3.3.8- L'inondation de la
zone
L'examen du réseau hydrographique général
de la zone de projet, l'analyse des études antérieures et les
enquêtes effectuées sur terrain nous ont permis de constituer une
idée assez précise de la situation actuelle vis-à-vis des
inondations. En effet, les inondations identifiées dans la zone se
situent essentiellement dans le bas fond qui contourne les maisons se trouvant
à proximité de la décharge. Ce bas fond est
alimenté par la remontée des eaux de l'Oubangui.
Lors des fortes crues cette zone est enclavée. Des
témoins ont confirmé que, lors d`inondations, la population se
déplace par des pirogues. Au niveau de la décharge, l'analyse
hydrographique de la zone montre qu'il n'y a pas d`apports d'eaux pluviales
extérieurs.
La dépression située au nord de la
décharge constitue alors l'exutoire des eaux pluviales de la surface
interne de la décharge.
3.3.9-
L'hydrogéologie
L'analyse détaillée des données
géologiques complétée par les résultats des
études hydrogéologiques réalisées (Cornacchia et
Giorgi, 1985 ; Cornacchia et al., 1985 ; AJCI, 1999), montre que les eaux
souterraines de la région de Bangui sont présentes dans les
roches de différents âges. Selon la nature des roches
réservoirs, il est possible de distinguer deux aquifères
principaux : l'aquifère superficiel poreux (ASP) constitué par la
couche latéritique et l'aquifère profond fissuré dans les
formations du socle (APF). Ces deux aquifères sont séparés
par des niveaux argileux compacts qui présentent d'importantes
variations locales de faciès.
L'aquifère superficiel poreux (ASP)
Avec une épaisseur moyenne de l'ordre de 50 m, mais
localement de 175 m (près de l'aéroport), l'ASP correspond aux
formations quaternaires latéritiques qui recouvrent les couches
argilo-sableuses et conglomératiques attribuées au
Cénozoïque (AJCI, 1999). La roche magasin est composée
d'argile jaune intercalée de grès et de conglomérats. Ces
matériaux se seraient transformés en argile latéritique,
en sable argileux latéritique et en graviers argileux
latéritiques par la décomposition des cuirasses
latéritiques, du fait des conditions bioclimatiques régnant en
milieu tropical humide. Très hétérogène et peu
productif (Débit < 1 m3/h) selon Cornacchia et al, (1985), cet
aquifère est considéré par AJCI comme libre et donc
principalement rechargé par les précipitations et par les eaux
usées. La perméabilité de cette couche aquifère est
généralement faible et varie entre 0,1 et 0,8 m/jour en raison de
la forte proportion d'argile, même dans les couches sablonneuses et
graveleuses. La perméabilité verticale devrait être
beaucoup plus faible à cause de l'importance des couches d'argile, alors
que la perméabilité horizontale pourrait être
favorisée par de nombreuses alternances de bancs d'argile
latéritique et de bancs de sables argileux.
L'aquifère profond fissuré du socle
(APF)
Il se compose de grès, de quartzites schisteux et de
calcaires du Précambrien présentant d'importantes fracturations.
Il acquiert ainsi une porosité de fracture susceptible de guider la
dynamique des flux souterrains, les discontinuités constituant des
drains naturels.
Deux aquifères distincts sont reconnus dans le socle :
- la première couche aquifère s'est
formée dans la partie superficielle altérée du socle
fracturé. La puissance de cette couche est d'environ 30 m,
d'après les résultats des forages de reconnaissance ;
- la seconde couche aquifère est formée par le
socle fortement fracturé.
A cette intense fracturation s'ajoute une karstification dans
les formations calcaires, bien développée mais fréquemment
colmatée par de l'argile. Ainsi, le toit de l'APF est formé par
des niveaux argileux compacts (Cornacchia et Giorgi, 1985) mais, la variation
latérale et verticale de faciès importante, implique l'existence
d'un toit irrégulier, pouvant localement être
semi-perméable.
Selon leur lithologie, les calcaires, calcaires dolomitiques
ou dolomies s'exposent à l'attaque de l'eau en profondeur. Ainsi par des
actions mécaniques et chimiques des eaux souterraines (dissolution des
carbonates), dans ce type de roche, les fissures sont souvent élargies
et forment des conduits et cavités qui peuvent atteindre de grandes
dimensions : 8 m dans un forage à l'Usine UCATEX.
