Chapitre III
GENERALITES SUR LES PROBLEMES FAMILIAUX
Personne ne peut remplacer, auprès du
mari, la femme qui lui a tout donné d'elle-même, qui a fait de lui
le centre de ses préoccupations, de sa solitude, le premier objet de sa
tendresse. Du coté de la femme, il n'est pas d'homme au monde qui puisse
lui offrir mieux que ce que lui a donné son mari sincère qui la
protège, la chérit et s'appuie sur elle pour s'acquitter d'une
manière toujours plus efficace de son rôle social.
Ainsi, malgré cette relation soudée, il arrive
parfois qu'il existe pas mal de divergences d'opinions qui débouchent
sur différents problèmes familiaux.
3.1.-Types de familles à Port-au-Prince :
leurs caractéristiques et leur situation économique.
Selon certains auteurs, un type est un modèle
idéal, un ensemble de caractères organisés en un tout, le
moyen de distinguer un objet, un individu. En anthropologie, un type est un
ensemble de caractères (en général à la fois
physiques et psychiques.)
En ce qui a trait à la famille, il est
généralement admis qu'elle est l'union plus ou moins durable et
socialement approuvée d'un homme, d'une femme et de leurs enfants.
Une famille existe quand il y a des personnes
apparentées vivant sous le même toit, spécialement le
père, la mère et les enfants.
Le terme famille peut encore désigner en ce sens:
Toutes personnes unies par un lien de parenté ou d'alliance. Dans cette
acception, le mot désigne tous ceux-là qui sont liés, non
seulement par les liens biologiques et du mariage, mais aussi par
l'adoption.
Le sentiment et l'institution s'y confortent
réciproquement. Le terme alliance désignant déjà
les unions fondées sur les stratégies patrimoniales, au sens
large, il nous a paru plus clair d'y renoncer et de garder le terme «
moderne» qui marque mieux la continuité entre les formes
contemporaines de ce modèle et les caractéristiques qu'il
présentait au cours du XIXè siècle.
On se souvient de ce modèle qui se définit
par une double inspiration: d'une part la recherche du bonheur,
particulièrement à travers le sentiment amoureux ; d'autre
part le respect de l'institution considérée comme le guide
infaillible vers ce bonheur. Plus précisément, on admet que la
loi exprime la nature de l'homme et que lui obéir, ce n'est jamais autre
chose que suivre la pente de ses véritables désirs. On recherche
donc le bonheur. On se marie par amour. Ainsi l'intensité des
gratifications immédiates n'est pas le critère ultime dans le
choix.
Généralement on distingue quatre types de
familles.
La famille née d'un mariage patriarcal.
Dans le cas d'une relation patriarcale, le mari
est le chef de la famille et son rôle n'est pas mis en question. Ses
décisions font office de lois. Le chef patriarcal peut choisir ou non de
consulter les membres de sa famille, suivant qu'il est plus ou moins
autoritaire.
La famille née d'un mariage matriarcal.
Dans le cas d'une famille matriarcale, c'est la
femme qui est le chef de la famille. Cette famille n'est pas rare dans
certaines cultures où la femme a comblé les besoins de la
société pendant de nombreuses années. Elle peut
quelquefois se produire par défaut, par exemple: quand le mari ne joue
pas son rôle de chef de famille et ne prend pas de décisions. Il
peut arriver également que la femme usurpe l'autorité du mari.
La famille née d'un mariage
égalitaire.
Le sens de ce terme relativement nouveau est
né après l'apparition du mouvement prétendu de
libération de la femme. Dans ce cas, le mari et la femme s'efforcent de
guider la famille en tant que personnes investies d'une même
autorité et d'un même droit de regard. La décision de l'un
est aussi importante que celle de l'autre.
La famille née d'un mariage conflictuel.
Dans ce cas le mari et la femme sont en
compétition pour diriger la famille. Adversaires, ils ne fixent jamais
de règles claires et l'autorité de la famille passe de l'un
à l'autre suivant que l'un ou l'autre gagne la bataille.
Dans la structure des groupes familiaux, on distingue
deux types de relations fondamentales: les relations par descendance commune et
celles par union, alliance ou affinité. On appelle type minimal, la
famille simple ou nucléaire, composée de deux adultes de sexes
différents, et de leurs enfants;
c'est-à-dire d'une seule union entre adultes et d'un
seul niveau de descendance.
La famille forme un tout. Toucher à l'un de ses
membres, c'est compromettre sa fonction sociale et même son existence.
Chacune de ses parties doit sentir à quel point les autres lui sont
nécessaires et précieuses. Mais dans cette cellule, il n'en va
pas comme dans celles qui composent le corps: sans prétendre à
une autonomie totale, elles possèdent toutes une personnalité
plus ou moins marquée. Pour former une famille, deux personnes se sont
unies librement; un peu moins librement peut-être, mais en pleine
connaissance de leurs responsabilités. Elles donnent naissance à
des enfants. Et c'est en vertu de l'amour qui les unit que ces personnes
forment un tout dont les parties se relâchent un peu avec le temps et par
la force des choses, puisque les enfants quitteront le foyer paternel et
fonderont d'autres foyers.
Jetons un regard sur la situation économique de la
famille à Port-au-Prince.
Se basant sur le revenu mensuel de ménages,
l'espace habitable, la consommation d'eau et d'électricité, on a
répertorié à Port-au-Prince trois grandes strates:
1ère strate: elle groupe les
gens à bas revenu, c'est-à-dire les ménages gagnant moins
de $ H 1000 par mois;
2ème strate : elle
rassemble les gens aux revenus moyens, c'est-à-dire les ménages
gagnant entre $ H 1000 et $ H 3000 le mois;
3ème strate: elle
réunit les gens à hauts revenus soient les ménages gagnant
plus de $ H 3000 par mois. (1)
1.- J. M. GABRIEL, misère et injure dans les
bidonvilles de Port-au-Prince, 1995, p.51
Pour opérationnelle qu'elle est, cette
division cache des aspects très intéressants de la
réalité Port-au-Princienne: elle ne fait pas clairement
ressortir les misères insupportables des ménages qui n'ont aucun
espoir de gagner même $ H 20 par mois, ni le luxe des ménages qui
font des rentrées supérieures à $ H 10.000. (1)
Plus d'un million de Port-au-Princiens sont mal
nourris, mal logés, en proie à la misère la plus
abjecte...
Au point de vue de satisfaction des besoins, la
société Port-au-Princiennne, étant une
société de marché, offre des chances inégales aux
différentes strates socio-économiques. Cette
société qui n'offre rien (biens et services) gratuitement exige
que tout le monde travaille pour avoir un certain pourvoir d'achat. Ce pouvoir
d'achat, très élevé chez les gens de statut
socio-économique élevé, débarrasse ces derniers de
tous soucis matériels. Les gens de statut socio-économique moyen
ont la possibilité de subsister à condition qu'ils supportent
victorieusement la perpétuelle concurrence au niveau du marché du
travail par leur compétence et leurs astuces et accointances
politiques.
Quant aux gens de faible statut
socio-économique, ils vivent en marge de la société,
exposés qu'ils sont aux souffrances et aux privations les plus
humiliantes. Eternels chômeurs, ce sont des gens que la
société semble refuser.
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