Freemium et presse quotidienne numérique( Télécharger le fichier original )par Thomas GUSTAVE Université d'Aix en Provence - Master 2 2013 |
ANNEXE N°3 : INTERVIEWKEVIN GOMEZ - CONSOMMATEUR de presse écrite Entretien avec Kevin GOMEZ, lecteur-consommateur de presse écrite papier et numérique, Chômeur, 22 ans. Bonjour, je m `appelle Thomas GUSTAVE, je suis étudiant et pour finaliser mon Master je dois réaliser un mémoire d'étude, mon travail porte sur la crise et la dématérialisation de la presse écrite. Je vous interroge pour connaître votre point de vue, votre approche de la presse écrite. Tout d'abord je vous demanderais de vous présenter. Bonjour je m'appelle Kevin, j'ai 25 ans, je prépare actuellement le concours d'aide soignant, que j'ai raté cette année, je suis donc au chômage depuis 6 mois. Ma première question, porte sur votre relation à la presse écrite. Alors la presse écrite, à part La Dépêche, les journaux du métro je m'intéresse peu. Vous n `allez pas chercher l'information ? Oui voilà, je me consacre plutôt à la presse sur internet. Au niveau des quotidiens magasines vous n'achetez peu ou jamais ? Je n'achète jamais de journaux papier, lorsque j'ai besoin d'une chose précise je m'y plonge longtemps sur Internet et je trouve tout le temps et cela pour pas un sou. Quels genres ? Plutôt de la presse sportive. Plutôt des journaux comme l'équipe. Je recherche beaucoup d'informations pour le football, les transferts, ou les résultats des journées foot, rugby ou autres sports. Vous utilisez des substituts à la presse écrite ? Oui. Sur internet, je vais sur Yahoo, euh... Ils me proposent plein d'articles, sur google actualité aussi, des articles de presse écrite. Sinon je vais sur des sites spécialisés comme « Maxifoot » ou « Mercato ». Le site officiel de mon club préféré aussi, le « Phocéen.net ». Vous trouvez les articles spécialisés suffisamment approfondis ? Oui en général je trouve tout ce que cherche. Pas besoin de revenir sur des articles plus longs et approfondie que normalement la presse écrite favorise ? Euh..., non en général il n'y a pas besoin d'y revenir, quand j'ai besoin d'une chose précise je m'y plonge longtemps sur Internet et je trouve tout le temps. Est-ce que vous vous décririez comme polyvalent au niveau de vos supports d'information, entre le papier et le net ? Euh... Je suis plus sur la presse sur Internet, après si j'ai un journal dans la main, j'arrive très bien à me débrouiller avec. Pourquoi n'achetez vous pas de presse écrite ? Le fait que ce soit payant principalement. Sur Internet, vous vous arrangez pour tout trouver gratuit ? Vous n'avez pas d'abonnement ? Non, je n'ai pas d'abonnement. Donc, sur Internet vous m'avez parlé des agrégateurs de contenus comme Yahoo ou Google, vous en utilisez d'autres ? Non, ces deux là essentiellement. Pourquoi ? Ca regroupe plein d'articles de journaux différents, avec les sujets qui m'intéressent, il y a l'actualité traitée largement. Après je n'en ai jamais essayé d'autres. Vous m'avez parlé des sites sportifs principalement, est-ce que vous allez sur d'autres sites internet de presse ? Non. Je m'arrête aux agrégateurs de contenus. Alors aux niveau des sites spécialisés ? Oui, « FootMercato », « Le Phocéen », « MaxiFoot »... Quels sont leurs atouts qui vous font venir sur ces sites ? C'est surtout basé sur des brèves, dès qu'il y a une nouvelle actualité il y a une nouvelle brève qui apparaît. C'est en temps réel. Et puis il peut y avoir des articles approfondis. Une préférence pour les journalistes peut-être ? Ou l'analyse ? Oui, sur « Le Phocéen », par exemple, il y a des analyses de matchs plus poussées, un bon résumé, une analyse tactique etc... Après sur les choix de l'entraineur ou le positionnement des joueurs, l'analyse est aussi plus poussée que sur d'autres sites du même genre. C'est uniquement basé sur le club de Marseille ? Oui. Vous me parliez tout à l'heure que les seuls moments où vous