l'apprenant, ce qui
entraîne une diminution des exposés théoriques ; à
la mise en relation avec les connaissances déjà acquises ;
à l'adoption d'une méthodologie visant la responsabilisation et
la métacognition et enfin à l'autoévaluation et
l'évaluation formative fréquentes à partir de
stratégies dynamiques.
Comme le note TARDIF J. (1996) cité
par PERRENOUD Ph. (2000), « dans tout programme
axé sur le développement de compétences, ces
dernières ont un pouvoir de gérance sur les connaissances
disciplinaires. La compétence reste et demeure alors le maître
d'oeuvre dans la planification et l'organisation de la formation axée
sur le développement des compétences
21».
PERRENOUD Ph. (Op. cit., p.45) souligne qu'une telle
approche conduit en effet à considérer les savoirs comme des
outils à mobiliser au gré des besoins, à travailler
régulièrement par situations-problèmes, à
négocier et conduire des projets avec les élèves, à
adopter une planification souple et indicative, à improviser, à
mettre en place et expliciter un nouveau contrat didactique, à pratiquer
une évaluation formative, à aller vers un moindre cloisonnement
disciplinaire. On comprend alors l'importance de l'interdisciplinarité
dans le cadre de la mise en oeuvre de ces programmes.
32
21 PERRENOUD Ph. (2000). Construire des
compétences dès l'école, ESF éditeur 1997,
3e édition, p.45
33
DRAELANTS H. (2009) présente les
principales caractéristiques du paradigme de l'apprentissage et du
paradigme traditionnel de la transmission des connaissances.
Tableau n°2 : Principales
caractéristiques des paradigmes d'apprentissage et d'enseignement
Eléments
|
Paradigme d'apprentissage (Paradigme de
transaction)
|
Paradigme d'enseignement (Paradigme
transmission)
|
Conception de l'enseignement
|
- développement de
compétences
- réponse à des questions complexes
- création et relation
|
- Acquisition des
connaissances
- Développement d'automatisme
- Mémorisation
|
Conception de l'apprentissage
|
- construction de
connaissances
- intégration des
connaissances dans des schémas cognitifs
- recherche de réponses à un questionnement
personnel
|
- accumulation
d'informations
- accumulation de connaissances
- réponses aux questions de l'enseignant
|
Activités de classe
|
- à partir de l'élève
- à partir de projets, de
recherche ou de situations problématiques
- relations interactives
|
- à partir de l'enseignant
- fréquence élevée
d'activités d'exercisation
- relation didactique
|
Preuve de réussite
|
- transférabilité des
apprentissages
|
- la quantité d'informations
retenues ou de
connaissances acquises
|
Modes
d'évaluation
|
- en référence aux
compétences développées
- évaluation authentique (tâches
intégratrices, portfolio)
|
- en référence aux
connaissances
- tests exigeants des réponses brèves
|
Orientation des rôles de
l'enseignant
|
- médiateur, guide,
animateur
- expert, parfois apprenant
|
- toujours un transmetteur
d'information
- toujours un expert
|
Orientation des rôles de
l'élève
|
- un constructeur actif
- un collaborateur
- parfois un expert
|
- Un récepteur plus ou
moins passif
- Un apprenant en situation d'interpellation
|
Attitudes et relation attendues de la part des
élèves
|
- collaboration
- relation d'interdépendance
|
- individualisme
- relation de compétition
|
Source : DRAELANTS H. (2009).
Réforme pédagogique et légitimation. Le cas d'une
politique de lutte contre le redoublement, Bruxelles, Editions De Boeck
Université, p.123
34
Citant MAROY C. (2004), DRAELANTS H
(2009)22 conçoit que « La norme
pédagogique à travers le paradigme de l'apprentissage se
caractérise principalement par une théorie de l'apprentissage
socio-constructiviste, par une pédagogie active, organisée en
cycle et différenciée, ainsi que par un mode d'élaboration
des programmes selon l'APC». A ce niveau, la professionnalité
enseignante est celle qui insiste sur l'apprentissage, le travail collectif, la
réflexivité. C'est à ce paradigme que se
réfère donc, la formation donnée dans les écoles
normales à travers les nouveaux programmes.
Par contre, le paradigme d'enseignement, c'est-à-dire
celui de la transmission se caractérise par une pédagogie
frontale, indifférenciée, centrée sur les savoirs et les
connaissances et organisée en années.
3.1.7. Innovation
A l'instar de plusieurs concepts dans le monde de
l'éducation et de la formation, celui d'innovation donne lieu aussi
à une multitude de définitions.
L'innovation est d'abord vue sous l'angle d'un changement mais
un changement à la fois volontaire et planifié, capable
d'apporter une plus grande efficacité dans l'atteinte des objectifs.
Selon LEBRUN N., BERTHELOT S. (1994)23 Citant Gagnon, (1977),
« l'innovation implique donc la recherche d'un but adapté au
contexte ».
Ainsi, on ne peut qualifier d'innovation le simple fait
d'utiliser un appareil plutôt qu'un autre. Sans la volonté et le
souci d'apporter des améliorations pédagogiques efficaces, cela
constitue simplement un changement. Elle se présente de ce fait, sous la
forme d'une transformation apportée intentionnellement et
systématiquement à un système éducatif, en vue de
réviser les objectifs de ce système ou de mieux atteindre et de
façon plus durable les objectifs qui lui sont déjà
assignés.
Dans le dictionnaire encyclopédique de
l'éducation et de la formation24, c'est avec
l'économiste SCHUMPETER, dans les années 1930, que le mot
innovation prend son sens dans les démocraties occidentales. En
général, l'innovation est définie comme l'introduction
d'un nouveau dans un système existant, en vue d'une amélioration
et dans une perspective de
22 DRAELANTS H. (2009). Réforme
pédagogique et légitimation, Le cas d'une politique de lutte
contre le redoublement, Bruxelles, Editions De Boeck Université,
p.122
23 LEBRUN N., BERTHELOT S. (1994).
Plan pédagogique, une démarche systématique de
planification de l'enseignement, De Boeck Université, p.261
24 CHAMPY P. et ETEVE Ch. (1998).
Dictionnaire encyclopédique de l'éducation et de la
formation, 2e édition, Paris, Nathan, pp. 546-550
35
diffusion. Dans cette perspective, l'innovation est donc
toujours contextualisée et se distingue en cela de l'invention ou de la
découverte.
S'agissant de l'introduction de ce nouveau et de son type de
diffusion, celle-ci peut être imposée par la hiérarchie
(Innovation venue d'en haut ou du centre. A ce niveau, on parle
spécifiquement de réforme) ou émergée de la base,
des acteurs eux-mêmes (innovation venue de la périphérie ou
innovation spontanée).
Elle peut aussi être contrôlée par un
organisme reconnu pour son caractère politique et/ou scientifique qui
impulse, accompagne et évalue les effets.
Eu égard à ce qui vient d'être dit,
l'introduction des programmes selon l'APC dans les ENI est une innovation car,
c'est un élément nouveau qui vient s'insérer dans un
système déjà existant. Sur la base des objectifs clairs et
précis, cette intervention sur les programmes des écoles normales
vise à apporter une amélioration à une situation
jugée peu satisfaisante. Mais pour le cas présent, on peut parler
d'une innovation qui est venue d'en-haut, c'est-à-dire de la
hiérarchie. Donc, il s'agit d'une réforme.
En plus, l'analyse de ce processus nécessite le rappel
de certaines des grandes théories de l'enseignement-apprentissage qui
constituent aussi les fondements sur lesquels reposent les programmes de
formation élaborés et mis en oeuvre dans les institutions
éducatives.
3.2. Analyse des théories
explicatives
3.2.1. Le béhaviorisme
Appelé aussi comportementalisme, le béhaviorisme
est un courant psychologique né au XXe siècle,
théorisé et défendu par des auteurs comme WATSON
(1925) et SKINNER (1904-1990). Cette théorie estime
fondamentalement que les phénomènes mentaux, parce qu'internes,
ne peuvent être directement soumis à la preuve scientifique et que
seuls les comportements observables sont des données fiables permettant
la découverte de principes, de règles et de lois de comportement
humain. Cela a amené les béhavioristes à
privilégier les produits d'activités humaines comme objet
d'analyse. Pour eux : « Puisque ce ne sont que les comportements qui
sont observables avec fiabilité, il est donc préférable
d'examiner le produit et non les stratégies qui conduisent à un
tel produit 25». C'est d'ailleurs sur ces principes que se
fonde la théorie de la boîte noire où on se
préoccupe plus du résultat obtenu que du processus se passant
dans cette boîte conduisant à ce résultat.
25 TARDIF J. (1997). Pour un
enseignement stratégique, l'apport de la psychologie cognitive, les
éditions logiques, p.63
36
Vers la fin des années 1970 et le début des
années 1980, les modèles béhavioristes ont eu une
influence remarquable sur le processus d'élaboration et de mise en
oeuvre des programmes scolaires. Cela s'est traduit par l'élaboration de
programmes et de contenus d'enseignement en termes d'objectifs
spécifiques et généraux correspondant aux connaissances et
habiletés à enseigner pour faire l'objet d'une évaluation
à la fin de l'apprentissage.
Les deux principaux modèles béhavioristes qui
ont exercé cette influence sur les programmes et les pratiques
pédagogiques sont la pédagogie de la maîtrise (PM) et la
pédagogie par objectifs (PPO).
La première (PM) est une stratégie
pédagogique, développée par BLOOM B. (1968)
à partir des travaux de CARROLL J. (1963) et
reposait sur l'idée que tout élève peut maîtriser
les matières enseignées jusqu'à la fin de sa
scolarité, une fois que les conditions appropriées sont
réunies. De ce fait, les différences individuelles
constatées dans l'apprentissage ne sont attribuables qu'aux variables
environnementales et non à des facteurs inhérents aux
apprenants.
La deuxième (PPO), issue du premier modèle fait
de la définition et de l'opérationnalisation des objectifs sa
caractéristique essentielle. Dans ce sens, la notion d'objectifs sert
à établir un lien explicite entre les activités de
l'enseignant et les changements attendus chez les apprenants. La centration des
enseignements sur ces derniers, comme le recommande cette pédagogie,
permet donc à l'enseignant de découvrir les lacunes propres
à chacun d'eux afin de recourir aux principes de la pédagogie
différenciée.
Au regard de notre sujet, la théorie
béhavioriste présente peu d'intérêt compte tenu de
ses faiblesses à concilier à la fois une vision professionnelle
de l'enseignement, une pratique réflexive de l'enseignant basée
sur la valorisation du contexte et du milieu des apprenants.
Toutes ces insuffisances ont fait que dans de nombreux
systèmes éducatifs, les modèles d'enseignement
inspirés du béhaviorisme sont en train d'être
abandonnés au profit d'autres.
3.2.2. Le cognitivisme
En général, la psychologie cognitive est d'un
apport considérable pour la compréhension des processus de
traitement de l'information chez l'être humain. Pour TARDIF J.
(1997)26, elle « est axée sur l'analyse, la
compréhension et la reproduction des
26 TARDIF J. (1997). Pour un
enseignement stratégique, l'apport de la psychologie cognitive, les
éditions logiques, p.28
37
processus de traitement de l'information. Elle tente de
préciser et de décrire comment les humains perçoivent,
comment ils dirigent leur attention, comment ils gèrent leur interaction
avec l'environnement, comment ils apprennent, comment ils comprennent, comment
ils parviennent à réutiliser l'information qu'ils ont
intégrée en mémoire à long terme, comment ils
transfèrent leurs connaissances d'une situation à une autre
».
De façon précise, dans l'APC, la psychologie
cognitive peut aider dans la clarification de certains aspects notamment la
question de l'intégration et du transfert des connaissances chez
l'apprenant. En plus, les données issues de la psychologie cognitive
permettent aux enseignants de comprendre les mécanismes à travers
lesquels l'élève construit, acquiert, intègre, et
réutilise les connaissances. Sur la base de ces informations, ils
pourront planifier en conséquence les actions pédagogiques et
didactiques les plus susceptibles de faciliter l'enseignement-apprentissage.
Selon TARDIF J. (1997)27, concevoir l'apprentissage
selon une perspective cognitive, revient à mettre l'accent sur le
rôle actif de l'élève, à valoriser ses connaissances
antérieures, ses stratégies cognitives et métacognitives.
Par métacognition, on entend, les moments ou les occasions où
l'élève exerce un retour réflexif sur son activité
cognitive pour la réexaminer, en dégager les
caractéristiques et construire consciemment sa pensée. Elle
correspond donc aux moments où les élèves s'interrogent
sur leurs stratégies d'apprentissage afin de pouvoir surmonter les
difficultés rencontrées.
Dans ce processus, les connaissances déclaratives,
procédurales et conditionnelles sont également en jeux.
Toutefois, à travers la théorie cognitiviste,
l'enseignement-apprentissage est conçu de façon linéaire
et les interactions sociales sont peu présentes dans ce processus, ce
qui constitue autant d'insuffisances qui font que, tout comme pour le
béhaviorisme, nous nous intéresserons moins à cette
théorie dans nos investigations.
3.2.3. Le constructivisme
Le constructivisme est un courant théorique né
au XXe siècle pour corriger les insuffisances du béhaviorisme qui
limitait l'apprentissage à la simple association
stimulus-réponses.
Les figures marquantes de ce mouvement théorique furent
PIAGET J. (1896-1980), psychologue Suisse, à travers
ses travaux sur la génétique et le processus de
développement intellectuel de l'enfant et BRUNER J.
(1966), psychologue américain, défenseur de
27 Ibid., p. 34
38
l'approche interactionniste. La contribution de
BACHELARD G. n'est pas non plus, négligeable car selon
MIGNE (1994)28 cité par JONNAERT Ph. et
MASCIOTRA D. (2004), c'est d'ailleurs à lui que la pédagogie a
emprunté le concept d'obstacle
épistémologique.
L'idée de base du constructivisme est que le savoir est
le résultat d'une démarche de construction intellectuelle, d'un
effort personnel, ce qui conduit nécessairement à accorder un
rôle important aux connaissances antérieures des
élèves et aux représentations qu'ils se sont construites
sur la base de leurs expériences.
La conception de l'apprentissage chez PIAGET
est biologique, ce qui l'amène à soutenir que la
capacité d'apprendre est intimement liée au développement
de l'enfant à travers les différents stades successifs. Il fonde
ainsi sa conception du constructivisme sur les points suivants :
- l'apprenant construit ses connaissances par son action
propre ;
- le développement intellectuel est un processus
interne et autonome, peu sensible aux effets externes, en particulier ceux de
l'enseignant ;
- ce développement est universel et se réalise
par étapes successives ;
- lorsqu'un individu parvient à un niveau de
fonctionnement logique, il peut raisonner logiquement quel que soit le contenu
du savoir ;
- l'apprenant ne peut assimiler des connaissances nouvelles
que s'il dispose des structures mentales qui le permettent.
C'est ce dernier point qui illustre parfaitement que pour
l'auteur, l'apprentissage est inséparable du développement de
l'enfant. Pour lui, dans le processus d'apprentissage, l'enfant rentre non
seulement en contact avec les connaissances, mais également organise et
structure son monde en s'adaptant à lui. Cette capacité
d'adaptation dont fait preuve l'apprenant se fonde sur trois processus
d'interaction de l'individu avec son milieu, à savoir l'assimilation,
l'accommodation et l'équilibration.
? L'assimilation
Il y a assimilation lorsque l'individu qui interagit avec son
milieu ou qui fait face à un problème dans le cadre de
l'apprentissage intègre à ses connaissances antérieures
les nouvelles connaissances acquises. C'est le processus par lequel l'apprenant
tire de son environnement des données nouvelles pour les intégrer
à ses structures mentales existantes. De ce fait, on peut parler de
l'action du sujet sur l'environnement.
28 JONNAERT Ph. et MASCIOTRA D.
(2004). op. cit. , p. 70
39
? L'accommodation
Quant à l'accommodation, c'est le processus par lequel
l'individu s'adapte à des situations nouvelles ; ce qui entraîne
des modifications au niveau des cadres mentaux du sujet apprenant.
Contrairement à l'assimilation, l'accommodation se présente comme
l'effet inverse, c'est-à-dire, l'action de l'environnement sur le sujet,
en l'amenant à modifier et à réorganiser ses vues, ses
idées et ses conduites.
? L'équilibration
Le troisième processus, l'équilibration ou
l'autorégulation selon PIAGET est le processus de la recherche d'un
équilibre entre l'assimilation et l'accommodation. Cet équilibre
concerne le rapport entre l'individu et la connaissance mais également
entre l'individu et l'environnement. L'objectif ultime de ce processus est de
trouver le meilleur équilibre qui peut être profitable pour
l'apprenant.
BRUNER J., pour sa part a aussi
été d'un apport immense pour le constructivisme en introduisant
la notion de sens dans l'apprentissage. Pour lui, l'individu qui
apprend construit en même temps du sens à travers ce processus. De
ce fait, les nouvelles connaissances qu'il acquiert sont toujours en relation
avec les anciennes qui existent déjà et qui contribuent à
donner aux nouvelles leur sens. Les principes sur lesquels se fonde sa
démarche sont :
- la connaissance est activement construite par l'apprenant et
non passivement reçue de l'environnement ;
- l'apprentissage est un processus d'adaptation qui s'appuie
sur l'expérience qu'on a du monde et qui est en constante
modification.
Dans le cadre des réformes curriculaires, les approches
constructivistes de la connaissance, ont apporté des changements
importants dans les finalités de l'école et les orientations
pédagogiques dans la mise en oeuvre des programmes d'études.
Seulement, l'insuffisance majeure de cette approche
théorique est d'avoir négligé la dimension sociale
(environnement social, interactions sociales, collaboration, etc.) dans le
processus d'enseignement-apprentissage, ce qui nous amène à nous
intéresser à d'autres théories.
3.2.4. Le socio-constructivisme
Né du constructivisme et de l'approche sociale
cognitive développée par ROTTER J. B. (1916-2014) et
BANDURA A. (1986), le socio-constructivisme tente de combler les
insuffisances attribuées aux théories béhavioriste et
constructiviste.
40
Le socio-constructivisme est une théorie qui
privilégie les approches qui tiennent compte des interactions, des
échanges, des co-élaborations dans les activités
d'apprentissage. Cette vision implique la prise en compte dans l'apprentissage
non seulement de ce que l'apprenant pense mais aussi de ce que les autres
pensent, du milieu social et du contexte culturel.
La démarche socio-constructiviste tient compte de trois
éléments fondamentaux qui sont :
- la dimension constructiviste qui fait
référence au sujet qui apprend : l'apprenant ;
- la dimension socio qui fait référence aux
partenaires en présence : les autres étudiants et l'enseignant
;
- la dimension interactive qui fait référence au
milieu : les situations et l'objet d'apprentissage organisé à
l'intérieur de ces situations. L'objet de l'apprentissage proposé
est le contenu d'enseignement.
La figure centrale de la théorie constructiviste fut
VYGOSTKY (1896-1934). Dans sa conception de l'apprentissage,
il privilégie les aspects socio-culturels contrairement à Piaget
qui valorise les aspects biologiques.
Pour PIAGET, l'apprentissage suit le développement,
c'est-à-dire, c'est le développement cognitif de la personne qui
est la condition sine qua non de l'apprentissage alors que pour VYGOSTKY, c'est
l'apprentissage qui conditionne le développement cognitif sous
l'influence des interactions sociales. VYGOSTKY conçoit alors,
qu'apprendre, c'est construire soi-même ses connaissances en passant
nécessairement par une phase d'interactions sociales. De ce fait,
l'enseignement devient alors prioritaire pour permettre le développement
de la personne.
On doit en plus à VYGOTSKY, cité par
BECKERS J. (2007) 29 la notion de zone
proximale de développement (ZPD) qu'il définit comme :
« L'écart entre ce que l'individu est en mesure de
réaliser intellectuellement seul à un moment de son parcours et
ce qu'il serait en mesure de réaliser avec la médiation d'autrui
». Pour cet auteur, les interactions ont un effet structurant en
entraînant l'apprenant à réorganiser ses connaissances
antérieures afin d'intégrer les nouveaux éléments
apportés par la situation.
Pour leur part, DOISE, MUGNY et PERRET-CLERMONT
(in JOHSUA & DUPIN, 1993), principaux défenseurs de la
perspective européenne du socio-constructivisme, introduisirent quant
à eux, la notion du conflit socio-cognitif auquel l'apprenant
se trouve être confronté lorsqu'il est en face d'une situation
d'apprentissage ou dans le cadre des
29 BECKERS J. (2007).
Compétences et identités professionnelles, L'enseignement et
autres métiers de l'interaction humaine, Bruxelles, op. cit.
p.110
41
interactions avec les autres apprenants. A travers ce
processus d'interaction soutenu par les échanges, le dialogue et les
points de vue divergents, l'apprenant arrive à un dépassement de
son point de vue initial, ce qui favorise alors selon ces auteurs le
progrès cognitif. (Cité par KOZANITIS A. (2005).
Echelle des façons d'apprendre et d'enseigner à
l'intérieur de
l'épistémologie constructiviste de
l'enseignement.
http://www.polymtl.ca/bap/docs/documents/historique_approche_enseignement.pdf.
Consulté, le 25/09/2012).
Dans le cadre de l'élaboration et de la mise en oeuvre
des programmes d'études et des approches pédagogiques, le
socio-constructivisme a apporté un changement majeur dans les
rôles des acteurs, en incitant ces derniers à aller vers plus de
collaboration. En plus, au plan pédagogique et didactique, l'enseignant,
tout en favorisant les situations d'interaction, doit veiller sur les
productions des élèves et les guider davantage pour que ces
productions soient meilleures. C'est dans ce sens qu'il pourra permettre
à l'élève de réussir en collaboration ce qu'il sera
en mesure de faire demain tout seul (en lien avec la notion zone proximale de
développement). L'enseignant doit aussi stimuler les activités
sans se substituer aux élèves, ce qui implique forcément
l'amélioration des conditions d'apprentissage. Enfin, un autre
mérite du socio-constructivisme est surtout d'avoir engendré le
travail coopérant et introduit une variété de
méthodes et techniques pédagogiques qui sont le travail en
groupe, le tutorat entre élèves, le projet, etc.
Tous ces mérites ont fait que, c'est ce modèle
que le Niger a retenu comme fondement des programmes selon l'APC actuellement
mis en oeuvre dans les ENI, ce qui nous amène aussi à accorder un
intérêt à cette théorie dans notre travail
d'investigation sur le terrain.
En plus, dans le cadre de cette recherche, une autre
théorie a retenu notre attention, il s'agit de la théorie
systémique développée ci-dessous.
3.2.5. Théorie systémique du processus de
mise en oeuvre d'une innovation
A travers leur modèle pédagogique pour le
développement des compétences s'inspirant de l'approche
systémique, TARDIF J. et al.
(1992)30, rappelèrent que le
paradigme systémique est une approche générale
caractérisée par trois principes :
- le principe de finalité : pour comprendre un
système, il faut d'abord en saisir le but ou la fonction ;
30 TARDIF, J. et al. (1992). Le
développement des compétences : cadres conceptuels pour
l'enseignement
professionnel, dan -19.
www.erudit.org/revue/rse/2010/v36/n1/043992ar.html,
(consulté le 01/01/2013)
42
- le principe de globalité : pour connaître un
tout, la connaissance des relations entre les parties est plus importante que
la connaissance des parties ;
- le principe de pertinence : pour aborder un système
complexe, il est nécessaire de mettre l'accent sur les aspects les plus
essentiels du système. Ce principe s'oppose au principe
d'exhaustivité de l'approche mécaniste.
En adoptant cette perspective systémique pour la mise
en oeuvre d'un programme de formation basé sur l'APC, le principe de
finalité renvoie aux orientations du programme et à la fonction
qu'il remplit pour l'atteinte des finalités, des buts poursuivis au
niveau du système éducatif dans son ensemble.
En plus, ce processus implique également la mise en
synergie d'un ensemble organisé d'éléments destinés
(manuels, matériel didactique, formation, infrastructures,
évaluation, etc.) à favoriser l'apprentissage en vue de
l'atteinte des résultats escomptés. Cela renvoie au principe de
globalité.
Enfin, dans la mise en oeuvre d'une innovation, il est plus
pertinent de mettre l'accent sur certains éléments essentiels qui
peuvent favoriser ou contrarier l'atteinte des objectifs poursuivis. A ce
niveau, nous pouvons parler du principe de pertinence.
En nous référant à LEBRUN N., BERTHELOT
S. (1994) 31 citant BHOLA (1982), quatre éléments sont
essentiels dans ce processus :
- les intervenants ;
- les liens de communication ;
- les ressources disponibles ;
- la mesure et l'évaluation du processus.
Ces éléments ne sont pas isolés les uns
des autres. Ils entretiennent des relations d'interaction dans le cadre de ce
processus.
? Les intervenants
Les intervenants correspondent aux éléments des
différents systèmes en interaction. Dans notre cas, il s'agit du
Ministère de tutelle, des écoles normales, des écoles
primaires, des encadreurs, des enseignants, des élèves, des
syndicats, des associations des parents d'élèves, des
partenaires, etc.
Chacun de ces intervenants est caractérisé par
des opinions et des positions différentes et tente de ce fait
d'influencer les autres intervenants par le leadership qu'il peut avoir.
31 LEBRUN L. et BERTHELOT S. (1994). Plan
pédagogique, une démarche systématique de planification de
l'enseignement, De Boeck Université, 298 p.
