La césarienne : aspects
épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et
évolutifs à la maternité de l'hôpital du
district sanitaire de Djibo (Burkina Faso) de Janvier 2014 à Juin
2014
M. WANDJAGABOU
Moussa
Attaché de santé en Anesthésie-
réanimation - Soins d'urgence
ANNEE 2014
INTRODUCTION
La Césarienne est une intervention chirurgicale
pratiquée sur la paroi abdominale puis sur l'utérus d'une femme
enceinte à terme sous anesthésie au cours de laquelle le
bébé est extrait.
L'indication d'une césarienne, est une situation
obstétricale, qui peut être responsable d'une morbidité ou
d'une mortalité maternelle, foetale ou néonatale importante,
particulièrement dans les pays en développement. Les causes les
plus fréquentes pourraient être :
· L'insuffisance de compétence des agents
chargés des soins post-opératoires,
· L'insuffisance de surveillance dans le suivi des
césarisées,
· L'insuffisance de réanimation dans le service
de la maternité
Dans le but d'apporter notre contribution à
l'amélioration de la prise en charge des patients, nous allons mener un
travail d'intérêt professionnel dont le thème
est « la césarienne : les aspects
épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et
évolutifs à la maternité de l'hôpital de district de
Djibo du 1er Janvier 2014 au 30 Juin 2014». Cette étude
s'articulera autour des points suivants :
v Chapitre I : Enoncé du problème
v Chapitre II : Généralités sur les
césariennes
v Chapitre III : Objectifs de notre étude
v Chapitre IV : Méthodologie
v Chapitre V : Résultats de l'étude
v Chapitre VI : Discussion - commentaires
v Chapitre VII : Conclusion
v Chapitre VIII : Suggestions/ Recommandations
II.ENONCE DU PROBLEME
I.ENONCE DU PROBLEME
La césarienne de qualité pourrait être
définie selon DUJARDIN B. comme «une intervention chirurgicale qui
profite à toutes les patientes qui en ont réellement besoin, avec
un risque minimum pour le devenir du couple mère - enfant et à un
coût abordable pour la patiente et pour le système de
santé» [1].
La fréquence des césariennes a connu de plus en
plus une hausse considérable dans ces dernières décennies,
si bien que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en 1985, a
recommandé que le taux de césarienne ne soit pas supérieur
à 15% [2].
Pourtant en 1999, BELIZAN et al ont estimé que les 12
des 19 pays d'Amérique Latine qu'ils ont examinés, avaient des
taux de césarienne dépassant les 15 % [3].
Aux Etats-Unis, la césarienne est l'intervention
chirurgicale la plus fréquemment pratiquée (905 000/ an)
et représente 24,1% des naissances [4].
En Asie, entre 2007 et 2008, le taux des naissances par
césarienne était de 27,3% dans 9 pays. Et en 2010, l'OMS s'est
alarmée du nombre de naissances réalisées par
césarienne en Chine qui atteint plus de 45 % dont un quart n'a aucune
justification médicale [5].
L'Europe n'est pas en reste ; le nombre d'accouchements
par césarienne n'y a cessé d'augmenter. Le taux de
césarienne est passé de 5 %, il y a 35 ans environ à 19 -
20 % en moyenne en France.[6]
En 2003, selon l'Office fédéral de la
statistique, 29% des accouchements dans les hôpitaux Suisses ont eu
lieu par césarienne [6].
En Afrique, la situation n'est guère meilleure. Au
Benin, l'incidence de la pratique de la césarienne pour les
accouchements gémellaires est de 18,6 % alors que celle des
accouchements uniques est environ de 19 % [7].
En 1992 en Guinée - Conakry, l'incidence de la
césarienne était de 17,5% au centre hospitalier universitaire
Ignace DEEN de Conakry [8].
En 2007, le Burkina Faso a comptabilisé 3294
césariennes et en 2008, on enregistre 4289 césariennes [9].
Depuis ces dernières décennies,
l'anesthésie-réanimation a réalisé d'importants
progrès qui ont apporté une sécurité et un
confort supplémentaires pour les patients dans les blocs
opératoires.
Cette sécurité et ce confort seraient la cause
d'une augmentation de la fréquence des césariennes dans le monde,
due d'une part aux progrès réalisés dans le domaine de la
pharmacologie et de la technologie et d'autre part à la maîtrise
de l'acte chirurgical.
Malgré ces progrès dans l'anesthésie due
aussi à la découverte des produits pharmaceutiques, la prise en
charge des femmes césarisées demeure toujours un problème
majeur.
En France, selon Marie-Hélène Bourvier-Colle et
Coll. la femme décède en raison d'un incident obstétrical.
La part due aux complications d'anesthésie représente
1,4%.[10]
En effet, des informations rapportées par des
étudiants sur quelques hôpitaux de la sous région ouest
africaine (Bénin, Mali, Niger, Togo et de la Côte
d'Ivoire) confirment l'existence de problèmes liés à la
prise en charge des césariennes.
En Guinée-Conakry, au Centre Hospitalier Universitaire
Ignace DEEN de Conakry, sur 434 césariennes effectuées en 1992,
on dénombre 15 décès soit 3,45% [10].