lisiez la presse écrite est lorsque que vous vous retrouvez avec un journal entre les mains ? Dans quelles situations cela arrive ? Oui, en fait mon père est abonné à l'Humanité, du coup voilà, je lis pas mal l'Humanité. J'aime bien les articles plus poussés que sur la presse sur Internet. Après c'est assez orienté politiquement, il faut faire le tri. Vous n'allez pas chercher cette information ailleurs ? Souvent l'information qui il y a sur l'Humanité est traitée sur d'autres médias mais de façon différente. Sur les informations télévisés ou d'autres articles de presse sur internet, mais ce qui m'intéresse sur l'Humanité c'est la façon dont elle est traitée. Si votre père venait à ne plus acheter ce journal est-ce que vous l'achèteriez vous même ? Non, je ne pense pas. Toujours ce problème de prix ? Oui. On peut imaginer, par exemple, dans 10 ans, vous ne vous voyez toujours pas acheter de presse écrite ? Après quand j'aurais des revenus, oui, c'est possible que je m'y mette. Mais pour l'instant sans vraiment de revenus non. Je ne me vois pas. Nous allons venir aussi sur un fait qui caractérise la génération Y dont vous faite parti. Je parle de l'échange d'informations liées à l'actualité sur les réseaux sociaux. Est-ce que vous participez à ce phénomène ? Oui, je remarque ça essentiellement sur Facebook et Twitter, mais je préfère rechercher l'information sur Internet par mes propres moyens, que de faire confiance aux informations relayées par d'autres internautes. Mais est-ce qu'il vous arrive de consulter ce que publie vos amis en terme d'actualité ? Quand c'est des articles oui ça m'arrive de les regarder. Vous pensez que ce phénomène prend de l'ampleur ? Ah, avec le nombre de personnes qui utilisent les réseaux sociaux oui ça va encore plus se développer c'est sur ! Twitter vous aide aussi à trouver de l'information ? Oui. D'une manière différente ? Oui, très différente, souvent quand je suis le compte d'un journaliste c'est plutôt une personne qui publie une information, avec là aussi des brèves. Une information synthétique. Comment avez vous connu ces journalistes ? Par le biais de sites internet, pour Pierre MENEZ sur son blog de Yahoo. Et Romain ZANUTTI qui est journaliste sur le « Phocéen.net ». D'accord, vraiment basé sur le Football, c'est une vraie passion pour vous ? Oui depuis que je suis petit. J'ai commencé tout jeune dans un club et avec la coupe du monde en France en 1998. Et ensuite j'ai commencé à suivre Marseille et je n'ai jamais arrêté. Vous avez des évènements qui vous ont particulièrement marqués ? Oui des défaites principalement. En 1999 en coupe d'Europe, Marseille contre Parme. Ou en 2004, Marseille contre Valence. Après, la France aussi en 2006 contre l'Italie. Mais les victoires ne me marquent pas trop. Revenons un peu plus sur la presse, j'aimerais que vous me décriviez avec précision, comment vous voyez votre relation dans 10 ou 20 ans à la presse ? Ouf. Et bien j'ai du mal à me projeter dans 10 ou 20 ans. Mais je pense que la presse écrite risque de mourir avec la presse internet. Et je continuerai de la même façon à regarder mes informations sur Internet. Vous pensez que la presse papier n'existera plus dans 10 ans ? Oui, parce que cela à un coût de produire cette presse écrite alors que sur Internet ils fournissent les même contenus, plus facilement accessibles pour le grand public. Et donc avec elle la mort du tabac presse ? Et du commerce de proximité ? Oui. Vous ne vous déplacez jamais chez le marchand de journaux ? Ça peut m'arriver de me déplacer quand j'ai un long voyage à faire et que je n'aurai pas accès à internet pendant mon voyage, ou la quand je travaille quand je suis animateur et que je n'ai pas accès à internet pendant 2 semaines donc j'achète à ce moment là le journal. Plus globalement on va revenir à la dématérialisation de l'information. Quelle est votre opinion par rapport à l'arrivée des tablettes numériques et la