43
? Les liens de communication
Dans tout processus d'innovation, il y a des liens, des
réseaux de communication formels et informels qui s'établissent.
Et à chaque instant, ces différents liens exercent des influences
importantes sur le processus en question.
Le manque d'informations, le retard dans la transmission des
messages ou leur altération, les directives contradictoires sont autant
des contraintes qui peuvent entraver le processus.
? Les ressources disponibles
La bonne réussite d'un processus de mise en oeuvre est
fonction de la quantité et de la qualité des ressources
disponibles. Comme ressources, nous pouvons citer les ressources humaines,
matérielles, financières, etc.
Le temps est aussi important car c'est lui qui permet de venir
à bout des différentes résistances qui peuvent se
manifester tout au long du processus de mise en oeuvre.
Ainsi, pour le cas de notre étude, il s'agit non
seulement de savoir de quelles ressources disposent les ENI, mais
également, si elles permettent une bonne mise en oeuvre de la
réforme.
? La mesure et l'évaluation du
processus
La mesure et l'évaluation permettent de disposer
d'informations de qualité qui concernent les facteurs influençant
le processus.
Il existe plusieurs outils, dont le guide d'entretien et le
questionnaire par exemple, qui permettent de recueillir des informations sur
plusieurs aspects du système, à savoir :
- la perception des intervenants face au contexte actuel et
à l'implantation proposée ;
- la capacité de travailler en groupe ;
- la capacité de leadership des individus et des groupes
;
- l'attitude relative au processus d'implantation ;
- la qualité de la communication.
A ce niveau, il s'agit de chercher à comprendre si
l'innovation actuellement en cours dans les ENI a fait l'objet d'une
évaluation pour recueillir des informations et des indicateurs pouvant
aider à réorienter la mise en oeuvre dans la bonne direction ou
à l'abandonner si elle n'est pas efficiente.
Au regard de ce qui précède, la théorie
systémique a un avantage important qui est celui de mettre en
lumière les liens essentiels entre les différents
éléments et la contribution de chacun pour le fonctionnement
harmonieux de l'ensemble. Pour ce mérite, notre investigation est
effectuée sur la base de cette théorie.
44
En résumé, nous présentons dans le
tableau suivant les principaux courants théoriques de l'enseignement et
de l'apprentissage développés dans cette partie, à savoir
le béhaviorisme, le cognitivisme, le constructivisme et le
socio-constructivisme :
Tableau n°3 : Vue synoptique des principaux
courants théoriques de l'enseignement et de l'apprentissage
Béhaviorisme
|
Cognitivisme
|
Constructivisme
|
Socio-
constructivisme
|
Enseigner c'est...
|
Stimuler, créer et renforcer des comportements observables
appropriés.
|
Présenter l'information de façon structurée,
hiérarchique, déductive.
|
Offrir des situations obstacles qui permettent
l'élaboration de représentations adéquates du monde.
|
Organiser des situations d'apprentissage propices au dialogue en
vue de provoquer et de résoudre des conflits socio-cognitifs.
|
Apprendre c'est...
|
Associer, par conditionnement, une récompense à une
réponse spécifique.
|
Traiter et emmagasiner de nouvelles informations de façon
organisée.
|
Construire et organiser ses connaissances par son action
propre.
|
Co-construire ses connaissances en confrontant ses
représentations à celles d'autrui.
|
Méthodes pédagogiques appropriées
|
Programme d'auto- formation assistée par ordinateur
|
Exposé magistral, résolution de problèmes
fermés.
|
Apprentissage par problèmes ouverts, étude de
cas.
|
Apprentissage par projets, discussions, exercices, travaux.
|
Source : inspiré de KOZANITIS A. (2005).
Echelle des façons d'apprendre et d'enseigner à
l'intérieur de l'épistémologie constructiviste de
l'enseignement.
http://www.polymtl.ca/bap/docs/documents/historique_approche_enseignement.pdf.
Consulté le 25/09/2012.
45
3.3. Revue critique de la
littérature
Ces dernières années, une abondante
littérature se constitue progressivement au sujet de la mise en oeuvre
des programmes selon l'APC. Ces études, séminaires et colloques
scientifiques sont surtout le fait d'organismes indépendants
préoccupés d'apporter un éclairage sur la question. Nous
présentons ci-dessous les résultats de quelques-unes de ces
études en commençant par les plus récentes et en essayant
de relier chacune d'elles aux théories explicatives ci-dessus
analysées.
3.3.1. JONNAERT, Ph. ; CYR, S. ; CHARLAND, P. ; DEFISE,
R. ; SIMBAGOYE, A. (2011). Mise en oeuvre du PDDE 2010-2011.
Programmes éducatifs de l'éducation de base 1 et 2,
du non-formel et de l'alphabétisation au Niger : des choix curriculaires
éclairés. Note de synthèse
Ce document, élaboré avec la collaboration de la
Direction des curricula et de l'innovation pédagogique (DCIP) du
Ministère de l'enseignement primaire du Niger, est une note de
synthèse qui argumente la pertinence des choix curriculaires du Niger en
matière de réforme de son Éducation de base 1 et 2, du
Non-formel et de l'Alphabétisation.
Le document a d'abord mis l'accent sur la PPO dont
l'application au Niger a commencé en 1987-1988. Selon les constats des
auteurs, cette approche comporte une série d'insuffisances dont sa
décontextualisation et son éloignement des préoccupations
quotidiennes des Nigériens d'où un problème d'adaptation
aux réalités nigériennes.
Les insuffisances de l'APC sont également
analysées. Les auteurs démontrent qu'elle ne permet pas aux
élèves de développer de réelles compétences.
Pour illustrer cela, ils s'appuient sur la situation difficile des
réformes selon l'APC dans les pays d'Afrique de l'Ouest (cf. TEHIO, V.
2010). Ils concluent leur propos en précisant que les différents
programmes éducatifs rédigés selon l'APC de DE KETELE J.
M. et ROEGIERS X. ne se dégagent pas de la PPO. Non seulement les
compétences sont formulées comme des objectifs de premier niveau,
c'est-à-dire réduites à un verbe qui exprime une action
sur un savoir, mais également ces objectifs sont en outre
décontextualisés.
Pour éviter les faiblesses d'une approche par
compétences trop proche de la PPO, le Niger vient d'opter pour une autre
approche curriculaire qui est l'approche par les situations (APS). Cette
approche précise que si les situations sont indispensables, elles ne
sont qu'un des moyens mis en place pour que les élèves puissent
développer des compétences en traitant ces situations.
Le processus ayant abouti à l'adoption de cette
réforme curriculaire a donné lieu à plusieurs
activités (ateliers, formations, élaboration de documents
curriculaires) des équipes de la
46
Direction des curricula et de l'innovation pédagogique
(DCIP) du Niger accompagnées par des équipes de la Chaire UNESCO
de développement curriculaire (CUDC) de l'Université du
Québec à Montréal (UQAM).
L'ensemble de ces travaux et leurs résultats illustrent
bien les étapes de l'approche systémique telle que
développée au niveau des théories explicatives.
En considérant les situations comme indispensables au
développement des compétences des apprenants, cette approche
curriculaire se réfère également au constructivisme.
3.3.2. TEHIO, V. (éd.), (2010).
Politiques publiques en éducation : l'exemple des
réformes curriculaires. Étude sur les réformes
curriculaires par l'APC en Afrique. Sèvres : Centre international
d'études pédagogiques (CIEP)
Ce document est issu d'un séminaire international
autour des réformes menées dans les contextes africains. Il
intègre les résultats d'études menées dans cinq
pays africains (Cameroun, Gabon, Mali, Sénégal et la
Tunisie) sur la même problématique. La synthèse
des rapports de ces cinq pays a été élaborée par
l'AFD et publiée sous le titre : « Étude sur les
réformes curriculaires par l'APC en Afrique ».
A travers leur rapport portant sur la réforme par l'APC
au Mali, ALTET M. et FOMBA C.O ont souligné les
problèmes majeurs ayant entravé la mise en oeuvre de cette
réforme. Ces problèmes tournent, généralement,
autour de l'insuffisance de la formation des enseignants, des
difficultés de l'application des langues nationales, du manque des
manuels édités selon l'APC et de la non-prise en compte de la
réforme curriculaire dans la formation initiale des enseignants.
Pour sa part, analysant la situation des pays africains face
aux réformes curriculaires (pp.51-57), NDOYE M., a
souligné que la plupart des pays n'ont pas été aussi
systématiques dans la mise en oeuvre. Les pays qui ont
expérimenté ces réformes ont plus concentré leurs
efforts sur les objectifs, c'est-à-dire sur l'élaboration des
programmes que sur le processus de mise en place de la réforme en tant
que tel. Les difficultés ont surtout porté sur le passage de
l'expérimentation à la généralisation, ce qui n'a
pas permis à ces réformes d'aller jusqu'au bout.
L'auteur conclut en précisant que dans les classes des
pays africains cohabitent simultanément trois approches
pédagogiques : une transmission des connaissances, une pédagogie
par objectifs, une construction des compétences. Dans cette logique,
soulignons donc, que la référence théorique se fait
également selon les principes de la pédagogie traditionnelle, du
béhaviorisme et du constructivisme.
47
Toutefois, l'analyse ne nous précise pas si cette
situation est-elle caractéristique uniquement des pays africains ou
bien, elle est aussi présente dans les pays des autres continents. Si
elle ne concerne que l'Afrique, a quoi donc cela est-il lié ? Est-ce
l'incapacité de ces pays à mettre en oeuvre les réformes
nécessaires pour aboutir aux changements souhaités ou bien, c'est
le contexte même de ces pays qui ne s'accommode pas avec des
modèles pédagogiques importés ? Que faut-il faire dans ces
conditions ? Aller vers des pédagogies mixtes (au risque d'un amalgame
au niveau des principes théoriques) ou bien choisir la démarche
en fonction de la situation ? A toutes ces questions, l'analyse n'apporte pas
assez d'informations. Pour notre part, la réponse est d'abord
liée à un diagnostic approfondi des réalités
propres à ces pays. Ensuite, en fonction des résultats, choisir
les modèles pédagogiques à même de favoriser un
enseignement de qualité, tout en se conformant bien sûr aux
exigences de la science.
3.3.3. Agence Française de
Développement, République du Mali (2010).
Étude sur le curriculum de l'enseignement fondamental. Rapport 3.
Développement du scénario privilégié
Il s'agit d'une étude menée sous l'égide
de l'AFD et de la République du Mali pour faire le
diagnostic de la réalité actuelle du curriculum et établir
l'état des lieux de sa mise en oeuvre afin de proposer des
stratégies pour assurer la réussite de la réforme
engagée.
L'étude a souligné plusieurs problèmes
qui ont entravé la mise en oeuvre du curriculum de l'enseignement
fondamental au Mali.
L'un des premiers constats a révélé un
pilotage double de la réforme. Deux structures se partagent la
responsabilité de l'élaboration, de la mise à l'essai et
de la mise en oeuvre du curriculum : d'une part, le Centre National de
l'Education (CNE), chargé de l'élaboration et de la mise à
l'essai et de l'autre, la Direction Nationale de l'Education de Base (DNEB),
chargée de la mise en oeuvre.
D'autres insuffisances ont été également
soulignées notamment l'absence de données sur l'état des
lieux des écoles appliquant effectivement le curriculum, le manque de
formation des enseignants, la non-maîtrise par les enseignants des
langues (langues nationales et langue française), le problème
lié au système d'évaluation des apprentissages et la
question du suivi et de l'évaluation de la réforme.
Toutefois, nous devons observer que même si
l'étude a clairement mentionné les problèmes que la mise
en oeuvre du curriculum a suscités, elle n'a pas évoqué
les
48
conséquences de cette situation sur la qualité
de l'éducation, sur les résultats des élèves et sur
leur niveau scolaire.
3.3.4. CONFEMEN, assises sur les réformes
curriculaires (2010). Pour améliorer la qualité et
la pertinence des apprentissages
Les assises sur les réformes curriculaires
ténues à Brazzaville au Congo du 5 au 9 juillet 2010, ont
analysé les faiblesses de l'implantation du curriculum dans les
écoles de plusieurs pays africains.
Parmi les contraintes, il y a tout d'abord la question des
effectifs pléthoriques dans les classes, les moyens matériels et
les supports didactiques qui sont insuffisants. Toutes ces contraintes ne
facilitent pas l'innovation, plus précisément quand il s'agit de
mettre en oeuvre les programmes selon l'APC à travers une
pédagogie participative où l'élève est acteur dans
une démarche socio-constructiviste.
L'étude a aussi mentionné que la formation des
concepteurs, des formateurs et des enseignants est incomplète et ne
permet pas à ces acteurs de s'approprier la démarche, de la
contextualiser, de la relativiser. Ce qui risquerait d'entraîner une
simple reproduction des modèles venus d'ailleurs.
D'autres obstacles et non des moindres concernent le rythme
rapide des innovations, la dépendance financière et conceptuelle
des pays expérimentant la réforme, la faible implication des
universités africaines dans le processus d'innovation et la question
centrale des langues nationales.
En effet, la question de l'introduction des langues nationales
dans le curriculum constitue un défi qui mérite d'être
souligné. Cela est lié au contexte des pays africains
caractérisé non seulement par une diversité de langues
mais aussi par une faible valorisation de celles-ci vis-à-vis des
langues étrangères.
Dans beaucoup de pays où les langues nationales ont
été introduites dans le curriculum, les résultats ne
semblent pas être satisfaisants. Ainsi, la conviction n'était pas
ferme au niveau de décideurs et les populations ont été
peu sensibilisées sur l'opportunité de l'introduction des langues
nationales dans l'enseignement.
Alors, mal exploitées, les langues nationales risquent
de poser plus de défis que d'opportunités pour les
systèmes éducatifs des pays africains.
49
3.3.5. JONNAERT Ph. (2009). Curriculum et
compétences, un cadre opérationnel
Dans l'ouvrage intitulé Curriculum et
compétences, un cadre opérationnel, JONNAERT Ph. et
al. (2009) analysent les liens qui existent entre le curriculum et les
programmes d'études. Ainsi, deux visions sont évoquées :
la conception franco-européenne et la conception anglophone.
Les auteurs précisent que la conception
franco-européenne assimile programmes d'études et curriculum qui
est défini comme l'ensemble des programmes disciplinaires et
désigne la programmation des contenus d'enseignement tout au long de la
scolarité (REUTER, COHEN-AZRIA, DAUNAY, DELCAMBRE, LAHANIER-REUTER, 2007
: 185). Le curriculum désigne alors « des contenus
d'enseignement finalisés, subordonnés à des objectifs
transmis méthodiquement ». (DANVERS, 1992 :68)
Dans cette perspective, curriculum et programmes
d'études se superposent et traitent prioritairement de savoir, de
matières et de disciplines scolaires, de contenus d'apprentissage, de
leur programmation, de leur structuration et de leur organisation.
Par contre, la conception anglophone voit autrement le rapport
qui existe entre curriculum et programmes d'études. Dans cette
deuxième perspective, le curriculum offre une vision d'ensemble
planifiée et cohérente des directives pédagogiques qui
permettent de gérer les apprentissages en fonction des objectifs
poursuivis.
Il apparaît donc clairement que les programmes
d'études constituent un élément inclus dans le curriculum
et avec lequel il doit fonctionner de façon harmonieuse pour atteindre
les résultats escomptés. La finalité étant donc, le
développement personnel et l'insertion sociale des apprenants ainsi que
leur adhésion à des normes et valeurs.
Partant de cette deuxième conception, le curriculum
offre alors une vision systémique telle que nous l'avons
développée au niveau des théories explicatives.
Pour ce qui est de la réforme actuellement en cours
dans les ENI, c'est la deuxième conception qui est maintenue car, les
programmes d'études ne sont pas confondus au curriculum dans son
ensemble. Il y a alors le curriculum pour l'ensemble du système
éducatif, il est d'ailleurs en refondation et il y a les programmes
d'études des différents ordres d'enseignement qui y sont
inclus.
50
3.3.6. ROEGIERS X. (2008). L'approche par
compétences en Afrique francophone : Quelques tendances,
Genève
L'objet de l'article écrit par ROEGIERS
X., est de faire le point sur les évolutions dans plusieurs
pays du continent africain qui ont adopté l'APC au niveau de leurs
systèmes éducatifs.
Il précise que depuis quelques années,
l'orientation prise par un bon nombre de pays de ce continent, souvent sous
l'impulsion de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) et, avec
l'appui de l'UNICEF et de l'UNESCO, est l'approche par l'intégration des
acquis (pédagogie de l'intégration) qui est une variante de l'APC
comme nous avons eu à les distinguer au niveau des concepts.
En effet, la pédagogie de l'intégration comporte
plusieurs avantages dont entre autres :
- son caractère progressif et en continuité avec
l'existant : l'approche par l'intégration des acquis s'appuie sur les
pratiques de classe existantes ;
- son caractère inclusif : elle permet de faire figurer
dans les curriculums des contenus nouveaux ou des méthodes nouvelles,
correspondant à des enjeux de tous types, politiques, sociaux,
humanitaires ou économiques ;
- son caractère validé : plusieurs
évaluations et études ont prouvé une très bonne
adhésion de l'ensemble des acteurs du système éducatif,
une amélioration qualitative des résultats des
élèves ;
- son caractère simple et accessible à tout
système éducatif ;
- son caractère ouvert : elle prête donc
particulièrement bien à une logique d'appropriation par les
différents systèmes éducatifs engagés dans une
perspective de révision des curriculums en termes de
compétences.
Il précise en outre que dans les pays (francophones
dans leur grande majorité) où l'étude a été
menée, la nouvelle approche a permis l'application de la
pédagogie différenciée dans les salles de classe et a
favorisé la pleine participation des élèves dans le
processus d'apprentissage et la diversification des méthodes
d'enseignement.
Tous les changements ci-dessus évoqués,
mentionnant la pédagogie différentiée, la participation
des élèves, la construction des compétences, la confiance
réciproque, l'interrelation, sont directement en lien avec les principes
des théories constructiviste et socio-constructiviste.
Cependant certains propos évoqués par ROEGIERS
X. dans cette analyse méritent qu'on s'y attarde, afin d'apporter
quelques observations.
51
Il s'agit d'abord du "caractère simple et
accessible à tout système éducatif " qui
caractérise la pédagogie de l'intégration selon lui.
Notons pourtant que plusieurs études relèvent le caractère
lourd et très technique du dispositif conceptuel que met en oeuvre cette
approche. Il s'agit par exemple de concepts tels que : compétence,
capacité, compétence de base, objectif terminal
d'intégration (OTI), situation d'intégration, niveau ou palier de
compétence, situation d'apprentissage, critères minimaux,
critères de perfectionnement, etc.
Ensuite, son étude ne mentionne nulle part des
données statistiques qui auraient pu permettre de conclure qu'avec l'APC
les élèves apprennent mieux et obtiennent de bons
résultats comparativement aux résultats qu'auraient donnés
d'autres démarches pédagogiques.
3.3.7. BERNARD J.M. (IREDU), NKENGNE A. P., ROBERT F.
(2007) : la relation
entre réformes des programmes scolaires et
acquisitions à l'école primaire en Afrique :
réalité ou fantasme ? L'exemple de l'approche par
compétence
L'étude propose une analyse critique de la mise en
place de nouveaux programmes scolaires en Afrique à travers l'exemple de
l'approche par les compétences (APC).
Les auteurs constatent que dans de nombreux pays, l'APC est la
méthode choisie pour l'élaboration de nouveaux programmes
scolaires et elle est présentée comme un facteur
déterminant de l'amélioration de la qualité de
l'éducation. Cependant, plusieurs difficultés se sont
posées dans la mise en oeuvre de cette approche.
Les exemples tirés de l'expérience de la mise en
oeuvre de nouveaux programmes selon
l'APC à l'école fondamentale en Mauritanie
(évaluation des acquis scolaires en 2e et 5e années de
l'enseignement fondamental dans trois disciplines : arabe, français et
mathématiques, en 2003-2004) par le Programme d'Analyse des
Systèmes Educatifs de la CONFEMEN (PASEC), montrent que les principaux
problèmes en matière d'acquisitions se situent d'abord dans
l'application effective des programmes dans les salles de classe plutôt
que dans leur contenu. Ce qui balaye du coup, l'argument qui impute les mauvais
résultats des écoles africaines aux programmes qu'elles
appliquent. Pour illustrer cela, les auteurs font recours à une autre
évaluation du PASEC réalisée en 2006, où il est
ressorti que près de 36,8% en Mauritanie, 30 % au Burkina Faso et en
Madagascar et plus de 60 % au Cameroun des écoles de
l'échantillon ne disposaient pas de l'ensemble des programmes
officiels.
Leur analyse fait également ressortir que L'APC
actuellement mise en oeuvre est peu explicite sur la façon de choisir
les compétences (Qui choisit les compétences ? Quelles
compétences acquérir ? Quelles valeurs promouvoir pour faciliter
la relation école-communauté ?). Selon eux, elle propose
seulement, pour des compétences supposées connues, de dire
comment les faire atteindre par des enfants au moyen de programmes et de
méthodes associées.
52
En plus, contrairement à ROEGIERS X., ils soutiennent
que l'APC, marquée par un enchaînement de concepts
(capacité, objectif spécifique, ressources, seuil de
maîtrise, objectif intermédiaire, objectif d'intégration,
compétence), a des exigences qui ne peuvent qu'alourdir la tâche
de l'enseignant dans un contexte pourtant déjà très
difficile.
Cependant, les questions relatives au choix des
compétences, aux valeurs à promouvoir pour faciliter la relation
école-communauté, questions sur lesquelles l'APC ne donne pas
assez d'informations selon ces auteurs, relancent davantage le débat. En
effet, nous savons que lorsqu'un système éducatif choisi
d'appliquer l'APC, cela nécessite un changement global de l'ensemble
constitué par les programmes et les méthodes, donc un changement
au niveau du curriculum.
L'insuffisance à ce niveau est que les auteurs
précités oublient que tout curriculum spécifie d'abord ses
assises à travers des finalités et des grandes orientations dans
un document intitulé selon JONNAERT Ph. (2009), Cadre
d'Orientation Curriculaire (COC). Ce document (COC) présente, sans
redondance entre elles, les finalités d'un système
éducatif en répondant à trois catégories de
questions : quelle formation ? Pour quel citoyen ? Dans quelle
société ? Par les réponses à ces questions, le COC
propose des grandes orientations éducatives, politiques et
pédagogiques.
Nous constatons ainsi que la question des valeurs trouve
aisément sa réponse à travers la littérature qui
traite de la question.
3.3.8. MEUNIER O. (2006). Variations et
diversités éducatives au Niger
Dans l'ouvrage collectif intitulé variations et
diversités éducatives au Niger dirigé par
MEUNIER O., HALAIS S. à travers une enquête de
terrain réalisée en 2006 dans les écoles normales,
abordait la question de la formation des enseignants du cycle de base 1.
Son analyse a mis en exergue plusieurs facteurs qui ont
entravé la mise en oeuvre des programmes d'études des
écoles normales de 2001, tels le manque de formation pédagogique
des encadreurs et l'inadéquation de leur profil à leurs missions,
l'insuffisance des manuels et l'inadaptation de ces programmes aux
réalités du terrain.
Par ailleurs, les écoles annexes devant servir de lieu
d'expérimentation de leçons et de stage urbain pour les
élèves-maîtres, manquaient aussi de conditions
préalables pour assurer cette fonction. Dans certaines d'entre elles, on
dénombre plus 100 élèves par classe.
Le personnel enseignant est composé en majorité
d'enseignants contractuels qui n'ont pas suffisamment d'expérience et de
compétences nécessaires à l'encadrement des
élèves-maîtres en stage.
53
les programmes d'études des écoles normales de
2001 mis en oeuvre selon les principes du béhaviorisme à travers
la PPO, n'ont pas permis d'atteindre l'objectif de la professionnalisation des
futurs enseignants.
3.3.9. LEBRUN N., BERTHELOT S. (1994).
Plan pédagogique, une démarche systématique
de planification de l'enseignement
Tout comme HAVELOCK R. G. et HUBERMAN
A. M. (1980), LEBRUN N., BERTHELOT S. (1994),
abordent la question de la mise en oeuvre d'une innovation qu'ils
considèrent comme un phénomène complexe engageant des
personnes, des institutions et des groupes d'intérêts
différents. Pour ces auteurs, tout changement même s'il vise
l'amélioration d'une situation, amène des manifestations de
résistance, d'où la nécessité de comprendre,
d'analyser et de contrôler certains facteurs de résistance tels,
le conservatisme du système scolaire, le manque de planification du
processus, le manque de motivation des principaux agents, la non prise en
compte des valeurs culturelles et personnelles des acteurs engagé dans
le processus d'implantation.
A travers la conception développée par ces
auteurs, il s'agit de tenir compte de l'approche systémique dans la mise
en oeuvre d'une innovation. Pour ce faire on doit nécessairement prendre
en compte l'environnement, les acteurs, les ressources et les valeurs que
défendent ces acteurs.
3.3.10. OCDE, Centre pour la recherche et l'innovation
dans l'enseignement (1979). L'élaboration des
programmes à partir de l'école
Cet ouvrage titré l'élaboration des
programmes à partir de l'école (EPE), évoque la
problématique de l'élaboration et de la mise en oeuvre des
programmes scolaires notamment à travers la pleine implication et la
participation directe des acteurs chargés de mettre en oeuvre
l'innovation.
