1. 2.- Cadre conceptuel et théorique
Les idées théoriques qui sont pertinentes
à notre question de recherche et qui vont servir de cadre
théorique à ce mémoire sont toutes tirées de
l'ouvrage du Psychologue Maurice Tièche (1965)
Pour cet auteur, la famille est nécessaire
à l'individu qui, sans elle, se sent affreusement seul ou qui, en elle,
trouve << un grand réconfort dans la certitude qu'il a quelque
part, fut-ce aux antipodes, au moins une personne de son sang qui pense
à lui ou un rejeton qui constitue son oeuvre et perpétue son
nom>>. (1)
L'auteur avance que la famille est aussi nécessaire
à la société << puisque c'est elle qui constitue la
communauté en miniature dans laquelle l'enfant fera l'apprentissage de
la vie sociale>>. (2)
L'auteur a défini tout un ensemble de facteurs qui,
théoriquement, peuvent affecter les rapports entre les membres d'une
famille, particulièrement entre les époux. Ces facteurs
sont :
1- La femme plus instruite que le mari;
2- La femme plus âgée que le mari;
3- La femme beaucoup plus jeune que le mari;
1.- M. Tièche, guide pratique d'éducation
familiale, 1965, p.64
2.- Ibid., p.64
4- Différence de classe sociale;
5- Différence dans les démonstrations
d'affection;
6- Différences de races;
7- Incompatibilité d'humeur;
8- Rôle du jeune mari.
En ce qui concerne l'action du facteur instruction, l'auteur
écrit : << Si la femme est plus instruite que son mari, si
elle possède des diplômes nettement supérieurs aux siens -
si tant est qu'il en ait - un malaise sournois les opposera presque fatalement
à moins qu'ils ne soient doués tous deux d'une nature
angélique>>. (1)
En ce qui a trait à l'influence de l'âge de la
femme sur les relations
conjugales, les idées de l'auteur sont les
suivantes : << Lorsque le mari est plus jeune que sa femme, les
causes de mésentente semblent être particulièrement graves
et nombreuses puisque sur mille divorces, neuf cent vingt comprennent des
couples de ce genre. S'il est plus jeune, l'adaptation sera difficile,
même si les débuts sont sans histoires, car les années
apportent de sérieuses désillusions quand les époux ne
prennent pas les précautions nécessaires>>. (2)
Plus loin l'auteur ajoute ceci :<< Lorsque le
mari est beaucoup plus âgé que sa femme, plus de quinze ans, par
exemple, l'adaptation risque d'être compromise par son attachement
à de vieilles habitudes que la jeune femme trouvera d'abord risibles,
puis surannées et enfin tyranniques>>(3)
1.- Ibid, p. 456
2.- Ibid., p.456
3.- Ibid., p.457
Les idées de l'auteur relatives à la
différence de classe sociale des
conjoints se lisent comme suit : << La
différence de niveau social qui sépare les époux n'est pas
nécessairement fatale à leur bonheur, mais elle peut, s'ils n'y
prennent garde, engendrer de graves malentendus. Par niveau social, nous
n'entendons pas celui que la richesse ou la pauvreté semble
établir. Lorsqu'un << fils de famille>> épouse une
<< fille du peuple>>
- Pour employer le langage encore en vigueur - il sait bien
qu'il aura quelque peine à initier sa femme au genre de vie en usage
dans sa famille et dans son milieu. Pourtant, il y a de grandes chances qu'il y
parvienne car beaucoup de jeunes femmes font preuve en cela d'un magnifique
pouvoir
d'assimilation. Une personne invitée à un milieu
plus simple où la vie est
beaucoup plus âpre, les difficultés et les peines
plus nombreuses, il est beaucoup plus difficile de se mettre au niveau
voulu>>. (1)
L'auteur complète ses idées sur la
différence de classe sociale des
époux en avançant ceci : << Deux
fiancés d'éducation et de classe sociale différentes
estiment qu'à force de s'aimer, ils finiront par être
transformés. Ce n'est certes pas impossible; pourtant cette
transformation sera difficile. Chacun, en effet, a vécu au moins vingt
ans dans le milieu qui lui est propre; or, les impressions de la
