I.
INTRODUCTION
I.1. ENONCE DU PROBLEME
Le VIH/Sida fait peser une grave
menace sur la santé mondiale et
constitue un obstacle à tout développement
durable, ainsi qu'à la réussite des autres
Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD).
La lutte contre le VIH/Sida et
d'autres maladies contagieuses est l'un des huit OMD qui visent à
réduire de moitié la pauvreté et à améliorer
le bien-être en général d'ici à 2015. Cette
pandémie qui n'épargne aucune nation du monde, a suscité
une mobilisation internationale dans le cadre des stratégies et des
activités de lutte.
Actuellement au monde, on compte
environ 33,2 millions de personnes vivant avec le VIH dont 2,5 millions
nouvelles infections ont été enregistrées en 2007 et 2,1
millions cas de décès (1).
L'Afrique est le continent le
plus atteint par ce fléaux, surtout l'Afrique Subsaharienne. Selon les
estimations, en 2007 il y a eu 1,7 million de nouvelles infections en Afrique
Subsaharienne. C'est la région la plus touchée. Quelques 22,5
millions de personnes vivant avec le VIH, soit 68 % du total mondial, se
trouvent en Afrique Subsaharienne (1).
L'Afrique du Sud
est le pays du monde qui compte le plus d'infections à VIH.
Dans la plupart des pays d'Afrique de l'Est et d'Afrique de
l'Ouest, la prévalence du VIH chez les adultes est stable ou a
commencé à décliner. Cette dernière tendance est
surtout évidente au Kenya et au Zimbabwe, et des signes
de déclin de la prévalence du VIH sont également
constatés en Côte d'Ivoire, au Mali et dans les
zones urbaines du Burkina Faso. Dans ces pays, on a des preuves d'une
évolution vers des comportements plus sûrs (2).
La RDC connaît une
épidémie généralisée. Le Programme National
de Lutte contre le VIH/Sida a estimé en 2004, la prévalence
médiane du VIH chez les femmes enceintes de 15 à 49 ans à
4,5% à partir des données de la sérosurveillance en
consultation prénatale dans les sites sentinelles. Cette
prévalence varie dans le temps, dans l'espace, par groupe cible et par
tranche d'âge (3).
Selon Sidaction, 90 % des
malades n'ont pas accès aux traitements antirétroviraux. Pour
sensibiliser et mobiliser le public, Sidaction a produit un spot visant
dénoncer à la fois le drame vécu par les Africains
séropositifs et l'attitude inacceptable des gouvernements des pays
riches et des pays africains. Jusqu'en 2005, un faible engagement des Etats
était constaté. La conférence de Londres du 6 Septembre
2004, qui visait à reconstituer le Fonds Mondial de la lutte contre le
Sida, la Tuberculose et le Paludisme, s'était soldée par un
échec. Sur les 7,1 milliards de dollars américains
nécessaires à la pérennisation des actions
financées depuis 2002 et au soutien de nouveaux programmes, seuls 3,7
milliards ont été promis par les pays riches (4).
Si l'initiative « 3 by
5 » de l'OMS, celle de permettre à 3 millions de personnes
séropositives des pays aux revenus faibles dans le monde d'avoir
accès au traitement antirétroviral jusqu'en 2005, était
une démarche dynamique, la réalité est qu'il était
difficile d'atteindre l'objectif car cela ne représentait que la
moitié des besoins de mise sous traitement dans le monde.
Ainsi les malades africains du
VIH/Sida ne peuvent que rarement compter sur un fort engagement de leurs
propres gouvernements. Ils sont encore trop nombreux à ne pas s'engager
réellement dans l'accès à la prévention, aux soins
et aux traitements. Les préservatifs, les médicaments
génériques, les tests biologiques sont rares. Les droits des
malades sont encore bafoués et les orphelins ne reçoivent pas
l'attention qu'ils méritent.
L'objectif défini par l'OMS et l'ONUSIDA de
mettre des traitements antirétroviraux à la disposition de 3
millions de malades des pays pauvres dès 2005 n'avait pas
été atteint. Le rapport d'étape sur cette initiative
intitulée « 3 by 5 » présenté par les deux
organisations avait montré, en effet, que pour ce moment, seul le cap
d'un million de malades soignés avait été
dépassé. Cela représentait déjà une
avancée significative. D'autant que le rythme de diffusion des
traitements durant les derniers mois laissait penser que d'autres
progrès pourront être réalisés rapidement. Avec un
espoir : essayer de permettre un accès universel aux
antirétroviraux d'ici 2010 (5).
A six mois du terme de
l'initiative « 3 by 5 », l'OMS et l'ONUSIDA estiment que la
progression de la diffusion des traitements antirétroviraux (ARV) est
au-dessous du niveau espéré. Avec un million de malades du sida
pris en charge au lieu de 1,6 million mi-2005, il ne paraît pas
envisageable de réussir à rattraper le retard d'ici la fin de
l'année pour se placer au niveau de l'objectif de 3 millions
défini en 2003. Pour autant, les deux organisations qui se sont
associées afin de lancer cette campagne en faveur de l'accès de
tous les malades des pays en développement aux ARV, ne sont pas
mécontentes des résultats obtenus. Car les progrès de la
diffusion des traitements sur les derniers mois sont très encourageants.