Les auteurs s'intéressent surtout à
l'école et à ce qui s'y passe : conception, élaboration et
mise en pratique des innovations, surtout par le corps enseignant. Mais
également d'autres aspects sont soulignés notamment le rapport
que l'école entretient avec un certain nombre d'institutions, du secteur
de l'enseignement ou non (Ministère de l'éducation,
autorités locales de l'enseignement, syndicats d'enseignants,
associations de parents, paris politiques, etc. P.13)
Ils définissent l'EPE comme : « Tout processus
qui, à partir d'une activité engagée par l'école ou
d'exigences formulées par l'école en matière de
programmes, aboutit à une redistribution des pouvoirs, des
responsabilités et de contrôle entre les autorités
centrales et
54
locales de l'enseignement, et par lequel les écoles
acquièrent l'autonomie légale et administrative et
l'autorité professionnelle leur donnant la possibilité de
maîtriser leur propre processus de développement ».(
P.13)
L'EPE comporte plusieurs avantages qu'on ne retrouve pas au
niveau des programmes élaborés à l'échelon central
comme c'est le cas des programmes en cours dans les écoles normales du
Niger :
- elle peut s'adapter facilement aux besoins particuliers des
écoles et des élèves sur le plan local ;
- il est plus facile de passer du stade de la recherche et du
développement à celui de la réalisation quand les deux se
situent dans le même environnement ;
- l'enseignement de certaines matières
pluridisciplinaires, peut se fonder sur le milieu physique et humain local ;
- elle a plus de chance de motiver le personnel de
l'école.
Ce modèle d'élaboration de programmes, en
privilégiant plus les besoins, les intérêts des
élèves et de l'école elle-même, la motivation du
personnel, la participation de tous les acteurs, la nécessité de
tenir compte du milieu, se rapproche donc des principes du constructivisme et
du socio-constructivisme.
Toutefois, la mise en oeuvre de cette approche des programmes
peut poser des problèmes surtout dans les pays où le
contrôle politique est étroit et où l'éducation
présente peu d'intérêt aux yeux des décideurs et
acteurs.
55
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE
Les points développés ici sont l'orientation
méthodologique, la population cible, les techniques, les outils et le
matériel ayant servi à la collecte et l'analyse de données
recueillies sur le terrain.
4.1. Orientation méthodologique
Dans le cadre de cette étude, nous avons adopté
une orientation méthodologique purement qualitative, en ce sens que nous
nous sommes intéressés à l'aspect qualitatif plutôt
que quantitatif du phénomène. Ce qui nous a amenés
à privilégier une approche intensive (étude en profondeur)
sur un échantillon réduit.
L'objectif recherché à travers le choix de cette
démarche est de nous permettre de recueillir des données
qualitatives significatives, c'est-à-dire relatives aux valeurs, aux
représentations et aux opinions des acteurs directement concernés
par la mise en oeuvre de l'APC dans les ENI.
En effet, il est important de recueillir les opinions des
acteurs dans le cadre de cette recherche car elles révèlent leurs
attitudes mentales et, c'est précisément les attitudes mentales
des individus qui déterminent leurs comportements réels
observables, leur adhésion ou rejet d'une innovation.
4.2. Echantillonnage
Pour la constitution de l'échantillon, la technique
d'échantillonnage utilisée est le choix raisonné.
Nous avons mis l'accent sur la qualité des informateurs
en fonction des objectifs et des hypothèses de la recherche.
Pour permettre la triangulation des résultats, nous
avons aussi tenu à diversifier les acteurs impliqués dans cette
mise en oeuvre, soit en fonction des régions, soit en fonction des zones
: urbaines, périurbaines et rurales.
RUQUOY D. (1995, p.72) confirme bien ce point de vue en ces
termes, dans les études qualitatives, écrit-elle, « On
interroge un nombre limité de personnes. La question de la
représentativité au sens statistique du terme ne se pose donc
pas. Le critère qui détermine la valeur de l'échantillon
devient son adéquation avec les objectifs de recherche en prenant comme
principe de diversifier les personnes interrogées et en vérifiant
qu'aucune situation importante n'a été oubliée. Dans cette
optique, les individus ne sont pas choisis en fonction de l'importance
numérique de la catégorie qu'ils représentent mais
plutôt en raison de leur
56
caractère exemplaire ». (Cité par
ALBARELLO L. (1999). Apprendre à chercher : l'acteur social et la
recherche scientifique, De Boeck Université)
4.3. Structure de l'échantillon
Les critères suivants pour la constitution de
l'échantillon ont été retenus, être :
- responsable national de la mise en oeuvre de la réforme
dans les ENI;
- directeur général de l'ENI ;
- directeur des études de l'ENI ;
- chargé de stage de l'ENI ;
- encadreur de l'ENI ;
- enseignant d'école primaire d'accueil des stagiaires
;
- élève-maître.
Ainsi, l'échantillon comporte sept (7) catégories
d'acteurs.
4.3.1. Les responsables nationaux
Au plan national, nous nous sommes intéressés
aux deux Directions du Ministère de l'Enseignement Primaire, de
l'Alphabétisation, de la Promotion des Langues Nationales et de
l'Education Civique impliquées dans la mise en oeuvre de la
réforme dans les ENI, à savoir la Direction des Curricula et de
l'Innovation Pédagogique (DCIP) et la Direction de la Formation Initiale
et Continue (DFIC). A ce niveau chacun des deux responsables de ces Directions
a été interviewé.
4.3.2. Les directeurs généraux des
ENI
Cette catégorie est représentée dans
l'échantillon par les directeurs généraux des trois (3)
ENI retenues par l'étude. Il s'agit des directeurs des ENI de Tahoua,
Zinder et Maradi. Tous les directeurs généraux des trois (3) ENI
concernées par l'étude sont de sexe masculin tout comme les
directeurs des études et les responsables de stage.
4.3.3. Les directeurs des études des
ENI
A ce niveau, les directeurs des études des ENI de
Tahoua, Zinder et Maradi sont retenus dans l'échantillon.
4.3.4. Les responsables de stage
Cette catégorie est représentée dans
l'échantillon par les responsables de stage des ENI des Tahoua, Zinder
et Maradi.
57
4.3.5. Les encadreurs des ENI
Au niveau des encadreurs, le choix s'est fait en fonction des
domaines retenus par les programmes d'étude. Ces domaines sont au nombre
de trois (3) à savoir le domaine de l'enseignement, le domaine
de l'administration-gestion et celui des
contenus à enseigner au primaire.
Pour le domaine de l'enseignement, nous avons retenu les trois
chefs unités pédagogiques psychopédagogie des trois (3)
écoles normales.
Le domaine de
l'administration-gestion est aussi
représenté dans l'échantillon par les trois (3) chefs
unités pédagogiques morale professionnelle et
législation et enfin le troisième domaine est
représenté par les chefs unités pédagogiques
français contenu des trois écoles normales.
Au total, l'effectif des encadreurs interrogés dans les
trois ENI s'élève à neuf (9) et ils sont tous du sexe
masculin. Cette situation s'explique par le fait que le personnel
féminin est très réduit dans les écoles normales
à comparer à celui des hommes. Ce nombre est encore plus
insignifiant au niveau des encadreurs où il n'y a que seulement deux (2)
femmes qui assurent la mission d'encadrement dans les trois ENI qui constituent
notre terrain d'étude. Mieux encore, nous n'avons trouvé dans les
ENI enquêtées, aucune femme assurant la responsabilité
d'une des unités pédagogiques retenues pour cette
étude.
4.3.6. Les enseignants du primaire des écoles
d'accueil des stagiaires
Dans le choix des enseignants du primaire des écoles
d'accueil des stagiaire, nous nous sommes intéressés aux
écoles ayant servi de lieux de stage pour les
élèves-maîtres. Ainsi, nous avons retenu deux écoles
par région, soit une école située en centre urbain et une
autre en zone périurbaine.
Dans chaque école, le directeur et un enseignant ayant
participé à l'encadrement des stagiaires sont
interrogés.
Par région, nous avons interrogé quatre (4)
enseignants, ce qui nous donne un total de douze (12) enseignants du primaire
dont 9 de sexe féminin pour les trois régions concernées
par l'étude.
La forte représentativité du sexe féminin
au niveau de cette catégorie d'interviewés s'explique par la
grande proportion de femmes enseignantes dans les écoles primaires du
pays. La même situation est aussi présente dans les ENI où
les élèves-maîtres de sexe féminin sont plus
nombreux que ceux du sexe masculin.
58
4.3.7. Les
élèves-maîtres
Au niveau de cette catégorie, trois
élèves-maîtres par ENI sont pris en compte dans
l'échantillon. Le choix s'est fait en fonction de la zone de stage. Nous
avons retenu donc un élève ayant effectué son stage en
zone urbaine, un deuxième qui a fait en zone rurale et un
troisième ayant effectué son stage en zone périurbaine.
Pour les trois ENI concernées par l'étude, le
nombre total des élèves-maîtres dans l'échantillon
s'élève à 9 dont 5 de sexe féminin.
En plus, il faut noter que les trois séances
d'observation que nous avons effectuées ont concerné seulement
les élèves-maîtres de l'école normale de Maradi.
Cela s'explique par le fait que pour les deux autres ENI où nous n'avons
pas eu à faire des observations de conduite de leçons par les
stagiaires, notre phase de terrain a coïncidé avec la fin des
stages en responsabilité dans ces écoles.
L'ensemble des effectifs des personnes interviewées
dans le cadre de cette recherche est consigné dans le tableau
ci-après :
Tableau n° 4 : Récapitulatif de
l'échantillon
N°
|
Statut
|
Sexe
|
Total
|
Masculin
|
Féminin
|
1
|
Directeurs nationaux
|
1
|
1
|
2
|
2
|
Directeurs des ENI
|
3
|
0
|
3
|
3
|
Directeurs des études des ENI
|
3
|
0
|
3
|
4
|
Responsable de stage des ENI
|
3
|
0
|
3
|
5
|
Encadreurs (Formateurs des formateurs) des ENI
|
9
|
0
|
9
|
6
|
Enseignants du primaire
|
3
|
9
|
12
|
7
|
Elèves-maîtres
|
4
|
5
|
9
|
Total
|
26
|
15
|
41
|
Source : enquête terrain
Au total, en plus des deux responsables interrogés au
Ministère, nous avons enquêté 39 personnes dans les trois
régions où se trouvent nos terrains d'étude, ce qui nous
donne un total de 41 personnes enquêtées dont 15 de sexe
féminin.
59
4.4. Techniques et outils de collecte et d'analyse des
données
Les informations ont été recueillies à
partir de la combinaison de trois techniques de recherche à savoir la
technique documentaire, l'observation directe et les entretiens
semi-directifs.
4.4.1. Techniques de collectes des
données
4.4.1.1. Recherche documentaire
Divers documents écrits tels des ouvrages
publiés et des travaux de recherche ont été
consultés. Outre ces documents, nous avons consulté des textes
administratifs, des lois, des décrets et arrêtés portant
sur la question des programmes en particulier ou sur la mise en oeuvre des
réformes en général que ça soit au Niger ou dans
d'autres pays.
4.4.1.2. Entretiens semi-directifs
Lors de la phase de collecte des données, nous avons
privilégié, comme technique, les entretiens semi-directifs. Il
s'agissait de favoriser la production d'un discours de l'interviewé sur
les thèmes retenus dans le guide d'entretien. Au Ministère de
l'enseignement primaire, dans les trois ENI et les 6 écoles primaires
concernées par la recherche, nous avons réalisé au total
41 entretiens durant la période avril-juin 2013. Tous ces entretiens ont
été enregistrés, transcrits et analysés.
4.4.1.3. Observation directe
Les visites de classes nous ont permis d'effectuer des
observations directes en avril 2013, quand les
élèves-maîtres étaient en stage en
responsabilité dans les écoles.
Cette mesure avait pour but d'observer les
élèves-maîtres dans leur pratique de classe. Ce qui nous a
permis de constater les conditions dans lesquelles s'effectue ce stage et de
vérifier en même temps l'application de la démarche APC par
les stagiaires.
Les observations effectuées ont été
complétées par des entretiens avec les élèves.
4.4.2. Technique d'analyse des données :
l'analyse de contenu
Après la phase de collecte des données, nous
avons eu recours à l'analyse de contenu. Pour ce faire, nous avons
d'abord transcrit toutes les interviews que nous avons enregistrées,
ensuite nous avons élaboré une grille d'analyse à travers
laquelle ont été définies les catégories
thématiques en fonction desquelles le classement des différents
énoncés a été effectué. Enfin, nous avons
comptabilisé la fréquence d'apparition de chaque
catégorie
60
thématique à travers les énoncés.
C'est après tout cela que nous avons procédé à
l'interprétation des résultats.
Notons que nous avons élaboré deux grilles
d'analyse exploitées d'abord au niveau de la présentation des
résultats des entretiens et ensuite au niveau de l'analyse et
l'interprétation. La première grille est consacrée aux
thèmes communs et la seconde a pris en charge les thèmes
spécifiques. Chaque grille est structurée en trois colonnes
comportant les thèmes abordés, les catégories
thématiques et le nombre d'apparitions de chaque catégorie dans
les entretiens. (cf. annexe n° 1, pp. 128-129)
4.4.3. Outils de collecte des données
4.4.3.1. Guide d'entretien
Un guide d'entretien a été élaboré
pour chaque catégorie de personnes interviewées, ce qui fait un
total de sept (7) guides d'entretien. Chaque guide comprend un certain nombre
de thèmes. Chaque thème comporte à son tour des questions
principales à travers lesquelles ont eu lieu les échanges.
4.4.3.2. Grille d'observation
Pour mener à bien l'observation directe
effectuée lors des visites de classe, une grille a été
élaborée. Cette grille comporte les éléments
suivants : le nom du stagiaire, le lieu de stage, la date, la discipline, la
leçon au moment de l'observation, le début de l'observation, les
catégories d'observation, l'échelle de mesure et les commentaires
éventuels.
4.4.4. Matériel de collecte des
données
4.4.4.1. Caméra
Elle a servi au filmage des séances de leçons
présentées par les élèves-maîtres sur le
terrain de stage. A la fin de toutes les observations, nous avons
visionné à plusieurs reprises les films enregistrés, ce
qui nous a permis de compléter avec précision les
différentes grilles.
4.4.4.2. Magnétophone
Ce matériel a été utilisé pour
l'enregistrement des interviews que nous avions eues avec les personnes faisant
partie de notre échantillon. Ce sont ces interviews enregistrées
qui ont constitué le matériau qui a fait l'objet d'analyse.
4.5. Limites de l'étude
La première limite était liée à
l'ambition que nous avions affichée dès le départ par
rapport à cette recherche, qui était celle de mener nos
investigations dans toutes les ENI ou en
61
tout cas dans un grand nombre d'entre elles. Mais nous nous
sommes vite rendu compte de la difficulté d'un tel projet compte tenu
d'une contrainte de calendrier. D'abord, nos enquêtes de terrain ont
commencé vers fin avril, ce qui suppose qu'il est pratiquement difficile
de parcourir toutes les sept (7) ENI avant le début des grandes
vacances. Ensuite, lors de notre passage dans certaines d'entre elles, nous
avons trouvé que le stage en responsabilité avait
déjà pris fin. Cette situation ne nous a pas permis d'effectuer
toutes les observations prévues. En réalité, il n'y a que
dans les écoles primaires de la région de Maradi où nous
avons pu effectuer des visites de classe.
La deuxième limite est liée à
l'orientation méthodologique adoptée. En effet, après les
entretiens, nous nous sommes retrouvés avec un nombre important
d'interviews (jusqu'à 41) qu'il nous fallait transcrire manuellement
afin de pouvoir procéder à l'analyse de contenu. Cela nous a pris
beaucoup de temps. Si nous avions à notre possession, un logiciel de
traitement de ces types de données, cela nous aurait permis de gagner
plus de temps.
62
CHAPITRE V: PRESENTATION DES RESULTATS
Dans ce chapitre, nous présenterons à la fois
les résultats des entretiens et ceux des séances
d'observation.
5.1. Résultats des entretiens
5.1.1. Opinions par rapport aux thèmes
communs
5.1.1.1. Insuffisance de ressources
financières
Pour la mise en oeuvre de la réforme des programmes
selon l'APC dans les ENI, il ressort à l'unanimité des propos des
directeurs centraux, des directeurs des ENI et des responsables de stage que
les ressources financières sont insuffisantes.
Ainsi, Monsieur A.M. (DFIC) décrit cette situation en
ces termes : « Les subventions que l'Etat leur accorde sont
insuffisantes et bien qu'elles soient des établissements à
caractère public et administratif (EPA), les ENI n'arrivent pas à
générer les ressources nécessaires pour leur bon
fonctionnement. Du coup, elles n'arrivent pas à faire face à
toutes les charges notamment la mise en oeuvre des activités de
formation, l'organisation des stages et le déplacement des encadreurs
».
De son côté, Monsieur S.B. (Directeur ENI)
déclare : « En ce qui concerne les ressources
financières, je crois que de mon point de vue, c'est là le point
de blocage. Vous ne pouvez pas espérer un bon enseignement quand vous
donnez trois millions (3 000 000 FCFA) par trimestre pour trois mille (3 000)
élèves-maîtres. Même pour payer les rames de papier,
c'est un problème ».
Pour Monsieur O.G. (Responsable de stage) : « Il y a
un problème de moyens surtout les moyens financiers et c'est pourquoi,
pour le choix des écoles devant accueillir les stagiaires, nous nous
sommes seulement limités à celles qui sont faciles d'accès
».
Sur la question des ressources financières, la plupart
des acteurs qui se sont exprimés ont souligné :
- que les subventions allouées aux ENI sont
dérisoires ;
- qu'il n'existe aucun critère de distinction entre ENI
dans l'allocation de ces subventions, c'est le même montant qui est
alloué à chacune des écoles normales du pays.
5.1.1.2. Insuffisance de ressources
matérielles
A travers les ressources matérielles, nous nous sommes
intéressés au matériel didactique et aux moyens
logistiques disponibles pour le transport des
élèves-maîtres et des encadreurs dans le cadre du stage.
63
Par rapport au matériel didactique, la
quasi-totalité des directeurs des études, des encadreurs, des
maîtres du primaire et des élèves-maîtres ont
souligné que les manuels selon l'APC font défaut, ce qui
constitue une contrainte à la mise en oeuvre de la réforme.
Monsieur L.K. (Directeur des études) exprime cela en
ces termes : « Ce qui manque, c'est ce qui doit sortir de la
production de la Direction des curricula, c'est-à-dire les manuels qui
doivent accompagner la mise en oeuvre de l'APC sur le terrain. C'est ça
qui manque, parce que jusque-là ce dont nous disposons, ce sont les
manuels qui relèvent de la PPO. C'est ça le frein ».
Monsieur H.A, l'un des neuf (9) encadreurs interviewés,
soutient la même idée, en affirmant : « Nous n'avons pas
la documentation nécessaire à l'APC, nous n'avons que nos modules
et le curriculum qui contient les compétences. Chaque encadreur se
débrouille pour faire ses recherches sur l'internet pour renforcer ses
capacités et pouvoir y faire face ».
Les enseignants du primaire partagent également cette
idée de manque de manuels selon l'APC. L'un d'eux, Monsieur H.H. affirme
: « Il y a les manuels qui manquent. Cette approche en l'introduisant,
elle devrait être suivie de quelques manuels pour nous guider ».
Monsieur M.M. (enseignant du primaire) ajoute :
« Le manque de manuels fait que les élèves-maitres, quand
ils viennent pour le stage, préparent comme ils veulent ».
Les élèves-maîtres interrogés ont
aussi souligné le même problème de manuels de
référence sur l'APC dans les écoles. Ainsi, Mlle N.F.
affirme : « Les manuels qui sont dans les écoles primaires sont
conçus selon la PPO et il se pose des difficultés quand il s'agit
de présenter des leçons selon l'APC ».
Pour les moyens logistiques, deux responsables de stage sur
trois affirment que les ressources matérielles (logistique pour
l'acheminement des stagiaires et des formateurs, kit pour les
élèves, ...) sont insuffisantes pour permettre une bonne
organisation des stages.
Cette insuffisance est d'abord soulignée par Monsieur
O.G., qui affirme : « Quand on prend le stage en responsabilité
où il faut placer les élèves au loin jusque dans les
écoles rurales, il faut alors suffisamment de moyens notamment la
logistique et quand on sait que l'ENI dispose de peu de véhicules, cela
constitue un véritable problème ».
Ensuite, Monsieur L.M. abonde dans le même sens à
travers cette déclaration : « Au niveau de mon école, il
y a énormément de problèmes à gérer
l'acheminement des stagiaires. C'est surtout le problème de moyens
logistiques, cette année rien que pour le stage en
responsabilité, il y a 1 312 élèves à envoyer dans
les écoles rurales en stage ».
Par contre le troisième responsable de stage ne
déclare pas d'insuffisance de moyens logistiques car l'école a
bénéficié dans ce sens de l'appui d'un partenaire.
64
En résumé, les contraintes au niveau des ressources
matérielles s'expliquent par :
- la non-disponibilité de manuels selon l'APC dans les
ENI et les écoles primaires ;
- l'insuffisance des moyens logistiques dans les ENI pour
l'acheminement des élèves-
maîtres à leurs lieux de stage.
5.1.1.3. Insuffisance de ressources
humaines
Sur le plan des ressources humaines, il ressort
essentiellement deux aspects : l'aspect quantitatif portant sur les effectifs
du personnel et l'aspect qualitatif portant sur l'adéquation du profil
des encadreurs par rapport à leur mission d'encadrement.
Concernant le premier aspect, la majeure partie des
interviewés (directeurs centraux, directeurs des ENI, directeurs des
études) a déclaré que les ressources humaines sont
insuffisantes. Ce problème se pose notamment au niveau du personnel
d'encadrement (les formateurs dans les ENI) et du personnel d'appui (gardiens,
manoeuvres, chauffeurs, etc.). Dans la catégorie des directeurs des ENI,
Monsieur B.M. estime que dans son école : « Le personnel
d'appui est vieillissant, les gardiens, les manoeuvres. Quand ils partent
à la retraite, ils ne sont pas remplacés. Présentement,
nous n'avons pas de gardien, c'est un gardien bénévole que nous
avons et que nous supportons sur les ressources de l'école
».
Un des directeurs des études Monsieur A.T. affirme de
son côté : « Si on prend l'exemple de cette année,
nous avons géré toutes options confondues au de-là de 2
500 élèves-maîtres et l'encadrement a été
assuré par 44 formateurs. Faites le ratio, on comprend que la
qualité ne sera pas au rendez-vous s'il faut s'en tenir à
ça. De manière concrète l'insuffisance des encadreurs fait
que le volume horaire n'est même pas respecté par activité
».
Quant au deuxième aspect (l'adéquation du profil
des encadreurs), les mêmes interviewés ont, cette fois-ci,
à l'unanimité soutenu que le profil du personnel d'encadrement
pose problème parce qu'il n'est pas adapté. Les
déclarations suivantes confirment ce point de vue :
Pour Monsieur AM (DFIC) : « Les ENI ont les
ressources qu'il faut, peut-être que les formations reçues ne sont
pas adaptées».
Monsieur K.C. (directeur ENI) abonde dans le
même sens en s'interrogeant : « Du point de vue de la
qualité, lorsque vous regardez la configuration du personnel de l'ENI,
on n'a pas l'impression que c'est un personnel spécialisé. C'est
vrai, nous avons plusieurs catégories d'enseignants qui viennent
à l'ENI pour enseigner. Mais est-ce qu'être enseignant à un
niveau donné suffirait pour être un bon formateur à l'ENI
» ?
65
En résumé pour les différentes
catégories ayant répondu à la question portant sur les
ressources humaines, les contraintes évoquées se justifient par
le fait que :
- les formations données aux encadreurs sont insuffisantes
;
- le profil des encadreurs n'est pas adapté ;
- le personnel d'appui (gardien, manoeuvres, chauffeurs, etc.)
est non seulement vieillissant mais également en nombre insuffisant.
5.1.1.4. Environnement pédagogique peu
approprié des écoles primaires
Par environnement pédagogique des écoles
primaires, nous entendons l'ensemble constitué des
éléments suivants : le matériel pédagogique et
didactique, la formation continue dont bénéficient les
enseignants dans le domaine de l'APC, l'approche pédagogique dominante
et les pratiques pédagogiques qui en découlent.
Cette question a été abordée avec les
directeurs des études, les responsables de stage, les encadreurs, les
maîtres des écoles primaires et les
élèves-maîtres. La totalité des personnes
interviewées relevant de ces catégories, ont
déclaré que l'environnement pédagogique des écoles
primaires est peu favorable à l'application de l'APC.
Pour l'un des directeurs des études, Monsieur A.T., le
problème se pose en ces termes : « D'abord en prenant en compte
la pléthore des élèves, il n'est pas rare de trouver 70
à 80 élèves dans la classe où
l'élève-maître effectue son stage. Le temps est aussi
très insuffisant vu le nombre de stagiaires à encadrer. La
deuxième difficulté, c'est par rapport aux maîtres
d'accueil. Compte tenu de la manière dont ils sont recrutés, il
n'est pas rare de trouver un maître d'accueil sans formation initiale.
Qu'est-ce qu'il va donner comme encadrement à l'endroit des stagiaires ?
Étant donné que lui-même n'a reçu aucun bagage
pédagogique ».