Ces problèmes sont aussi bien connus des hôpitaux
du Burkina Faso où des usagers et des travaux d'étudiants font
état d'une mortalité relative à la prise en charge des
césariennes.
En 2004, le Burkina Faso a enregistré une
mortalité périnatale pour les accouchements par
césarienne de 3,6% et en 2008, on a observé un taux de
mortalité de 1,8% [9].
L'hôpital du district sanitaire de Djibo objet de la
présente étude, un des districts sanitaires du pays
n'échappe pas à la règle. En effet, selon l'annuaire
statistique de 2009, l'hôpital du district de Djibo a enregistré
112 césariennes avec 02 décès.
Pour diminuer ce taux de couverture en soins post
interventionnels, les autorités sanitaires du pays ont pris des mesures
parmi lesquelles :
· L'investissement dans des programmes de PMI, SMI/PF
· L'élaboration de la stratégie nationale
pour une maternité sans risque.
· L'élaboration ou la révision constante
des programmes et stratégies de lutte contre la mortalité
maternelle.
· La formation continue des agents de Santé sur le
terrain
· La subvention des SONU
En plus des mesures préconisées par le
ministère de la santé, les responsables du district sanitaire de
Djibo, ont mené des actions suivantes :
· L'institution d'une visite médicale
régulière des césarisées
· La surveillance régulière des soins aux
césarisées
· L'application effective de l'administration des SONU
· L'institution des enseignements post universitaires et
des formations continues
En dépit de tous ces efforts au niveau de
l'hôpital du district sanitaire de Djibo (HDSD), le problème de la
prise en charge des césarisées persiste. Les facteurs qui
pourraient expliquer une telle situation sont entre autres :
· L'insuffisance dans l'organisation du service de la
maternité
· L'insuffisance de compétences des agents du bloc
opératoire
· L'insuffisance du personnel qualifié à la
maternité et au bloc opératoire
· La démotivation et la démission
générale des agents de la maternité
Si des mesures ne sont pas prises pour endiguer le
phénomène, les conséquences qui en découlent,
sont :
· La survenue fréquente d'infections
nosocomiales
· L'augmentation des complications
post-opératoires
· L'augmentation du nombre de décès
maternels post-opératoires
· L'augmentation de la durée d'hospitalisation des
césarisées
Devant tant de difficultés et de problèmes, des
actions énergétiques s'imposent. C'est pourquoi, en attendant une
étude de plus grande envergure à l'hôpital de Djibo, nous
nous proposons de mener un travail d'intérêt professionnel sur
les aspects épidémiologiques, cliniques, thérapeutiques et
évolutifs des cas de césariennes enregistrées à la
maternité de l'HDSD, durant ces six derniers mois,
c'est-à-dire de Janvier 2014 à Juin 2014.
Nous espérons par cette étude mettre en
évidence :
· La tranche de la population touchée
· La provenance des femmes
· Le diagnostic péri opératoire
· L'évolution clinique de la césarienne
· Le résultat des césariennes c'est-
à- dire des nouveaux nés
Notre objectif est de décrire le profil
épidémiologique et clinique des césarisées et les
problèmes posés par les césariennes notamment
thérapeutiques et évolutifs afin d'y répondre de
façon adéquate.
II.GENERALITES SUR LA CESARIENNE
La césarienne est une intervention pratiquée
sous anesthésie sur une femme enceinte pour extraire le foetus. En
fonction des données cliniques, on peut repartir les
césariennes par degré d'urgence.
7.1 2.1. Classification des
césariennes
v Selon la société de gynécologie et
d'obstétrique du Canada, la classification
des césariennes devrait :
- Etre pertinente aux yeux des fournisseurs de soins
obstétricaux
- Couvrir toutes les césariennes ;
- Facilement découler des bases de données
obstétricales actuelles ;
- Disposer de critères mutuellement exclusifs de
façon à ce que chaque césarienne appartienne à
une seule catégorie ;
- Permettre à une analyse détaillée
sans s'accompagner d'une complexité excessive ;
- Pouvoir être utilisé au niveau local,
régional, national et international [13].
Ainsi, les césariennes peuvent être
classées par catégorie d'urgence. Le tableau ci-dessous
représente les catégories de césariennes par
catégorie d'urgence.
Tableau I : classification des
césariennes par catégorie d'urgence selon la SOGC
Catégorie
|
urgence
|
I
|
Menace immédiate pour la mère et / ou le foetus
|
II
|
Risque maternel et / ou foetal mais n'engage
immédiatement pas le pronostic vital
|
III
|
Nécessité d'une césarienne dès
que possible, mais absence de danger pour la mère et /ou le
foetus
|
IV
|
Césarienne à un moment convenant à la
mère et à l'équipe périnatale
|
v Les césariennes peuvent suivre une classification
par niveau d'urgence. Le tableau ci-dessous présente les
différentes dénominations en fonction du niveau d'urgence.
Tableau II : classification des
césariennes selon la SOGC par niveau d'urgence
Niveau
|
Dénomination I
|
Dénomination II
|
I
|
Catastrophe
|
Urgence extrême
|
II
|
Urgente
|
Urgence vraie
|
III
|
Non programmée - non urgente
|
Urgence relative
|
IV
|
Programmée
|
Programmée
|
|