3.3.4-
Géomorphologie
La géomorphologie de la région de Bangui est
caractérisée par les unités suivantes : collines,
piémonts, plateaux et plaines.
Il existe en fait deux alignements de collines : les collines
de Daouba-Kassaï (700-600 m) et les collines de Gbazabangui (600-500 m)
qui occupent au total 15 000 ha sur l'agglomération de Bangui (C-R.
Nguimalet, 1999). Ces collines ont une orientation subméridienne,
NNO-SSE, et se prolongent à travers l'Oubangui vers la République
Démocratique du Congo.
Les collines de Bangui, qui culminent vers 590 m d'altitude,
forment une vaste croupe aux sommets arrondis, aux pentes amorties vers l'est
et abrupts à l'ouest.
Le contact entre les collines de Bangui et les collines de
Daouba-Kassaï (656 m au nord de Kassaï) est formé par le
couloir de Ndress. C'est une dépression qui, d'Est en Ouest, suit la
première fracture séparant le plateau du Kassaï des collines
de Gbazabangui : elle est caractérisée par des altitudes variant
entre 450 et 360 mètres. Ce couloir est orienté Nord-Sud, et
draine tout le réseau de la Nguitto, cours d'eau qui prend sa source au
NE du quartier Boy-Rabé sur les collines de Daouba-Kassaï et se
jette dans l'Oubangui à environ 2,5 km en amont des rapides.
Nous remarquons que sur la surface topographique située
entre 400 et 360 m (appelée glacis de piémont), trois niveaux
topographiques se distinguent :
- le premier se situe entre les cotes 400 et 380 m. Les pentes
varient de 3,5 % (PK 12 : de la rivière Sô à Begoua)
à 7,3 % au Golf (pk 11 : Golf à la rivière Ngola) ;
- le second, ou niveau intermédiaire, s'observe entre
380 et 370 m d'altitude ;
- les pentes caractéristiques sont comprises entre 2,5
% (Gobongo-Sinistrés) et 6,3 % (Cité Christophe-piémont
des collines) ;
- le dernier niveau est compris entre 370 et 360 m. La limite
inférieure se confond le plus souvent avec celle des petits cours d'eau
et des bas-fonds marécageux : dans cet espace, la pente est
inférieure à 1 %, notamment elle est de 0,2 % entre l'ouest du
quartier Boeing et les quartiers Damala et Ngongonon, y compris la zone de
l'aéroport de Bangui-Mpoko.
Dans l'unité de relief 400-360 m, nous repérons
certains reliefs localisés dans la ville de Bangui et aux environs, dont
les points bas sont occupés par les vallées de petits collecteurs
(Ngola, Ngoubagara, Ngongonon ou kokoro), des marais et marécages.
La plaine de Bangui, ou surface inférieure à 360
m, est le secteur où l'extension de la ville s'est faite au nord et
à l'ouest. Sa reconnaissance a été toujours faite en
référence aux dépressions marécageuses, qui
recouvrent près des trois-quarts de l'étendue de la ville.
L'accroissement démographique de la ville justifie la colonisation de
cette plaine. La faible altitude et la pente expliquent en partie le mauvais
drainage des eaux dans les quartiers implantés sur ces milieux
hydromorphes. L'altitude d'ensemble est comprise entre 360 et 300 m. Nous y
retrouvons les secteurs fréquemment inondés, comme les quartiers
Ngouciment et Basse-Kotto, lesquels constituent des points bas de
référence pour la ville (cotes de 350 à 340 m) et attirent
le gros des eaux quand il pleut. Les terrains ici sont argileux et limoneux et
l'essentiel des bassins moyen et aval des cours d'eau de la ville y est
drainé.
Cette situation est aussi la conséquence du manque de
canalisation dans ces quartiers. De tout ce qui précède,
plusieurs problèmes liés à l'évacuation des eaux
usées se posent. Ces eaux sont en effet collectées, grâce
à des cours d'eau (Bouagba et Kouanga) jouant le rôle de canaux
naturels.
Par ailleurs, la présence de nombreuses
dépressions fermées laisse supposer l'existence de crypto-karsts
anciens dans le bassin de l'Oubangui. Dans le site de Bangui, celles-ci se
traduisent en surface par des marais et sont caractérisées par un
mauvais drainage dans le secteur de plaine. En effet, les dépressions
des plaines oubanguiennes semblent typiques du paysage des plaines en milieu
tropical. La plupart sont peu profondes et toujours développées
dans des matériaux sablo-limono-argileux. Le processus montre qu'un
blocage (rôle de la nappe phréatique) intervient rapidement et
empêche les cuvettes de prendre de l'ampleur. De cette façon,
avant d'atteindre la dépression, le ruissellement en nappe superficiel
entraîne de l'humus et des éléments fins argileux qui sont
décantés au fond de la cuvette. Une mince pellicule puis un
placage argileux plus consistant colmatent le fond de celle-ci et bloquent en
partie le processus de blocage exercé par la nappe phréatique de
sorte qu'une mare se forme (Boulvert et Salomon, 1988).
Le ruissellement de surface pénètre dans les
fentes de dessiccation et, si le gradient hydraulique est suffisant, il
érode les parois de la fente en créant des ravines ou des
conduits souterrains aux orifices circulaires. Une topographie pseudo-karstique
en résulte avec possibilité d'existence de cavités
souterraines. Des effondrements surprises dans les années 70 survenus
lors des travaux de génie civil, notamment la construction de la piste
de Bobangui (4°02'20''N-18°08'E), ont été
observés lorsque les engins lourds ont attaqué la voûte
protectrice constituée par une carapace ferrugineuse. De même en
pleine ville de Bangui, non loin de l'Office National de la Main-d'Oeuvre
(ONMO), un effondrement survenu le 8 août 1977 a formé une
cavité cylindrique de près de 18 m de diamètre et d'une
profondeur de 20 m environ. Ce « trou » est rempli dans sa majeure
partie par l'eau de la nappe phréatique dont le niveau hydrostatique est
à peu près de 8 m au-dessous de la surface (Labrousse, 1977).
De plus, les forages d'exploitation de l'usine UCATEX
révèlent une cavité de 8 m de hauteur dans le soubassement
calcaire.
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