Déterminants des investissements extérieurs au maroc: approche analytique et empirique sur le secteur industriel( Télécharger le fichier original )par Mustapha MAGHRITI Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Rabat-Agdal - Thèse de Doctorat en Economie Internationale 0000 |
SECTION 2 : Principaux déterminants des investissements extérieurs industriels au MarocComme nous pouvons le constater, au Maroc, il ne s'agit pas d'investissement Nord - Nord, mais d'investissements Nord - Sud ou Sud - Sud. En conséquence la nature des produits fabriqués par les firmes étrangères devient centrale ce qu'elle permet de tenir compte de la qualité du contenu technologique de ces produits.Dans ce cadre, il apparaît indispensable de s'interroger sur les déterminants des investissements industriels étrangers au Maroc. A ce titre, la focalisation sur l'action des investisseurs étrangers, leurs stratégies verticale (ou de minimisation de coût) et horizontale (ou de marché), induira deux constats :
Ainsi l'objectif que l'on assigne à cette section est d'appréhender les déterminants des investissements étrangers industriels (IEI) tout en les confrontant aux théories de la multinationalisation exposées dans la première partie pour nous fournir une image de ces déterminants des IDE selon qu'ils sont effectués sur une base verticale ou horizontale. De ce fait, cette section se veut empirique et sera réservé aux déterminants des IEI industriels à partir des enquêtes qui ont été pilotées par le FIAS en 1996, le MCI en 1998, et la Banque Mondiale (FACS) en 2000, la DIE en 2004 et l'enquête de la banque mondiale sur le climat de l'investissement ICA en 2004.
Sur la base d'une enquête effectuée par le FIAS et dont les résultats ont été publiés en 1997243(*) par le biais d'entretiens qui ont été menés avant l'éclatement de la crise en Asie, auprès d'un échantillon d'une centaine d'entreprises étrangères originaires d'Europe, d'Amérique du Nord et du Japon et appartenant à sept secteurs différents244(*). Les managers étaient interrogés sur leurs stratégies d'investissement à l'étranger en utilisant le clivage horizontal (stratégie de marché) / vertical (stratégie de minimisation de coûts), afin d'analyser les motifs qui expliquent l'investissement à l'étranger. L'entretien comportait une dernière question qui consistait à demander aux personnes interrogées de classer une liste des pays245(*) par ordre de préférence de 5 à 1.Ainsi, cette enquête a permis de relever l'homogénéité dans les réponses fournies par les managers des multinationales. Cette unanimité des firmes a facilité la caractérisation des stratégies et des choix de localisation : · En premier lieu, les firmes de l'échantillon privilégient dans une proportion écrasante la stratégie horizontale246(*) - à l'exception de celles du secteur textile - habillement. Ce qui est cohérent avec une stratégie dont la théorie nous enseigne qu'elle se déroule à l'intérieur d'un espace économique homogène où les écarts de développement d'un pays à l'autre sont faibles. · En second lieu, le classement des pays est quasiment identique d'une firme à l'autre et fait émerger un groupe restreint de pays dans lesquels les firmes sont déjà implantées ou souhaitent le faire le plus rapidement possible. Il s'agit de la « short List »247(*) des qui ne sont pas en concurrence avec les autres pays du monde. Ils se situent sur la même courbe d'indifférence pour les investisseurs. De ce fait, une représentation statistique plus enrichie de l'évaluation de l'attractivité des pays de l'échantillon en fonction de la nationalité d'origine des FMN, de leur appartenance sectorielle et de la stratégie qu'elles privilégient, a été obtenue grâce aux tableau suivants : Tableau N°18 L'attractivité des pays selon les firmes européennes
