III.2.2 La limitation du
nombre de mandats présidentiels :
Les peuples africains ont été conduits
à limiter le nombre de mandats présidentiels en tirant les
leçons du passé car l'absence de limitation était en effet
associée aux abus de pouvoir et aux longues dictatures qui ont
sévi sur le continent africain dans les années 60 à
90.Dèslors, il importe de recueillir l'avis des Burkinabè sur une
limitation ou non du nombre de mandats présidentiels.
Le tableau ci-après donne la distribution qui en
ressort.
Tableau 15 : Avis des
citoyens sur la limitation ou non du nombre de mandats
présidentiels :
limitation du nombre de mandats présidentiels.
|
Milieu de résidence (en %)
|
Total(en %)
|
Urbain
|
Rural
|
Pour
|
63,32
|
48,52
|
52,46
|
Contre
|
25,71
|
40,11
|
36,28
|
Ni pour ni contre
|
3,13
|
2,61
|
2,75
|
Ne sais pas
|
7,83
|
8,75
|
8,51
|
Total
|
100,00
|
100,00
|
100,00
|
Source : Afrobaromètre, Round 4,
Burkina Faso, calcul de l'auteur.
Interrogés sur la question de la limitation du nombre
de mandats présidentiels à deux, on constate que plus de la
moitié de la population (environ 52%) disent être pour alors que
36% désapprouvent cette limitation à deux du nombre de mandats.
Ceux qui sont neutre par rapport à cette question ne représentent
que 3% de la population, moins nombreux que ceux ne savent pas grand-chose
à ce sujet estimés à 8%.
Toutefois, il faut noter que les Burkinabè sont
relativement moins nombreux que leurs voisins à plébisciter la
limitation du nombre de mandats présidentielspuisque la même
enquête qui s'est déroulée dans une vingtaine de pays a vu
des pays comme le Sénégal, le Bénin, le Mali
plébisciter cette limitation à plus de 70%(voir
Graphique36en annexe).Cecipourrait sans doute
êtreexpliqué par le leadership exercé par le
Président Compaoré sur la scène politique burkinabè
depuis pratiquement un quart de siècle ; ce qui finit par lui donner une
image d'homme providentiel, indispensable.
D'autre part, l'on constate que la population urbaine est
davantage plus favorable avec 63% des citoyens qui sont d'accord à ce
qu'on limite le nombre de mandats à deux et 26% qui sont contre , alors
qu'en milieu rural ces proportions sont respectivement de 48% et 40%.
Recueillant l'avis des intellectuels sur cette question, on
constate qu'ils sont presque tous favorables à cet état de fait
puisque 93% des gens du supérieur de même que 65% des individus
ayant atteint le niveau secondaire y sont pour.
Tout ceci confirme que les Burkinabè sont bien enclins
aux principes démocratiques et ne veulent point d'un président
qui brigue un troisième mandant qui lui est interdit.
Tableau 16 : Avis des
citoyens sur la limitation ou non du nombre de mandats présidentiels en
fonction de leur niveau d'instruction:
Niveau d'instruction
|
limitation du nombre de mandats présidentiels(en %)
|
Pour
|
Contre
|
Ni pour ni contre
|
Ne sais pas
|
Pas d'enseignement formel
|
45,50
|
40,50
|
3,33
|
10,67
|
Enseignement informel
|
41,38
|
47,59
|
2,76
|
8,28
|
primaire
|
58,45
|
27,05
|
4,83
|
9,66
|
secondaire
|
65,53
|
31,55
|
-
|
2,91
|
Supérieur
|
93,18
|
4,55
|
-
|
2,27
|
Total
|
52,41
|
36,19
|
2,83
|
8,57
|
Source : Afrobaromètre, Round 4,
Burkina Faso, calcul de l'auteur.
Suivant les régions, on note dans l'ensemble6 sur les
13qui sont les moins favorables à l'hypothèsed'une suppression de
la clause limitative. En effet, dans les régions de la Boucle du
Mouhoun, du Centre, du Centre-Ouest, du Centre-Sud, de l'Est et des
Hauts-Bassins plus d'un citoyen sur deux est favorable à ce que
la Constitution limite l'exercice de la fonction de Président du
Faso à deux mandats. Les régions les plus enclines
à une extension de cet exercice à plus de deux mandats sont
celles des Cascades, du Centre-Nord et du Sud-Ouest. Ainsi, trois
répondants de la région des Cascades sur cinq, plus de la
moitié des répondants des régions du Centre-Nord (54%) et
du Sud-Ouest (49%) sont défavorables à la limitation du nombre de
mandats présidentiels.
Le graphique suivant en est une parfaite illustration.
Graphique20 :Avis des
burkinabè sur la limitation ou non du nombre de mandats
présidentiels suivants les régions.
Lorsqu'on fait référence à la
modification de la Constitution en 2015 pour permettre au Président
Blaise Compaoré de se présenter à un nouveau mandat, on
voit que les citoyens sont toujours contre (46%) et rejettent l'idée
d'une éventuelle candidature du Président Blaise en 2015, alors
que 30% y sont favorables.
Au niveau des régions, on remarque que la région
des Cascadesest la seule région où nous avons plus de la
moitié des habitants (64%) qui sont d'accord qu'elle soit
modifiée pour lui permettre de se présenter à un nouveau
mandat. Les régions les plus défavorables à ce
« tripatouillage constitutionnel » où plus de la
moitié des habitants est en désaccord que la Constitution soit
modifiée en 2015 pour lui permettre de se présenter à un
nouveau mandat sont celles du Centre, du Centre-Nord, du Nord et du Sahel.
Toutefois, les habitants des régions de l'Est et du PlateauCentral sont
ceux qui semblent les plus indécis face à cette question car plus
d'un habitant sur quatre (respectivement 28% et 32%) affirme ne pas savoir s'il
faut ou s'il ne faut pas modifier la Constitution pour permettre au
président actuel de briguer un nouveau mandat en 2015.
Le graphique ci-après illustre ce qui vient
d'être dit.
Graphique 21 :Modification de
la constitution pour permettre au Président actuel de se
présenter aux présidentielles de 2015.
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