1-2-CARACTERISTIQUE DU SECTEUR AGRICOLE AU BENIN
Le secteur agricole occupe une place
prépondérante dans l'économie béninoise. Moteur de
la croissance économique béninoise, le secteur agricole est
caractérisé par la prédominance de petites exploitations
agricoles et sa vulnérabilité aux aléas climatiques. Il
n'est guère compétitif du fait des coûts des intrants
encore élevés et de sa faible mécanisation, de son faible
niveau d'intensification (fertilisation, pesticide, semences
améliorées) pour les cultures vivrières notamment.
Actuellement, malgré l'émergence de nouveaux types d'agriculteurs
sortis des centres de formation sa productivité est encore peu
considérable. La principale culture de rente est le coton. Les
principales cultures vivrières (maïs, manioc, sorgho/mil, igname,
niébé et arachide) permettent de couvrir globalement les besoins
alimentaires mais restent encore largement en deçà des
potentialités offertes par les conditions écologiques du pays. La
plupart des exploitants ont très peu recours aux intrants et s'adonnent
à des pratiques d'exploitation minière qui accentuent la
dégradation des ressources naturelles (RNIB, 2008).
L'irrigation au Bénin demeure embryonnaire et occupe
une très faible frange de producteurs. Cependant, le pays dispose
d'importantes ressources hydro-agricoles réparties sur toute
l'étendue du territoire national. Les terres facilement irrigables sont
globalement estimées à 322 000 ha dont 117 000 ha de plaines
inondables et 205 000 ha de bas-fonds. Seulement 9,6% des terres de bas-fonds
sont formellement identifiés et moins de 1% environ ont
été aménagé. Au total, quelques 12 258 hectares
(soit moins de 4% des terres facilement irrigables dont dispose le pays) sont
équipés à des fins d'irrigation. Par ailleurs,
l'évolution de l'irrigation au Bénin entre 1994 et 2002
concernait 835 ha de bas-fonds dont plus de 300 ha relevant presque
exclusivement des initiatives privées (RNIB, 2008). Les superficies
effectivement exploitées sous irrigation avec maîtrise totale de
l'eau pour la campagne 1999/2000 s'élevaient à 563 ha de
périmètres formels (soit 6% des terres équipées en
périmètres formels) et à environ 1 300 ha de
périmètres
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publiques sur la production agricole au Benin
informels (80% des terres équipées en
périmètres informels). En ce qui concerne les 563 ha, il s'agit
des quatre périmètres rizicoles de Malanville
Koussin-Lélégo, Dévé et
Tchi-Ahomadégbé qui couvrent une superficie totale de 858 ha et
ont été réhabilités entre 1985 et 1999. Quant aux
aménagements avec maîtrise partielle de l'eau, 960 ha sont
exploités, soit 75% des terres aménagées. L'abandon des
espaces aménagés s'explique par la mauvaise gestion technique et
financière des aménagements, la non-maîtrise des
itinéraires techniques de production sous irrigation, la
dégradation des éléments des réseaux d'irrigation
et l'appauvrissement des sols. En ce qui concerne la technique d'irrigation,
l'irrigation de surface se pratique sur 46% de la superficie totale, suivie de
l'irrigation par aspersion sur 42% de la superficie totale. Les grands
périmètres (> 100 ha) constituent la majorité de
l'irrigation en maîtrise totale. En périmètres formels en
maîtrise totale (9 349 ha), l'élévation d'eau est
nécessaire pour 98,5% des superficies équipées. En zone
urbaine et périurbaine, une multitude de maraîchers utilisent des
systèmes d'exhaure manuelle. L'irrigation informelle et les
périmètres en maîtrise partielle ne sont pas pris en compte
dans cette classification, car ils ne sont pas encore
caractérisés (RNIB, 2008).
Dans l'ensemble, les moyens de production restent
dominés par les outils traditionnels et archaïques. Mais dans les
départements du nord et du centre, le système d'attelage occupe
une part de plus en plus non négligeable dans les moyens de production
à cause du développement de la culture de rente comme le coton et
l'arachide. Le système de polyculture à
caractère traditionnel utilisant la houe, le coupe- coupe, la rotation
assolement et jachère plus ou moins longue suivant les régions
est le plus utilisé avec un faible niveau de mécanisation. Le
système de culture extensive est plus souvent pratiqué au
détriment de celles intensive et biologique. Pour la plupart des
cultures on utilise le superphosphate ou le phosphate d'ammoniac, l'urée
le chlorure de potassium et aussi l'engrais coton. Tout le phosphore et le
potassium sont apportés en fumure de fond. Une moitié de
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l'azote est apportée après le démariage,
la seconde moitié à l'épiaison (MAEP, 2009).Le tableau
suivant indique quelques paramètres sur les productions agricoles au
Benin.