Source : C.A. Michalet, strategies of multinationales and competition for foreign direct investment, FIAS, 1997, p 4 Tableau N°19 L'attractivité des pays selon les firmes Nord - Américaines
Source : C.A. Michalet, op cit p 5 De ces tableaux, il se dégage que les pays les plus attractifs sont : la Malaisie et la Thaïlande pour l'Asie ; la Hongrie et la Pologne pour les PECOS ; le Portugal et la Turquie pour les PPM. Pour le Maroc qui n'est pas dans la liste des pays les plus attractifs, les choix de localisation des firmes européennes ne différent guère de ceux des firmes nord - américaines dans la mesure où l'option pour une stratégie horizontale passe avant la stratégie verticale. Ainsi, le Maroc obtient un meilleur score dans le cas de la stratégie horizontale que dans la stratégie verticale, ce qui peut paraître étonnant 248(*) L'enquête a fait également apparaître des différences dans l'évaluation de l'attractivité des pays en fonction de la nationalité des firmes. Dans ce cadre, le Maroc, semble relativement mieux placé pour les entreprises européennes dans le cas de la stratégie verticale (minimisation des coûts). Par contre, en ce qui concerne la stratégie horizontale, il apparaît que les firmes nord - américaines et les firmes européennes donnent presque le même score au Maroc. Par ailleurs, les choix de la localisation en fonction de l'appartenance sectorielle révèlent quelques différences d'appréciations de l'attractivité des pays. Dans la chimie, les Européens classent à un niveau plus élevé que leurs consoeurs américaines le Portugal, le Maroc et la Tunisie dans une meilleure position que les européennes. Les investisseurs européens et nord - américains, dans l'industrie électrique et électronique donnent à la Russie des notes supérieures à la moyenne de l'échantillon. Pour ceux qui sont préoccupés par la minimisation des coûts, quelle que soit leur nationalité, ils placent le Maroc et la Tunisie en queue de liste. Dans l'hôtellerie, les firmes américaines placent le Maroc et la Tunisie au bas de la liste, comme les Européennes. Cependant, elles accordent un score très supérieur à l'Egypte qui vient au deuxième rang après la Thaïlande qui est jugée comme étant la meilleure localisation. Dans le secteur textile-habillement, les firmes européennes qui suivent une stratégie horizontale placent en tête le Portugal, la Pologne, la Hongrie et la Turquie. Mais dans le cas où elles privilégient la stratégie verticale (minimisation des coûts), c'est le Maroc, suivi de la Turquie, de l'Ukraine et de la Thaïlande à égalité qui occupent les premiers rangs, la Tunisie venant en cinquième position. Le nombre de firmes américaines interrogées dans ce secteur est trop faible pour être significatif, mais les réponses obtenues confirment la position de leader des deux pays du Maghreb, ainsi que la Hongrie et la pologne. En conclusion, l'enquête fait indéniablement apparaître des différences dans l'évaluation de l'attractivité des pays. Mais le fait le plus remarquable, c'est que ces influences ne remettent jamais en cause la composition de groupe des pays les plus attractifs, sauf dans le cas du Maroc pour les firmes de textile habillement d'origine européenne qui cherchaient prioritairement à minimiser leurs coûts et dans celui de l'Egypte pour les firmes de l'hôtellerie d'origine américaine. Ainsi, au delà des scores élevés obtenus par le Maroc dans le cas de la stratégie horizontale et sous réserve de la représentativité de l'échantillon, il semble que la minimisation des coûts apparaît comme déterminant majeur de localisation des FMN dans les industries textile - habillement et, électrique - électronique.
