· Pays industrialisés :
Le choléra est l'une des maladies
épidémiques les plus redoutées. Elle constitue une menace
croissante au monde. Pendant la deuxième pandémie (1829-1849), le
choléra s'est rependu pour la premiere fois dans l'Europe et dans les
Amériques, faisant des milliers des victimes. Les Etats-Unis
d'Amérique été sérieusement touchés surtout
dans les régions de la nouvelle Orléans et la Louisiane où
le choléra a été responsable de 5000 décès.
C'est en 1854 que le choléra a fait plus de victime : plus de 23000
morts au Royaume-Uni (2).
· Pays en voie de développement
:
Jusqu' à cette période, le cholera était
resté confiné au moyen orient allant de temps à autre
jusqu'à la côte Est de l'Afrique(1).
DE 1888-1900 :
Pendant toute cette période la littérature est
tacite sur ce sujet(28).
DE 1900-1960 :
· Pays industrialisés :
Quelques cas étaient signalés en France pendant
cette période. Aucun cas n'a été signalé en
Amérique du Nord(27).
· Pays en développement :
Jusqu'en 1923, le choléra est resté
cantonné aux Indes avec de rares incursions en Moyen Orient jusqu'en
Egypte (1947).
En 1938, Vibrio cholerae Sérogroupe O1
biotype Eltor est reconnu responsable de choléra authentique
dans l'Archipel Indonésien des Célèbes. Il est
resté confiné dans les îles de Célèbes
pendant une trentaine d'année. C'est vers les années 1960 que le
choléra commence à se déplacer vers l'ouest touchant
d'autres pays d'Asie(17).
DE 1961-1970 : Début de la
septième pandémie(1). ? Pays industrialisés
:
Du foyer extensif du Moyen-Orient les premiers pays
développés atteints du cholera furent ; l'URSS et l'Israël,
conséquence des événements politiques(10).
? Pays en voie de développement :
Vibrio cholerae O1 biotype Eltor, s'est d'abord
répandu dans toute l'Indonésie, l'Extrême-Orient et les
Indes(2).
En Hong Kong, le taux de létalité était
de 5 0/0 en 1963, il traverse l'Afghanistan en 1965 et crée
un foyer en Iran, puis en Irak. Il atteint en 1970 la Jordanie, la
Tchécoslovaquie et la Turquie(2).
A partir de la Guinée par des musulmans venant de la
Mecque, il commence des flambées épidémiques successives
circulant d'un pays à l'autre en Afrique. Au nord, à partir de
l'Egypte, il atteint la Lybie puis la Tunisie, le Maroc, l'Algérie. Le
Maghreb reste une zone endémo - épidémique depuis
lors(1).
A l'ouest, le cholera a frappé en moins d'une
année tous les pays d'Afrique occidentale et centrale, progressant le
long de la côte à partir de la Guinée jusqu' au Cameroun,
puis au Mali(3).
Le rôle de l'eau dans la transmission de cette maladie
durant toutes ces épidémies apparaissait net. Néanmoins,
la contamination directe de l'alimentation par les selles infectées
contribue à l'extension de grandes épidémies. Les
conditions hygiéniques basses favorisent grandement la propagation de la
maladie(1).
DE 1971 - 1980 :
· Pays industrialisés :
La pandémie continue à s'étendre
à travers les continents sous formes des brèves flambées
épidémiques. Au Portugal en 1974, le taux de
létalité était de 2%, Italie 9%, Espagne, France USA et
Grande Bretagne, quelques cas isolés. Dans les régions
côtières de Texas, on a pu isoler chez 40 personnes, le Vibrio
cholerae, sérotype Inaba. Des cas sporadiques sont survenus
après l'ingestion des fruits de mer insuffisamment cuits provenant des
lacs ou de l'eau du Golfe de Louisiane. Une épidémie concernant
14 cas avait la même origine résultant de la contamination d'eau
de boisson sur une plate forme pétrolière du Golfe(16).
· Pays en développement :
En Afrique, le cholera atteint les étudiants parti du
Niger pour la Mali et atteint le Burkina-Faso, le Cameroun, le Tchad, la RCA,
la Mauritanie et le Sénégal en juin 1971(1).
En Océanie, dès 1972, la pandémie continue
à s'étendre à travers le continent sous formes des
brèves flambées épidémiques aux Comores et quelques
cas isolés importés sont observés en Australie et au
Brésil. En 1976, l'endémie est solidement implantée non
seulement dans ses foyers traditionnels d'Inde et d'Asie de Sud Est, mais aussi
en Afrique. L'Afrique de l'Est, la région de Grands lacs sont
directement frappées en 1978 avec certaines îles de l'océan
Indien et du Pacifique ; l'Afrique du sud fut frappée en 1979(4).