première enfance sont les plus fortes et marquent définitivement
celui qui les reçoit. Tant que dure la première exaltation des
sentiments amoureux, les souvenirs d'enfance s'estompent, mais ils se
réaffirment ensuite, surtout, chez le mari puisqu'il est en
général plus âgé et que son rôle normal dans
la famille fait de lui un chef >>. (2)
1.- Ibid., p. 457
2.- Ibid., p.458
3.- Ibid, p.458
Parlant des différences dans les démonstrations
d'affection, l'auteur écrit ceci : << Lorsqu'un homme et une
femme s'unissent par le mariage, ils constatent que les affinités qui
les ont rapprochés leur donnent les mêmes besoins
matériels, mentaux, moraux et spirituels à satisfaire. <<
Mais ils ne se rendent pas toujours compte que des besoins identiques peuvent
se traduire de plusieurs manières. Deux personnes également
éprises donnent souvent de leur affection des démonstrations
très différentes >>. (3)
Sous l'angle des différences raciales, l'auteur croit
que <<les mariages entre races différentes soulèvent
souvent de sérieux malentendus>>. (1) Pour lui :<< On
ne saurait nier qu'entre les blancs et les noirs, par exemple, il existe des
différences profondes de mentalité, de besoins, de moeurs et que
l'adaptation doit être particulièrement difficile. Sauf dans
certains cas très rares, l'époux de couleur, l'époux de
race blanche est plus ou moins considéré comme un intrus. C'est
surtout la situation des enfants qui est pénible car ils ne sont
réellement accueillis dans aucun des milieux auxquels leurs parents
appartiennent>>. (2)
L'auteur explique l'incompatibilité d'humeur en ces
termes : « Il faut enfin aborder l'une des raisons le plus
souvent invoquées pour expliquer la mésentente conjugale :
lorsque aucune des discordes que nous venons de mentionner n'est en jeu et que
pourtant l'adaptation ne parvient pas à se faire, les époux
parlent d'incompatibilité d'humeur. >> (3)
1.- Ibid., p.458
2.- Ibid., p.459
3.- Ibid., p.459
<<En réalité, poursuit l'auteur, cette
incompatibilité n'est pas autre
chose qu'un ensemble de divergences non acceptées. La
plupart du temps, ce qui empêche cette indispensable adaptation, c'est
que les mobiles ayant déterminé le mariage étaient
entachés d'égoïsmes ... Ces motifs sont normaux et
légitimes en soi, mais s'ils ne sont pas accompagnés d'un
élan sincère, spontané et
désintéressé des deux coeurs l'un vers l'autre, ils
engendrent forcément un climat d'incompatibilité>>. (1)
Enfin, l'auteur expose par ces mots l'influence de changement
du comportement du jeune mari sur les relations conjugales : << La
première fissure qui apparaît généralement dans le
bonheur extatique du début se manifeste lorsque le mari- c'est
ordinairement lui qui commence - se montre un peu moins aimable, un peu moins
courtois que lorsqu'il était fiancé. La surprise est d'autant
plus grande que la courtoisie avait été extrême pendant la
période des fiançailles et que la jeune fille s'y était
délicieusement habituée. Elle n'avait pas songé qu'une
fois mariée, elle partagerait avec son mari, non seulement les heures de
loisirs, de joie, les promenades charmantes, les tête-à-tête
agréables, mais également les heures de fatigue, de soucis, de
difficultés, etc.
Tout cela tend à créer des difficultés
entre jeunes époux qui n'ont pas encore eu le temps de se comprendre
tout à fait et de s'adapter. >> (2)
1.- Ibid., p.459
2.- Ibid., p.461
1. 2.1.- Hypothèse de recherche
Dans ce mémoire, nous
cherchons à vérifier l'hypothèse suivante :
Pendant la décennie tous les problèmes
de négligence dont fait montre l'un ou l'autre des partenaires
légitimes haïtiens à Port-au-prince à l'égard
du foyer, tournent autour de l'un ou de plusieurs des facteurs
ci-dessous :
- Jalousie,
- Condition économique,
- Confiance dans la protection légale de l'union,
- Influence parentale,
- Incapacité à Communiquer.
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