3.2. - Problèmes des époux avant et
après le mariage
Vus sous ces angles, les tempéraments
étudiés et décrits, sont finalement non seulement
désagréables et irritants mais aussi irréconciliables et
incompatibles. Cherchons à aller plus loin, à dépasser les
apparences et les comportements extérieurs. Ces deux attitudes humaines
ne pourraient-elles pas être chacune l'expression d'un sentiment
particulier, intime, congénital, indestructible mais modifiable à
des degrés divers et de diverses façons? Pensons un peu. Un
individu qui naît avec une prédisposion à se
déprécier lui-même peut-il en aucune façon
ressembler à un individu qui naît avec une prédisposion
à s'exalter lui-même? Alors qu'un seul mot de
désapprobation réussira à bouleverser le premier, tout un
discours de reproches arrivera à peine à émouvoir l'autre.
Alors que le premier aura toujours l'impression, malgré une très
grande application, de n'avoir pas tout bien fait ou de ne pas en avoir fait
assez, le deuxième conservera l'illusion que ses contributions les plus
parcimonieuses auront été indispensables. Oui, il y a des
individus qui ont une piètre estime de soi et il y en a qui ont une
grande estime de soi. Eux seuls le savent. Eux seuls sentent leur «petit
moi» se contracter ou leur «grand moi» se dilater sous le vent
brûlant de l'anxiété ou de la colère...
Obtenir et conserver une juste estimation de personne
n'est pas un phénomène spontané mais le résultat
d'une éducation quotidienne basée sur l'amour inconditionnel.
L'encouragement amènera un «petit moi» à
découvrir que malgré ses craintes et ses doutes, il est quelqu'un
qui a une valeur inestimable alors qu'une éducation basée sur
l'amour inconditionnel manifesté dans beaucoup de respect amènera
un «grand moi» à comprendre que malgré ses
prétentions, il n'est pas le centre du monde, mais qu'il est tout
simplement aussi bon et aussi mauvais que les autres...
Il n'est pas difficile maintenant d'imaginer ces deux
tempéraments, un «petit moi» et un «grand moi»,
plus ou moins équilibrés, plus ou moins
déséquilibrés, très équilibrés ou
franchement déséquilibrés, c'est-à-dire avec des
degrés d'anxiété et de colère variée, qui se
rencontrent pour vivre à deux, selon toutes les combinaisons possibles
de tempéraments et d'équilibres qui existent: un homme au
«petit moi» avec une femme au «grand moi» ; un homme au
« grand moi» avec une femme au « grand moi»; un homme au
«petit moi» avec une femme au «petit moi»...
Comment pourront-ils survivre à une vie à
deux si tous les deux ne se sont pas engagés solennellement à
s'aimer inconditionnellement? Comment pourront-ils survivre à une vie
à deux s'ils n'ont pas pris les résolutions nécessaires et
établi les priorités qui leur permettront à tous les deux
de passer du temps ensemble afin de s'attacher l'un à l'autre et
d'éprouver l'un pour l'autre de la tendresse, malgré leur mauvais
caractère ? Comment pourront-ils survivre à une vie à
deux, s'ils n'ont pas décidé, tous les deux, qu'en dépit
de leur «petit moi» ou de leur «grand moi»,, ils assumeront
leur rôle d'homme responsable d'aimer et de femme collaboratrice pour
être aimée?