Monsieur I.G. (responsable de stage) donne sur la même
situation les explications suivantes : « Les enseignants de
l'école primaire n'ont pas reçu une formation adéquate
selon les principes de l'APC. Au niveau de l'école normale, c'est cette
approche qui est en vigueur , · ce qui fait que nos
élèves quand ils vont en stage dans les différentes
écoles, ils rencontrent des problèmes dans la mise en oeuvre de
la nouvelle démarche. Souvent, il se trouve dans les classes des
maîtres qui n'ont même pas de formation initiale , · ce qui
fait que sérieusement, nous avons un problème auquel il faut
trouver des solutions ».
Pour sa part, Monsieur A.F. (Encadreur) déclare ce qui
suit : « il y a un sérieux problème, nous demandons
à des maîtres titulaires32 d'accompagner nos
élèves-maîtres dans
32 On appelle maîtres titulaires, les enseignants qui sont
déjà engagés à la Fonction publique contrairement
aux
66
leurs classes, or il se trouve que souvent ce titulaire
chargé d'accompagner cet élève-maître n'a même
pas de formation initiale et même s'il a la formation initiale,
peut-être qu'il n'a pas de formation en APC ». Il ajoute
également : « L'autre problème, souvent, c'est
même au niveau des chefs d'établissement. Facilement vous allez
trouver un directeur d'école qui dit non, non. Moi, dans mon
école, on n'applique pas l'APC. Dans ce cas, les élèves
sont contraints d'abandonner l'APC au profit de la PPO ».
S'exprimant aussi sur la question de la formation reçue
en APC, les enseignants du primaire interviewés énoncent les
affirmations suivantes :
Selon Monsieur 11.11. : « La formation est
insuffisante, c'est pourquoi nous disons que c'est une imprégnation. On
s'est juste imprégné de cette approche-là ».
Pour sa part, Monsieur M.B. soutient : « Une seule
formation reçue lors des CAPED ; vraiment c'est ça le
véritable problème car une seule formation pour une approche,
vraiment, ce n'est pas facile ».
L'insuffisance de la formation selon l'APC dans les
écoles primaires explique donc en grande partie la non-appropriation de
l'innovation évoquée par les enseignants dans leurs
déclarations.
Ainsi, Monsieur M.B. exprime cette situation en ces termes :
« Comme je ne maîtrise pas la démarche, il me serait
difficile d'encadrer les stagiaires ».
Un autre enseignant, Monsieur B.S. déclare : «
Même au niveau des encadreurs pédagogiques, l'APC n'est pas
approfondie à plus forte raison au niveau des enseignants
».
Par rapport à l'environnement pédagogique des
écoles primaires, les contraintes les
plus citées par les différentes catégories
interviewées sont:
- le manque de manuels de référence ;
- le manque de formation continue des enseignants en l'APC ;
- le manque de formation initiale pour certains enseignants
contractuels ;
- le chevauchement des deux approches (APC et PPO) dans les
écoles ;
- le refus opposé aux stagiaires par certains chefs
d'établissement pour l'application de
l'APC ;
- le manque de connaissances sur l'approche ;
- les difficultés à pratiquer la démarche
;
- l'absence de l'esprit APC dans les écoles primaires,
terrain d'application de
l'approche ;
autres enseignants qui se trouvent dans le système du
contrat
67
- les difficultés dans l'encadrement des stagiaires selon
l'APC. - la pléthore des élèves dans les salles de
classe.
5.1.1.5. Fonctionnalité des Unités
Pédagogiques (UP)
Sur cette question, les avis sont partagés : d'une part
les groupes des directeurs des études et des encadreurs soutiennent que
les unités pédagogiques sont fonctionnelles et d'autre part le
groupe des directeurs des ENI soutient le contraire.
Au niveau des deux premières catégories,
Monsieur A.T. (directeur des études) affirme : « En termes de
fonctionnalité des unités pédagogiques, ce que j'appelle
les réunions intra UP, il y a des réunions ordinaires et des
réunions extraordinaires ».
Dans le même sens, Monsieur G.D. (Encadreur)
déclare : « Je suis satisfait au niveau de mon UP, les
activités marchent convenablement car les différents membres
revoient ensemble les progressions qu'ils mettent en oeuvre et que
l'interrelation est de mise ».
Par contre, du côté des directeurs des ENI, on
estime que même si les UP ne sont pas fonctionnelles à
satisfaction, des efforts sont entrepris pour améliorer leur
fonctionnement. Ainsi, Monsieur K.C. déclare : « Nous sommes en
train de faire des efforts, pour organiser les collègues, nous avons
mobilisé les collègues pour au moins créer physiquement
les UP, pour que les gens se trouvent au moins au niveau des UP ».
Néanmoins, il convient de souligner au sujet des
unités pédagogiques, que la tenue de réunions ordinaires
et extraordinaires ne suffit pas à déterminer avec
précision leur fonctionnalité. Pour cela, seuls des
critères précis sur la régularité des
réunions, les thèmes traités au cours de ces
réunions, les décisions prises et appliquées peuvent
permettre de tirer des conclusions valables relativement à cette
fonctionnalité.
5.1.1.6. Non-effectivité de
l'interdisciplinarité
Contrairement à la fonctionnalité des
unités pédagogiques, la grande majorité des directeurs
généraux, des directeurs des études et des encadreurs
affirme que l'interdisciplinarité n'est pas effective dans les ENI.
Dans le groupe des directeurs généraux, Monsieur
K.C estime que : « Pour le moment, il y a des débats qui
demandent à être soutenus, à être
développés pour que l'interdisciplinarité soit une
réalité ».
S'exprimant à son tour, Monsieur S.B. (directeur ENI)
estime qu'il s'agit : « de sensibiliser aussi les encadreurs pour
qu'ils acceptent ça (l'interdisciplinarité), il faut les assurer
que ce n'est pas de la peine perdue et que c'est une bonne chose
».
68
En plus, au niveau des directeurs des études, Monsieur
L.K soutient cette idée de façon un peu plus nuancée :
« C'est pour ça que je vous dis que c'est la dose, on ne peut
pas dire que l'interdisciplinarité est absente mais elle n'est pas
suffisante. C'est ça le problème. Nous vivons l'esprit de l'APC,
il est à quel degré, c'est le dosage qui fait l'objet d'une
interprétation diverse ».
S'exprimant sur la même question, Monsieur G.D.
(encadreur) annonce aussi ce qui suit : « Maintenant, le
problème qu'il faut souligner au passage, c'est
l'interdisciplinarité ; à ce niveau le problème que
j'entrevois, c'est réel aussi, c'est surtout avec l'UP sociologie avec
laquelle on partage un certain nombre de thèmes. On fait un doublon
».
Pour sa part, Monsieur S.T. (encadreur) déclare ce qui
suit : « Par rapport à l'interdisciplinarité, c'est un
problème. Les unités pédagogiques ne se réunissent
que très rarement. Juste à la rentrée, on fait le premier
contact et c'est tout ».
Sur la question de l'interdisciplinarité dans les ENI, les
contraintes soulignées
s'expliquent par :
- la rareté des rencontres ;
- Insuffisance du suivi ;
- le problème de nomination de directeur des études
;
- la reprise des mêmes thèmes par certaines
unités pédagogiques (doublon).
5.1.1.7. Insuffisance du suivi-accompagnement de la
réforme
Le suivi-accompagnement de la réforme relève de
la responsabilité des directions centrales du Ministère.
Cependant, dans les faits, ce suivi n'est pas correctement assuré. Les
catégories des personnes questionnées sur ce sujet à
savoir les directeurs des ENI, les directeurs des études et les
encadreurs ont, à l'unanimité, souligné que pour le
moment, ce suivi n'est pas efficace.
A ce sujet, Monsieur K.C. argumente en ces termes : «
Pour que ce suivi soit efficace, il faut que les accompagnateurs soient
à la hauteur de l'exigence de l'accompagnement parce que
pédagogiquement pour pouvoir accompagner quelqu'un, il faut être
un peu au-dessus de lui intellectuellement parlant. Mais lorsque vous prenez
quelqu'un qui doit accompagner, qui a le même niveau que celui qu'il doit
accompagner, je ne dis pas que ce n'est pas possible, mais ça pose
parfois problème ».
Parlant de certains membres du pool de formateurs
(ceux qui sont chargés d'assurer le suivi-accompagnement), Monsieur
A.T. affirme : « Une fois sur le terrain en présence de
certains encadreurs, l'insuffisance est là, elle est manifeste. Il n'est
pas rare de trouver un
69
accompagnateur dans une situation vraiment inqualifiable
face à des difficultés réelles. Imaginez quelqu'un qui
vient devant des inspecteurs d'enseignements, des chargés
d'enseignement33 et qui sèche pédagogiquement
».
De son côté, Monsieur G.D. renchérit en
ces termes : « Les formateurs quand ils viennent, ils disent qu'ils
sont venus pour l'accompagnement, mais en réalité, ils observent
et ça s'arrête là, puisque l'encadreur qui est censé
être accompagné a le même profil. Il a peut-être
même plus de compétences que celui qui est venu pour
l'accompagner, parce que je vous rappelle que parmi les encadreurs des ENI, il
y en a qui ont des dizaines d'années de pratique, d'expériences
et cela compte ».
Quant à T.H., il s'interroge en ces termes : «
Là, je suis vraiment désolé. Par rapport au suivi que le
Ministère fait dans les ENI, c'est vraiment un suivi vain. Il ne sert
à rien. Il n'y a pas de compétences. Les gens ne sont pas
sérieusement suivis. Il faudrait qu'on sente la présence, mais
quand tu doutes même des compétences de l'accompagnateur, comment
est-ce que tu peux être sérieux dans ce que tu fais »
?
En résumé, selon les opinions des
différentes catégories interviewées sur le suivi de la
réforme, les contraintes qui entravent cette
activité sont :
- le niveau de qualification des membres du pool des formateurs
qui n'est pas plus élevé
que celui des encadreurs ;
- le manque de compétences pour assurer ce suivi ;
- la non-régularité dans le suivi ;
- le manque de formation pour certains accompagnateurs ;
- la longue expérience des encadreurs dans les ENI
d'où la nécessité que ce suivi soit
aussi assuré par des personnes expérimentées
aussi.
5.1.2. Opinions par rapport aux thèmes
spécifiques
5.1.2.1. Raisons du choix de l'option
pédagogique
Au Niger, il y a l'APC actuellement mise en oeuvre dans les
ENI et l'APS qui est l'approche que les autorités ont finalement retenue
pour l'ensemble du système éducatif. Chacune de ses deux
approches a ses partisans et ses détracteurs.
Les arguments justifiant le choix de l'APC se
réfèrent aux limites de la PPO et au progrès de la
science.
33 Un chargé d'enseignement est un
fonctionnaire de l'Etat recruté sur la base de la licence ou la
maîtrise (ou un autre diplôme équivalent) pour servir dans
le domaine de l'éducation ou de la formation.
70
Ainsi selon Monsieur A.M. (DFIC) : « La
pédagogie comme toute autre science évolue, la PPO a fait son
temps mais elle a aussi montré ses limites, ce qui fait qu'elle doit
être remplacée par d'autres approches plus porteuses
».
Quant au choix de l'Approche par les situations, l'argument
majeur se réfère au constat d'échec de l'APC en
expérimentation dans plusieurs pays. Ainsi, pour Madame R.B. (DCIP) :
« En 5, 6 ans, les choses ont évolué et tirant les
leçons des échecs des autres pays par rapport à l'APC, les
autorités nigériennes ont choisi d'opter pour
l'APS».
Il ressort donc des propos des directeurs nationaux
concernés une divergence importante sur l'appréciation des
différentes approches (APC et APS).
Dans ce sens, le défenseur de l'APC, Monsieur A.M.
(DFIC) affirme ce qui suit : «l'APC triomphera parce qu'elle est
déjà implantée. Dans toute la sous-région, c'est
l'APC, on ne peut pas échapper. L'APC s'imposera. Toute reforme à
ses petits problèmes par ci par là, je suis convaincu que l'APC
va s'imposer, c'est l'ère du temps et surtout dans notre
sous-région ».
Tel n'est pas le point de vue de Madame R.B. (DCIP) qui se
positionne pour la deuxième approche (APS) : « On ne peut pas
faire les programmes d'études des ENI tant qu'on n'a pas le programme
d'étude du primaire, parce que les enseignants qui vont sortir vont
enseigner dans le primaire, donc, il faut qu'il ait ces programmes-là.
Il y a beaucoup d'insuffisances par rapport aux programmes d'études
selon l'APC des écoles normales. Ils disent (parlant de la DFIC) que
c'est l'APC. Nous, à notre avis ce n'est pas tellement l'APC
».
De là, on comprend aisément que les deux
Directions n'ont pas les mêmes positions par rapport au choix de l'option
pédagogique pour la réforme. Cette contradiction au niveau
décisionnel le plus élevé quant à l'approche
à appliquer a conséquemment de répercussions sur la
pratique de l'APC sur le terrain.
5.1.2.2. Divergences au sujet de la tutelle du suivi
de la réforme
Concernant la tutelle du suivi de la réforme, il est
aussi apparu des divergences dans les points de vue des directeurs centraux
concernés, c'est-à-dire le directeur de la formation initiale et
continue (DFIC) et la directrice des curricula et de l'innovation
pédagogique.
Par rapport au suivi de la mise en oeuvre de la
réforme, au niveau de la Direction de la Formation Initiale et Continue
(DFIC), on pense qu'il est effectif à travers une équipe mise en
place appelée pool de formateurs nationaux. Dans ce sens,
Monsieur A.M. affirme : « Les
71
membres du pool des formateurs ont accompagné les
encadreurs dans la mise en oeuvre de l'APC, ils ont produit beaucoup de
documents et ils sont allés sur le terrain pour former ces enseignants
à l'utilisation des documents produits ».
Par contre, Mme R.B. (DCIP) estime que, par rapport à
la tutelle du suivi de la réforme, il s'est posé un
problème de prérogative. Elle exprime cela en ces termes :
« C'est la Direction de la Formation Initiale et Continue (DFIC) qui
était embarquée dans cette réforme, pourtant il y avait
une Direction des curricula ».
5.1.2.3. Difficultés de l'application de l'APC
lors des stages terrain
Du point de vue de la grande majorité des neufs (9)
élèves-maitres interviewés, l'application de l'APC lors du
stage comporte des difficultés majeures.
Dans les propos de Mlle N.F., il ressort cette affirmation :
« C'est l'APC que nous appliquons mais pas
dans toutes les leçons parce que dans certaines leçons, c'est
difficile de le faire ». Pour sa part, Monsieur M.M. s'exprime en ces
termes : « Nous appliquons la démarche qu'on nous a apprise
mais si le titulaire nous dit que leurs élèves ne comprennent
pas, nous sommes obligés d'abandonner notre démarche (APC) pour
adopter la leur ».
Monsieur A.M. déclare de son côté :
« Nous-mêmes on n'a pas tellement compris ça
(APC)».
En résumé, les contraintes liées à
l'application de l'APC par les élèves-maîtres lors du
stage sont dues :
- aux difficultés d'application de l'APC dans toutes les
leçons ;
- à l'insuffisance de l'encadrement de la part des
maîtres d'accueil qui ne maîtrisent pas
l'APC ;
- au problème de compréhension de la
démarche ;
- à la non-maîtrise des situations-problèmes
;
- au refus opposé par les chefs d'établissement
pour l'application de la nouvelle
démarche qu'est l'APC.
5.1.2.4. Insuffisance du suivi de proximité
assuré par le directeur des études
Le suivi de proximité ou suivi interne relève de
la responsabilité du directeur des études. Son but est de
s'assurer de la bonne exécution des activités pédagogiques
dans les salles de classe. Cependant, dans les faits, ce suivi présente
beaucoup d'insuffisances.
Les directeurs des études et les encadreurs qui ont
répondu à cette question ont tous confirmé les
difficultés rencontrées dans l'exécution de cette
activité.
72
D'abord au niveau de la catégorie des directeurs des
études, Monsieur L.K. affirme : « Notre passage dans les
classes en qualité de directeur des études est très
souvent mal perçu par certains encadreurs, mal perçu parce que
nous n'avons pas la qualification d'inspecteur ; nous sommes directeurs des
études et il n'y a aucun papier, aucun texte qui nous autorise à
agir en inspecteur ».
Quant à Monsieur L.K., Monsieur A.T., il argumente dans
le même sens : « Le suivi des activités dans les classes
est effectué pour dissuader. Il n'a pas un rôle purement
pédagogique parce que le directeur des études n'est pas
suffisamment outillé pour être à l'aise face à une
situation d'accompagnement des différents encadreurs ».
Dans la catégorie des encadreurs, Monsieur G.D.
souligne : « Un directeur des études, il faut qu'il soit
capable de comprendre de manière transversale tout ce qui se passe du
point de vue académique, pédagogique et didactique et même
du point de vue de la programmation. Il faut qu'il soit à même de
tout comprendre. Quelle que soit sa qualification, le poste nécessite
des formations assez rapprochées et assez denses ».
Enfin un autre encadreur, Monsieur H.A., ajoute : «
Le directeur des études a le profil, il a les compétences mais le
problème, c'est qu'il y a aussi la question du temps. L'aspect
administratif prend le dessus sur l'aspect pédagogique ».
Concernant le suivi de proximité, les contraintes se
résument aux points suivants :
- manque de qualification des directeurs des études pour
la tâche;
- insuffisance des textes en la matière;
- manque de temps ;
- caractère peu convaincant de ce suivi.
5.1.2.5. Difficultés du suivi des
élèves-maîtres en situation de stage
La question du suivi des stagiaires dans les écoles
primaires n'est pas sans lien avec les ressources matérielles et
financières. Du point de vue de la grande majorité des
responsables de stage, la rareté des ressources matérielles et
financières fait que certaines activés programmées dans le
cadre du stage ne sont pas réalisées.
Pour O.G., « Quand on envoie les élèves
en stage, normalement, il y a deux suivis. Le suivi conseil et le suivi
évaluation mais faute de moyens financiers, un seul est
réalisé ».
De son côté, L.M., explique que le nombre de
jours programmés pour le suivi et l'évaluation des stagiaires est
de plus en plus réduit, ce qui fait que les normes d'encadrement
prévues par les textes ne sont pas respectées par les encadreurs.
La déclaration suivante confirme son propos : « L'encadrement,
cette année a causé énormément de problème.
Le
73
ratio d'un encadreur c'est trois (3) élèves
par jour à encadrer mais compte tenu des moyens qui sont très
difficiles, on va jusqu'à 5, 6 élèves-maîtres par
jour. Ça a été un calvaire le problème de moyens
cette année ».
Toutefois, dans l'une des trois ENI qui constituent notre
terrain d'étude, le suivi des élèves-maîtres en
situation de stage est correctement assuré. Ainsi, Monsieur I.G. assure
que dans son ENI, en plus du suivi-conseil et du suivi-évaluation, le
suivi-administratif est assuré et que le ratio de trois
élèves-maîtres par jour à encadrer est
respecté. Aussi, ajoute-t-il, pour des jours comme mercredi où on
travaille uniquement dans la matinée, un encadreur évalue tout au
plus deux élèves-maîtres. Il explique cette situation
favorable par l'appui financier reçu de la part du partenaire
financier.
Les maîtres d'accueil doivent aussi suivre et encadrer
les stagiaires mais sur ce point, la grande majorité
d'élèves-maîtres interviewés a aussi soutenu que cet
encadrement présente beaucoup d'insuffisances.
Dans ce sens, Monsieur M.A. affirme : « Cet
encadrement est insuffisant ».
Quant à Monsieur S.S., il dit : « Il y a parmi
les titulaires qui ne corrigent même pas les erreurs des stagiaires quand
ceux-ci dispensent les cours ».
Par contre, une minorité de ces stagiaires soutient que
leur stage est même bénéfique pour les maîtres
d'accueil qui apprennent à travers eux l'APC. Mlle N.F. confirme cette
idée en ces termes : « Quand nous appliquons l'APC les
titulaires apprennent avec nous. Parfois, ils posent même des questions
».
En résumé, les contraintes liées au suivi
des élèves-maîtres en situation de stage
s'expliquent par :
- l'insuffisance des ressources matérielles et
financières ;
- le non-respect du ratio de trois (3)
élèves-maîtres à suivre et à évaluer
par jour ;
- l'insuffisance du nombre de jour prévu pour le
suivi-évaluation des stagiaires ;
- la non-effectivité de tous les types de suivi (suivi
administratif et suivi conseils et
suivi-évaluation) ;
- l'insuffisance de l'encadrement de la part des maîtres
d'accueil.
5.1.2.6. Difficultés de l'évaluation des
compétences des élèves-maîtres
L'évaluation des compétences des
élèves-maîtres à l'issue des activités
d'enseignement-apprentissage continue à poser des problèmes dans
les ENI. Pour la majeure
74
partie des Directeurs des études et des encadreurs
interrogés sur la question, les compétences ne sont pas
évaluées, ce sont plutôt les ressources qui font l'objet
d'évaluation.
Monsieur S.A. (Directeur des études) constate qu' :
« Actuellement, que ça soit
l'évaluation faite en classe ou aux examens, les compétences ne
sont pas évaluées. Ce sont les ressources qui le sont ».
Il continue : « Après cinq années de mise en oeuvre
des programmes selon l'APC, normalement les encadreurs devraient être en
mesure d'évaluer les compétences et pas seulement les ressources
».
Sur la même question, un des encadreurs, Monsieur A.I.
déclare : « Le principal facteur qui bloque l'évaluation
des compétences, c'est l'absence de l'interdisciplinarité car ce
n'est pas une seule UP qui doit évaluer les compétences. Pour
aller vers l'évaluation des compétences, les différentes
UP doivent se retrouver dans le cadre de l'interdisciplinarité
».
Toutefois, parmi une infime partie des encadreurs qui a
avoué que les évaluations portent sur les compétences,
Monsieur G.D. a évoqué que pour sa part, le plus souvent, les
évaluations qu'il fait, ressemblent à des
situations-problèmes et à des situations d'intégration.
Sur l'évaluation des compétences, les
problèmes les plus évoqués par les deux
catégories (Directeurs des études et encadreurs)
sont les suivants par ordre de fréquence de
citation :
- l'absence de l'interdisciplinarité ;
- l'insuffisance de formation continue ;
- les effectifs pléthoriques des
élèves-maîtres dans les classes ;
- le curriculum qui n'est pas encore stabilisé.
5.1.2.7. Manque d'évaluation de la
réforme
S'agissant de la question de l'évaluation de la
réforme, tous les directeurs centraux et les directeurs de ENI ont
reconnu à l'unanimité que depuis le début de sa mise en
oeuvre en 2008, jusqu'à cette date, la réforme n'a
jusque-là fait l'objet d'aucune évaluation. En lieu et place
d'une évaluation en bonne et due forme, tout ce qu'il y a eu, ce sont
des discussions informelles, verbales pour dire qu'ici ça marche, ici
ça ne marche pas.
L'un des directeurs centraux, Monsieur A.M. déclare :
« Nous avons toujours accompagné les
encadreurs sur le terrain pour voir comment ils mettent en oeuvre l'APC, mais
faire une évaluation pour dire voilà ce que l'APC a donné,
non et Dieu seul sait qu'il y a des difficultés. On n'a jamais senti la
nécessité d'évaluer, les problèmes sont là
mais vraiment, je ne peux pas vous dire pour quoi on n'a pas pensé
à évaluer cette mise en oeuvre ».
75
Monsieur K.C. (Directeur ENI) confirme cet état de fait
en ces termes : « Au Niger, une réforme n'est jamais
évaluée, demain on va vous dire que c'est une autre qui commence
».
5.1.3. Synthèse récapitulative des opinions
des interviewés
La synthèse récapitulative des opinions de tous les
interviewés fait ressortir les contraintes
majeures que nous présentons ci-dessous en
commençant par celles qui sont les plus citées
dans les différents entretiens réalisés :
? Insuffisance des ressources
matérielles
Cette insuffisance est illustrée par :
- le manque de manuels, de guides de préparation, du
matériel didactique selon l'APC et
de livres pour élèves ;
- l'insuffisance des moyens logistiques pour le transport des
élèves et des encadreurs
pendant la période du stage.
? Environnement peu favorable des écoles
primaires
Cette situation s'explique par :
- le chevauchement des deux approches ;
- l'insuffisance de la formation continue en APC pour les
maîtres d'accueil ;
- le manque de manuels selon l'APC ;
- la pléthore des élèves dans les classes
;
? Insuffisance des ressources financières, dues
à
- l'insuffisance des subventions accordées par l'Etat.
? Inefficacité du suivi-accompagnement de la
réforme
Les points suivants expliquent cette contrainte :
- la non-adaptation du profil des accompagnateurs ;
- le manque de compétences des accompagnateurs;
- la non-régularité dans le suivi.
? Non-effectivité de
l'interdisciplinarité
Cette contrainte est mise en exergue par :
- la rareté des rencontres ;
- le problème de nomination des directeurs des
études
- la reprise des mêmes thèmes par certaines UP ;
- la non-harmonisation des évaluations.
·
76
Insuffisances des ressources humaines, dues à
- l'insuffisance d'encadreurs et du personnel d'appui.
· Inadaptation du profil des encadreurs car
- la formation de base ne cadre pas avec l'emploi.
