§.3.3. Scenarios de l'exploitation et de
l'utilisation des biocarburants dans le Plateau de Batéké
à l'horizon 2030
Ce paragraphe présente les méthodes
utilisées pour décliner les scénarios aux
différentes échelles d'études, et leur traduction en
termes de demande en surfaces et productions agricoles à
différentes échelles d'espaces dans le plateau de
Batéké.
Dans ce paragraphe, nous proposons différents
scénarios de l'exploitation et de l'utilisation des biocarburants
à l'horizon 2030.
Un premier scenario concerne la demande accrue de terre pour
la culture des biocarburants dans le quartier Mbankana. Et le deuxième
scénario analyse la situation alimentaire du quartier Mbankana à
l'horizon 2030.
Les autres scenarios analysent la substitution des hydrocarbures
importés pour les filières de production des biocarburants.
Les scénarios envisagés privilégient la
production, l'utilisation et la consommation au niveau local et national.
Pour chaque scénario du développement des
filières des biocarburants, nous présenterons la description de
ses impacts.
Scénario 1 : Demande accrue des terres pour la
culture du biocarburant à l'horizon 2030
Selon les études menées à ce jour, au
moins plus de 85% de la population de Mbankana vit au dépend des
activités agricoles. L'économie locale repose essentiellement sur
le secteur agricole (agriculture de subsistance et élevage) et couvre
principalement leurs besoins énergétiques en utilisant du bois et
du charbon de bois comme combustibles domestiques, représentant leur
principale source d'énergie.
L'usage du bois à des fins énergétiques a
conduit à une surexploitation des galeries forestières le long de
la rivière Limbini, Lufimi, et tant d'autres.
Les multinationales exploitant les biocarburants, minimisent
les coûts en termes de main d'oeuvre, et d'achat des terrains agricoles
pour la culture de plantes biocarburants.
Cette tendance aurait des incidences significatives sur la
demande en terre pour les cultures de biocarburants et conduirait à
l'abandon de l'agriculture vivrière pour convertir les terres en culture
des plantes biocarburants.
Les espaces verts, les forêts et la savane ne seront pas
épargnées, moins encore les brousses, les pâturages et les
fermes agricoles. Au tant que la demande va croître, il y aura une
pression significative sur les ressources, ce qui pourrait conduire à
une surexploitation des ressources en terre et de la flore.
Le raccourcissement des périodes de jachère sera
aussi une autre cause qui contribuera à la dégradation du sol
conduisant à sa stérilité et son appauvrissement. Ainsi,
le sol connaitra un appauvrissement en nutriment et autre élément
qui aura pour conséquence la baisse du rendement agricole.
Dans le tableau III.5, nous avons fait une projection sur
l'évolution de la spéculation foncière en termes de
demande de terres pour les biocarburants et la pression que cela exercerait sur
les ressources environnementales conduisant ainsi à la destruction de la
forêt primaire, secondaire et à l'occupation de la savane.
La faune ne sera pas épargné par l'effet que
leur biotope sera détruite, cela entrainerait l'extinction des beaucoup
d'espèces d'animaux tel que : les taupes, caméléon,
salamandre, etc.
Selon les données d'occupation du sol de 1987 et 2007,
cartographié par (Landsat TM, 2007) cité par (Kabungu, 2010),
donne la superficie totale 74 673,697 ha de terre à Mbankana soit 100%,
repartit de la manière suivante dans le tableau III.4 :
Tableau III.5. L'Occupation de sol à Mbankana entre 1987
et 2007
1987
|
2007
|
Savane
|
65 472,231 ha
|
87,678%
|
55 115,334 ha
|
73,808%
|
Culture et régénération
|
3 980,208 ha
|
5,330%
|
5 030,316 ha
|
6,736%
|
Forêt primaire
|
2 459,777 ha
|
3,294%
|
1 934,600 ha
|
2,590%
|
Forêt secondaire
|
1619,804 ha
|
2,200%
|
1 091,124 ha
|
1,461%
|
Forêt marécageuse
|
89,698 ha
|
0,120%
|
89,698 ha
|
0,120%
|
Culture
|
909,860 ha
|
1,218%
|
10 960,425 ha
|
14,677%
|
Plantation
|
32,975 ha
|
0,044%
|
32,975 ha
|
0,044%
|
Agglomération
|
37,144 ha
|
0,050%
|
106,698 ha
|
0,142%
|
Plantation d'acacia
|
|
|
312,527 ha
|
0,418%
|
Source : (Kabungu, 2010)
Ce tableau nous renseigne que les données relatives
à l'occupation du sol de 1987 diffèrent de celui de 2007, en ce
sens, la superficie de la savane tend à diminuer, s'en suit celle des
forêts primaires, vient ensuite celle des forêts secondaires.