Cette enquête s'est déroulée entre Mai et Juin 1998, sous la forme d'entrevues avec les responsables de 39 entreprises industrielles249(*) à contrôle étranger opérant dans l'ensemble de l'industrie250(*) marocaine, pour la plupart, filiales de firmes multinationales. En entreprenant une étude sur un tel sujet, le Ministère du Commerce et de l'Industrie (MCI) visait, entre autres, à mettre en évidence les déterminants de l'investissement des entreprises étrangères au Maroc, ses atouts et ses handicaps. L'enquête a fait apparaître au niveau des causes d'une décision d'investissement au Maroc que l'aspect concernant la réduction des coûts de production, cité par 82 % des entreprises de l'échantillon, constitue le facteur prioritaire, en particulier pour les entreprises des industries du textile habillement et de l'électronique. Pour ce qui est de type de coût visé, l'accent, toutes entreprises confondues est mis sur les coûts salariaux, suivis des coûts de transport et des coûts énergétiques, puis, enfin des coûts financiers. Sept autres facteurs ont un effet direct sur les coûts de production et les prix de revient des biens fabriqués. Il s'agit de la productivité du travail et de son coût, de la souplesse de la législation du travail, des avantages fiscaux, des aides et subventions à l'implantation, de l'abondance des ressources naturelles, de la présence de fournisseurs locaux et de la proximité des marchés d'exportation évoqués par 50% à 60% des entreprises interrogées. Tableau N°20 Déterminants des IEI et part des entreprises désignant le facteur
Source : MCI (1999), ? Les délocalisations industrielles internationales : déterminants, facteurs d'attractivité, tendances. Le point de vue des entreprises étrangères implantées au Maroc?, conjoncture, Mai, N° : 27, p 3. Sur le plan des facteurs d'attractivité du pays d'accueil, l'enquête a permis de relever la stabilité politique, la disponibilité des infrastructures et la liberté des bénéfices comme des préalables indispensables à toute décision d'investissement au Maroc. En matière d'infrastructures, les réponses des entreprises ont indiqué que l'investisseur étranger accordera une attention particulière aux cinq secteurs suivants251(*) : terrains et parcs industriels, télécommunications, électricité, routes et moyens de transport terrestre, et transport aérien. A la lecture du tableau ci-dessous, il ressort que la stabilité politique, la situation géographique, la qualité de la main d'oeuvre (faible coût, rendement, qualification soulignée notamment par les industriels du textile - habillement et de l'électronique), et le potentiel du marché intérieur constituent les atouts fort du Maroc. La disponibilité de certaines infrastructures, quoique leur coût soit jugé le plus souvent peu compétitif, fait partie d'une série de facteurs assez satisfaisants, mais dont l'amélioration accroîtra l'attractivité du Maroc. La présence de fournisseurs locaux, les aides et subventions à la l'implantation, la souplesse du code du travail désignent un dernier groupe de facteurs qui ne font pas figure d'atouts du Maroc, selon les entreprises interrogées. Au niveau de la dernière partie de l'enquête du MCI sur les perspectives de développement des projets des entreprises étrangères installées au Maroc et quelles étaient leurs raisons ? 97% de ces dernières ont fait état de projet en perspectives (extension, fusion, renouvellement des équipements, etc..) ou de diversification des activités (offre de service autour du produit, extension de gammes, création de lignes de production à forte valeur ajoutée, etc.), ou de conquête de nouveaux débouchés en raison, entre autres, aux faibles coûts de la main d'oeuvre. Tableau N° 21 Facteurs d'attractivité du Maroc
Source : MCI (1999), Op cit, p. 3. Ainsi et sous réserve de la représentativité de l'échantillon, l'analyse de l'enquête du MCI montre que le Maroc, semble-t-il, est mieux placé pour les entreprises étrangères dans le cas de la stratégie verticale (minimisation des coûts). Les réponses obtenues confirment la position de leader du Maroc dans les industries du textile - habillement et de l'électronique où la réduction des coûts de production sont confirmés par 82 % des entreprises de l'échantillon. Ceci nous permet d'inférer que cela est cohérent avec une multinationalisation exogène qui considère principalement l'IDV dont la théorie nous enseigne qu'il repose sur les différences entre les dotations factorielles et par la suite sur l'avantage de localisation du pays d'accueil (différence des prix des inputs).