· Insuffisance du suivi de proximité
assuré par le directeur des études
Cette insuffisance s'explique par :
- l'insuffisance dans les textes ;
- le manque de temps pour les directeurs des études ;
- l'insuffisance dans la formation des directeurs des
études.
· Compétences non
évaluées
- l'évaluation porte surtout sur les ressources.
· Manque d'évaluation de la
réforme
· Démarche APC non maitrisée sur
le terrain, due à - l'insuffisance de la formation continue
;
· Encadrement des maîtres d'accueil
insuffisant car - ne maîtrisant pas eux-même la
démarche.
· Fonctionnalité des UP : avis
partagés
- pour les DG des ENI, les UP ne sont pas fonctionnelles ;
- alors que pour les directeurs des études et les
encadreurs, les UP sont fonctionnelles.
5.2. Résultats des séances
d'observation
Afin de confronter les informations recueillies auprès
des élèves-maîtres à celles des maîtres
titulaires à travers les entretiens, nous avons effectué quelques
visites de classe au moment où les élèves-maîtres
étaient en stage. Cela nous a donné l'occasion de les voir en
situation réelle de classe et de constater par nous-mêmes les
démarches pédagogiques qu'ils privilégiaient dans les
classes et les difficultés auxquelles ils étaient
confrontés dans leurs pratiques de classe.
Au total, nous avons réalisé trois (3)
séances d'observation dans les disciplines de français et
mathématiques. Ces observations ont concerné les
présentations de trois (3) stagiaires. L'une des séances a
porté sur la présentation d'une leçon en français
et les trois autres ont concerné deux leçons en
mathématiques.
Nous présentons ci-dessous, les résultats de ces
observations
77
5.2.1. Résultats de l'observation de la
séance dirigée par Mme M.M.
Tableau n° 5 : Résultats de
l'observation d'une séance sur le tracé de segments à
l'aide d'une règle
Stagiaire : Mme M.M.
Lieu d'observation : école Soura Sarkin
Galma
Classe : CE1
Maître/Maîtresse d'accueil: Mme
A.I.
Discipline:
mathématiques/géométrie
Activité en cours : tracé de
segments à l'aide d'une règle
Date de visite : 9/4/2013
Objet observé : démarches
pédagogiques utilisées par le stagiaire
Début de l'observation : 9h 05
Fin de l'observation : 9h 41
|
Catégories
|
Etat d'exécution
|
Commentaires
|
Oui
|
Non
|
Enoncé de la compétence
|
|
x
|
|
Supports didactiques
|
x
|
|
Crayons, règles, papier, etc.
|
Constitution des groupes
|
|
x
|
|
Situation-problème
|
|
x
|
|
Exécution de la consigne
|
x
|
|
La consigne a été exécutée
individuellement par chaque élève
|
Brainstorming
|
x
|
|
|
Travail individuel
|
x
|
|
|
Travail de groupe
|
|
x
|
|
Jeu de rôle
|
|
x
|
|
Interaction élèves/élèves
|
|
x
|
|
Interactions élèves/enseignant
|
|
x
|
|
Restitution
|
|
x
|
|
Exploitation des productions
|
x
|
|
La maîtresse passe élève par
élève
|
Synthèse
|
|
x
|
|
Apports théoriques
|
|
x
|
|
Exercice de renforcement
|
x
|
|
|
Évaluation
|
x
|
|
Absence de tâches complexes
proposées aux élèves
|
Remédiation
|
|
x
|
|
Respect du temps imparti
|
|
x
|
Une bonne partie du temps imparti n'a pas été
exploitée (9 minutes)
|
N.B : la croix (x)
marquée au niveau des échelles indique la prise en
compte où non par le stagiaire de la catégorie dans le
déroulement de la leçon. Lorsque la croix est marquée dans
la colonne oui cela veut dire que cette catégorie est prise en compte
par le ou la stagiaire et lorsqu'elle se trouve dans la colonne non, c'est le
contraire. Cela est aussi valable pour les tableaux 6 et
7.
78
Le tableau n° 5 présente les
résultats de l'observation d'une leçon de mathématiques
dirigée par Mme M.M. sur une activité en géométrie
portant sur le tracé de segments à l'aide d'une
règle.
Tout au long de la séance, nous avons suivi la
stagiaire, à travers les démarches pédagogiques, les
techniques et les stratégies qu'elle met en oeuvre pour conduire sa
leçon, ce qui nous a donné une indication de l'approche
pédagogique (PPO ou APC) privilégiée.
Ainsi, les premiers constats effectués ont porté
sur l'énoncé de la compétence, la
situation-problème et le travail en groupe. A ce niveau nous avons
remarqué que l'énoncé de la compétence était
totalement absent de l'activité. La stagiaire ne faisait
référence à aucune compétence ni dans son cahier de
préparation ni lors de la présentation de la leçon, ce qui
n'est pas surprenant quand on sait que les élèves-maîtres,
même s'ils veulent enseigner selon l'APC sur le terrain de stage, la
première difficulté qui se pose à eux est l'absence d'un
référentiel de compétences officiel. Celui des
écoles primaires n'étant pas encore disponible. Toujours dans la
démarche adoptée par la stagiaire, la situation-problème
et le travail de groupe étaient également absents. Pourtant, ces
deux éléments sont aussi essentiels dans la mise en oeuvre de
l'APC.
Par ailleurs, d'autres éléments ont aussi retenu
notre attention. Il s'agit notamment de l'évaluation et de la
remédiation. Pour l'évaluation, nous avons constaté que la
stagiaire a évalué sa leçon mais, cette activité
importante ne s'était pas faite à travers une situation
d'évaluation. En plus, il faut noter que normalement à l'issue de
l'évaluation, des activités de remédiation auraient
dû être proposées aux élèves qui n'avaient pas
réussi la tâche proposée. Cet élément
était également absent de la démarche surtout que la
stagiaire disposait encore de 9 minutes pour le faire car leçon qui
aurait duré 45 minutes s'est déroulée en 36 minutes.
A travers cette séance d'observation, nous retenons que
Mme M.M. a plus privilégié l'ancienne approche,
c'est-à-dire la PPO car l'entrée dans l'activité ne
s'était pas faite à travers une situation-problème
proposée aux élèves qu'ils devaient traiter en faisant
appel à diverses ressources.
En plus, les activités de l'enseignante ont pris une
large part du temps au détriment des activités des
élèves et des interactions que ces activités pouvaient
susciter non seulement entre élèves/élèves mais
également entre élèves et enseignante.
79
5.2.2. Résultats de l'observation de la
séance dirigée par Mlle F.G.
Tableau n° 6 : Résultats de
l'observation d'une séance sur la conjugaison des verbes être et
avoir à l'imparfait de l'indicatif
Stagiaire : Melle F.G
Lieu d'observation : école Soura Sarkin
Galma
Classe : CE2
Maître/Maîtresse d'accueil: Mme
A.R.
Discipline: Français/Conjugaison
Activité en cours : conjugaison des
verbes être et avoir à l'imparfait de l'indicatif
Date de visite : 17/04/2013
Objet observé : démarches
pédagogiques utilisées par le stagiaire
Début de l'observation : 10h 46
Fin de l'observation : 11h 22
|
Catégories
|
Etat d'exécution
|
Commentaires
|
Oui
|
Non
|
Enoncé de la compétence
|
|
x
|
|
Supports didactiques
|
x
|
|
Phrases au tableau
|
Constitution des groupes
|
|
x
|
|
Situation-problème
|
|
x
|
|
Exécution de la consigne
|
x
|
|
|
Brainstorming
|
x
|
|
|
Travail individuel
|
x
|
|
|
Travail de groupe
|
|
x
|
|
Jeu de rôle
|
|
x
|
|
Interactions élèves/élèves
|
|
x
|
|
Interactions élèves/enseignant
|
|
x
|
|
Restitution
|
|
x
|
|
Exploitation des productions
|
|
x
|
|
Synthèse
|
x
|
|
Faible implication des élèves
|
Apports théoriques
|
|
x
|
|
Exercice de renforcement
|
|
x
|
|
Évaluation
|
x
|
|
Absence de tâches complexes
proposée aux élèves
|
Remédiation
|
|
x
|
|
Respect du temps imparti
|
|
x
|
Dépassement (6 minutes)
|
Le tableau n° 6 décrit les
résultats de la leçon de conjugaison présentée par
Melle F.G. sur l'imparfait de l'indicatif des verbes être et avoir. A ce
niveau également tout comme la leçon qui a porté sur le
tracé de segment, nous avons remarqué qu'il manquait
l'énoncé de la compétence et la
situation-problème.
Pour faire travailler les élèves, la stagiaire
s'est contentée de procéder par questions/réponses, en
privilégiant notamment le brainstorming. A travers la séance, le
travail de groupe n'a pas
80
été utilisé, ce qui fait que toutes les
consignes données ont été travaillées
individuellement par chaque élève. C'est cela qui n'a pas permis
de susciter une véritable interaction entre
élèves/élèves et entre
élèves/enseignante. Dans la phase d'élaboration de la
synthèse, la participation des élèves est restée
aussi faible et les apports théoriques et les exercices de renforcement
ont manqué. En plus, l'évaluation et la remédiation qui
devaient boucler la leçon n'ont pas été travaillées
même si par ailleurs, nous avons remarqué que la stagiaire s'est
donné un surplus de temps d'environ six (6) minutes par rapport au temps
imparti pour la leçon, c'est-à-dire trente (30) minutes.
Globalement pour cette séance de conjugaison, nous
concluons que la stagiaire a privilégié des démarches et
stratégies qui relèvent plus de la PPO que de l'APC parce que les
élèves n'étaient pas confrontés aux tâches
complexes, ce qui a limité leurs productions. L'enseignante s'est juste
contentée de transmettre aux élèves le contenu de la
leçon.
81
5.2.3. Résultats de l'observation de la
séance dirigée par Mr Z.A.
Tableau n° 7 : Résultats de
l'observation d'une séance sur le jeu de couleur (pratique du jeu)
Stagiaire : Mr Z.A.
Lieu d'observation : Garin Daouré
Classe : CE2
Maître/Maîtresse d'accueil: Mme
H.A.
Discipline: Mathématiques/Logique et
raisonnement
Chapitre : jeu de couleurs
Activité en cours : pratique du jeu
Date de visite : 19/4/2013
Objet observé : démarches
pédagogiques utilisées par le stagiaire
Début de l'observation : 8h 34
Fin de l'observation : 9h 29
|
Catégories
|
Etat d'exécution
|
Commentaires
|
Oui
|
Non
|
Enoncé de la compétence
|
|
x
|
|
Supports didactiques
|
x
|
|
Craie de couleur, boîtes de craie vides
|
Constitution des groupes
|
x
|
|
|
Situation-problème
|
|
x
|
|
exécution de la consigne
|
x
|
|
|
Brainstorming
|
x
|
|
|
Travail individuel
|
|
|
|
Travail de groupe
|
x
|
|
|
Jeu de rôle
|
x
|
|
|
Interactions élèves/élèves
|
x
|
|
|
Interactions élèves/enseignant
|
x
|
|
|
Restitution
|
x
|
|
|
Exploitation des productions
|
x
|
|
|
Synthèse
|
x
|
|
|
Apports théoriques
|
|
x
|
|
Exercice de renforcement
|
|
x
|
|
Évaluation
|
|
x
|
|
Remédiation
|
|
x
|
|
Respect du temps imparti
|
|
x
|
Dépassement (10 minutes)
|
Le tableau n° 7 donne les
résultats d'une leçon de mathématiques en logique et
raisonnement. Cette leçon présentée par Mr Z.A. a
porté sur le jeu de couleurs à travers une activité
où les élèves ont eu à pratiquer le jeu. Il ressort
de cette activité que même s'il manquait l'énoncé de
la compétence et la situation-problème, le stagiaire a
donné des consignes qui ont été travaillées par les
élèves en groupe. Ce qui fait dire que les autres étapes
consécutives au travail de groupe ont été
respectées, à savoir la restitution, l'exploitation des
productions et la synthèse. Tout au long de la séance,
l'interaction élèves/élèves et
82
élèves/enseignant était visible.
Toutefois, à ce niveau également, certains éléments
essentiels à l'APC à savoir les apports théoriques,
l'évaluation à travers des tâches complexes et la
remédiation n'ont pas été travaillés par le
stagiaire et cela malgré le dépassement de temps d'environ 10
minutes sur les 45 minutes prévues qui en a résulté.
En conclusion, pour ce stagiaire, on constate que l'esprit APC
est présent dans sa démarche mais la non-prise en compte de
certains éléments comme la situation-problème, les apports
théoriques, l'évaluation et la remédiation n'a pas permis
une mise en oeuvre effective de cette approche.
5.2.4. Synthèse récapitulative des
résultats des séances d'observation
Trois séances d'observation ont été
réalisées dans le cadre de cette étude. L'une a
porté sur une leçon de français et les deux
autres ont concerné deux leçons de mathématiques.
A l'issue de cette observation, les constats suivants se
dégagent :
- il manque un référentiel de compétences
officiel dans les écoles primaires, ce qui
suppose que l'application de la démarche APC ne se base
sur aucune compétence dans
les écoles primaires ;
- le matériel selon L'APC est quasi-inexistant ;
- la phase d'exploration n'est pas introduite à travers
des situations-problèmes ;
- dans l'enseignement-apprentissage, les stagiaires
privilégient la PPO à travers des
techniques telles le brainstorming, les
questions/réponses, le travail individuel ;
- le travail en groupe est peu utilisé ;
- les interactions entre élèves et enseignants sont
aussi faibles ;
- l'évaluation privilégiée par les
stagiaires est de type classique car elles ne se basent sur
aucune situation ;
- les activités d'évaluation ne sont pas suivies
d'activités de remédiation ;
- on constate un chevauchement de démarches
pédagogiques (PPO et APC).
83
? Comparaison de procédures de conduite de
leçon selon l'APC et la PPO Tableau n° 8 : Vue synoptique
de conduite de leçon selon l'APC et la PPO
Selon l'APC
|
Selon la PPO
|
Entrée par les classes de situations et les situations
pertinentes.
|
Entrée par les contenus disciplinaires
décomposés et hiérarchisés.
|
Recherche d'un traitement compétent de
situations basé sur les actions et
les expériences de l'apprenant.
|
Recherche d'une reproduction de
comportements observables basés sur la transmission
de contenus disciplinaires par l'enseignant.
|
Mobilisation d'une pluralité de ressources
(connaissances, habiletés, savoirs, savoir-
faire, savoirs d'expériences,
savoir-être, capacités, etc.) contextualisées et
intégrées.
|
Mobilisation d'un contenu monodisciplinaire morcelé,
enseigné pour lui-même.
|
Des connaissances et des compétences
construites par l'apprenant à travers ses propres
activités et expériences en situation.
|
Des contenus disciplinaires transmis par
l'enseignant, reproduit et restitués
par l'apprenant.
|
Evaluation à partir des tâches complexes en lien
avec la compétence visée.
|
Evaluation des ressources à travers une liste de
questions portant sur des savoirs et des savoir-faire.
|
Source : inspiré de JONNAERT Ph.,
ETTAYEBI M., DEFISE R. (2009). Curriculum et compétences, un cadre
opérationnel, Bruxelles, De Boeck Université, p. 74
L'approche par compétences et la pédagogie par
objectifs, sont deux approches qui utilisent des procédures
pédagogiques distinctes.
Dans l'APC, l'entrée dans les activités se fait
à travers une situation-problème proposée aux apprenants
et qu'ils doivent traiter en se basant sur leurs expériences et en
mobilisant diverses ressources. L'apprenant est alors appelé à
s'impliquer, à s'engager et à collaborer avec ses camarades pour
construire sa compétence. Dans ce sens, l'enseignant devient un guide,
un facilitateur.
Par contre, avec la PPO, il est souhaité de l'apprenant
la reproduction de comportements observables, basés sur la transmission
de contenus disciplinaires par l'enseignant.
84
En plus, en matière d'évaluation des
apprentissages, les deux approches procèdent différemment.
En APC, l'évaluation des compétences est
basée sur le traitement par les apprenants de tâches complexes en
lien avec la compétence visée alors que l'évaluation
à travers la PPO porte sur les ressources à travers une liste de
questions portant sur des savoirs et des savoir-faire. En fait, dans le premier
cas, l'évaluation est globale, dynamique et intégrée alors
que dans le second, elle est fragmentée et
désintégrée.
85
CHAPITRE VI : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
Après avoir présenté les données
du terrain, il s'agit maintenant d'analyser et d'interpréter les
résultats, c'est-à-dire leur donner un sens, une signification en
mettant en relief les facteurs déterminants au regard des
hypothèses formulées afin de les confirmer ou de les infirmer.
Il s'agit en fait de préciser la singularité ou
l'originalité des résultats obtenus au regard de notre cadre
théorique d'analyse.
6.1. Rappel du cadre théorique
d'analyse
Comme déjà exposé dans la
problématique et les théories explicatives, notre cadre
théorique de référence est le modèle
théorique de l'analyse systémique. C'est à travers ce
schéma que nous analysons la réalité de la mise en oeuvre
de l'APC dans les ENI afin de mettre en évidence
l'interdépendance des éléments qui contribuent à
l'atteinte des objectifs poursuivis par la réforme.
Ainsi, la théorie de système stipule qu'un
système entretient à la fois des liens internes entre les
éléments constitutifs et des liens externes avec d'autres
systèmes plus larges dont il est en interaction.
De ce fait, notre analyse porte sur les liens qui existent
entre l'innovation en cours dans les écoles normales et le
système éducatif dans son ensemble à travers le
Ministère de tutelle qui fournit les ressources et qui assure la
supervision, le suivi et l'évaluation de la réforme. Elle porte
aussi sur l'interdépendance entre le processus de la réforme dans
les ENI et l'environnement pédagogique au niveau des écoles
primaires.
Quand les liens sont suffisamment forts entre les
différents éléments du système, l'innovation peut
alors apporter le changement escompté. Par contre, lorsque les
connexions entre ces mêmes éléments sont faibles,
l'innovation a alors peu de chance d'apporter une amélioration
significative au niveau du système d'éducation dans son
ensemble.
6.2. Interprétation des résultats et
vérification des hypothèses 6.2.1. Vérification de
l'hypothèse 1
Les éléments de vérification de
l'hypothèse 1 sont les suivants :
6.2.1.1. Les ressources financières de la mise en
oeuvre de la réforme
Sur la question de la disponibilité des ressources
financières pour la mise en oeuvre de l'APC dans les écoles
normales, la plupart des responsables administratifs scolaires ont
confirmé leur insuffisance et les conséquences négatives
que cette situation entraîne pour les
86
différentes activités. Cette situation
dénote la faiblesse de l'engagement de l'Etat à financer la
réforme en cours, choisissant de laisser le terrain libre à
certains partenaires techniques et financiers.
Dans les ENI enquêtées, les principales sources
de financement sont constituées des subventions accordées par
l'Etat et des frais versés par les élèves-maîtres
inscrits à titre privé. Au titre de la subvention de l'Etat,
chaque ENI bénéficie de trois millions (3 000 000) FCFA par
trimestre et dans l'attribution de ce montant, aucune distinction n'est faite
de la taille et des besoins spécifiques de chacune des écoles
normales. Cette subvention est dérisoire car les effectifs
d'élèves à former sont élevés. La plus
petite de ces écoles enquêtées, celle de Tahoua, compte 844
élèves et celle de Maradi 2 405 élèves tandis que
l'ENI de Zinder abrite 2 641 élèves-maîtres.
Concernant le montant issu des inscriptions des
élèves, il sert juste au paiement des primes du personnel et
même à ce niveau, deux (2) de ces écoles sur les trois (3)
n'arrivent pas à satisfaire cette exigence.
Nous relevons donc que l'incapacité des ENI à
mobiliser d'autres ressources en dehors de celles données par l'Etat et
les partenaires constitue la principale difficulté qui fait que ces
institutions n'arrivent toujours pas à être autonomes sur le plan
financier.
En fait, la rareté des ressources financières a
véritablement affecté l'exécution des activités
nécessaires au bon fonctionnement des ENI.
Par exemple, s'agissant de la question centrale de
l'organisation des stages, le manque de moyens financiers conduit à des
déprogrammations dans les activités d'encadrement des stagiaires.
Cette contrainte entraîne le plus souvent la réduction du nombre
de jours nécessaires à l'exécution des activités
dans le but de faire face aux dépenses liées à la prise en
charge du personnel impliqué. Dans ces conditions, l'encadrement n'est
jamais fait dans les normes car le souci est de suivre et évaluer tous
les stagiaires dans le délai imparti.
Une autre conséquence engendrée par
l'insuffisance des ressources financières est la non-implication des
encadreurs du terrain (conseillers pédagogiques et inspecteurs) dans
l'organisation du stage et cela malgré que les textes l'exigent. Cette
situation constitue aussi un autre facteur qui a des répercussions
négatives sur la qualité de l'encadrement des
élèves-maîtres dans les écoles primaires.
La question des primes accordées au personnel des ENI
constitue aussi une préoccupation car non seulement certaines ENI
n'arrivent pas à faire face aux dépenses liées à
cette question mais aussi de plus en plus de voix s'élèvent au
niveau du personnel pour souligner l'insuffisance du montant accordé au
titre des primes. Alors, l'effet recherché à travers
87
l'institution de ces primes qui est celui de motiver le
personnel et de le maintenir dans les ENI peut ne pas être atteint.
Au regard de notre schéma théorique, il ressort
qu'un des éléments essentiels à savoir les ressources
financières n'entretient pas de connexions suffisantes avec les autres
éléments de l'ensemble pour permettre l'atteinte des objectifs de
la réforme.
6.2.1.2. Les ressources matérielles
Sur le plan du matériel didactique, la situation n'est
pas non plus favorable dans les écoles normales où les manuels
pour l'accompagnement de la mise en oeuvre des programmes selon l'APC sont
quasi inexistants.
Les seuls documents qui traitent de cette nouvelle approche
sont les modules ayant servi aux différentes formations reçues
par les encadreurs.
Pour la planification et l'exécution des cours, les
encadreurs adoptent plusieurs stratégies. L'une d'elles consiste
à se référer aux anciens documents conçus selon la
PPO qu'ils essaient d'adapter selon les exigences de l'APC.
Une autre stratégie relève selon leurs propres
termes de la débrouille. Ils essaient à travers
l'internet, de chercher les documents qu'ils peuvent exploiter dans le cadre de
leurs activités. Cette solution, comporte également beaucoup de
difficultés quand on sait que dans les ENI, l'accès à
l'internet pose de sérieux problèmes : vétusté ou
manque de matériel informatique, non maîtrise de l'outil
informatique par certains encadreurs, charges liées aux frais de
connexion difficilement supportables par les ENI, faute de moyens.
L'insuffisance de ressources pédagogiques
nécessaires influe inévitablement sur la qualité de
l'enseignement-apprentissage et le développement des compétences
des élèves-maîtres.
S'agissant des moyens logistiques, le problème se pose
avec plus d'acuité à l'ENI de Zinder qui n'a
bénéficié d'aucun appui d'un partenaire financier sur ce
plan, contrairement aux ENI de Tahoua et Maradi. Il en a résulté
des conséquences sur l'organisation des stages notamment le transport
des élèves dans leurs écoles de stage et le
déplacement des encadreurs pour le suivi et l'évaluation des
stagiaires.
Cette insuffisance des moyens logistiques dans les
écoles normales, contraint donc les chargés de stage à
placer les élèves-maîtres dans les zones faciles
d'accès (urbaines ou périurbaines) pour le stage en
responsabilité. Cette situation est contraire aux dispositions des
textes qui prévoient de ne retenir que les zones rurales dans le cadre
du stage en responsabilité, ce qui permettra aux futurs maîtres de
se familiariser à l'environnement socio-culturel du milieu de stage en
attendant la fin de leur formation pour y servir.
88
Les ressources matérielles, à travers leurs
faibles contributions au processus constituent également un
élément défaillant par rapport à notre
modèle d'analyse. Les liaisons que cette sous-composante entretient avec
les autres éléments ne sont pas assez solides pour permettre
à l'ensemble du processus de fonctionner sans contraintes majeures.
6.2.1.3. Les ressources humaines
Sur la question des ressources humaines, nous nous sommes
intéressés aux effectifs du personnel et au profil des
encadreurs.
D'abord du point de vue des effectifs, nos recherches ont
révélé que les écoles normales manquent de
ressources humaines suffisantes notamment le personnel d'encadrement et le
personnel auxiliaire. Cette situation n'est pas sans conséquences sur
les activités pédagogiques et l'exécution de certaines
tâches nécessaires au bon fonctionnement de
l'établissement. Il s'agit principalement de l'exécution des
cours dans les salles de classe, de l'encadrement des mémoires de fin
d'études, du suivi et de l'évaluation des
élèves-maîtres en situation de stage.
Il ressort clairement que les effectifs pléthoriques
des élèves-maîtres dans les écoles normales
constituent l'une des raisons pour lesquelles l'effectif des encadreurs
n'arrive pas à couvrir les besoins d'encadrement afin de satisfaire au
ratio encadreurs/élèves-maîtres. Alors pour y faire face,
parfois les directeurs des études procèdent soit à la
diminution du volume horaire par matière, soit à la reconversion
des encadreurs vers d'autres spécialités différentes de
leurs spécialités d'origine.