Tandis que, la superficie de terres destinés aux
cultures s'est accrue, suivie de l'agglomération, s'en suit enfin, les
superficies des terres des plantations d'acacia pour les besoins de
restauration du sol et répondre aux besoins de la bioénergie dans
cette partie du pays.
Tableau III.6. Projection sur l'occupation du sol à
Mbankana jusqu'à l'horizon 2030
Année
|
Savane
|
Culture et régénération
|
Forêt primaire
|
Forêt secondaire
|
Forêt marécageuse
|
Culture
|
Plantation
|
Agglomération
|
Plantation d'acacia
|
1987
|
65 472,231 ha
|
3 980,208 ha
|
2 459,777 ha
|
1619,804 ha
|
89,698 ha
|
909,860 ha
|
32,975 ha
|
37,144 ha
|
|
2007
|
55 115,334 ha
|
5 030,316 ha
|
1 934,600 ha
|
1 091,124 ha
|
89,698 ha
|
10960,425 ha
|
32,975 ha
|
106,698 ha
|
312,527 ha
|
2017
|
44758,437 ha
|
15387,213 ha
|
1409,423 ha
|
562,444 ha
|
89,698 ha
|
12014,282 ha
|
32,975 ha
|
106,698 ha
|
|
2027
|
34401,54 ha
|
25744,11 ha
|
884,246 ha
|
33,764 ha
|
89,698 ha
|
13068,139 ha
|
32,975 ha
|
106,698 ha
|
|
2030
|
29223,0915 ha
|
30922,5585 ha
|
621,6575 ha
|
15 ha
|
89,698 ha
|
13349,4915 ha
|
32,975 ha
|
106,698 ha
|
|
Source : (Analyse personnelle, 2011)
Il ressort de ce tableau que les besoins en terre pour les
biocarburants conduiraient à la destruction des forêts primaires
et secondaires, à la réduction de la superficie de la savane, et
enfin cette obsession pourrait conduire à l'exploitation des terres
destinées aux cultures et régénérations.
Le même tableau nous renseigne que la forêt
marécageuse ne subirait pas de dommage en terme d'exploitation de
terres, à cause de son caractère hydrophile.
Cette dégradation des forêts et savane sera due
à l'occupation de l'espace pour la production des plantes biocarburants.
La demande croissante des terres sera à la base de cette destruction et
disparition des forêts et écosystème savanicole.
Scénario 2 : Analyse de la situation alimentaire
du quartier Mbankana
Commençons par rappeler que le prix des aliments est un
paramètre spécialement important en République
Démocratique du Congo, et les dirigeants veulent que ces prix restent
les plus bas possibles.
La principale critique faite aux biocarburants est celle de
potentiellement venir en concurrence avec la production alimentaire. Cette
compétition se fait par plusieurs mécanismes :
détournement d'une plante alimentaire vers un usage
énergétique (cas du soja, du manioc, du maïs, de l'arachide,
palmier à huile, etc.) ou affectation de facteurs de production à
une production énergétique.
Ces mécanismes opèrent à plusieurs
échelles de temps et d'espace : réduction de la production
alimentaire des exploitations familiales au bénéfice de cultures
énergétiques, fragilisation du revenu de l'exploitant avant
l'arrivée à maturité de plantes pérennes à
biocarburant, aura des impacts significatifs sur la situation alimentaire de
cette contrée jusqu'en 2030.
L'agriculture exploitée dans le quartier Mbankana est
du type autosuffisance alimentaire. Transformer ces céréales de
bases entre autre le manioc, le maïs, le soja,... et les autres
espèces des oléifères, plantes fourragères, etc. Ne
serait sans doute que l'empirement de la situation alimentaire dans cette
partie du pays.