Dans le cadre du programme d'enquêtes pour l'analyse de la compétitivité des entreprises, Firm Analysis and Competitivness Survey (FACS), la Banque Mondiale, en collaboration avec le MCI, a lancé en juin 2000, une enquête252(*) pour l'analyse de la compétitivité industrielle des entreprises au Maroc. Le principal but de l'étude est d'apprécier, au plan microéconomique : · L'environnement dans lequel évoluent les entreprises marocaines avec ses forces et ses faiblesses, · D'appréhender son effet sur la performance des entreprises, et d'identifier les mesures nécessaires à l'amélioration de leur compétitivité. La réalisation concomitante de l'enquête FACS dans les pays d'Asie et d'Amérique Latine autorisera les entreprises, les associations d'affaires, les syndicats et les pouvoirs publics, à mesurer leur performance à celle d'autres pays, afin de mieux identifier les domaines d'action. Le questionnaire de l'enquête commença avec des questions sur le statut social de l'entreprise, y compris des questions sur le profil du propriétaire ou du directeur253(*). Ensuite, le questionnaire s'est poursuit avec des questions relatives : · Aux finances : l'objectif étant d'examiner les contraintes financières à la production et à l'expansion ; · A la technologie : la finalité étant d'évaluer la facilité d'accès aux nouvelles technologies ; · Aux relations avec d'autres entreprises : avec pour but d'évaluer l'importance des associations et des réseaux ; · A l'environnement des affaires : L'ambition étant d'évaluer les effets de la régulation du gouvernement sur les décisions commerciales des entreprises ; · A l'exécution des contrats : Le dessein étant d'évaluer les problèmes d'exécution des contrats qui freinent le développement des entreprises ; · Aux relations de travail : avec pour but de comprendre les forces et faiblesses du marché de travail ; · Au commerce international : La cible étant d'examiner les facilités d'accès au marché international. Un examen des résultats de cette enquête concernant le volet sur les entreprises étrangères au Maroc, a permis de mettre en avant les déterminants des investissements étrangers industriels en direction du Maroc. En effet, la question suivante a notamment été posée aux dirigeants de près de 170 de ces entreprises étrangères : « Quels facteurs ont motivé l'investissement étranger au Maroc plutôt que dans un autre pays ? Les résultats de cette enquête sont synthétisés et schématisés dans le tableau suivant : Tableau N°22 Déterminants des IEI et part des entreprises désignant le facteur
Source : Le secteur manufacturier marocain à l'aube du 21 éme siécle (FACS-Maroc), MCI 2000 Ainsi sous réserve de la représentativité de l'échantillon et à travers l'analyse de l'enquête du FACS, le déterminant majeur pour les entreprises étrangères interrogées est la minimisation des coûts, puisque 59% l'échantillon le cite, ce qui est cohérent avec une multinationalisation exogène qui considère principalement l'IDV dont la théorie nous enseigne qu'il repose sur les différences entre les dotations factorielles. D'autres déterminants ont été désignés par les investisseurs étrangers pour une décision d'investir au Maroc, à l'instar de la proximité du marché européen (54% du panel), régimes d'incitations fiscales (31%). D. L'enquête de la Direction des investissements Extérieures : En entreprenant une étude sur le suivi et les déterminants des investissements des entreprises étrangères industrielles, la DIE s'assignait un triple objectif : · Mettre en évidence des investissements extérieurs industriels et disposer, ce faisant, d'une grille de lecture aidant à l'évaluation de ce que représente le Maroc avec ses atouts en termes de site d'accueil des IEI ; · Mettre en lumière les handicaps sur lesquels butent les entreprises étrangères à la concrétisation de leur projet ; · Contribuer à approfondir la réflexion autour des mesures de renforcement de l'attractivité du Maroc. Les actions à mettre en oeuvre ne sauraient prendre forme et atteindre pleinement leurs objectifs sans que les investisseurs étrangers opérant au Maroc n'aient la possibilité d'apporter leur concours, en faisant part de leur point de vue concernant l'environnement économique et institutionnel tant au plan des acquis, des progrès accomplis qu'à celui des distorsions qui persistent. C'est dans cet esprit que la DIE a réalisé en octobre 2003 une enquête auprès d'un échantillon254(*) représentatif d'entreprises étrangères du secteur industriel implantées au