Pour expliquer le manque de personnel en quantité dans
les ENI, il est aussi évoqué le problème lié aux
affectations. Selon un des directeurs centraux, les directeurs des ENI
hésitent parfois à accepter les encadreurs qui sont
affectés dans leurs établissements car ils savent que
l'arrivée d'un encadreur entraîne un surplus de 40 000 FCFA par
mois au titre des primes mensuelles alors même que le paiement de ces
primes aux encadreurs déjà en poste devient de plus en plus
difficile.
Concernant le personnel auxiliaire, son manque se justifie
surtout, par le fait que, la grande majorité de ce personnel est
vieillissante et, quand l'un part à la retraite, il n'est pas
remplacé. Le recrutement à la Fonction Publique est de plus en
plus rare ces dernières années et constitue un véritable
casse-tête même pour les jeunes diplômés qui
possèdent une certaine qualification à plus forte raison pour un
personnel qui est parfois sans formation.
Le profil des encadreurs est aussi cité parmi les
contraintes en termes de ressources humaines de qualité dans les ENI. En
effet, selon les enquêtés, ce profil est peu adapté au
89
regard des missions d'encadrement des élèves.
Parmi les différentes catégories d'encadreurs, aucune n'a une
formation spécifique qui la destine à l'encadrement des futurs
maîtres. Ces catégories relèvent soit du domaine de
l'encadrement sur le terrain (formation continue), soit du domaine de
l'enseignement général.
A travers l'analyse, on constate que les ressources humaines
font aussi défaut dans les ENI. Ce qui constitue également une
entrave or, c'est la disponibilité en quantité et en
qualité de ces ressources qui permettra donc aux autres
éléments de l'ensemble tels les unités
pédagogiques, l'interdisciplinarité, le suivi des stagiaires,
l'évaluation des compétences des
élèves-maîtres, de fonctionner convenablement.
Malheureusement, sur ce point, il subsiste encore des insuffisances.
6.2.1.4. Déduction 1
A la lumière des données analysées dans
les points 6.2.1.1 à 6.2.1.3., nous constatons des
insuffisances notoires au niveau d'une des composantes essentielles du
dispositif systémique pour la mise en oeuvre des programmes selon l'APC
dans les ENI. En effet, les ressources, qu'elles soient financières,
matérielles ou humaines sont nettement insuffisantes dans les
écoles normales où nous avons mené nos investigations.
Partant de ces constats, nous pouvons dire que
l'hypothèse selon laquelle " Les contraintes de la mise en
oeuvre des programmes selon l'APC tiennent à une insuffisance de
ressources financières, matérielles et humaines dans les ENI "
est confirmée.
6.2.2. Vérification de l'hypothèse
2
A ce niveau, l'environnement pédagogique des
écoles primaires est l'élément de vérification de
l'hypothèse 2. Cet environnement pédagogique a été
analysé aussi bien à travers les résultats des entretiens
semi-directifs qu'à travers les résultats issus des observations
de pratiques de classe.
6.2.2.1. L'environnement pédagogique des
écoles primaires
? Résultats issus des entretiens
semi-directifs
A travers l'environnement pédagogique des écoles
primaires, nous avons mis en relief certains éléments qui le
caractérisent notamment le matériel pédagogique et
didactique, la formation continue dont bénéficient les
enseignants dans le domaine de l'APC, les pratiques enseignantes et la
méthode pédagogique privilégiée dans
l'enseignement-apprentissage. Ainsi, c'est l'interaction de tous les
éléments précités qui favorise la mise en oeuvre de
la réforme, tout comme l'avait si bien noté HAMMOND (1973) :
« le succès ou l'échec d'un
90
programme est déterminé par le jeu
interactif d'un ensemble de forces liées à l'environnement
pédagogique »34.
S'agissant du matériel pédagogique et
didactique, la disponibilité en quantité suffisante des manuels
scolaires, des outils didactiques et leur adéquation à la
nouvelle démarche pédagogique constituent des conditions
nécessaires pour une bonne mise en oeuvre des programmes selon l'APC.
C'est lorsque ces conditions sont satisfaites dans les écoles primaires
que les élèves-maîtres pourront effectuer un stage dans
l'esprit de la réforme et après leur formation, continuer
à enseigner selon les principes de l'APC.
Malheureusement, selon nos constats lors des visites de classe
et les opinions des interviewés, dans les écoles primaires la
question des manuels scolaires constitue un véritable défi qui
entrave la qualité de l'enseignement-apprentissage.
Tout d'abord, les manuels sont en quantité
dérisoire. Ce qui fait que dans certaines classes où nous avons
eu à observer des séances de lecture, on peut trouver
jusqu'à 7 ou 8 élèves et parfois
même plus, autour d'un seul livre de lecture. Pire, certains
élèves sont même exclus de la leçon car n'ayant pas
versé les frais de COGES (Comités de Gestion des Etablissements
Scolaires) qui devraient servir à payer ces livres.
L'insuffisance des manuels scolaires dans les écoles
primaires pose du coup la question de la responsabilité de l'Etat. Ces
dernières années, le désengagement de ce dernier dans la
gestion des établissements s'en ressent car les comités locaux
mis en place pour le suppléer n'arrivent pas à faire face aux
problèmes.
De leur côté, les stagiaires sont aussi
confrontés au même problème d'insuffisance de livres et de
matériel didactique. Par manque de guides, ces derniers se voient
contraints de préparer certaines leçons et de laisser d'autres.
Ou bien, parfois, ils sont obligés de préparer en classe au
moment où le maître titulaire de la classe présente les
leçons. Ce qui fait que le temps qu'ils doivent consacrer à
écouter, suivre les titulaires dans leurs pratiques est en
réalité consacré à autre chose.
Dans de telles conditions, comment favoriser
l'émergence d'une vraie professionnalité au niveau de ces futurs
enseignants ?
Par ailleurs, quelque fois, les rares manuels disponibles sont
conçus dans l'esprit de la PPO. Ce qui nécessite de la part des
stagiaires et des maîtres des écoles un travail d'adaptation pour
prendre en compte les exigences de la nouvelle démarche. Ce travail
n'est pas non plus aisé connaissant le faible niveau des enseignants.
34NADEAU M-A (1988).
L'évaluation de programme, théorie et pratique, les
presses de l'université Laval, p.81
91
Dans ces conditions, comment créer une
situation-problème sur la base de ce qui existe dans les anciens
documents ? Comment traduire les contenus des programmes de 1988 en vigueur
dans ces écoles sous forme de compétences à installer?
Autant de questions par rapport auxquelles le doute subsiste
quant aux capacités des stagiaires et des maîtres des
écoles primaires à y répondre.
Comme solution à cette contrainte, les
élèves-maîtres lors des stages et certains enseignants pour
dispenser un cours selon la nouvelle approche, essaient de formuler des
compétences à leur manière. Cela est paradoxal quand on
sait que la formulation des compétences relève du ressort des
autorités politiques et des concepteurs des programmes et est fonction
des orientations du système éducatif et des finalités qui
sont poursuivies. Cette situation est aussi valable pour la
situation-problème dont l'élaboration pose de
sérieuses difficultés pour les stagiaires et les enseignants des
écoles primaires. Sur cette question, un enseignant interviewé
confirme qu'on rencontre les formulations les plus banales de
situations-problèmes au niveau des enseignants. Selon lui, presque
toutes les situations-problèmes qu'on trouve sont
élaborées selon le même schéma, qui consiste
à dire : « Un élève ne connaît pas ceci ou
a un problème sur telle chose » et la consigne consiste
à dire : « Aidez-le à trouver la solution
».
La formation continue est aussi l'un des axes importants qui
peut améliorer la qualité de la mise en oeuvre des programmes
selon l'APC mais, là également, la situation n'est pas
satisfaisante car la question de la formation des enseignants n'a pas
été traitée avec la rigueur requise. Ce qui fait que
depuis le début de la mise en oeuvre de la réforme jusqu'à
cette date, la grande majorité d'enseignants n'a
bénéficié que d'une seule formation de quelques jours sur
l'APC ; d'autres n'en n'ont pas du tout bénéficié. Or,
c'est la condition nécessaire pour qu'ils puissent s'approprier
l'innovation et assurer un encadrement de qualité à l'endroit des
élèves-maîtres au moment de leur stage.
Par conséquent, étant donné que d'une
part, les manuels qui ne sont pas adaptés, le référentiel
des compétences officiel qui n'est pas encore disponible dans les
écoles primaires, et d'autre part, les situations-problèmes sont
mal formulées, la formation continue des enseignants non assurée
; on est en droit de se demander si enseigner dans ces conditions selon la
nouvelle approche ne contribue pas davantage à détériorer
la qualité des apprentissages au lieu de les améliorer ? Cela
parait fort probable car lorsqu'une innovation manque de certains
éléments fondamentaux pour sa mise en oeuvre (comme dans le cas
de celle en cours dans les ENI), elle évoluerait à contre-courant
de ses objectifs et des attentes placées en elle.
92
Dans ces conditions, au lieu que la réforme permet
l'amélioration de la situation de départ, elle va plutôt
contribuer à la dégrader davantage.
Alors, en partant de notre schéma d'analyse, nous
constatons que l'environnement pédagogique qui est pourtant un
élément essentiel du dispositif n'arrive pas à maintenir
des liens solides avec les autres éléments essentiels du
processus de la réforme. Notamment le lien qui est censé exister
entre ce qui se passe dans les ENI en termes de mise en oeuvre de l'APC et la
réalité qui prévaut dans les écoles primaires. Par
contre, on remarque que sur certains aspects, il y a même des
contradictions flagrantes qui se manifestent notamment à travers les
méthodes pédagogiques qui ne sont pas les mêmes, la
formation sur l'APC qui n'est pas assurée aux enseignants du primaire,
la non-appropriation de la démarche par ces derniers et le refus qu'ils
manifestent parfois lorsque les stagiaires dispensent les cours selon la
nouvelle démarche.
En conséquence, l'environnement pédagogique tel
qu'il se présente n'offre pas de conditions adéquates à
l'implantation de l'APC et sa généralisation au niveau du
système éducatif du pays.
? Résultats issus des séances
d'observation de pratiques de classe
Les visites de classe effectuées pour observer les
pratiques pédagogiques des élèves-maîtres dans leurs
classes de stage ont révélé que les stagiaires ne
privilégient pas une seule approche pédagogique pour dispenser
les cours. En effet, ils font recours soit à la PPO, soit à l'APC
ou bien essaient d'alterner les deux approches.
Cette combinaison de stratégies de la part des
élèves-maîtres s'explique par plusieurs facteurs. D'abord,
en considérant l'environnement pédagogique des écoles
primaires, les élèves-maîtres, quand ils y arrivent pour le
stage, ils sont confrontés à un contexte où cohabitent
principalement deux approches pédagogiques (la PPO pratiquée par
la grande majorité des enseignants et l'APC utilisée par un petit
nombre). Face à une telle réalité, les stagiaires
développent d'abord une stratégie d'adaptation au contexte qu'ils
ont déjà trouvé. Cet état de fait est
confirmé par Monsieur G.D. (encadreur) s'exprimant sur
l'environnement des écoles primaires en ces termes . ·
« sur le terrain (écoles primaires), il se pose un problème.
Les élèves-maîtres qui sont censés être les
vecteurs de la vulgarisation de l'APC sont confrontés au problème
suivant . · les titulaires ne pratiquent pas l'APC et là les
élèves-maître sont obligés de se conformer, de
suivre d'abord ce que les titulaires sont en train de faire. Alors au lieu
qu'ils soient vecteurs, qu'ils soient des moules pour les titulaires qui sont
sur le terrain, c'est le contraire, ce sont eux qui se mettent dans le moule
des titulaires ».
93
Ensuite, lorsqu'ils tentent d'appliquer la méthode
acquise à travers leur formation, ils sont confrontés à
plusieurs obstacles.
Les enseignants du terrain qui sont censés les encadrer
lors du stage conformément à la nouvelle démarche sont
dans l'incapacité de le faire étant donné qu'ils ne la
maîtrisent pas eux-mêmes. D'ailleurs, certains d'entre eux
empêchent même aux stagiaires d'appliquer la nouvelle
démarche prétextant qu'avec l'APC les élèves ont
des difficultés à comprendre les leçons.
D'autres facteurs liés aux conditions
matérielles dans les écoles primaires interviennent
également dans l'explication des difficultés
éprouvées par les élèves-maîtres pour
appliquer l'APC lors des stages. Il s'agit, en effet, du manque de
matériel pédagogique adapté à la nouvelle
démarche. Dans de telles conditions, la situation est plus
délicate car comment les élèves-maîtres pourront-ils
mettre en pratique ce qu'ils ont appris à l'école normale sans un
minimum de guides, de manuels et d'autres supports tels les
situations-problèmes et le référentiel de
compétences ?
En face de ces obstacles majeurs, les
élèves-maîtres choisissent soit d'appliquer maladroitement
la nouvelle démarche avec toutes les conséquences que cela
entraîne pour les élèves, soit de privilégier
l'ancienne où ils pourront au moins bénéficier d'un
encadrement adéquat de la part des maîtres titulaires.
Dans tous les cas, l'objectif assigné au stage, qui est
celui de permettre aux élèves de se confronter à la
pratique et de développer leurs compétences professionnelles
à travers l'accompagnement d'un enseignant expérimenté et
compétent aussi, est rarement atteint.
6.2.2.2. Déduction 2
En considérant les informations analysées au
point 6.2.2.1., il ressort que des liens existent entre la
réforme des programmes au niveau des ENI et l'environnement
pédagogique au niveau des écoles primaires. Etant donné
que ces liens sont faibles ou insuffisants, l'innovation dans les ENI a alors
peu de chance d'apporter le changement espéré au niveau du
système d'éducation dans son ensemble.
La faiblesse et l'insuffisance de ces liens et connexions,
confirmées aussi bien par les résultats des entretiens
semi-directifs que par les résultats issus des séances
d'observation de pratiques de classes, provoquent dans l'environnement
pédagogique des écoles primaires plusieurs défaillances
qui ne favorisent pas l'implantation de la réforme sur le terrain.
94
Ainsi, au vu de tout ce qui précède,
l'hypothèse selon laquelle "Les difficultés de
l'application de l'APC sur le terrain de stage par les
élèves-maîtres sont dues à un environnement
pédagogique défavorable qui prévaut dans les écoles
primaires" est ainsi confirmée.
6.2.3. Vérification de l'hypothèse
3
L'hypothèse 3 est vérifiée à travers
les points suivants :
6.2.3.1. Divergences au sujet de la tutelle du suivi
de la réforme
La contradiction entre les acteurs des deux Directions (la
Direction de la Formation Initiale et Continue et la Direction des Curricula et
de l'Innovation Pédagogique) du Ministère de l'enseignement
primaire par rapport au choix de l'approche pédagogique et au sujet de
la tutelle du suivi de la réforme est évidente et apparaît
clairement dans les propos des responsables.
Pour la DFIC qui a suivi pendant cinq (5) ans la mise en
oeuvre de l'APC dans les ENI, il est difficile d'admettre que cette approche
soit subitement écartée du système au profit d'une autre
approche, ce qui constitue à leurs yeux, une remise en cause des efforts
déployés durant plusieurs années pour la mise en oeuvre de
cette approche dans les écoles normales.
Par contre, à la DCIP, les cadres sont satisfaits du
nouveau choix curriculaire du pays portant sur l'APS. Ce choix permettra non
seulement de corriger les insuffisances qu'ils ont tant décriées
au niveau des programmes selon l'APC mais favorisera également leur
pleine implication dans le processus du pilotage de la réforme dans les
ENI, ce qui n'était pas le cas auparavant.
Soulignons, de ce fait, que ces divergences ont
constitué un obstacle à la création de conditions
favorables pour une mise en oeuvre efficace de l'APC dans les ENI. En effet,
les directives contradictoires constatées dans le pilotage de la
réforme ont entraîné une situation d'incertitude et de
manque de confiance au niveau des acteurs, ce qui n'est pas de nature à
faciliter l'exécution des activités sur le terrain.
6.2.3.2. La fonctionnalité des unités
pédagogiques (UP)
La fonctionnalité des UP est un indicateur
déterminant pour la bonne marche des activités
pédagogiques. Sur ce point, la grande majorité des
interviewés ont confirmé que les UP sont fonctionnelles
même si par ailleurs, elles comportent des insuffisances. Au nombre de
celles-ci, il y a d'abord le rythme des rencontres qui n'est pas du tout
régulier.
95
Il ressort des interviews que c'est surtout en début
d'année que les UP se réunissent pour établir les
progressions. Mais en dehors de ces rencontres du début d'année,
les réunions entre les UP sont très rares.
Toutefois, en considérant les cas
d'irrégularité et de rareté évoqués par les
encadreurs à propos des rencontres, on est en droit de se poser la
question de savoir si ces UP fonctionnent réellement. Ou bien,
faudrait-il savoir jusqu'à quel rythme de rencontres peut-on
considérer que les UP sont fonctionnelles ? En tout cas, il y a
contraste dans les propos des interviewés et cela laisse planer le doute
sur la régularité de ces activités pédagogiques.
6.2.3.3. L'interdisciplinarité
Comme stupilé dans les programmes de formation des
Ecoles Normales d'Instituteurs, l'un des principes sur lesquels s'appuie la
formation à l'ENI est que « toutes les disciplines
enseignées doivent converger vers un objectif unique, celui de
développer chez l'élève-maître les
compétences nécessaires pour faire classe avec
efficacité35 ». De ce fait, les encadreurs doivent
promouvoir l'interdisciplinarité afin de pouvoir atteindre cet
objectif.
Malheureusement, l'interdisciplinarité n'est pas
effective dans leurs établissements respectifs, ce qui constitue un
grand handicap pour la mise en oeuvre des programmes des ENI. En effet, si nous
concevons que la compétence est un ensemble de savoirs
intégrés utilisés pour faire face aux situations
complexes, nous voyons aisément que l'acquisition de vraies
compétences ne peut se faire qu'à travers un
enseignement-apprentissage mené dans le cadre de
l'interdisciplinarité.
Cette situation d'insuffisance de communication entre les
encadreurs des différentes disciplines et des différents domaines
s'explique par des facteurs objectifs tels que l'insuffisance de formation, la
faiblesse du suivi interne exercé par l'administration même de
l'école et du suivi externe exercé par les responsables des
Directions centrales concernées. S'y ajoutent également des
facteurs subjectifs liés aux comportements de certains encadreurs qui,
non satisfaits de leur présence dans les ENI, se laissent gagner par le
découragement et la démotivation car ambitionnant toujours
d'occuper les fonctions de responsabilités dans les services
déconcentrés relevant du secteur de l'enseignement primaire.
Le clivage au sein des encadreurs entre la catégorie
des chargés d'enseignement et celle des inspecteurs et conseillers
pédagogiques constitue également un autre facteur qui ne favorise
pas une franche collaboration entre encadreurs des différents domaines
et disciplines pour asseoir les bases de l'interdisciplinarité. Dans ces
conditions, la question de l'évaluation des
35 Programmes d'études des écoles
normales d'instituteurs, version provisoire, octobre 2008
96
apprentissages se pose aussi car si
l'interdisciplinarité n'est pas développée, comment
peut-on objectivement évaluer les compétences des
élèves-maîtres ?
Nous estimons que cette synergie d'action est indispensable
car c'est la conjugaison des efforts fournis par les encadreurs au niveau de
chaque unité pédagogique et entre les unités
pédagogiques qui peut permettre d'installer les compétences
pertinentes au niveau des élèves-maîtres.
6.2.3.4. L'évaluation des compétences
des élèves-maîtres
La mise en oeuvre des programmes selon l'APC dans les ENI, ne
s'était pas accompagnée d'un changement dans le système
d'évaluation des acquis des élèves-maîtres. Les
encadreurs continuent à garder les mêmes modes d'évaluation
portant surtout sur les ressources et les savoirs théoriques.
En effet, les évaluations certificatives et les
systèmes d'examen sont restés sans changement alors que l'APC
recommande de privilégier l'évaluation formative et
l'évaluation des compétences acquises par les
élèves.
Cependant, pour atteindre cet objectif, d'énormes
faiblesses restent à surmonter dont l'insuffisance de la formation des
encadreurs, les effectifs pléthoriques d'élèves dans les
salles de classe, le manque de matériel et outils didactiques, etc.
6.2.3.5. Le suivi de proximité assuré
par le directeur des études (suivi interne)
Le suivi interne des encadreurs en situation de classe est une
activité qui relève des compétences des directeurs des
études (DE). Cependant, cette tâche pédagogique importante
rencontre des difficultés dans les écoles normales
enquêtées. Ces difficultés ont été
évoquées par les Directeurs des études eux-mêmes,
mais également par les encadreurs.
Selon Monsieur H.A. (encadreur) : « Le Directeur des
études a le profil, il a les compétences mais le problème,
ce qu'il y a aussi la question du temps. L'aspect administratif prend le dessus
sur l'aspect pédagogique ».
Monsieur A.F. (encadreur) affirme de son
côté ce qui suit : « Avec la direction des études,
ça ne va pas du tout. Normalement, la direction des études doit
être la coordonnatrice principale des activités ; malheureusement,
nous remarquons que le directeur des études ne fait pas correctement son
travail, sinon il aurait coordonné les activités mais ça
ne se faisait pas ». Ces différentes déclarations
attestent à suffisance que le suivi interne est défaillant or le
suivi interne est une activité qui, au-delà de sa portée
pédagogique permet à l'établissement de contrôler ce
que les encadreurs sont en train de faire dans les salles de classe, de les
encourager, de les motiver et aussi de s'enquérir des difficultés
qui se posent à eux dans
97
l'exécution des tâches pédagogiques. Mais,
ce suivi de proximité n'est pas assuré comme ça se
doit.
Les raisons qui entravent la tenue d'une telle activité
sont de plusieurs ordres.
Il y a d'abord le manque de temps car il ressort que les
directeurs des études se consacrent plus aux activités
administratives qu'aux activités pédagogiques.
L'instabilité qui caractérise ce poste est aussi
mise en cause. Lorsqu'un directeur des études est nommé, sa
durée dans sa nouvelle fonction est brève. Parfois, c'est
lui-même qui demande à partir pour un autre poste plus
prestigieux.
Il y a également l'insuffisance de formation qui ne
permet pas aux directeurs des études d'être à l'aise dans
le suivi des encadreurs.
A toutes ces raisons s'ajoute l'insuffisance des textes
soulignée par les directeurs des études eux-mêmes. En
effet, selon ces derniers, ce suivi n'a qu'un caractère formel car les
textes disponibles ne définissent pas clairement les contours de
celui-ci et la forme qu'il doit prendre. Est-ce qu'il doit être un
suivi-conseil ou bien doit-il se présenter sous la forme d'une
inspection en bonne et due forme ? A ces questions, seuls des textes bien
conçus et tenant compte de toutes les exigences pédagogiques de
l'heure pourront y apporter des réponses claires.
En se référant à notre cadre
théorique, il apparaît que le suivi de proximité dans les
ENI est défaillant du fait de son incapacité à maintenir
des relations solides avec les autres éléments internes du
système que sont la fonctionnalité des unités
pédagogiques, l'interdisciplinarité, la pratique de classe des
encadreurs, ce qui constitue une contrainte majeure à l'atteinte des
objectifs de la réforme.
6.2.3.6. Le suivi des élèves-maitres en
situation de stage
Le suivi effectué par le personnel des ENI lors de la
période des stages en responsabilité dans les écoles
primaires est de trois sortes, à savoir le suivi-administratif, le
suivi-conseil et le suivi-évaluation des stagiaires.
Le premier type de suivi est assuré par
l'administration de l'école normale dans le but de prendre contact avec
les inspections de l'enseignement primaire et les écoles primaires. Son
but est de mettre en place le dispositif du stage. Mais, deux (2) des trois (3)
écoles normales éprouvent des difficultés à le
réaliser par manque de moyens matériels et financiers. Les moyens
dont il est question ici concernent surtout la disponibilité de
véhicules tout terrain en bon état pour permettre les
déplacements entre l'école normale et les écoles retenues
pour
98
le stage et la disponibilité de fonds prenant en charge
les frais de déplacement du personnel administratif impliqué dans
le suivi.
Le deuxième type de suivi a pour objectif de faire le
point des difficultés vécues par les
élèves-maîtres au moment où ils sont en stage. Les
encadreurs discutent avec eux et essayent de leur proposer des solutions sous
forme de conseils. Cette activité, malgré sa contribution
significative pour la réussite du stage en responsabilité n'est
pas effectuée dans toutes les ENI. Deux des trois ENI
enquêtées ne font pas le suivi-conseil, faute de moyens permettant
de prendre en charge les frais de déplacement des encadreurs et les
frais de carburant. La seule école normale qui arrive à effectuer
cette activité le fait grâce à la bienveillance de la
Coopération Suisse qui a mis à sa disposition les moyens
nécessaires.
Quant au troisième type de suivi qui est le
suivi-évaluation, il intervient généralement vers la fin
de la période de stage. Il offre aux encadreurs l'occasion de suivre les
stagiaires en situation de classe et d'évaluer les leçons qu'ils
auront à présenter. En fait, il sanctionne la fin du stage.
Malheureusement à ce niveau également les normes en
matière d'évaluation des élèves-maîtres ne
sont pas respectées par faute de moyens.
Les textes prévoient qu'au maximum un encadreur ne doit
pas évaluer plus de trois (3) stagiaires par jour. Mais dans certaines
ENI, les encadreurs évaluent jusqu'à six (6) stagiaires par jour.
