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Les contes et les mythes en pidgin : facteur d'éducation de l'enfant dans la société africaine traditionnelle dans la région du sud- ouest (BUEA)

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par Anne OBONO ESSOMBA
Université de Yaoundé I - Doctorat en littérature orale et linguistique 2014
  

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II.2. STATUT DU PIDGIN AU CAMEROUN

Déterminer le statut du Pidgin English implique également se poser la question de savoir si ce parler convient bien d'être appelé une langue. Et si tel est le cas, dans quelle catégorie la classe-t-on ? Bénéficie-t-elle d'un usage institutionnel ou mi-institutionnel ? Où convient-il tout simplement de ne la considérer que, comme instrument de communication transnationale ?

Comme nous l'avons dit plus haut, le Cameroun est un pays plurilingue qui a le français et l'anglais comme langues officielles et une multitude de langues locales. Totalement différente de ces langues officielles et locales se trouve une langue de contact, une langue véhiculaire appelée : Cameroon Pidgin English qui n'est ni européen, ni langue locale au sens strict du terme, mais, qui est une langue composite structurée à base des langues officielles et locales.

Bien que le Pidgin English se soit imposé sur l'étendue du territoire national au point de se faire un nom, il n'a pas encore acquis le même statut ou « prestige » accordé au français et à l'anglais, qui sont reconnus comme langues officielles dans la Constitution et recommandés dans l'enseignement. C'est pour cela que Simo Bobda (2001) et Wolf (2001) disent que le pidgin English n'a pas encore acquis sa « lettre de noblesse ».

Cependant, nous aimerions savoir si cette affirmation de Simo Bobda tient encore de nos jours au regard des démarches entreprises aux départements de langues africaines (Université de Yaoundé I) et de linguistique (Université de Buea) d'une part ; et d'autre part par de nombreux linguistes quant à la standardisation de cette langue et son éventuel usage dans nos différentes institutions. Ceci semble tout simplement dire que le Pidgin English conquiert bon gré mal gré sa « lettre de noblesse ».

Bien plus, Mbangwana,(1983 :90) considère qu'il a un caractère national, un avis que partage Toddselon qui le pidgin est parlé par près de 50% des Camerounais. Ce dernier, affirme du reste qu'il est entrain de devenir une langue maternelle dans certaines communautés urbaines.

De même, les enseignants du département de linguistique de l'Université de Buea dans : « Cameroun pidgin English, un outil pour l'autonomisationet le développementnational».(2006), soutiennent plutôt qu'au lieu de viser l'éradication du pidgin, il vaudrait mieux le promouvoir vu les multiples rôles qu'il joue au sein de notre société.

De prime abord, le pidgin est une langue adoptée comme langue d'échange dans les villes et autres zones urbaines. Pour eux, le pidgin peut servir dans l'éducation et la sensibilisation de masse, et peut résoudre de nombreux problèmes. Ici, l'écart entre instruits et non instruits peut être fortement réduit par le truchement du pidgin. En plus de son caractère non ethnique, il pourrait devenir le palliatif au tribalisme résultant le plus souvent de la simple découverte de la provenance tribale de l'autre.

Dans le même sillage, Mbufong.(2001) propose que le pidgin soit utilisé dans l'ensemble de la zone anglophone du Cameroun comme moyen d'instruction dans les outils éducatifs pour adultes, les campagnes de sensibilisation et le théâtre populaire.

Se souciant du sort des non alphabétisés dans la communication médiatique, il soutient aussi que le pidgin doit être d'avantage utilisé dans la télé et la radio pour permettre à un public large d'accéder facilement aux informations.

Par ailleurs, les mêmes enseignants estiment que le pidgin peut servir comme source d'extension culturelle et comme véhicule dans la recherche de l'emploi. Schröder.(2003:119) parlant du statut du pidgin au Cameroun, dira que le statut de toute langue peut être réévalué et revu en fonction de son évolution, de son ampleur et de son rôle social. Cette assertion apporte un plus à cette partie. Mais ce que Schröder (2003) ne dit pas, c'est qui devrait évaluer la fonction de la langue dans une société afin de lui attribuer un statut. Est-ce les usagers de la langue ou le gouvernement?

Néanmoins, en ce qui concerne le pidgin au Cameroun, bien qu'il ne soit pas reconnu officiellement et que son usage n'est pas reconnu par les institutions en place, nous avons observé qu'il a gagné du terrain vu la manière dont il est utilisé en situation informelle ou mi institutionnelle et est au regard de sa considération par certaines personnes comme la langue première.

En plus des suggestions faites plus haut, Feral repris par Schröder quelques années plus tard affirme que : «ce qu'on appelle Pidgin English au Cameroun est en vérité une langue qui a un éventail fonctionnel beaucoup plus large que celui qu'on attribue ordinairement au pidgin »(2003)..

Bien avant cela, Bernard Fonlon (1969) faisait déjà remarquer que le pidgin fut et continue d'être l'une des langues véhiculaires les plus répandues au Cameroun : « Pidgin English was and is still the most wide spoken lingua franca in Cameroon ».

En somme, dire que le pidgin avait un statut de langue anormale, ou de langue de masse et de rue, au début, cela était tout à fait compréhensible. Et l'avis de Bobda tient sa place lorsqu'il déclare en 1980 que, c'est une langue qui perd de sa valeur et tend à disparaître. Or Alobwede (1989 :54-61), 18 ans plus tard, réfute cette assertion et rehausse le statut du pidgin en ces termes : « it has been a low status language under German, French and British administration ».

Cette langue était piétinée pendant la période coloniale et maintenant, elle refait surface et prend plutôt des allures d'une « langue nationale ». Cette langue sert de pont, de moyen de rapprochement, entre les différents groupes ethniques.

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