Maroc, pour la plupart des filiales des FMN. Nous précisons que cette enquête a été réalisée dans le cadre des rencontres organisées par la DIE avec des entreprises étrangères installées au Maroc afin d'étudier la problématique de leur investissement au Maroc où un questionnaire leur a été distribuées à la fin de ces rencontres255(*). A l'égard des déterminants et motifs qui impulsent une entreprise étrangère ou participation étrangère à transférer tout ou une partie de son activité vers le tissu industriel marocain, l'enquête de la DIE a fait ressortir que le facteur minimisation des coûts constituait le facteur prédominant. En effet, 89% des entreprises interrogées du panel le citent et le classe parmi les premiers facteurs dont le Maroc peut se prévaloir. Pour la structure des coûts visés par ces entreprises étrangères, il s'agit des coûts du facteur travail (coûts salariaux). Les autres déterminants désignés par ces firmes sont les ressources naturelles et la liberté d'utilisation des bénéfices où respectivement 60% et 57% du panel désignent ces facteurs. Aussi, 48% des entreprises interrogées de l'échantillon désignent la proximité des marchés d'exportation (notamment européens) comme un motif qui les exhortent à investir au Maroc. Ainsi et sous réserve de la représentativité de l'échantillon, il ressort de l'enquête de la DIE que le déterminant crucial pour ces entreprises étrangères est la minimisation des coûts (89%), ce qui nous permet de déduire que ce constat est cohérent avec une multinationalisation exogène qui considère que l'IDV dont l'analyse théorique nous enseigne qu'il s'étaie sur la différence entre les dotations factorielles. Tableau N°23 Déterminants des IEI et part des entreprises désignant le facteur
Source : Enquête de la DIE (Octobre 2003), non publiée. D'autres études empiriques256(*) ont corroboré que, dans le cas du Maroc les IEI tendent à croître plutôt par la stratégie verticale (minimisation de coûts) que par celle de pénétration du marché national. En effet, « au niveau de la répartition du capital social étranger des entreprises étrangères à stratégie de minimisation des coûts. Les activités « habillement », « Produits textiles et bonneterie », « Matériel électrique et électronique » concentrent plus de 60% du capital social étranger »257(*). Au niveau de la répartition par activités des IDE des entreprises étrangères à stratégie de minimisation des coûts : La branche « habillement » attire en fonction des années 36 à 60% des IDE à stratégie de minimisation des coûts. L'activité « Matériel électrique et électronique » accueille une grande part des IDE relevant de cette stratégie. Les deux branches concentrent plus de 70% des IDE. Au niveau de la répartition par activités des parts du capital étranger à stratégie de minimisation des coûts : Sur le montant du capital étranger placé dans l'activité « habillement », entre 89% et 95% sont constitués par des capitaux à stratégie de minimisation des coûts pour produire à l'exportation. Dans les « produits textiles et bonneterie », ladite part atteint 29,3% et dans « Matériel électrique et électronique », elle dépasse 35%. De fait « l'analyse du capital étranger et des flux annuels des IDE selon les répartitions évoquées ci-dessus montrent que les activités « habillement », « Produits textiles et bonneterie », « Matériel électrique et électronique » tendent à accueillir une proportion élevé des investissements étrangers à travers la stratégie de réduction des coûts afin de produire des biens destinés aux marchés extérieurs »258(*). E. L'enquête de la banque mondiale sur le climat d'investissement au Maroc ICA259(*) L'enquête sur le climat de l'investissement (Investment Climate Assessment) ICA se déroula en 2004 en collaboration avec le ministère du commerce, de l'industrie et de la mise à niveau de l'économie, la banque mondiale et l `université d'Oxford et sur financement de la banque mondiale. Cette enquête fut réalisée en appliquant une méthode standardisée utilisée par la banque mondiale sur 40 pays. Elle a été réalisée sur la même population de l'enquête FACS, à savoir des entreprises manufacturières de 10 employés ou plus dans six régions et sept secteurs clés. L'échantillon était de 746 entreprises industrielles dont 20% fut à participation étrangère. Les objectifs d'ICA étaient, outre la comparaison de la performance et la compétitivité des entreprises marocaines avec celles des autres pays, en particulier des pays semblables au Maroc, de savoir les