III-3. QUESTIONS DE RECHERCHE
l QUESTION PRINCIPALE :
Quels types d'usages les étudiants de
l'Université de Douala font-ils d'Internet ? Et quelles sont les
pratiques générées par ces usages ?
l QUESTIONS SECONDAIRES :
1) Comment les étudiants
accèdent-ils à Internet au Cameroun ? Par ailleurs, les
pratiques du Net changent-elles leurs habitudes de vie ?
2) Face aux défis financiers et au
mauvais débit de connexion, comment font-ils pour s'adapter, bricoler et
s'approprier Internet ?
IV- CONSTRUCTION DES HYPOTHESES :
Les hypothèses construites sont de trois ordres :
une hypothèse principale (générale) et deux
hypothèses de travail (secondaires).
l Hypothèse principale :
Les étudiants de l'Université de Douala
recourent à Internet beaucoup plus pour une visée
communicationnelle qu'informationnelle : premièrement pour
les réseaux sociaux, faire la veille relationnelle (savoir ce
que font leurs amis et leurs contacts), promouvoir les associations ethniques,
religieuses et idéologiques sur les réseaux sociaux (Le groupe de
tous les Bétis, Bana Ba Sawa...) faire des rencontres amicales
(Facebook...) et amoureuses pour d'autres (Badoo, Twoo...). Ensuite vient
l'utilisation massive des applications et logiciels gratuits
d'appels audio comme visio, de chats vidéo, sms, envois des photos tels
que Skype, Viber, Whatsapp, Instagram, Google Hangouts, Yahoo Messenger... cela
à partir d'un ordinateur, d'un téléphone portable ou d'une
tablette.
En troisième recours, s'observe la recherche
informationnelle impulsée par la contrainte des travaux
académiques à réaliser et le désire de connaitre.
Et même dans cette recherche informationnelle, les usages liés aux
travaux académiques sont minoritaires, car ils se font de manière
irrégulière. Nous avons observé une pratique qui gagne du
terrain dans les usages du Net ; de nombreux étudiants à
l'Université de Douala font de la recherche informationnelle sur
Internet pour des raisons d'immigration, de sondages, de
pronostiques et de cotages des matchs destinés aux paris sur le
football communément appelés
« parifoot ». La recherche informationnelle se
fait aussi dans l'intérêt de trouver une école plus
moderne, afin de bénéficier d'une formation meilleure ; de
trouver du travail au Cameroun et au-delà des frontières.
Le comble, ce sont les loteries américaines et
canadiennes qui suscitent de nombreuses participations des
étudiants au Cameroun, nourris par l'espoir d'obtenir une green card
(carte verte) pour les Etats-Unis ou une carte de résident permanent
pour le Canada, afin de se faire une nouvelle vie et de nouveaux projets.
l Hypothèses de travail :
1) Les étudiants de
l'Université de Douala vont généralement dans des
cybercafés, où ils doivent acheter des heures de connexion pour
avoir accès à Internet. Les prix s'appliquent par endroit, mais
communément il est question de près d'un (1) euro pour deux
heures et près de deux (2) euros pour cinq heures. En plus des
cybercafés, d'autres étudiants accèdent par défaut
à Internet à travers leurs téléphones mobiles et
tablettes grâce aux services proposés par les opérateurs de
téléphonie mobile au Cameroun. Les plus nantis s'offrent des
clés Internet pour pouvoir se connecter à travers un ordinateur.
Ces pratiques d'Internet changent largement leurs habitudes
de vie ; car les étudiants, à travers une dépendance
progressive, manifestent de plus en plus un attachement affectif envers le Net,
au point de se priver du temps et des ressources disponibles pour satisfaire
leurs besoins liés au numérique. Et cette dépendance
introduit des répercussions sur le plan familial (réduction des
dépenses ménagères, privation), individuel (sensation de
perte de temps), économiques (appauvrissement), social (Internet nous
rapproche des personnes éloignées et nous éloigne des
personnes proches), culturel (Internet participe à la rupture et au
détachement des modèles culturelles propres au terroir).
2) Pour s'adapter, bricoler et s'approprier
Internet, les étudiants de l'Université de Douala organisent leur
temps autour des choix spécifiques, et des besoins immédiats
avant d'aller sur le Net. Généralement, pour des raisons
financières, ils ouvrent plusieurs comptes clients dans
différents cybercafés pour bénéficier des offres,
et cela en fonction des actions à mener sur Internet. Pour des actions
jugées non capitales, ils ouvrent des comptes clients dans des
cybercafés moins coûteux avec un faible débit de connexion.
Pour des tâches urgentes, ils vont dans des cybercafés plus chers
avec un débit de connexion plus rapide. De nombreuses stratégies
sont également mises sur pieds, aller régulièrement sur
Internet durant un temps très réduit pour consulter uniquement
ses mails et les notifications, ou faire une tâche précise ;
une stratégie qui permet d'économiser les heures de connexion et
être « à la page » avec le reste du monde,
même s'ils sont moins actifs et moins entreprenants que les autres sur la
Toile.
De plus, par solidarité les étudiants, ayant des
forfaits Internet depuis leurs téléphones mobiles ou des
clés Internet, font largement bénéficier leur entourage en
partageant la connexion Internet avec des camarades de classe, les membres du
même groupe de travail, voire les amis proches.
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