CHAPITRE
SECOND
L'IMPLICATION DU CONSEIL DE PAIX ET DE SECURITE
DANS LA RECHERCHE DE SOLUTIONS À LA CRISE DU DARFOUR
Le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union
Africaine jouit d'une compétence large en matière de gestion de
crises et conflits au sein du continent africain, cette compétence
juridiquement reconnue est solide. Cependant l'expérience a toujours
démontré que la reconnaissance juridique de pouvoirs à un
organe ne suffit pas à rendre celui-ci compétent dans la
pratique. L'énoncé des compétences du Conseil de Paix et
de Sécurité fait de lui l'institution la plus habilitée
à rechercher une issue aux différends continentaux, c'est
pourquoi le Conseil s'est impliqué dans la recherche de solutions
à la crise du Darfour.
L'étude de ce chapitre nécessite que nous
élucidions d'abord le contexte historique de la crise du Darfour
(Section première) avant d'aborder l'implication du Conseil de Paix et
de Sécurité dans celle-ci (seconde Section).
SECTION PREMIERE : LE CONTEXTE HISTORIQUE DE LA
CRISE DU DARFOUR
En rappelant le contexte historique de la crise du Darfour au
Soudan, nous nous efforcerons de distinguer les causes (paragraphe I) des
conséquences (Paragraphe II) pour permettre la compréhension des
évènements.
PARAGRAPHE I : LES CAUSES DE LA CRISE DU DARFOUR
Avant d'aborder les causes de cette crise, le rappel de la
situation géographique de la région du Darfour est
nécessaire.
Le Darfour signifie étymologiquement, en arabe
« patrie des Four », elle est une région de l'ouest
du Soudan dans le désert du Sahara. Elle set majoritairement
peuplée par des populations musulmanes, sauf dans sa partie sud à
majorité animiste. Cette région couvre une superficie d'environ
490.000 km2 et sa population est estimée à six millions
d'habitants.
Administrativement, le Darfour se compose de plusieurs
provinces parmi lesquelles Gharb Darfour (Capitale Al-Genaina), Chamal-Darfour
(Capitale Al-Fachir) et Djanoub-Darfour (Capitale Nyala).
Historiquement, le Darfour ne fut intégré
à la République du Soudan que lors de l'indépendance du
pays en 1956. Après l'indépendance,il servit de base au parti
Umma,dirigé par Sadiq al Mahdi avant de se diviser en trois états
fédéraux au sein de la République du Soudan en 1994,comme
nous l'avons dit ci haut. L'importance de ces détails tient à ce
que le gouvernement au pouvoir considère cette région comme une
opposition.
La cause directe se rapporte à la découverte du
pétrole dans cette région, ce qui a suscité beaucoup de
convoitises de la part du pouvoir et de la population du Darfour. Ces
dernières ont réclamé un partage équitable des
richesses qui sont produites par l'or noir alors que le pouvoir ne l'entend pas
de cette oreille et attend le moment opportun de représailles contre les
leaders de ces réclamations. Ces réclamations concernent en
outre, le partage du pouvoir politique entre le président Omar El
Béchir et les leaders du Darfour issus du Mouvement pour la Justice et
l'égalité (MJE), du Mouvement pour la libération du Soudan
(MLS) et autres groupes rebelles.
Pendant l'hiver 2003, précisément au mois de
Février, l'opposition au président soudanais Omar el
Béchir fait entendre sa voix par rapport aux réclamations des
populations du Darfour. Le 26 Février 2003, le gouvernement annonce que
les rebelles ont pris le contrôle du chef-lieu de Gulu dans le Darfour.
Suite à l'annonce faite par Khartoum, deux mouvements rebelles,
Mouvement pour la Justice et l'égalité (MJE), et le
Mouvement/Armée pour la libération du Soudan (MLS /ALS),
réclament le 6 et le 14 Mars 2003 une répartition
équitable du pouvoir et des richesses au profit de la région du
Darfour.
En représailles, le gouvernement de Khartoum laisse
agir les milices arabes « Djandjawids » dans tout
le Darfour et l'armée soudanaise bombarde les villages du Darfour. Les
milices Djandjawids dont le chef s'appelle Choukratalla, un ancien officier de
l'armée soudanaise font rapidement plusieurs victimes parmi les
populations de la région du Darfour. Ces milices sont armées et
payées par le gouvernement soudanais qui désormais les laisse
faire sans rappel à l'ordre. Les mouvements armés du Darfour
ripostent alors pour protéger les populations victimisées par
leurs réclamations et c'est ainsi que le 14 Avril 2003, le Mouvement de
libération du Soudan attaque Al-Facher, Capitale de l'état du
Darfour Nord: ce sera le premier raid rebelle majeur depuis le début des
hostilités.
Voilà en quelques sortes les causes véritables
de cette crise qui figure désormais parmi les ''grandes crises'' du
vingt et unième siècle. A voir le détonateur de celle-ci,
on croirait même pas qu'elle devrait se perpétuer au fil des ans
mais hélas!elle persiste. D'autant que l'on ne peut concevoir une
conséquence sans qu'il y ait une cause alors nous pensons que l'inverse
est possible.
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