Globalement, il y a deux fois plus de patients traités en 2005 qu'en
2003.
En Afrique subsaharienne, le
continent le plus durement frappé par les ravages du VIH mais aussi
celui où les infrastructures sanitaires sont les plus
déficientes, on a dénombré en 2005 environ 500 000 malades
qui avaient accès aux antirétroviraux. En une année, leur
nombre a d'ailleurs été multiplié par trois. Ce rythme
accéléré a montré à la fois que lorsqu'il y
a un engagement important des institutions internationales et des Etats dans
les programmes sur le sida, on peut obtenir des résultats, mais aussi
qu'il reste beaucoup à faire. Car ces 500 000 malades qui ont
accès aux traitements ne représentent qu'une petite proportion
des quelque 4,7 millions qui, au total, auraient besoin d'en
bénéficier sur le continent.
L'Afrique n'est pas la seule
région à avoir enregistré une amélioration notable
dans l'accès aux traitements. En Asie du Sud et de l'Est, la
deuxième zone la plus touchée par le VIH où 1,1 million de
malades ont besoin des antirétroviraux, la progression de la diffusion
des ARV a aussi été très importante. On est passé
de 55 000 à 155 000 malades pris en charge entre juin 2004 et
juin 2005. L'OMS et l'ONUSIDA estiment donc qu'à l'heure actuelle, 14 %
des sujets ayant besoin d'un traitement y ont accès (5).
Il faut trouver 18 milliards de dollars
supplémentaires.
Deux ans après avoir
été proposée à la communauté internationale,
la stratégie « 3 by 5 » a donc permis d'engager une dynamique
en faveur de la diffusion des ARV dans les pays les plus pauvres. Sur les 49
Etats ciblés pour mettre en oeuvre ce programme, une quarantaine se sont
déjà fixés des objectifs thérapeutiques et 34 ont
mis au point des plans nationaux d'extension des traitements. Bien sûr,
la mise en oeuvre reste difficile. Et seuls 14 pays en développement ont
réussi, pour le moment, à donner accès aux ARV à au
moins 50 % des malades du sida qui en ont besoin, c'est-à-dire à
respecter les objectifs définis dans le cadre de la stratégie de
l'OMS et de l'ONUSIDA.
Les progrès
réalisés ne doivent pas faire oublier que certains obstacles
continuent à empêcher la diffusion des traitements auprès
de tous ceux qui en ont besoin. Le plus important d'entre eux étant le
manque de moyens. De ce point de vue, l'OMS et l'ONUSIDA estiment que
malgré l'augmentation significative des contributions promises par les
principaux donateurs internationaux (27 milliards pour les 3 prochaines
années), il manque encore 18 milliards de dollars pour la période
2005-2007, si l'on veut continuer les politiques engagées depuis deux
ans en faveur de la diffusion des traitements dans les pays à faibles
revenus. Au-delà des besoins financiers immédiats, il faut aussi
penser à l'installation de mécanismes susceptibles de
pérenniser les actions dans le long terme. Car les ressources des pays
en développement ne seront jamais suffisantes pour leur permettre d'agir
contre le sida sans aide extérieure. Même si la proposition
des Etats du G8 d'annuler la dette des pays visés par l'initiative
« 3 by 5 » envers le Fonds monétaire international, la Banque
mondiale ou la Banque africaine de développement est susceptible de
dégager des ressources nationales pour la lutte contre le VIH (5).
Les résultats obtenus
grâce aux premiers programmes de diffusion des ARV représentent
pour les bailleurs de fonds un encouragement à poursuivre leurs efforts.
Notamment parce qu'ils ont montré qu'en finançant l'accès
aux soins, on agit aussi au niveau du dépistage et de la
prévention, qui représentent les deux autres piliers de la lutte
contre le sida. Le fait de savoir qu'ils peuvent obtenir un traitement permet
de lever certaines réticences des malades qui, du coup, acceptent de
faire le test pour connaître leur statut sérologique mais aussi
d'écouter plus sereinement et d'appliquer les conseils en matière
de prévention. En Ouganda, par exemple, l'introduction des traitements
antirétroviraux a entraîné une multiplication par 27 de la
demande de dépistage et de conseil. Plus que jamais, il apparaît
que pour mieux lutter contre le sida, il est indispensable de mener des
programmes intégrés grâce auxquels il est possible de
prévenir, de dépister et de traiter (5).
En RDC, bien que le débat
au sujet de la pérennisation soit engagé depuis un certain temps,
la situation est telle qu'aucune méthode n'a été
adoptée pour l'instant et généralisée dans les
différentes structures de santé et qui permet de
pérenniser la prise en charge médicale des PVV (6).
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