Déterminants de la faible qualité de la surveillance nutritionnelle des enfants de moins de cinq ans dans le district sanitaire de Koupela, région du Centre Ouest du Burkina Faso( Télécharger le fichier original )par Robert BAMBARA Ecole nationale de santé publique - Attaché de santé en épidémiologie 2011 |
I. PROBLEMATIQUE1.1. ENONCE DU PROBLEMELes cinq premières années de vie présentent de multiples dangers, non seulement pour la survie des jeunes enfants, mais aussi pour la qualité de vie de leurs parents et de la communauté. Le suivi de l'évolution de l'état nutritionnel de ces enfants au cours de leur croissance est important pour détecter et corriger à temps la survenue de la malnutrition. La Surveillance Nutritionnelle (SN) des enfants de moins de cinq ans est basée sur des éléments essentiels que sont : la prise régulière de leurs paramètres anthropométriques en comparaison avec des normes préétablies, la recherche des signes de troubles nutritionnels, la Communication pour le Changement de Comportement (CCC) et la supplémentation en micronutriments. La qualité de cette SN des enfants de moins de cinq ans est tributaire des systèmes de santé. Ainsi, dans les pays développés, un réseau de spécialistes (pédiatres, nutritionnistes, diététiciens) appuie les parents dans la surveillance de l'état nutritionnel des enfants. En France par exemple, vingt (20) examens médicaux sont recommandés de la naissance à six ans. Ces examens sont pris en charge à 100 % par l'Assurance Maladie.3(*) Le monde en développement compte le plus grand nombre d'enfants de moins de cinq ans malnutris, 146 millions selon l'UNICEF4(*). Cependant, la mise en oeuvre de la SN des enfants de moins de cinq ans n'y est pas assurée selon les normes. En Afrique du Sud, une enquête a constaté que si la plupart des mères possédaient bien une fiche des services de santé pour contrôler la croissance de l'enfant, beaucoup de ces fiches étaient vierges ou incomplètes. Elle a aussi constaté que la surveillance de la croissance des enfants ne s'accompagnait que de très peu de conseils nutritionnels5(*). Confronté à la malnutrition sous toutes ses formes, le BF a fait de la nutrition une de ses priorités de santé publique. Pour ce faire, plusieurs activités ont été menées : le développement d'un cadre institutionnel avec l'érection du Centre National de Nutrition en Direction de la Nutrition en 2002, la conception d'un document de Politique Nationale de Nutrition et d'un Protocole National de Prise en Charge de la Malnutrition, la création du Conseil National de Concertation sur la Nutrition (CNCN), la conception d'un Plan Stratégique Nutrition 2010-2015. Une des stratégies préconisées dans tous ces référentiels pour vaincre la malnutrition est la SN qui a été intégrée au PMA des FS. Cependant, dans la plupart des DS de notre pays et plus particulièrement dans le DSK, la mise en oeuvre de la SN est entachée d'irrégularités. Les activités de SN se limitent dans le meilleur des cas à la pesée et la vaccination du NRSS. Passé le premier anniversaire, ces séances se raréfient. Ainsi, au cours de l'année 2010 sur 71171 enfants pesés dans le DSK, les moins de 12 mois représentaient 79,5%, les 12 à 23 mois 16,72% et les 24 à 59 mois seulement 3,78%. Pour parer à ces défaillances, des actions ont été entreprises au niveau du DS parmi lesquelles : la formation ou le recyclage des acteurs du terrain, la supervision des agents, la mise en oeuvre du volet communautaire de la Prise en Charge Intégrée des Maladies de l'Enfant, l'équipement des FS en matériel médico-technique, l'organisation des séances de CCC, l'organisation de journées de survie de l'enfant et de campagnes de supplémentation en vitamine A6(*). Malgré cela, la situation demeure préoccupante. C'est ainsi que le nombre de cas de Malnutrition Aiguë Sévère (MAS) est passé de 195 soit 1,67% en 2009 à 479 soit 4,10% en 2010 ; pour un seuil critique selon les normes de l'OMS de 2%. De plus, telles que menées, ces activités de surveillance nutritionnelle ne peuvent pas générer des données nutritionnelles de qualité sur les enfants de moins de cinq ans, utilisables pour des prises de décision d'abord au niveau local, puis régional et national. Les causes de ces écarts dans la surveillance de l'état nutritionnel au niveau des Centres de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) du DSK pourraient être: - une insuffisance qualitative et quantitative des agents de santé, - une insuffisance de matériel médico-technique, - une charge de travail élevée, - une insuffisance de supervision et de formation continue des agents de santé, - une faible participation communautaire aux activités des CSPS, - une insuffisance de connaissance et de pratique de la communauté. Il importe alors de renforcer la qualité des interventions en matière de SN lorsque l'on connaît les conséquences de la malnutrition sur la santé de ces enfants en particulier et sur le développement socio-économique en général. L'identification et l'analyse des facteurs expliquant cette faible qualité nous permettront de faire des propositions de solutions à même d'influencer positivement la situation nutritionnelle des enfants de moins de cinq ans dans le DSK * 3 Pr Danièle SOMMELE , L'enfant et l'adolescent : un enjeu de société, une priorité du système de santé, 28 Octobre 2006, pg544 * 4 UN BILAN DE LA NUTRITION NUMÉRO 4, AVRIL 2006, UNICEF, pg33 * 5 http://www.who.int/hac/donorinfo/cap/cap_civ_2009_fr.pdf consulté le 27 novembre 2010 à 10H37 * 6 District Sanitaire de Koupéla, Plan d'action 2011,135P |
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