Pour vivre heureux à deux, il faut aimer d'un
amour qui ne périt jamais. Cet amour seul peut concilier les contraires
et accorder les incompatibilités... Un «grand moi» qui aime un
«petit moi» veillera à ne pas réveiller son
anxiété. Il sera prévenant, attentionné et franc,
sans artifice, sans hypocrisie, sans équivoque. Il saura cependant, et
c'est très important, s'opposer à son anxiété, la
circonscrire et l'empêcher de prendre des proportions
démesurées en ne l'acceptant pas comme «vraie». Un
«grand moi» a le dos large. Il est capable de supporter
énormément de tension, d'opposition et de chantage ; mais en
le faisant, il ne rend pas service au «petit moi». Etre complice d'un
mensonge n'est jamais profitable à personne. Pour un «grand
moi», aimer «petit moi», c'est le garder dans le présent,
dans la réalité, et l'arracher à l'avenir et aux
intuitions de son imagination déséquilibrée par
l'anxiété. Pareillement, un «petit moi» qui aime un
«grand moi» veillera à ne pas réveiller sa
colère en nourrissant son agressivité. Il aura pour lui du
respect, de la considération, des égards particuliers et
évitera de lui faire honte et de le blesser par des remarques, des
critiques ou de plaisanteries désobligeantes. Il saura désamorcer
sa colère. Pour un «petit moi» aimer un «grand moi»
c'est l'amener à abandonner sa colère, à la
mépriser pour ce qu'elle est, de l'orgueil, et l'encourager à
être véritablement aussi bon et aussi gentil qu'il pense et qu'il
veut l'être. Maintenant, quelles que soient ses forces ou ses faiblesses,
un couple peut commencer à investir dans l'éternité.
La structure familiale haïtienne chevauche à
la fois sur le mariage civil ou religieux, le concubinage et l'union libre. La
norme la plus explicite et la plus fortement institutionnalisée, est la
fidélité sexuelle de la femme au mari. Ce dernier peut avoir des
relations sexuelles cachées avec d'autres femmes; l'opinion publique
tolère de tels écarts. Mais la femme qui dévie de la
norme, tombe violemment sous le coup du contrôle et des sanctions de la
société.
La femme haïtienne, prise individuellement, ne
reconnaît pas à son mari le droit de fréquenter d'autres
femmes. Les sentiments de satisfaction, d'auto estime, la sensation de
sécurité émotionnelle et de prestige social sont
définis largement en relation avec les normes de l'exclusivité
sexuelle. Les conséquences économiques de la polygamie jointes
à la jalousie sexuelle multiplient les possibilités de conflits,
de rivalités, de ruptures dans les familles haïtiennes.
Longtemps, avant l'ère chrétienne, on se
mariait dans le but unique d'avoir des enfants. La conception d'aujourd'hui en
est tout à fait différente. Les deux époques sont
nettement différentes l'une de l'autre. Nous constatons, qu'en
dépit de l'amour pour son épouse, quand le couple n'a pas
d'enfant, l'homme fréquentait souvent une autre partenaire dans le but
d'en avoir. Et cela provoquait parfois l'abandon du toit marital et même
le divorce. Ainsi commence la dégradation conjugale et familiale.
N'est-il pas nécessaire de relever quelques
raisons qui peuvent causer en quelque sorte la polygamie :
a) Un mari qui n'a aucune crainte de Dieu ;
b) Un mari très éloigné de sa femme,
pendant une longue durée ;
c) Une femme qui ne s'occupe point des affaires domestiques
et de celles de son mari ;
d) une femme déréglée et rebelle, qui
n'a point d'égards pour Dieu, etc.
N'est-il pas nécessaire de relever aussi quelques
effets?
a) cela engendre bien l'amertume et l'hostilité au
sein de la famille ;
b) une grande hostilité entre les femmes
rivales ;
c) il peut produire sur les enfants des effets psychologiques
dans le sens négatifs ;
d) la pauvreté, la misère et la souffrance de
toutes sortes peuvent régner au sein de la famille. etc.
Autres problèmes rencontrés dans le lit de
noces:
Les parents constituent très souvent de
graves problèmes pour la suivie du foyer. Parfois ils dominent et
dirigent les conjoints mariés, sans que ces derniers ne s'en rendent
compte.
Des parents trop possessifs et des enfants trop
dépendants peuvent détruire le foyer.
La mère du conjoint a souvent tendance
à garder son fils pour qu'il ne se marie pas.
Le problème fondamental de ces gens est
d'ordre socio-économique.
C'est-à-dire ils sont très jaloux du moyen
économique de leur enfant qui passera dans un instant de
cérémonie sous l'obédience d'une telle femme...
Il existe une résistance de la part des
parents de l'homme future conjoint.
Le choix des conjoints, en dépit des
apparences, reste encore enveloppé dans un système relativement
fermé. Ils (parents) consentent difficilement à marier leur fils,
leur support économique... Un mariage est une question longuement et
soigneusement discutée.