Lorsque le nombre de stagiaires à évaluer est
élevé, cela ne permet pas à l'encadreur de suivre
l'élève-maître dans plusieurs leçons. C'est pourquoi
certains encadreurs affirment que l'évaluation d'un stagiaire porte le
plus souvent sur une seule leçon, ce qui n'offre pas toutes les
garanties d'objectivité requise.
En somme, il ressort que le suivi-évaluation des
stagiaires par les encadreurs présente des insuffisances importantes qui
ont sans nul doute des répercussions négatives sur la
qualité du stage en particulier et sur celle de la formation des
élèves-maîtres en général. Il faut le
rappeler, c'est ce stage qui permet à l'élève-maître
de se confronter à la pratique et, c'est en se confrontant à
cette pratique qu'il pourra devenir un enseignant professionnel.
6.2.3.7. Le suivi-accompagnement de la
réforme
Le suivi-accompagnement exercé par le pool des
formateurs nationaux comporte beaucoup d'insuffisances et ne donne pas
satisfaction aux acteurs de la mise en oeuvre de la réforme dans les
ENI. Les principales raisons qui justifient cette insatisfaction sont les
suivantes :
99
Tout d'abord, la question du niveau de formation des membres
du pool des formateurs nationaux est souvent évoquée
dans l'explication des insuffisances du suivi-accompagnement de la
réforme.
Il faut relever que ceux qui assurent ce suivi sont des
chargés d'enseignement, des inspecteurs de l'enseignement du premier
degré et des conseillers pédagogiques. Or, ce sont les
mêmes niveaux de qualification qu'on retrouve chez les encadreurs des
ENI. Mieux encore, parmi ceux-ci, la grande majorité a passé
beaucoup d'années de pratique et par conséquent a pu capitaliser
une grande expérience en matière d'encadrement, ce qui n'est pas
le cas pour bon nombre des membres du pool qui sont juste à leurs
débuts dans le cadre de ces genres de missions. C'est donc cette
situation qui rend difficile leurs tâches et fait que les encadreurs et
les responsables des ENI, dans leur grande majorité, sont insatisfaits
par rapport au suivi de la mise en oeuvre de l'APC.
Ensuite, une autre insatisfaction est liée à la
non-adéquation du profil et au manque de certaines compétences au
niveau du pool des formateurs nationaux. Ainsi, en plus du suivi de
pratiques de classes des encadreurs, ce sont aussi les mêmes
accompagnateurs qui assurent les renforcements des capacités à
travers les sessions de formation. Or, quand il s'agit de donner ces formations
aux encadreurs, il se pose aussi de réelles difficultés dues au
manque de spécialisation des accompagnateurs. En effet, beaucoup d'entre
eux ne peuvent pas valablement assurer les missions de suivi et de formation
qui leur sont confiées car pour bien suivre et bien former, il faut
être du domaine ou tout au moins avoir des connaissances assez solides
sur la question, tel n'est pas le cas pour beaucoup d'accompagnateurs qu'on
envoie pour réaliser un suivi ou une formation dans un domaine qu'ils ne
maîtrisent pas. Par exemple, il n'est pas rare de trouver des cas
où ce sont des titulaires de licence ou de maîtrise en lettres
modernes, en sociologie ou en histoire qui sont chargés de suivre et
d'assurer la formation en psycho-pédagogie à des encadreurs
titulaires de licence ou de maîtrise dans le domaine de la
psycho-pédagogie. En plus, des difficultés se posent aussi
lorsqu'il s'agit pour un inspecteur de l'enseignement primaire de suivre et
d'assurer la formation en mathématiques à des encadreurs dont la
formation initiale relève exclusivement du domaine des
mathématiques.
Certes, les accompagnateurs ont eu à
bénéficier de formation dans le cadre de leurs activités
de suivi mais, ces formations sont généralement insuffisantes
pour leur permettre une maîtrise parfaite des questions abordées
lors du suivi des encadreurs en classe ou lors des séances de
formation.
100
La deuxième raison est relative à la
fréquence des missions du suivi-accompagnement.
Généralement, c'est une ou deux missions qui sont menées
par an. Ce qui, du reste, ne permet pas de voir les difficultés qui se
posent que ça soit au plan de la pratique de classe des encadreurs ou
dans la mise en oeuvre de la réforme de façon
générale.
Une troisième raison expliquant aussi les insuffisances
du suivi-accompagnement de la réforme est la faible implication, des
encadreurs intervenant dans certaines disciplines telles les langues nationales
et la morale professionnelle et législation, dans les activités
de suivi et de renforcement de capacités menées par les membres
du pool des formateurs nationaux. Pourtant, ces disciplines sont très
nécessaires dans le cadre de la mise en oeuvre de l'APC et doivent, par
conséquent, être valorisées pour permettre la prise en
compte des réalités locales dans la formation initiales des
élèves-maîtres.
Soulignons en fait, que le but du suivi-accompagnement de la
réforme est d'apporter de solutions adéquates aux insuffisances
constatées dans le processus de la mise en oeuvre de l'approche et
d'anticiper même sur les éventuels problèmes qui pourraient
se poser. Malheureusement, les insuffisances constatées relativement
à cette importante activité influent aussi négativement
sur l'exécution des activités sur le terrain, notamment sur les
questions liées à l'interdisciplinarité, à
l'évaluation des compétences, au suivi-évaluation des
élèves-maîtres en situation de stage.
6.2.3.8. L'évaluation de la
réforme
En plus qu'elle permet de déterminer la valeur d'un
phénomène, l'évaluation constitue un excellent outil qui
fournit aux décideurs une information valide et en temps opportun.
Malheureusement au Niger, l'évaluation est une composante qui est
négligée dans le processus de mise en ouvre des réformes.
Celle qui est actuellement en cours dans les ENI n'en fait pas exception. Cela
fait cinq ans déjà que les programmes selon l'APC sont en
expérimentation dans ces écoles mais, jusqu'à
présent, aucune évaluation n'est encore entreprise pour voir les
forces et les faiblesses de ladite réforme. D'ailleurs, le fait de
rester pendant une longue durée dans cette phase
d'expérimentation ne permet pas une harmonisation des pratiques entre
les différentes ENI du pays. Ces dernières ont tendance à
agir différemment en termes d'initiatives. A ce niveau, il est
étonnant de remarquer que quand bien même la réforme des
programmes selon l'APC n'est pas encore évaluée, le
Ministère a déjà opté pour une nouvelle approche
qu'est l'Approche Par les Situations (APS).
101
Soulignons, toutefois, que le manque d'évaluation de la
réforme constitue une défaillance qui ne permet pas de
déterminer objectivement les forces et faiblesses des différentes
composantes qui interagissent dans le cadre de la mise en oeuvre de la
réforme.
6.2.3.9. Déduction 3
En se référant à notre cadre
théorique, nous avons souligné qu'un système entretient
à la fois des liens internes entre ses éléments
constitutifs et des liens externes avec d'autres systèmes plus larges
dont il est en interaction. Dans le cadre d'une réforme, lorsque ces
liens sont insuffisants ou faibles, l'atteinte des objectifs poursuivis serait
difficile.
Les résultats analysés dans les points
6.2.3.1. à 6.2.3.8. mettent en exergue la faiblesse des
liens entre plusieurs éléments de notre dispositif
systémique. En effet, ces résultats prouvent qu'au sein
même des ENI, la question du suivi et de l'évaluation ne trouve
pas de réponses adéquates.
Cette situation est aussi valable pour le Ministère de
tutelle où beaucoup d'insuffisances sont constatées relativement
au suivi et à l'évaluation de la mise en oeuvre de la
réforme dans les écoles normales.
En considérant toutes ces informations, notre
troisième hypothèse selon laquelle " les contraintes de
la mise en oeuvre de l'APC dans les ENI s'expliquent par une insuffisance dans
le suivi et l'évaluation de la réforme " est
également confirmée.
102
CHAPITRE VII : PROPOSITION DE SOLUTIONS
Afin de résoudre les problèmes majeurs qui
entravent la mise en oeuvre des programmes de formation selon l'APC dans les
ENI, nous suggérons la mise en place et le renforcement des actions
suivantes par tous les acteurs concernés par la question :
7.1. Proposition à l'endroit de l'Etat
? Octroyer aux ENI de ressources
conséquentes
Ressources financières d'abord pour permettre aux ENI
de faire face aux dépenses de fonctionnement. Pour ce faire, une
politique adéquate de financement sur fonds propres de l'Etat doit
être adoptée. Cela permettra aux responsables du système
éducatif de s'approprier le processus et l'ensemble de ses implications.
D'ores et déjà, l'Etat peut commencer par relever de façon
substantielle les subventions allouées à ces institutions pour
faire face aux charges de fonctionnement, à l'organisation des stages,
aux primes, à l'amélioration des conditions de vie et de travail
du personnel et bien d'autres dépenses importantes. Présentement
la subvention donnée à chaque ENI est de trois millions (3 000
000) FCFA par trimestre, ce qui est très dérisoire selon les
enquêtés. Ce montant doit être multiplié par cinq (5)
voir même par dix (10) si tant est que c'est la qualité de la
formation des élèves-maîtres qui est recherchée.
Ressources documentaires ensuite parce que sans manuels
pédagogiques de référence, la réforme ne saurait
atteindre ses objectifs. Donc, il faut produire les manuels d'accompagnement de
l'APC, mettre à la disposition des ENI et des écoles primaires
les documents et matériel pédagogique et didactique en
quantités suffisantes.
? Accroître le nombre des ENI et renforcer les
capacités d'accueil des anciennes Au regard de la forte demande
en personnel enseignant au niveau du système éducatif, il est
nécessaire, en plus de l'accroissement du nombre des ENI dans le pays,
de renforcer les capacités d'accueil de celles qui existent
déjà en les dotant du matériel pédagogique et
didactique nécessaire, en affectant un nombre suffisant d'encadreurs, en
les équipant du matériel informatique adéquat, en
apportant les moyens logistiques nécessaires (bus, véhicules tout
terrain, motos cross) pour servir au déplacement des
élèves-maîtres et du personnel dans les écoles de
stage.
Il faudrait aussi construire et équiper dans chaque ENI
le maximum de classes permettant de faire face aux effectifs
pléthoriques d'élèves-maîtres (jusqu'à 80
élèves par salle de classe).
103
? Accroître la responsabilité de l'Etat
sur les questions touchant les domaines de l'éducation et de la
formation
Une réforme ne doit être ni parachutée, ni
conduite avec légèreté. Sa réussite dépend
surtout du leadership avec lequel elle est conduite. Dans ce sens, il
appartient aux pouvoirs publics de susciter un fort consensus autour de la
question, tenant compte des choix et des aspirations des populations en
matière d'éducation.
7.2. Proposition à l'endroit du Ministère
de tutelle
? Renforcer la formation
Elle doit être au centre du processus de mise en oeuvre
des programmes selon l'APC. Un accent particulier doit être mis sur la
formation dans tous ses aspects et à tous les niveaux : la formation
initiale, la formation continue mais également l'auto-formation.
La formation initiale des encadreurs doit correspondre aux
missions qu'ils exercent sur le terrain. Pour ce faire, il faut une
adéquation entre leurs profils et leurs emplois. Une remise à
niveau constante est également nécessaire pour leur permettre
d'être en phase avec l'évolution de la science et des pratiques
pédagogiques.
L'auto-formation doit aussi être valorisée pour
leur permettre non seulement de faire des recherches dans les centres de
documentation et sur Internet mais également de valoriser
l'interdisciplinarité et les travaux en UP.
Ces mêmes formations sont aussi valables pour les cadres
des Directions centrales du Ministère de tutelle.
? Créer le corps de formateurs des écoles
normales
Présentement dans les ENI, le profil du corps
d'encadrement est divers et non clairement défini, ce qui constitue une
insuffisance notoire.
Pour faire face à cette insuffisance, il est important
de créer à l'Ecole Normale Supérieure (ENS) de
l'Université de Niamey, un corps spécialisé de formateurs
des ENI ayant pour mission spécifique la formation et l'encadrement des
élèves-maîtres.
Cette formation universitaire pourrait être d'une
durée de deux (2) ans pour ceux qui entreront avec la licence ou
l'équivalent et d'une (1) année pour les titulaires de
maîtrise ou de master 1 ou l'équivalent. L'objectif étant
que la formation soit sanctionnée par le Master 2.
Nous estimons que cette solution sera un facteur de motivation
et d'engagement qui permettra de stabiliser les encadreurs dans leurs fonctions
afin que l'affectation dans les ENI ne soit plus perçue comme une
punition ou un passage transitoire dans la carrière.
104
? Rehausser la durée de formation dans les ENI
et revoir le profil d'entrée des
élèves-maîtres
Actuellement, la durée de la formation donnée dans
les ENI est d'une (1) année pour
les instituteurs et de deux (2) ans pour les
instituteurs-adjoints. Cette durée est jugée insuffisante au
regard des multiples activités relatives à
l'enseignement-apprentissage, aux différents stages, aux mémoires
de fin d'études, etc. Pour ce faire, il y a nécessité de
prolonger de deux (2) à trois (3) ans la durée de la formation
pour les instituteurs-adjoints et d'une (1) année à deux (2) ans
pour les instituteurs.
Pour la section instituteur-adjoint, les trois années
sont réparties comme suit :
Première année
Renforcement des capacités des
élèves-maîtres dans certaines disciplines de base
notamment le français et les mathématiques.
Deuxième année
Formation professionnelle et déroulement des
différents stages.
Troisième année
Formation professionnelle, déroulement des
différents stages et élaboration du
mémoire de fin d'études.
Pour la section instituteur, la répartition des deux
années de formation est la suivante:
Première année
Renforcement des capacités des
élèves-maîtres dans certaines disciplines de base
notamment le français et les mathématiques.
Deuxième année
Formation professionnelle, déroulement des
différents stages et élaboration du
mémoire de fin d'études.
Sur la question du profil d'entrée des
élèves dans les ENI, des critères rigoureux doivent aussi
être définis.
Durant les années passées, beaucoup
d'insuffisances ont été constatées dans l'organisation du
test d'entrée à l'école normale. Il fut des moments
où le Ministère était obligé de faire admettre
même certains élèves avec une note de 3/20 au test
d'entrée à l'école normale en vue de combler le nombre
d'élèves programmé pour être formé.
Pour remédier à cette situation qui pourrait,
à la longue, agir négativement sur la qualité de
l'éducation, nous proposons :
105
- d'instituer la note éliminatoire pour toutes les
matières retenues pour le test d'entrée à l'école
normale ;
- d'obtenir une note de 10/20 pour être
déclaré définitivement admis au test d'entrée
à l'école normale.
Ces critères sont aussi valables pour les
élèves qui souhaitent être formés à l'ENI
à titre privé.
? Equiper les ENI avec les moyens modernes de
communication
A ce niveau, il s'agit de doter les ENI de matériel
informatique adéquat et de les connecter à l'internet haut
débit.
L'accès doit être gratuit au personnel et aux
élèves-maîtres. L'objectif étant de les initier
à l'outil informatique et de favoriser les recherches dans le cadre des
activités pédagogiques.
? Renforcer le suivi et
l'évaluation
La mise en oeuvre de la réforme doit faire l'objet d'un
suivi permanent afin d'apporter des solutions aux problèmes quotidiens
qui se posent aux encadreurs dans leurs pratiques de classe. Cela passe
nécessairement par le renforcement des compétences des acteurs au
niveau des Directions impliquées dans le pilotage de la réforme
à travers une spécialisation ou des formations plus
poussées sur les questions curriculaires, l'ingénierie de la
formation, la planification en éducation, etc.
Le suivi à lui seul ne saurait être suffisant
pour décider de la validation ou non de la réforme. Par
conséquent une évaluation périodique annuelle
s'avère aussi nécessaire.
C'est donc sur la base des résultats des
évaluations réalisées que les autorités pourraient
décider de généraliser la réforme, de la rectifier
ou de l'abandonner au profit d'une autre.
? Assurer la cohérence dans le pilotage de la
réforme
L'absence de cohérence qui caractérise parfois
l'intervention des structures centrales du Ministère de tutelle dans les
ENI nuit au processus de mise en oeuvre de la réforme. Pour
éviter cet état de fait, la cohérence doit être
recherchée à travers la clarification des rôles et
responsabilités de la Direction des curricula et de l'innovation
pédagogiques (DCIP) et de la Direction de la formation initiale et
continue (DFIC).
7.3. Proposition à l'endroit des écoles
normales
? Revoir l'organisation des stages
La concentration des stages qu'on constate présentement
dans la formation à l'école normale, empiète sur le temps
consacré à la finition des programmes. Donc il y a lieu de faire
une répartition judicieuse des stages dans le temps, ce qui
nécessite l'augmentation de la
106
durée de la formation dans les ENI (3 ans pour les
instituteurs-adjoints et 2 ans pour les instituteurs) et l'allocation de moyens
conséquents.
Lors de ces stages, mettre à profit les enseignants
chevronnés des écoles d'accueil pour l'encadrement des stagiaires
et faire respecter le ratio de trois (3) élèves-maîtres par
jour et par encadreur, ce qui permettra de suivre et d'évaluer
l'élève dans plusieurs disciplines.
? Renforcer le suivi interne (suivi de
proximité)
Pour assurer efficacement le suivi interne des activités
pédagogiques (visite de classe,
interdisciplinarité, fonctionnalité des UP, etc.)
au niveau de l'établissement, il faudrait :
- élaborer et adopter des textes qui clarifient les
missions et responsabilités des DG et
des DE en matière de suivi ;
- clarifier la nature du suivi ;
- fixer la périodicité du suivi ;
- renforcer les compétences des DG, des DE et des
responsables de stage.
Sur la base du suivi de proximité, des solutions
pourraient être apportées par rapport aux insuffisances
constatées dans les pratiques de classe des encadreurs notamment par
rapport aux ressources pédagogiques et didactiques et par rapport
à leurs besoins en formation continue.
? Privilégier l'évaluation des
compétences des élèves-maîtres
La mise en oeuvre de la réforme des programmes dans les
ENI n'a pas entraîné un changement au niveau du système
d'évaluation. Les encadreurs continuent à appliquer les
mêmes modes d'évaluation des acquis des élèves. Il y
a lieu donc de les former davantage sur la question, de mettre à leur
disposition les outils et le matériel nécessaire et de les
encourager à aller vers l'évaluation des compétences des
élèves-maîtres.
Au lieu des épreuves de type classique
(questions/réponses), des situations d'intégration prenant en
compte les différentes compétences enseignées doivent
être privilégiées par les encadreurs.
L'appréciation des productions des élèves
doit également se faire à travers des grilles de correction
comportant des critères et des indicateurs précis.
107
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre travail de recherche qui a porté sur
la question de la mise en oeuvre de l'APC dans les ENI, il ressort que les
défis qui entravent la qualité de l'éducation et de la
formation au Niger se résument, principalement, en termes
d'efficacité, d'efficience et d'équité.
Efficacité d'abord, parce que le système
n'arrive pas à assurer la pleine réussite scolaire des
élèves.
Efficience ensuite, parce que la participation des parents
d'élèves au financement de l'éducation s'accroît de
plus en plus même si les résultats scolaires ne sont pas ceux qui
sont attendus. En effet, les nouveaux mécanismes de financement de
l'école par les parents mis en place à travers les comités
de gestion des établissements scolaires (COGES) ne semblent pas apporter
les solutions adéquates, au vu des problèmes de matériel
pédagogique, de salles de classe et de mobilier qui continuent à
se poser dans les écoles.
La question à ce niveau est de voir comment le
système éducatif du pays, sur la base des fonds qui sont
engagés, peut accroître la réussite scolaire des enfants,
en les dotant de compétences utiles pour eux et pour le pays.
Equité enfin, parce que la justice sociale tant
prônée par les acteurs et les intervenants du domaine de
l'éducation n'est pas encore une réalité au Niger. Sur la
question du genre, jusque-là, les disparités entre les filles et
les garçons sont considérables quant à l'accès des
enfants à l'école, leur maintien et leur réussite. Par
exemple, en se référant aux statistiques du Ministère de
l'enseignement primaire36, on constate que le taux brut de
scolarisation est de 87,8 % pour les garçons contre 70,7 % pour les
filles.
Selon les mêmes statistiques, des disparités
existent aussi en matière de scolarisation entre zones urbaines et zones
rurales. En zones urbaines, le taux brut de scolarisation a atteint
jusqu'à 108,2 % alors qu'il est seulement de 71,4 % en zones rurales.
Il y a aussi la question de l'éducation inclusive qui
se pose de plus en plus avec beaucoup d'acuité car le constat est que
beaucoup d'enfants handicapés sont laissés en marge du
système éducatif.
Au vu de tous ces problèmes, le pays a opté pour
la refondation des curricula en mettant l'accent sur les programmes de
formation initiale. Ainsi, l'APC a été choisie comme approche
pédagogique pour la formation des futurs enseignants. Dans le but
d'appréhender
36 Ministère de l'éducation
nationale, de l'alphabétisation et de la promotion des langues
nationales : statistiques de l'éducation de base, annuaires
2011-2012, P.22
108
cette problématique de mise en oeuvre des programmes de
formation des élèves-maîtres, la question principale
à laquelle nous nous sommes intéressés est de savoir :
Quelles sont les contraintes réelles du processus de mise en oeuvre de
l'approche par compétences dans les Ecoles Normales d'Instituteurs du
Niger ?
Justement, pour apporter de réponses claires à
cette question, une hypothèse générale comportant trois
composantes a été formulée :
Les contraintes de la mise en oeuvre de l'approche par
compétences (APC) dans les écoles normales d'instituteurs (ENI)
tiennent à la conjugaison de trois (3) facteurs principaux :
Hypothèse 1 : les contraintes de la mise
en oeuvre des programmes selon l'APC tiennent à une insuffisance de
ressources financières, matérielles et humaines dans les
écoles normales.
Hypothèse 2 : les difficultés de
l'application de l'APC sur le terrain de stage par les
élèves-maîtres sont dues à un environnement
pédagogique défavorable qui prévaut dans les écoles
primaires.
Hypothèse 3 : les contraintes de la
mise en oeuvre de l'APC dans les ENI s'expliquent par une insuffisance dans le
suivi et l'évaluation de la réforme.
Dans le cadre de la recherche d'informations relativement aux
hypothèses ci-dessus énumérées, notre
démarche méthodologique a été essentiellement
qualitative. Dans ce sens, les techniques ayant servi à atteindre nos
objectifs sont la recherche documentaire, l'observation directe de
séances de leçons présentées par quelques
stagiaires, les entretiens semi-directifs auprès de l'échantillon
retenu, constitué des responsables administratifs des ENI et du
Ministère, des encadreurs, des enseignants des écoles primaires
et des élèves-maîtres.
Ce recueil d'informations a été rendu possible
par les outils que sont la grille d'observation, le guide d'entretien et
quelques matériels à savoir le magnétoscope et la
caméra.
Après traitement des informations recueillies à
travers l'analyse de contenu, les résultats suivants ont
été obtenus :
109
? Il ressort tout d'abord, que les ressources de la mise en
oeuvre des programmes de formation sont insuffisantes. Cette insuffisance
concerne tant les ressources humaines que financières et
matérielles.
En effet, les ENI souffrent d'un manque de personnel
d'encadrement ayant la qualification requise pour exécuter valablement
la mission d'encadrement. A ce niveau, nous savons que ce personnel n'a pas la
formation qui le destine à la tâche d'encadrement dans les ENI
car, si les inspecteurs de l'enseignement du premier degré et les
conseillers pédagogiques ont une formation pour exécuter les
tâches pédagogiques dans les services d'inspection de
l'enseignement du premier degré, les chargés d'enseignement eux,
ont, une formation universitaire qui ne les destine pas forcément
à l'encadrement. C'est une fois sur le terrain que ces encadreurs
acquièrent l'expérience qui leur permet de faire face aux
difficultés quotidiennes de formation des
élèves-maîtres.
Du côté des ressources financières, il
existe aussi des insuffisances. Pour leur fonctionnement, les ENI ne
reçoivent, au titre de la subvention trimestrielle, que trois millions
(3 000 000) de FCFA chacune.
Pour qui connaît l'effectif des
élèves-maîtres et l'ampleur des activités dans ces
écoles notamment celles qui concernent les différents stages,
cette subvention est très insignifiante. Alors, c'est la qualité
de l'encadrement des élèves qui est affectée.
Enfin, les ressources matérielles manquent aussi. Il
s'agit des moyens logistiques pour le transport des
élèves-maîtres et des encadreurs, des bibliothèques
qui sont carrément transformées en salles de classe pour contenir
le flot des élèves et de tout le matériel
pédagogique nécessaire à la mise en oeuvre des programmes
selon l'APC.
? Ensuite, en ce qui concerne l'environnement
pédagogique des écoles primaires, il n'est pas du tout favorable
à la mise en oeuvre des programmes selon l'APC. En
réalité, il n'offre pas aux stagiaires les conditions
nécessaires pour joindre la théorie à la pratique une fois
qu'ils sont en situation de stage. Pour preuves, les enseignants qui les
accueillent dans le cadre de ce stage ne sont pas outillés par rapport
à cette nouvelle démarche, le référentiel des
compétences des écoles primaires n'est pas encore en vigueur et
les manuels de référence sur l'APC ne sont pas disponibles. On
comprend donc aisément les raisons pour lesquelles, même en
situation de stage, les élèves-maîtres hésitent
à dispenser leurs leçons selon cette approche. Cela a
été confirmé aussi par les séances d'observation
que nous avions effectuées.