En RDC, cette épidémie fut signalée pour la
1ere fois en 1978 dans la ville de Kalemie, puis à Uvira et
à Bukavu. En juillet de cette même année, le cholera
s'est
manifesté dans la zone de sante de Katana sous forme
d'une épidémie foudroyante qui était passée par
Ibinja causant ainsi 4500 cas et 145 Décès(28).
Une grande concentration humaine vivant pratiquement autour de
l'eau (delta du sud Est Asiatique...), dans des conditions hygiéniques
défectueuses, la contamination hydrique est prépondérante
dans la propagation du cholera.
La contamination par les aliments est également
limitée à la consommation des aliments directement
souillés par les sujets contaminés ; les insectes n'interviennent
qu'à des courtes distances en transportant passivement les vibrions. Par
contre, les fruits de mer, les poissons sont un très bon
réservoir(1).
En RDC, au Sud Kivu (Uvira, Bukavu et Katana) et à
Kalemie, les mauvaises conditions socio-économiques, l'insuffisance en
approvisionnement en eau saine et la consommation des aliments crus et ou
lavés par l'eau contaminée semblent être responsables de
l'épidémie dans ces entités(6).
DE 1981 - 1990 :
· Pays industrialises :
Aucun cas déclaré dans les pays
développés(5).
· Pays en développement :
L'épidémie a frappé différents pays
et surtout dans les camps des refugiés et des personnes
déplacées : en Ethiopie, en Somalie, au Malawi, et au Soudan.
En Ethiopie et au Soudan, le taux de mortalités pour les
personnes déplacées était 60 fois plus élevé
que dans les communautés de non refugiés, en particulier chez les
enfants (4).
Au Bangladesh, une épidémie de diarrhée
avec 12 000 cas aigus s'est rapidement propagée chez les populations qui
étaient restées sans abri après le passage du
cyclone « Uruchar ». En 1986, 263 cas de cholera
étaient enregistrés dans un village de Bangladesh. Au Mozambique,
le taux de létalité était de 4.9 0/0 en
1983.
En 1990, les pays suivants étaient atteints : Angola,
Benin, Burkina Faso, Cameroun, Cote d'Ivoire, Ghana, Liberia, Niger, Nigeria,
RSA, Tchad, et Togo.
Le taux de mortalité chez les personnes
déplacées à la suite des catastrophes naturelles et les
refugiés est souvent extrêmement élevé dans les
premières périodes des ces déplacements(1).
Une étude épidémiologique menée
sur 205 cas de cholera en 1983 en Mozambique dans la ville de Pemba avait
donné des résultats ci après :
- La population préfère boire l'eau de pluie ou de
puits bien qu'elle ne soit potable parce que celle de robinet est
salée
- Dans certains quartiers, l'habitude de la population est
d'utiliser la plage comme latrine (Vibrio cholerae était
présent dans les échantillons d'eau de mer).
- Les adultes (78 0/0) furent plus atteins que les
enfants et le sexe masculins prédomine (64 0/0).
- Il n'y eut aucun cas suspect chez les gens de race blanche
ou indienne, ceci concernant le dicton selon lequel « le cholera est la
maladie des sujets socio économiquement faibles »
La recherche de voies de transmission a donné les
résultats en faveur d'une transmission interhumaine directe ou par
contamination lors de préparation des aliments. Ceci souligne le
rôle des porteurs sains dans ce mécanisme. La survenue de
l'épidémie et les conditions d'approvisionnement en eau potable
des habitants, la transmission hydrique de la maladie pourrait sembler
prédominant à la première vue(28).
Ainsi, une étude menée au Malawi en 1988 sur
784 cas de cholera démontre que le cholera et sa propagation rapide dans
le cas de refugiés était favorises par l'utilisation de l'eau des
puits peu profondes du centre, contaminée par les matières
fécales de latrines pendant les périodes des pluies qui ont
détruit la moitie des latrines deux semaines avant que
l'épidémie n'ait éclatée(28).
Au Pérou, le contact entre enfants en âge de
marcher et la volaille peut causer l'infection diarrhéique(28).
En RDC, de 1979 à 1982, au Sud Kivu
particulièrement en zone de sante urbaine de Bukavu, parmi 25maladies,
le cholera était la 3e cause de morbidité et de
mortalité avec successivement le taux de létalité suivant
:
o En 1979 : 4508 cas avec 239 décès : taux de
létalité de 5,3 0/0
o En 1980 : 870 cas avec 65 décès : taux de
létalité : 7,4 0/0 o En 1981 : 942 cas avec 68
décès : taux de létalité : 7,21 0/0 o En 1982 :
1264 cas avec 97 décès: taux de létalité : 7,67
0/0
Le cholera est une maladie qui à continué
à exister à l'état endémique avec quelques
flambées dans certaines localités. Cet état de chose
était entretenu par la situation socio économique médiocre
des populations(7).
