1-3-2-LES SOURCES DE LA CROISSANCE SELON LA
THÉORIE DE LA CROISSANCE EXOGÈNE :
Le modèle néoclassique (Solow 1956) fondé
sur l'hypothèse de rendements décroissants du capital
suggérait que le taux de croissance de long terme d'une économie
était déterminé de façon exogène par le
rythme du progrès technique et de la dynamique démographique.
Dans cette perspective théorique, les politiques budgétaires ne
modifient le taux de croissance de l'économie qu'au cours de sa
transition vers l'équilibre de long terme. La stimulation de
l'activité par des politiques expansionnistes n'est alors que
temporaire, indépendante de l'équilibre à long terme de
l'économie. Les premiers modèles néoclassiques ignoraient
donc l'interaction non seulement entre la croissance économique et les
politiques publiques, mais aussi entre l'accumulation du capital et le
progrès technique (MONTOUSSÉ Marc, 2008).
Analyse de l'impact des investissements en infrastructures
publiques sur la production agricole au Benin
1-3-3-LES SOURCES DE LA CROISSANCE SELON LA
THÉORIE DE LA CROISSANCE ENDOGÈNE :
La théorie de la croissance endogène
réhabilite les variables autrefois considérées comme
exogènes dans le modèle de croissance. Elle rejette
l'hypothèse de décroissance de la productivité marginale
des facteurs de production et soutient celle de l'existence de rendements
croissants. Cités dans théories économiques par
MOUTOUSSÈ Marc (2008), quatre facteurs principaux
considérés comme sources endogènes de la croissance sont
identifiés : le capital physique (la technologie) (Paul Romer, 1986), le
capital humain (Robert Lucas, 1988) et le capital public (Robert Barro
,1990).
L'importance de l'accumulation des connaissances dans le
processus de croissance va être mise en exergue par (Paul Romer, 1986).
Il construit un modèle qui repose sur les phénomènes
d'externalités entre les firmes et montre qu'en accumulant du capital
chaque firme acquiert des connaissances qui bénéficient aussi aux
autres firmes : l'apprentissage par la pratique et la diffusion du savoir
éliminent la décroissance des rendements parce qu'ils ont un
effet externe positif. Il soutient également que c'est en produisant
qu'une économie accumule les expériences et donc les
connaissances. Plus la croissance est forte et plus le savoir-faire est grand,
ce qui favorise la croissance. Il mène la même analyse en ce qui
concerne l'accumulation de capital technologique à travers l'innovation
et la recherche développement. Il conclut que la recherche
développement et la croissance se causent mutuellement.
(Robert Lucas, 1988) met en exergue le rôle du capital
humain dans le processus de croissance. Dans la perspective ouverte par Gary
Becker(1964), Robert Lucas(1988) considère qu'il faut traiter le travail
comme du capital humain accumulable au même titre que le capital fixe. Le
capital humain est produit par l'éducation à un taux
endogène puisque le salarié « investit » en fonction de
son salaire (actuel/futur). L'élévation de la qualification a un
effet externe positif. Par
Analyse de l'impact des investissements en infrastructures
publiques sur la production agricole au Benin
ailleurs le capital humain n'a pas des rendements
décroissants parce que le niveau de connaissance d'un individu est
d'autant plus efficace que celui des autres (avec lesquels il communique) est
plus élevé. La productivité individuelle est fonction de
l'efficacité de l'équipe dans laquelle il travaille. La
connaissance est partagée et chaque connaissance nouvelle entraîne
l'apparition de connaissances supplémentaires. Le rythme de croissance
d'une économie dépend donc forcément de la part des
ressources qu'elle consacre au système de formation et aux
dépenses d'éducation.
Enfin pour le capital public, ce sont les travaux de Robert
Barro (1990) qui vont permettre de démontrer leur importance dans la
croissance économique. La contribution du secteur public à la
croissance économique s'effectue par le canal des dépenses
publiques en capital (éducation, recherche-développement,
infrastructures de transport et communication). Il explique l'effet cumulatif
des dépenses d'infrastructures par le fait qu'elles assurent
l'augmentation de la croissance qui, induit un accroissement des recettes
publiques et donc des dépenses publiques, source de croissance. Les
infrastructures publiques constituent pour cet économiste, un facteur de
croissance qui engendre des rendements d'échelle croissants à
long terme en raison des économies internes qu'elles permettent pour les
producteurs privés.
L'existence de rendements croissants du capital est bien
expliquée en ce qui concerne les investissements en infrastructures. Les
infrastructures appellent d'abord des politiques d'équipement et de
travaux publics susceptibles, en période de contraction de
l'activité ou de sous-production par rapport au potentiel de
l'économie, d'avoir un impact keynésien en créant des
emplois et en exerçant un effet contra-cyclique positif. Elles
réduisent les coûts de transaction et facilitent les
échanges commerciaux entre l'extérieur et l'intérieur des
frontières. Elles permettent aux acteurs économiques de
répondre à de nouvelles demandes, dans de nouveaux lieux. Elles
abaissent le coût des intrants nécessaires à la production
de
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publiques sur la production agricole au Benin
presque tous les biens et services. Elles rendent profitables
des activités non rentables sans elles, et plus profitables encore les
activités déjà existantes. Les théoriciens de la
croissance endogène préconisent d'ailleurs que ces
dépenses soient maintenues même en situation de conjoncture
difficile.
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