En effet, la progression de la demande de biocarburants
entraînerait une mutation radicale des marchés agricoles qui
induirait une hausse des prix locale et nationale de nombreux produits
agricoles.
Le risque existe en même temps que la hausse des prix
des produits alimentaires sera une menace à la sécurité
alimentaire des populations les plus pauvres dont ceux de Mbankana, qui
consacrent déjà plus de la moitié du revenu de leur
ménage à l'alimentation.
Plus l'agriculture qui, jadis était d'autosuffisance
alimentaire serait tournée vers la production des biocarburants, ceci se
répercuterait sur les prix des denrées alimentaires sur le
marché, et pourrait conduire à leur rareté.
Selon l'avis de certains analystes, les rendements
augmenteront et les éleveurs pourront remplacer les plantes
fourragères, oléagineuses et oléifères comme
aliment du bétail par les tourteaux et les drêches de distillerie,
ce qui amenuiserait la hausse des prix des céréales.
Cette mutation générerait des cas des famines,
des kwashiorkors et de malnutrition due à la carence des aliments sur
les marchés, dont les personnes le plus touchées seraient les
enfants de moins de 6 ans et les vieillards.
La population de Mbankana pour se couvrir de leur besoin
alimentaire sera dépendante du salaire qui leur est fixé en
fonction du rendement et de la surface à cultiver.
Si l'on optait comme solution d'exploiter le Jatrophacurcas en
lieu et place des cultures vivrières pour ne pas entrer en
compétition directe avec les besoins alimentaires, mais la concurrence
sera toujours permanente par le fait que les espaces destinés pour les
cultures alimentaire seront détournés pour produire le
Jatropha.
Ce serait une autre cause probable d'entrainer une chute
abrupte de la production alimentaire dans cette partie du pays.
La ville de Kinshasa est alimentée en grandes parties
des denrées alimentaires en provenance du Plateau des
Batéké et du Bandundu. Cette tendance de conversion des terres
agricoles destiné à des fins alimentaires en matière
première pour la production des biocarburants pourrait s'étendre
jusqu'au-delà de Mbankana, toucher la flore et la faune de Bombo-Lumene
et allait vers Mampu.
Certaines cultures alimentaires finiront par être
dévastées, cela conduirait à un désastre et une
crise jamais connus. La hausse du prix des céréales de base sera
due essentiellement à l'exploitation de la matière
première pour les biocarburants.
La concurrence pourrait paraître atténuer dans
les systèmes en haies vives ou en association avec des plantes
alimentaires, mais les interactions entre cultures associées sont mal
connues à ce jour et il n'est pas sOr que le Jatropha ne porte pas
préjudice aux cultures alimentaires.
Ainsi, cette plante à usage non alimentaire, surtout si
elle est produite à grande échelle et en employant des techniques
d'irrigation pour maximiser les rendements, entre en compétition avec
les cultures vivrières en matière d'usage des sols dans les
parties fertiles du quartier Mbankana.
L'une des conséquences de la hausse des prix
alimentaire sera l'instabilité sociale et politique croissante dans ce
contré de Mbankana.
Dans le cadre de politiques et d'investissements
appropriés, des prix agricoles élevés peuvent
accroître la production agricole, l'investissement et donc contribuer
à la réduction de la pauvreté et à
l'amélioration de la sécurité alimentaire à plus
long terme.
La conversion des paysans en palmiculteurs pour la production
du biodiesel va détruire la capacité de produire des aliments,
car rien d'autre ne va pousser dans les palmeraies. La population sera
dépendants d'un salaire dont, une grande partie servira à couvrir
les dépenses d'alimentation, et ils seront exposés aux
aléas des variations de prix, ce qui entrainerait une montée en
flèche des prix alimentaires jusqu'à l'horizon 2030.
Les biocarburants pourraient présenter une
opportunité pour le quartier Mbankana où l'agriculture constitue
le moyen de subsistance des trois quarts de la population ne vivant que de la
production agricole, en faisant de l'agriculture le moteur d'une croissance
entraînant un développement rural plus large et la
réduction de la pauvreté.