La karstification est sans doute développée dans
les formations carbonatées centrafricaines, créant les
paléo-crypto-karsts du Centrafrique, alors que le karst classique (avec
des gouffres, des cavernes et des grottes visibles en surface) n'est pas
courant. D'après les travaux de AJCI (1999), il en découle que la
transmissivité dans cette couche aquifère profonde varie d'un
endroit à l'autre. Les valeurs maximales enregistrées sont
comprises entre 100 et 1000 m2/jour et les valeurs minimales entre 0,1 et 1
m2/jour. Cette hétérogénéité de la
transmissivité pourrait être due à la présence d'une
zone très perméable le long des failles, reconnue par les
études hydrogéologiques ; ainsi, les zones à
transmissivité élevée s'étendent sur ces lignes de
failles, l'une allant de l'Aéroport Bangui-Mpoko vers le Sud-Ouest de la
ville de Bimbo via le quartier Fatima, l'autre de l'usine UCATEX vers le
quartier Bakongo via le quartier Mustapha.
Du fait que les nappes contenues dans les fissures et les
failles des roches compactes du Précambrien sont surmontées par
un recouvrement d'altérites généralement
imperméable ou semi perméable (caractérisant
l'aquifère superficiel), elles ont un caractère captif ou
semi-captif. Le niveau piézométrique est cependant toujours
au-dessous de la surface du sol, d'une profondeur relative comprise entre 5 et
20 m.
La minéralisation des eaux souterraines de la
région de Bangui est plus ou moins marquée selon la nature des
roches réservoirs et du temps de contact eau-roche. Dans les
cavités karstiques, les argiles pourraient modifier les modalités
de l'interaction fluide-roche du réservoir aquifère.
Compte tenu de cette configuration hydrogéologique, la
dynamique de l'écoulement des nappes ainsi mises en évidence, ne
peut que s'en trouver compliquée.
Il en va de soit que les différentes nappes
aquifères ainsi mises en évidence, sont en étroite
relation et rien n'exclu l'existence d'une communication verticale (drainance)
entre les différents niveaux. Ainsi, nous sommes en présence d'un
système aquifère multicouche avec plusieurs nappes
superposées, sans vraie couche semi perméable
intermédiaire. Il s'agit donc d'un aquifère complexe:
Analyse de la piézométrie des nappes
La piézométrie des nappes superficielle et
profonde de Bangui a été étudiée par A. Doyemet
(2006). Pour tracer ces cartes, le niveau de l'eau dans l'Oubangui a
été fixé à 340 m et 335 m respectivement pour la
saison humide et la saison sèche.
La forme générale des isopièzes de la
nappe superficielle est proche de celles des isopièzes de la nappe de
profonde. Le relief et la perméabilité des formations
hydrogéologiques de la région, laissent penser que la Mpoko
à l'ouest, constitue un axe de drainage privilégié de ces
deux nappes.
Nappe superficielle
L'étude des variations saisonnières du niveau
piézométrique de la nappe superficielle observées, met en
évidence l'existence d'une recharge de la nappe par les
précipitations comme le souligne AJCI (1999).
En saison sèche, le niveau de la nappe superficielle
coïncide avec la cote altimétrique 335 m de l'Oubangui qui
constitue le niveau de base. Le sol étant sec, l'infiltration des eaux
usées de surface est facilitée et peut alors alimenter la nappe
superficielle puis la nappe profonde sous jacente.
Au nord immédiat de Bimbo, il existe un dôme
piézométrique toujours observé et centré sur le
puits P4 et qui marque vraisemblablement une zone d'alimentation Cette
crête pourrait résulter de la morphologie du socle qui remonte
dans la région de Fatima, le front identifié de la nappe de
charriage se situant sensiblement dans cette zone avec une direction
subméridienne.
Nappe profonde du socle
Une analyse globale montre que les courbes isopièzes
reproduisent les grands traits de la topographie.
L'évolution saisonnière du niveau
piézométrique observée, est bien corrélée
avec la pluviométrie, ce qui indique une probable alimentation à
partir de l'infiltration des pluies.
La répartition des isopièzes exprime
l'existence, dans cette nappe d'un flux souterrain à deux directions :
l'un du NE vers le SW, vers le bassin de la Mpoko, et l'autre sensiblement N-S,
vers le bassin de l'Oubangui. Ces deux axes d'écoulement
reçoivent les eaux des secteurs N et E (colline) de Bangui.
Dans l'aquifère karstique, dans la partie sud, une
dépression est observable, dans le secteur de Fatima et plus au SE,
surmontée par un dôme clairement mis en évidence.
De ce dôme un écoulement de direction N140 à deux
sens s'observe, l'un vers le NW (vers le village Nzongo) et l'autre SE (vers le
bassin de l'Oubangui).
Ces directions d'écoulement souterrain observées
dans le secteur d'étude épousent les directions des structures
cassantes (subméridiennes, N60-N80 et N130-150) définies dans le
secteur : le flux souterrain se fait donc à travers les structures qui
sont associées à l'aquifère.