motivations et les choix de localisation et d'implantation au Maroc. L'enquête a montré que 62% des entreprisses choissent le Maroc comme destination de leur projet d'investissement industriel en raison du faible coût de la main d'oeuvre260(*) ce qui montre encore une fois de plus que le motif principal de ces entreprises étrangères est la minimisation des coûts, ce qui est cohérent avec la théorie de la multinationalisation exogène basée sur la différence des dotations factorielles entre pays. D'autres motifs incitent les investisseurs étrangers à s'implanter au Maroc « la proximité du marché européen joue un rôle prédominant dans leur choix d'investir au Maroc. Ils considèrent, en effet, le Royaume comme une plate-forme d'exportation vers l'Europe »261(*) . Tableau N°24 Déterminants des IEI et part des entreprises désignant le facteur
Source : Banque mondiale, enquête sur le climat de l'investissement au Maroc, 2005 p 87, confidentiel F. Déterminants des investissements extérieurs industriels de quelques pays concurrents du Maroc : 1. L'enquête d'Ernest&Young262(*) sur les pays potentiellement concurrents du Maroc263(*) :
La Turquie a gagné 9 places entre 2001 et 2002 parmi les pays d'accueil des IDE et a multiplié par 3 le nombre de projets attirés. La Turquie semble être attractive pour l'automobile (composantes et assemblages) et elle rivalise le Maroc sur le textile. Elle est plus orientée avec l'Allemagne (communauté émigrée forte) et les pays d'Asie que la moyenne européenne. Tableau N°25 Concurrence sectorielle de la Turquie
Source : Ernst & Young 2003 Tableau N°26 Part des marchés par secteur de la Turquie
Source : Ernst & Young 2003
Le Portugal possède une faible part de marché relative mais en croissance de 23% par rapport à un marché global en recul de -5%. Les fonctions et secteurs sont de valeur ajoutée croissante (logiciel, chimie et automobile). Aussi, le Portugal est attractif pour les grands émetteurs des IDE : Etats-Unis, Allemagne. Tableau N°27 Part des marchés par secteur du Portugal
Source : Ernst & Young 2003 Tableau N°28 Concurrence sectorielle du Portugal
Source: Ernst & Young 2003
L'Espagne est le 4éme pays d'accueil. Elle a accueilli presque autant de projet en 2002 que le Portugal sur 6 ans. Les secteurs sont directement concurrents des secteurs cibles du Maroc mais sur des fonctions à plus forte valeur ajoutée (R&D). L'Espagne est en relation étroite avec les plus grands pays émetteurs des IDE (dont l'Italie). Tableau N°29 Part des marchés par secteur de l'Espagne
Source : Ernst & Young 2003 Tableau N°30 Concurrence sectorielle de l'Espagne
Source : Ernst & Young 2003 1-4 Les pays de l'Est : Les pays de l'Est sont très attractifs pour les IDE. La Pologne, la Hongrie et la République tchèque sont tous placées entre la 5éme et la 10éme position sur 6 ans. Les secteurs attirant le plus des IDE pour ces pays sont les secteurs cibles du Maroc dans son positionnement vers plus de valeur ajoutée : Electronique, agroalimentaire, chimie et automobile. Tableau N°31 Concurrence sectorielle des pays de l'Est
Source: Ernst & Young 2003 Tableau N°32 Part des marchés par secteur des pays de l'Est
Source: Ernst & Young 2003 2. Déterminants des investissements extérieurs industriels de quelques pays concurrents du Maroc : Dans l'enquête MCI, il a été demandé aux entreprises s'elles avaient des projets d'investissement dans d'autres pays et quels en étaient les déterminants ? A cette question, 56% des entreprises ont répondu par l'affirmative : les pays d'Europe centrale et orientale (Pologne, Hongrie en particulier) et l'Asie (Chine, notamment) constituent les régions et les sites industriels de prédilection de l'investisseur étranger : les premiers, en raison de leur ouverture à l'économie de marché et du dynamisme de leurs politique de rattrapage, de coûts salariaux relativement faibles, et des souplesses administratives et douanières. la Chine, du fait de l'attrait exercé par la taille du marché, des facilités administratives, et de l'abondance d'une main d'oeuvre habile et à bas prix. D'autres pays figurent parmi les destinations projetées : · Mexique (proximité du marché américain, avantages fiscaux), · Tunisie (facilités administratives et douanières, infrastructures), · Egypte (Zone offshore du Caire), · Turquie (marché intérieur, compétences des fournisseurs, et compétences des fournisseurs et sous-traitants locaux). Tableau N°33 Déterminants des IE de quelques pays concurrents du Maroc
Source : MCI, 1998, op cit, p 4.