Un autre type de cas qu'on ne peut pas ignorer,
c'est la relation basée sur le bien matériel. Presque dans
toutes les familles et même dans celles qui sont chrétiennes, la
maman et les soeurs ont très souvent tendance à donner leur fille
comme un produit au plus offrant.
Elles voudraient que la fille ait une vie large et
très large matériellement et qu'elles jouissent aussi du bien
être de leur fille.
Tandis qu'un autre type de parents veut que cette
relation soit basée sur le mode de traitement du futur marié vers
la fille. C'est-à-dire ils voudraient que la fille soit heureuse et
très bien traitée et qu'elle mène une vie plus ou moins
aisée bien qu'ils n'aient rien voulu de celle-ci.
D'autres faits sont encore à souligner:
l'importance de la virginité de l'épouse. Le bonheur futur de la
nouvelle mariée dépend de sa première nuit de noces
c'est-à-dire si elle est vierge ou pas. Cependant la virginité
peut compromettre les relations conjugales si la conjointe croit qu'à
cause de cette virginité, elle a tous les droits sur le mari.
Ainsi si nous nous amusons à
énumérer des cas, nous ne pourrons pas continuer le travail. Mais
nous n'avons pas le droit de garder le silence sans faire allusion à la
stérilité féminine et à la grossesse non
désirée, comme d'autres facteurs qui peuvent
théoriquement affecter les rapports entre deux époux.
3.2.1.- Intervention de l'Etat dans le mariage.
Quelles sont en Haïti, les mesures sociales de
protection des familles?
Dans la loi du 12 septembre 1961 créant le
certificat prénuptial, on relève ceci :
a) au niveau du préambule:
Considérant qu'il est du
devoir de l'Etat de sauvegarder sa communauté ethnique en civilisant
l'acte sublime de procréation par l'instauration d'une politique
d'eugénique rendant obligatoire le certificat prénuptial sur
toute l'étendue du territoire ;
Considérant qu'en raison du
caractère de prévoyance sociale qui se dégage de pareille
démarche, il importe, en vue de favoriser l'élan du mariage parmi
les populations urbaines et rurales du pays, de prévoir les cas
où une exemption pourra être accordée par l'autorité
compétente ;
b) au niveau des articles:
Les futurs conjoints se
présenteront dans un délai maximum de trente jours avant la date
fixée pour la célébration de leur mariage au service
médical du Bien -Etre Social et de Recherche ou à tout autre
service de Santé agréé par cet organisme à l'effet
d'obtenir un certificat prénuptial dont la forme sera
déterminée par un règlement d'administration.
Le médecin social ou autre devra être
un conseiller fidèle impartial, appelé à mettre les
intéressés en connaissance de leur état physiologique ou
pathologique.
Aucun ministre du culte ne pourra également
procéder à la célébration d'un mariage sans la
représentation par les intéressés de leur certificat
prénuptial dont il sera fait mention sur l'acte de mariage devant
être expédié conformément à la loi du 7
décembre 1927, à l'officier de l'Etat Civil compétent en
vue de sa transcription dans les registres à ce destinés...
Quels sont les devoirs des membres d'une famille, en
Haïti?
L'article 1 du décret du 8 octobre 1982
stipule que: «Le mariage crée entre le mari et la femme, des droits
et devoirs réciproques: vie commune, fidélité, secours et
assistance: »
L'article 1 du décret du 8 décembre
1960 stipule que: «Tout père et mère ou toute personne
responsable de l'éducation, de la formation d'un mineur ont pour
obligation d'envoyer ce dernier à l'école. >>
Par contre l'article 3 du même décret
fait obligation au mineur «:Tout mineur qui aura
délibérément suspendu ou discontinué ses
études dans un établissement quelconque sans un certificat
motivé d'un médecin de la Santé Publique affecté
à cet effet; ou tout mineur qui aura abandonné son
établissement durant trois jours consécutifs sans cause de
maladie ou d'empêchement constaté par un médecin de la
Santé Publique ou tout mineur qui isolément ou par groupe, aura
abandonné ses études dans le but de paralyser les
activités normales de la nation, encourra une peine disciplinaire...
L'Etat joue donc un rôle très important dans
la famille et dans la vie d'un couple basé sur le lien du mariage.
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