Dans le secteur SE de Fatima, au quartier Saint-Jean, la cote
piézométrique dans le forage F3 réalisé dans des
carbonates est toujours inférieure à celle de l'Oubangui. Cette
situation crée des conditions hydrodynamiques défavorables pour
la nappe qui reste donc piégée et ne peut créer un
écoulement souterrain vers l'Oubangui.
Dans cette situation (période de crues), la nappe
profonde est envahie par l'eau de l'Oubangui par l'intermédiaire des
karsts et des nombreuses fracturations des diverses formations (calcaires,
grès, conglomérats,...) qui affleurent dans le fleuve
En conclusion, nous pouvons dire que la
piézométrie des nappes de Bangui montre deux zones
d'alimentation, l'une dans le secteur Nord de la zone d'étude et l'autre
à l'Est (collines des Panthères et de Kasai).
Les deux aquifères sont drainés par la Mpoko
à l'Ouest. Dans le Sud de Bangui, deux situations se distinguent :
- en saison humide l'Oubangui draine la nappe superficielle
(avec un débit d'écoulement d'environ 335.800 m3/an, AJCI, 1999)
et se déverse dans la nappe profonde à travers le réseau
de fractures.
- En saison sèche, la nappe superficielle qui ne
reçoit pas d'alimentation importante, reste piégée et sans
relation hydraulique notable avec l'Oubangui, par contre, l'Oubangui alimente
toujours la nappe profonde mais avec un probable flux souterrain inverse
temporaire limité au mois de Décembre.
Qualité des eaux des nappes souterraines
D'après les données recueillies par les
études de AJCI (1999) et de A. Doyemet (2006), il ressort que les eaux
souterraines de Bangui sont généralement douces dans les puits
captant les formations latéritiques et les forages captant des
formations détritiques. Par contre, les forages captant des formations
carbonatées présentent des eaux plutôt dures.
Les eaux de puits captant la nappe superficielle
présentent pour la plupart des pH légèrement acides et des
teneurs en Fer et Manganèse relativement élevées, qui
parfois peuvent dépasser les normes admises par l'OMS pour la
consommation humaine.
Les eaux des nappes superficielle et profonde accessibles
respectivement par puits et forages, sont bactériologiquement
contaminées par les coliformes fécaux et les Escherichia Coli
thermo tolérants. Cette pollution fécale augmente après la
saison pluvieuse.
L'existence des coliformes dans certains points d'eau est
très inquiétante et impose une stérilisation des eaux
avant toute consommation. Ceci tend à appuyer les conclusions sur
l'alimentation des deux nappes et tout particulièrement celle
précisant que la nappe profonde logée dans les formations du
socle, est alimentée en saison sèche par l'Oubangui et par les
eaux usées et que pendant les deux types de saison, le niveau de la
nappe profonde est en dessous du niveau de l'Oubangui.
A Bangui, l'occupation anarchique des sols, les
problèmes d'assainissement (égouts, latrines ...) et une
urbanisation mal contrôlée etc...., ont contribué à
la détérioration de la qualité des eaux souterraines. Ces
contraintes ont donc pour conséquence le déséquilibre
important de cette ressource, déséquilibre qui se traduit par un
état de pollution des eaux actuelles.
L'origine de la pollution des nappes de la zone
d'étude, peut donc être attribuée à un défaut
d'assainissement. La présence des coliformes dans les deux nappes
suggère que les deux couches aquifères sont hydrauliquement
connectées et que les eaux souterraines peu profondes s'infiltrent
facilement dans la couche aquifère du socle, surtout en saison
sèche. En effet pendant la saison humide, le sol étant
saturé, ne peut pas permettre l'infiltration des apports en eaux
usées. Par conséquent, ces eaux usées subissent une
dilution par les eaux de ruissellement. Par contre en saison sèche, le
sol étant sec, il rend facile l'infiltration de ces eaux usées
qui peuvent migrer aussi bien vers la nappe superficielle que la nappe
profonde.
Pertinence du site pour une décharge de
déchets solides
En récapitulant l'état du site et de son
entourage, on distingue principalement les points suivants :
- Site d'ancien dépôt sauvage de déchets
ménagers
- Site appartenant à la Mairie de Bangui
- La zone est principalement industrielle
- Population à quelques mètres de la
clôture du site
- Terrain relativement perméable
- Nappe superficielle à 5 m de profondeur, cette est
exploitée par la population
- Présence de végétations sauvage qui
favorise la prolifération des insectes et des rongeurs Suite à
l'analyse de ces caractéristiques, il ressort que le
réaménagement du site de la décharge sauvage en une
décharge contrôlée avec mise en place des mesures de
protection du milieu humain et naturel, ne pourra être que
bénéfique pour la région.
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