CHAPITRE IV :
INTERPRETATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
Chapitre IV : Interprétation et discussion
des résultats
4.1. Mise en relief des évidences positives et
négatives
Au regard des développements précédents,
nous retenons que la gouvernance villageoise dans la commune d'Adjarra,
s'inscrit dans un cadre institutionnel basé sur l'approche DCC
développée par le PNDCC. Cependant, elle subsiste en l'absence
d'un cadre légal et réglementaire dans lequel il
s'insère.
L'analyse des résultats obtenus dans les villages
sillonnés dans le cadre de cette étude, montre qu'il existe des
atouts réels de gouvernance pour réussir la pérennisation
des actions de développement villageois, ainsi que des facteurs
limitants qui fragilisent les possibilités de pérennisation des
acquis de développement.
Evidences positives
Au regard de ce qui précède, nous pouvons citer
comme atouts pour la réussite du développement villageois dans la
commune d'Adjarra :
- l'existence de plans de développement villageois
(boussoles) réalisés par les communautés les plus pauvres
avec l'aide des animateurs du développement communautaire du
PNDCC ;
- les communautés sont conscientes qu'il leur faut
renforcer leurs capacités en matière de gestion, mais
également en matière de mobilisation des ressources
financières. Cela englobe le renforcement de capacités des ADV
à planifier, à mettre en oeuvre, à gérer et
à évaluer les politiques et les stratégies de
développement (notamment parce que les faibles capacités locales
sont utilisées souvent comme argument contre la responsabilisation)
comme aussi la capacité des organisations de la société
civile et même ceux de l'Etat intervenant auprès des
communautés ;
- les communautés sont conscientes qu'il leur faut plus
de pouvoir et de reconnaissance institutionnelle pour faire face aux
défis du développement de leur terroir et à leur
reconnaissance institutionnelle ;
- la volonté de mettre en application les principes de
l'approche participative, du développement durable et de la bonne
gouvernance ;
- l'existence de cadres formés en matière de
développement communautaire pour accompagner les
communautés ;
- les ADV ne sont pas des structures politiques, mais un
organisme dont la désignation des membres fait l'unanimité et
répond aux besoins des communautés ;
- l'approche développement conduit par les
communautés est mise en oeuvre et approuvé par les
communautés,
- les ADV sont reconnues par la commune en tant que cadre de
mise en oeuvre de la gouvernance au niveau villageois ;
- l'intervention accrue des structures d'appui auprès
des communautés à la base ;
- la volonté des communautés de participer
à la réalisation des actions de développement.
Evidences négatives
L'ensemble des actions de gouvernance menées par les
communautés appuyées par le PNDCC promeuvent le
développement communautaire qui s'inscrit encore dans un cadre non
institutionnel au Bénin. De plus, les limites à la gouvernance
qui pourraient porter préjudice à la pérennisation des
actions de développement sont :
- la participation biaisée des populations à la
gestion des actions de développement ;
- la responsabilisation insuffisante ou inappropriée
des communautés dans la mise en oeuvre des actions de
développement ;
- l'inexistence de coordination entre les actions
menées par les différents partenaires au
développement ;
- les stratégies d'interventions et les outils sont
définis en dehors des communautés qui sont transformées en
réceptacles ;
- les structures d'appui dans les faits, ne mettent pas en
pratique les principes de l'approche DCC,
- l'inappropriation par les communautés des formations
reçues ;
- les animateurs de développement
déployés sur le terrain n'ont souvent ni la méthode et les
moyens et même le temps nécessaire pour une implication
réelle des communautés dans la réalisation des
actions ;
- les interventions sont généralement inscrits
dans le temps (durée de vie d'un projet : quelques
années) ; si bien qu'une fois achevées, les
communautés se retrouvent dans leur situation de départ sans
maitriser le processus de gouvernance pouvant conduire à la
pérennisation des actions de développement ;
- les populations sont généralement
amenées à exprimer des besoins qui ne répondent pas
souvent à leurs besoins réels ;
- les stratégies de mobilisation de financement restent
inconnues des communautés qui doivent toujours attendre des
projets ;
- la formation en escaliers des communautés ne
favorisent par une transmission juste et fiable de l'information aux
bénéficiaires. Il s'en suit une perte de charge dont les
répercussions sont évidentes sur la mise en oeuvre des acquis de
formation.
En plus de ces limites générales, il faut
reconnaître ;
· au niveau de l'Etat
Les projets de développement continuent à
être parachutés du sommet sans consultation préalable des
bénéficiaires finaux que sont les communautés. Donc dans
le contexte actuel de décentralisation au Bénin, les villages ne
jouissent pas de l'autonomie financière. De ce fait, ils ne constituent
pas un centre de décisions, mais un niveau de consultation (qui n'est
pas toujours pris en compte). Il en résulte une restriction des villages
en matière de gouvernance des actions de développement.
· au niveau des partenaires au
développement
Malgré leur volonté de mettre en oeuvre
l'approche DCC, on note une responsabilisation insuffisante des
communautés dans le processus de gouvernance villageoise ; ce qui
affecte profondément l'auto promotion niveau village. La durée
d'action prédéterminée avec les stratégies et
outils élaborées en dehors des communautés n'assurent
véritablement pas la responsabilisation de celles - ci. Aussi, elle ne
les prépare effectivement pas à une gouvernance pour la
pérennisation des acquis, tant le processus de mise en place des actions
n'est pas maîtrisé. Aussi, l'infantilisme des communautés
fait qu'elles s'expriment toujours en termes d'«alogo» (aide). Elles
se placent ainsi dans une situation d'attentisme et cela peut constituer un
blocage pour l'appropriation du processus de développement. Les
interruptions éparses et sans cohérence affecte
profondément la population.
· au niveau des populations
Elles ne sont souvent pas conscientes de leur situation et des
actions à mener. Leur implication est faible. Elles sont alors
prêtes à accepter tout projet sans s'assurer de
l'intérêt pour elles de disposer de cet investissement et beaucoup
plus de l'entretenir en vue d'inscrire leur village dans un processus de
développement durable. Aussi, l'analphabétisme affecte ces
communautés qui n'arrivent pas souvent à consigner et à
mettre en pratique les formations reçues.
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