Dans le passé, les pratiques visionnaires de certains
moines franciscains qui avaient fondé au XVe siècle
des monts de piété présentaient des orientations
communautaires. Toujours en Europe, en 1849, un bourgmestre prussien Friedrich
Wilhelm Raiffeisen, fonde en Rhénanie la première
société coopératives d'épargne et de crédit,
une institution qui offre des services d'épargne aux populations
ouvrières pauvres et exclues des banques classiques. L'épargne
collectée permet de consentir des crédits à d'autres
clients.
Ces organismes sont dits mutualistes. Le mutualisme y compris
financier connaît à partir de 1941, un développement assez
exceptionnel au Pays basque espagnol autour des coopératives de
Mondragón.
Mis à part le cas de Mondragón, les organismes
et institutions qui se développent sur cette base en Europe et en
Amérique du Nord, puis, après la Seconde Guerre mondiale dans les
pays du Sud se focalisent sur l'épargne et offrent peu de services de
crédit10.
La microfinance s'inspire des pratiques financières
traditionnelles en Inde et en Afrique de l'Ouest. Sa version actuelle
résulte de l'inventivité du docteur Muhammad Yunus11
dans les années 1970 au Bangladesh.
La Grameen Bank, qui a résulté de cette
innovation financière, repose sur un constat et un principe très
simple: les pauvres des pauvres n'ont pas accès aux banques et donc au
crédit, car ne possédant rien, ils ne peuvent pas offrir de
garanties. Ils sont donc à la merci des usuriers et autres banquiers de
rues.
Au Sénégal, la réforme bancaire de 1975
introduite par la BCEAO a supprimé la distinction entre banques
commerciales et banques de développement.
Sur le plan réglementaire, des normes prudentielles
plus strictes sont imposées aux banques sans faire de distinction entre
elles et suivant la nature des activités qu'elles financent.
Dans ces conditions, les banques ne financeront que les
activités qu'elles jugent rentables et négligeront de plus en
plus les PME.
Vers la fin des années 80, le secteur bancaire a connu
sa plus sérieuse crise. Comme conséquence de cette crise, des
réformes importantes ont été mises en Suvre en 1989. La
restructuration du système bancaire s'est, en particulier traduite par
la liquidation de 8 banques (5 du secteur public et 3 banques
privées).
Elle a été accompagnée d'une
libéralisation partielle des taux d'intérêt et
de
l'allocation du crédit et de la création d'un marché
monétaire avec l'objectif
10 Sébastien Boyé, Jérémy
Hajdenberg, Christine Poursat, Le Guide de la microfinance, Eyrolles,
2006, p.19
11 Le docteur Muhammad Yunus a reçu conjointement avec
l~ONG Grameen Bank dont il est le fondateur le prix Nobel de la Paix
de 2006 le vendredi 13 octobre 2006.
d'encourager le développement d'un système
financier moins administré, plus flexible et plus concurrentiel.
Ainsi la restructuration de 1989 a été un
succès en ce sens que le système bancaire a été
assaini. Mais les réformes structurelles n'ont pas donné les
résultats escomptés en ce qui concerne le financement du
développement. En particulier, la liquidation des banques de
développement a laissé un vide dans le domaine de financement des
PME.
En effet, la distribution des crédits par branche
d'activité place le commerce en première position avec pas moins
de 52 % de l'encours à fin 1999 contre 45,7 en décembre 1994. Ce
sont bien des activités de négoce qui constituent l'essentiel des
financements des banques à l'économie.
Depuis 1995, la Banque centrale exige que 60% au moins du
portefeuille des banques soient constitués de prêts
approuvés (ratio de structure de portefeuille). Ce système place
certes davantage les banques en face de leurs responsabilités en ce qui
concerne l'appréciation du risque et la qualité des emplois, mais
il traduit aussi le souci de la Banque Centrale de préserver la
solvabilité et l'amélioration de la qualité des
portefeuilles des banques primaires par le renforcement des ratios prudentiels.
En effet, selon le « Rapport sur le Développement Humain » du
PNUD pour le Sénégal de 1998, il a été
relevé qu'en matière d'accès au crédit bancaire,
les PME/PMI affichent des proportions de rejets très
élevées qui s'établissent à 75, 80 et 100% des
demandes .Ce constat n'est pas seulement spécifique aux petites et
moyennes entreprises de production ; il peut être étendu à
l'ensemble des micro-entreprises12 . La plupart des
micro-entreprises (95%) n'avaient jamais eu accès au crédit
bancaire.
12 cf. « Etude d'identification du Projet d~Appui
à la Micro-Entreprise - PAME Médina » - 1995