disparition du papier ? Ca ne me pose pas de problème, l'information sur Internet ou sur le papier, l'important c'est d'avoir l'information. Vous pensez être représentatif de votre génération ? Oui, jusqu'à 30 ans la plupart doivent regarder les informations sur Internet plutôt que sur la télévision ou la presse. Et les prochains seront pires ? Les prochains je ne sais même pas s'ils s'intéresseront aux informations. Les jeunes à part les jeux vidéo, je ne sais même pas s'ils voient des amis comme avant. Ils restent devant leurs ordinateurs, leurs jeux vidéo. Vous avez des exemples ? Oui, plein de petits frères de copains, y en a qui sont sur des jeux Internet genre « World Of Warcraft » qui restent tout le temps dessus et ne sont même pas au courant des évènements. La petite soeur d'une collègue, elle passe son brevet et ne savait même pas qui était Hitler. Alors que c'était au programme. Oui même en dehors du programme c'est important à savoir ! (Rires) Qu'est qui a changé entre cette génération là, la votre et celle de vos parents ? Ils s'intéressaient plus à l'information ? Oui, c'était plus accès sur les informations, nos parents regardaient davantage la tv, les journaux. Sans internet et tous les jeux vidéo pour les distraire. Ils étaient plus sur l'information, et l'éducation y fait pas mal aussi. Les gamins d'aujourd'hui ils peuvent passer des heures derrière leurs consoles sans sortir, c'était inimaginable avant ! C'est peut-être aussi une question de classe sociale ? Euh... Je ne sais pas, pas forcement, je pense que les classes ouvrières avant étaient très au courant de l'information alors que là autant les gosses de riches ou de pauvres ils sont tous derrières leurs consoles quoi ! Donc une uniformisation du désintérêt pour l'actualité, la culture même ? Oui, pour l'actualité et la culture exactement. Par exemple pour la culture, vous pensez qu'ils ne s'intéressent plus aux auteurs, aux livres, à la musique ? Les livres, les seuls qu'ils doivent lire pour la plupart ce sont ceux qu'on leurs impose à l'école. Pour la musique, je pense que c'est pas pareil. Il y a beaucoup de nouveauté sur Internet avec des sites comme « Deezer » ou « Grooveshark », ou pour trouver un morceau préféré sur « Youtube » ou d'autres plateformes comme « Dailymotion ». Internet aide beaucoup les nouveaux artistes, comme avec « MySpace », par exemple, il y a plein d'artistes qui se font connaître comme ça. Dans ces cas là Internet peut aider pour partager sa musique. Et comment vous expliquez qu'internet n'aide pas autant le livre ? C'est beaucoup moins agréable de lire sur un écran que de lire sur papier. Même vous en tant que représentant de la génération Y vous préférez lire les livres sur le papier ? Je préfère toujours lire de bons romans sur papier que sur une tablette. Vous en achetez souvent des romans ? Oui des romans j'en achète encore. J'achète des romans policiers, philosophiques, des romans, plutôt de la science fiction de l'héroïque fantaisie. Vous avez des exemples ? Pour les livres, dernièrement j'ai lu, « L'homme qui voulait être heureux », c'est un roman philosophique. Après pour l'héroïque fantaisie, c'est une sorte de livre du genre du « Seigneur des anneaux », ou « L'assassin royal ». Et pour les policiers, c'est souvent des romans que je trouve comme ça, quand je n'ai rien à faire je lis un roman policier. Vous mettez quand même une séparation entre la presse écrite d'un côté qui ne vous intéresse que sur internet, et la librairie, que vous continuez à acheter, le coût n'est plus un problème ? Non, parce que je pense que c `est vraiment nécessaire d'avoir le support papier, pour pouvoir lire agréablement, alors que la presse ce n'est pas des longs articles de 100 pages que je lis donc Internet me suffit. Vous pensez que les autres jeunes de votre âge lisent aussi des romans ? C'est au cas par cas je pense, je ne vais pas faire de généralité. Cela ne dépend pas de l'éducation