Scénario 3: Substitution des hydrocarbures par les
biocarburants
Face à l'augmentation régulière et
importante du prix du pétrole, le développement de biocarburants
au niveau local pourrait permettre de substituer tout ou en partie les
combustibles fossiles.
Ce scénario doit donc être envisager pour limiter
les importations d'hydrocarbures destinés au transport. Le
développement de ce scenario ne pourrait être envisagé que
moyennant :
- un cadre réglementaire autorisant la production au
niveau locale
- une politique visant à maximiser la production en vue
d'ouvrir des marchés d'exportation.
Dans le deuxième cas, avec la raréfaction des
réserves en hydrocarbures, il est certain que le marché pour les
carburants de substitution va être de plus en plus porteur. Cela va
présenter un réel intérêt pour les pays en tant que
producteurs de biocarburants, mais en même temps il va falloir que
ceux-ci s'assurent que ces exportations profitent bien à
l'économie nationale, notamment en réglementant l'exportation
pour favoriser la vente de produits finis et non pas la vente de
matières premières seules (vente de biodiesel et de
l'éthanol, et non de graines ...) et ne menacent pas la
sécurité alimentaire du pays.
Scénario 4. Les risques et impacts transversaux
liés aux modes de production
Plusieurs risques et impacts possibles du développement
d'une production de biocarburants dans les conditions de Mbankana
dépendront du scénario choisi. Mais certains risques sont
transversaux à ces scénarios. Ce sont par exemple les risques
liés à l'absence de cadre juridique incitatif ou bien plus
généralement l'absence d'environnement économique et
institutionnel sécurisé autour des processus productifs que
suppose le développement des filières biocarburants (accès
au crédit, accès aux intrants, accès aux marchés,
accès à l'information et à la formation...). On peut
inclure dans cette catégorie, les risques et impacts associés aux
modes de production (sur des terres communales, modes paysans,
agro-industrie).
Les modes de production vont largement déterminer les
impacts fonciers, que ce soit en termes de déforestation ou de
compétition sur des terres agricoles fertiles ou sur les ressources
pastorales.
Ces modes de production, ainsi que les modes de
contractualisation entre acteurs des filières, auront aussi une forte
influence sur les impacts socio-économiques et en termes de
participation et de renforcement des capacités du monde rural.
Scénario 5. Réponse aux besoins
énergétiques
L'exploitation des biocarburants à Mbankana
constituerait un salut énergétique, car cette partie de la ville
est dépourvu des infrastructures énergétiques permettant
son développement.
Ce développement énergétique serait une
réponse aux préoccupations et à la fois un soulagement
pour cette population qui à comme seule source d'approvisionnement
énergétique les charbons des bois, et pour la lumière, ils
recourent aux hydrocarbures pour alimenter les lampes tempête.
Les biocarburants pourraient devenir un véritable
débouché économique et principale moyens
d'approvisionnement énergétique dans la cité de Mbankana.
La production d'électricité à base des biocarburants
ouvrirons la porte aux investisseurs, créerons des
débouchés d'emploi.
De la sorte les biocarburants peuvent jouer un rôle
important, à la fois pour limiter les prélèvements sur les
ressources naturelles et favoriser l'accès des populations rurales et
périurbaine à l'énergie.
La fourniture de services énergétiques en milieu
rural et périurbaine permettrait de réduire la pauvreté et
favoriser le développement humain notamment via le développement
des services les plus urgents que sont l'approvisionnement en eau potable,
l'électrification, la fourniture de services médicaux et
scolaires, la transformation des aliments, l'intensification des cultures, le
maintien et la mise en place d'activités génératrices de
revenus.
Pour clore ce chapitre, nous disons que les biocarburants
présents des impacts tant positifs que négatif. Ces impacts sont
induit pendant la phase de la production, c'est-à-dire de la mise en
terre jusqu'à leur transformation. Leur utilisation finale dans les
moteurs thermique n'engendre pas des impacts négatifs.
Mais par rapport au combustible fossile, le défi
relevé par les biocarburants est de répondre aux besoins
énergétiques au niveau local. Leur fabrication ne
nécessite pas des grands moyens, même les paysans peuvent le
produire.
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