Dans les pays en voies de développement, la
décennie internationale de l'eau potable et l'assainissement (1981 -
1990) a vu la proportion de familles ayant accès à l'eau potable
passée de 38 a 66 0/0 en Asie du Sud Est ; de 66 a 80
0/0 en Amérique latine et de 32 a 42 0/0 en
Afrique(17).
Au Mozambique, au Malawi et en RDC (Bukavu),
l'insalubrité des sources d'eau pourtant consommée par la
population, l'insuffisance en approvisionnement en eau potable de
qualité, le niveau socio-économique bas seraient à la base
de l'endémicité du cholera(28).
De même au Bangladesh, plus d'une décennie
d'effort face à des difficultés énormes permettent
aujourd'hui a 80 0/0 des populations rurales de trouver l'eau
potable dans un rayon de 150m au plus de leur domicile(20).
DE 1991 - 2000
· Pays développés :
En 1991, des cas isolés ont été
diagnostiqués aux USA, en Europe de l'Est, en Espagne, en Roumanie, en
URSS, au Canada. En 1992, le cholera a était signalé en Suisse et
en Australie(26).
· Pays en développement :
Ne Janvier 1991, le cholera apparait pour la première
fois au Pérou où il est parvenu par voie maritime à partir
d'un foyer du Pacifique. Rapidement il s'est étendu à presque
toute l'Amérique du Sud (Equateur, Colombie, Brésil, Chili,
Bolivie, Venezuela) et à l'Amérique centrale (Mexique, Guatemala,
Salvador, Hondouras, Nicaragua).
Au Pérou, 300 000 cas ont été
déclarés en 1991 avec près de 3000 décès.
Dans le même temps on assistait à une recrudescence du cholera en
Afrique où une flambée épidémique était
responsable de plus de 10 000 morts, la pandémie est donc totale.
L'épidémie s'est étendue rapidement au Bangladesh faisant
en 1993, 107 000 victimes dont 1500 décès. A cette
période, l'Argentine, le Costa Rica, le Suinan, la Belize, le Kenya et
l'est de la RDC avaient signalé des cas de cholera(26).
Les autorités Zimbabwéennes avaient en mars 1991
déclaré 6000 cas au cours d'une épidémie qui
risquait de gagner la Tanzanie.
Les sources de contamination étaient :
o L'eau contaminée à sa source ou pendant la
période de stockage
o Les aliments contaminés et consommés crus ou mal
cuits ou encore
conservés à de température favorisant la
multiplication rapide des
bactéries
o Les légumes crues lavés avec l'eau
contaminée. (28)
Au Rwanda, le rapatriement des refugiés Rwandais du Kivu
a été l'occasion de bouffées épidémiques de
cholera bien circonscrites sur le trajet du retour et au sein des camps de
transit. Entre le 15 et le 22 novembre 1996, 187 cas de cholera ont
été notifiées par les services sanitaires Rwandais. Une
épidémie de cholera a sévi dans la région de
Cyangugu avec 3451 cas déclarés. L'agent étiologiques
identifie était le Vibrio cholerae de type Ogawa(4).
En Albanie, le Vibrio cholerae avait
été isolée dans l'eau potable et a provoqué une
épidémie en 1994. Un mois après, à Bari, une ville
Italienne se trouvant en face de l'Albanie, les vibrions ont été
isolés dans des calmars crus et dans des échantillons de l'eau.
Leur analyse microbiologique montrait qu'ils étaient du même type
que celui trouvé en Albanie (23).
En RDC, en 1994, une épidémie de cholera
éclate parmi les refugiés Rwandais. On estime à 56 950 le
nombre de cas, soit un taux d'attaque de 8 0/0 parmi 700 000
refugiés. Le taux de mortalités a initialement dépasse 10
0/0(5).
DE 2001- 2009
Pays industrialisés : Pas de cas
déclarés à l'OMS par ces pays étant donné
les progrès très avancés dans l'approvisionnement en eau
potable, l'hygiène et l'assainissement. Des cas importés ont
été signalés en Amérique du nord (7 cas) et en
Europe (22 cas) (5).
· Pays en développement
En 2006, 2236 896 cas ont été notifiés
par 52 pays, avec 6 311 décès (taux de létalité :
2,66%). L'Afrique a signalé 234 349 cas, soit 99% du total mondial, dont
6 303 mortels (taux de létalité : 2,7%).