* 240 D'après Bellon et Gouia (1998 op cit), les IDE sont verticaux lorsqu'une entreprise se rapproche de ses fournisseurs ou de ses clients par prise de participation dans leur capital. En amont, il s'agit principalement de l'internationalisation en directions des pays producteurs de matières premières, ainsi que les pays susceptibles de produire en sous-traitance. * 241 Dans cette optique, Helpman a intégré la multinationalisation verticale dans des modèles de concurrences monopolistiques ; celui-ci intervient sous la forme d'un transfert d'actifs spécifiques. L'investissement est ainsi un bien intermédiaire de la maison mère, exporté vers une unité de production intensive en travail délocalisée dans un pays d'accueil. * 242 Les IDE sont horizontaux lorsque l'entreprise reproduit à l'étranger l'activité qu'elle développe dans son pays d'origine, Bellon et Gouia (1998 op cit). La possibilité d'une multinationalisation horizontale entre plusieurs pays a été déjà étudiée par Krugman. Pour ce dernier, la décision d'implanter une usine à l'étranger, plutôt que de continuer à exporter, résultera d'un arbitrage entre les avantages ou les coûts liés à la proximité du marché d'accueil et les économies d'échelle issues des la concentration de la production dans une seule usine dans un pays d'origine. Ainsi, il est maintenant établi que l'essentiel des flux d'IDE ont explosé au cours de 15 dernières années, fait intervenir avant tout des pays industrialisés (comme émetteurs et récepteurs). La stratégie des FMN peut donc être qualifiée d'horizontale car elle concerne les flux d'investissements croisés Nord - Nord qui se développe entre les états unis, l'Europe et le Japon, Krugman P 1983. " The new theory of international trade and multinational entreprise", in Audretsch D.B & C. Kindleberger (eds), the multinational corporation in the 1980, MIT Press, Cambridge (Mass). * 243 C.A. Michalet, stratégies of multinationales and competition for foreign investment, FIAS, Occasional paper 10,1997. * 244 Chimie, électronique, matériel électrique, télécommunications, textile, confection, construction automobile, équipements automobile, hôtellerie. * 245 La liste comportait 12 pays (Maroc, Tunisie, Egypte, Turquie, Portugal, Malaisie, Indonésie, Pologne, Hongrie, Ukraine, Slovaquie, Lituanie). * 246 A ce propos, les managers interrogés désignent la taille du marché et son dynamisme comme le déterminant majeur de leur investissement Toutefois, les pays auxquels se réfèrent les réponses de managers n'appartiennent pas à la triade des économies du Nord les plus développés. En conséquence, les critères qui servent à caractériser la stratégie horizontale ne sont pas respectés en dépit de la primauté du marché comme déterminant de localisation. De même, il ne s'agit pas non plus d'investissements répondant à la logique d'une stratégie verticale dans la mesure où la finalité des investissements dans les pays des pays de l'Est et du Centre de l'Europe PECOS et les pays du pourtour méditerranéen (PPM) n'est pas dominée par la recherche de minimisation des coûts dans la logique de la spécialisation inter sectorielle classique. * 247 D'après Michalet (1999, op. cit.), la « short List » des investisseurs globaux correspond aux pays qui reçoivent plus d'1 milliard de Dollars d'investissements directs par an. De même, ce sont ceux dont l'attractivité est la plus forte, après les pays de la triade pour les firmes qui ont une vision à long terme et qui veulent s'y implanter pour renforcer leur compétitivité et leur rentabilité actuelle et/ou future. Ainsi, les pays de la « nouvelle de frontière » qui sont les plus attractifs ne répondent pas au clivage découlant de l'alternative