110
? Enfin, le suivi et l'évaluation constituent
également des contraintes majeures par rapport à la mise en
oeuvre de la réforme selon l'APC dans les ENI. Pour le suivi interne
exercé par le directeur des Etudes, les insuffisances s'expliquent non
seulement par le fait que les prérogatives du directeur des
études ne sont pas clairement définies par les textes en rapport
à cette mission, mais également par le fait qu'il n'a pas la
formation requise pour exercer ce suivi dans certains domaines qui ne cadrent
pas avec sa spécialité. Toute l'insuffisance se trouve donc
à ce niveau car comment un directeur des études qui a une
formation dans le domaine de l'enseignement primaire peut objectivement suivre
un encadreur intervenant dans un domaine transversal comme la sociologie par
exemple ? Ou bien comment un directeur des études ayant une formation
universitaire générale peut suivre les encadreurs dans le domaine
de la didactique des disciplines ?
Il y a aussi la question du temps qui fait défaut car
en dehors des tâches pédagogiques, les tâches
administratives qu'il doit exécuter sont énormes.
Le problème de l'incessante mobilité des
directeurs des études n'est pas à négliger non plus.
Lorsqu'un directeur des études est nommé, sa durée dans le
poste est courte, ce qui fait que les expériences ne sont toujours pas
capitalisées.
En fait, c'est un poste qui n'est pas encore stabilisé
car par négligence de la part du Ministère de tutelle qui met
beaucoup de retard dans les affectations, certaines écoles normales ont
connu de longues périodes sans directeurs des études, se
contentant juste d'intérimaires pour gérer les
activités.
Concernant le suivi exercé par le Ministère, il
est tout simplement qualifié d'inefficace et cela pour plusieurs
raisons. D'abord, pour beaucoup d'encadreurs, la plus-value de cette importante
activité n'est pas effective. Ils estiment aussi que la fréquence
de ce suivi est très réduite. Ensuite, ils pensent que le
personnel chargé de le faire n'a pas la qualification requise pour une
telle mission. En effet, c'est la question du profil et de l'expérience
qui revient sans cesse. Pour le profil, on ne constate aucune différence
entre le personnel en charge du suivi et les encadreurs. Ils sont tous, soit
des chargés d'enseignement, des inspecteurs ou des conseillers
pédagogiques. Alors il y a parfois des situations où il se pose
de réelles difficultés. C'est lorsqu'un encadreur est suivi par
un accompagnateur qui ne partage pas la même spécialité ou
le même domaine que lui. C'est à ce niveau que les contestations
sont les plus fréquentes.
Pour l'expérience, la majorité des encadreurs a
accumulé beaucoup d'années d'encadrement dans les ENI,
contrairement à certains cadres de la Direction de la
111
Formation Initiale et Continue qui font juste leurs premiers
pas au niveau de cette Direction.
Enfin, la question de l'évaluation de la réforme
n'est même pas à l'ordre du jour car tous les responsables
interrogés dans le cadre de cette étude ont soutenu qu'aucune
évaluation n'est encore menée dans ce sens et cela en
dépit des multiples problèmes qui se posent.
C'est fort de tous ces constats qui confirment toutes les
trois (3) hypothèses formulées dans le cadre cette recherche, que
nous avons fait quelques propositions de solutions qui tournent autour de la
formation et de la redéfinition du statut des encadreurs et des cadres
des Directions en charge des réformes ; de la nécessité de
mettre fin au caractère expérimental des programmes selon l'APC
pour soit les adopter ou bien les remplacer par d'autres ; du relèvement
de la durée de la formation dans les ENI, de l'allocation aux ENI de
subventions conséquentes leur permettant de faire face aux charges de
fonctionnement ; de la dotation des ENI et des écoles d'accueil des
stagiaires de matériel pédagogique à même de
permettre une mise en oeuvre adéquate des programmes selon l'APC ; de
l'accroissement de la responsabilité de l'Etat sur les questions
éducatives et du suivi et de l'évaluation des réformes
mises en oeuvre.
Toutefois, nous ne considérons pas qu'il s'agit
là de toutes les solutions aux problèmes touchant la question
traitée car la mise en oeuvre d'une approche pédagogique est,
comme toute réforme, un travail de longue haleine. Dans un monde
caractérisé par des grandes mutations, les réformes
à mettre en oeuvre ne doivent plus être figées. Elles
doivent au contraire s'adapter aux besoins, aux exigences et à la marche
de la société. C'est peut-être dans ce sens que JONNAERT
Ph. et al. (2009)37 prônent le développement d'un
nouveau paradigme pour l'éducation. Il s'agit de l'Approche
Située (APS). Par approche située ou approche par les situations,
nous entendons cette variante de l'APC qui part du contexte et des situations
et classes de situations pour aboutir au développement des
compétences des apprenants. Pour JOENNART Ph., adopter l'APS, c'est donc
nécessairement chercher une nouvelle approche curriculaire qui permet
d'introduire un ensemble de situations de vie propres aux apprenants dans les
programmes d'études et dans l'enseignement et
37 JONNAERT P., ETTAYEBI M., DEFISE R.
(2009). Curriculum et compétences, un cadre
opérationnel, Bruxelles, De Boeck Université, p.75
112
l'apprentissage pour que les apprenants développent des
compétences. C'est dans cette voie que le Niger est désormais
engagé.
Mais enfin, nous devons rappeler qu'aucune réforme,
présente ou à venir, ne constitue un remède miracle aux
problèmes de la qualité de l'éducation ; son succès
dépend surtout de la manière dont elle est appliquée, de
la qualité des moyens mis à la disposition des enseignants pour
l'accomplissement de leurs missions et du suivi-évaluation
régulier pour apporter au fur et à mesure les corrections et
améliorations nécessaires.
113
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2002-029 du 31 décembre 2002 Portant création d'Etablissements
Publics à caractères Administratifs dénommés
"Ecoles Normales"
République du Niger : décret
n°2003-198/PRN/MEB1/A du 24 juillet 2003, portant approbation des Statuts
des Ecoles Normales
République du Niger :
arrêté n°16/MEN du 07 octobre 1962, fixant le
statut des Ecoles Normales d'Instituteurs et d'Institutrices.
République du Niger :
arrêté n° 9/MEN du 20 février 1965,
portant modification de l'Arrêté n° 16/MEN du 16 octobre 1962
fixant le statut des Ecoles Normales d'Instituteurs et d'Institutrices.
118
SITOGRAPHIE
Université du Québec à
Montréal (Canada) :
http://www.cudc.uqam.ca/cudc@uqam.ca
CONFEMEN :
www.confemen.org
Association pour le Développent de l'Education en
Afrique (A.D.E.A.) http://www.adea.net/
120
ANNEXE 1 : OUTILS DE COLLECTE ET D'ANALYSE DES
DONNEES
I. GUIDES D'ENTRETIEN
1. GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX RESPONSABLES DES
DIRECTIONS NATIONALES CHARGEES DE LA MISE EN OEUVRE DES PROGRAMMES SELON
L'APC
Thème 1 : raisons du choix de l'option
pédagogique
1. Quelle est l'option pédagogique retenue au niveau du
système éducatif nigérien ?
2. Dites-nous les raisons qui ont fondé le choix d'une
telle option ?
Thème 2 : positions des acteurs par rapport
à l'option pédagogique
3. Quels sont vos avis par rapport à l'option retenue
?
Thème 3 : les ressources de la mise en oeuvre de
la réforme
4. Parlez-nous de la disponibilité des ressources
financières pour soutenir cette mise en ouvre des programmes.
5. Qu'en est-il des ressources matérielles ?
Thème 4 : le suivi-accompagnement de la
réforme
6. Comment arrivez-vous à assurer le suivi de la mise
en oeuvre des programmes dans les ENI ?
Thème 5 : l'évaluation de la
réforme
7. Parlez-nous des évaluations dont les programmes
selon l'APC ont fait l'objet depuis le début de leur mise en oeuvre.
Thème 6 : contraintes et perspectives
8. Selon vous, quelles sont les contraintes de la mise en
oeuvre des programmes de formation?
9. Au regard de ces contraintes, quelles solutions
préconisez-vous pour l'amélioration de la qualité de la
mise en oeuvre des programmes selon l'APC dans les ENI ?
121
2. GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX DIRECTEURS GENERAUX DES
ENI
Thème 1 : ressources
1. Donnez-nous vos appréciations sur la
disponibilité et la qualité des ressources humaines,
financières et documentaires pour la mise en oeuvre des programmes selon
l'APC dans les ENI.
Thème 2 : la fonctionnalité des
UP
2. quel est l'état de fonctionnement des unités
pédagogiques dans votre école?
Thème 3 :
l'interdisciplinarité
3. Quelles appréciations faites-vous de
l'interdisciplinarité ?
Thème 4: le suivi-accompagnement de la
réforme
4. Que pensez-vous de la régularité du
Suivi-accompagnement exercé par les membres du pool de formateurs de la
DFIC ?
5. Quelles sont vos appréciations sur les
compétences de ces formateurs?
Thème 5 : l'évaluation de la
réforme
6. Parlez-nous des évaluations dont les programmes
selon l'APC ont fait l'objet depuis le début de leur mise en oeuvre.
Thème 6 : contraintes et perspectives
7. Selon vous, quelles sont les contraintes de la mise en
oeuvre des programmes de formation?
8. Au regard de ces contraintes, quelles solutions
préconisez-vous pour l'amélioration de la qualité de la
mise en oeuvre des programmes selon l'APC dans les ENI ?
122
3. GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX DIRECTEURS DES ETUDES
DES ENI
Thème 1 : ressources
1. Donnez-nous vos appréciations sur la
disponibilité et la qualité des ressources humaines et
matérielles pour la mise en oeuvre des programmes selon l'APC dans les
ENI.
Thème 2 : la fonctionnalité des
UP
2. Quel est l'état de fonctionnement des unités
pédagogiques dans votre école?
Thème 3 :
l'interdisciplinarité
3. Quelles appréciations faites-vous de
l'interdisciplinarité ?
Thème 4: l'évaluation des
compétences
4. Que pensez-vous de l'évaluation des compétences
?
Thème 5 : le suivi de proximité
assuré par le directeur des études
5. Comment assurez-vous le suivi des encadreurs en situation de
classe ?
Thème 7 : l'environnement pédagogique des
écoles primaires
6. Quelles sont vos appréciations sur la
disponibilité du matériel pédagogique, des manuels et
guides dans les écoles primaires ?
7. Que dites-vous sur les compétences des
maîtres d'accueil à encadrer les stagiaires dans le domaine de
l'APC ?
8. Pensez-vous que cet environnement est favorable pour
l'encadrement des élèves-maîtres dans le domaine de l'APC
lorsqu'ils sont en situation de stage?
Thème 6: le suivi-accompagnement de la
réforme
9. Que pensez-vous de la régularité du
Suivi-accompagnement exercé par les membres du pool de formateurs de la
DFIC ?
10. Quelles sont vos appréciations sur les
compétences de ces formateurs?
Thème 8 : contraintes et perspectives
11. Selon vous, quelles sont les contraintes de la mise en
oeuvre des programmes de formation selon l'APC dans les ENI?
12. Au regard de ces contraintes, quelles solutions
préconisez-vous pour l'amélioration de la qualité de la
mise en oeuvre de ces programmes ?
123
4. GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX RESPONSABLES DE STAGE
DES ENI
Thème 1 : l'environnement pédagogique des
écoles d'accueil des stagiaires
1. Quelles sont vos appréciations sur la
disponibilité du matériel pédagogique, des manuels et
guides dans les écoles primaires ?
2. Que dites-vous sur les compétences des
maîtres d'accueil à encadrer les stagiaires dans le domaine de
l'APC ?
3. Pensez-vous que cet environnement est favorable pour
l'encadrement des élèves-maîtres dans le domaine de l'APC
lorsqu'ils sont en situation de stage?
Thème 2 : ressources pour l'organisation des
stages
4. Donnez-nous vos appréciations sur la
disponibilité des ressources financières et matérielles
destinées à l'organisation de stage.
Thème 4 : le suivi des stagiaires
5. Quels sont les types de suivi exercés par
l'école lors des stages des élèves dans les écoles
primaires ?
6. Comment appréciez-vous la qualité de ce
suivi ?
Thème 5 : contraintes et perspectives
7. Selon vous, quelles sont les contraintes liées
à l'organisation des stages dans les écoles primaires?
8. Au regard de ces contraintes, quelles solutions
préconisez-vous pour l'amélioration de la qualité des
différents stages effectués par les
élèves-maîtres ?
124
5. GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX ENCADREURS DE
L'ENI
Thème 1 : ressources
1. Donnez-nous vos appréciations sur la
disponibilité et la qualité des matérielles pour la mise
en oeuvre des programmes selon l'APC dans les ENI.
Thème 2 : la fonctionnalité des
UP
2. Quel est l'état de fonctionnement des unités
pédagogiques dans votre école?
Thème 3 :
l'interdisciplinarité
3. Quelles appréciations faites-vous de
l'interdisciplinarité ?
Thème 4: l'évaluation des
compétences
4. Que pensez-vous de l'évaluation des compétences
?
Thème 5 : le suivi interne des encadreurs en
situation de classe
5. Que pensez-vous du suivi des encadreurs en situation de
classe exercé par le directeur des études ?
Thème 7 : l'environnement pédagogique des
écoles primaires
6. Quelles sont vos appréciations sur la
disponibilité du matériel pédagogique, des manuels et
guides dans les écoles primaires ?
7. Que dites-vous sur les compétences des
maîtres d'accueil à encadrer les stagiaires dans le domaine de
l'APC ?
8. Pensez-vous que cet environnement est favorable pour
l'encadrement des élèves-maîtres dans le domaine de l'APC
lorsqu'ils sont en situation de stage?
Thème 6: le suivi-accompagnement de la
réforme
9. Que pensez-vous de la régularité du
Suivi-accompagnement exercé par les membres du pool de formateurs de la
DFIC ?
10. Quelles sont vos appréciations sur les
compétences de ces formateurs?
Thème 8 : contraintes et perspectives
11. Selon vous, quelles sont les contraintes de la mise en
oeuvre des programmes de formation?
12. Au regard de ces contraintes, quelles solutions
préconisez-vous pour l'amélioration de la qualité de la
mise en oeuvre des programmes selon l'APC dans les ENI ?
125
6. GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX ENSEIGNANTS DU
PRIMAIRE
Thème 1 : l'appropriation de
l'innovation
1. Pensez que les différentes formations reçues
vous ont-elles permis de maîtriser l'APC et de conduire des leçons
selon cette démarche ?
Thème 2 : la démarche pédagogique
utilisée par les maîtres d'accueil
2. Quelle est la démarche pédagogique que vous
utilisez pour préparer et présenter vos leçons en classe
?
Thème 3: la formation continue
3. Dites-nous les différentes formations que vous avez
reçues dans le domaine de l'APC et dans quelle mesure ces formations
vous aident dans l'encadrement de vos stagiaires ?
Thème 4 : les ressources
matérielles
4. Parlez-nous de la disponibilité du matériel
pédagogique, des manuels, et des guides...dans votre école.
Thème 5 : contraintes et perspectives
5. Selon vous, quelles sont les contraintes liées
à l'organisation des stages dans vos écoles ?
6. Au regard de ces contraintes, quelles solutions
préconisez-vous pour l'amélioration de la qualité des
différents stages effectués par les
élèves-maîtres ?
7.
126
GUIDE D'ENTRETIEN ADRESSE AUX ELEVES-MAITRES
Thème 1 : application de l'APC lors des
stages
1. A quelle démarche pédagogique (APC ou PPO)
faites-vous recours quand vous préparez et présentez vos
leçons en classe lors des stages ?
2. Parlez-nous des difficultés de l'application de la
nouvelle démarche.
Thème 2 : les ressources disponibles sur le
terrain du stage
3. Comment appréciez-vous le matériel
pédagogique, les manuels et les guides dans les écoles où
vous avez effectué les stages en responsabilité?
Thème 3 : l'encadrement reçu de la part
des maîtres d'accueil
4. Donnez-nous vos appréciations sur
l'encadrement que vous avez reçu de la part des maîtres d'accueil
lors pendant la durée des stages en responsabilité.
Thème 4 : contraintes et perspectives
5. Dites-nous les difficultés auxquelles vous
êtes confrontés lors de notre formation en général
et pendant la période des stages en responsabilité en
particulier.
6. Au regard de ces difficultés, quelles solutions
préconisez-vous ?
127
II. GRILLE D'OBSERVATION D'UNE SEANCE DE LEÇON
SELON L'APC
Stagiaire :
Lieu d'observation :
Classe : Maître/Maîtresse
d'accueil:
Discipline:
Chapitre :
Activité en cours :
Date de visite :
Objet observé :
Début de l'observation :
Fin de l'observation :
|
Catégories
|
Etat d'exécution
|
Commentaires
|
Oui
|
Non
|
Enoncé de la compétence
|
|
|
|
Support didactique
|
|
|
|
Constitution des groupes
|
|
|
|
Situation problème
|
|
|
|
Exécution de la consigne
|
|
|
|
Brainstorming
|
|
|
|
Travail individuel
|
|
|
|
Travail de groupe
|
|
|
|
Jeu de rôles
|
|
|
|
Interactions élèves/élèves
|
|
|
|
Interactions élèves/enseignant
|
|
|
|
Restitution
|
|
|
|
Exploitation des productions
|
|
|
|
Synthèse
|
|
|
|
Apports théoriques
|
|
|
|
Exercice de renforcement
|
|
|
|
Évaluation
|
|
|
|
Remédiation
|
|
|
|
Respect du temps imparti
|
|
|
|
128
III. Grille d'analyse des opinions des interviewés
selon les thèmes communs
Thèmes
|
Catégories thématiques
|
Nombre d'apparitions des catégories
dans les
entretiens
|
Nombre d'entretiens où le thème
a été abordé
|
Ressources matérielles (matériel pédagogique
et didactique, moyens logistiques, etc.)
|
Disponibles
|
1
|
36
|
Non disponibles
|
35
|
Environnement pédagogique des écoles primaires
|
Favorable
|
1
|
27
|
Manque de manuels de référence
|
26
|
Insuffisance de formation continue
|
24
|
Chevauchement des deux approches (APC et PPO) dans les
écoles
|
23
|
Refus opposé aux stagiaires pour l'application de l'APC
|
15
|
Fonctionnalité des UP
|
Fonctionnelle
|
9
|
15
|
Efforts pour faire fonctionner les UP
|
2
|
Irrégularité des rencontres
|
6
|
Interdisciplinarité
|
Effective
|
5
|
rareté des rencontres
|
10
|
Insuffisance du suivi
|
8
|
Suivi-
accompagnement de la réforme
|
Satisfaisant
|
4
|
Faible niveau de
qualification des membres du pool des formateurs
|
14
|
Manque de compétences
|
12
|
Non-régularité dans le suivi
|
11
|
Ressources humaines
|
Effectifs suffisants
|
2
|
20
|
Effectifs insuffisants
|
4
|
Formation insuffisante
|
13
|
Profil non adapté
|
5
|
Ressources financières
|
Subventions insuffisantes
|
7
|
8
|
Subventions ne prenant pas en compte les besoins de chaque ENI
|
7
|
Suffisantes
|
1
|
129
IV. Grille d'analyse des opinions des interviewés
selon les thèmes spécifiques
Thèmes
|
Catégories thématiques
|
Nombre d'apparitions des catégories
dans les entretiens
|
Nombre d'entretiens où le thème a
été abordé
|
Suivi de proximité assuré par le directeur des
études
|
Assuré convenablement
|
2
|
12
|
manque de qualification des directeurs des études pour la
tâche
|
8
|
insuffisance des textes en la matière
|
6
|
manque de temps
|
5
|
Suivi des élèves-maîtres en situation de
stage
|
Assuré sans difficultés majeures
|
3
|
Insuffisance des ressources matérielles et
financières
|
9
|
non-effectivité de tous les types de suivi
|
2
|
non-respect du ratio de 3 élèves-
maîtres/Encadreur/jour
|
7
|
Insuffisance du nombre de jours prévu pour le suivi
|
6
|
Evaluation des
compétences des élèves- maîtres
|
Absence de l'interdis.
|
8
|
Insuffisance de formation
|
6
|
Effectifs pléthorique des élèves
|
4
|
Application de l'APC lors des stages
|
Appliquée
convenablement
|
3
|
9
|
Difficultés
d'application de l'APC dans toutes les leçons
|
6
|
Insuffisance d'encadrement
|
5
|
Evaluation de la réforme
|
évaluée
|
0
|
5
|
Non évaluée
|
5
|
Raisons du choix de l'option pédagogique
|
Limites de la PPO
|
2
|
2
|
Progrès de la science
|
1
|
Echec de l'APC
|
1
|
Divergences au sujet de la tutelle du suivi de la
réforme
|
Suivi effectif
|
1
|
Non-respect des prérogatives
|
1
|
130
ANNEXE 2
Tableaux des effectifs du personnel, des
élèves-maîtres et des moyens logistiques des
ENI
I. ENI de Tahoua
? Personnel
Tableau n° 1 : répartition du
personnel de l'ENI de Tahoua par sexe et par catégorie
Sexe
|
Personnel Administratif
|
Encadreurs
|
Auxiliaires
|
Total
|
C.E
|
I.E.B
|
C.P
|
Prof d'EPS
|
Maîtres d'EPS
|
I
|
Homme
|
5
|
14
|
2
|
9
|
1
|
1
|
3
|
5
|
40
|
Femme
|
4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
7
|
Total
|
9
|
14
|
2
|
9
|
1
|
1
|
3
|
8
|
47
|
Source : Direction de l'ENI de Tahoua, juin
2013
? Elèves-maîtres
Tableau n° 2: répartition des
élèves-maîtres de l'ENI de Tahoua selon le sexe et le
grade
Sexe
|
Instituteur
|
Instituteur adjoint
|
Section spéciale
|
Total
|
Première année
|
Deuxième année
|
Homme
|
11
|
109
|
87
|
50
|
257
|
Femme
|
21
|
317
|
227
|
22
|
587
|
Total
|
32
|
426
|
314
|
72
|
844
|
Source : Direction de l'ENI de Tahoua, juin
2013
? Moyens logistiques
Tableau n° 3: matériel roulant de
l'ENI de Tahoua
Nature
|
Nombre
|
Véhicules 4x4
|
3
|
Mini-bus
|
2
|
Motos cross
|
5
|
Source : Direction de l'ENI de Tahoua, juin
2013
131
II. ENI de ZINDER
? Personnel
Tableau n° 4: répartition du
personnel de l'ENI de Zinder par sexe et par catégorie
Sexe
|
Personnel administratif
|
Encadreurs
|
Auxiliaires
|
Total
|
C.E
|
I.E.B
|
C.P
|
Maîtres d'E.PS.
|
Homme
|
7
|
25
|
3
|
19
|
3
|
7
|
64
|
Femme
|
4
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
Total
|
11
|
26
|
3
|
19
|
3
|
7
|
69
|
Source : Direction de l'ENI de Zinder, Mai
2013
? Elèves-maîtres
Tableau n° 5: répartition des
élèves-maîtres de l'ENI de Zinder selon le sexe et le
grade
Sexe
|
Instituteur
|
Instituteur adjoint
|
Section spéciale
|
Total
|
Première année
|
Deuxième année
|
H
|
30
|
360
|
428
|
120
|
938
|
F
|
13
|
752
|
884
|
54
|
1 703
|
Total
|
43
|
1 112
|
1 312
|
174
|
2 641
|
Source : Direction de l'ENI de Zinder, Mai
2013
? Moyens logistiques
Tableau n° 6: matériel roulant de
l'ENI de Zinder
Nature
|
Nombre
|
Véhicules 4x4
|
2
|
Mini-bus
|
2
|
Motos cross
|
1
|
Source : Direction de l'ENI de Zinder, Mai
2013
132
III. ENI de Maradi
? Personnel
Tableau n° 7: répartition du
personnel de l'ENI de Maradi par sexe et par catégorie
Sexe
|
Personnel administratif
|
Encadreurs
|
Auxiliaires
|
Total
|
C.E
|
I.E.B
|
C.P
|
Maître s
d'EPS
|
Homme
|
6
|
18
|
7
|
17
|
1
|
3
|
52
|
Femme
|
5
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
7
|
Total
|
11
|
18
|
7
|
18
|
1
|
4
|
59
|
Source : Direction de l'ENI de Maradi, avril
2013
? Elèves-maîtres
Tableau n° 8: répartition des
élèves-maîtres de l'ENI de Maradi selon le sexe et le
grade
Sexe
|
Instituteur
|
Instituteur-adjoint
|
Total
|
Première année
|
Deuxième année
|
H
|
21
|
636
|
518
|
1 175
|
F
|
23
|
723
|
484
|
1 230
|
Total
|
44
|
1 359
|
1 002
|
2 405
|
Source : Direction de l'ENI de Maradi, avril
2013
? Moyens logistiques
Tableau n° 9: matériel roulant de
l'ENI de Maradi
Nature
|
Nombre
|
Véhicules 4x4
|
3
|
Mini-bus
|
4
|
Motos cross
|
7
|
Source : Direction de l'ENI de Maradi, avril
2013
133
Annexe 3 : Carte situant les régions
d'implantation des ENI retenues par l'étude
MALI
TAHOUA
ZINDER
MARADI
NIAMEY
NIGERIA
LEGENDE
o Capitale
Régions d'implantation des écoles normales
retenues par l'étude
|