comme nous l'avons abordé plus tôt avec la presse ? La, les jeunes avec moins de 17 ans ne lisent plus du tout de livres, après au dessus on a encore gardé ce côté par rapport aux livres sur support écrit. Mes amis par exemple en tout cas certains lisent pas mal, on s'échange parfois des livres d'ailleurs. Est-ce que vous pensez que ça fait parti des valeurs de votre génération de continuer à lire des livres sur papier mais aller sur Internet dès que cela est possible ? Pour tout ce qui est presse et rapport à la presse c'est plus Internet et pour la littérature on continu à acheter des livres. Vous avez en tête des valeurs propres à votre génération, la génération Y ? Les jeunes se prennent moins la tête avec l'information, ils sont moins intéressés dans l'ensemble. Et ils ont moins besoin de se cultiver je dirais, ils vont moins se tourner vers la littérature et les livres en général. Et par rapport au monde professionnel, vous sentez un changement propre à votre génération ? Oui les gens sont plus résignés déjà, pour le travail. En ce moment c'est très difficile de trouver du travail, et les jeunes se tournent beaucoup trop vers internet, ils vont plus rechercher sur le site du CRIJ ou de Pole emploi et ne vont pas forcément faire du porte à porte. C'est plus basé sur des envois de mails, même les appels téléphoniques, ils ont du mal. Les jeunes ont plus de mal à aller vers l'autre je trouve. Donc c'est forcément un gros frein pour trouver du travail. La communication virtuelle freinerait au final les relations humaines et l'approche avec le travail ? Si c'est pour un travail où le contact avec le client est important c'est sur que les personnes sont moins à l'aise à l'oral. Et pourquoi les jeunes sont résignés comme vous avez dit plus tôt ? La crise dans laquelle on évolue, il y a moins de travail pour tout le monde, donc si on est pas qualifié c'est beaucoup plus difficile de trouver du travail. Et puis après la plupart des jeunes sont moins à l'aise à l'oral et moins débrouillards. Leurs parents par exemple n'avaient pas toute l'information au bout du doigt en un simple clic, donc ils ont appris à se débrouiller avec d'autres manières, en cherchant les informations par eux même. Maintenant si on n'a pas tout devant notre nez, on a vraiment du mal à se démener pour trouver un travail. On caractérise votre génération, d'instable et d'irrespectueuse, vous êtes d'accord ? Moi je ne me sens pas irrespectueux, mais c'est possible pour d'autres. Irrespectueux non quand même, ça dépend de l'éduction, des parents, de l'éducation. Après pour ce qui est de l'instabilité je ne sais pas du tout. On les caractérise comme ne sachant pas avoir une attitude stable au point de vue professionnel, ou même au niveau amoureux. Je le remarque dans mon entourage, c'est rare d'avoir des amis avec des relations longues, après pour un travail, la plupart change. Mais ce n'est pas forcément de leurs fautes non plus. Les patrons n'engagent qu'en CDD, et ça force à chercher d'autres choses à chaque fois. Par exemple travailler dans une entreprise et y rester toute notre vie, ce n'est plus possible maintenant. En dernière question, je vous demanderez de m'exposer comment est-ce que vous voyez la presse du futur ? La presse du futur je la vois essentiellement sur internet. Uniquement. Le papier tant à disparaître, avec les politiques de développement durable, le papier pollue. Vous ne pensez pas que la liberté de la presse passe aussi par la liberté de distribution ? Après sur internet, le monde internet est aussi un monde libre, difficile à censurer pour tout le monde. Je pense que la liberté de la presse ne disparaitra pas à causse d'internet. Elle en sera même renforcée par le net. Si les Etats ne trouvent pas un moyen de censurer bien sur. Très bien, je vous remercie pour vos réponses et je vous souhaite une bonne continuation. Bonne journée. |
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