Tableau2 : Quelques paramètres
sur les productions agricoles béninoises en 2009.
Cultures
Indicateurs
|
Céréales
|
Racine et
Tubercules
|
Légumineuses
|
Maraichers
|
Cultures industrielles
|
Taux de croissance moyenne
|
5,15%
|
5,90%
|
5,01%
|
8,49%
|
13,42%
|
Production moyenne en tonnes
|
754622,90
|
3054469,68
|
75569,3548
|
170478
|
263052,548
|
Ecart type en tonnes
|
321497,21
|
1611972,3
|
34802,8558
|
91941,2238
|
214229,561
|
Coefficient de variation
|
0,426
|
0,527
|
0,46
|
0,539
|
0,814
|
Source : DPP/MAEP, 2011.
Ce tableau nous indique les indicateurs de tendance centrale
(moyenne) et de dispersions (écart type, coefficient de variation) des
productions agricoles. Ainsi, les différentes cultures ont toutes un
taux de croissance moyen positif et supérieur à 5%.Cela nous
montre que la production de ces cultures a connu plus de croissance que de
baisse sur la période 1980-2009.Il y a de ce fait une tendance positive
dans l'évolution leur production. Le coefficient de variation nous
montre la dispersion relative des données de production par rapport
à leur moyenne. Par exemple, 42,6% des productions annuelles des
céréales sont dispersées autour de leur moyenne, indiquant
ainsi les fortes variations des productions de céréales d'une
année à l'autre. Les productions des cultures industrielles sont
plus variables suivies des
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maraîchers, des racines et tubercules, des
légumineuses et des céréales. Tout ceci indique que
l'agriculture béninoise est tributaire des variations climatiques.
En effet, Sur une superficie de 1059450 ha en
2009 contre 1093977 en 2008, les
céréales deviennent de plus en plus cultivées
intensivement au Benin. Avec une production qui croit d'année en
année, la production céréalière est
évaluée en 2009 à 150814 tonnes contre
1093977 en 2008 .Cette augmentation tire sa source de l'importance
croissante de la demande intérieure soutenue par les politiques
d'intensification adoptées par l'État pour assurer cette demande
intérieure. En effet cet essor des céréales au cours de la
campagne agricole 2009-2010 est dû fondamentalement à
l'augmentation de la production du maïs et du riz qui sont respectivement
évaluées en 2009 à 1205200 et 150604 tonnes
contre 978063 et 109371 tonnes en 2008 soit un taux de
croissance respectif de 23,22% et de 37,70%.
Les racines et tubercules tout comme les
céréales sont des produits alimentaires de base vitale pour une
bonne partie des béninois. Pour la campagne 2009-2010 la production de
racines et tubercules est évaluée à 6433914
tonnes sur une superficie de 437680 ha contre 6213838 tonnes
sur une superficie de 461458 ha. Ainsi, le rendement par hectare de
cette culture s'est accrut au cour de la campagne agricole 2009-2010.Cette
élévation est notamment le fait de l'accroissement de la
production du manioc qui en 2009 est évaluée à 3996422
tonnes sur une superficie de 257404 ha contre 3611213 tonnes
sur une superficie de 265500 ha en 2008.
Ces dernières années, la production des
légumineuses et des maraîchers ont connu une tendance
baissière. Cela montre le fait que ces cultures sont de plus en plus
laissées en faveur d'autres cultures qui répondent plus à
la demande intérieure au Benin. En 2009, leur production s'évalue
respectivement à 101678 et 279098 tonnes contre
116689 et 319291 tonnes en 2008. La chute des
maraîchers est due à
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la baisse de la production de tomate et du piment qui sont des
cultures fortement influencées par les conditions climatiques. Ainsi, la
tomate et le piment ont chuté respectivement de 15,44% et de 42,43% en
2009.
En ce qui concerne les cultures industrielles, depuis des
années, ont une évolution erratique. Cette évolution est
déterminée par les conditions climatiques et le prix d'achat de
coton graine sur le marché international. D'après le rapport
élaboré par la direction de la programmation et de prospective du
ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche en
2009, les producteurs béninois de coton ont préféré
donner la priorité à la production des cultures
céréalières notamment le maïs et le riz qu'a celle du
coton5. Selon ce rapport, la production du maïs et du riz a
connu respectivement une augmentation de 23,22% et de 37,7% alors que celle du
coton a baissé de 37%.La production de l'arachide a aussi chuté
de 136796 en 2008 à 86789 tonnes en 2009.selon
certains agriculteurs du coton, cette chute de l'indice de coton pourrait
s'expliquer par les nombreuses difficultés qui ont entravé la
culture du coton au cours de cette campagne notamment la non
disponibilité d'intrants de qualité à temps
réel.
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