De ces cas, l'Angola, l'Ethiopie, la République
Démocratique du Congo (RDC) et le Soudan ont notifié au total 186
928 cas, dont 4 988 mortels, soit 80% des cas et des décès
signalés en Afrique (4).
En 2007, 177 963 cas et 4 031 décès donnant
ainsi un taux de mortalité : 2,3%.
En 2008, 190 130 cas avec 5 143 décès soit un
taux de létalité de 2,7% ont été notifié par
l'OMS. L'Afrique a signalé en 2008, 179 323 cas dont 5 074
décès (létalité 2,83%), en particulier en Angola,
RDC, Guinée-Bissau, Soudan et Zimbabwe. Des flambées massives de
choléra ont été observées au Zimbabwe et en
Guinée-Bissau représentant 41,5% de tous les cas signalés
en Afrique et 39% du total mondial. L'Asie a déclaré 10 778 cas
(en particulier : Afghanistan, Inde, Indonésie). Il y a peu de
données pour l'Amérique centrale et du sud (1 cas eau
Mexique).
Des études plus récentes de microbiologie
écologique tendent à montrer que Vibrio cholerae est
autochtone des écosystèmes estuariens : eaux chaudes et
saumâtres. Il aurait aussi une existence saprophytique au contact du
zooplancton dans la plupart des zones côtières des régions
tempérées et tropicales du monde (1). Son habitat naturel reste
les eaux saumâtres telles que celles des estuaires et des `'
rivières à marée» comme les grands fleuves d'Asie
(1-5). Cette bactérie vit plusieurs jours dans les poissons et les
crustacés contaminés, dans les déjections humaines (6
à 10 jours) ; à la surface des aliments souillés (2jours).
De plus elle résiste bien au froid (10 jours à une
température de 5 à 10°C) (14). Au Maroc, une recherche
menée entre 2002 et 2004, avait isolé le Vibrio cholerae
dans certains produits des pêches(22).
A Bukavu en RDC en 2008, une recherche de Vibrio cholerae
dans l'eau potable dans la zone de santé de Kadutu a trouvé que
les sources de Funu, Kadurhu, Kisima, et Nyakaliba étaient
contaminées par le V. cholerae. Les populations environnantes
de ces sources sont porteurs asymptomatiques du Vibrio cholerae
(19).
Plusieurs études sur l'antibiorésistance ont
signalé l'apparition des souches résistantes de V. cholerae
vis-à-vis des antibiotiques couramment utilisées par la
population ou celles utilisées dans la lutte curative ou prophylactique
contre le choléra (...), les rendant ainsi inefficaces contre cette
pandémie mortelle.
Au Burundi, on note que le lac Tanganyika et ses affluents
dont la rivière Ruzizi sont des facteurs déterminants du cholera
dans ce pays. En 1996, les populations riveraines de ce lacs et ses affluents
étaient les plus touchées par le choléra. La souche
isolée avait des caractéristiques particulières dont la
multi résistance aux antibiotiques de santé publique et d'usage
courant en cas d'épidémie : Sulfaméthoxazole +
triméthoprime, Sulfadoxine, Doxycycline, Chloramphénicol,
Ampicilline et Tétracycline. L'ensemble des souches était en
revanche sensible à l'Acide nalidixique, à la Ciprofloxacine et
à la Norfloxacine ainsi qu'au Céfotaxime(24).
Au Madagascar, en 2000 une souche multi résistante
avait été isolée. Cette multi résistance
s'était formée suite à l'utilisation massive du
tétracycline dans la lutte prophylactique du cholera (18).
Au Sénégal, une souche résistante au
Cotrimoxazole, sensible à la Doxycycline et fluoroquinolones avait fait
une épidémie entre 2004 et 2006. Grace à
l'assainissement de l'environnement et à la
communication, l'épidémie avait
étémaitrisée(25).
Au Cameroun, une étude menée en 2004 sur
l'évolution des Vibrio aux antibiotiques, après l'utilisation
massive et prolongée des antibiotiques pour la prévention et le
traitement du choléra a trouvé la résistance aux
sulfamides et à la colistine, et la sensibilité aux cyclines, aux
bêtalactamines, et aux fluoroquinolones, sans modification durant huit
mois suivi (30).
A Bukavu, l'épidémie de 2006 - 2007
était causée par le Vibrio cholerae O1 biotype Eltor,
sérotype Ogawa. Cette souche était sensible à la
Ciprofloxacine, au Ceftriaxone et à la Tétracycline mais
résistant au Cotrimoxazole et à l'Erythromycine (8).