VI-2-2 L'année de construction
Rainilaiarivony, le premier ministre à cette époque
se chargeait de poser la pierre de fondation. La date marquante de cet
événement était le 13 septembre 1883.
VI-2-3 Les formes, les styles
Les Norvégiens, avaient eux aussi, leurs styles
d'architecture et leurs architectes. Etant donné que ces derniers et la
mission protestante britannique étaient proches, on voit des similitudes
et des ressemblances, voire même des influences sur les styles de
construction. En effet, la cathédrale d'Ambohimanoro a été
construite avec un style normand (gothique sobre). Le temple se
caractérise par la présence de tours octogonaux comme les
châteaux médiévaux d'Europe. Construite sur une petite
élévation, la cathédrale se distingue ainsi par son plan
qui prend la forme d'une croix. La toiture est en tuiles écailles. Saint
Laurent Ambohimanoro a été dessiné par l'architecte
norvégien White (W.). Ce plan de style normand a été mis
sur pied par Anker (A.).
Ainsi, une nouvelle ère dans le domaine de la
construction commençait. Les Européens, par
l'intermédiaire des pasteurs et prêtres architectes,
bouleversaient le domaine du bâti en introduisant diverses techniques.
Les missionnaires britanniques joueront un rôle vraiment crucial dans ce
basculement. Cameron (J.) va être l'un des initiateurs en introduisant
diverses techniques de
1 ANDRIAMBELOSOA (H.) Op. Cit Mémoires de maitrise 2001
construction. Ellis (W.) eut comme idée de fonder des
foyers de cultes entièrement en pierre, en la mémoire des Martyrs
de la foi, qui était, jusqu'alors interdit. Après la mort de
Ranavalona I et la montée de son fils, Radama II au pouvoir, le
christianisme va connaître un grand essor. Dès leur retour, les
missionnaires avaient chacune décidé de s'installer
définitivement en créant des foyers de cultes durables presque
partout en Imerina. Les édifices religieux gagnèrent en
nombres. Les bâtiments civils connaissaient également de grand
développement. Une vague de construction va marquer le XIXe
siècle en Imerina. La décision de Ranavalona II de lever
l'interdiction de bâtir en dur, jouait également un rôle
important dans le domaine de la construction.
Ces changements affecteront divers domaines de la vie des
Malagasy, aussi bien dans son Histoire que dans sa culture. L'introduction des
ces techniques d'une façon ou d'une autre, vont contribuer à de
grandes réformes que l'Imerina n'avait connu jusqu'alors. Dans
la troisième partie de notre recherche, nous parlerons des apports et
valeurs véhiculés ces monuments en pierre.
TROISIEME PARTIE
LES EGLISES DE PIERRE,
NOUVEAUX SYMBOLES ET
NOUVEAUX REPERES VISIBLES
L'identité des anciens Malagasy se reflète, en
partie par le style de construction et son architecture. Les anciens savaient
parfaitement organiser leur habitat et aménager leur espace.
L'architecture traditionnelle malagasy se caractérisait
particulièrement par le fait que le principal matériau
était du végétal, en l'occurrence, du bois. Des
chercheurs1 qualifient même notre civilisation comme
civilisation végétale. Ceci du fait qu'un des interdits
d'Ikelimalaza, un des sampy royaux, n'autorisait en aucun
cas, la construction de maisons avec d'autres matériaux comme la brique
ou la pierre. Seule la matière « vivante » a été
autorisée par le sampy, tant vénéré aussi
bien par le roi que par le peuple. La matière « morte » quant
à elle, a été destinée uniquement pour les morts.
La pierre était également utilisée dans d'autres contextes
de la vie des anciens dont nous avons auparavant parlé. Aussi bien dans
la construction avec les matières vivantes comme le bois qu'avec les
mortes telle la pierre, les Malagasy avaient leur technique et savoir faire et
en accordaient une certaine valeur. Avec l'arrivée des Européens
au début du XIXe siècle, de nouvelles techniques dans
le domaine du bâti influenceront celles locales. Les édifices
cultuels en brique ou en pierre se multiplièrent. L'extraction et la
taille de la pierre sous la direction de Cameron et Pool, devenaient source de
revenu considérable. Ainsi, une nouvelle ère commençait
dans le domaine de la construction. L'arrivée des
missionnaires-architectes européens et l'avènement de Ranavalona
II au pouvoir contribuaient à des changements et offraient une nouvelle
mode de vision. De nouvelles valeurs apparaissaient avec ces influences
étrangères sur divers plans : sur l'Histoire ; la Culture et
autres domaines. Quelles sont les nouvelles valeurs véhiculées
par ces monuments ? Telle question est à soulever.
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