Participation communautaire et professionnalisation de l'exploitation et de la gestion des ouvrages d'hydraulique rurale en Côte d'Ivoire: expérience du projet kfw8 à Kaouara et N'Déou (Région des Savanes)( Télécharger le fichier original )par Eugène KANGA SOSSONAN Centre de recherche et d'action pour la paix - Master en éthique et gouvernance 2011 |
I-1-4- Cadre théorique et hypothèseLe cadre d'analyse de notre étude sera basé sur la théorie pragmatique de l'action collective de John DEWEY (1859-1952). Cette théorie est développée par John DEWEY dans son ouvrage intitulé : Le public et ses problèmes. Dans cet ouvrage, il explique que la théorie de l'action collective est fondée sur une théorie de la société4(*) qui consiste à l'analyser en termes de dualismes sériels qui structurent l'histoire de la philosophie occidentale : nature/culture, corps/esprit, théorie/pratique... Egalement, cette théorie privilégie la méthode expérimentale et la conception instrumentaliste dans la recherche de la vérité. L'idée ici est que les concepts sont des hypothèses qu'il faille vérifier à l'épreuve du terrain. Par conséquent, les idées scientifiques et les idées quotidiennes sont fondées sur l'expérience, et donc sur les échanges quotidiens des individus avec l'environnement immédiat dans lequel ils se trouvent. Dans le cadre de cette étude, cette théorie se constituera comme base pour la compréhension du comportement des individus dans toutes les actions collectives. En d'autres termes, la théorie pragmatique de l'action collective nous permettra de comprendre pourquoi les individus ont du mal à mener des actions collectives qui devraient pourtant favoriser leur bien-être. A partir de notre cadre théorique, une hypothèse a été dégagée à savoir : « L'ineffectivité de la participation attendue des communautés a pour indicateurs les difficultés de recouvrement des quotes-parts, la participation différenciée des genres et les conflits communautaires autour des ouvrages. Elle est portée par les jeux de pouvoirs autour des ouvrages excluant les acteurs moins dotés en ressources». I-1-5- Définition des concepts de baseUne bonne compréhension de notre sujet et du contenu de cette recherche nécessite l'explication de certains concepts. · Eau potable : Une eau est dite potable lorsqu'après analyse, elle est conforme aux normes de sécurité et de qualité de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ; c'est-à-dire qu'elle répond à un certain nombre de caractéristiques (tant chimique que bactériologique) la rendant propre à la consommation humaine. · Forage : Puits de petit diamètre (18 à 50 cm), réalisé avec une machine spéciale (foreuse) atteignant des profondeurs suffisantes pour capter les aquifères sur plusieurs dizaines de mètres. Il est consolidé par un tubage en acier ou en Polyvinyle de Chlorure (PVC). · Hydraulique rurale : Ensemble de réalisations des équipements de desserte en eau potable en zone rurale (Hydraulique villageoise et Hydraulique Villageoise Améliorée). · Hydraulique villageoise (HV) : Création de point d'eau (forage) équipés de pompe à motricité humaine pour l'approvisionnement en eau des villages d'une population de plus de 100 habitants. · Hydraulique villageoise améliorée (HVA) : Création de systèmes transitoires entre l'adduction d'eau urbaine et les points d'eau équipés d'un forage, d'un réseau de canalisation, d'un château d'eau et de bornes fontaines pour la vente de l'eau. Cette technologie s'adresse aux villages ayant une population comprise entre 1000 et 4000 habitants électrifiés ou ayant une autre source d'alimentation en électricité (groupe électrogène, panneaux solaires...). · Maîtrise d'ouvrage : La maîtrise d'ouvrage, se définit comme l'entité porteuse du besoin, définissant l'objectif du projet, son calendrier et le budget consacré à ce projet. Le résultat attendu du projet est la réalisation d'un produit, appelé ouvrage5(*). · Maîtrise d'ouvrage délégué : La maîtrise d'ouvrage déléguée est chargée de faire l'interface entre le maître d'oeuvre et le maître d'ouvrage afin d'aider le maître d'ouvrage à définir clairement ses besoins et de vérifier auprès du maître d'oeuvre si l'objectif est techniquement réalisable. La maîtrise d'ouvrage déléguée ne se substitue pas pour autant à la maîtrise d'ouvrage et n'a donc pas de responsabilité directe avec le maître d'oeuvre. · Participation communautaire : Entendu d'abord comme la participation à l'exécution des travaux puis la participation financière au coût de la maintenance, le concept de participation communautaire s'est étendu aujourd'hui à la participation de la communauté villageoise à toutes les étapes du projet (conception, décision, réalisation, coût et gestion des équipements). Sa mise en oeuvre repose sur l'idée, fort simple, qu'on ne peut résoudre valablement les problèmes d'une population sans qu'elle ne soit associée à l'analyse, à l'expression et à la résolution de ces problèmes. · Pompe : Equipement qui permet de tirer l'eau du puits ou du forage et de la relever vers la surface. · Pompe à motricité humaine (PMH) : Pompe actionnée par la force de l'homme (à main ou à pied). · Puits : Trou creusé dans le sol communiquant avec la nappe afin de puiser directement de l'eau. Le puits est un ouvrage de gros diamètre allant de 0 à 20 mètres équipé de buses en béton. Il y a les puits modernes qui sont busés et les puits traditionnels qui ne le sont pas. * 4 Cette théorie de la société s'appuie sur une théorie pragmatiste qui accorde un primat à la pratique contre une approche spéculative ou intellectualiste. * 5 http://www.commentcamarche.net/contents/projet/maitrise-ouvrage-maitre-oeuvre.php3 |
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