V.2.3.2. Abondance relative des espèces dans les
habitats
La répartition des espèces entre habitat a
révélé que les abondances élevées ont
été enregistrées en forêt secondaire et en
jachère (les deux principaux types d'occupation du sol) et que de
faibles valeurs ont généralement été
observées dans la lisière. Ces résultats concordent avec
ceux de Dudu (1991) qui signale que les jachères et les forêts
secondaires de Masako sont les milieux les plus appropriés pour ces
mammifères ayant des richesses et des abondances quasi égales, ne
se différenciant uniquement que par l'inégale et
l'irrégulière distribution des espèces rares ou celles
inféodées à l'un des deux biotopes. Il précise que
les abondances élevées seraient liées probablement aux
conditions écologiques favorables de ces habitats, au faible taux de
prédation et à une bonne intégration des espèces
qui y ont installé leurs nids et s'y reproduisent. Dangerfield et
al (2003) sur les invertébrés en Australie ; Iyongo (2008)
sur les rongeurs à Masako, ont obtenu les mêmes
résultats.
Les faibles abondances en lisière seraient par contre
liées à plusieurs facteurs parmi lesquels nous retenons que :
Les lisières sont considérées comme des
zones de tension où les principales espèces des
communautés adjacentes atteignent leurs limites (Clements, 1905).
Les lisières sont des << puits écologiques
» dans le cadre du système dit << source - puits »
où les espèces des milieux adjacents y disparaissent en plus
grand nombre car y subissant une prédation accrue (Vanpeenne, 1998). Ce
taux élevé de prédation serait dû aux faibles
superficies qui caractérisent les lisières comparativement aux
habitats qu'elles séparent et qui facilitent le repérage des
espèces proies par leurs prédateurs (Henshaw, 2006).
V.2.3.3. Sensibilité des espèces à
l'hétérogénéité d'habitats - Typologie
Le test de Kolmogorov Smirnov comparant en une fois les
effectifs des Rongeurs de trois habitats réunis a montré que
ces Rongeurs présentent dans l'ensemble une adaptation du type II
(voir le tableau 3.2). Par conséquent, ces espèces évitent
la lisière et préfèrent les zones de
l'intérieur. Les tests t testant la réponse des
espèces à l'hétérogénéité des
habitats par comparaison des habitats deux à deux ont montré que
5 espèces sont sensibles à
l'hétérogénéité des habitats. On note que
l'espèce Hybomys lunaris est mieux intégrée en
forêt secondaire et présente une adaptation du type V ;
Hylomyscus spp présente une adaptation du type II et
préfère la lisière ; Lophuromys dudui
présente une adaptation du type IV ; il ya effet de lisière car
son abondance en lisière est intermédiaire aux deux autres
habitats. ; Praomys spp présente une adaptation du type II, il
évite la lisière et préfère les deux habitats de
l'intérieur et enfin Stochomys longicaudatus qui évite
la jachère et présente une adaptation du type V, il n'est pas
sensible à l'effet de lisière.
La réponse des espèces Hybomys lunaris
et Praomys spp ont montré des préférences qui
concordent avec les résultats de Dudu (1991) qui affirme qu'à
Masako, les jachères et les forêts secondaires se
caractérisent par la dominance partout et à chaque année
de Praomys jacksoni, l'existence de deux espèces très
abondantes Hybomys lunaris et Deomys ferrugineus
L'espèce Lophuromys dudui présente une
adaptation du type IV qui confirme les résultats de Iyongo (2008). Elle
trouve dans la lisière les conditions réunies de deux habitats
adjacents ; elle exploite aussi bien la lisière que les zones de
l'intérieur.
Hylomyscus spp dans sa sensibilité à
l'hétérogénéité d'habitats a renvoyé
à une adaptation du type II comme ce fût le cas pour
l'espèce Hylomyscus stella dans la recherche de Iyongo en 2008.
Cependant Hylomyscus spp a préféré la
lisière alors que Hylomyscus stella a évité la
lisière préférant la jachère. Ces
différences pourraient s'expliquer par le fait qu'Iyongo a
travaillé au niveau de l'espèce et non du genre comme c'est le
cas ici et que les périodes de récoltes diffèrent
également.
Enfin, Stochomys longicaudatus présente une
adaptation du type V, elle évite la jachère mais
préfère la forêt secondaire tout en exploitant correctement
la lisière.
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