I-3 LA PIERRE DANS LES DICTONS ET PROVERBES
Les Malagasy des anciennes époques se distinguaient par
leur sagesse. En effet, même si nos ancêtres n'avaient aucune
idée sur ce qu'étaient l'école et l'écriture (qui
n'ont fait leur apparition qu'au XIXe siècle sous Radama I),
ils avaient des connaissances. Ces connaissances mélangées de
sagesse se manifestaient en partie par des formes oratoires. Le Kabary
tenait depuis des siècles et des siècles une place importante
dans tous les faits et événements qui se passaient dans leur vie.
En fait, le Kabary consiste à savoir jouer des mots en
employant des Sarin-teny et Fanoharana, des Haiteny
ou des Tsilalaon-teny. Ce sont des figures de styles
utilisées durant une prise de parole, une discussion.... Le choix des
mots utilisés se faisait avec le plus grand soin. Un de nos dictons dit
clairement « Avadibadiho im-pito ny lela vao miteny » (litt.
: il faut bien modérer ou peser ses paroles). Nos ancêtres font
toujours références à leur environnement et entourage pour
s'exprimer. En se référant à leur monde (avec les
repères comme l'espace et le temps), ils ont pu, avec l'habileté
de « jouer » avec les mots, créer, inventer, imaginer des
situations ou des constats.
Chaque objet ou matière dans les quotidiens des
Malagasy d'hier avait sa place. En ce qui concerne la pierre en particulier,
beaucoup de proverbes en parlent. Celle ci, comme dans la sous partie que nous
avons traitée précédemment ; car elle tenait une place
importante pour eux. Les gens d'hier comparaient leur vie avec tout ce qui les
entourait en utilisant des proverbes et des figures de style. Dans une
société on peut toujours rencontrer des problèmes et une
petite déstructuration mais cela, après discussion et
éclaircissement, finit par s'arranger. «Vato ambany riana: tsy
mikorontana fa mifanam-boatra toerana» ou «Vato
an-dava-drano: tsy miady fa mifanajary toerana» (litt. Des rochers
sous une cascade: ils ne sont pas en confusion mais s'aménagent entre
eux). La vérité est une des valeurs qui était importante
dans la vie des Malagasy. Beaucoup de dictons en parlent également comme
« Ny marina tsy mba maty ».Les anciens croyaient que nous
récolterons les résultats de toutes les choses durant notre vie
« Ny atao no miverina ». Tout acte venant d'un individu se
retournera, tôt ou tard, que se soit une bonne ou mauvaise action, contre
lui. On ne peut tout cacher. Tout se dévoilera au grand jour
«Vato an-tanimbary : na tsy voan'ny antsy fararano aza, ho tratry ny
angady
lohataona » 1(litt. Un rocher d'une
rizière : si la faucille de la moisson ne le touche ; la bêche
s'en chargera en automne). La présence dominante de la jeune
génération fait forte pression sur la précédente et
dont les jours sont comptés « Ny tanora vato mandondona, ny
antitra hazo amorontevana » (litt. Les jeunes sont des gros rochers
pressants ; les âgés des arbres au bord d'une falaise).
Il y avait autrefois des situations où même une
chose que l'on estime sans importance l'était pour les anciens. Il y a
un dicton qui dit « Tain'omby mivadika aza misy tompony »
(litt. Une bouse de boeuf retournée a déjà un
propriétaire). Ceci, afin de préserver le «
Fihavanana » et de garder une certaine harmonie de la
société. On respectait ne serait-ce qu'une minime des
règles de cette société. La confiance régnait entre
les personnes de peur du « tody ».Si on demandait du service
ou de l'aide à quelqu'un on pouvait espérer une réponse
satisfaisante : « Mandry ivohon'ny vato » (litt. dormir sur
de la pierre), une matière stable sans changements importants.
Nous pouvons donc affirmer que les Malagasy savaient
parfaitement tirer et comparer leurs vies quotidiennes à d'autres formes
de vies de leur entourage. Le sens de l'observation qu'ils avaient montre leur
intelligence et leur sagesse incroyable sans même fréquenter
l'école. Il y également d'autres situations qui montraient
l'importance et les liens entre le Malagasy d'hier et la matière
pierre.
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