vertical / horizontal. Ils n'appartiennent ni aux économies de triade car l'attrait de la taille de leurs marchés est en partie affaiblie par leur faible taux de croissance, ni aux économies en développement dont les dotations en ressources naturelles justifient seulement une implantation productive verticale * 248 La raison réside dans le fait que le marché local au Maroc est petit, limité, manque de dynamisme, n'offre pas un fort taux de croissance par rapport aux autres pays les plus attractifs de l'échantillon, Michalet, 1999, op. Cit. * 249 Les entreprises étrangères sélectionnées pour l'enquête sont originaires des pays suivants : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Suisse, États-unis, République de Corée. De même, ces entreprises ont été sélectionnées selon une répartition régionale significative des implantations étrangères au Maroc (axe Casablanca - Settat, Centre, Nord). * 250 Les branches de l'industrie où opèrent les 39 entreprises à contrôle étranger sont : Agro-alimentaire, textile - habillement - cuir, chimie - Parachimie, Mécanique - Métallurgique, Electrique - Electronique. * 251 la liste des secteurs d'infrastructure figurant dans le support d'entretien comprenait : terrains et parcs industriels, routes, moyens de transport terrestre, transport ferroviaire, transport aérien, ports, télécommunications, électricité, eau, système éducatif, formation professionnelle, base technologique nationale, laboratoires de recherche, cadre institutionnel, système financier. * 252 Les extraits de cette enquête (FACS - Maroc) m'ont été fournis par le MCI en Octobre 2003. * 253 Cette information, d'après les responsables de cette enquête, est utile pour dessiner comment l'environnement des affaires affecte les différents types d'entreprises (entreprises locales anciennes ou nouvelles et entreprises étrangères anciennes ou nouvelles). * 254 L'enquête portait sur un échantillon représentatif du tissu industriel de 45 entreprises à contrôle étranger opérant dans les divers secteurs manufacturiers (textile habillement cuir, industries métalliques métallurgiques électriques et électroniques, chimie-parachime, agroalimentaire). Ces entreprises étrangères ont été dénichées sur la base d'une répartition régionale significative ( Nador-Tanger-Kénitra-Salé-Casablanca-Settat) et selon les nationalités ( Corée du sud, Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Suisse, USA, Japon). Voir en annexes la fiche technique, ainsi que le support d'entretien auprès de ces entreprises. * 255 Au début, nous avons procédé par mailing et envoi de fax aux chefs d'entreprises. Cependant, le taux de réponse était très insuffisant. Il s'est avéré que lors des rencontres avec ces groupes que le taux de réponse était de 100% * 256 B.Foguig, dans sa thèse de doctorat d'Eatat, Rabat-Souissi, 2001, '' IDE et commerce extérieur : Cas dans l'industrie manufacturière au Maroc" a distingué 2 types de stratégies stratégie de marché et stratégie de minimisation de coûts. Selon lui, les entreprises étrangères à de minimisation de coûts sont celles qui réalisent 70% de leur chiffre d'affaires sur les marchés extérieurs. * 257 Idem, P 180. * 258 Idem, P 181. * 259 Les résultas de cette enquête nous ont été fournis début novembre 2005. * 260 Banque mondiale 2005, op cit p 87. * 261 Idem p 87. * 262 E&Y est un bureau de renommée internationale d'études spécialisé dans le conseil, l'audit et les études. * 263 Les résultas de l'enquête D'Ernest&Young ont été exposé lors du séminaire ANIMA organisé du 5-9 Mai 2003. Une partie de cette enquête est exposée dans le journal ISTITMAR n° 3-4 Septembre 2003. |
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