CHAP. V. DISCUSSION
Partant de nos hypothèses, de la littérature et de
nos résultats les faits suivants ont été observés
:
1°. Les gastro-entérites retrouvées aux CTC
de Bukavu en période non épidémique sont dues au Vibrio
cholerae à 79.3% ; 21.7% sont dues soit autres germes
entéropathogènes autres que Vibrio cholerae. Notons cependant que
parmi ces malades ayant présentés des coprocultures
négatives pour V. cholerae certains étaient
transférés des centres de santé et seraient
déjà sous antibiothérapie. Ceci pourrait donc justifier
l'absence du V. cholerae à la culture.
La cause de leur infection reste l'eau et les mesures
hygiéniques rudimentaires. L'accès à l'eau potable de
qualité et en quantité suffisante et l'éducation sanitaire
sur les mesures d'hygiènes sont si pas difficile, impossible à
cette population. L'assainissement surtout au niveau des sources d'eau
secondaire n'est envisagé par personne, moins par les autorités
sanitaires que politique. Ainsi la relation eau contaminée - personne
contaminée est pérenne. Seule la cassure de cette relation serait
une action efficace contre le choléra.
2°. Le réseau d'approvisionnement en eau de la
Regideso reste indemne de Vibrio cholerae. Il est possible que le traitement
fait avant la distribution de l'eau soit encore efficace malgré la
vétusté des sa tuyauterie. Le Vibrion étant très
sensible au chlore, il est possible que ça soit bien la cause de son
absence dans cette eau. Une autre étude faisant allusion à
d'autres germes hydriques, ou vérifiant le chlore dans l'eau Regideso
serait d'une importance capitale et compléterait notre étude.
Notons cependant que cette eau reste rare et inaccessible
à toute la population. Les silences des robinets dans certains quartiers
où l'eau n'arrive pas du tout ou n'arrive qu'à des heures
tardives entre 1h00 et 4h00 du matin font que la population n'ait plus de choix
à faire pour l'eau d'usage domiciliaire. Ceci est un facteur très
important dans l'endémicité du choléra à Bukavu.
3°. En période non épidémique Vibrio
cholerae est environnemental. Il vit dans les eaux, les poissons, les
crustacés et même dans les plantes aquatiques tels que les algues.
Dans la ville de Bukavu, Vibrio cholerae vit dans l'eau douce. Les sources
d'eau où s'approvisionne la population surtout celle habitant les
faubourgs de la ville sont contaminées par le Vibrio cholerae d'une
manière permanente. Cela est d~ au manque d'assainissement et surtout
aux constructions anarchiques observés tout au tour des sources sans
aucune mesure de prévention de contamination. La rivière Ruzizi,
qui relie la ville de Bukavu à la cité d'Uvira est
également contaminée. Ceci donne la possibilité de
transporter le choléra de Bukavu vers Uvira, comme en Albanie ou la mer
assurait la transmission du choléra de l'Albanie vers Bari, une ville
Italienne en 1994 (16).
4°. Les victimes du cholera à Bukavu demeurent la
population dont les mesures d'hygiènes sont précaires. Ceci
corrobore avec une étude antérieure effectue a Bukavu qui stipule
que : « Compte tenu de l'état général sanitaire, du
niveau de vie bas, de l'accès aux soins et à l'éducation
sanitaire difficile, au manque d'accès à une eau de bonne
qualité, à l'ignorance des mesures d'hygiène protectrices
et la permanence du Vibrio cholerae dans l'eau de consommation,
l'apparition d'une nouvelle épidémie est inévitable
»(8).
5°. Contrairement aux souches de Vibrio cholerae
isolée au Burundi, celles isolées à Bukavu ne sont pas
multirésistantes. Elles restent sensibles aux Cyclines dont la
Tétracycline, molécule couramment utilisés dans le
traitement de cette maladie.
Ceci s'explique par le fait que le schéma
thérapeutique en application à Bukavu ne prévoit pas
l'administration des antibiotiques au malade. Elle consiste juste à la
réhydratation du malade jusqu'à sa guérison (cfr
schéma de réhydratation affiché au CTC/HPGRB). Cependant
ce schéma laisse le malade en convalescence éliminer encore
beaucoup des bactéries dans ses selles (porteur asymptomatique) avec
risque de se réinfecter ou d'infecter sa communauté et son
environnement. Et pourtant la lutte contre le choléra prendrait en
charge les porteurs asymptomatiques pour casser la chaine de contamination. Il
est donc possible que ce schéma ait un rôle dans
l'endémicité du choléra à Bukavu.
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