IV.3 LA CORRUPTION AU SEIN DE
L'ADMINISTRATION :
La corruption se définit généralement
comme la pratique de concussion c'est dire l'abus de pouvoir et de confiance du
public à des fins personnelles. Au Burkina Faso, la corruption est
devenue un défi majeur et apparait comme une réalité
importante dans la société. Aucun secteur n'est
épargné : police et gendarmerie, activités politiques,
marchés publics, justice, mairies, éducation et même les
médias.
Pour mieux évaluer l'ampleur de la corruption dans le
pays, l'opinion des citoyens s'avère indispensable. Ainsi,
interrogés sur la corruption au niveau de l'office de la
Présidence, ils sont seulement 16% à affirmer que le
Président et les fonctionnaires de la présidencene sont point
impliqués dans les affaires de corruption. La majeure partie de la
population (60%)pensentque la corruption existe bel et bien au sein de la
Présidence mais ne touche pas tous les fonctionnaires puisque uniquement
8% jugent qu'ils sont tous liés aux affaires de corruption, et les
autres (52%) identifie seulement une partie d'entre eux. Ceci peut sembler un
peu étonnant si l'on sait que 58% des Burkinabé ont une pleine
confiance envers leur Président.
Suivant le milieu de résidence, on constate que la
corruption est davantage perçue en milieu urbain qu'en milieu rural. En
effet, la proportion de ceux qui affirment que les fonctionnaires de la
Présidence et le Président même sont tous impliqués
dans les affaires de corruption est deux fois plus importante en milieu
urbain(12% contre 6% en zone rurale). D'autre part, le pourcentage des
indécis est plus important en milieu rural (26% contre 19% en zone
urbaine).
Pour ce qui est de l'Assemblée nationale, on constate
presque les mêmes situations. Ainsi 15% des Burkinabé pensent que
les députés ne sont pas du tout impliqués dans ces
affaires de corruption, alors que 54% en identifie certains.De plus, 8% d'entre
eux pensent qu'il n'y a pas d'exception et qu'ils sont tous impliqués.
Cette perception de la corruption au niveau de l'Assemblée nationale
témoigne en partie de la confiance mitigée accordée
à cette institution puisque c'est uniquement 42% des burkinabè
qui accordent une pleine confiance aux députés.
Graphique 32 : Perception de
la corruption au sein des institutions: Présidence et Assemblée
nationale.
Il en est de même des membres du gouvernement qui sont,
selon 61% des individus, liés à la corruption ; ceux qui
jugent qu'ils ne sont point impliqués représentant 14% de la
population.
Si l'on s'intéresse aux institutions juridiques et aux
services des impôts et douane, nous constatons que la corruption prend
plus d'ampleur puisque des proportions respectives de 10%, 13% et 21% pensent
que les juges et magistrats, la police et les agents sont tous
mêlées aux affaires de corruption. De plus, une bonne partie de la
population (respectivement 50%, 48% et 54%), moins catégorique,
identifie certains d'entre eux dans ces affaires de corruption.
Les graphiques ci-après illustrent ce qui
précède.
Graphique 33 :
Perception de la corruption au sein des groupes de personnes
suivants.
D'autre part, cette corruption notée au niveau de la
justice burkinabé témoigne en partie du traitement
inéquitable des gens devant la loi. En effet, 67% des individus
confirment cet état de fait, et de plus ils déclarent à
40% que les citoyens ordinaires sont toujours punis quand ils violent la loi,
alors qu'uniquement 19% affirment ceci pour les officiels qui commettent des
crimes.
· Les
données objectives de la corruption : cas réels de
corruption.
Pour mieux percevoir l'ampleur de la corruption dans
l'ensemble du pays, on ne devrait pas se contenter de l'avis des individus sur
l'administration en général, mais il serait intéressant de
voir si, au cours de l'année écoulée, ils ont
été confronté à des cas de corruption. Ainsi,
lorsqu'on leur demande s'ils ont payé un pot de vin, offert un cadeau ou
accordé une faveur aux agents de l'Etat afin d'obtenir un document ou
une autorisation, prèsd'un burkinabé sur deux (49%) affirme
n'avoir jamais été confronté à cette situation. De
plus 35% d'entre eux déclarent n'avoir jamais fait l'expérience,
alors qu'une proportion de 16% a été au moins une fois
confrontéeà ces cas de corruption.
Pour ce qui est d'accorder ces mêmes faveurs pour
éviter un problème avec la police ou pour avoir de l'eau ou des
installations sanitaires, ils sont moins nombreux à l`avoir fait au
moins une fois (respectivement 8% et 11%). Une même proportion de 53% dit
n'avoir jamais été confronté à ces situations, et
il s'y ajoute que 38% et 36% déclarent respectivement n'avoir jamais
tenté l'expérience pour bénéficier d'un branchement
d'eau ou d'installations sanitaires ou pour éviter des problèmes
avec la police.
En somme, on peut dire dans une moindre mesure que les
burkinabés ne vivent pas quotidiennement des phénomènes de
corruption. Mais cette corruption est davantage notée au niveau de
l'administration et des officiels.
Les graphiques ci-après illustrent ce qui
précède.
Graphique 34 : Certains
cas de corruption : payer un pot de vin, offrir un cadeau ou accorder une
faveur pour :
Cependant, vu que l'ampleur de la corruption dans un pays peut
ternir son image au niveau de la scène international, on pourrait se
demander :qu'en est-il de la lutte contre la corruption ?
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